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  • Algérie : En attendant le gouvernement

    par Abdelkrim Zerzouri

    Le tour est-il fait sur la question de la formation du prochain gouvernement après les rencontres organisées par le président de la République dans le cadre des consultations politiques avec les représentants des partis et les indépendants, qui ont obtenu le plus grand nombre de sièges à l’Assemblé populaire nationale (APN) à l’issue du vote du 12 juin dernier ? Peu ou pas du tout habitué à ce genre de tractations politiques qui précèdent la constitution d’un nouveau gouvernement, dont les critères de choix des femmes et des hommes qui le composent obéissaient jusque-là à la cooptation, les chefs des partis concernés par ces rencontres étaient très avares sur les discussions qu’ils ont eues avec le président de la République.

    C’est à peine si l’opinion a eu droit à des généralités sur le sujet dans les déclarations des chefs de partis et du représentant des indépendants à leur sortie de la rencontre avec le président de la République. Globalement, loin des résultats décrochés aux dernières législatives, tous semblaient adopter un discours d’humilité qui les prédispose à composer les uns avec les autres dans l’union. Le FLN, qui veut avoir du poids dans le prochain gouvernement, a souligné à l’issue de la rencontre avec le président de la République l’importance de la participation des partis vainqueurs aux législatives du 12 juin pour «l’avenir du pays sur tous les plans».

    Alors que ce dernier parti, qui est arrivé en tête avec 98 sièges, a seulement précisé dans ce cadre qu’il n’exclut aucune partie dans la formation du nouveau gouvernement, le représentant des indépendants a vaguement indiqué que le président de la République était attentif à leurs propositions, le MSP y voit à l’issue de la rencontre en question que le débat a été «bénéfique et riche», le parti El Moustakbal a estimé pour sa part que les défis socioéconomiques exigent l’unité de toutes les forces politiques nationales, le RND veut «un gouvernement de compétences et non pas un gouvernement de partage de butin» et El Bina a carrément évoqué la nécessité de former un gouvernement de «commando politique» dans les plus brefs délais.

    En somme, l’opinion n’est pas plus avancée sur les têtes et leurs couleurs politiques qui vont entrer dans ce nouveau gouvernement. Les concernés n’ont-ils pas essayé d’introduire ou de proposer des noms de leurs députés «ministrables» ? La teneur du débat lors de ces rencontres a-t-elle été, à ce point, superficielle ou cache-t-on le jeu et les ambitions des uns et des autres ? Pourtant, au vu des urgences qui attendent le nouveau gouvernement, il est utile d’aller droit au but dans cette courte période pour aborder les choses plus sérieuses. Mais, dans ce brouillard, on voit bien que le programme du président de la République trouvera écho favorable au sein d’une large majorité des députés. Cela, sans qu’on voit se dessiner une quelconque alliance présidentielle, puisque des partis et les indépendants soutiennent ouvertement ce programme indépendamment les uns des autres, pour le moment. Dans cette logique, on aura un Premier ministre choisi par le président de la République à la tête du gouvernement et non un Chef de gouvernement issu d’une majorité qui aura son propre programme à appliquer, comme le stipule la Constitution. C’est ce qu’on ne sait pas sur ce nouveau gouvernement, dont le choix de sa composante n’arriverait certainement pas à contenter tout le monde. Et de là naîtrait une «opposition» de ceux qui refuserait d’y faire partie, pour ne pas de faire de la «figuration» dans des ministères de moindre importance que leur ambition politique ?

    Le Quotidien d’Oran, 30 juin 2021

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  • Algérie : Le profil bas du FLN

    Le parti du FLN ne semble pas avoir la grosse tête, loin s’en faut. En effet, malgré sa victoire lors des élections législatives anticipées du 12 juin dernier puisqu’il est arrivé en tête en obtenant 98 sièges à la future APN devançant ainsi tous ses rivaux, l’ex-parti unique fait profil bas en ne criant pas victoire sur tous les toits.

