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  • Les petits pas de Paris envers Alger

    Les petits pas de Paris envers Alger

    Les petits pas de Paris envers Alger – Algérie, France, archives, mémoire, Emmanuel Macron,

    Après près de 60 ans, les archives des enquêtes judiciaires de la guerre d’Algérie seront déclassifiées, selon Roselyne Bachelot, ministre française de la Culture. Vendredi, Roselyne Bachelot a informé sur BFMTV qu’elle dévoilait les archives des enquêtes judiciaires de la gendarmerie et les forces de police pendant le conflit algérien, 15 ans avant la date limite légale.

    Le ministre a souligné que la France souhaite rétablir diverses relations avec l’Algérie, mais que cela ne peut se faire que si la vérité est dite.

    Elle a répondu à une question concernant les ramifications de cette décision, en particulier la possibilité d’un futur aveu que l’armée française a torturé des Algériens, en disant qu’il est dans l’intérêt de la France d’accepter que la torture ait eu lieu.

    Dans la même veine, un groupe de députés à l’Assemblée générale française a annoncé le dépôt d’un projet de loi qui obligerait le gouvernement français à reconnaître la responsabilité des massacres du 17 octobre 1961, dans lesquels des dizaines d’Algériens à Paris ont été martyrisés pour avoir protesté contre un couvre-feu discriminatoire imposé aux Algériens dans la capitale française.

    Les propos du ministre français de la Culture sont intervenus un jour avant que l’Algérie ne commémore les manifestations du 11 décembre 1960, au cours desquelles les forces françaises ont tué des dizaines de manifestants algériens pacifiques en faveur de l’indépendance.

    Ces déclarations font suite à la visite du ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian en Algérie, où il a rencontré le président Abdelmadjid Tebboune et d’autres hauts responsables de l’État.

    Que cette tâche soit confiée au ministre de la Culture peut paraître anodin, mais il semble que Paris ait le souci de présenter sa démarche comme patriotique et ancrée dans un contexte d’histoire nationale contrairement à ceux que d’indécrottables néo-colonialistes prétendent.

    Un autre pas après la reconnaissance de l’assassinat de Maurice Audin (activiste communiste pro-libération), et la restitution de crânes de combattants algériens. Suffisant pour calmer la colère d’Alger après les propos incendiaires du président français ?

    Techniquement, même si la presse ne s’y attarde pas longuement aujourd’hui, il s’agit d’archives du conflit uniquement et non de la période coloniale dans son ensemble. Donc il faut s’attendre à des justifications sur le plan français dans de nombreux dossiers du fait de la guerre.

    Il eut été plus productif notent certains observateurs, d’avoir les cartes des lieues des essais nucléaires pour nettoyer les sites actuels qui tuent encore. Ainsi que les cartes des terrains minés pendant l’occupation et le retour du canon Baba Merzoug par exemple.

    L’admission des crimes perpétrés contre les Africains prend un temps inimaginable quand d’autres de second plan sont mis en avant rituellement chaque année et ont même obtenu d’interminables compensations.

    À Alger, on observe le jeu descendre et monter sans saisir ni rejeter pour le moment. Toutefois, une chose révélatrice, l’ambassadeur algérien en France est toujours … à Alger.

    Aldjazair.org, 11/12/2021

    #algérie #france #macron #archives

  • Quel est le secret de la déclassification des archives de la révolution algérienne ?

    Algérie, France, archives, colonialisme, mémoire, Emmanuel Macron,

    La décision des autorités françaises de déclassifier les archives des « enquêtes judiciaires », qui ont eu lieu lors de la révolution de libération contre le colonialisme français, a soulevé plusieurs questions sur le contexte de cette décision, intervenue dans un contexte très sensible.
    La décision française intervient deux jours après la visite du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian en Algérie, après plus de deux mois d’une grave crise diplomatique entre les deux pays, sur fond de déclarations incalculables du Président français, Emmanuel Macron.
    Les observateurs ont lu la démarche française comme une « manœuvre » pour atteindre des objectifs non déclarés, et les milieux spécialisés ont lié cette décision à la course effrénée entre les candidats affiliés à la droite et à l’extrême droite, pour les élections présidentielles en France.
    L’historien algérien Mohamed Amine Belghith, spécialiste des relations historiques entre l’Algérie et la France, a confié à Echorouk ; « La décision française est considérée comme une manœuvre qui doit être traitée avec beaucoup de prudence, en raison de ses objectifs apparemment invisibles, mais en fait, elle est étroitement tissée pour atteindre des objectifs qui servent la France et ne servent pas l’intérêt national de l’Algérie ».
    La ministre française de la Culture, Roselyne Bachelot, a annoncé la décision du gouvernement français de déclassifier les archives des « enquêtes judiciaires ».
    « Je vous annonce l’ouverture des archives des enquêtes judiciaires de la gendarmerie et des forces de police sur la guerre d’Algérie 15 ans plus tôt », a déclaré Bachelot à BFMTV jeudi 9 décembre à propos de la révolution de libération historique et victorieuse de l’Algérie entre 1954 et 1962.
    Si la démarche française apparaît très audacieuse compte tenu du passé colonial criminel des pratiques de l’occupation française en Algérie, tant elle est considérée comme une fenêtre vers la dénonciation des crimes de l’armée coloniale, et « le début de la recherche de la vérité directement », selon le responsable français, cependant, il comporte néanmoins des risques, comme la déformation de certaines icônes révolutionnaires, notamment l’héroïque martyr, Larbi Ben M’hidi.
    Mohamed Amine Belghith a expliqué ; « D’abord, il faut souligner une chose, c’est que la dernière décision française porte sur une question, qui est le suivi judiciaire des patriotes, et cela est étudié par les juges français qui ont vécu cette étape. On suppose que l’ouverture des archives liées au suivi judiciaire des patriotes pendant la révolution algérienne se fera en l’an 2039. Et le dossier des Harkis en 2045… mais pourquoi les autorités françaises ont-elles annoncé l’ouverture des Harkis dossier avant les archives ?”.
    «Ce qui est sûr, c’est que les Français ne prendront aucune décision sauf selon des calculs, donc je pense que la dernière décision n’a d’autre but que de semer la confusion chez les Algériens. Vous savez que depuis l’indépendance jusqu’à aujourd’hui, deux générations n’ont pas participé à la révolution… », a ajouté l’historien, qui a passé cinq ans à étudier à l’Université française de la Sorbonne.
    L’historien bien connu pense que : « Les Français, par leur dernière décision, veulent gâcher le récit que nous avons à propos de certaines personnalités révolutionnaires qui dans la mémoire des Algériens sont proches du degré de sainteté. Le dossier de Larbi Ben M’hidi dans les archives françaises dépeint le martyr comme une personne pervertie, alors que l’homme était l’une des rares personnes à faire preuve d’intégrité et de constance. Il en va de même pour le combattant de la liberté, Abane Ramdane, qui est mal présenté même si son image est tout à fait opposée ».
    Belghith estime que les autorités françaises, à la lumière de la campagne électorale pour la présidence française, cherchent un moyen de mélanger les cartes des Algériens. J’ai étudié à la Sorbonne et je les connais bien. Ils sont meilleurs pour trier et organiser des fichiers… et ils manipulent des fichiers uniquement pour des raisons de guerre psychologique ».
    L’historien s’est demandé si la récente décision française libérerait les archives des procès du réseau Johnson et des procès de Koudia ; « il faut être prudent, et ensuite être prudent lors de la lecture des documents qui ont été révélés », excluant que la décision vise à permettre aux Algériens des archives de la révolution, sinon les chercheurs ne seraient pas privés de Visas leur permettant d’accéder au archives situées en France.
    Echourouk online, 11/12/2021
    #Algérie #France #Archives #Mémoire #Macron
  • Algérie: Paris joue la carte de la mémoire

