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  • Election présidentielle: Résultats complets du 2e tour

    Election présidentielle: Résultats complets du 2e tour

    Election présidentielle: Résultats complets du 2e tour – Emmanuel Macron, Marine Le Pen, 1er tour, deuxième tour

    Les résultats complets du 2e tour viennent d’être publiés. Sur 48 752 500 inscrits :

    E. Macron : 18 779 809 voix
    M. Le Pen : 13 297 728 voix
    Abstentions : 13 655 960
    Bulletins blancs : 2 228 006
    Bulletins nuls : 790 997

    Liste des candidatsVoix% Inscrits% Exprimés
    M. Emmanuel MACRON18 779 64138,5258,54
    Mme Marine LE PEN13 297 76027,2841,46
    Nombre% Inscrits% Votants
    Inscrits48 752 500
    Abstentions13 656 10928,01
    Votants35 096 39171,99
    Blancs2 228 0444,576,35
    Nuls790 9461,622,25
    Exprimés32 077 40165,8091,40

    En raison des arrondis à la deuxième décimale, la somme des pourcentages peut ne pas être égale à 100%.

    France Entière

    Rappel des Résultats au 1er tour

    Liste des candidatsVoix% Inscrits% Exprimés
    M. Emmanuel MACRON9 783 05820,0727,85
    Mme Marine LE PEN8 133 82816,6923,15
    M. Jean-Luc MÉLENCHON7 712 52015,8221,95
    M. Éric ZEMMOUR2 485 2265,107,07
    Mme Valérie PÉCRESSE1 679 0013,444,78
    M. Yannick JADOT1 627 8533,344,63
    M. Jean LASSALLE1 101 3872,263,13
    M. Fabien ROUSSEL802 4221,652,28
    M. Nicolas DUPONT-AIGNAN725 1761,492,06
    Mme Anne HIDALGO616 4781,261,75
    M. Philippe POUTOU268 9040,550,77
    Mme Nathalie ARTHAUD197 0940,400,56
    Nombre% Inscrits% Votants
    Inscrits48 747 876
    Abstentions12 824 16926,31
    Votants35 923 70773,69
    Blancs543 6091,121,51
    Nuls247 1510,510,69
    Exprimés35 132 94772,0797,80

    En raison des arrondis à la deuxième décimale, la somme des pourcentages peut ne pas être égale à 100%.

    Source: Ministère de l’Intérieur

    #France #Elections_présidentielles #Résultats

  • Election présidentielle: Macron a gagné (estimations)

    Election présidentielle: Macron a gagné (estimations) – Emmanuel Macron, Marine Le Pen, Rasemblement National, Extrème droite,

    Emmanuel Macron a été réélu face à Marine Le Pen, en remportant entre 57,6% et 58,2% des suffrages, selon les estimations disponibles à 20h00

    En 2017, Emmanuel Macron avait devancé Marine Le Pen au 2e tour avec 66,10% des voix, contre 33,90% pour son adversaire

    En 2022, Emmanuel Macron a récolté entre 57,6 à 58,5% des voix face à Marine Le Pen (41,5-42,4%) selon les premières estimations, une victoire marquée par une abstention élevée (28%).

    Le niveau de l’abstention a été estimé à 20 heures à 28%, soit davantage qu’en 2017 (25,44%), et un record depuis la présidentielle de 1969 (31%)

    Emmanuel Macron est devenu à 44 ans le premier président sortant reconduit hors cohabitation, depuis l’adoption du vote au suffrage universel direct en 1962

    AFP

  • France-élections présidentielles: L’intérêt de l’Algérie

    France-élections présidentielles: L’intérêt de l’Algérie – Emmanuel Macron, Marine Le Pen, extrême droite, Rassemblement National,

    En tête des intentions de vote selon un dernier sondage, avec 56,5 %, du second tour du scrutin qui aura lieu aujourd’hui. Marine Le Pen, la candidate d’extrême droite, récolterait 43,5 %. Si l’on suit cette logique, le grand vainqueur de l’élection présidentielle en France serait l’actuel Président de la République, Emmanuel Macron.

    12 129 personnes, sélectionnées selon la méthode des quotas, ont été interrogées le 22 avril. Il faut donc prendre en compte que le débat d’entre-deux tours a eu lieu depuis. La marge d’erreur est estimée à plus ou moins 1,1 point. Toutefois, les professionnels des élections en France affirment qu’il serait judicieux d’attendre 20 heures pour voir de manière claire dans les résultats et être à l’abri de « toute surprise ».

    Mais quel est l’Algérie de l’Algérie à observer de près cette élection française ? Tout d’abord, il s’agit d’un grand pays qui se trouve être à la berge sud de la Méditerranée, en face de l’Algérie. De plus une colonisation de 132 années a créé une filiation historique, culturelle et linguistique qu’il serait vain d’occulter, tant les intrications sont puissantes, à près de soixante ans après l’indépendance de l’Algérie.

    Mieux, une communauté nationale de près de quatre millions d’Algériens (binationaux, nationaux et « transitaires », sans-papiers et autres migrants clandestins), le poids de la communauté nationale dans l’Hexagone est réel.

    Les enjeux liés à la proximité géographique sont également à prendre en ligne de compte, avec des relations politiques et économiques très puissantes, malgré le côté passionnel qui les secouent épisodiquement. Les relations avec l’Europe passent souvent par Paris, tant la France demeure le repère des Européens concernant la politique avec l’Algérie. Il est vrai que des pays comme l’Italie se sont émancipés de la « tutelle » française, mais le poids de la France reste réel.

    La récente visite en Algérie de Jean-Yves Le Drian est venue rappeler toute cette intrication dans le contexte de la campagne présidentielle française ; la question des relations franco-algériennes et la crise énergétique que connait l’Union Européenne sont au cœur de l’actualité politique des deux pays. Des questions jugées « sensibles », dont celles liées à « l’énergie », et qui ont été au centre des discussions au cours de l’audience accordée à Jean-Yves Le Drian, le ministre français des relations extérieures et de la coopération, par le président Abdelmadjid Tebboune.

