Étiquette : Emmanuel Macron

  • Macron : «Ce n’est pas moi, c’est Papon …»

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    La France n’a pas honte de ses crimes, elle «regarde toute son histoire avec lucidité et reconnaît les responsabilités clairement établies», a affirmé, hier, Emmanuel Macron, premier président français à se rendre sur un lieu de mémoire du massacre du 17 Octobre 1961. Un déplacement qu’il a, faut-il le préciser, effectué 24 heures avant la date de commémoration.

    Pour les 60 ans de ce massacre, le président Macron avait affiché le souhait d’aller plus loin que la «sanglante répression» admise par François Hollande, en 2012, mais ses «petits» pas n’arrivent pas à rattraper la grande reculade qu’il a enregistré avec les propos belliqueux qu’il a proférés, dernièrement, contre l’Algérie, son histoire et ses dirigeants. Comme ses prédécesseurs, le président français refuse de présenter des excuses pour les génocides et les abominables crimes commis par la France coloniale et c’est sans prise de parole qu’il a déposé une gerbe sur les berges de la Seine, à la hauteur du pont de Bezons, d’où ont été jetés, il y a six décennies, des dizaines de manifestants algériens. Lors de la cérémonie, il a respecté une minute de silence avant de s’entretenir, ensuite, avec des proches de victimes, invités pour la circonstance. Un communiqué de l’Élysée, diffusé juste après le recueillement, a indiqué que le président français «a reconnu les faits: les crimes commis, cette nuit-là, sous l’autorité de Maurice Papon (le préfet de police de Paris, NDLR) sont inexcusables pour la République».

    Macron, dans sa logique de «reconnaissance et non repentance», a, certes, parlé de «crimes inexcusables», mais non sans disculper l’État français en soutenant que c’est uniquement «sous l’autorité de Maurice Papon» que les crimes ont été commis. C’est comme si Papon avait agi seul, alors que c’est bien la responsabilité de l’État français de cette époque qu’Emmanuel Macron devrait reconnaître. Et si Hollande avait rendu «hommage à la mémoire des victimes», Macron, lui, a préféré parler de victimes de «tous côtés».

    Il a ainsi expliqué que si la France doit regarder son histoire avec lucidité, «Elle le doit d’abord et avant tout, à elle-même, à toutes celles et ceux que la guerre d’Algérie et son cortège de crimes commis de tous côtés ont meurtris dans leur chair et dans leur âme. Elle le doit en particulier à sa jeunesse, pour qu’elle ne soit pas enfermée dans les conflits de mémoire, et construise, dans le respect et la reconnaissance de chacun, son avenir.» Macron veut, ainsi, mettre bourreau et victime sur un même pied d’égalité. Peut-il le faire en regardant droit dans les yeux les proches de Fatima Dedar, l’enfant de 15 ans qui a été noyée dans la Seine?

    Ni le jeune âge de Fatima, ni son cartable de collégienne, encore moins ses tresses enfantines, n’ont réussi à arrêter son bourreau. Qu’a fait la France coloniale à cette époque? Son administration s’était empressée à affirmer qu’il n’y avait eu que deux décès et aucun disparu.

    Le 31 octobre, lorsque le corps de la jeune Fatima, coincé dans une turbine de l’écluse de la Seine, a été retiré dans un état de dégradation avancé, la police, poursuivant sa logique de déni, a conclu à un suicide. C’est dire qu’il y a eu mensonges d’État! Mais la France n’a pas à avoir honte ni à s’excuser puisque -comme le soutien son président- elle reconnaît les faits. Pourquoi avoir alors créé des tribunaux pour juger les criminels de guerre, les tortionnaires et ceux qui ont commis des génocides puisque l’État colonial, qui a commis des enfumades, anéanti des villages entiers ou qui compte par dizaines de milliers de victimes des essais nucléaires n’est pas prêt à regretter ses gestes ni à s’en repentir affirmant qu’une reconnaissance des faits suffit largement à «réconcilier et apaiser les mémoires»?

    Hasna YACOUB

    L’Expression, 17/10/2021

  • « L’étrange obsession de Macron » pour la Turquie, selon Filiu

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    L’expert du Moyen-Orient Jean-Pierre Filiu a publié dimanche dans le quotidien français « Le Monde », un article de blog intitulé « L’étrange obsession de la France pour la Turquie au Maghreb ».