    Il ne se montre pas ambitieux outre mesure, non plus. Ainsi, alors qu’il a tout a fait le droit de revendiquer le poste de Premier ministre du fait de la première place décrochée aux législatives, le parti du FLN se montre plutôt modeste. Au sortir de l’audience accordée par le président de la République avant-hier samedi dans le cadre des consultations en vue de former le prochain gouvernement, le secrétaire général de l’ex-parti unique, Abou El Fadl Baadjhi, n’a pas en effet revendiqué le poste de Premier ministre pour son parti. Dans une déclaration à la presse il dit n’avoir proposé aucun nom pour ce poste. Par contre il a bien souligné que son parti compte avoir le plus grand nombre de ministres au sein du futur cabinet. « Le Président nous a fait la proposition de participer au prochain gouvernement (…) Nous avons présenté la nôtre pour participer au gouvernement. Les contacts entre nous et le Président sont maintenus dans les prochains jours en vue de participer », a indiqué Abou Fadl Baadji.

    « La désignation du poste de chef de l’exécutif est une prérogative du président de la République, la Constitution ne l’oblige pas à choisir tel ou tel autre parti. Le président de la République a sa vision, et ses prérogatives sont définies par la Constitution », a précisé Baadji lorsque il a été interrogé sur l’ambition du FLN d’occuper le palais du Docteur-Saâdane. Cette posture est somme toute logique, estiment de nombreux observateurs eu égard, à l’évidence, au contexte politique général que traverse le pays. Le parti du FLN, que d’aucuns veulent bannir totalement de la scène politique nationale en le « mettant au musée » étant donné qu’il représente un patrimoine pour tous les Algériens, a été vertement honni par les manifestants durant le hirak, au même titre d’ailleurs que son frère ennemi le RND. D’aucuns le croyaient totalement discrédité, ce d’autant que son ex-secrétaire général, Djamal Ould Abbès, est en prison, condamné pour des faits liés à la corruption. Or, après avoir attendu que passe l’orage, le FLN a surpris tout ce monde en obtenant la première place lors des législatives anticipées du 12 juin. Le RND, qui est arrivé en quatrième position avec 58 sièges, a lui aussi sauvé la mise.

    Ces deux partis ont confirmé qu’ils « disposent d’une base sociale qui leur est fidèle. Mais cette donne est à même de fausser les calculs de ceux qui voulaient donner une autre image du pays ». Un pays totalement rivé vers le changement réclamé à cor et à cris par le hirak. Certains pensent que même le Président Tebboune est quelque peu embarrassé par ces résultats. Et c’est pourquoi aussi il serait très réticent à l’idée de nommer un Premier ministre issu du FLN et ce serait le même scénario pour le poste de président de l’APN. On comprend dès lors mieux pourquoi les élus indépendants ont manifesté l’ambition d’avoir le poste de Premier ministre. Et ce sont toutes ces données qui expliqueraient aussi ce profil bas du FLN.

    Par : PAR KAMEL HAMED

    Le Midi Libre, 28 juin 2021

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  • Algérie : Pari sur la compétence (Edito du Moudjahid)

    Le président de la République poursuit ses consultations avec les formations politiques et les indépendants, vainqueurs des législatives du 12 juin, pour la formation d’un nouveau gouvernement. Les concertations s’annoncent sous de bons augures. Le représentant des indépendants a fait savoir que le chef de l’État avait promis d’œuvrer à la concrétisation de tous les points inscrits au titre de son programme pour une Algérie nouvelle.

    Le secrétaire général du Front de libération nationale a déclaré, au terme de sa rencontre avec le Président Tebboune, que les débats ont été francs et transparents. Sans détours ni conditions astreignantes de part et d’autre, le respect d’un dialogue constructif se confirme encore une fois, traduisant une évolution qualitative de la praxis politique dans notre pays. C’est là un acquis à fructifier, et l’on se félicite d’une telle démarche.

