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Maroc: Le régime cherche à se donner une image à travers les élections
Maroc, élections, #Maroc, Makhzen,A travers les élections: Le régime marocain cherche à se donner une image de démocratieLes élections législatives et locales organisées mercredi dernier au Maroc sont importantes pour le régime marocain qui souhaite afficher une image de démocratie après une série de scandales, estime Aboubakr Jamaï, professeur de relations internationales à l’Institut américain universitaire d’Aix-en-Provence.«Ce scrutin arrive après une série d’événements qui a écorné l’image» du régime marocain, explique Aboubakr Jamaï dans un entretien accordé au journal Le Monde.Il s’agit, précise-t-il, «en premier lieu, du scandale Pégasus», mais aussi de la condamnation d’un certain nombre de militants marocains, démontrant ainsi «la prépondérance de la dimension sécuritaire dans la gestion du fait public au Maroc». «Aujourd’hui sont ciblés les opposants comme Omar Radi, Maâti Monjib, Soulaïmane et Hajar Raïssouni, mais aussi des citoyens lambda qui critiquent le caractère autoritaire du régime. Tenir les élections en temps et en heure est important pour Rabat qui souhaite afficher une image de démocratie», soutient-il.Il indique, en outre, qu’il serait étonné de voir le Parti de la justice et du développement (PJD), au pouvoir depuis une décennie, réaliser les mêmes scores qu’en 2011 et en 2016.«es compromissions et les résultats décevants à la tête du gouvernement ont fait perdre au PJD le premier et deuxième cercle de son électorat. Il a déçu la jeunesse, notamment celle qui portait les revendications du Mouvement du 20 février. La première de ces revendications était d’instaurer une vraie monarchie parlementaire», rappelle-t-il.Interrogé au sujet du contexte socio-économique dans lequel se tiennent ces élections, Aboubakr Jamaï pense que la situation est difficile en dépit des apparences.«Si on observe le Maroc de l’étranger, on peut croire à un modèle économique performant : de beaux aéroports, de nouvelles autoroutes, Tanger Med, le TGV. Mais toutes ces infrastructures sont des éléphants blancs, car elles n’ont pas l’effet d’entraînement qu’elles devraient avoir sur la population. Le taux de pauvreté n’a pas diminué, le chômage des jeunes empire», affirme-t-il.«Les événements d’octobre 2016 dans le Rif ont obligé à reconnaître l’échec du modèle économique. Pour moi, le nouveau modèle de développement du Maroc, défini par une commission spéciale mandatée par le roi Mohammed VI après la contestation de 2016, est au hirak du Rif, ce que la Constitution était pour le Mouvement du 20 février», dira-t-il.«En 2011, le roi avait lui-même mandaté une commission pour établir les termes de la nouvelle Constitution. En 2017, c’est le même procédé avec la Commission spéciale sur le modèle de développement (Csmd).Un groupe de personnalités hétéroclite présidé par un ancien ministre de l’intérieur, Chakib Benmoussa, a écrit un projet pour le Maroc, sans s’attaquer au fond du problème : «les défaillances institutionnelles», souligne-t-il.«Un système autoritaire ne permet pas une économie de marché qui tient la route. Il y a nécessairement de la corruption et des secteurs oligopolistiques, voire monopolistiques», explique Aboubakr Jamaï.Or, aujourd’hui, ce projet élaboré par le roi devient le cadre référentiel que les partis politiques doivent suivre. C’est ce que le roi a rappelé explicitement dans son discours du 20 août 2021. C’est bien la preuve que ces élections ne sont pas démocratiques. Des législatives sont censées déterminer une majorité gouvernementale qui définit un projet politique et économique. Mais on nous dit : «le projet est déjà là !», déplore l’universitaire. -
Maroc : Décès d’un individu pris en flagrant délit d’infractions électorales
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Un individu pris en flagrant délit d’infractions électorales dans un bureau de vote est décédé à l’hôpital d’Agadir mercredi, jour de la tenue des élections générales au Maroc, a annoncé la préfecture de police d’Agadir.
Le défunt avait été appréhendé au sein d’un bureau de vote en train de prendre des photos des bulletins de vote avec son téléphone portable dans le but de documenter son vote dans l’isoloir, un fait qui a nécessité d’alerter les services de sûreté afin d’enquêter sur ces actes, indique un communiqué de la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) du Maroc.
La personne décédée qui a été victime d’un malaise abdominal lors de son transfert au service de sûreté compétent, a été évacuée à l’hôpital à bord d’une ambulance de la Protection civile, précise la même source.
La dépouille du défunt a été déposée à la morgue de l’hôpital pour autopsie afin de déterminer les causes du décès, selon la DGSN qui précise que les services de la préfecture de police d’Agadir ont ouvert une enquête judiciaire sur cet incident sous la supervision du Parquet, en vue d’en élucider les tenants et les aboutissants.
Les Marocains ont voté mercredi lors d’élections générales pour élire leurs 395 députés le même jour que leurs représentants communaux et régionaux.
Ces élections ont été entachées d’ »irrégularités » et de « graves dépassements », ont relevé des partis politiques qui, toutefois, se jettent la responsabilité sur l’utilisation « obscène » de fonds pour l’achat de candidats et de votes. Le Parti de la justice et du développement (PJD, au pouvoir) depuis une décennie, a subi une spectaculaire déroute, laminé par les partis libéraux proches du palais royal, selon les résultats provisoires de ce scrutin publiés ce jeudi.