    L’historien français Filiu a constaté que « le président Macron ne cible que la Turquie dans ses interventions sur le Maghreb, où la Russie et les Émirats arabes unis s’emploient pourtant à saper l’influence française », rappelant des déclarations du Président français Emmanuel Macron sur l’Algérie et la Turquie.

    L’historien a noté qu’il est « légitime » que Macron s’inquiète des campagnes supposées de diffamation contre la France « inspirées par le président Recep Tayyip Erdogan », notamment lors de « la polémique internationale » d’octobre 2020 sur les caricatures contre le prophète Mahomet.

    Déclarant que la visite du président algérien Abdelmadjid Tebboune à Ankara marquera « une sorte d’apogée » des relations entre l’Algérie et la Turquie, Filiu a noté qu’ « à trop se focaliser sur Erdogan, Macron en finit par oublier que c’est plutôt de la Russie et des Émirats arabes unis qu’émanent les plus sérieuses menaces à l’influence française au Maghreb. L’aveuglement du président français au Maghreb découle directement de la politique erronée qu’il a suivie en Libye durant les trois premières années de son mandat ».

    Filiu a affirmé que le soutien de Macron à Khalifa Haftar, l’ex-général à la tête des forces illégitimes de l’est de la Libye, avait provoqué la reprise de la « guerre civile » dans le pays en 2019 et sapé le travail de médiation de l’Organisation des Nations unies (ONU).

    Notant que la France s’était « discrètement » rangée du côté de la Russie, des Émirats arabes unis, de l’Égypte et de l’Arabie saoudite, Filiu a ajouté que « l’offensive de Haftar n’aboutit qu’à jeter le gouvernement de Tripoli dans les bras de la Turquie, dont l’intervention renversa la donne militaire, avec débandade des « mercenaires » russes engagés aux côtés de Haftar ».

    Dans ce contexte, Filiu a attiré l’attention sur le fait que si la France observe les actions et objectifs de la Russie envers le Maghreb avec « tolérance », elle juge les objectifs de la Turquie comme « hostiles ».

    Précisant que Moscou est « de loin » le premier partenaire militaire de l’Algérie, Filiu a noté qu’ »Il est dès lors paradoxal d’entendre le président français dénoncer « le système politico-militaire qui s’est construit sur cette rente mémorielle »anti-française en Algérie sans jamais mentionner la Russie, pourtant le principal allié extérieur d’un tel « système » ».

    « Ce silence est d’autant plus troublant que Macron ne se prive pas de fustiger les autorités maliennes lorsqu’elles envisagent de recourir à des « mercenaires » russes », note encore l’historien français.

    Filiu a déclaré que Macron avait ouvertement exprimé « sa proximité », voire sa « complicité » avec le prince héritier des Émirats arabes unis Mohammed Ben Zayed Al Nahyan.

    Constatant que les réserves de la France envers Abou Dhabi ont disparu après que les Émirats arabes unis ont signé « l’accord de paix » avec Israël en septembre 2020, Filiu a également noté que « c’est oublier que Mohammed Ben Zayed lui-même entretient des relations peu avouables avec des ennemis déclarés de la France, à commencer par le satrape tchétchène Kadyrov ».

    Filiu a estimé que Nahyan « se venge » de la défaite de Haftar en Libye en sabotant « l’expérience démocratique » en Tunisie.

    Arguant que les Émirats arabes unis et l’Égypte ont joué un rôle important dans la décision du président tunisien Kaïs Saïed de « suspendre le processus constitutionnel » dans son pays, Filiu a affirmé que les Émirats arabes unis avaient également contribué à l’escalade des tensions entre l’Algérie et le Maroc.

    « Espérons que la lucidité dont Macron vient de faire preuve envers le régime algérien ne soit pas aussi tardive s’agissant des visées des Émirats arabes unis dans la région. Dans le cas contraire, les relations franco-maghrébines entreront dans une zone de turbulences accrues, dont la Turquie tirera naturellement bénéfice, sans en être pour autant la cause », a encore noté l’historien.

    – Les déclarations de Macron sur l’Algérie et la Turquie

    Dans une déclaration faite le 30 septembre, Macron a estimé que « La construction de l’Algérie comme nation est un phénomène à regarder », le président français posant la question « Est-ce qu’il y avait une nation algérienne avant la colonisation française ? », et d’ajouter « Ça, c’est la question. Il y avait de précédentes colonisations. Moi, je suis fasciné de voir la capacité qu’a la Turquie à faire totalement oublier le rôle qu’elle a joué en Algérie et la domination qu’elle a exercée. Et d’expliquer qu’on est les seuls colonisateurs, c’est génial. Les Algériens y croient ».