    Le contexte de la crise énergétique que connaissent les pays européens du fait du conflit armé entre la Russie et l’Ukraine. L’accord d’approvisionnement en gaz algérien à l’Italie, qui a été dévoilé le 11 avril dernier, ne laisse pas indifférents des pays européens comme l’Espagne avec lequel les relations se sont tendues, ou la France, qui essaye de relancer le partenariat depuis la fin 2021.

    Le ministre Jean-Yves Le Drian avait indiqué avoir souligné la « profondeur historique » des relations entre les deux pays, la lutte commune contre le terrorisme, le Sahel et la situation régionale, notamment la relance du processus politique en Libye, etc.

    L’Express, 24/04/2022

    #France #Election_présidentielle #Macron #MarineLePen #Algérie

  • Une algérienne quittera la France si Marine Le Pen l’emporte

    Une algérienne quittera la France si Marine Le Pen l’emporte – Election présidentielle, Emmanuel Macron, Rassemblement National, LREM, extrême droite,

    Selon Algérie-expat, Leïla T., une femme métisse née d’un père algérien et de mère française, envisage de quitter définitivement la France pour s’installer ailleurs. Elle craint que la candidate de l’extrême droite, Marine Le Pen remporte les élections présidentielles françaises dont le deuxième tour est prévu ce dimanche 24 avril.

    La France et surtout la communauté de confession musulmane établie dans l’Hexagone retient son souffle à l’occasion du déroulement du second tour de l’élection présidentielle en France, précise le site.

    Prenant leur devants, ces étrangers envisagent d’ores et déjà de quitter le pays si la présidente de l’extrême droite est élue ce dimanche. C’est le cas de Leïla T., femme originaire d’Algérie, ajoute la même source.

    Celle-ci a confié en effet qu’elle a entrepris des démarches pour aller vivre au Canada. « Pour mon mari et moi, ce climat anxiogène remonte aux mandats de Nicolas Sarkozy. En attendant l’issue de cette élection, on regarde le prix des locations au Canada. J’y ai déjà séjourné et, là-bas, j’étais vraiment reconnue comme une citoyenne française », a t-elle déclaré au journal La Croix. 

    « Je suis née à Versailles. J’habite au centre de Paris. Avoir un peu de sous, ça vous blanchit un peu, mais ça n’empêche pas d’entendre des horreurs sur votre compte, comme ces voisins qu’on a entendus dire : « Ces gens-là n’ont rien à faire ici. » Si Marine Le Pen passe, on s’en va. », a t-elle encore affirmé.

    Leila est loin de constituer un cas isolé. Des dizaines voire des centaines d’étrangers vivant en France raisonnent comme elle et ont des projets de quitter la France si  » par malheur », l’ex présidente du Rassemblement national gagne cette élection.

    #France #Algérie #Election_présidentielle #MarineLePen #ExtrêmeDroite #Macron

  • Les Français à l’épreuve de l’urne

    Les Français à l’épreuve de l’urne

    Les Français à l’épreuve de l’urne – Emmanuel Macron, Marine Le Pen, extrême droite, Rassemblement National,

    Par Salah Bey

    Entre une Europe forte et sortir de l’Europe, l’écart est visible. Entre une évolution dans la relation de la France avec ses anciennes colonies et la continuité d’une vision néocolonialiste, le fossé est grand, entre un Macron qui se veut innovateur et une Le Pen conservatrice. Même si leur dernier face-à-face n’a pas tout livré, le parallèle est distinct entre les deux candidats. Nettement direct et franc, le Président sortant a sorti des cartes, alors que la candidate du Rassemblement national usait d’un langage plutôt critique plutôt que d’avancer un programme électoral digne d’une future présidente de la France.

    Des indices comme prendre la parole avant la fin du générique ou sa visite précoce sur les lieux du débat pour critiquer le décor de l’émission renseignent sur la stature d’une femme trahie par une certaine imitation de son père, qui fut trop bavard mais avare en bonnes idées qui offrent des solutions aux peines des Français. A l’occasion, Marine Le Pen a changé la couleur de sa veste – du rose au noir – au lieu de faire une mue politique par rapport au legs de son père, afin de donner l’image d’une candidate digne de son nom et non de celui de son père. Elle incarne bien, au-delà du changement du sigle partisan, son père dont le caractère est vomi par une large catégorie d’électeurs, au diapason des changements mondiaux.

    Alors qu’un sans-faute s’imposait, Madame la «présidente», qui aurait dû tirer des enseignements de la campagne électorale de 2017 et adopter un discours apaisant et prometteur, surfait, comme le veut la tradition familiale, sur les sujets qui fâchent, déstabilisants !

    Si les Français en ont assez de réécouter ses discours haineux contre l’Algérie, contre le foulard et pour l’émigration sélective, la candidate à la présidentielle française est prise au piège par un invité surprise : le conflit en Ukraine. Son rapprochement, même virtuel, de la Russie dans cette amère conjoncture que subit l’Europe, présidée par un Macron visiblement en net déphasage par rapport à sa rivale, lui a coûté des points et lui font évidemment perdre des voix. Car aux yeux des Français, hostiles à cette guerre, l’amie française de Poutine est vraisemblablement persona non grata.

    A moins d’un miracle, un KO semble être déjà consommé. Il est salvateur pour une France en panne d’idées et en quête de nouveaux partenaires. Ce n’est pas pour Marine Le Pen, trop faible pour trouver des solutions à son pays, pris en sandwich entre la xénophobie, l’islamophobie et le spectre d’une guerre civile – projet si cher à un certain Eric Zemmour, son allié satanique.

    E-Bourse, 23/04/2022

    #France #Election_présidentielle #Macron #Marine_le_pen #Rassemblement_National #LREM #Extreme_droite

  • Election en France : Où Le Pen est l’espoir

    Election en France : Où Le Pen est l’espoir – Présidentielle, Emmanuel Macron, Marine Le Pen, Extrême droite,

    Par MICHAELA WIEGEL, photos : LAILA SIEBER

    23 avril 2022 · Dans le Médoc français, le bon vin et la colère contre les conditions existantes grandissent. Pourquoi ils ne votent pas pour Macron ici et pourquoi beaucoup rejettent l’UE.