    Cela étant, les Algériens attendent impatiemment la composition du nouveau gouvernement. Les nombreux commentaires, analyses et autres articles de presse traduisent tout l’intérêt porté à ce sujet par les citoyens, sans occulter le fait qu’ils ne cachent pas leur espoir de voir leurs aspirations et leurs préoccupations majeures prises en charge par un exécutif particulièrement compétent, hardi et rompu à la gestion des affaires publiques. Il y va de la sortie définitive du pays de la mal-gouvernance, de l’impératif d’une mobilisation de tous les efforts cristallisés autour de dénominateurs communs, hautement consensuels, à l’égard des tâches fondamentales à accomplir au service des intérêts supérieurs de l’Algérie.

    Qu’il soit composé de politiques ou de technocrates, ou un dosage des deux, l’Exécutif, placé sous la conduite d’un Premier ministre désigné par le chef de l’État, sera appelé à impulser fortement l’élan pris pour l’application des 54 engagements du programme électoral du Président Tebboune, à être à la hauteur des espérances placées par tous ceux qui lui ont fait confiance dans son travail de redressement national et dans sa volonté d’opérer une rupture radicale avec le passé, pour asseoir les fondements d’un État de droit. Cela passe par des déficits à combler, des dysfonctionnements à éliminer, par une valorisation des résultats enregistrés et la fructification des réalisations engrangées.

    Le gouvernement sera amené à, notamment, consolider les facteurs de résilience de notre économie, à en élargir ses marges de manœuvre et à garantir à nos concitoyens un bien-être durable. Il aura pour tâche de continuer à lutter contre l’impact négatif du «tout-pétrole», dont les résultats n’ont pu dépasser le stade des simples intentions et des effets d’annonce, d’affranchir le pays de l’emprise d’une rente qui le maintient encore dans une posture d’exportateur de pétrole et de gaz.

    Sous peine d’avoir à souffrir en permanence d’un tel handicap, la relance d’une économie suffisamment diversifiée, créatrice de richesse et d’emploi, favorable aux porteurs de projets innovants est un des préalables qui font largement consensus, même si l’environnement n’a pas été clément en raison de la pandémie.

    EL MOUDJAHID, 28 juin 2021

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  • Algérie : La formulation d’une nouvelle ère républicaine

    L’opinion publique nationale ne se contente plus des résultats politiques acquis. Elle exige aujourd’hui plus de transparence sur les actions et les motivations des perspectives économiques et sociales perçues comme la voie royale pour sortir de la conjoncture difficile que traverse le pays. En ces moments précis, l’Algérie a besoin de tous ses fils sans aucune exception pour réussir sa propre et véritable nouvelle ère. Elle ne dépend que du peuple à la réaliser. Les élections législatives du 12 juin, leur réussite sont un signal fort de la victoire populaire. De toute évidence, le succès des élections législatives, qui ont élu la première Assemblée nationale post-mouvement populaire de février 2019, a été la victoire du civisme des électeurs et du patriotisme du peuple, luttant pour le changement.

    C’était la victoire d’une nouvelle ère républicaine, une République démocratique établie pour la première fois en Algérie vers l’Etat de droit et la justice. Le succès des élections législatives a témoigné de la maturité et de la conscience politique des citoyens qui, pour la première fois depuis longtemps, ont exercé leur droit d’être  » maîtres  » du pays et de la société par leurs votes, montrant l’unanimité de la société à la stabilité du pays et ses institutions. N’est-ce pas là un authentique effort national qui vise à rassembler les Algériens pour relever les défis auxquels est confronté le pays et semer des résultats et acquis nouveaux pour tous ? C’est aussi un effort plus large qui est de mise poussé vers une étape extraordinairement positive pour réellement atteindre les résultats et les objectifs en présence, et rendre ces objectifs complètement significatifs pour le futur de la nation. Une suite logique du redressement du pays qui explique que l’heure est donc au dépassement des sentiments néfastes pour faire place à un comportement nouveau qui, certes n’oublie pas l’histoire et les acquis mais qui verra le futur à travers des sentiments de patriotisme pour le développement du pays.