    Le président français avait dénoncé ce qu’il avait qualifié d’une « histoire officielle » selon lui « totalement réécrit[e] » et qui ne s’appuie pas sur des « vérités » mais sur « un discours qui, il faut bien le dire, repose sur une haine de la France ».

    Estimant que la nation algérienne s’est construite après 1962 sur une déchirure de mémoire, le président français ajoutait que le problème est présenté comme la France. Macron a annoncé son intention de faire produire des publications en arabe et en berbère contre « la désinformation et la propagande qui seraient faites par les Turcs ainsi que sur ce qu’il qualifie de réécriture de l’histoire du Maghreb.

    Anadolou

  • Algérie-France : Indigérable passé, présent brouillé

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    La photo souvenir du 60e anniversaire du massacre du 17 octobre 1961 à Paris est la suivante : en Algérie, une commémoration marquée par le message du chef de l’Etat, samedi 16 octobre, par lequel il rend hommage aux victimes et promet aux Algériens de l’étranger une meilleure écoute et une meilleure prise en charge de leurs besoins au pays comme à l’extérieur.

    Par Lyes Sakhi
    Une annonce que la journée du 17 octobre sera chaque année un moment de souvenir national à la célébration duquel sera observée une minute silence et de recueillement à la mémoire des morts noyés dans la Seine ou assassinés par balles. Le déplacement, enfin, de M. Tebboune, hier, 17 octobre, au sanctuaire du Martyr à Alger, pour s’incliner devant les victimes du massacre et déposer une gerbe de fleurs au pied de la stèle commémorative. Sur la même photo, à l’échelle du gouvernement, la déclaration du Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, que les manifestations du 17 octobre 1961 à Paris marquent «une date sombre dans l’histoire de l’occupation, une date que nul ne peut effacer».

    En France, on retient de cette photo une commémoration marquée par le geste du président Emmanuel Macron de se rendre pour un dépôt de gerbes et une minute de silence sur les berges de la Seine à hauteur du pont de Bezons, le 16 octobre 2021, d’où a commencé la répression par la police parisienne des manifestants algériens pacifiques. A cette initiative, s’est ajouté durant la même journée un communiqué de l’Elysée dénonçant des «crimes inexcusables pour la République». En France, toujours, le 17 octobre, on voit sur cette photo, le préfet de police de Paris, Didier Lallement, déposer une gerbe de fleurs près de la Seine au niveau du Pont Saint-Michel. On gardera de son geste le fait qu’il est le premier préfet de police de Paris à rendre hommage aux victimes algériennes.

    Pendant sa présence sur les lieux, la sonnerie aux morts a résonné. Puis une minute de silence a été respectée «à la mémoire des morts du 17 octobre 1961», selon les paroles prononcées par une représentante de la préfecture de police au micro. En France, toujours, le défilé de «quelques centaines de manifestants», selon l’AFP, pour scander «17 octobre 1961, crime d’État» et brandir la banderole «pour la reconnaissance d’un crime d’État» à l’appel de «dizaines d’organisations et d’associations (LDH, SOS Racisme, Mrap, Attac, Gisti, etc.), de syndicats et de partis de gauche (EELV, LFI, PCF…)», ajoute l’agence de presse.

    Entre les deux, plusieurs historiens qui considèrent en Algérie comme en France que le geste du président français est «un petit pas de plus», mais que «ce n’est pas satisfaisant», ainsi que le résume l’historien spécialiste de la colonisation Gilles Manceron. «C’est une reconnaissance d’un crime de préfecture. Nous demandons une reconnaissance de crime d’État et l’accès réel aux archives», a-t-il déclaré. Entre les deux, la lecture est que, pour les Etats algériens et français, c’est du «chacun de son côté» pour reprendre la formule d’un observateur du bilatéral algéro-français sur les sensibles questions de l’histoire et de la Mémoire. En France, l’Etat avance sur ce dossier suivant une logique politique claire qui tient compte des courants et des sensibilités encore fortes dans l’Hexagone par rapport à une certaine idée de la France et par rapport à tout ce qui relève de l’héritage colonial, en particulier en Algérie, et de la perspective de la présidentielle de 2022 pour laquelle le président Macron se positionne chaque jour.

