Le groupe Sonelgaz s’attend à enregistrer des records de consommation de l’électricité suite à la vague de chaleur qui a touché ces derniers jours plusieurs wilayas du pays.
La hausse de la consommation de l’énergie électrique est due à la forte utilisation des appareils de climatisation. En dépit de ce pic, la société Sonelgaz a affiché sa disposition pour éviter les coupures du courant électrique à travers la mobilisation de ses éléments, tout en appelant les citoyens à rationaliser la consommation de l’électricité. C’est ce qu’a indiqué, hier, Samia Merzouki, de la cellule de communication de Sonelgaz, dans une déclaration à la chaîne Une de la Radio nationale.
« Les citoyens doivent appliquer des gestes simples, notamment en ce qui concerne les climatiseurs qui doivent être réglés à 24 ou 25 degrés et ne pas les laisser fonctionner dans des pièces vacantes. Il en va de même pour l’éclairage, car il est préférable d’utiliser des lampes économiques et d’éviter la consommation excessive d’appareils électriques aux heures de pointe, c’est-à-dire entre une heure et cinq heures de l’aprèsmidi », a-t-elle déclaré.
La même intervenante a affirmé que le groupe Sonelgaz poursuit les campagnes de sensibilisation en vue d’inciter les citoyens à la rationalisation de la consommation d’énergie électrique et à l’utilisation sécurisée de l’électricité et du gaz.
«Ces campagnes de sensibilisation s’inscrivent dans le cadre du programme de sensibilisation estival lancé au début de la saison estivale, qui concerne divers lieux publics et des espaces très fréquentés par les citoyens, comme les plages et les parcs ; des conseils sur la rationalisation de la consommation d’énergie et de la lutte contre le gaspillage ont été prodigués», a indiqué Mme Merzouki. Il convient de signaler dans ce cadre que le groupe Sonelgaz avait fait état fin juillet dernier d’un record sans précédent de consommation d’électricité où les chiffres avaient atteint plus de 16.000 mégawatts à la fin du mois écoulé.
La hausse sans précédent de la consommation de l’électricité 16.666 mégawatts à la fin du mois de juillet dernier a été confirmée, la semaine dernière, par le porte-parole du groupe Sonelgaz, Khalil Hedna dans une déclaration à la chaîne III de la Radio nationale.
Le ministre de l’Énergie par intérim, Walid Fayad, a rencontré l’ambassadeur d’Algérie au Liban, Abdelkarim Rakaibi, dans l’espoir d’obtenir des quantités de pétrole et de gaz du pays, que le Liban a accusé il y a deux ans d’envoyer du fuel frelaté à la société publique Electricité Liban, rapporte l’Orient Le Jour.
Selon un communiqué publié vendredi par le ministère de l’Énergie à l’issue de la rencontre, l’ambassadeur algérien « a exprimé tout son désir de coopérer, promettant de transmettre le procès-verbal de la rencontre aux parties concernées en Algérie », selon le même média.
Le Liban avait l’habitude d’importer du carburant d’Algérie jusqu’en 2020, lorsque Sonatrach a été accusée par les autorités libanaises d’envoyer du fuel frelaté, une affirmation démentie par l’Algérie. Suite au scandale, Sonatrach avait annoncé qu’elle ne renouvellerait pas son contrat avec l’État libanais.
Dans une lettre envoyée vendredi à son homologue algérien, le ministre de l’Energie et des Mines Mohamed Arkab, Fayad a souligné l’importance de renforcer les relations bilatérales entre les deux pays frères afin de surmonter les obstacles qui empêchent la reprise de l’approvisionnement en carburants pour la nécessité de la production d’électricité au Liban, explique la même source.
M. Fayad a déclaré plus tôt ce mois-ci que l’Irak fournissait au Liban 80000 tonnes de carburant par mois, mais au cours de cette période, la quantité était moindre en raison de l’augmentation du prix du carburant, « la quantité a donc diminué à 40.000 tonnes, nous fournissant deux heures de [puissance] au lieu de quatre heures.
Le PDG de Sonelgaz, Mourad Adjal, a fait savoir ce dimanche 17 juillet que l’électricité d’Algérie sera exportée vers l’Italie à partir d’Annaba à la fin de la réalisation d’un câble sous-marin reliant les deux pays long de 250 km.
« Nous sommes en train de faire des études avec les Italiens pour la réalisation d’un câble sous-marin qui va partir d’Annaba vers l’autre rive (Italie) », a affirmé M. Adjal lors d’un point de presse tenu en marge d’une séance de travail avec les autorités locales à Bouira les présidents des assemblées populaires communales (P/APC) et les chefs de Daïras ainsi que des investisseurs.
Le projet est actuellement en phase d’étude. Une fois l’étude achevée, « il faudrait trouver ensuite les sources de financement pour le réaliser », a encore expliqué le PDG de Sonelgaz, selon le compte-rendu de l’agence APS.
Le même responsable a précisé qu’une fois réalisé, l’Italie sera une porte d’exportation de l’énergie pour l’Algérie. « Ce projet aura une grande importance pour notre pays », a-t-il ajouté.
En matière d’exportation, le PDG de Sonelgaz a rappelé que l’Algérie exporte 500 Mégawatt vers la Tunisie voisine. « C’est une quantité importante », a estimé M. Adjal.
En outre, il expliqué que la capacité de production actuelle de l’Algérie en matière d’électricité excède les 24.000 Mégawatts. « Aujourd’hui, nous avons une capacité de production d’électricité de l’ordre de 24.000 Mégawatts pour une consommation moyenne annuelle qui ne dépasse pas les 14.000 MGW », a expliqué le responsable du Groupe Sonelgaz.
Cette capacité, qui est « très intéressante », a-t-il dit, « va encore augmenter avec la réalisation des investissements qui sont en cours et qui sont d’une capacité de 6.000 MGW ». Nous atteindrons une capacité de production de 30.000 Mégawatts à l’horizon 2031-2032″, a-t-il ajouté.
M. Adjal a fait savoir, également, que son groupe exporte son savoir-faire en Afrique, en citant l’exemple d’une mission effectuée en Libye pour la maintenance d’une centrale électrique. « Cette mission menée par des travailleurs de Sonelgaz a été couronnée de succès », s’est-il réjoui.
« Aujourd’hui, nous exportons aussi notre savoir-faire via nos écoles, dans le cadre des accords portant sur la prise en charge des agences d’autres compagnies dans 10 pays africains », a souligné le patron de Sonelgaz.
En réponse aux questions de journalistes relatives à la transition énergétique en Algérie, l’orateur a expliqué que l’Algérie a franchi déjà de grands pas dans ce domaine. « Nous avons aujourd’hui une capacité de production qui dépasse les 400 MGW (d’énergie solaire), et nous nous attelons également à réaliser un grand projet de 15.000 MGW confié au ministère de la transition énergétique à travers une société mixte dont les deux propriétaires sont autres que Sonelgaz et Sonatrach », a fait savoir M. Adjal
Il a tenu à préciser que ce projet est en phase d’appel d’offres. Les travaux de réalisation de ce projet devront être lancés au début de l’année prochaine (2023) par cette société qui s’appelle Chams, a expliqué le responsable du Groupe Sonelgaz.