    Depuis Bordeaux, la Départementstrasse 2 serpente vers le nord à travers la région viticole étonnamment plate. Il passe devant de modestes domaines viticoles et de magnifiques châteaux viticoles devant lesquels flottent des drapeaux étrangers. Vignes à gauche, vignes à droite à perte de vue. Le long de la « Route des Châteaux » sur la rive gauche de l’estuaire de la Gironde, fleurissent des plantes hautes aux noms célèbres : Lafite, Latour, Mouton-Rothschild, Margaux, Palmer.

    Pendant la campagne électorale, la célèbre route des vins marque le chemin du succès pour Marine Le Pen. Dans les villages viticoles du Médoc, elle fait nettement mieux qu’Emmanuel Macron au premier tour, avec entre 35 et 40 % des suffrages. . Grégoire de Fournas estime qu’elle pourrait creuser son avance au second tour ce dimanche. Le vigneron de 37 ans est l’homme de Le Pen pour le royaume du vin sur le promontoire entre l’Atlantique et l’estuaire de la Gironde.

    « Marine récolte les fruits de la colère », déclare Fournas. Il vit à Pauillac avec sa femme et leurs cinq enfants. La ville de 5000 habitants regroupe « le plus grand nombre de grands crus classés », selon la brochure publicitaire de l’office de tourisme local. Mais le vigneron Fournas préfère parler de la misère qui fait partie du quotidien à Pauillac. Le taux de chômage avoisine les 20 % et le nombre d’allocataires sociaux (RSA) est supérieur de 12 % à la moyenne nationale. L’élu local du Rassemblement national (RN) affirme qu’il y a de nombreuses raisons pour que les habitants soient en colère. Le résultat des élections ne le surprend pas : 35 % ont voté pour Le Pen à Pauillac, 21 % pour Macron. 31 % se sont abstenus.

    Fournas se plaint que les propriétaires des caves renommées, qui atteignent des prix de 200 euros et plus la bouteille, ne recherchent que le profit. Dans leurs vignobles, des travailleurs temporaires étrangers bon marché qui seraient médiatisés par des agences de travail temporaire. Ils seraient logés dans des taudis que personne ne contrôlait, et au bout de trois mois ils seraient remplacés par de nouveaux travailleurs. « Les habitants ne profitent pas de la richesse qui pousse sur leur sol », explique Fournas. Les grands domaines viticoles ont dégénéré en un modèle d’économie d’impôt pour les investisseurs fortunés.

    De la terrasse du restaurant, son regard tombe sur les eaux troubles de l’estuaire de la Gironde, qui confèrent à la région son microclimat propice à la viticulture. Avec un président Le Pen, les intérêts des locaux reviendraient sur le devant de la scène, dit-il. « Regardez autour de vous, ce n’est pas une ville florissante ! » En fait, même sur la promenade, certains magasins sont barricadés. Un menu fané est suspendu devant un restaurant fermé. Dans les rues derrière, de nombreuses vitrines ont été scotchées. Le secteur du commerce de détail est clairement en crise. Fournas s’insurgeait contre l’UE et la mondialisation, qui avaient conduit vignoble après vignoble à tomber entre les mains de milliardaires qui ne voulaient plus de la France. Il s’extasie sur la « préférence nationale », un amendement constitutionnel.

    « Regardez autour de vous, ce n’est pas une ville prospère ! » (GREGOIRE DE FOURNAS)

    Il ne parle de son domaine familial au nord de Pauillac que lorsqu’on le lui demande. « Je sais que tu ne m’as pas trouvé là-bas, » dit-il. Le Château Vieux Cassin ressemble plus à une maison de maître à rénover qu’à un château. Les fenêtres sont ouvertes, un scooter est allongé par terre sur la terrasse battue par les intempéries, et un tricycle est garé dans le coin. Les enfants ne sont pas là, à la place deux chiens courent partout en aboyant. Si vous les suivez, vous atteindrez un camping derrière un entrepôt. A l’abri des regards indiscrets, des travailleurs saisonniers du Portugal campent ici. L’un sort sa chevelure hirsute de la tente, s’excuse pour les aboiements des chiens et dit carrément qu’il ne sait pas non plus où est le vigneron. Il montre le chemin des vignes familiales. Un ouvrier plus âgé se tient au milieu des vignes encore nues et attache des pousses au fil de fer pour qu’elles poussent en rangées ordonnées. Il grogne sur les aides du Portugal, « ils ne sont pas bons ». Fournas est visiblement mal à l’aise d’utiliser lui aussi de la main-d’œuvre bon marché dans la cave familiale. « C’est une exception », tâtonne-t-il. « Il n’y avait tout simplement pas de travailleurs français à trouver », dit-il.

    À côté de la Maison funéraire de Pauillac se trouve l’imprimerie Lagriffe, l’une des rares entreprises prospères de la ville. Ça sent l’encre d’imprimerie et il y a des bouteilles de vin sur les étagères pour faire la publicité des étiquettes qui sont fabriquées ici. Le propriétaire Antoine Chagniat se présente. En fait, il a tout pour choisir Macron, une bonne éducation, une expérience internationale, des moyens de subsistance sûrs et un esprit d’entreprise. « Mais je ne le fais pas », dit-il triomphalement. Ce qui le contrarie le plus, c’est la « servitude européenne » du président : « Il pense plus aux Européens qu’à nous Français. » Sa politique détruit l’État-nation et le mode de vie français. Toutes les particularités nationales seraient dénigrées pour glorifier l’UE. « Je ne veux pas vivre aux Etats-Unis d’Europe, je veux vivre en France », dit Chagniat. À la télévision et sur Internet, les gens sont persuadés de la beauté du nouveau monde multiculturel, dans lequel l’origine et le sexe ne jouent plus aucun rôle. « Mon modèle s’appelle France », explique le patron de l’imprimerie.