    En Algérie, l’Etat, défenseur de l’histoire et de la mémoire nationale qu’il considère attaquée par des nostalgiques de la colonisation et des «lobbies incapables de s’affranchir dans leur extrémisme chronique», est dans une approche «loin de la prédominance de la pensée colonialiste», selon la dernière déclaration du président Tebboune, samedi 16 octobre. Le président de la République a ajouté qu’il est désormais question de «traiter les dossiers de l’histoire et de la mémoire sans complaisances, ni compromissions et avec le sens aigu des responsabilités»… Une déclaration qui confirme le «chacun pour soi» et l’inexistence aujourd’hui de signaux de rapprochement entre l’Algérie et la France officielles sur ce qui est appelée la «guerre» ou le «contentieux» mémoriels depuis l’adoption en France de la loi abrogée du 23 février 2005 portant «reconnaissance de la Nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés».

    Cette perspective est rendue plus éloignée par le calendrier politique et électoral en France, qui ne devrait pas dicter au président candidat Macron de faire avant le printemps 2022 de nouveaux pas vers la «vérité» et la «reconnaissance», selon les termes des historiens algériens et français qui réclament la qualification de «crime d’Etat» pour les massacres d’octobre 1961. Elle ne semble pas envisageable au vu de l’orientation d’intransigeance actuellement audible dans le discours de l’Etat algérien, qui a ses difficultés spécifiques au contexte national actuel, sur la lecture à donner sur la séquence coloniale.

    Pour revenir à la photo, l’image qu’elle renvoie, si on peut dire, est celle d’un indigérable passé et d’un (presque) ingérable présent dont la gestion ne peut qu’évoluer comme toute chose par nature. Mais quand, donc, aura lieu ce rapprochement ? La seule réponse intelligente à cette interrogation est que le débat mémoriel n’a jamais été aussi prépondérant en France comme en Algérie. La logique est qu’il débouche sur des ouvertures certaines contre les tabous politiques qui ont perduré depuis soixante ans.

  • Macron et sa prose

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    Le rivage de la réconciliation mémorielle entre l’Algérie et la France est si lointain. Le « nouveau geste» d’apaisement annoncé en grande pompe à l’occasion de la célébration du massacre du 17 octobre 1961, tant attendu lors de la sortie du président français, n’a pas eu lieu. Déception totale à Alger qui n’a vu aucune évolution positive dans l’attitude de la France officielle. En affirmant «reconnaître les faits» dont il attribue la responsabilité au préfet de police, Maurice Papon, le chef de l’État français entretenant l’amalgame entre le bourreau et sa victime et en reniant les faits pourtant clairs, finit, en bout de course, par s’enfermer lui-même dans les «conflits de mémoires» qu’il perpétue. Comme un crabe, le président Macron avance à reculons.

    C’est à peine qu’il reconnaît du bout des lèvres la tragédie du 17 octobre 1961et s’interdit de présenter des excuses au peuple algérien, mais pour les harkis il s’est bien excusé. Plus encore, il impute la tragédie au préfet de l’époque, Maurice Papon alors que c’est un crime d’État qui implique la République française avec ses rouages administratifs et policiers. Papon dirigeait une police républicaine au nom de laquelle il a commis un carnage. Les propos de Macron sonnent alors comme une fuite en avant, une esquive qui consiste à exonérer les responsables politiques de toute culpabilité dans les crimes commis au nom de la République française.

    Le préfet Papon n’est qu’un rouage dans l’appareil d’État français qui a froidement planifié et exécuté une campagne massive d’arrestations et d’exécutions.

    Cette nouvelle posture de l’Hexagone n’ est pas faite pour primer l’apaisement et la réconciliation qui vont panser les profondes déchirures mémorielles qui traversent les sociétés algérienne et française. Mais faisons l’hypothèse charitable qu’il est écrit quelque part que les dirigeants français ont un goût immodéré de la controverse. Macron ne déroge pas à cette culture héritée du général de Gaulle qui a toujours excellé dans cet «art».

    Saluant «l’immortel génie de la France, (…) pour élever les hommes au sommet de la dignité…», en 1944, lors de la conférence de Brazzaville, le général cautionne vaillamment la déportation de Messali El Hadj la même année et dans la même ville. Le général n’avait-il pas lancé le plan de Constantine, proposé la paix des braves et accepte de négocier avec le GPRA, tout en rappelant 15 000 militaires réservistes, et ordonnant au général Challe «d’écraser la rébellion du FLN».

    La France de Macron n’a pas encore trouvé le courage collectif pour affronter ses crimes. «Tendre la main, retisser les liens, ce n’est pas s’humilier par je ne sais quelle repentance, c’est se grandir, c’est être fort.», c’est la prose du président Emmanuel Macron. Y croit-il vraiment?