Est-ce une course à l’atome au Maghreb ? Le Maroc se lancerait dans la production d’électricité à partir de l’énergie nucléaire. Cette annonce faite par le ministre marocain de la Transition énergétique risque de susciter l’intérêt d’Alger, qui pourrait être tentée de suivre les traces de son voisin.
Ce n’est pas la première fois qu’on le dit, mais cette fois c’est sérieux : le Maroc s’apprête à miser sur l’énergie nucléaire. C’est ce qu’a annoncé au début du mois Leila Benali, la ministre de la Transition énergétique devant la Chambre des conseillers (Sénat marocain). « Le Maroc a investi dans le solaire et l’éolien et envisage maintenant de le faire dans le nucléaire pour répondre à ses besoins futurs en électricité », a déclaré la ministre. « Maintenant, une décision nationale doit être prise pour commencer à produire de l’électricité à partir de l’énergie nucléaire », a-t-elle ajouté.
Le ministère dirigé par Benali a déjà publié un rapport sur l’option nucléaire en 2015 qui a été consigné dans les tiroirs. Aujourd’hui, la ministre l’a dépoussiéré et l’a mis à jour. « Le document comprend des recommandations pour opter pour le nucléaire, de l’infrastructure à la législation nécessaire », a-t-elle révélé dans son intervention.
Depuis 2009, le Maroc dispose d’un petit réacteur nucléaire de deux mégawatts dans la forêt de Maâmora, près de Rabat, dans le cadre d’un projet de recherche convenu avec les États-Unis en 1980. Il y a un mois, le 14 mai, la ministre marocaine avait déjà signé un protocole d’accord sur la coopération en matière d’énergie avec son homologue saoudien, le prince Abdulaziz bin Salman. Le mémorandum d’entente annonce que les deux pays développeront des projets de conception, de construction et d’exploitation de centrales nucléaires, ainsi que de gestion des déchets générés par cette industrie.
Rafael Grossi, directeur de l’AEIA, s’est rendu à Rabat le 20 juin et a rencontré la ministre Benali. A l’issue de la réunion, il a déclaré : « L’expérience du Maroc en matière de science nucléaire est un atout précieux pour le développement du pays. » « Le débat a porté sur l’économie marocaine, les perspectives de l’énergie nucléaire et les petits réacteurs modulaires » Plusieurs facteurs peuvent expliquer pourquoi les autorités marocaines sont désormais prêtes à franchir le pas. La fermeture par l’Algérie, en octobre, du gazoduc Maghreb-Europe, qui passait par son territoire avant d’aboutir à Cadix, leur a donné un certain sentiment de vulnérabilité énergétique, malgré le fait que le pourcentage de gaz algérien qu’ils consommaient était très faible.
Avant que le gazoduc ne soit coupé, le Maroc avait déjà fait un gros pari sur les énergies renouvelables. Le gouvernement du pays prévoit qu’en 2030, 52% de l’électricité qu’il produira devra provenir d’énergies renouvelables.Se lancer dans l’aventure du nucléaire civil nécessite, en revanche, un soutien politique international sans obstacles. A cet égard, le Maroc a approfondi ses liens avec les Etats-Unis, notamment depuis fin 2020, après la reconnaissance par Washington de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, et depuis, il entretient une relation étroite avec Israël.
La presse officielle marocaine a réagi positivement à l’annonce de Benali. « Compte tenu de notre dépendance énergétique, du faible prix du kWh et du caractère exceptionnel des incidents survenus, la balance penche nettement en faveur de l’option nucléaire », écrit Adnan Debbarh, chroniqueur pour Le 360 un site d’information considéré comme proche du palais royal. Cette même presse indique que la première centrale nucléaire serait installée au bord de l’Atlantique, près de Sidi Boulbra, à une centaine de kilomètres au nord d’Agadir sans indiquer quelle entreprise pourrait la construire. Il y a plus de dix ans, l’entreprise publique russe Atomstroyexport a publiquement exprimé son intérêt pour la construction d’une centrale nucléaire au Maroc, mais dans la situation actuelle de guerre en Ukraine, il semble exclu que ce soit elle qui soit choisie.
Le principal risque de l’option nucléaire civile marocaine n’est pas qu’elle finisse par être dénaturée pour en faire une option militaire, comme l’Iran est soupçonné de le faire, car le Maroc n’a pas cette tentation. Le plus grand risque est que son voisin algérien veuille suivre la même voie et que les deux « poids lourds » du Maghreb se mettent au nucléaire. À plusieurs reprises, les ministres algériens de l’énergie ont évoqué la possibilité de construire des centrales, mais ces projets ne se sont jamais concrétisés. En 1991, les États-Unis ont soupçonné l’Algérie de vouloir fabriquer la bombe atomique avec l’aide de la Chine. Un rapport du Cesid (services secrets espagnols), révélé par « El País », confirmait cette hypothèse. Washington demande alors à plusieurs pays amis, dont la France et l’Espagne, gouvernée par Felipe González, de prendre des dispositions avec Alger pour l’en dissuader. « Il ne s’agissait pas d’un atome militaire », a déclaré le ministre algérien des Affaires étrangères, Mohamed Salah Dembri, lors de la cérémonie d’inauguration en 1993 du petit réacteur nucléaire expérimental d’Es Salam, construit avec l’aide de la Chine à Birine, à environ 250 kilomètres au sud d’Alger.
Si l’annonce marocaine se réalise et que l’Algérie imite son exemple, l’Espagne verra que tant au nord – la France a prévu de construire 14 petites centrales nucléaires – qu’au sud, cette énergie connaît une résurgence, alors qu’en Espagne un moratoire nucléaire est en vigueur depuis 1983.
Algérie. Energie solaire : Lancement d’un mégaprojet – énergie renouvelable, énergie verte, électricité,
Jusque-là ne représentant qu’une insignifiante part dans le mix énergétique du pays, dominé presque intégralement par les énergies fossiles, le renouvelable devrait, autrement plus significative grâce notamment à l’ambitieux projet de devant permettre à l’Algérie de produire à partir de centrales solaires jusqu’à 15000 MW d’électricité d’ici une douzaine d’années.
L’objectif d’arriver, dans un premier temps, à la production de 15000 MW, soit 15 GW, d’électricité devrait connaître son début de matérialisation dans quelques semaines avec la réalisation d’un premier programme de 1.000 MW à travers des centrales solaires qui seront réalisées dans le cadre du projet « Solar 1.000 MW », un programme dont l’avis d’appel d’offres international a été lancé à la fin de l’année dernière.