    Algérie: Paris joue la carte de la mémoire

    Algérie: Paris joue la carte de la mémoire – France, Guerre d’Algérie, Emmanuel Macron, colonisation,

    LA FRANCE VA OUVRIR DES ARCHIVES SUR LA GUERRE D’ALGÉRIE
    LA CARTE DU DOSSIER MÉMORIEL POUR DÉSAMORCER LA CRISE
    Après la crise alimentée par les propos du président français Emmanuel Macron, Paris tente de recoller les morceaux avec Alger en annonçant l’ouverture prochaine des archives sur «les enquêtes judiciaires» de la guerre d’Algérie, qui devront lever le voile sur le sort réservé aux centaines de militants de la guerre de libération emprisonnés, torturés ou exécutés par l’armée coloniale française. C’est ce qu’a annoncé hier la ministre française de la culture, Roselyne Bachelot.

    A travers cette annonce, qui intervient au lendemain de la visite en Algérie du chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, la France joue la carte du dossier de la mémoire, considéré comme une priorité par l’Etat algérien et figurant en tête des dossiers bilatéraux, pour tenter d’apaiser les relations diplomatiques avec Alger et désamorcer une crise d’une rare gravité entre les deux pays en cours depuis plusieurs mois.

    «Je veux que sur cette question, qui est troublante, irritante, où il y a des falsificateurs de l’Histoire à l’œuvre, soit regarder en face. On ne construit pas un roman national sur un mensonge», a argué la ministre, qui a dans son périmètre la question des archives, près de soixante ans après la fin du conflit et alors que la relation franco-algérienne.

    Après avoir annoncé l’ouverture avec quinze ans d’avance les archives sur les enquêtes judiciaires de gendarmerie et de police en rapport avec la guerre d’Algérie (1954-1962), conservées aux Archives nationales d’Outre-mer à Aix-en-Provence, Mme Bachelet a estimé que la France a des choses à reconstruire avec l’Algérie, mais qui ne pourront se reconstruire que sur la vérité.

    «C’est la falsification qui amène toutes les errances, tous les troubles et toutes les haines. A partir du moment où les faits sont sur la table, où ils sont reconnus, où ils sont analysés, c’est à partir de ce moment-là qu’on peut construire une autre histoire, une réconciliation». Interrogée sur les conséquences de cette décision, notamment sur la possible confirmation à venir d’actes de torture commis par l’armée française en Algérie, Mme Bachelot a déclaré que «c’est l’intérêt du pays que de le reconnaître».

    Le 9 mars 2021, le président français avait «pris la décision de permettre aux services d’archives de procéder aux déclassifications des documents couverts par le secret de la défense nationale (…) jusqu’aux dossiers de l’année 1970 incluse. Cette décision sera de nature à écourter sensiblement les délais d’attente liés à la procédure de déclassification, s’agissant notamment des documents relatifs à la guerre d’Algérie. Peu avant, Emmanuel Macron avait reconnu, «au nom de la France», la torture et l’assassinat de l’avocat et dirigeant nationaliste Ali Boumendjel et du mathématicien et militant Maurice Audin par l’armée française pendant la guerre d’Algérie en 1957. Ces gestes d’apaisement étaient recommandés dans le rapport remis à Emmanuel Macron le 20 janvier par l’historien Benjamin Stora dans le but de «réconcilier les mémoires» et de « regarder l’histoire en face».

    La lecture du rapport remis par Benjamin Stora au chef de l’Etat français, qui lui a confié en juillet 2020 une mission de conseil sur les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d’Algérie, a été perçue comme « décevante » en Algérie. Il est notamment reproché à ce rapport, de 146 pages, de foisonner beaucoup plus des gestes symboliques, d’approches plus événementielles ou commémoratives que d’une réelle volonté de faire éclater la vérité ou les vérités ou de rétablir les droits. Le colonisé et le colonisateur pour Stora sont situés au même niveau. Rappelant que pour les autorités algériennes, l’excellence des relations bilatérales entre Alger et Paris est tributaire des
    rapports historiques et de la question mémorielle, lesquels ne pourront faire l’objet d’une quelconque concession.

    Mohamed Mecelti

    Le Jeune Indépendant, 11/12/2021

    #Algérie #France #Tebboune #Macron #Mémoire #Archives

  • Algérie-France: Vers la fin de la crise ?