    Brahim TAKHEROUBT

    L’Expression, 18/10/2021

  • Macron s’est excusé aux Harkis, mais pas aux algériens

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    L’historien Ouddène Boughouflala : « Il faut en finir avec le néocolonialisme masqué»

    Entre Alger et Paris, le  poids de l’histoire demeure toujours présent, alors que pour une certaine classe politique française de gauche ou de droite, la nostalgie de l’Algérie française continue d’animer les ambitions politiques à l’approche des élections. L’historien Ouddène Boughoufala ne cache pas son exacerbation face aux surenchères politiciennes de la France. «Paris a toujours cette nostalgie d’un passé colonial qui l’empêche de saisir le fait que l’Algérie de 2021 n’est ni celle de 1830 ni celle de 1962», assène-t-il.Le chercheur au Laboratoire des études historiques et archéologiques d’Afrique du Nord est des plus explicites  : «Si la France veut établir des relations politiques solides avec l’Algérie, elle doit de prime abord revoir sa présence en Algérie comme pays colonisateur, qui a commis les crimes les plus odieux et barbares.» Ensuite, «comprendre le fait que la diplomatie passe également par l’histoire», poursuit-il, avant de préciser que «l’acharnement de la France de Macron s’explique par des facteurs internes liés à l’approche de l’élection présidentielle et la tentative de gagner l’adhésion de l’électorat de l’extrême droite».

    Le chercheur explique, dans le même sillage, que la pression exercée par l’Algérie concernant la question de la mémoire et de la reconnaissance des crimes coloniaux«n’a pas réjoui apparemment les apôtres du néocolonialisme en France». Boughoufala rappelle que «Macron a présenté les excuses de la France aux harkis et non pas aux Algériens victimes de la barbarie des léopards français, ni les victimes de la torture et ni celles des essais nucléaires». Une attitude que l’historien n’hésite pas à qualifier de «pernicieuse qui illustre parfaitement le complexe des acteurs politiques français et leur nostalgie coloniale». En référence aux déclarations du chef de l’Etat, le chercheur fait savoir que «le dossier de la mémoire continue de miner les relations entre les deux pays», en raison, dit-il,«des lobbies exerçant leur influence sur la sphère politique à Paris».

    Le Pr. El Houcine Hammache, spécialiste en psychologie sociale : «Le message de Tebboune a été clair»

    Le spécialiste en psychologie sociale, le Pr El Houcine Hammache, a relevé que, dans son message à l’occasion de la Journée nationale de l’émigration, le président de la République n’a pas fait dans le politiquement correct, dans le sens où il a affirmé que l’Algérie est un état souverain. «Les déclarations du chef de l’Etat ont un effet immédiat à l’encontre d’une impulsivité politique d’un Macron à la recherche d’un électorat supplémentaire.

    Le Pr. Hammache affirme que par son «intransigeance», le président français rappelle aux Français que l’Algérie possède des arguments valables qui fortifient ses positions» et surtout, poursuitil,«son exigence de la réouverture de tous les dossiers concernant la barbarie coloniale». Pour le chercheur, les déclarations du chef de l’Etat sont claires dans le sens où il refuse de faire des concessions et exige la reconnaissance par la France de ses crimes de guerre, qui ont débuté avec le début de leur colonialisme, soit de 1830 à 1962.

    «Le président de la République a réagi tout simplement aux déclarations du président français, en démontrant que nous avons beaucoup d’arguments qui sont justes et valables sur les plans politique, social et psychologique. L’Algérie n’a pas bénéficié de ses droits comme nation victime d’une longue nuit de colonialisme», ajoute-t-il. En effet, le dossier de la mémoire hante les esprits des néocolonialistes français dans leur quête d’un passé qu’ils estiment glorieux, mais qui n’était au final qu’un épisode de terrorisme civilisationnel.

    Samira Azzegag

    Horizons, 18/10/2021

  • El Moudjahid : Macron disculpe l’Etat français

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    En n’assurant n’avoir aucune attache avec les partisans de la « nostalgérie » le président français veut résumer par ce barbarisme la douleur et l’émotion des proches des victimes tout en affirmant s’engager résolument dans la voie de la réconciliation des peuples français et algérien. La peine des gens qui ont vu mourir les leurs, jetés dans la Seine, les mains attachées, peut-elle être réductible à de la nostalgie. Il y a des mots qui blessent autant que les balles quand on se moque du respect.