« Le PJD (de Saad Eddine El Othmani) s’effondre, passant de 125 sièges dans l’assemblée sortante à 12 », a indiqué le ministre marocain de l’Intérieur Abdelouafi Laftit, lors d’un point presse.
Horizons, 10/09/2021
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Maroc : Que va faire le PJD maintenant?
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Quelle est la prochaine étape pour les islamistes marocains après une défaite électorale écrasante ?
Des membres du parti islamiste Justice et Développement exhortent les hauts dirigeants à démissionnerMariam Iblil est rentrée chez elle le cœur lourd depuis les bureaux du Parti Justice et Développement (PJD) à Rabat jeudi, quelques heures après la défaite écrasante des islamistes de longue date aux élections législatives.
La perte de dizaines de sièges au Parlement a anéanti tout espoir de maintien du parti au pouvoir et pourrait déclencher une crise généralisée parmi ses dirigeants.
« Le schisme interne au parti était très évident pendant la campagne électorale, et la direction du PJD a réussi à le cacher pendant cinq ans. Mais le tableau est désormais clair, et on s’attend à ce que même les membres du parti n’aient pas voté pour », a déclaré à The National Mme Iblil, une partisane du PJD âgée de 26 ans.
Le PJD, qui a dirigé la coalition au pouvoir pendant une décennie, a vu son soutien s’effondrer de 125 sièges dans l’Assemblée sortante à seulement 12.
Il était loin derrière ses principaux rivaux libéraux, le Rassemblement national des indépendants (RNI), dirigé par le magnat milliardaire et ministre de l’Agriculture Aziz Akhannouch, et le Parti de l’authenticité et de la modernité (PAM), avec respectivement 97 et 82 sièges, et le centre-droit Parti Istiqlal, avec 78 sièges, dans l’assemblée de 395 sièges.
Le roi Mohammed VI nommera un Premier ministre du parti qui a remporté le scrutin pour gouverner la nation de 36 millions d’habitants pour les cinq prochaines années.
L’humeur maussade des dirigeants du PJD reflétait des mois, voire des années, de déceptions publiques, tandis que la foule de supporters devant leurs bureaux était bien plus réduite après les résultats.
« Des résultats choquants, durs et inattendus, même de la part de la personne la plus pessimiste de notre parti », a déclaré Maelainine Amina, membre du PJD, dans une publication publique sur Facebook.
« Le parti doit admettre sa défaite et étudier avec audace et courage ses causes sous-jacentes et apparentes. La direction actuelle a pris le relais d’un parti fort et cohérent qui est aujourd’hui faible et brisé. Le secrétaire général doit admettre la défaite du parti, présenter sa démission et appeler à une évaluation réaliste de la situation. Les grands partis pourraient s’affaiblir mais ne jamais mourir.
« Une décennie d’illusion »
Le PJD et le RNI avaient vivement échangé dans les jours qui ont précédé le vote.L’ancien Premier ministre et chef du PJD Abdelilah Benkirane a attaqué dimanche le patron du RNI, M. Akhannouch, dans une vidéo Facebook enflammée.
« Le chef du gouvernement doit être une personnalité politique intègre et au-dessus de tout soupçon », a-t-il déclaré.
M. Akhannouch a rétorqué lundi dans une interview que les attaques étaient « un aveu d’échec » de ses opposants.
Le taux de participation a été de 50,35%, a déclaré le ministre de l’Intérieur Abdelouafi Laftit, supérieur à 43% lors des précédentes élections législatives de 2016, mais en baisse par rapport à 53% lors des élections locales de 2015.
Les électeurs ont exprimé leur frustration à l’égard du système jeudi.
« Je n’ai pas voté pour le PJD parce qu’il a pris des décisions dures et impopulaires contre la classe moyenne. Nous sommes sous ses délires depuis 10 ans. Une perte de temps totale. De plus en plus, les dirigeants du parti ne pratiquent pas ce qu’ils prêchent. Dieu merci, ils sont exposés », a déclaré Hassan Koko, un enseignant du primaire de 32 ans, à The National.
Mohamed Es-Sayid, un propriétaire de supérette de 60 ans, a fait écho au même sentiment.
« Je pense que le RNI a des gens compétents et c’est pourquoi j’ai voté pour, car le PJD a échoué. Ma ville natale Casablanca, par exemple, a été complètement délaissée sous le PJD et j’ai donné ma voix aux élections locales à Nabila Mounib du Parti socialiste unifié (PSU) », a-t-il déclaré.
Le PJD avait espéré obtenir un troisième mandat à la tête d’une coalition au pouvoir, 10 ans après son arrivée au pouvoir après les troubles au Moyen-Orient.
En 2011, le royaume nord-africain a adopté une nouvelle constitution, déléguant de nombreux pouvoirs du monarque au parlement et au gouvernement.
Pour la première fois depuis les premières élections au Maroc en 1960, les parts de sièges des partis seront calculées sur la base des électeurs inscrits, plutôt que de ceux qui ont effectivement voté, dans un amendement considéré comme favorisant les petits partis.
La défaite des islamistes était attendue malgré l’absence de sondages d’opinion interdits par la loi à l’approche des élections.