    Il s’agit d’une étape inévitable à mettre en place pour valoriser de nouvelles réformes et des décisions inédites sur les questions nationales importantes, contribuant ainsi grandement à la construction d’un Etat de droit et la formulation d’une nouvelle ère républicaine, améliorant ainsi l’état de la nation, renforçant par la même le rôle et la position de l’Algérie sur la scène internationale. Cette vision générale incluant tous les Algériens est une volonté à visée sociale, politique afin de valoriser démocratiquement le peuple algérien, notamment du fait de la crise de gouvernance générée par l’incompétence, le laisser-aller, la corruption, la prédation et la dilapidation des deniers publics mais aussi un conflit intergénérationnel et une crise de confiance entre un pouvoir autiste et un peuple bridé et désillusionné pendant une vingtaine d’années.

    L’étape actuelle, dans laquelle la réhabilitation de la démocratie a attiré l’attention sur l’interdépendance de la société et la légitimité et la valeur de nouvelles institutions, a créé une sorte d’opportunité, un moment dans le temps, dans la vie nationale où vraiment le peuple algérien a toute la possibilité de revigorer et dynamiser sa voix, ses énergies pour créer une Algérie plus sûre, plus prospère et plus sereine. Donc ce n’est pas le moment de reculer. C’est le moment d’appuyer sur le gaz.
    B.C.

    Le Maghreb, 27 juin 2021

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  • Algérie : Le temps des tractations

    Le conseil constitutionnel a rendu son verdict et annoncé les résultats définitifs des dernières élections législatives du 12 juin dernier. Il n’y eut pas de changements profonds, mais quelques corrections qui ont vu le Fln garder toujours la victoire mais perdre 7 sièges, alors que les indépendants confortent un peu plus leur place de deuxième force politique dans le prochain parlement, en gagnant 6 autres sièges. Ce sont là les faits marquants du verdict du conseil constitutionnel, en attendant les éventuels recours dans les prochains 15 jours, qui grosso-modo n’influenceront pas les résultats ou le feront vraiment à la marge.

    Il faut dire qu’aujourd’hui, nous sommes déjà dans une autre étape. Étape qui coule de source comme suite logique des élections législatives qui doivent être suivies automatiquement de la démission du gouvernement en place comme le stipule l’article 113 de la Constitution. Et c’est désormais chose faite depuis ce jeudi où le Premier ministre Abdelaziz Djerad a presenté sa démission et celle de son gouvernement au président Abdelmadjid Tebboune qui l’a acceptée et l’a chargé de gérer les affaires courantes en attendant la composition d’un nouveau gouvernement.

    Et c’est ce gouvernement qui constituera l’essentiel de l’activité politique nationale ces prochains jours. Il faut dire que la composante du nouveau parlement élu, où ne se dégage aucune majorité franche, donne au président de la République grande latitude de choisir un Premier ministre et d’avoir la main haute dans la désignation des ministres appelés à gérer la prochaine étape de l’édification de la nouvelle Algérie qui reste le socle immuable du chef de l’État, qui a besoin d’une équipe plus performante que celle qui vient de démissionner. Un etat de fait que le président Tebboune a publiquement exprimé la veille de son départ en Allemagne, où il a lâché sa fameuse phrase «el hokouma fiha w aliha» ( au gouvernement il y a des hauts et des bas).

    Une situation appelée à changer au vu des énormes défis et dossiers complexes qu’il faut régler au mieux et dans les meilleurs délais. Et ça commence dès aujourd’hui avec le début des consultations qu’engage le président en vue de la formation du prochain gouvernement. Un gouvernement très attendu par les Algériens qui aspirent à voir les changements tant souhaités prendre forme sur le terrain et ouvrir ainsi de nouvelles perspectives pour le pays.