    L’auteur de la Gangrène et l’oubli aura bien du mal à le convaincre de franchir le Rubicon, car Emmanuel Macron ne cesse de mettre de la politique dans son vin mémoriel.

    C’est un véritable déni de vérité, une hallucinante disculpation de l’Etat français qu’a accomplis le Président Macron en lavant cet Etat de la responsabilité des horribles crimes perpétrés en ce 17 octobre 1961.

    Il s’est contenté de faire porter la responsabilité de ces assassinats sur le seul préfet de Paris, Maurice Papon, évitant également de les qualifier de crime d’État.

    Il faut être absolument naïf pour croire que Papon pouvait avoir pris la décision de donner ordre à la police parisienne de réprimer avec une extrême sauvagerie, des manifestants pacifiques et sans armes.

    En vérité, le préfet, dont ce n’est pas la première équipée sanglante, ne pouvait qu’être missionné par les très hautes sphères du régime gaulliste pour accomplir la sale besogne.

    Se rendre sur un lieu de mémoire, observer une minute de silence et lancer une gerbes de fleurs dans la Seine, témoin éternel de la nuit d’horreur, ne trompe personne. L’acte, aussi solennel soit-il, est totalement improductif.

    On comprend bien que le crime d’Etat n’entre pas dans la volonté de ce président. Faut-il le répéter. Il y a là, tout au plus, un clin d’œil évident en direction d’un électorat qu’il courtise dans la course à l’Elysée.

    Tout compte fait, Macron s’inscrit dans la continuité de la politique française et ne change dans le fond, rien à l’affaire.
    Que vaut, en réalité, la portée de son «geste» ? Presque rien. Contrairement à de nombreux pays qui ont reconnu les crimes perpétrés au cours de leur histoire coloniale, contre les autochtones, comme l’Allemagne, la Grande-Bretagne, la Belgique, sans oublier les Etats-Unis, la Nouvelle-Zélande, l’Australie ou le Canada, la France se signale par cette attitude inacceptable pour les victimes et leurs descendants, ainsi que pour le peuple algérien.

    Encore une fois, elle se dérobe en accomplissant un acte, sur le pont de Bezons, historiquement et politiquement irrecevable.

    Pour Mehdi Lallaoui, cinéaste et auteur d’un excellent documentaire sur la douloureuse tragédie du 17 octobre 1961, président de l’Association Au nom de la mémoire, « c’est une occasion ratée, très en-deçà de ce que l’on attendait ». « Les assassins ne sont pas nommés. Il n’y a que Maurice Papon qui l’est. C’est insupportable de continuer dans ce déni, que l’on ne puisse pas nommer la police parisienne, que l’on ne puisse pas citer Michel Debré, Premier ministre à l’époque, ou le général de Gaulle ».

    EL MOUDJAHID, 18/10/2021

  • Le conflit franco-algérien expliqué aux naïfs

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    Pour les naïfs, les causes de la tension entre Paris et Alger sont :

    • Les déclarations de Macron sur l’histoire de l’Algérie et la question des visas ne passent pas
    • L’Algérie de la France attend des excuses pour les crimes coloniaux
    • La France n’a pas pardonné au FLN son départ de l’Algérie
    • L’Algérie exige « respect total » de la France, à la suite d’une querelle diplomatique sur les visas et des commentaires critiques de Paris sur le pays d’Afrique du Nord.
    • L’Algérie accuse l’ancienne métrople de « génocide » et a rappelé son ambassadeur de Paris le 2 octobre en colère contre ce qu’elle a qualifié de propos « inadmissibles » attribués au président français Emmanuel Macron.
    • Le rappel immédiat de l’ambassadeur d’Algérie de France pour « consultations » est intervenu dans un contexte de tension autour d’une décision française de réduire fortement le nombre de visas qu’elle accorde aux citoyens algériens, marocains et tunisiens.