« Le PJD était préoccupé par les gouvernements de coalition et la politique de conclure des accords avec d’autres partis pour rester au pouvoir. Ses promesses lors des dernières élections d’améliorer les conditions de vie de la population semblaient trop familières à de nombreux électeurs. Des vides », a déclaré à The National Younes Masskine, directeur de l’Institut marocain d’analyse des politiques (MIPA).
MENA, 09/09/2021
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Maroc: le PJD giflé au profit des franc-maçons de Mohamed VI
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Législatives marocaines : les islamistes giflés au profit des franc-maçons proches de Mohamed VI
Les législatives marocaines tenues ce mercredi 8 septembre 2021 ont réservé une mauvaise surprise au Parti de la justice et du développement (PJD) du chef du gouvernement Saadeddine El Othmani, grand perdant de cette joute électorale..
Selon les résultats annoncés ce jeudi matin par le ministre marocain de l’intérieur Abdelouafi Laftit, le PJD arrive en queue de peloton derrière ses principaux adversaires le Rassemblement national des indépendants (RNI), le Parti Authenticité et modernité (PAM), tous deux de tendance libérale, et le Parti de l’Istiqlal (PI, centre droit), qui remportent respectivement 97, 82 et 78 sièges (sur 395).
Le PJD de Saadeddine El Othmani passe de 125 sièges obtenus aux dernières législatives à 12 sièges obtenus lors des législatives de ce mercredi 8 septembre 2021.
Le vainqueur de cette joute est le RNI, appartenant à la coalition gouvernementale, est dirigé par un homme d’affaires fortuné, Aziz Akhannouch, décrit comme proche de sa majesté.
Mohmed VI devra désigner un chef du gouvernement issu du parti vainqueur des législatives, pour remplacer l’islamiste Saadeddine El Othmani, sachant que la constitution marocaine adoptée en 2011accordait de larges prérogatives au Parlement et au gouvernement. Toutefois, les décisions et les orientations dans des secteurs-clés continuent d’émaner d’initiatives du roi.
Les francs-maçons bien servis par les islamistes
Le PJD de Saadeddine El Othmani a bien joué le cheval de Troie pour ouvrir la voie royale des franc-maçons, proches de sa Majesté et du diktat du sionisme international.
Saadeddine El Othmani qui annonçait à ses compatriotes que son parti est hostile à toute normalisation avec l’entité sioniste en août 2020, a bel et bien été celui qui signe cette normalisation pour rester au pouvoir. Une peine perdue pour ce parti avec cette gifle suite à la déroute électorale au profit de la main basse du sionisme sur le devenir de la monarchie.
Il est quasi certain, que le monarque malade a cédé le royaume au lobby sioniste représenté par son conseiller André Azoulay en contrepartie de l’intronisation de son fils « mineur » et prince héritier Moulay Hassan
La date des législatives, loin d’être fortuite
Sa majesté a retenu la date du 8 septembre 2021 pour organiser les législatives marocaines, coïncidant avec le surmédiaisé procès en France des attentats terroristes du 13 novembre de 2015, un message codifié aux lobbys sionistes, en présentant la monarchie comme un modèle de pays musulman modéré, qui vient de se débarrasser relativement de sa confrérie musulmane qui a bien servi la cause de l’expansionisme sioniste, au détriment de la cause palestinienne.
Algérie54, 09/09/2021
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The Guardian : Au Maroc, les électeurs tournent le dos au PJD
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Elections au Maroc : les islamistes subissent des pertes alors que les partis libéraux gagnent du terrain
Les résultats préliminaires montrent un énorme revirement de fortune pour le parti RNI alors que les électeurs tournent le dos au PJD au pouvoirLe parti libéral marocain RNI a remporté le plus de sièges aux élections législatives du pays, tandis que les islamistes modérés co-dirigeants du PJD ont subi une défaite écrasante, selon les résultats préliminaires.
Le RNI, dirigé par le ministre milliardaire de l’Agriculture Aziz Akhannouch, a remporté 97 des 395 sièges du Parlement. Un autre parti libéral, le PAM, a obtenu 82 sièges et le conservateur Istiqlal en a remporté 78.
Le PJD, qui avait été un partenaire de coalition dans les deux gouvernements précédents, n’avait remporté que 12 sièges après un décompte de 96% de tous les sièges parlementaires jeudi.
Les résultats montrent un retournement de fortune massif puisque le RNI n’avait remporté que 37 sièges aux dernières élections de 2016, tandis que le PJD en avait remporté 125.
Les ministres du RNI contrôlaient les portefeuilles économiques clés de l’agriculture, des finances, du commerce et du tourisme dans le gouvernement sortant.
Le taux de participation aux élections de mercredi s’est amélioré à 50,3 %, contre 43 % en 2016, le Maroc ayant organisé des élections législatives et locales le même jour.
Les résultats montrent un retournement de fortune massif puisque le RNI n’avait remporté que 37 sièges aux dernières élections de 2016, tandis que le PJD en avait remporté 125.
Les ministres du RNI contrôlaient les portefeuilles économiques clés de l’agriculture, des finances, du commerce et du tourisme dans le gouvernement sortant.
Le taux de participation aux élections de mercredi s’est amélioré à 50,3 %, contre 43 % en 2016, le Maroc ayant organisé des élections législatives et locales le même jour.
Le Maroc est une monarchie constitutionnelle où le roi détient des pouvoirs étendus. Il choisit le Premier ministre du parti qui a remporté le plus de sièges au parlement, qui formera ensuite un cabinet et le soumettra à l’approbation du roi.
