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  • Alger exige de Paris le « respect total de l’Etat algérien »

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    Un éventuel retour de l’ambassadeur d’Algérie en France, rappelé au début du mois à Alger après des propos critiques du président Emmanuel Macron, est « conditionné au respect total de l’Etat algérien » par Paris, a déclaré dimanche le président algérien Abdelmadjid Tebboune.

    Le retour de l’ambassadeur d’Algérie en France « est conditionné au respect de l’Algérie, le respect total de l’Etat algérien. On oublie qu’elle a été un jour une colonie française […] L’Histoire ne doit pas être falsifiée », a déclaré Abdelmadjid Tebboune à des médias algériens, dans sa première déclaration publique en réaction aux propos du président français.

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    Après avoir demandé à son ambassadeur de rentrer et interdit le survol par les avions militaires français de son espace aérien, l’Algérie répond à la France par la voix de son président, Abdelmadjid Tebboune.

    « Il n’y a jamais eu 7.000 (Algériens à expulser). La France a évoqué avec nous plus de 94 (Algériens). Jamais il n’y en a eu 7.000 », a-t-il déclaré à plusieurs médias algériens.

  • Le président Tebboune exige le "respect total" de la France

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    Le président algérien a exigé de Paris ce dimanche « un respect total de l’Etat algérien », soulignant à l’adresse d’Emmanuel Macron que « l’histoire ne peut pas être falsifiée ».
    Emmanuel Macron a déclenché la colère d’Alger après des propos, rapportés samedi 2 octobre par Le Monde, accusant le système « politico-militaire » algérien d’entretenir une « rente mémorielle » en servant à son peuple une « histoire officielle » qui « ne s’appuie pas sur des vérités ».
    Retour de son ambassadeur
    Dans la journée du 2 octobre, Alger a décidé le rappel « immédiat » de son ambassadeur à Paris, Mohamed Antar-Daoud, et, comme autre mesure de rétorsions, a interdit, dans la foulée, le survol de son territoire aux avions militaires français de l’opération antijihadiste Barkhane au Sahel.
    Le retour de l’ambassadeur algérien « est conditionné au respect de l’Algérie, le respect total de l’Etat algérien », a indiqué dimanche le président Tebboune à des médias algériens, dans sa première réaction publique aux propos français.
    Ne pas « falsifier l’histoire »
    Interrogé pour savoir si la fermeture de l’espace aérien aux appareils militaires est « définitive », le président Tebboune a expliqué que « dans les relations diplomatiques, il n’y a rien d’irréversible ». Mais « actuellement nous sommes agressés dans notre chair, notre histoire, dans nos martyrs, nous nous défendons comme nous pouvons », a-t-il dit.
    « Les relations avec la France relèvent de la responsabilité du peuple et de l’histoire. L’histoire ne peut pas être falsifiée », a continué le chef de l’Etat algérien, dans des propos jugés plutôt secs par les observateurs.
    « L’Etat est debout avec tous ses piliers, avec sa puissance, la puissance de son armée et son vaillant peuple », a poursuivi le président Tebboune, également chef suprême des forces armées et ministre de la Défense.
    Vers l’apaisement côté français
    Pour « le reste, il s’agit de leurs affaires internes », a-t-il dit dans une allusion à de possibles visées « électoralistes » des propos critiques d’Emmanuel Macron. « La France doit oublier que l’Algérie a été un jour une colonie française ».
    D’après Le Monde, le président français a également affirmé que « la construction de l’Algérie comme nation est un phénomène à regarder. Est-ce qu’il y avait une nation algérienne avant la colonisation française? Ça, c’est la question ». Il s’agit de l’un des passages qui ont le plus heurté l’opinion publique algérienne.
    Mardi dernier, le président Macron a assuré souhaiter un « apaisement » sur le sujet mémoriel entre la France et l’Algérie, appelant à « cheminer ensemble » et à « reconnaître toutes les mémoires ».
    « Faillite mémorielle »
    Ignorant ces déclarations, l’influent chef de la diplomatie algérienne Ramtane Lamamra, en déplacement au Mali mardi, a imputé à Paris une « faillite mémorielle », affirmant la nécessité pour certains dirigeants étrangers de « décoloniser leur propre histoire ».
    Les crispations entre Alger et Paris ont coïncidé avec de fortes tensions entre la France et le Mali, voisin de l’Algérie et autre ancienne colonie française.
    Emmanuel Macron a également provoqué l’ire de la Turquie avec ses déclarations, reprises dans Le Monde, où il qualifiait la domination ottomane sur l’Algérie de colonisation. Ankara a dénoncé des déclarations « populistes ».
    Relations tendues avec la Turquie
    Après s’être interrogé sur l’existence d’une « nation algérienne », le président avait ainsi ajouté: « Moi, je suis fasciné de voir la capacité qu’a la Turquie à faire totalement oublier le rôle qu’elle a joué en Algérie et la domination qu’elle a exercée ».
    Sensible sur les questions mémorielles, la Turquie, héritière de l’Empire ottoman qui a contrôlé l’actuelle Algérie pendant trois siècles, répète à l’envi n’avoir « aucune tâche comme la colonisation ou le génocide » dans son histoire.
    En Algérie, beaucoup de commentateurs avaient interprété les propos du chef de l’Etat comme ayant un objectif « électoraliste », à l’approche de la présidentielle d’avril 2022. « Les politiques en France sont en pleine campagne, Macron aussi », avait déclaré à l’AFP Hassen Kacimi, expert algérien en questions migratoires.
    Déception
    D’autres experts comme Hasni Abidi, directeur du centre d’études Cermam à Genève (Suisse), évoquaient plutôt une « déception » face au « retour peu enthousiaste d’Alger à son chantier de reconnaissance mémorielle ». Paris espérait trouver un terrain d’entente autour d’un rapport remis par l’historien français Benjamin Stora. Le président Tebboune a rappelé qu’Alger ne réclame « pas de la repentance » mais une « reconnaissance » des crimes perpétrés en 130 ans de colonisation française.
    Il a dit avoir en 2017 « entendu le président Macron affirmer que ce qu’il s’est passé en Algérie est pire que la Shoah » et que des « crimes contre l’humanité » ont été commis. « Il avait raison. L’Algérie, c’est 5,630 millions » de victimes, a affirmé le chef de l’Etat algérien, soulignant que « l’histoire ne fonctionne pas selon les caprices et selon les circonstances ».
    BFMTV, 11/10/2021
  • L’histoire des épineuses relations entre l’Algérie et la France