    Par Abdelmadjid Blidi

    Ouest Tribune, 26 juin 2021

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  • Algérie : Le choix du roi pour le président Tebboune

    L’issue de l’élection législative anticipée du 12 juin dernier a donné au pays une cartographie politique inédite : contrairement aux scrutins précédents, la future Assemblée populaire nationale (APN) sera quasiment à sens unique. Aucun parti d’opposition ne siégera dans la chambre basse du parlement. Les résultats de cette élection législative, que devait confirmer hier soir le Conseil constitutionnel, sont en faveur du chef de l’Etat. Abdelmadjid Tebboune aura tout le loisir de constituer une majorité présidentielle, donc de nommer un premier ministre de son choix sans se sentir obligé de prendre en compte les positions de chacun des partis politiques en compétition. Résultat : en dehors du Mouvement de la Société pour la paix (MSP) qui attend un signal de la présidence de la République, les autres groupes et formations politiques ont fait leur allégeance au président de la République.

    Après le FLN et les indépendants, le Rassemblement national démocratique, RND, a fait connaître lui aussi son camp. Tayeb Zitouni, qui s’exprimait hier à Alger, a indiqué que pour lui, après les législatives du 12 juin, « les contours de la nouvelle Assemblée populaire nationale (APN) se dessinent de façon claire », et il s’est avéré que le RND « est un des acteurs dans le pôle national qui constitue, aujourd’hui, la nouvelle carte politique de l’Algérie ».

    M. Zitouni a également souligné que le groupe parlementaire issu des dernières élections législatives « dira son dernier mot et aura des positions importantes qui refléteront le débat politique conscient adopté par les militants du parti lors de la campagne électorale». Pour lui, le groupe parlementaire du RND « orientera ses premiers intérêts vers la concrétisation des objectifs du parti, des intérêts qui se rencontrent dans beaucoup de points, avec le projet du président de la République et des groupes politiques au sein du Parlement». Lundi dernier, le groupe des indépendants s’est réuni à Alger. «Nous sommes les élus des listes indépendantes aux législatives du 12 juin.

    Nous serons des membres actifs au sein d’un bloc et d’une classe large plus cohérente et efficace, en vue de soutenir et appuyer le programme du Président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, visant à édifier une Algérie Nouvelle aux contours clairs avec des fondements politiques et une pratique démocratique qui prônent le développement dans tous les domaines», lit-on dans un communiqué sanctionnant cette réunion. Les indépendants seront très probablement la locomotive de la future alliance présidentielle.

    Auparavant, le FLN avait lui aussi annoncé son soutien au chef de l’Etat. Mais comme le RND, le chef de cette formation, Abou El-Fadhl Baadji, sait que son parti ne sera pas mis en avant par le chef de l’Etat lors de la composition du gouvernement. Les deux partis se contenteront de quelques ministères. Ce sera aussi le cas d’El-Moustakbal et d’El-Bina qui entreront certainement au gouvernement. Il reste désormais à scruter la position du MSP. Le parti de Abderrazak Makri pour intégrer « un gouvernement d’union nationale ». Mais si le chef de l’Etat ne fait pas appel à ses services, il va jouer le rôle de l’opposition !

    Akli Ouali

    L’Est Républicain, 24 juin 2021

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  • Algérie : Les partis et les indépendants entament les tractations

    En vue de former une alliance présidentielle au sein de la prochaine APN: Les partis et les indépendants entament les tractations

    En attendant l’installation des nouveaux députés issus des législatives du 12 juin, certains partis politiques et listes indépendantes ont déjà entamé les tractions en vue former une alliance présidentielle qui aura la majorité au sein de la prochaine APN.