Le palais a le dernier mot sur les nominations concernant les départements clés, notamment l’intérieur, les affaires étrangères et la défense. Il définit également l’agenda économique dans le pays d’Afrique du Nord.
Les nouvelles règles de vote devraient rendre plus difficile pour les grands partis de remporter autant de sièges qu’auparavant, ce qui signifie que le RNI devra engager des pourparlers de coalition pour former un gouvernement.
Dans un communiqué publié mercredi, le PJD a accusé ses rivaux d’acheter des voix, sans en nommer ni fournir de détails.
Bien qu’il soit le plus grand parti depuis 2011, le PJD n’a pas réussi à arrêter les lois auxquelles il s’oppose, notamment une pour renforcer la langue française dans l’éducation et une autre pour autoriser le cannabis à des fins médicales.
Le PJD passera dans l’opposition s’il ne remporte pas les élections, a déclaré à la presse l’ancien ministre du PJD Lahcen Daoudi.
The Guardian, 09/09/2021
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Maroc : le cirque électoral de Mohammed VI
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Dans un article paru sur Middle East Eye, Aziz Chahir, en 2011, lors des mouvements de protestations connus sous le nom de Printemps Arabe, la monarchie marocaine « s’est massivement déployée pour contenir les protestations et éviter le renversement du régime, comme ce fut le cas en Tunisie, en Égypte et en Libye ».
Dans ce but, « le pouvoir a fait appel au Parti justice et développement (PJD), un parti d’obédience islamiste, qui s’est désolidarisé d’ailleurs du Mouvement contestataire du 20 février (M20) ».
L’expert marocain affirme que « l’adoption d’une nouvelle Constitution, par une élite proche du sérail, n’a fait que consacrer les pouvoirs disproportionnés du roi ».
Pour lui, la dégringolade de la popularité du PJD en raison de son bilan mitigé et sa signature des accords d’Abraham prouvent la persistance de la « stratégie de décrédibilisation des partis ». « Après l’USFP (gouvernement dit de l’« alternance » en 1998), aujourd’hui, c’est au tour du PJD de faire les frais de son expérience au sein de l’exécutif ». signale-t-il.
Les élections organisées mercredi « constituent une occasion en or pour la monarchie de discréditer davantage le PJD auprès de l’électorat ».
« En ce jour d’élections, le pouvoir semble déterminé à tourner la page des islamistes institutionnels, ou du moins à les reléguer au second plan. Un scénario possible à condition qu’ils ne remportent pas le scrutin », ajoute-t-il.
Selon Chahir, « loin d’être un moment démocratique visant à libérer la volonté du peuple via les urnes, au Maroc, les élections servent, avant tout, à renforcer la doxa de la monarchie sur la sphère politique ».
Il constate que « dans un climat marqué par la corruption et l’achat des votes – dénoncés notamment par le chef du gouvernement –, le nomadisme politique, les alliances ethnico-tribales et les « candidatures familiales », ainsi que la violence politique et l’interventionnisme de l’administration en faveur de certains candidats proches du pouvoir, notamment ceux issus du PAM, les électeurs ne savent plus où donner de la tête ».
« Les Marocains subissent un spectacle électoral accablant, savamment orchestrée par le ministère de l’Intérieur. Sinon, comment expliquer le dénigrement des partis et la marginalisation des élus dont le rôle est de plus en plus réduit à la légitimation des décisions émanant de la volonté suprême d’un seul homme : le roi ? », s’est-il interrogé.
Pour Chahir, « échéances électorales semblent marquer l’échec cuisant du monarque à emprunter la voie irréversible de la démocratisation, laissant à son fils un pays pris en otage par les sécurocrates qui se sont arrogés le « droit » d’organiser des consultations qui ressemblent de plus en plus à un cirque électoral.
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DW: Au Maroc, des élections avec peu de perspectives de changement
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Des élections législatives auront lieu au Maroc ce mercredi. La famille royale a encore le dernier mot sur les questions importantes, tandis que les islamistes sont affaiblis par une astuce mathématique.
Mercredi, les Marocains décideront de la composition de leur nouveau parlement. Ses 395 sièges sont rééligibles selon la nouvelle loi électorale. Les électeurs marocains sont habitués à ses fréquents changements. Mais un point de la dernière réforme a suscité de vives discussions, à savoir la modification du soi-disant coefficient électoral.
Cela entraîne une modification importante : si la base de calcul pour la répartition des sièges parlementaires était auparavant le nombre de ceux qui sont effectivement allés voter, il faudrait maintenant utiliser le nombre de ceux qui ont fondamentalement le droit de voter – y compris les citoyens qui ont pas exercé leur droit de vote. Selon les analystes, les circonscriptions ne sont calculées de cette façon dans aucun autre pays du monde.
Loi électorale modifiée
« En théorie, aucun parti ne pourra plus obtenir plus d’un siège par circonscription », écrit l’analyste Rania Elghazouli dans un article sur le site Internet de la Fondation Friedrich Naumann. . « Mathématiquement, aucun parti politique ne pourra obtenir plus de 100 sièges au parlement. Cela rend très difficile de trouver un vainqueur clair.
Le Parti islamiste modéré pour la justice et le développement (PJD) – il a reçu le plus de voix lors des deux dernières élections – devrait perdre jusqu’à un tiers de ses sièges précédents. En retour, les petits partis en particulier auront désormais plus de chances d’entrer au parlement. Cependant, certains partis établis, comme le principal concurrent du PJD, le Parti pour l’authenticité et la modernité (PAM), favorable à la monarchie, devraient également bénéficier du changement.