    Algérie-France: Vers la fin de la crise ? – Emmanuel Macron, Abdelmadjid Tebboune, mémoire,

    Paris veut dénouer la crise profonde qu’elle traverse avec l’Algérie et « renouer une relation de confiance », ainsi que le « dialogue politique ». C’est ce qu’a déclaré hier le chef de la diplomatie française au terme de sa visite à Alger.
    Abla Chérif – Alger (Le Soir) – Cette visite inattendue dans ce contexte de grandes tensions entre les deux pays est interprétée comme étant, en quelque sorte, la phase concrète des démarches entamées à la mi-novembre à Paris pour tenter d’apaiser la colère des dirigeants algériens suscitée par de graves propos d’Emmanuel Macron.

    À cette période qui coïncidait avec la préparation d’une conférence sur la Libye, un conseiller du chef d’État français avait déclaré que «le président de la République regrettait les polémiques et les malentendus engendrés par les propos rapportés» et qu’il « était fortement attaché au développement de la relation». Cette déclaration a été suivie d’autres propos apaisants du même genre, d’insistance sur « le rôle important de l’Algérie dans la région et la nécessité d’entretenir des relations de travail sereines entre les deux pays ».

    Après les paroles, les actes. Jean-Yves Le Drian et Ramtane Lamamra, qui s’étaient limités à un simple salut courtois à Kigali, en octobre dernier, ont pu s’entretenir hier à Alger. Le chef de la diplomatie française a ensuite été reçu par Abdelmadjid Tebboune auquel il a fait part du « souhait (de son pays) de travailler à lever les blocages et les malentendus qui peuvent exister entre les deux pays ».

    « Ce déplacement a pour double objectif de renouer une relation de confiance entre nos deux pays, marquée par le respect de la souveraineté de chacun, mais aussi de regarder vers l’avenir pour travailler à la relance et à l’approfondissement de notre partenariat qui est indispensable (…) la France et l’Algérie ont des liens profonds animés par la densité des relations humaines entre Algériens et Français, et ancrés dans une Histoire complexe », a-t-il ajouté.
    Le Drian a fait savoir qu’au cours des échanges, « les deux parties ont convenu de reprendre certains axes de la coopération bilatérale, qui se traduira par la reprise d’un dialogue opérationnel entre partenaires sur les questions humaines et migratoires, et aussi par la reprise d’un dialogue opérationnel sur la lutte contre le terrorisme et par nos efforts communs pour assurer la sécurité de nos deux pays », a-t-il dit, avant d’exprimer son « souhait que le dialogue que nous relançons aujourd’hui puisse conduire à une reprise des échanges politiques entre nos deux gouvernements en 2022 ».

    Les échanges ont également porté sur des questions régionales où « l’Algérie joue un rôle important », ajoute-t-il. «Nous entendons continuer à coordonner nos initiatives diplomatiques pour favoriser le processus d’une transition politique en Libye à la suite de la Conférence de Paris (…) nous avons fait le point sur la situation au Mali », soulignant que « l’engagement de l’Algérie dans la mise en œuvre de l’Accord de paix et de réconciliation est un élément essentiel du processus de paix au Mali ».

    Il a été aussi question du terrorisme au Sahel et de l’émigration clandestine, autant de sujets « d’intérêts communs » qui ont fait « le sens de ma présence aujourd’hui à Alger (…) pour une visite de travail et d’évaluation de la relation bilatérale ». La veille, le Quai d’Orsay avait évoqué une « visite de travail, d’évaluation et de relance des relations algéro-françaises », alors qu’à Alger, un communiqué du ministère des Affaires étrangères a fait état d’une « visite de travail et d’évaluation des relations bilatérales ». Le terme « évaluation » sous-entend que l’Algérie compte mettre à plat l’ensemble des différends ayant conduit à la crise inédite qui secoue les deux pays depuis près de deux mois. Ces tensions ont commencé avec l’annonce de la réduction de 50% du quota de visas habituellement octroyés à l’Algérie (au Maroc et à la Tunisie aussi).

    Selon Paris, cette décision a été prise en raison du refus de ces États de rapatrier leurs citoyens en situation illégale. Alger s’est élevée contre cette prise de décision, sans concertation préalable sur le sujet, avant le rappel de son ambassadeur. Cette question de rapatriement a également généré un différend entre les deux pays. Le ministre de l’Intérieur français a avancé que ces migrants illégaux sont près de huit mille personnes, alors que l’Algérie affirme qu’ils ne dépassent pas les 900 personnes. Ce chiffre avait été avancé par Abdelmadjid Tebboune dans une interview accordée à Der Spiegel et où il avait aussi qualifié de « très graves » les propos du Président français. « Emmanuel Macron a blessé la dignité des Algériens. Nous n’étions pas des sous-hommes. Nous n’étions pas des tribus nomades avant que les Français viennent en Algérie », a-t-il déclaré en réaction aux propos (de Macron) qui avait remis en cause l’existence de « la Nation algérienne avant la colonisation française ».

    Le Président français avait également accusé le système algérien de s’être bâti sur une « rente mémorielle », lors d’une rencontre avec de jeunes binationaux à l’Élysée. Ces propos rapportés par le journal Le Monde ont entraîné une série de réactions, notamment le rappel de l’ambassadeur à Paris et l’interdiction de survol du territoire algérien faite aux avions militaires français appuyant l’opération Barkhane au Nord-Mali.

    A. C.

    Le Soir d’Algérie, 09/12/2021

    #Algérie #France #Tebboune #Macron #Mémoire #Visa

  • La France va ouvrir ses archives sur la guerre d’Algérie

    La France va ouvrir ses archives sur la guerre d’Algérie – Colonisation, Mémoire, crimes coloniaux, Emmanuel Macron, Abdelmadjid Tebboune

    La France ouvrira « 15 ans à l’avance » ses archives sur la guerre d’Algérie. Une décision qui intervient au lendemain de la visite du ministre français des Affaires étrangères après des mois de tensions entre l’Algérie et la France.

    L’annonce de l’ouverture des archives a été faite ce vendredi par la ministre de la Culture Roselyne Bachelot sur BFMTV.

    « J’ouvre avec 15 ans d’avance les archives sur les enquêtes judiciaires de la gendarmerie et de la police qui concernent la guerre d’Algérie », a-t-elle annoncé dans son communiqué qui a été repris par l’AFP.