    La réalité :

    L’Algérie désire mettre fin à la source de tous les problèmes de l’Afrique du Nord : La politique de tension de la France:

    -Son soutien au statu quo au Sahara Occidental, sa guerre contre Kadhafi et les problèmes qui en ont résulté, son soutien aux mercenaires de Haftar en Libye, son échec au Mali…)

    -Son silence sur les scandales du Maroc : Espionnage, Pegasus, terrorisme, chantage à l’émigration
    -Les attaques des responsables et des médias dirigées contre l’Algérie accompagnées de louanges et des déclarations mielleuses à l’adresse du Maroc.
    -Ses critiques à la « répression en Algérie » et son silence sur le supplice du peuple marocain

    En France, la vision de l’Algérie est celle d’un pays acculé depuis le dénommé Printemps Arabe et tremble face à l’idée de suivre le sort de la Libye de Kadhafi. De ce fait, le président Abdelmadjid Tebboune, après avoir renforcé l’Etat algérien avec des institutions démocratiques soutenues par la jeunesse du Hirak authentique, est déterminé à rendre à l’Algérie le rôle qui lui correspond en tant que première puissance militaire et économique du Maghreb. Dans cette voie, le courage et la détermination du président turc Tayyip Erdogan en Syrie, en Libye et en Chypre est un exemple à suivre pour l’équipe de Tebboune.

    La situation politique et sociale des peuples de la région restera une utopie en raison des velléités colonialistes et impérialistes de la France. Par conséquent, la solution passe par la lutte contre toute trace de la France. Dans ce contexte, les pas suivis par Alger sont :

    -La prise en main du contentieux du Sahara Occidental utilisé par la France pour régler ses comptes avec l’Algérie

    -La rupture avec le Maroc.

    -La fermeture du ciel algérien aux aéronefs militaires françaises en solidarité avec le Mali qui tente de sortir de l’emprise de la Françafrique.

    Et ce n’est que le début. Il faut s’attendre à davantage de rebondissement du réveil algérien qui promet des changements décisifs dans la région.

  • France-Algérie : Le jeu de Macron

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    Après ses provocations envers l’Algérie en allant jusqu’à remettre l’histoire d’une Nation pour légitimer indirectement la colonisation en Algérie, Macron a prôné, dans un entretien diffusé mardi, un apaisement dans les relations entre Paris et Alger. « Mon souhait, c’est qu’il y ait un apaisement parce que je pense que c’est mieux de se parler et d’avancer. Il y a sans doute des désaccords mais la vie, c’est fait pour parler des désaccords et aussi les partager », a déclaré le chef de l’Etat, dans un entretien accordé lundi soir à France Inter et diffusé mardi matin.

    « Il y aura immanquablement d’autres tensions, mais je pense que mon devoir, c’est d’essayer de faire cheminer ce travail» de mémoire, a-t-il ajouté. Mais, Macron est allé au-delà de la mémoire commune entre l’Algérie et la France, en évoquant la question des «Ottomans» en Algérie. Déjà, cette question des Turcs en Algérie est, avant tout, une affaire algérienne dont le dossier doit être traité par des Historiens et non par des politiques. «Des tensions, il y en aura…».

    C’est comme si l’Histoire allait déranger les politiques. Or, depuis l’événement du malaise Zeroual-Chirac, il n’y a pas eu de tension entre l’Algérie et la France. Déjà, le travail de mémoire est une source d’apaisement et non de tension.

    La « provocation » de Macron était délibérée, d’ailleurs il ne s’est même pas excusé. La France a peur que l’Algérie se rapproche trop de la Chine. Et cette «provocation» viserait, en premier lieu, la Turquie qui s’est rapprochée de la Russie.

    La «provocation» de Macron qui est non pas vers le régime mais vers tout un peuple, est aussi une stratégie électoraliste pour «rassurer» la droite et l’extrême droite en France.

    La meilleure réponse de l’Algérie est de donner la parole et d’ouvrir les espaces aux Historiens afin de traiter les questions d’Histoire et de crimes contre l’humanité durant la période coloniale.

    Le Carrefour d’Algérie

  • Présidentielles françaises: la course démarre

    France, élections présidentielles, droite, extrême droite, Emmanuel Macron, Marine Le Pen,

    Le système politique laïc et farouchement anticlérical en France n’a pas incité ceux qui ont présenté leurs candidatures, par exemple, à aborder dans le discours où l’Islam et le terrorisme islamique occupent une place primordiale, la honteuse question de la propagation de la pédophilie dans les différentes institutions de l’Eglise, notamment catholiques. L’erreur est humaine et nul n’est à l’abri des tentations, si ces faits étaient des simples cas isolés et ce genre de transgression contre nature commis dans des lieux de spiritualité et de culte, ne serait pas devenu un phénomène, objet de discussion chez un public large, faisant les «une» des médias et inspirant écrivains et polémistes…

    L’on dirait même que ces scandales en série, à l’arrière goût moral, seraient avec d’autres scandales financiers, derrière la démission du précédent Pape Benoit XVI … Il serait judicieux, dans le même sens des idées, de rappeler qu’en France toutes les religions de la planète ou presque sont représentées dans la métropole et les communautés pratiquant ces croyances ne sont jamais dérangées… L’Islam seul fait l’exception: «Quand on veut noyer son chien, on dit qu’il a la rage», disait un adage bien de chez eux…

    D’abord, dès la chute du communisme, l’ennemi juré d’autrefois, de l’Occident…, l’on avait commencé à se chercher un nouveau danger voire un autre ennemi. En Occident, il y a un problème, éternellement, indénouable, c’est rester sans se faire un ennemi.