« Division et contrôle »
Au Maroc, il y a toujours eu des restrictions similaires, explique le politologue Mohamed Daadaoui de l’université d’Oklahoma City, spécialisé dans le Maghreb. La maison royale opère une stratégie de « restriction, confinement, division et contrôle » vis-à-vis des partis politiques. La famille royale veut s’assurer qu’elle a toujours le dernier mot sur les questions importantes, a déclaré Daadaoui à DW.
Selon Daadaoui, personne ne pourrait obtenir une majorité puissante pour lui-même en vertu de la réglementation actuellement en vigueur. La nécessité d’obtenir une majorité oblige à former des coalitions avec des partis politiquement très différents. « La modification du coefficient électoral rend également cela difficile ».
Les élections ne devraient pas changer grand-chose dans l’évolution politique du Maroc, s’attend l’analyste. « Au lieu de cela, ils servent principalement à légitimer le régime et le système existants. Ils sont conçus de manière à ce que leur résultat n’ait pas un impact politique trop important. »
Faible participation attendue
Le taux de participation était dû à la déception du système politique et aussi en raison de la pandémie de COVID-19, la encore plus faible que lors des dernières élections de 2016, prédit Daadaoui. À cette époque, seulement 43 pour cent des personnes éligibles avaient voté.
En fait, l’Institut marocain d’analyse politique s’attend cette fois à une participation d’un peu moins d’un tiers : seulement 32 % des quelque 1 400 personnes interrogées avaient l’intention de voter, informe l’institut sur les résultats d’un sondage. En outre, les trois quarts – 74% des personnes interrogées – ont déclaré ne pas faire confiance aux partis politiques. 70 pour cent ont également déclaré qu’ils n’avaient aucune confiance globale dans le parlement.
Des pans importants de la société marocaine continuent de faire pression pour des réformes et plus de droits civiques . Mais l’expert Daadaoui ne s’attend pas à des troubles au cours des élections. « Ce ne sont pas les premières élections qui ont peu de chances d’avoir des conséquences politiques », a déclaré l’analyste. « Les gens savent d’avance que les élections auront un impact limité et, surtout, serviront à entretenir la façade. »
Peu de confiance dans les représentants du peuple
Khadija, une étudiante de 28 ans originaire de Rabat, le voit de manière très similaire. « Lorsque les Marocains votent, ils espèrent fondamentalement des changements », a-t-elle déclaré lors d’une conversation avec DW. « Mais finalement, nous remarquons qu’il n’y a pas eu de grand changement. »
« Nous avons besoin de députés qui travaillent pour le pays et pas seulement pour eux-mêmes », a ajouté Zakaria, un fonctionnaire de 38 ans. « Les gens sont fatigués de constater encore et encore que les élections n’apportent pas de changement. »
Bauke Baumann, chef du bureau de la Fondation allemande Heinrich Böll à Rabat, tire une conclusion similaire. « Je n’ai encore rencontré personne qui combine un changement de gouvernement avec la perspective de changements politiques sérieux », a déclaré Baumann.
Cependant, Baumann voit également des aspects positifs dans le vote à venir. Les attentes des électeurs sont faibles. Néanmoins, Baumann espère que le nouveau gouvernement sera en mesure de mettre en œuvre le modèle de développement national annoncé en mai de cette année.
« Question de volonté politique »
Le plan d’aménagement a été élaboré par le roi Mohammed VI. commandé par moi-même. Il comprend des objectifs ambitieux tels que l’augmentation des revenus, l’augmentation des investissements privés, une meilleure gestion des ressources naturelles du pays et l’augmentation du taux d’emploi des femmes. Il veut aussi remédier aux doléances sociales comme les mariages de mineurs et favoriser de manière générale l’intégration sociale.
« Il serait important que le nouveau gouvernement mette en œuvre les recommandations de ce rapport », déclare Baumann. « La question est de savoir dans quelle mesure les recommandations peuvent réellement être mises en œuvre. Car c’est bien sûr aussi une question de volonté politique – du gouvernement ainsi que de toutes les autres institutions. »
DW, 07/09/2021
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Maroc: L’emprise des islamistes sur le pouvoir en jeu dans les élections
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Remise (AFP)
Les Marocains se rendent aux urnes mercredi pour des élections législatives et locales qui détermineront le sort du parti islamiste au pouvoir depuis les soulèvements du printemps arabe.
Élu pour la première fois en 2011, le Parti islamiste modéré pour la justice et le développement (PJD) espère remporter un troisième mandat cette année, s’étant accroché au pouvoir à la tête des coalitions pendant toute la décennie qui a suivi.
Mais il y a peu de lignes de bataille claires entre les partenaires de la coalition du PJD et l’opposition, et les grandes décisions sur des domaines politiques clés comme l’agriculture, l’énergie et l’industrie restent entre les mains du roi Mohammed VI.
Les sondages d’opinion sont interdits au Maroc à l’approche des élections, mais une enquête réalisée en février par l’Institut marocain d’analyse des politiques a montré qu’environ 64% des personnes prévoyaient de s’abstenir.
Le professeur de science politique Ahmed Bouz a souligné « le sentiment des électeurs que les élus ont peu de latitude pour prendre des décisions ».