    Cette décision intervient au lendemain de la visite du ministre français des Affaires étrangères après des mois de tensions entre l’Algérie et la France. En effet, en octobre dernier, le président français Emmanuel Macron avait suscité la colère de l’Algérie en remettant en cause l’existence d’une nation algérienne avant la colonisation française et en accusant « le système politico-militaire » d’être bâti sur « une rente mémorielle ».

    Ces déclarations avaient suscité la colère d’Alger, qui a rappelé son ambassadeur pour « consultation » et fermé l’espace aérien aux avions militaires français opérant dans le cadre de l’opération Barkhane au Sahel.

    Alors qu’Abdelmadjid Tebboune avait affirmé en novembre qu’il « ne ferait pas le premier pas » pour sortir de la crise, le chef de la diplomatie française a atterri mercredi à Alger dans le cadre d’une visite surprise annoncée in extremis.

    Ce voyage a le double objectif de renouer une relation de confiance entre nos deux pays, marquée par le respect de la souveraineté de l’autre, mais aussi de regarder vers l’avenir pour travailler à la relance et à l’approfondissement de notre partenariat qui est essentiel » , a-t-il déclaré après sa réception par Abdelmadjid Tebboune.

    Pipa news, 10/12/2021

    #France #Colonisation #Algérie #Mémoire #Archives #Macron #Tebboune

  • Algérie-France : Prémices de retour aux bons comptes…

    Algérie-France : Prémices de retour aux bons comptes…

    Algérie-France : Prémices de retour aux bons comptes… – Emmanuel Macron, Tebboune, Mémoire, Sahel, Mali,

    Après plusieurs semaines de crise aiguë, le bilatéral algéro-français semble désormais évoluer sur une voie de règlement pour une «relation de confiance», a déclaré hier à Alger Jean-Yves Le Drian, à l’issue de l’audience que lui a accordée le président de la République, Abdelmadjid Tebboune. La visite du chef de la diplomatie française – un geste fort – augure d’un retour aux bons comptes et d’une reprise de la coopération au plus haut niveau des deux gouvernements.

    La visite effectuée hier en Algérie par le ministre français des Affaires étrangères ne ressemble certainement pas à ses devancières sur le registre des relations entre les deux pays. Cette nouvelle présence à Alger de Jean Yves Le Drian intervient dans une conjoncture marquée par un refroidissement glacial de ces relations qui dure depuis plus de deux mois, après les propos que s’est autorisé à tenir Emmanuel Macron à l’égard de l’Algérie et de son histoire.
    Partant, la visite d’hier est inscrite dans le cadre du déploiement de Paris en faveur d’un apaisement et d’un retour à la normale avec Alger, après la crise provoquée par le dérapage incontrôlé du président français, fin septembre dernier, à travers des déclarations qui n’ont pas tardé à être relayées par le quotidien Le Monde, sonnant l’entame d’une rupture entre les deux pays.

    Le chef de la diplomatie française a d’ailleurs explicitement exposé les motifs de sa nouvelle mission algéroise en indiquant d’emblée que son déplacement en Algérie avait «pour doble objectif de renouer une relation de confiance entre nos deux pays, marquée par le respect de la souveraineté de chacun, mais aussi de regarder vers l’avenir pour travailler à la relance et à l’approfondissement de notre partenariat qui est indispensable».

    Le ministre français des Affaires étrangères s’exprimait devant la presse, au sortir de l’audience qui lui a été accordée par le président de la République Abdelmadjid Tebboune. Il a donc réitéré le discours qu’il s’emploie à tenir à l’égard de l’Algérie depuis que son Président l’a mis devant le fait accompli, l’obligeant à redoubler de marketing diplomatique pour faire baisser la colère d’Alger. Faut-il rappeler, à ce propos, que Le Drian n’avait pas tardé à monter au créneau dans la semaine même qui avait suivi les propos de Macron, dans l’objectif de calmer la colère des Algériens, offusqués par l’attitude du locataire de l’Elysée. Le même responsable est revenu plusieurs fois à la charge dans l’espoir d’un dégel qui n’a pas eu lieu.

    Mais sa visite d’hier laisse assez clairement se dégager les prémices d’un apaisement en cours qu’il est venu chercher en insistant, une nouvelle fois, sur les relations entre les deux pays. «La France et l’Algérie ont des liens profonds animés par la densité des relations humaines entre Algériens et Français, et ancrés dans une Histoire complexe», dira-il à ce sujet, avant de formuler «le souhait de travailler à lever les blocages et les malentendus qui peuvent exister entre les deux pays», précisant qu’au cours des échanges, les deux parties ont convenu de reprendre certains axes de la coopération bilatérale.

    «Cela se traduira par la reprise d’un dialogue opérationnel entre partenaires sur les questions humaines et migratoires, et aussi par la reprise d’un dialogue opérationnel sur la lutte contre le terrorisme et par nos efforts communs pour assurer la sécurité de nos deux pays», a-t-il dit, exprimant aussi son «souhait que le dialogue que nous relançons aujourd’hui puisse conduire à une reprise des échanges politiques entre nos deux gouvernements en 2022».
    On voit donc bien que le chef de la diplomatie française n’hésite pas à se mettre d’ores et déjà à l’heure de la normalisation accomplie. Partant, il ne manque pas, non plus, d’inscrire les relations entre l’Algérie et la France dans une nouvelle étape de coopération et de partenariat, bilatéral, mais aussi sur la scène régionale, notamment à travers le dossier libyen ou celui du Sahel.

    «L’Algérie est un partenaire essentiel»

    «Je veux redire, ici, que l’Algérie est un partenaire essentiel pour la France sur le plan bilatéral, mais également sur le plan régional. Nous entendons continuer à coordonner nos initiatives diplomatiques pour favoriser le processus d’une transition politique en Libye à la suite de la Conférence de Paris à laquelle le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ramtane Lamamra, avait représenté le Président Tebboune», ajoutera le même responsable français.

    «Nous avons également fait le point sur la situation au Mali où l’Algérie joue un rôle important», a-t-il indiqué, soulignant que «l’engagement de l’Algérie dans la mise en œuvre de l’Accord de paix et de réconciliation est un élément essentiel du processus de paix au Mali».