    La boutique de souvenirs de l’Uferstrasse est située dans un caveau frais. Des bouteilles de vin de vignerons indépendants sont empilées sur les étagères et les tartes sont une spécialité sur une table. La commerçante ne veut pas être photographiée, mais souhaite exprimer sa colère. « Pauillac est une ville morte », dit-elle. Les gens n’ont pas de quoi vivre et plus la guerre dure en Ukraine, moins il y a de pouvoir d’achat. « Avant, il se passait beaucoup de choses ici, les gens faisaient la fête et faisaient du shopping, mais maintenant, la plupart veulent juste joindre les deux bouts », dit-elle. Macron méprise les gens comme elle, il ne sait tout simplement pas ce que c’est quand l’argent ne dure que jusqu’au milieu du mois. Le Pen l’appelle son « dernier espoir ». « On a tout essayé, gouvernements de droite et de gauche, d’abord Sarkozy, puis Hollande,

    Le fait que le pouvoir d’achat moyen national ait augmenté pendant le mandat de Macron n’enlève rien au président, pas plus que la baisse du chômage. « Il ne faisait que manipuler les statistiques », affirme-t-elle, ajustant l’écharpe colorée autour de son cou. Elle pense qu’il est alarmiste qu’une victoire de Le Pen puisse décourager les touristes de voyager en France. « Est-ce que les gens ont arrêté d’aller skier en Autriche parce qu’un gouvernement de droite a pris le pouvoir à Vienne ? » demande-t-elle.

    La mairie de Pauillac se dresse sur le front de mer comme un monument architectural d’une époque glorieuse. Des grappes de raisin resplendissent sur la façade du bâtiment, construit à la fin du XIXe siècle. Le maire Florent Fatin saute dans les escaliers en polo coloré, il s’excuse de ne pas porter de costume. L’homme politique local de 37 ans est un fils adoptif de l’ancien Premier ministre et ministre Alain Juppé. L’éminence grise de la droite bourgeoise veille toujours sur son pays d’adoption depuis le Conseil constitutionnel de Paris. Pendant plus de deux décennies, Juppé a façonné Bordeaux comme maire et a confié à Fatin le soin d’arrêter l’avancée de l’extrême droite à Pauillac. Mais c’est plus facile à dire qu’à faire, admet Fatin. Il a battu Fournas aux municipales de 2020,

    Il attribue leur succès principalement à des facteurs socio-économiques. « Nous sommes vraiment une communauté pauvre », dit-il. Depuis qu’il est assis dans la mairie soignée, il a collecté des dons de riches vignobles au profit de la ville. Elles n’ont pas à payer de taxe professionnelle car elles en sont exonérées en tant qu’entreprises agricoles. Les cours d’école délabrées de Pauillac ont été rénovées avec l’argent des dons, mais il n’y a pas assez d’argent pour les travaux de rénovation des bâtiments scolaires. Il se bat pour garder la seule classe d’allemand, alors que l’espagnol est maintenant enseigné dans six classes d’un niveau. Des chopes à bière bleues et blanches de Bavière sont présentées dans une vitrine. Pauillac entretient un partenariat vivant avec Pullach an der Isar, ils troquent la bière contre le vin, sourit le maire.

    « Avec la raffinerie, on a perdu la classe moyenne. » (FLORENCE FATIM)

    Fatin ne nie pas les griefs qui poussent Le Pen envers les électeurs. Il n’y a plus de grandes entreprises industrielles dans le Médoc depuis la fermeture de la raffinerie Shell de Pauillac en 1986. Les canalisations de la raffinerie qui rouillent lentement sont visibles sur les bords de la Gironde. Les murs extérieurs érodés des parcs de stockage sont les témoins silencieux du déclin industriel. « Avec la raffinerie, on a perdu la classe moyenne », explique Fatin. Les gérants des domaines viticoles renommés ne s’installeront même pas dans le Médoc, mais vivront avec leurs familles à Bordeaux et feront la navette quotidiennement.

    Les « Anywheres », la classe mobile, pro-européenne, avertie de la mondialisation et bien payée vit dans la métropole et vote pour Macron. « Bordeaux a une vie culturelle riche, de bonnes écoles, beaucoup de commerces et un aéroport », dit-il. Il n’y a même plus de librairie à Pauillac. L’un de ses premiers actes en tant que maire a été d’aménager un espace de vente à l’office de tourisme où les visiteurs peuvent acheter des livres et des cartes, mais aussi des produits locaux typiques et, bien sûr, des vins. Fatin analyse le fossé toujours plus grand qui sépare les riches viticulteurs aux méthodes les plus modernes des modestes viticulteurs. Il décrit avec enthousiasme les drones qui survolent les raisins avant les vendanges pour déterminer le degré exact de maturité. « Les petits viticulteurs ne peuvent pas se permettre ça », dit-il. Auparavant, il a participé à la création de la Cité du Vin à Bordeaux. L’histoire culturelle du vin est racontée dans le musée sur dix étages. L’historien Pierre Nora a consacré un chapitre à part au vin dans son ouvrage sur les lieux de mémoire (« Lieux de mémoires »). Le destin de la nation et du vin sont liés, dit-il.

    Oui, selon le maire, il n’y a pas que la paupérisation, un malaise culturel avec la modernité se fait aussi sentir dans le Médoc. Qu’est-ce qui l’a poussé à quitter Bordeaux et à revenir dans sa ville natale de Pauillac ? « La confiance en l’avenir », dit-il avec un sourire. C’est ainsi qu’il explique pourquoi il vote pour Macron. La France a besoin de son optimisme encore cinq ans. Fatin veut faire de Pauillac un poste d’amarrage pour les navires de croisière qui, en raison de leur taille, ne peuvent pas naviguer de la Gironde jusqu’à Bordeaux. Jusqu’à présent, Airbus a utilisé les installations du quai pour charger les énormes pièces de l’avion A 380. Mais avec l’arrêt de la production, cette source de revenus a disparu pour Pauillac. « Il fallait toujours trouver de nouvelles idées », raconte le jeune maire. Il exprime l’espoir

    Macron a récemment été nommé « Personnalité de l’année 2022 » par le plus important magazine d’amateurs de vin, la « Revue de Vin ». « Pendant des décennies, un président a une fois de plus dit haut et fort qu’il aimait le vin », indique le communiqué. « Je bois du vin le midi et le soir », a déclaré Macron en acceptant le prix. Mais beaucoup de petits vignerons du Médoc y voient plutôt la preuve de leur pacte avec les riches barons du vin, des milliardaires comme François Pinault ou Bernard Arnault, qui ont identifié le vin comme un investissement.