Projet Desertec : En attendant le ruisseau du désert – Allemagne, énergie renouvelable, électricité, Maroc, Algérie, Egypte,
C’étaient de grands projets : des centrales solaires au Sahara qui approvisionneraient l’Europe en énergie. Les centrales électriques sont en cours de construction, mais jusqu’à présent, aucune électricité du désert n’y parvient. Le projet Desertec a-t-il échoué ?
Par Thomas Bormann, ARD Studio du Caire
Skaka, un endroit du sud de l’Arabie saoudite où le soleil brûle du ciel. Le ministre saoudien de l’énergie, le prince Abdelaziz bin Salman, inaugure la nouvelle centrale solaire. Panneaux solaires – à perte de vue. Ils couvrent une superficie de deux kilomètres sur trois. Assez d’électricité doit être produite ici pour 75 000 foyers. Et la centrale électrique de Skaka n’est qu’une parmi tant d’autres : le ministre annonce fièrement que sept autres centrales électriques fonctionnant aux énergies renouvelables vont bientôt ouvrir dans le Royaume d’Arabie saoudite.
L’énergie solaire et éolienne est en hausse – à travers le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, du Maroc à Oman. « Les projets explosent », constate Paul van Son, responsable de Desert Energy, basé à Dubaï. « Les énergies renouvelables sont clairement l’avenir de cette région.
« Le responsable de l’énergie néerlandais a également été co-fondateur de la société Desertec. Il ne considère pas le projet comme un échec. Mais à l’époque, en 2008, Desertec avait une sorte d’anomalie congénitale, dit-il : « Il y a environ 14 ans, les gens étaient trop concentrés sur l’électricité pour nous en Europe ou en Allemagne. »
Un projet comme à l’époque coloniale ?Dans des pays comme le Maroc ou l’Égypte, l’idée n’a pas été bien accueillie, à savoir construire d’énormes centrales solaires à votre porte, mais ne pas pouvoir les utiliser vous-même. Après tout, l’électricité produite devrait être acheminée vers l’Europe, alors que chez nous, au Maroc ou en Égypte, l’électricité est constamment défaillante en raison d’un mauvais approvisionnement énergétique. Pour certains critiques, Desertec ressemblait à un projet de l’époque coloniale.
Donc Desertec a non seulement changé le nom en « Desert Energy », mais aussi la stratégie. « Vous ne pouvez pas exporter depuis une zone qui n’est pas encore prête », déclare Paul van Son. « Vous devez d’abord vous assurer que l’approvisionnement local en électricité fonctionne, que le mix énergétique est également principalement sans émissions. Et bientôt ce sera comme ça que l’on pourra dire : nous aussi, nous avons des excédents et la région peut exporter.
« Maroc, Algérie, Egypte – les centrales solaires et les éoliennes sont connectées au réseau partout. La société Desert Energy n’apparaît pas comme investisseur elle-même. Elle conseille, elle se considère comme une « facilitatrice ». « Nous poussons des projets ou nous amenons les gouvernements à accélérer l’ensemble de la transition énergétique », déclare van Son.
La confiance de l’Arabie Saoudite
Des émirats comme Dubaï et Abu Dhabi sont depuis longtemps en concurrence avec l’Arabie saoudite pour être le numéro un des énergies renouvelables dans le monde arabe. Le pétrole est fini, le soleil ne l’est pas. Et l’énergie solaire peut être obtenue particulièrement bon marché dans le désert, à des prix extrêmement bas. Le ministre saoudien de l’énergie, le prince Abdelaziz, parle même d’un record mondial : « Dans cette centrale solaire, il ne coûte que 1,04 centimes américains pour produire un kilowattheure d’électricité. Mes collègues ici du secteur de l’énergie et moi-même disons au monde : Nous sommes le site énergétique le moins cher, le plus performant et le plus efficace au monde.
« Cela semble confiant. « L’Arabie saoudite a très bien compris que cette transition, ce tournant, que c’est l’avenir de l’Arabie saoudite », estime van Son, peut-être dans 20 ou 30 ans. « Mais je parie que ce sera beaucoup plus rapide que ce dont nous pouvons rêver aujourd’hui.
« La vision de Desertec se réaliserait alors après tout – et en Allemagne aussi, la soif d’énergie pourrait être étanchée avec l’électricité du désert.
L’Algérie veut mener la production d’hydrogène dans la région – énergies renouvelables, électricité, carburant, combustibles fossiles,
Tunis, 7 mai (EFE) – L’Algérie compte sur ses « grands atouts et un avantage compétitif » pour être à la tête de la production d’hydrogène dans la région en tant qu’alternative énergétique, a déclaré aujourd’hui le ministre algérien de l’Énergie et des Mines, Mohamed Arkab.
« Toutes nos capacités devraient permettre à notre pays de s’intégrer rapidement dans la dynamique régionale de développement de l’hydrogène », a déclaré le ministre algérien de l’énergie, ajoutant que son ministère a été chargé d’élaborer une stratégie nationale.
Le projet prévoit la création d’une commission interministérielle regroupant les secteurs de l’énergie, de la transition énergétique, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, des start-ups et de la finance, en plus de la Commission des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique (Cerefe).
« L’Algérie a de grandes chances de jouer un rôle régional de premier plan dans ce domaine, grâce à son immense potentiel d’énergie solaire, à ses réseaux étendus et intégrés de transport d’électricité et de gaz, à ses réserves d’eau considérables et à ses importantes capacités de recherche et de développement », a déclaré M. Arkab à propos de l’exploration de cette ressource par l’Algérie.
Il est « important » à court et moyen terme de développer l’hydrogène bleu, produit à partir de combustibles fossiles, pour développer l’hydrogène vert, produit à partir d’énergies renouvelables, avec « une efficacité économique et une viabilité élevées », a-t-il déclaré.
L’accord stratégique, signé le mois dernier entre l’Italie et l’Algérie, a jeté les bases d’une coopération dans le domaine des énergies renouvelables et de l’hydrogène vert, qui sera poursuivie lors du sommet intergouvernemental du 18 juillet dans la capitale algérienne.
A son tour, Arkab a reconnu l’absence d’un « cadre législatif et réglementaire approprié », de « la définition de secteurs prioritaires » ou de la « qualification du capital humain » pour avancer dans ce défi.
Le pays du Maghreb s’appuie sur sa position stratégique et ses infrastructures portuaires et de transport de gaz existantes pour répondre à la demande locale, régionale et mondiale d’hydrogène.