    «Je tiens à saluer cet engagement et je forme le vœu que notre dialogue se poursuive sur ce sujet», a-t-il affirmé.
    Dans le même sillage, il a indiqué que la France et l’Algérie font face ensemble à «des défis majeurs dans un environnement régional et international incertain», soulignant que les deux pays «doivent être en mesure de proposer des réponses opérationnelles aux défis que représente le terrorisme dans la région sahélienne, mais aussi l’émigration clandestine ainsi qu’aux enjeux de développement économique».

    «Sur tous ces sujets et parce que nos intérêts sont communs, notre concertation est primordiale et c’était le sens de ma présence aujourd’hui à Alger», a ajouté M. Le Drian qui s’est dit «heureux de revenir en Algérie» où «j’ai eu l’honneur et le plaisir de m’entretenir longuement avec le Président Tebboune et avec mon homologue M. Lamamra».
    Mais sans doute bien plus que les retrouvailles entre les deux chefs de la diplomatie algérienne et française, qui n’ont d’ailleurs pas cessé de se rencontrer durant les deux mois de crise entre les deux pays (sommet de l’ONU puis à la conférence sur la Libye), c’est l’audience accordée par Abdelmadjid Tebboune à Jean Yves Le Drian qui laisse entendre une avancée dans la normalisation algéro-française.

    Faut-il rappeler, à ce propos, que le président de la République avait clairement affiché son refus de faire le premier pas dans le cadre de ce processus revendiqué aussi publiquement par Emmanuel Macron.

    Par Feriel Nourine

    Reporters, 09/12/2021

    #Algérie #France #Macron #Tebboune #Mémoire #Colonisation #Mali #Sahel

  • Le Drian, réussira-t-il à relancer la relation France-Algérie?

    Le Drian, réussira-t-il à relancer la relation France-Algérie?

    Le Drian, réussira-t-il à relancer la relation France-Algérie? Emmanuel Macron, mémoire, colonialisme,

    Le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian est en visite mercredi à Alger afin de « relancer la relation franco-algérienne », extrêmement complexe et tendue depuis des mois. Il s’agit d’une « visite de travail, d’évaluation et de relance des relations », a précisé le Quai d’Orsay. Le voyage, tenu secret jusqu’au dernier moment, verra Jean-Yves Le Drian rencontrer son homologue algérien Ramtane Lamamra ainsi que le président algérien Abdelmadjid Tebboune, selon cette source.

    Cette visite intervient alors que les relations entre les deux pays sont au plus bas depuis des mois. Le président Emmanuel Macron a déclenché l’ire d’Alger en octobre en accusant, selon des déclarations rapportées par le quotidien français Le Monde, le système « politico-militaire » algérien de maintenir une « rente mémorielle » autour de la guerre d’indépendance et de la France, ancienne pouvoir, et alors que Paris s’est engagé dans des travaux pour tenter d’apaiser cette question mémorielle en France.

    LE NOMBRE DE VISAS SUR LA TABLE ?
    Selon le quotidien, il s’est également interrogé sur l’existence d’une « nation algérienne » avant la colonisation française, provoquant de vives réactions dans la société algérienne. L’Algérie a alors rappelé son ambassadeur à Paris et interdit le survol de son territoire aux avions militaires français ralliant le Sahel. Le président français a depuis fait part de ses « regrets » face à la polémique générée et s’est dit « fortement attaché au développement » de la relation bilatérale.

    Paris et Alger se sont également opposés après l’annonce par la France début octobre de la réduction du nombre de visas accordés à ses ressortissants, pour faire pression sur le gouvernement algérien, jugé peu coopératif sur la réadmission des Algériens expulsés de France. Alger a alors déploré une décision prise « sans concertation préalable », qui « comprend l’anomalie rédhibitoire d’avoir fait l’objet d’un battage médiatique », avant de convoquer l’ambassadeur de France en Algérie. Mi-novembre, Jean-Yves Le Drian a appelé à une relation « de confiance » et à un « partenariat ambitieux » avec l’Algérie, au-delà des « blessures » mémorielles qui peuvent « parfois » réapparaître. Mais rien ne dit que la question des visas ne sera pas mise sur la table.

    Paris-Beacon, 08/12/2021

    #Algérie #France #Tebboune #Macron #Mémoire #Colonialisme #JeanYvesLeDrian #Visa

  • Fanon-Macron : le juste et le négationniste

    Fanon-Macron : le juste et le négationniste

    Fanon-Macron : le juste et le négationniste – Algérie, France, colonialisme, mémoire, histoire,

    Encore une fois, le journal Le Monde revient à la charge sur la question de la colonisation française en Algérie. Toujours sous la plume du spécialiste maison, cette fois, ce sont certains éléments de langage qui sont avancés dans le but évident de préparer le terrain au candidat Macron pour les prochaines élections présidentielles.

    Pour le Larousse, le négationnisme est une doctrine qui nie la réalité du génocide des Juifs par les nazis, et par extension le terme s’emploie, à propos d’autres génocides ou de certains massacres à grande échelle. S’agissant du fait colonial de la France en Algérie, Macron Emmanuel, le président de la France, peut-il être qualifié d’une telle épithète. ? Rappel des faits. En février 2017, le jeune candidat à la présidentielle, encore «vierge» politiquement, sans doute par honnêteté intellectuelle qualifiait la colonisation de «crime contre l’humanité». Sans aucune ambigüité, le candidat d’En Marche estimera que la France doit présenter ses «excuses à l’égard de celles et ceux envers lesquels (elle a) commis ces gestes» de «barbarie» selon ses dires. Aujourd’hui au moment où il entame sa deuxième campagne électorale pour la présidentielle, le discours de Macron a changé. Le président français parle plutôt de «blessure mémorielle» qui, selon le journal Le Monde, «froisse la France et l’Algérie.»