    « L’œnotourisme est notre avenir. » (SIMON LE BERRE)

    Le hameau de Bages est adossé à Pauillac. Il n’y a pas de magasins fermés et de façades à rénover ici. Jean-Michel Cazes, descendant de la dynastie des maires de Pauillac, a fait embellir le village. Au Café Livinia, une cuisine légère est servie avec des vins forts, en face il y a une location de vélos et un hôtel. Simon Le Berre travaille comme serveur et est enthousiasmé par la façon dont le village viticole est devenu un pôle d’attraction pour les touristes. « L’oenotourisme est notre avenir », dit Le Berre. Il suffit de trouver quelque chose pour attirer les visiteurs.

    Trois femmes s’affairent entre les vignes. Elles portent des foulards pour se protéger du soleil et probablement aussi parce qu’elles sont musulmanes. Elle vient du Maroc, raconte l’une d’elles, qui se présente comme Nadia. Elle vit à Pauillac depuis plus de 20 ans. Avant que les agences d’intérim ne reprennent l’affaire avec les saisonniers, les caves faisaient venir leurs aides d’Afrique du Nord. Mais ils les ont installés avec leurs familles à Pauillac, finalement ils ont appartenu.

    Nadia écoute un débat politique à la radio en fixant de jeunes pousses au fil de fer. « Malheureusement, je ne peux pas voter », dit-elle. Elle n’a pas la nationalité française, même si elle sait exactement pour qui elle ne voterait pas. « Marine Le Pen me fait peur », dit-elle. « Elle veut se débarrasser de nous tous », dit-elle, « mais aucun Français ne veut faire notre travail ».

    « Marine Le Pen me fait peur. » (NADINE)

    L’auteur Ixchel Delaporte a intitulé son livre sur les inégalités croissantes dans le Médoc « Les Raisins de Misere ». Elle explique pourquoi pas la gauche, mais Le Pen a atteint le leadership d’opinion. Ce ne sont pas seulement les promesses d’avantages sociaux et d’augmentation du pouvoir d’achat qui attirent les gens. Le Pen a aussi des réponses toutes prêtes pour ceux qui sont profondément enracinés dans leur lopin de terre et ne veulent pas chercher fortune ailleurs.

    Les tourelles du Château Pichon-Baron se reflètent pittoresquement dans un bassin d’eau. La cave appartient au groupe d’assurances Axa, qui a progressivement racheté toutes les propriétés environnantes et agrandi l’empire du vin. Le vigneron Alain Albistur serait aussi un homme riche s’il avait vendu la propriété héritée de ses parents. Le vin pousse maintenant là où se trouvait la maison de son voisin. « Les vieux bâtiments sont tout simplement rasés parce que le commerce du vin est tout simplement trop lucratif dans nos emplacements », explique-t-il. Il se décrit comme un « Gaulois récalcitrant » qui résiste à cette spéculation.

    Il a planté des roses devant ses vignes, comme il en avait l’habitude, car les feuilles des roses qui poussent plus tôt montrent l’oïdium avant qu’il n’affecte les feuilles des vignes. Albistur trace une ligne dans le sol entre les vignes avec un bâton. « C’est ici que se situe la limite entre une bouteille de vin à 200 et 37 euros », précise-t-il. A sa droite se trouvent les vignes de Château Pichon, à sa gauche lui. Il est fier de posséder l’un des plus petits vignobles de Pauillac, 87 ares en agriculture biologique. Mais les lignes invisibles qui relient les riches aux pauvres dans tout le Médoc le bouleversent. Il a voté pour Macron il y a cinq ans, mais il ne veut pas voter ce dimanche. « Notre société s’éloigne de plus en plus », déplore-t-il. Le Pen est hors de question pour lui, mais Macron n’a pas encore répondu comment il compte réunir les deux France. Puis Albistur verse un verre de vin, après tout il est déjà plus de onze heures et il est grand temps de répéter.

    Frankfurter Allgemeine Zeitung, 23/04/2022

    #France #Election_prèsidentielle #Macron #MarineLePen #Extrême_droite

  • France: Mélenchon potentiel Premier Ministre

    France: Mélenchon potentiel Premier Ministre

    France: Mélenchon potentiel Premier Ministre – Election présidentielle, Jean-Luc Mélenchon, deuxième tour, Emmanuel Macron,

    On n’a pas vu cela depuis l’instauration du quinquennat et le dernier attelage composé du président de droite Jacques Chirac et Premier ministre socialiste Lionel Jospin.

    La dernière “cohabitation” a cessé en 2002 quand celui-ci a perdu à la surprise générale une présidentielle dont il était le favori. Mais tellement favori que les candidatures de gauche ont foisonné provoquant une dispersion des voix qu’il a échoué dès le premier tour. Retenant la leçon de l’échec, Lionel Jospin s’est retiré de la vie politique.

    En tant que Premier ministre, il a inspiré une révision de la Constitution qui a introduit le quinquennat à la placé du septennat et une inversion du calendrier électoral, plaçant les législatives après les présidentielles. Le but est de permettre au président élu de profiter de la dynamique de sa victoire en remportant l’Assemblée nationale dans la foulée.

    C’est ce pari que Jean-Luc Mélenchon rêve de déjouer cette fois-ci. Le candidat arrivé troisième à la présidentielle veut une sorte de 3e tour qui lui permettra de gagner les élections législatives et d’obtenir une majorité à l’Assemblée nationale. Ainsi, il imposera au vainqueur de dimanche prochain une cohabitation. Il sera le Premier ministre d’Emmanuel Macron ou de Marine dont les pouvoirs se trouveront forcément limités.