    C’est le cas notamment du « Rassemblement El-Hisn El-Matine » qui a annoncé samedi dernier le lancement d’une initiative visant à former, au sein de la prochaine APN, un groupe de députés indépendants et des formations politiques pour soutenir le président de la République, Abdelmadjid Tebboune dans la gestion de la prochaine phase. Il a proposé « des solutions techniques aux problèmes soulevés dans différents domaines », estimant que « la Déclaration du 1er novembre constituera le seul référent pour ce rassemblement ». Cette initiative a été saluée par des partis politiques qui ont plaidé pour la constitution d’un bloc d’indépendants en vue de trouver « une feuille de route à même de préparer la prochaine phase en imprimant une nouvelle dynamique à l’action de l’APN ». Ils ont également estimé que cette initiative se voulait « un terrain d’entente » entre son parti qui a obtenu trois sièges et les indépendants, ajoutant que « tous les efforts seront focalisés sur la préservation de la Oumma et le renforcement du front national interne en vue de sauvegarder la stabilité du pays ». Ils ont aussi relevé que la prochaine étape sera celle du recouvrement de la légitimité des assemblées élues locales qui sont plus proches aux citoyens, soulignant la nécessité de conjuguer les efforts entre les différents partenaires politiques pour que le prochain Parlement ait un rôle pivot dans le contrôle des actions du Gouvernement, le développement du système législatif et la promotion de la diplomatie parlementaire.

    Il faut dire que suite à l’annonce, par l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE) des résultats préliminaires des législatives, les contours de l’Assemblée populaire nationale (APN), dans sa 9ème législature commencent à se dessiner avec l’absence d’une majorité absolue, le parti du FLN ayant décroché 105 sièges, suivi des indépendants avec 87 sièges, une première dans l’histoire du parlement algérien.

    En passant de 161 sièges (sur un total de 462) au sein de l’ancienne APN à 105 sièges, le parti FLN aura perdu, cette fois-ci, ses foyers dans plusieurs wilayas, un constat qualifié de « perte politique » de sa représentation, selon des observateurs qui expliquent le maintien de la première place en nombre de sièges par « le boycott dont a tiré profit le parti, en présence d’une base électorale classique structurée et une culture ancrée chez les militants qui votent quels qu’en soient les fustigations ».

    En outre, cette formation politique a réussi à « s’adapter avec les nouvelles tendances politiques locales en changeant les anciennes figures et mettant en avant de nouveaux candidats, notamment ceux qui n’ont jamais occupé de postes de responsabilité au sein du parti », selon des observateurs.

    De leur côté, les indépendants ont créé une véritable surprise lors de ces législatives en remportant le pari à travers la réalisation des prévisions de plusieurs analystes politiques qui ont prévu leur domination de l’APN en se basant sur le nombre de listes, plus importants des listes des partis qui se sont présentée aux législatives.

    Les urnes auront ainsi fait des indépendants la deuxième force politique dans le pays avec 78 sièges. Ces résultats induiront inéluctablement un changement des rapports de forces traditionnels. Le Président de la République s’est engagé à financer la campagne électorale des candidats indépendants âgés de moins de 40 ans pour écarter l’argent sale de la politique.

    Le MSP a préservé sa 3ème place qui constitue son classement lors des précédentes législatives (dans le cadre de son alliance avec le Front pour le changement). Le MSP a doublé lors de ce scrutin le nombre de ses sièges passant de 34 aux 64 sièges. Avec 57 sièges, le RND a échoué à garder le nombre de sièges obtenus lors des précédentes législatives (100 sièges lors des précédentes législatives).

    Face au recul de la domination des parti toujours qualifiés de rivaux, qui remportaient auparavant la majorité parlementaire, cette fois-ci, ils se sont contentés de partager la plus grande part des sièges avec les indépendants. Pour cette nouvelle législature, l’APN exercera ses missions avec une composition différente, marquée par l’émergence de partis politiques montants qui auront un poids dans la législation et par conséquent, dessiner les grandes politiques du gouvernement après la perte par les partis FLN et RND d’une marge importante de représentativité.

    Des partis émergents ont surgi à l’instar du parti El Moustakbal qui a remporté 48 sièges et le Mouvement El Bina qui a enregistré sa présence dans le couloir de la députation avec 40 sièges.

    La présence d’autres partis nouvellement agréés a été remarquée également dans l’hémicycle du Parlement, comme le parti Voix du peuple (PVP) qui s’est adjugé trois sièges, alors que d’autres partis sont aux abonnés absents tel que Tajamoue Amel El Djazair (TAJ).