L’hydrogène vert est une ressource illimitée, décarbonée et transportable, qui peut être transformée en électricité ou en carburant, et représente une alternative viable aux combustibles fossiles. EFE
BM: Les prix des produits de base « resteront élevés » – Banque Mondiale, gaz, carburants, électricité, Ukraine, Russie, guerre,stagflation,
Les prix alimentaires et de l’énergie, dont la hausse a été exacerbée par la guerre en Ukraine, pourraient rester élevés pendant plusieurs années, estime la Banque mondiale qui évoque la fin de l’année 2024. La « guerre en Ukraine a provoqué un choc majeur sur les marchés des produits de base et modifié la physionomie des échanges, de la production et de la consommation dans le monde », note l’institution qui a publié hier mardi un rapport. Les auteurs estiment que « les prix vont se maintenir à des niveaux historiquement élevés jusqu’à la fin de 2024 ». Ils soulignent que la hausse des prix de l’énergie au cours des deux dernières années a été la plus importante depuis la crise pétrolière de 1973. « Celle des matières premières alimentaires – dont la Russie et l’Ukraine sont de grands producteurs – et des engrais, dont la production dépend du gaz naturel, n’a jamais été aussi forte depuis 2008 », commente la Banque mondiale dans un communiqué.
« Globalement, il s’agit du plus grand choc sur les produits de base que nous ayons connu depuis les années 70 », ajoute l’institution. « ce choc est aggravé par une recrudescence des restrictions au commerce des denrées alimentaires, du carburant et des engrais », estime Indermit Gill, vice-président de la Banque mondiale pour le pôle croissance équitable, finances et institutions, ajoutant que cela fait planer le « spectre de la stagflation ».
Pour les seuls prix de l’énergie, la Banque table sur une hausse de plus de 50 % cette année avant une baisse en 2023 et 2024. Quant à ceux des biens non énergétiques, comme les produits agricoles et les métaux, ils devraient augmenter de près de 20 % en 2022, puis diminuer également au cours des années suivantes. « cependant, les prix des produits de base devraient rester bien supérieurs à la moyenne des cinq dernières années et, en cas de guerre prolongée ou de nouvelles sanctions contre la Russie, ils pourraient devenir encore plus élevés et plus volatils que ce qui est actuellement prévu », alerte la Banque.
Ces hausses de prix ont « un coût humain et économique considérable et risquent de freiner les progrès en matière de réduction de la pauvreté », déplore-t-elle également.
Le déficit énergétique du Maroc en hausse (officiel) – Gaz, Gazoduc, Algérie, électricité,
Le déficit énergétique du Maroc sont en hausse depuis le mois d’Octobre dernier suite à la décision de l’Algérie de fermer définitivement le gazoduc Maghreb Europe (GME) qui reliait l’Algérie à l’Espagne via le Maroc, obligeant les autorités à recourir davantage à l’importation ce qui accentue, au demeurant, les dépenses publique . C’est ce qu’a révélé l’Office marocain des Changes, l’organe officiel, dans un bulletin sur les indicateurs mensuels des échanges extérieurs.
Le bulletin, rendu public vendredi 3 décembre, fait ressortir un accroissement des importations des produits finis de consommation (+24,43 Milliards de dirhams–10 DH= 0.96 euro)), des produits énergétiques (+17,74 MMDH) et des demi produits (+17,46 MMDH). La facture énergétique a elle seule augmenté de 43,1 %, en raison de la hausse des approvisionnements en gas-oils et fuel-oils (+9,2 MMDH) suite à un accroissement des prix de 34 %, conjugué à l’élévation des quantités importées de 10,7 %, explique le bulletin.
Le document note que le déficit résulte d’une augmentation des importations (+22,9 % à 424,32 MMDH) plus importante que celle des exportations (+20,7 % à 260,15 MMDH). Par rapport à fin octobre 2019, période avant la crise liée à la pandémie du nouveau coronavirus (Covid-19), les exportations ont progressé de 9,4 % (22,1 MMDH) et les importations ont affiché une hausse de 3,3 %, indique la même source.
Le déficit commercial du Maroc s’est établi à 164,17 milliards de dirhams (MMDH) durant les dix premiers mois de 2021, en hausse de 26,6 % par rapport à fin octobre 2020, selon l’office.
Durant le premier semestre 2021, la facture énergétique a connu une hausse de 21,1% , selon la même source. Cette évolution s’explique par la hausse des approvisionnements en gas-oils et fuel-oil (+3,27 MMDH) attribuable à l’accroissement des prix de 14,3%, conjugué à l’élévation des quantités importées de 11,3% à fin juin 2021.
Le recours aux importations énergétiques va s’accentuer durant les prochains mois, selon les mêmes source, notamment pour combler le déficit interne causé par l’arrêt du GME.
Le GME a été mis en service en 1996, avec une capacité de 12 milliards de mètres cubes par an. A part 700 millions de mètres cubes prélevés par le Maroc comme droit de passage du gazoduc sur son territoire, le reste est destiné à l’Espagne et au Portugal.
En plus, le Maroc a besoin d’un milliard de mètres cubes de gaz naturel annuellement pour faire fonctionner deux centrales électriques et deux autres centrales hybrides, l’une avec le solaire et l’autre avec le charbon ce qui le contraint à chercher de nouvelles sources d’approvisionnements rendant encore plus salée la facture des importations énergétiques.
Le secteur énergétique marocain: Une dépendance permanente – Maroc, gaz, électricité, pétrole
Bien que le Maroc ait obtenu son indépendance en 1956, le secteur énergétique du pays est resté dépendant – des combustibles fossiles et du secteur privé. Sur la période 2017-2020, les importations de combustibles fossiles ont représenté environ 90 % de l’approvisionnement total en énergie primaire et 80 % de l’approvisionnement en électricité1, tandis que le secteur privé contrôle actuellement la majorité de la production d’électricité (84 %)2 et la quasi-totalité de la distribution d’énergie.
L’ambitieux plan pour les énergies renouvelables lancé par le gouvernement marocain en 2009, qui vise à couvrir 52 % de la capacité électrique installée d’ici 2030, aurait pu réduire considérablement la dépendance du pays à l’égard de combustibles fossiles largement importés. Cependant, les politiques libérales adoptées par le gouvernement pour l’ensemble du secteur énergétique, y compris les énergies renouvelables, ainsi que les partenariats public-privé (PPP) associés, ont exacerbé à la fois la crise de la dette et la dépendance vis-à-vis du secteur privé.
Cet article vise à comprendre les raisons historiques, économiques et politiques de la dépendance du secteur énergétique marocain, qui menace ce qui reste de la souveraineté marocaine et aggrave les inégalités sociales. En outre, l’article montre comment, dans cette situation, ce sont les populations les plus démunies du pays qui paient les choix politiques et économiques de l’élite colonisée3, qui sert de partenaire aux sociétés transnationales et aux banques internationales.