    Le président de La France Insoumise a enterré son rêve de président puisqu’il a décidé de ne plus se présenter. Il nourrit désormais celui de devenir Premier ministre. Il a deux mois pour convaincre les Français de lui accorder leur confiance. “Je demande aux Français de m’élire Premier ministre” en votant pour une “majorité d’Insoumis” et de “membres de l’Union populaire” à ces élections du 12 et 19 juin, a-t-il déclaré sur BFMTV, dans sa première déclaration publique depuis le 10 avril. Il faut séduire l’ensemble de la gauche et les abstentionnistes.

    Jean-Luc Mélenchon vise donc à imposer une cohabitation au futur vainqueur de la présidentielle, avec lequel il exclut toute “négociation”. Et ce, que ce soit Emmanuel Macron ou Marine Le Pen.

    Il a d’ailleurs redit qu’il ne donnerait pas d’autre consigne au second tour que “pas une voix à Mme Le Pen”, qui incarne “la contradiction totale” avec son programme “d’harmonie”. Mais “la question de savoir qui est président à ce moment-là” de cohabitation ne compte pas à ses yeux, car “c’est le Premier ministre qui signe les décrets”, a-t-il affirmé, ajoutant vouloir appliquer son programme.

    Les cadres de La France insoumise ont exulté sur les réseaux sociaux. “Mélenchon à Matignon”, s’est exclamé son ami député Alexis Corbière. “Un autre monde est toujours possible”, a espéré la députée Caroline Fiat.

    Son lieutenant Alexis Corbière analyse: “Il ne faut pas juste donner la perspective d’une opposition forte, mais dire que l’on peut gagner”, que “l’affaire n’est pas perdue pour Mélenchon et son programme”. Selon lui, “rien ne sera réglé à la présidentielle et il ne faut pas réfléchir à l’ancienne”.

    Pour réussir à mobiliser à des élections législatives traditionnellement moins courues par les électeurs, les Insoumis espèrent donner l’image d’une “Union populaire” élargie.

    Dans ce but, ils ont appelé Les Verts, les Communistes et l’Extrême gauche à se rassembler derrière eux et leur programme, en proposant que l’attribution des circonscriptions soient appliqués à la proportionnelle des résultats du premier tour. Julien Bayou, le chef des Verts, a répondu qu’il espérait davantage.

    Mais il a aussi dit, mardi, prévoir un aboutissement des négociations d’ici la fin de semaine prochaine. Un autre cadre écolo a même jugé “atteignable”, devant des journalistes, qu’il y ait un accord “d’ici la fin de semaine pour donner un espoir” aux électeurs de gauche, qui vont voter à contrecœur dimanche au second tour.

    La France insoumise (LFI) va mener des rencontres bilatérales dans les prochains jours.

    Mardi soir, le conseil national du Parti socialiste, sorte de parlement du parti, a adopté une résolution proposant de discuter avec l’ensemble des forces de gauche, dont LFI. Pour l’instant, le leader insoumis a indiqué ne pas vouloir discuter avec le PS.

    Soucieux de ne pas donner l’impression d’une “tambouille”, Jean-Luc Mélenchon s’est défendu de préparer un simple “accord électoral”, mais un “accord stratégique qui devient électoral”. “C’est pas la lutte des places mais la lutte des classes”, a-t-il scandé.

    Le Jeune indépendant, 21/04/2022

  • France-élections: Le glaive des législatives

    France-élections: Le glaive des législatives

    France-élections: Le glaive des législatives -France insoumise, sondages, Emmanuel Macron, Rassemblement national, Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon,

    La remontée spectaculaire du candidat de la France insoumise dans les sondages d’avant le premier tour de la présidentielle et son résultat donnent le ton des prochaines législatives qui, prédisent certains observateurs, vont constituer la vraie surprise de cette année électorale. Ni la République en Marche d’Emmanuel Macron ni le Rassemblement national de Marine Le Pen ne sont assurés, pour l’instant, de l’emporter avec une majorité parlementaire qui soutiendra leur action gouvernementale. Macron, propulsé par des forces centrifuges en 2017 et surprenant tout son monde, avait bénéficié de l’effet nouveauté pour arracher cette majorité mais sa formation politique, cinq ans plus tard, reste mal implantée sur l’ensemble du territoire.

    En face, l’extrême droite, diabolisée par son propre programme mais avec un électorat en plein essor, n’est jamais parvenue à entrer en force au Parlement. Du coup, les voilà tous deux à la peine pour ce qui est de disposer d’un crédit parlementaire adéquat pour pouvoir mener la politique voulue à leur guise. Suffrage uninominal majoritaire à deux tours, les législatives ne connaissent pas la proportionnelle et restent une élection couperet qui aura lieu les 12 et 19 juin prochain et donnera à la France 577 députés dont le mot reste décisif face aux sénateurs, en cas de désaccord pour l’adoption d’une loi. Elles auront pour caractéristique le fait que le vote de barrage auquel appellent nombre de partis et de dirigeants de gauche comme de droite, pour le second tour de la présidentielle, n’a pas lieu d’être et que les électeurs choisiront leur élu en fonction de critères autrement plus immédiats et plus proches de leur réalité.

    Le pari tient, d’ores et déjà dans la capacité de Macron comme de Marine Le Pen à élargir le spectre des alliances, à l’heure cruciale des investitures.

    Au soir du 1er tour, Macron a fait du pied aux électeurs de la gauche en leur assurant qu’il est «prêt à inventer quelque chose de nouveau pour rassembler les convictions et les sensibilités diverses afin de bâtir avec eux une action commune». Mais, pour la France insoumise qui reste sourde à l’appel de nombreux socialistes en faveur d’une «union des forces de gauche», ce sera l’occasion d’ «imposer une cohabitation». Signe que la concurrence de légitimité politique est, désormais, ouverte et que le résultat de la présidentielle pourrait bien être remis en cause.