    Cet organe de presse, qui a décidé de confier le traitement de la question mémorielle à son spécialiste maison de la question algérienne, Mustapha Kessous (auteur du film documentaire sur le hirak algérien), est revenu au devant de la scène cette semaine en publiant un nouvel épisode de la nouvelle série concoctée par les services de communication de l’Elysée. Le journaliste du Monde nous livre quelques détails sur les profils des acteurs. Il nous apprend également que sur les 18 jeunes acteurs engagés au départ, trois ont été virés des plateaux de tournage car ils ne voulaient pas débiter bêtement leur texte contenu dans le synopsis validé par la tête d’affiche.

    Après cinq mois de tournage, Cette œuvre qui se veut «historique» pour la Macronie, verra son couronnement autour d’un futur grand show à l’occasion de la campagne électorale, où la tête d’affiche abordera un grand discours sur la colonisation en général et l’équation algérienne en particulier. Que dira-t-il ? Quelle attitude adoptera-t-il ? Inutile de multiplier les questionnements puisque la réponse finale a été balancée tel un spoil par un autre acteur (ou plutôt lofteur) de la Macronie, Karim Amellal. Pompeusement désigné par le très sérieux journal Le Monde, d’ambassadeur et délégué interministériel à la Méditerranée, ce dernier annoncera qu’au final, le résultat de l’équation de la guerre d’Algérie pour Macron est «un point d’équilibre en reconnaissant la singularité de chaque mémoire sans hiérarchiser les souffrances».

    «Sans hiérarchiser les souffrances»

    Le mot (ou plus le gros mot) est lâché. Au final, la Macronie suggère de mettre sur le même pied d’égalité l’ensemble des protagonistes de la longue et douloureuse période coloniale. Macron va assumer et annoncer, ou plutôt enseigner aux jeunes français que les crimes du général Bugeaud (tiens, il aurait dû faire appel à un de ses descendants) seront comparables à la révolution menée par l’Emir Abdelkader. «L’inventeur des chambres à gaz», selon Jean Michel Aphatie et idolâtré par Zemmour pour sa stratégie génocidaire contre la population algérienne au milieu du 19e siècle, Bugeaud, tout comme Clauzel ou de Lamoricière, tous mèneront la conquête sanguinaire de la France coloniale.

    Une colonisation qui anéantira par des méthodes barbares des villages entiers ne saurait en aucun cas être comparable à une résistance face à l’oppresseur, qui n’hésite pas à avoir recours «aux enfumades, aux razzias, aux regroupements de populations», selon les propres dires de Benjamin Stora. En intégrant dans son casting un descendant de l’OAS, Macron ne trouvera aucune difficulté pour justifier le bombardement au napalm, les tortures et les exactions de l’armée française. Il va oser les comparer à la lutte politique et armée d’une population qui a pris conscience que le «fait colonial» n’était pas un fait accompli. Ironie de l’histoire, au même moment, l’Algérie et les humanistes du monde entier se remémoraient Frantz Fanon à l’occasion des soixante ans de sa disparition.

    L’auteur des Damnés de la Terre écrivait que «L’homme colonisé se libère dans et par la violence». Seul moyen selon ce Martiniquais de naissance de se libérer du joug colonial. Si le colonialisme, explique Fanon, est une pure violence, la réponse du colonisé doit être tout aussi violente. Un auteur que le président français pourrait consulter ces jours-ci. Même si sa notion de «hiérarchiser les souffrances», restera inchangée, il pourrait sans doute mieux comprendre les souffrances de ses propres citoyens français martiniquais et guadeloupéens qui ont décidé, ces jours-ci de revendiquer leur droit à une citoyenneté française pleine et entière.

    C. S.

    L’Algérie d’aujourd’hui, 05/12/2021

    #Algérie #France #Macron #Colonialisme #Mémoire

  • La laïcité en France, un cadre ou une contrainte?

    La laïcité en France, un cadre ou une contrainte?

    La laïcité en France, un cadre ou une contrainte? – Islamophobie, loi contre le séparatisme islamiste

    – Alors que la laïcité est d’abord un garant du vivre ensemble et de la cohésion sociale, c’est paradoxalement une fracture sociale qui est constatée dans la société française
    Depuis la loi contre le séparatisme islamiste, à défaut de fournir un cadre adéquat au culte musulman, le gouvernement s’est engagé dans la voie d’une inflation législative. La création de la charte des principes de l’islam ancienne charte de la laïcité en est un exemple. Les organisations qui ont refusé de la signer ont rencontré quelques difficultés par la suite. La CIMG (confédération islamique des Milli Görus) par exemple, qui a inauguré la Mosquée Eyyup Sultan à Strasbourg en 2021 a refusé de signer la charte. D ‘après son président Fatih Sarikir, cette charte, qui avait d’abord pour but de « labelliser les imams », a par la suite été modifiée, la veille de sa présentation, pour contrer toute forme de discours allant à l’encontre des « valeurs de la République ». L’association a été accusée de sympathiser avec la mouvance des frères musulmans et de permettre à la Turquie de s’ingérer dans la politique française . Ces agissements du gouvernements inquiètent la communauté musulmane qui voit ses organisations se fermer petit à petit sans réelle justification.

    Il suffit désormais d’invoquer un motif lié à l’islam politique ou un rapprochement aux frères musulmans pour fermer une association, une école ou une mosquée. Cette année en quelques mois, plusieurs associations telles que l’association humanitaire musulmane Baraka City, le Collectif Contre l’Islamophobie en France (CCIF) ou le CRI ont été fermés. D’après le Premier ministre Gérald Darmanin, le CRI « appelait à la haine, à la violence et à la discrimination », les autres ont été fermées pour les mêmes raisons.

    Il y a quelques jours, la fermeture des comptes bancaires de plusieurs mosquées dans le Rhône inquiète. Kamel Kabtane, président du Conseil des mosquées du Rhône et recteur de la Grande Mosquée de Lyon considère ces opérations comme « soudaines » et prises « sans aucune justification ».

    Le ministère de l’Intérieur s’est armé d’un arsenal législatif pour faire pression sur les lieux de culte musulmans et les associations. L’article 82 est le plus controversé de cette loi contre le séparatisme. Il sanctionne tout « discours prononcé ou écrit affiché (…) dans les lieux où s’exerce le culte, contenant une provocation directe à résister à l’exécution des lois et aux actes légaux de l’autorité publique ». Mais à côté de cela, les autres cultes ne sont pas inquiétés alors que dans de nombreuses églises les prêches et discours religieux sont très proches des discours des imams. Selon la déclaration de Mgr de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques, en direct sur France info, en octobre 2021, « le secret de la confession est «plus fort que les lois de la République». Pourtant, aucune action sérieuse n’a été prise après cette déclaration qui fait suite à un rapport sur la pédocriminalité dans l’Église catholique.