    Donc, après la chute libre du communisme en tant qu’idéologie, en tant que groupe d’Etats puissants, l’on va se mettre à diaboliser cet Islam et l’accuser de tous les maux, quitte à monter des faux groupuscules terroristes – Daech un exemple frappant – qui vont s’attaquer, au nom de je ne sais quel Djihad, non seulement aux intérêts vitaux de par le monde, de l’Occident – la France, évidemment, entre autres- mais ces groupuscules téléguidés par la CIA, la DGSE and Co, vont menacer l’existence de cet Occident hautement civilisé et extrêmement développé ; les médias occidentaux, reliés par une élite d’écrivains à la solde, vont jouer un rôle déterminant, afin de convaincre les masses fanatisées de la justesse de ces thèses.

    Puis, l’on s’était retourné contre les communautés musulmanes vivant comme immigrés ou comme citoyens intégrés ou naturalisés, afin de les pousser à accepter les aspects négatifs de cette civilisation, qui ne s’accommodent pas avec les préceptes de leur religion ou de leur us et traditions à l’instar de certaines formes de libertinage et de débauches institutionnalisées.

    Le candidat Zemmour, un des champions de cette croisade, avait clairement, exprimé et sans détour cette nouvelle idéologie: «Ils devront choisir entre l’Islam ou la France»…

    Le Carrefour d’Algérie, 17/10/2021

  • Visa et mensonges !

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    La question du «visa» entre l’Algérie et la France continue de faire polémique d’autant que la France a réduit le nombre d’octroi de visa aux Algériens. La France a annoncé le 28 septembre une réduction de moitié des visas pour l’Algérie et le Maroc et d’un tiers pour la Tunisie, invoquant comme raison le «refus» de ces pays de délivrer les laissez-passer consulaires nécessaires au retour des immigrés refoulés de France. 
    Tebboune a accusé ce dimanche le ministre de l’Intérieur de mentir sur le nombre d’immigrés clandestins algériens à refouler depuis la France. «Il n’y a jamais eu 7.000 Algériens à expulser. La France a évoqué avec nous plus de 94 Algériens. Jamais il n’y en a eu 7.000», a déclaré Abdelmadjid Tebboune ce dimanche soir, dans un entretien avec plusieurs médias algériens. 
    Entre 94 et 7.000 personnes, il y a une grande différence. La France va certainement réagir et laisser indiquer qu’il s’agirait de 7.000 algériens en situation irrégulière qui devraient être expulsés. Mieux, l’Algérie refuse catégoriquement de recevoir tout binational, né en France, lié au terrorisme. 
    «La liste qui nous est parvenue en 2020 et les trois listes en 2021 comptaient 94 cas, parmi lesquels 21 ont été acceptés et 16 autres rejetés», a assuré le président Tebboune. «Ils ne vont pas rentrer (en Algérie) car ils sont liés au terrorisme. Ils sont venus de Syrie. (…) Il y a des binationaux qui n’ont pas de famille ici», a-t-il expliqué. 
    Cette fois-ci, le pouvoir algérien veut mettre les choses au clair sur la question du visa qui devient du «chantage». Le «visa» prive des Algériens d’aller voir leur famille en France. 
    Tebboune n’hésite pas à rappeler au pouvoir français les accords d’Evian et de 1968 sur la libre circulation. 
    «La réduction des visas est une question qui relève de la souveraineté de tous les Etats, y compris pour l’Algérie, à condition qu’elle respecte les accords d’Evian et les accords de 1968 qui dictent certaines mesures», a-t-il souligné. 
    Alger refuse que l’Algérie soit traitée comme d’autres pays sur la question, entre autres, des visas. «Ne nous mélangez pas avec d’autres pays. (…) L’Algérie est un pays spécial» pour la France, a-t-il ajouté en répétant: «Il y a des accords qui nous lient», a-t-il relevé. 
    Ce qui est certain, ce sujet continuera d’alimenter la polémique.
    B. Nadir