    Chaabane BENSACI

    L’Expression, 14/04/2022

  • France: Et si le débat du 2e tour se passait différemment qu’en 2017?

    France: Et si le débat du 2e tour se passait différemment qu’en 2017?

    France: Et si le débat du 2e tour se passait différemment qu’en 2017? – Emmanuel Macron, Marine Le Pen, élection présidentielle,

    A maintenant une semaine du deuxième tour de la présidentielle en France, les sondages, qui d’ailleurs se sont raréfiés depuis le 10 avril, date du premier tour, n’indiquent aucune dynamique particulière en faveur de l’un des deux finalistes, le président sortant, Emmanuel Macron, et Marine Le Pen la représentante de la mouvance d’extrême droite. En principe, lorsque les sondages se montrent stables dans leurs résultats, c’est qu’ils ont déjà mesuré quelque chose de réel, susceptible d’évoluer néanmoins, mais uniquement dans les marges d’erreur. Entre les deux candidats, la distance est telle que si on prenait le parti tout à fait arbitraire de faire jouer ces marges en faveur de Le Pen uniquement, Macron l’emporterait encore au scrutin du 24 avril. Mais cela n’est pas nouveau, on le savait depuis un certain temps déjà ; en fait, depuis des mois.

    Les sondages étant pour l’essentiel tombés juste dans leurs prévisions du premier tour, il n’y a a priori aucune raison de penser qu’ils se trompent dans celles du deuxième tour. Si bien qu’on devrait pouvoir être catégorique : le président sortant est en même temps le président rentrant. On s’exposerait à l’erreur ce faisant, car ce qui semble déterminant au deuxième tour, ce ne sont pas tant les sondages, qu’on ne prend d’ailleurs même plus la peine de commenter, que le débat du deuxième tour, son déroulement en général et ses péripéties en particulier.

    Si Macron a écrasé Le Pen à la présidentielle de 2017, c’est moins en raison de son programme, mieux apprécié des électeurs que celui de sa rivale, que de ses qualités de débateur, qui alors se sont révélées nettement supérieures à celles de Le Pen. Si la prestation de celle-ci avait été meilleure, probable qu’il aurait élu malgré tout, mais sans doute pas avec la même avance. Cette fois-ci aussi, le débat d’entre-les-deux-tours pourra être décisif. Il ne le sera pas nécessairement si Le Pen tient le coup, si elle ne se laisse pas malmener comme en 2017. Il le sera par contre si, à la différence de 2017, c’est Macron qui s’effondre. Un scénario, il est vrai peu probable, mais sait-on jamais ? Il peut s’entretenir dans l’idée d’une supériorité intellectuelle définitive sur sa rivale, qui le moment venu le dessert, joue contre lui : la punition dont se paye en général la sous-estimation de l’adversaire.

    Ce n’est déjà pas bon de surestimer quelqu’un, mais le sous-estimer, c’est souvent courir au devant d’une catastrophe. Or que Macron se surestime, c’est évident dans son rejet de l’idée largement partagée que c’est au front républicain qu’il doit d’avoir été élu la première fois, et donc qu’il le sera la prochaine fois. A l’en croire, pas plus qu’il n’y a eu de front républicain en 2017, il n’y en aura en 2022. Il a été élu une première fois pour ses mérites, il en sera forcément de même la deuxième fois. S’il ne l’est pas le 24 avril, ce sera pour l’essentiel en raison de cette forfanterie. Parce qu’il aura manqué d’humilité, qu’il aura sous-estimé sa rivale. Bien entendu, tout reste possible, y compris qu’il ne fasse d’elle qu’une bouchée en fin de compte. Mais cela on ne le saura vraiment qu’avec le débat. S’il a dormi sur ses lauriers, s’il se pense toujours d’une autre trempe que Le Pen, alors que celle-ci n’a fait ces dernières années que se préparer à l’affronter à nouveau, fouettée par le désir profond de prendre sa revanche, il n’est pas dit que l’élection soit conforme aux sondages, aussi constants qu’ils aient été jusqu’à présent.

    Le Jour d’Algérie, 15/04/2022

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    Surprise

    Lors des deux semaines d’entre-deux-tours de l’élection présidentielle française de 2017, Emmanuel Macron, certain de sa victoire face à Marine Le Pen, paraissait totalement détendu et commençait même à endosser petit à petit le costume présidentiel. Le résultat du 7 mai au soir, avec une victoire à plus de 66 % des voix pour Macron, confirmait la solidité du «Front Républicain». Mais aujourd’hui la confiance du président français semble s’être étiolée et ses apparitions ces derniers jours témoignent une certaine fébrilité. Jamais le Rassemblement National (autrefois Front National) n’avait été aussi proche d’une victoire à la présidentielle et cela inquiète non seulement le camp macroniste, mais tous ceux qui depuis des décennies luttent contre ce parti.

    La Commission de contrôle de la campagne électorale (CNCCEP) demande aujourd’hui des précisions à la candidate du RN. L’instance s’interroge sur deux chiffres figurant sur le document de campagne pour le second tour. L’entourage de Marine Le Pen dénonce une manœuvre politique. Ce qui coince, c’est un élément clé de l’argumentaire de Marine Le Pen.

    Dans la profession de foi que la Commission de contrôle de la campagne électorale (CNCCEP) épingle, deux chiffres censés démontrer l’échec du quinquennat Macron en matière de sécurité et d’immigration posent question. On peut lire : «+31% d’agressions volontaires depuis 2017» et «1,5 million d’immigrés supplémentaires entrés légalement en France depuis 2017». Or la source serait, selon le RN, le ministère de l’Intérieur lui-même. Sauf que la Place Beauvau ne les reconnaît pas. «Ce sont des éléments que nous n’arrivons pas à corroborer», ajoute-t-on à la CNCCEP. Le «gendarme» de la campagne a donc réclamé des clarifications à la candidate du RN. «Mais nous demandons régulièrement des précisions de ce type. Cela a été le cas pour plusieurs candidats avant le premier tour».