Les gens sont toujours sceptiques quant à savoir si les élections font une différence dans la façon dont le pays est gouverné, même après une réforme constitutionnelle de 2011, a-t-il ajouté.
Le Maroc a adopté la nouvelle constitution après des décennies d’escarmouches sur la séparation des pouvoirs et le rôle du roi dans la gestion quotidienne du pays.
Élaboré en réaction au Mouvement du 20 février, version locale des soulèvements du Printemps arabe au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, le document a rapproché le pays d’un système de monarchie constitutionnelle sans renoncer au rôle central du roi.
– Roi au sommet –
Peu importe qui exerce un mandat élu, les décisions majeures viennent du palais, y compris pendant la crise des coronavirus.
L’étendue des pouvoirs de la couronne a conduit certains médias locaux à se moquer des tentatives du PJD de s’attribuer le mérite des succès de leur dernier mandat.
Mohammed VI a déjà annoncé un plan pour un « nouveau modèle de développement » avec une « nouvelle génération de réformes et de projets » dans les années à venir.
Tous les partis sont censés s’inscrire, quel que soit le vainqueur des élections.
Les principaux objectifs du plan comprennent la réduction de l’écart de richesse du pays et le doublement de la production économique par habitant d’ici 2035.
« Les grandes orientations sont fixées et les élections ne servent qu’à produire les élites politiques capables de les mettre en œuvre », a déclaré le politologue Mohamed Chiker.
Pendant la campagne électorale, la plupart des partis ont ignoré les questions de libertés individuelles, en particulier l’appel de certains militants à dépénaliser les relations sexuelles hors mariage, sujet de division au Maroc.
« C’est décevant mais pas surprenant que les politiques ignorent notre appel », a déclaré Sonia Terrab du collectif « Hors la loi ».
Pour l’instant, trois grands mouvements dominent la scène politique : le PJD, le Rassemblement national des indépendants (RNI) et le Parti de l’authenticité et de la modernité (PAM).
– « Élargir la distance » –
À l’approche du vote, des allégations de dépenses électorales irrégulières plutôt que de débats politiques ont fait la une des journaux.
« Des sommes d’argent monstrueuses ont été éparpillées pour tenter de déjouer la volonté du peuple », a déclaré samedi un haut responsable du PJD, Abdelaziz Aftati, sans nommer les coupables présumés.
Le PAM a été plus direct, accusant le RNI – dirigé par l’homme d’affaires milliardaire et ministre de l’Agriculture Aziz Akhannouch – d’ »inonder la scène politique d’argent ».
RNI, un membre junior de la coalition actuelle, a déclaré qu’il « rejetait catégoriquement » les allégations.
Mis à part les fanfaronnades, et avec peu pour différencier les partis, l’élection « creuse la distance entre les électeurs et les institutions », a déclaré le politologue Mustapha Sehimi.
Même une participation électorale de 45% « serait une belle surprise » après seulement 43% en 2016, a-t-il ajouté.
Les changements apportés au système de vote signifient que les Marocains voteront aux élections législatives et locales le même jour pour la première fois, dans le but d’augmenter la participation.
L’électorat de près de 18 millions doit voter pour 395 députés et plus de 31 000 élus locaux et régionaux.
Pendant ce temps, les parts de sièges des partis seront calculées sur la base des électeurs inscrits, plutôt que de ceux qui ont effectivement voté, dans un amendement considéré comme favorisant les petits partis.
Sur la même part des voix qu’en 2016, le nouveau système laisserait le PJD avec environ 80 sièges, au lieu des 125 qu’il avait obtenus la dernière fois.
France24, 06/09/2021
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Sahara Occidental : L’UA refuse de cautionner le coup de force du Maroc
Sahara Occidental, Maroc, Union Africaine, élections, #SaharaOccidental, #Maroc,Le Makhzen marocain veut s’essayer à la politique par « l’absurde». En effet, après avoir tenté des coups de bluff envers l’Algérie en versant tantôt dans le complot via des sous-traitants et tantôt par la menace en agitant l’épouvantail Israël voilà qu’il tente le coup de Jarnac avec l’Union africaine. Sinon comment expliquer la manœuvre du gouvernement d‘El-Othmani de solliciter cette organisation continentale pour déléguer des observateurs censés superviser les élections locales qu’il compte organiser dans les prochains jours. Et le hic est que ce scrutin concerne même les territoires occupés de la RASD. Feint-il d’oublier que parmi les pays fondateurs de l’UA figure la République arabe sahraouie démocratique, ce qui ne lui permet pas de cautionner un scrutin qui va se dérouler dans le territoire occupé d’un de ses membres ?Ce serait se déjuger, puisque l’UA soutient les résolutions onusiennes qui reconnaissent, au Sahara occidental, le statut de territoire occupé par le Maroc. Mais au fond, la filouterie du Makhzen ne s’arrête pas à de simples considérations de forme mais tend au final à faire admettre (in-fine ndlr), par l’Union africaine, la marocanité des territoires du Sahara occidentalLe refus de l’UA de « marcher » dans la combine du Maroc et de tomber dans le piège du Makhzen, en restant loin de son jeu machiavélique, prouve que la communauté internationale n’a pas adoubé la thèse de la marocanité des territoires occupés. Rabat qui avait, depuis quelques mois invité plusieurs pays à ouvrir des représentations diplomatiques à Laayoune, n’a pas réussi son coup.Mieux encore, le soutien des Etats-Unis qu’il agitait comme un argument massue n’est plus valable depuis le départ de l’administration Trump. Aujourd’hui, l’échec du Maroc à légitimer son occupation, depuis 