Le secteur de l’énergie : du contrôle colonial aux mesures néolibérales
Au début du vingtième siècle, la principale motivation du colonisateur français en matière de production d’électricité au Maroc était de faciliter l’extraction des matières premières, principalement les phosphates, d’améliorer la productivité des mines et d’électrifier le réseau ferroviaire qui servait à transporter les matières premières vers la métropole.4 L’objectif était d’électrifier ce qui était considéré comme « le Maroc utile ».5
Des concessions sont accordées pour la production et la distribution d’électricité. En 1914, la Société marocaine de distribution d’eau, de gaz et d’électricité (SMD) est créée par la Société Lyonnaise des Eaux et de l’Éclairage. En 1924, elle est remplacée par l’Énergie Électrique du Maroc (EEM), fondée le 30 janvier de la même année par la Compagnie Générale du Maroc, elle-même créée en février 1912 par un consortium de banques françaises dirigé par la Banque de Paris et des Pays-Bas6.
Malgré l’avènement de l’indépendance du Maroc en 1956, la gestion du secteur de l’énergie, à l’instar d’autres secteurs stratégiques (tels que l’agriculture, l’industrie, le commerce et l’approvisionnement en eau potable), n’a été placée sous le contrôle de l’État marocain qu’en 1963, avec la création de l’Office national de l’électricité (ONE), l’établissement public chargé du » service public, de la production, du transport et de la distribution de l’énergie électrique « , comme le stipule son décret fondateur7.
Dans les années 1960 et 1970, alors qu’il n’en possédait pas, le Maroc a choisi le pétrole comme ressource énergétique primaire de base : le pétrole représentait plus de 80 % de son mix énergétique en 19808. A partir du milieu des années 1980, et suite à la crise pétrolière de 1973, l’ONE a décidé d’augmenter la part du charbon dans le mix énergétique du pays.
Au milieu des années 1990, malgré le bilan positif de l’ONE en matière d’extension du réseau électrique aux zones rurales et de fourniture d’un service public de bonne qualité – mesuré en partie par l’absence de pannes dans les grandes villes – le gouvernement a décidé d’adopter le paradigme néolibéral en ce qui concerne le secteur énergétique. Sous l’impulsion des institutions financières internationales, il a commencé à démanteler, privatiser et libéraliser la distribution et la production d’électricité, au profit des grandes sociétés transnationales.
Dans le cadre de l’adoption du programme d’ajustement structurel imposé par les institutions financières internationales suite à la crise de la dette des années 19809, le Maroc a lancé un processus de privatisation de ses entreprises publiques les plus rentables et de libéralisation des secteurs stratégiques. Le secteur de l’énergie a été parmi les premiers touchés, avec la privatisation de l’industrie du raffinage du pétrole et l’introduction de la production privée dans l’activité pétrolière. La Société Anonyme Marocaine de l’Industrie du Raffinage (SAMIR) a été privatisée en 1997 au profit du groupe suédo-saoudien Corral Petroleum Holding, détenu principalement par le milliardaire saoudien Mohammed al-Amoudi. La même année, les services de distribution d’eau potable et d’électricité, de collecte des eaux pluviales et usées et d’éclairage public de la région du Grand Casablanca (4,2 millions d’habitants) sont confiés à un opérateur unique, la Lyonnaise des Eaux Casablanca (Lydec), filiale de la société française Lyonnaise des Eaux (aujourd’hui Suez Environnement).
Un large barrage de législation et de propagande a soutenu cette première vague de privatisations, présentée comme un processus indispensable pour » moderniser » l’économie marocaine et bénéficier de l’appui technique des sociétés transnationales. Cependant, les impacts économiques, sociaux et écologiques de ces opérations de privatisation se sont avérés désastreux.
Si l’on reprend les exemples de la SAMIR et de Lydec, la privatisation de la première a entraîné la plus grande faillite de l’histoire du pays, avec une dette de 4 milliards d’euros envers l’État et plus de 800 travailleurs – et leurs familles – laissés sans ressources. En ce qui concerne Lydec, différents rapports, y compris officiels – comme le rapport de la Cour des comptes de 2014 – révèlent de nombreux abus des droits fondamentaux commis par le concessionnaire avec la collusion et/ou le silence des autorités et élus locaux. Ces abus ont notamment consisté à priver les populations de leur droit aux branchements d’électricité et d’eau et à augmenter les coûts de ces services, contrairement aux dispositions du contrat de concession. En termes économiques et financiers, Lydec n’a pas respecté le programme d’investissement convenu dans le contrat et a également transféré de l’argent en devises étrangères en violation du contrat, avec 160 millions d’euros transférés aux actionnaires sous forme de dividendes et 100 millions d’euros transférés sous forme de bénéfices déguisés à son siège social sous forme de dépenses liées à l’ »assistance technique » au cours de la première décennie de la concession10.
Au niveau législatif, outre la loi n° 39-89 autorisant le transfert d’entreprises publiques au secteur privé, qui a donné le coup d’envoi de la vague de privatisations au début des années 1990, deux lois majeures adoptées au cours de cette décennie ont profondément affecté le secteur de l’énergie : Le décret législatif n° 94-503 de 1994, qui a mis fin au monopole de l’ONE et permis aux producteurs privés d’électricité d’entrer sur le marché ; et la loi n° 1-95-141 de 1995, qui a permis la libéralisation du marché des produits pétroliers.
Énergies renouvelables au Maroc : un néolibéralisme « vert »
Malgré un programme ambitieux et des milliards de dirhams investis dans le développement des énergies renouvelables – notamment solaires – et bien que le pays dispose de l’une des plus grandes centrales solaires à concentration (CSP)11 au monde, en 2021, le mix énergétique marocain reste dominé par les hydrocarbures, qui représentent 52 % du mix, principalement pour le transport, tandis que le charbon continue de représenter jusqu’à 33 % de la production d’électricité.
Par ailleurs, le secteur des transports reste le plus gros consommateur d’énergie au Maroc, avec 38 % de la consommation totale du pays.12 Presque entièrement dépendant des énergies fossiles, il est responsable d’environ 50 % du budget énergétique national, soit plus de 4 milliards d’euros en 2018, et représente 20 % du déficit de la balance commerciale.
En ce qui concerne la production d’électricité, les énergies renouvelables ont assuré 19 % de la production nationale en 2019, dont 11 % pour l’éolien, 4 % pour l’hydraulique et 4 % pour le solaire. Le charbon reste la principale source d’électricité (65 %), suivi du gaz naturel (11 %)13.
Une analyse critique des principales réformes législatives et institutionnelles soutenant le développement des énergies renouvelables au Maroc soulève la question de savoir si ce développement n’a pas surtout servi d’excuse pour libéraliser et privatiser davantage le secteur de l’énergie.
En effet, la loi n° 13-09, promulguée le 11 février 2010, a libéralisé le secteur des énergies renouvelables, autorisant la concurrence des entreprises privées tant dans la production d’électricité renouvelable que dans son exportation via le réseau national14.
La loi sur les PPP est entrée en vigueur en août 2015, bien que le modèle de » partenariat public-privé [ait] déjà été expérimenté depuis longtemps à travers des formes contractuelles telles que les concessions en dehors de tout cadre normatif avant que la loi ne consacre cette orientation « 15, permettant aux opérateurs privés de se positionner comme des producteurs d’électricité indépendants. Ces contrats d’achat d’électricité (CAE) conclus dans le cadre de PPP obligent l’État (ONE) à acheter l’électricité produite à un prix convenu pour une période de 25 à 30 ans16.