    Les législatives du 12 juin, premières échéances dans le cadre de la Constitution amendée et la nouvelle loi électorale

    Le recul des partis politiques traditionnels reste également, selon les observateurs, le fait marquant de ces législatives. Néanmoins, il convient de relever aussi que les députés de ces formations politiques élus jouissent, aujourd’hui, de la légitimité, et ce, contrairement à ce qui était suivi précédemment par le recours à l’argent et à l’argent sale. De plus, l’organisation de ces élections qui ont débouché sur l’élection de nouveaux représentants du peuple, s’est faite dans un contexte de mise à l’écart totale de l’Administration qui n’a plus de lien avec les élections, après que tout ce qui se rapporte à l’opération électorale a été confié à l’ANIE, ce qui reflète la véritable image de la scène politique en Algérie, après le Hirak populaire. Le nouveau mode de scrutin a eu pour résultats, deux listes de partis ayant raflé, pour la 1e fois, l’ensemble des sièges dans les deux wilayas de Djelfa et de Mostaganem.

    Ce nouveau mode a débouché également sur le fait qu’aucune liste n’a dépassé le seuil de 5% des suffrages à Constantine, ce qui a mené à la répartition des sièges en fonction des résultats obtenus. A cet effet, le président de l’ANIE, Mohamed Charfi a indiqué que l’application du nouveau régime électoral avait permis de remodeler le mode de représentation populaire au niveau de la chambre basse du Parlement, d’où la nécessité d’un examen « approfondi » en vue d’en tirer les enseignements nécessaires. Certaines grandes circonscriptions électorales, à l’instar de Constantine, « n’ont pu remporter la majorité, ou du moins un pôle politique avancé lors de ces législatives, ce qui a donné lieu à un partage des sièges en fonction des voix recueillies, alors que d’autres importantes circonscriptions n’ont remporté qu’une seule liste ayant raflé tous les sièges, à l’instar de Djelfa et de Mostaganem ».

    Il a invité les nouveaux députés à « œuvrer, de concert avec le nouveau Gouvernement et avec l’aval du président de la République, à apporter de légers amendements à la loi sur les élections, à même de lui conférer davantage de flexibilité ». « Il est des points qu’il convient d’amender dans la loi électorale, voire dans le mode de scrutin à liste ouverte, aux fins d’assurer le comptage de voix de chaque électeur, notamment les bulletins nuls ou ce qui est communément connu par voix perdues », a-t-il ajouté.

    « La dynamique de changement pacifique, enclenchée le 22 février 2019, a été confortée aujourd’hui par ce nouvel acquis institutionnel que le peuple a voulu cautionner en élisant ses représentants le 12 jun 2021 », a-t-il relevé, précisant que ce Parlement « dont les contours ont été définis, en toute liberté et transparence, par le peuple, est appelé à instaurer une nouvelle gouvernance en ne tenant compte que du seul intérêt national, en conformité avec les véritables aspirations des électeurs qui l’ont investi de leur confiance ».

    Le Parlement « bénéficie d’une confiance et d’une crédibilité partant de sa composante inédite, formée pour la première fois de critères individuels et collectifs ayant permis de dessiner les contours d’une APN composée d’une majorité de jeunes, de femmes et d’universitaires », a-t-il ajouté.

    Affirmant que l’Algérie nouvelle « poursuit l’édification de ses institutions et ses loyaux enfants posent le deuxième jalon dans le processus de changement voulu par le peuple qui a choisi ses représentants au sein de la chambre basse du parlement », M. Charfi a estimé que les nouveaux élus auront à « représenter et défendre les droits du peuple tout en œuvrant à améliorer ses conditions de vie ».

    Le « nouveau parlement a été élu par le peuple et non pas la boite noir », a-t-il dit, mettant en avant l’importance de « rétablir la confiance entre dirigeants et peuple, et d’écarter l’argent sale et les mauvaises pratiques ».

    L’Echo d’Algérie, 21 juin 2021

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