    – Le rôle des médias dans la montée de l’islamophobie

    Dans cette chasse à l’islamisme où les discours sont de plus en plus virulents, c’est désormais toute la classe politico-médiatique qui crée l’amalgame dans les esprits. L’utilisation de certains termes proches du terme « islam » prête à confusion, ce qui rend la distinction entre islam et islamisme très difficile.

    Ces dernières années, le rôle des médias dans la montée des réactions identitaires a largement contribué à la montée d’un racisme structurel au sein de la société française qui existe en réalité depuis l’époque coloniale.

    Le polémiste et chroniqueur de la chaîne Cnews et candidat à la présidentielle 2022 , Eric Zemmour, n’a pas hésité à désigner les immigrés musulmans vivants en France « comme des criminels auteurs des attentats de 2015 » et « comme d’anciens colonisés devenus colonisateurs ». Il a été condamné pour cela, en septembre 2020, à 10 000 euros d’amende pour « incitation à la haine ». Ses discours islamophobes et xénophobes ont été condamnés à de nombreuses reprises ,ce qui ne l’a pas empêché de continuer à paraître de manière régulière dans le paysage médiatique français.

    Pourtant, la présence musulmane en France n’est pas récente, mais la régression économique du pays qui fait ressurgir les inégalités sociales, notamment avec les problèmes dans des banlieues, où vit une forte population d’origine immigrée, a conduit le gouvernement à se focaliser sur des problèmes moindres , pour en réalité, couvrir ses propres échecs.

    Tout ce tapage médiatique conduit des groupuscules identitaires à s’en prendre à des lieux de culte musulmans. Le 20 novembre courant, la mosquée Sounna de Besançon, dans le Doubs, a été découverte taguée de croix de Lorraine. Ce symbole de la résistance sous-entend la libération du territoire des musulmans. La ministre déléguée de la Citoyenneté, Marlène Schiappa , souligne « un climat de haine et de violence ».

    Paradoxalement, deux jours plus tard, la ministre s’est dite « choquée » par la présence à Bruxelles, au sein de la Commission européenne, de l’association musulmane FEMYSO, une association musulmane que certains croient proche de l’idéologie des Frères musulmans . D’après elle, cette association fait du prosélytisme islamiste. « Un petit tour sur les réseaux sociaux de cette organisation permet de voir à quel point ils tiennent des propos agressifs vis-à-vis de la France et de la culture française en la blâmant et l’accablant de tous les maux » justifie-t-elle, tandis qu’une note datant du 9 mars 2019 sur le site même de l’association nie tout lien avec les frères musulmans : « FEMYSO nie catégoriquement ces allégations calomnieuses qui n’ont pour volonté que miner notre organisation ».

    Ces réactions sans sanctions créent le sentiment d’un deux poids deux mesures dans le rapport de l’État avec les différents cultes et le sentiment que l’État fait preuve d’un manque d’univocité dans son rapport avec le culte musulman en France.

    En janvier 2021, 36 ONG, à travers 13 pays ont saisi le Conseil des droits de l’homme de l’ONU contre la France et lui reprochent d’avoir enraciné l’islamophobie et la discrimination contre les musulmans . Une démarche inédite contre la France mais qui donne une idée de l’image renvoyée à l’international.

    Alors que la laïcité est d’abord un garant du vivre ensemble et de la cohésion sociale, c’est paradoxalement une fracture sociale qui est constatée dans la société toute entière et qui pousse les musulmans à devoir se justifier constamment sur leur manière de vivre leur culte.

    * Les opinions exprimées dans cette analyse n’engagent que leur auteur et ne reflètent pas forcément la ligne éditoriale de l’Agence Anadolu.

    **Selma Bahous, activiste au sein de la société civile, militante contre l’islamophobie.

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    France : le Conseil d’Etat confirme la fermeture de la mosquée d’Allonnes
    – Le Conseil d’État a rejeté la demande de l’association Al Qalam qui contestait cette fermeture administrative.

    AA / Paris / Fatih KARAKAYA

    Le Conseil d’Etat français a confirmé, par une décision du 29 novembre, la fermeture pour 6 mois de la mosquée d’Allonnes dans le département de la Sarthe (ouest).

    En effet, suite à la fermeture de la mosquée, le 27 octobre dernier par la préfecture, l’association gestionnaire du lieu de culte avait déposé un recours devant la plus haute juridiction.

    Finalement le Conseil d’État a rejeté la demande de l’association Al Qalam qui contestait cette fermeture administrative.

    Les autorités françaises reprochaient à cette dernière « de promouvoir une pratique radicale de l’islam ».

    Ainsi, dans sa décision, le Conseil d’Etat estime « qu’il n’y a pas d’atteinte à la liberté de culte ».

    Contacté par Anadolu, Vincent Brengarth, un des avocats de la mosquée estime que « Le Conseil d’Etat a totalement fait l’impasse sur les éléments que nous produisions et donne tout crédit à une note blanche, pourtant largement contestée, si ce n’est discréditée. De tels méthodes ne peuvent que mettre à mal l’équilibre entre les parties et nourrir une potentialité d’arbitraire ».

    Il affirme également réfléchir à « un éventuel recours devant la CEDH après avoir épuisé les voies de recours internes dont un recours en annulation contre la mesure ».

    L’association avait déjà été déboutée par le tribunal administratif de Nantes qui avait déjà rejeté une requête en référé demandant la suspension de l’arrêté du préfet de la Sarthe.

    AA

    #France #Laïcité #Islamophobie #Mosquée #Macron #Religion

  • France: L’artiste noire Joséphine Baker honorée au Panthéon

    France: L’artiste noire Joséphine Baker honorée au Panthéon

    Emmanuel Macron, Marie Curie – France: L’artiste noire Joséphine Baker honorée au Panthéon

    PARIS (AP) – La voix de Joséphine Baker, parlant et chantant, résonnera mardi devant le monument du Panthéon à Paris, où elle doit être symboliquement intronisée – devenant ainsi la première femme noire à recevoir la plus haute distinction de France.