Ce modèle, et la loi de 2015 qui a suivi, découlent de la loi française sur les PPP de 2004. Ils reprennent notamment le concept de » paiements basés sur la disponibilité « , selon lequel l’ONE, établissement public, est obligé d’acheter la totalité de la production des concessionnaires privés, indépendamment des besoins réels. Cette énergie, qu’elle soit d’origine fossile ou renouvelable, est donc prioritaire par rapport à celle des centrales publiques.17 En cas de forte baisse de la demande d’électricité, l’ONE étant contraint de consommer en priorité la production des concessionnaires privés, les centrales publiques sont arrêtées pour éviter un black-out, ce qui entraîne un surcoût considérable pour l’Etat (c’est-à-dire les contribuables).18
Ce type de partenariat constitue donc une escroquerie qui profite aux banques et aux opérateurs privés. D’une part, ces derniers sont protégés de toute perte potentielle, quelle que soit sa nature (fluctuation des prix des matières premières, infrastructures, fourniture de services publics, risques climatiques, risques financiers, etc.) ; d’autre part, la rentabilité de leurs investissements est totalement assurée, puisque le paiement est garanti même si l’énergie n’est pas nécessaire ou utilisée. Il s’agit d’un modèle typique dans lequel les bénéfices sont privatisés et les pertes et les risques sont supportés par les contribuables.
Gouvernance de l’énergie au Maroc : qui décide, qui en profite et qui en paie le prix ?
Qui décide ? Au Maroc, toutes les décisions stratégiques relatives au secteur de l’énergie échappent à toute forme de contrôle démocratique. La création de l’Agence marocaine des énergies renouvelables (Masen) en 2019, la nomination par le roi de Mustapha Bakkoury à sa tête et sa récente disgrâce révèlent les méthodes autocratiques appliquées au secteur. En effet, au moment où il a été nommé directeur de Masen, Bakkoury était président du Parti authenticité et modernité (PAM), fondé par Fouad Ali El Himma, conseiller et ami du roi. En 2015, la décision est prise d’étendre les prérogatives de l’agence solaire à l’ensemble du secteur renouvelable, avec Bakkoury comme PDG, positionnant Masen comme le principal acteur des énergies renouvelables et marginalisant de facto l’ONE.19 Pourtant, en mars 2021, la nouvelle tombe soudainement : Bakkoury est interdit de sortie du territoire20, dans le cadre de » l’enquête [le] visant pour mauvaise gestion et détournement de fonds en sa qualité de responsable de Masen, selon des sources médiatiques proches du dossier « . Aucune explication officielle n’a été fournie à l’époque.21
Les communautés locales et les parlementaires, ainsi que les ingénieurs et techniciens des entreprises publiques dans les domaines de la production, de la gestion, du transport et de la maintenance des installations énergétiques, ont toujours été marginalisés de toutes les discussions concernant les projets d’énergie renouvelable de MASEN. Leur consultation aurait permis d’éviter des erreurs techniques majeures et de mieux contrôler les » partenaires » privés qui, de leur côté, étaient entourés d’experts défendant leurs intérêts. Un spécialiste du secteur qui a demandé à rester anonyme a déclaré : Depuis que les énergies renouvelables sont devenues un secteur stratégique, l’agence [Masen] s’est arrogé toutes les prérogatives du développement durable. Elle est devenue toute-puissante. Comme dans tout grand projet royal, le silence règne : tout le monde savait que les projets étaient en retard et coûtaient trop cher, mais personne n’osait demander des comptes ».22
Qui en profite ? En 2018, des citoyens ordinaires ont mené une campagne de boycott innovante via les réseaux sociaux contre trois marques dont les propriétaires sont connus pour être étroitement liés à la famille royale : Danone, Sidi Ali et surtout Afriquia. Cette dernière est détenue par le puissant milliardaire Aziz Akhannouch, qui a été nommé chef du gouvernement par le roi en septembre 2021. Suite à cette action de désobéissance civile, le Conseil de la Concurrence a mené en 2019 une étude approfondie sur le secteur pétrolier, qui a mis en évidence des » dysfonctionnements « , c’est-à-dire des activités frauduleuses. Le rapport a constaté qu’au lieu de favoriser la concurrence – principale justification de ses défenseurs – la libéralisation du secteur en 2014 avait conduit à une situation d’oligopole à tous les niveaux : de l’importation, au stockage et à la vente, en passant par la distribution et la consommation. Avec Afriquia, propriété de M. Akhannouch, en tête, » les cinq premiers opérateurs [captaient] 70 % du marché en 2017, dont trois [détenaient] une part de 53,4 % « 23.
Cette situation oligopolistique s’est accrue avec la fermeture de la SAMIR en 2015, alors que cette dernière avait assuré 64 % de la demande en produits raffinés et disposait d’une grande capacité de stockage (2 millions de mètres cubes). « La facture énergétique a ainsi fortement augmenté, le déficit de la balance commerciale s’est aggravé et les petites et moyennes structures ont été fragilisées au profit des plus gros acteurs », selon un avis du Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE) publié en 2020.
Contrôle total de l’électricité par le secteur privé
Selon les chiffres officiels du gouvernement (voir figures 1 et 2), si l’objectif de produire 42 % de l’électricité à partir de sources renouvelables d’ici 2020 n’a pas été atteint, celui d’augmenter la part des concessions privées dans la production d’électricité a été dépassé. À la fin de 2021, le secteur privé contrôlera plus des deux tiers (71,8 %) de la production d’électricité au Maroc.
Figure 1 : Répartition de la production d’électricité par source d’énergie – janvier-février 2020 (en pourcentages)
Figure 2 : Répartition de la production d’électricité par type de producteur – janvier-février 2021 (en pourcentages)
L’élite dirigeante a fait de la production privée concédée, qu’elle soit d’origine fossile ou renouvelable, un principe et un élément fondamental du système énergétique. Cela profite avant tout aux sociétés transnationales françaises (Engie), espagnoles (Gamesa), saoudiennes (Acwa), émiraties (Taqa) et allemandes (Siemens), généralement en coopération avec des sociétés nationales appartenant à la famille royale (Nareva) ou à des familles puissantes et politiquement liées, comme les familles Akhannouch et Benjelloun (Green of Africa).