    Reste que dans le pire des cas pour Marine Le Pen, la commission peut décider de ne pas homologuer sa profession de foi. Une grosse déconvenue, qui l’obligerait à mettre à la poubelle des milliers de documents. «Vu les délais, évidemment qu’ils sont déjà chez l’imprimeur», confie un cadre du parti. Un proche de la candidate se dit très agacé mais pas du tout inquiet. «Nos sources sont sûres, nous les avons déjà transmises à plusieurs reprises à la commission. D’ailleurs, ces chiffres figuraient déjà sur la profession de foi du 1er tour, assure-t-il. Le seul objectif de tout cela, c’est de nous faire perdre un temps précieux». Marine Le Pen a également réagi hier matin. En déplacement dans une PME de Gennevilliers, dans les Hauts-de-Seine, elle a rappelé que les chiffres qui sont dans sa profession de foi «sont sourcés avec des chiffres du ministère de l’Intérieur» avec «le lien du ministère». «Je veux bien qu’il conteste ses propres chiffres mais attention à ce type de manœuvre, attention à respecter la démocratie», a lancé la candidate du RN. «Je ne vois vraiment pas ce qui pourrait pousser le juge de l’élection à interdire ma profession de foi ce qui reviendrait à adresser aux Français uniquement la profession du président sortant», a-t-elle prévenu. La candidate du RN qui n’a jamais été aussi proche du pouvoir a-t-elle, toutefois, réellement une chance d’accéder à l’Élysée ?

    Emmanuel Macron, qui a travaillé dur pour s’assurer de la présence de Le Pen face à lui au second tour du scrutin, a-t-il, lui, mesurer toute l’ampleur de la détestation qu’il suscite et du risque d’un vote contestataire ? Toujours est-il que contrairement à 2017 rien n’est joué et que les résultats du 24 avril peuvent encore créer la surprise.

    Le Jour d’Algérie, 13/04/2022

  • Algérie: Visite de Le Drian en plein contexte électoral

    Algérie: Visite de Le Drian en plein contexte électoral

    Algérie: Visite de Le Drian en plein contexte électoral – élection présidentielle, Emmanuel Macron, Jean-Yves Le Drian, OTAN, gaz, Russie, Ukraine,

    La visite de deux jours en Algérie de Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, suit de très près celle que vient d’effectuer, à l’invitation du président Abdelmadjid Tebboune, le Président du Conseil des ministres italien, Mario Draghi et qui a été conclue par la signature d’accords énergétiques importants entre l’Algérie et l’Italie.

    L’annonce du déplacement de Tebboune en Italie en mai prochain confirme la tendance au renforcement des relations algéro-italiennes. Aucune indication n’a été donnée concernant le déplacement, à Alger du ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, mais il n’est sans doute pas étranger au nouveau contexte énergétique créé par les mesures unilatérales prises par les pays membres de l’OTAN et leurs alliés contre la Russie, dans une vaine tentative de l’isoler au plan international. Le souci de l’approvisionnement en gaz naturel sur fond de crise ukrainienne fait bouger les ministres des Affaires étrangères des pays de l’Union européenne qui recherchent des alternatives, impossibles dans l’immédiat, au gaz russe.

    La venue de Le Drian à Alger intervient en pleine période électorale, entre les deux tours du scrutin présidentiel et avant le vote décisif du 24 avril qui permettra de savoir qui présidera la France durant les cinq années à venir : Emmanuel Macron ou Marine Le Pen. Le président Macron a visiblement été contraint à apporter des modifications à certaines positions qu’il a exprimées avant le premier tour. À propos de la crise ukrainienne, il s’est démarqué de l’hystérie politico-médiatique antirusse qui domine dans les pays membres de l’OTAN.

    Dans une interview au journal français Le Point, le président Macron a estimé que le monde traverse une période de transformation globale, et « n’est plus un monde bipolaire, mais un monde multipolaire ». « Je pense que Poutine respecte la France et la distingue des autres pays occidentaux. Il tient également compte du fait que nous avons un dialogue avec lui depuis longtemps, et ce dialogue est toujours franc et requis », a déclaré également Macron, « Nous voyons aussi que la Chine n’est pas prête à faire pression sur la Russie, et les pays du Golfe ont adopté une position neutre en raison de leur attitude sceptique envers les États-Unis, et de nombreux pays africains ont choisi de ne pas prendre parti », a-t-il ajouté.
    C’est la deuxième visite de Le Drian en Algérie après celle qu’il a effectuée en décembre dernier. Il avait été reçu en audience par le président Abdelmadjid Tebboune et à l’issue de cette audience, dans une déclaration à la presse, Jean-Yves Le Drian avait indiqué que sa visite en Algérie a eu pour objectif de « renouer une relation de confiance », marquée par le respect de la souveraineté de chacun, exprimant son « souhait » de travailler à « lever les blocages et les malentendus qui peuvent exister entre les deux pays ».

    « Ce déplacement (en Algérie) a pour double objectif de renouer une relation de confiance entre nos deux pays, marquée par le respect de la souveraineté de chacun, mais aussi de regarder vers l’avenir pour travailler à la relance et à l’approfondissement de notre partenariat qui est indispensable », avait-il indiqué.

    En décembre 2021, il s’agissait pour Le Drian de « relancer la relation franco-algérienne » après la crise provoquée par les propos– qualifiés d’irresponsables par les Algériens- qui ont été attribués au président Macron par les médias français mais qui n’avaient pas été démentis. Les commentateurs français avaient été unanimes à lier les déclarations du président français, en octobre 2021, au contexte pré-électoral à ce moment en France. Pour se faire réélire à un deuxième mandat, il avait lui aussi privilégié le thème de l’Algérie en s’attaquant à notre pays sur la base de contre-vérités. Pour rappel, en 2017, alors qu’il était dans la course à l’Elysée, Emmanuel Macron s’était rendu en Algérie pour y tenir un tout autre langage sur le système colonial qu’il fallait « regarder en face », et qu’il qualifiait de « crime contre l’humanité ».
    M’hamed Rebah