1975, des territoires de la Rasd est évident.Il ne se passe pas un jour sans qu’un camouflet ne vienne lui rappeler que les résolutions onusiennes sont le seul cadre pour régler le problème de la plus ancienne colonie dans le continent.Il faut rappeler par ailleurs que le Maroc qui veut donner un air de transparence aux élections qu’il compte organiser est passé maitre dans l’art de la manipulation de l’opinion publique. Il a loué les services de plusieurs agences de communication pour véhiculer l’image d’une démocratie d’ouverture et de transparence qui s‘installe à l’ombre du Palais.En effet, malgré toutes les opérations de lifting de son image et les opérations de lobbying orchestrées par le Makhzen, le Maroc est aujourd’hui cité comme le pays où les droits de l’Homme sont foulés aux pieds. Tazmamart, la prison de sinistre mémoire a été certes fermée, mais aujourd’hui c’est tout le royaume qui s’est transformé en un vaste cachot où les militants du Rif, Sahraouis ou encore les militants pour les droits de l’Homme sont persécutés, torturés quand ils ne sont pas carrément liquidés.Les organisations internationales de défense des droits de l’Homme sont déclarées personna non grata au Maroc et le refus de l’UA de dépêcher des observateurs pour donner du crédit au simulacre d’élections qu’il compte organiser.Aujourd’hui, il ne lui reste que son nouvel allié pour fanfaronner et tenter de présenter cet évènement comme un tournant dans son histoire contemporaine.Slimane B.Le Courrier d’Algérie, 05/09/2021 -
Mohammed VI intervient pour faire barrage au PJD -Wikileaks-
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Le roi du Maroc a agi en 2009 lors de la nomination des maires pour écarter le parti islamique et aider le parti de son ami Fouad Ali el Himma, selon les États-Unis.
Le roi du Maroc, Mohamed VI, intervient dans le processus électoral, parfois même de manière abrupte (un aspirant maire s’est retrouvé dans le coma) avec un objectif : freiner les islamistes qui bénéficient d’un statut légal. Si le Parti de la justice et du développement (PJD), islamiste modéré, n’a pas aujourd’hui de maires à la tête des grandes villes, c’est en grande partie grâce aux manœuvres du monarque et de son ami intime Fouad Ali el Himma, selon des rapports de l’ambassade américaine à Rabat et du consulat à Casablanca.
Himma, 48 ans, a surpris tout le monde en démissionnant de son poste de vice-ministre de l’intérieur en août 2007, alors qu’il était en fait le véritable chef du département ministériel le plus puissant du Maroc. Auparavant, ce proche du souverain alaouite, avec qui il a étudié au collège royal de Rabat, était son directeur de cabinet lorsqu’il était prince héritier. « Il est souvent considéré comme la personne la plus influente au Maroc après le monarque », a noté l’ambassadeur américain à Rabat, Thomas Riley, dans un rapport rédigé en février 2008.
Peu après sa démission, Himma a fondé une organisation, le Mouvement de tous les démocrates (MTD). « La principale raison de sa création est l’inquiétude du palais royal face à la montée en puissance de l’islamisme à travers le PJD », notait Riley en août 2008. Il a prédit que le mouvement deviendrait une formation politique et il avait raison. « Si cette technique s’est avérée efficace pour réprimer les menaces, les partis du palais ont également échoué » au Maroc à « réaliser les réformes politiques promises », a-t-il averti.
La « menace » était le PJD, le parti le plus voté aux élections législatives de 2007, mais pas celui qui a remporté le plus de sièges car la conception des circonscriptions le désavantage. Les islamistes modérés sont la principale force d’opposition au Parlement, mais peut-être pas dans la rue. Riley a rencontré Himma en février 2008. Il le surprend en lui disant qu’il a démissionné du ministère de l’intérieur, « non pas pour devenir député, mais pour retourner dans la petite ville poussiéreuse et rurale où il est né [Benguerir, près de Marrakech] et passer plus de temps avec sa famille ».
Une fois sur place, il décide cependant « de ne pas se reposer et de travailler dur pour améliorer le sort de sa communauté. » « Il a conclu que la meilleure chose qu’il pouvait faire était de représenter la province [de Kelaat Es-Sraghna] au Parlement ». L’ambassadeur n’a pas cru à ce changement d’avis. Peu après, Himma a fondé le Parti authenticité et modernité (PAM) et, après une courte période de candidature, a remporté le plus grand nombre de sièges au conseil municipal lors des élections municipales de juin 2009. Il est susceptible de remporter une majorité relative lors des élections législatives de 2013. Les élections municipales ont été « relativement transparentes », a expliqué le chargé d’affaires Robert Jackson dans une note datée du 15 juillet 2009, mais « l’élection ultérieure des maires par les conseillers peut représenter un recul de la démocratie marocaine ».
Contrôle des mairies
Un ancien ministre, l’ambassade de France à Rabat et deux autres sources ont informé Jackson que « le roi Mohamed VI a ordonné que le PJD ne soit pas autorisé à prendre le contrôle des conseils municipaux de plusieurs villes marocaines telles que Tanger, Oujda », Casablanca et Salé où il a obtenu une majorité relative. « L’intervention du palais royal était plus flagrante à Oujda » qu’ailleurs. Dans cette ville d’un demi-million d’habitants de l’est du Maroc, « le gouverneur nommé par le ministère de l’Intérieur a empêché, le 25 juin 2009, un vote qui aurait porté au pouvoir une coalition menée par le PJD. « … la police et les agents des services de renseignement ont intimidé les partisans de la coalition du PJD et ont battu le leader local du PJD jusqu’au coma.