À titre d’exemple, l’appel d’offres international de mai 2021 dans le domaine de l’énergie solaire pour la conception, le financement, la construction, l’exploitation et la maintenance du projet Noor Midelt I de 800 mégawatts (MW) a été attribué à un consortium dirigé par EDF Renouvelables (France) qui comprenait Masdar (Émirats arabes unis) et Green of Africa (Maroc). 24 Il convient de noter que Green of Africa est détenu par trois des familles les plus riches du Maroc : Benjelloun (Financecom et groupe BMCE), Amhal (Omafu et groupe Somepi) et Akhannouch (groupe Akwa). Avant d’être nommé chef du gouvernement par le roi en septembre 2021, Aziz Akhannouch avait occupé le poste de ministre de l’Agriculture et de la Pêche pendant plus de 15 ans.
Dans le domaine de l’énergie éolienne, Nareva, une société appartenant au groupe royal Al Mada (anciennement SNI et ONA), se taille la part du lion via sa filiale Énergie Éolienne du Maroc (EEM). Elle possède actuellement cinq parcs éoliens de type « merchant plant » (loi n° 13-09), d’une capacité totale de plus de 500 MW, dont l’énergie électrique est vendue directement à des clients industriels.25 Nareva possède également le parc de Tarfaya, l’un des plus grands d’Afrique, en joint-venture avec la grande entreprise française Engie. L’énergie produite dans ce parc d’une capacité de 300MW est vendue exclusivement à l’ONE dans le cadre d’un PPA de 20 ans26.
En 2016, Nareva a été déclaré adjudicataire de l’énorme projet éolien intégré de 850 MW, composé de Midelt (210 MW), Boujdour (300 MW), Jbel Lahdid (270 MW) et Tiskrad (à Tarfaya) (100 MW). Nareva a remporté ce projet en s’associant au fabricant d’éoliennes Siemens Gamesa Renewables (Allemagne-Espagne).
Il convient de souligner que si le groupe Al Mada, qui possède Nareva, se présente comme un leader dans le domaine du développement durable, il est responsable de la destruction et de la pollution de plusieurs écosystèmes. Comme l’auteur l’a expliqué ailleurs : Non seulement sa société de production de sucre Cosumar a été impliquée dans des catastrophes de pollution, mais sa branche minière Managem dans sa mine d’argent « Imider », située dans le sud du Maroc, a vu la contamination des aquifères et il y a toujours un conflit en cours avec la population locale pour les ressources en eau27.
Au Maroc, comme on le voit dans d’autres pays, ceux qui bénéficient des projets verts ont généralement une longue expérience de la pollution et de la destruction des écosystèmes. Réorienter une partie de leurs investissements vers les énergies renouvelables n’est en réalité qu’un autre moyen, souvent encore plus rentable, de générer des profits financiers et de déposséder les populations locales de leurs territoires.
Qui en paie le prix ? La population, en tant que contribuable et en tant que consommateur dans son ensemble, supporte les conséquences financières d’un système conçu pour être totalement inéquitable et pour bénéficier exclusivement aux investisseurs privés. Les contrats de concession signés dans les années 1990 et au début des années 2000, notamment les AAE, ont obligé l’ONE non seulement à acheter de l’énergie aux opérateurs privés en fonction des disponibilités et à des prix supérieurs aux prix de vente effectifs pour la distribution et la consommation, mais aussi à supporter le coût des fluctuations des prix des matières premières, notamment du charbon.
Cela a plongé l’ONE dans une crise financière structurelle sans précédent, le gouvernement l’a alors renfloué, par la signature d’un contrat-programme qui a permis à l’ONE d’augmenter les prix à la consommation. En conséquence, les factures des consommateurs ont augmenté de 20 % en 2014.28 Les récents projets renouvelables étant tous basés sur des contrats similaires de 30 ans, cette situation d’investissement public massif sans garantie pour la population d’une baisse des prix de l’électricité risque de se reproduire.
La décision de Masen de s’orienter vers la technologie CSP, prise sans consulter aucun organisme public, y compris l’ONE, s’est avérée désastreuse, avec un prix de revient du kilowattheure (KWh) de 1,62 dirham pour Noor 1, 1,38 dirham pour Noor 2 et 1,42 dirham pour Noor 3, alors que le prix auquel chaque KWh est vendu à l’ONE est de 0,85 dirham. Masen enregistre donc un déficit annuel qui est estimé par le CESE29 à 80 millions d’euros pour les centrales Noor I, II et III.
La question de la dette et du financement est fondamentale. Tous les projets récents de production d’électricité, y compris les projets dits » verts « , sont financés par des prêts de banques privées internationales, de banques multilatérales, du Fonds monétaire international, de la Banque mondiale, de la Banque africaine de développement et d’agences de développement françaises, allemandes et japonaises. Dans le secteur de l’énergie solaire, Masen contracte des dettes qui sont garanties par l’État marocain. Elle utilise ces fonds pour développer les infrastructures (routes, infrastructures hydrauliques, clôtures, lignes et postes de transformation pour le transport de l’énergie) nécessaires au développement des projets. Elle utilise également ces fonds pour financer sa participation dans les sociétés à finalité spécifique créées pour des projets spécifiques (Noor ourzaztae, Noor Midelt, etc.), comme l’illustre la figure 3 ci-dessous :
Figure 3 : Montage financier typique des projets menés par Masen
Les prêteurs restent les acteurs clés de ces projets et ont le dernier mot sur toutes les décisions stratégiques. Par conséquent, il est logique que la (les) nationalité(s) des prêteurs corresponde(nt) à celle des entreprises impliquées dans le projet, que ce soit en tant qu’opérateurs (français Engie, allemand Siemens, etc.) ou en tant que fournisseurs d’équipements (français Alstom, japonais Mitswi, etc.).
Le projet de centrale thermique de Safi, d’une capacité de 1369 MW (25 % de la demande nationale) et d’un investissement total de 2,3 milliards d’euros, a été financé principalement par la Japan Bank for International Cooperation, Attijariwafa Bank (groupe Royal Al Mada) et la BMCI, filiale marocaine de la banque française BNP Paribas. La société qui a obtenu une concession de 30 ans pour le projet est Safi Energy Company, détenue conjointement par Nareva (Royal Al Mada Group) (35 %), la société française Engie (anciennement GDF Suez) (35 %) et la maison de commerce japonaise Mitsui (30 %)30.
Ces prêts viennent s’ajouter à une dette publique qui, à la fin de 2021, avoisinera les 100 % du PIB.31 Le service de cette dette absorbe plus d’un tiers du budget de l’État et représente près de 10 fois le budget national de la santé.32
Quelques pistes pour une transition énergétique juste au Maroc
Le modèle énergétique libéral a échoué tant sur le plan économique qu’écologique, notamment en ce qui concerne la justice énergétique et climatique. Les rapports officiels, dont celui du CESE, reconnaissent en partie cet échec, tout en continuant à plaider pour plus de libéralisation, de démantèlement et de privatisation de l’ensemble du secteur énergétique.
Il n’y aura pas de transition juste tant que le secteur énergétique restera sous le contrôle de sociétés transnationales étrangères et d’une élite dirigeante locale qui est libre de piller l’État et de générer autant de profits qu’elle le souhaite, dans une culture d’autoritarisme et de népotisme. Le système de la dette et les PPP sont un obstacle majeur à toute souveraineté nationale – ou même populaire -, y compris la souveraineté énergétique.