    Le président français Emmanuel Macron a pris la décision en août d’honorer la « figure exceptionnelle » qui « incarne l’esprit français », faisant de Baker également le premier citoyen né aux États-Unis et le premier artiste à être immortalisé au Panthéon. Elle rejoindra la scientifique Marie Curie, le philosophe Voltaire, l’écrivain Victor Hugo et d’autres sommités françaises. Cette décision vise à rendre hommage à « une femme dont toute la vie est tournée vers la quête à la fois de la liberté et de la justice », a déclaré le bureau de Macron.

    Baker n’est pas seulement saluée pour sa carrière artistique de renommée mondiale mais aussi pour son rôle actif dans la Résistance française pendant la Seconde Guerre mondiale, ses actions en tant que militante des droits civiques et ses valeurs humanistes, qu’elle a affichées à travers l’adoption de ses 12 enfants de dans le monde entier.

    Née à St. Louis, Missouri, Baker est devenue une mégastar dans les années 1930, notamment en France, où elle a déménagé en 1925 alors qu’elle cherchait à fuir le racisme et la ségrégation aux États-Unis.

    « Le simple fait qu’une femme noire entre au panthéon est historique », a déclaré à l’Associated Press le chercheur noir français Pap Ndiaye, un expert des mouvements américains pour les droits des minorités.

    « Quand elle est arrivée, elle a d’abord été surprise comme tant d’Afro-Américains qui se sont installés à Paris en même temps… de l’absence de racisme institutionnel. Il n’y avait pas de ségrégation… pas de lynchage. (Il y avait) la possibilité de s’asseoir dans un café et d’être servi par un serveur blanc, la possibilité de parler à des Blancs, d’avoir une relation amoureuse avec des Blancs », a déclaré Ndiaye.

    « Cela ne veut pas dire que le racisme n’existait pas en France, mais le racisme français a souvent été plus subtil, pas aussi brutal que les formes américaines de racisme », a-t-il ajouté.

    Baker faisait partie de plusieurs éminents Noirs américains, en particulier des artistes et des écrivains, qui ont trouvé refuge en France après les deux guerres mondiales, dont le célèbre écrivain et intellectuel James Baldwin.

    Ils étaient « conscients de l’empire français et des brutalités de la colonisation française, c’est certain. Mais ils avaient aussi une vie meilleure dans l’ensemble que celle qu’ils avaient laissée aux États-Unis », a déclaré à l’Associated Press Ndiaye, qui dirige également le musée français de l’immigration, géré par l’État.

    Baker est rapidement devenue célèbre pour ses routines de danse en jupe banane et a séduit le public des salles de théâtre parisiennes.

    Ses spectacles étaient controversés, a souligné Ndiaye, car de nombreux militants anticoloniaux pensaient qu’elle était « la propagande de la colonisation, chantant la chanson que les Français voulaient qu’elle chante ».

    Baker connaissait bien « les stéréotypes auxquels les femmes noires devaient faire face », a-t-il déclaré. « Elle s’est également éloignée de ces stéréotypes avec ses expressions faciales … une façon pour elle de rire d’une certaine manière des gens qui la regardent. »

    « Mais n’oublions pas que lorsqu’elle est arrivée en France, elle n’avait que 19 ans, elle était presque analphabète… Elle a dû construire sa conscience politique et raciale », a-t-il déclaré.

    Baker devient citoyenne française après son mariage avec l’industriel Jean Lion en 1937. La même année, elle s’installe dans le sud-ouest de la France, au château de Castelnaud-la-Chapelle.

    « Josephine Baker peut être considérée comme la première superstar noire. Elle est comme la Rihanna des années 1920 », a déclaré Rosemary Phillips, artiste née à la Barbade et copropriétaire de Baker’s Park dans le sud-ouest de la France.

    Phillips a déclaré que l’une des dames qui a grandi dans le château et a rencontré Baker a déclaré : « Pouvez-vous imaginer une femme noire dans les années 1930 dans une voiture avec chauffeur – un chauffeur blanc – qui se présente et dit : acheter les 1 000 acres ici ? »

    En 1938, Baker rejoint ce qu’on appelle aujourd’hui la LICRA, une éminente ligue antiraciste et défenseur de longue date de son entrée au Panthéon.

    L’année suivante, elle a commencé à travailler pour les services français de contre-espionnage contre les nazis, collectant notamment des informations auprès de responsables allemands rencontrés lors de fêtes. Elle a ensuite rejoint la Résistance française, utilisant ses performances artistiques comme couverture pour des activités d’espionnage pendant la Seconde Guerre mondiale.

    En 1944, Baker devient sous-lieutenant dans un groupe féminin de l’Armée de l’Air de l’Armée de libération française du général Charles De Gaulle.

    Après la guerre, elle s’est impliquée dans la politique antiraciste. Militante des droits civiques, elle était la seule femme à prendre la parole lors de la Marche sur Washington de 1963 avant le célèbre discours « I Have a Dream » de Martin Luther King.

    Vers la fin de sa vie, elle a rencontré des problèmes financiers, a été expulsée et a perdu ses biens. Elle a reçu le soutien de la princesse Grace de Monaco, l’actrice née aux États-Unis qui a offert à Baker un endroit où vivre pour elle et ses enfants.

    La cérémonie de mardi a été préparée de près avec sa famille, et plusieurs proches seront présents, a indiqué l’Elysée. Un cercueil transportant des terres en provenance des États-Unis, de France et de Monaco sera déposé à l’intérieur du Panthéon. Son corps restera à Monaco à la demande de sa famille.

    Albert II, prince de Monaco et fils de Grace, a honoré Baker en tant que « grande dame » lors d’une cérémonie lundi au cimetière où elle est enterrée. Paraphrasant le poète français Louis Aragon, il a déclaré que Baker était français « pas de naissance, mais par préférence ».

    Reuters, 30/11/2021

    #France #Macron #Joséphine_Baker #Panthéon