Le candidat islamiste à la mairie d’Oujda a été battu par les « agents de sécurité » et a subi une hémorragie cérébrale, tandis que nombre de ses partisans étaient retenus en otage par les forces de sécurité pour les empêcher de voter. Le PAM, le parti de l’ami du roi, a également joué son rôle pour bloquer la montée en puissance de ses opposants islamistes. Il l’a fait avec l’approbation du palais. « Non satisfait du résultat admirable et propre des élections, le PAM de Fouad Ali el-Himma a eu recours à des pressions extra-politiques (il a même invoqué le nom du roi) pour contraindre les autres partis à entrer dans des coalitions » dirigées par lui après les avoir dissuadés de participer à celles dirigées par les islamistes.
Selon M. Jackson, le parti d’Himma « a terni sa réputation de parti réformateur et renforcé la critique selon laquelle il est un outil du palais royal ». Quant aux islamistes modérés, ce qui s’est passé, dit l’ambassadeur par intérim, « les frustrera, mais ne sera probablement pas suffisant pour les chasser du jeu politique ». Ils peuvent se consoler d’avoir pris le contrôle des conseils municipaux des villes de second rang comme Tétouan et Kenitra. « Le résultat de tout cela peut être d’éroder davantage le soutien populaire au processus démocratique au Maroc (…) », prévient Jackson.
La marche triomphale d’Himma déplaît aux formations politiques traditionnelles. Driss Lachgar, l’un des principaux dirigeants socialistes marocains, a avoué en janvier 2008 au conseiller politique de l’ambassade des États-Unis à Rabat que la création du nouveau « parti d’État officiel (…) représente une menace sérieuse pour la démocratie au Maroc ». « Nous y résisterons avec tous les moyens à notre disposition ». Curieusement, la principale personne à avoir été blessée par l’entrée en politique d’Himma, Abdelillah Benkiran, leader du PJD islamiste, s’est montrée plus prudente lors de sa rencontre avec l’ambassadeur Riley en août 2008. « Le roi a décidé d’introduire un parti de palais pour combler le vide que les autres partis sont apparemment incapables de remplir », a déclaré Benkiran. Le faible taux de participation (37%) aux élections législatives de 2007 a montré, selon lui, qu’il y avait un vide.
« Malgré les bonnes intentions qui ont présidé à la création » du parti d’Himma, « Benkiran était d’avis qu’il manque de racines et ne pourra pas gagner l’appréciation de l’homme de la rue. » Benkiran « a été très dédaigneux de la menace que [Himma] représentait pour le PJD (…) ». Le chef du parti islamiste a fait ces commentaires à l’ambassadeur avant les élections municipales de 2009, que le « parti du roi » a remportées. Il n’est pas certain qu’il les ait répétées par la suite. Dans son bilan, peu après les élections municipales, des dix premières années du règne de Mohammed VI (1999-2009), le chargé d’affaires américain, Robert Jackson, est néanmoins bienveillant : le roi « a fait des progrès fructueux en matière de réformes sociales et économiques (…) mais a peu fait pour promouvoir des changements démocratiques structurels », écrit-il le 17 août 2009. Pourtant, conclut M. Jackson, « nous pensons que la plupart des Marocains conviennent que le roi est sincère dans son désir exprimé de voir le Maroc devenir un État démocratique ».
A côté des islamistes modérés et légaux du PJD, première force d’opposition parlementaire, il existe un autre courant islamiste au Maroc, Justice et Charité, qui a la plus grande capacité de mobilisation dans la rue, selon l’universitaire américain John Entelis. Justice and Charity est illégale, mais Rabat « tolère ses activités tant qu’elle ne met pas en avant la question de la légitimité du roi ou n’essaie pas de mobiliser ses partisans contre le régime », a écrit le conseiller politique du consulat américain à Casablanca en décembre 2008 après avoir rencontré deux responsables de cette organisation. Elle est illégale parce qu’elle ne reconnaît pas le roi Mohammed VI comme le Commandeur des croyants, c’est-à-dire le chef spirituel des musulmans marocains. C’est le principal obstacle à sa légalisation.
« L’incorporation de Justice et Charité dans le système [politique] pourrait avoir un effet majeur sur la stabilité du Maroc à un moment où il est sous pression en raison de la récession économique mondiale », a déclaré le conseiller politique. Dans son rapport, il déclare que « toutes les preuves tendent à soutenir l’engagement de Justice et Charité à éviter la violence ». « Le gouvernement marocain prétend régulièrement qu’il est impliqué dans des activités terroristes, comme il l’a apparemment été en Italie, mais il n’a produit aucune preuve », conclut-il. Faut-il craindre que le ministère de l’Intérieur légalise cette grande force islamiste fondée par le cheikh Abdessalam Yassin ? « Cela augmentera l’influence de l’islamisme sur la politique, le poids de Justice et Charité s’ajoutant à celui du PJD », note le rapport. « Mais même si le PJD et Justice et Charité unissent leurs forces, les islamistes resteront une minorité » dans le spectre politique marocain.
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