Une transition énergétique juste exige la souveraineté de la population locale à chaque étape du processus de production : conception, mise en œuvre, exploitation, stockage et distribution. Le secteur de l’énergie doit être considéré comme un service public, cogéré par les travailleurs impliqués et les populations locales qui acceptent de partager une partie de leurs territoires (terres, eaux, forêts, etc.) pour l’intérêt collectif. Dans ce cadre, les populations locales devraient également bénéficier de tarifs préférentiels, voire de la gratuité totale des services d’électricité. Les formes bureaucratiques actuelles de gouvernement doivent être remplacées par des formes de gouvernance locales et décentralisées.
Privilégier les solutions et projets décentralisés, c’est aussi rapprocher la production d’énergie au plus près des utilisateurs, afin d’éviter les pertes par effet Joule33 et de limiter les coûts de transport. Cela implique également de concevoir des projets à plus petite échelle pour lesquels les fonds nécessaires peuvent être mobilisés localement ou avec l’aide de l’État.
Les schémas d’intégration régionale doivent également émerger sur la base des principes de solidarité et d’intérêt commun. Une telle intégration est également beaucoup plus adaptée à la nature physique de l’électricité : l’équilibre nécessaire entre production et consommation implique que les détenteurs d’énergie excédentaire ont autant d’intérêt à la céder que ceux qui en ont besoin à la recevoir, afin d’éviter un arrêt général de l’approvisionnement en électricité.
Contre la tyrannie néolibérale et le déséquilibre actuel du pouvoir qui profite aux classes dirigeantes, diverses formes de mécontentement et de protestation des populations locales se développent. Ces efforts visent à construire des alternatives au profit privé obtenu au détriment de la communauté et au néocolonialisme, dont les privatisations sont à la fois un instrument et un symbole. Si nous voulons réellement construire une société plus juste et plus démocratique, il est essentiel de tenir compte de ces initiatives, de les soutenir et de lier la transition énergétique aux questions socio-économiques.
Auteur : Jawad Moustakbal est le coordinateur national au Maroc du programme international d’excellence « Climate Change : The Politics of Food, Water, and Energy » à la School of International Training (SIT) dans le Vermont, aux États-Unis. Il a travaillé comme chef de projet pour plusieurs entreprises, dont l’OCP, la société publique marocaine de phosphate. Jawad est également un militant qui œuvre pour la justice sociale et climatique. Il est membre du secrétariat national d’ATTAC/CADTM Maroc, et membre du secrétariat partagé du Comité international pour l’abolition des dettes illégitimes. Il est titulaire d’un diplôme d’ingénieur civil de l’EHTP de Casablanca.
2 Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE) (2020) ‘Avis du Conseil Économique, Social et Environnemental : Accélérer la transition énergétique pour installer le Maroc dans la croissance verte’. Disponible sur : http://www.cese.ma/media/2020/11/Av-transitionEnergetique-f-1.pdf
3 Une élite qui a intériorisé la supériorité occidentale et son mépris des cultures indigènes, et donc de sa propre culture.
5 Cette représentation à l’époque du protectorat est venue du général Lyautey, le premier résident général du protectorat français, qui a décidé de diviser le Maroc en deux grandes parties, un « Maroc utile » soumis, riche, central et un dissident, pauvre, périphérique « Maroc inutile ». Pour plus d’informations, voir : (2001) ‘Les représentations politiques de la montagne au Maroc’, Revue de géographie alpine 89(2) : 141-144. Disponible sur : https://www.persee.fr/doc/rga_0035-12121_2001_num_89_2_4637
6 Pour plus d’informations sur le rayonnement et la position centrale de la Banque de Paris et des Pays-Bas dans l’économie marocaine, voir Barbe, A. (2020) Dette publique et impérialisme au Maroc (1856– 1956) . Casablanca : La Croisée des Chemins. Cette position découle de la crise de la dette qui a précédé et servi de prétexte à la mise en place du protectorat.
7 Dahir n° 1-63-226 du 05 août 1963, publié au Journal Officiel Marocain n° 2650 du vendredi 09 août 1963, a créé l’ Office National de l’Électricité .
9 Suite à une baisse spectaculaire des ressources de l’État en raison de l’effondrement des prix du phosphate à la fin des années 1970, du coût de la guerre du Sahara, d’une longue et généralisée sécheresse, de la hausse des coûts de l’énergie et de la réduction de l’émigration marocaine vers l’Europe, l’État marocain n’a pas pu de rembourser sa dette et a demandé un rééchelonnement de la dette. Les institutions financières internationales, dont le FMI et la Banque mondiale, ont par la suite exigé la mise en œuvre d’un plan d’ajustement structurel en 1983. Pour plus de détails, voir Akesbi, N. (1985) ‘FMI « structural Adjustment » programmes’, Africa Development / Afrique et Développement 10(1/2) : 101–21. Disponible sur : http://www.jstor.org/stable/24487208
11 CSP est une technologie d’énergie solaire. L’électricité est produite à partir de la chaleur récupérée dans les miroirs et échangée avec un générateur de chaleur liquide, qui entraîne un turbo-alternateur.
14 Ministère de l’économie et des finances – Direction des Études et des Prévisions Financières (2014) ‘Quel positionnement régional pour le Maroc en matière de compétitivité énergétique ?’ Disponible sur : http://www.finances.gov.ma/fr/Ministere/Pages/depf.aspx
16 Il s’agit de contrats de vente d’énergie entre le producteur d’électricité et le distributeur public d’énergie. Dans le cas du Maroc, c’est l’ONE qui s’engage à acheter son énergie sur une période définie. Ce type de contrat est requis par les producteurs privés et les donateurs afin de sécuriser leurs revenus pendant la durée du contrat et de se protéger d’éventuelles fluctuations de prix ou/et d’une baisse de la demande d’énergie.
17 Informations obtenues directement des responsables de l’ONE lors d’une visite à la centrale thermique de Mohammedia au printemps 2017.
18 A chaque arrêt d’une centrale thermique, son redémarrage est coûteux, d’une part parce qu’il est long à chauffer et nécessite une grande quantité de combustible, d’autre part en termes de maintenance, car la durée de vie des équipements est altérée par le stop-start cycles.
27 Moustakbal, J. (2016) « Du point de vue des classes dirigeantes et des élites au Maroc sur les enjeux environnementaux mondiaux », CADTM. Disponible sur : https://www.cadtm.org/On-the-perspective-of-ruling
33 L’effet Joule fait référence à la perte d’énergie lors du transport de l’électricité d’un point A à un point B. Cette perte augmente à mesure que la distance entre les deux points augmente.
34 Allan et Ojeda (2021) « Exploitation des ressources naturelles au Sahara occidental ».