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    Le 5 juillet 1830, le souverain d’Algérie, Al-Day Hussein, a remis sa ville aux forces françaises pour commencer l’occupation française du pays, qui s’est terminée après environ 132 ans d’opérations de résistance qui ont commencé avec l’Emir Abdelkader Al-Jazairy, jusqu’au Front de libération, qui a lancé une guerre d’indépendance qui a duré de 1954 à 1962.

    Les répercussions de cette histoire se poursuivent aujourd’hui encore, à tel point que le mot France figure toujours dans l’hymne national algérien.

    Oh France, l’heure du jugement est passée

    Et nous l’avons plié comme un livre se plie.

    Oh France, c’est le jour du jugement.

    Prépare-toi et reçois la réponse de nous

    La révolution dans la séparation de la parole

    Et nous avons décidé que l’Algérie vivrait

    Témoigne… Témoigne… Témoigne… Témoigne…

    Macron et la « Nation Algérienne »

    Nouveau rebondissement dans le dossier des relations franco-algériennes, le président français Emmanuel Macron a provoqué l’indignation de nombreux Algériens après des déclarations rapportées par le journal Le Monde, dans lesquelles il a estimé que l’Algérie s’est constituée après son indépendance en 1962 sur le système des « recettes mémorielles » instauré par le « système politico-militaire » en son sein.

    Le journal français Le Monde rapporte que Macron a fait des déclarations critiques sur l’Algérie lors d’une réunion avec les petits-enfants de figures de la guerre d’indépendance.

    Le journal français cite Macron comme disant que c’est ce régime qui a réécrit l’histoire coloniale française du pays, avec une référence issue de la « haine de la France. »

    Dans le cadre de son discours, qui a été rapporté par « Le Monde », Macron dit : « Y avait-il une nation algérienne avant le colonialisme français ? Telle est la question », faisant référence à l’existence de « processus de colonisation antérieurs. »

    Il ajoute sur un ton sarcastique qu’il est « intrigué de voir la capacité de la Turquie à faire complètement oublier le rôle qu’elle joue en Algérie et la domination qu’elle a exercée », faisant référence à l’Empire ottoman.

    Le président français a ensuite exprimé l’espoir que la tension diplomatique avec l’Algérie s’apaise et que les deux parties reprennent le dialogue.

    « J’espère que nous pourrons calmer les choses, car je pense qu’il vaut mieux que nous parlions pour progresser », dit Macron.

    De son côté, l’ »Organisation nationale des moudjahidines », qui regroupe des anciens combattants de la guerre de libération de l’Algérie, appelle, dans un communiqué, à une « révision des relations algéro-françaises » après les déclarations de Macron, selon l’AFP.

    L’organisation demande souvent à la France de « s’excuser pour les crimes qu’elle a commis » pendant ses 132 ans de colonisation de l’Algérie (1930-1962), qui ont coûté la vie à plus de cinq millions d’Algériens, selon la présidence algérienne.

    Macron a admis en 2018 que la France avait mis en place un « système » de torture systématique pendant la guerre de libération algérienne.

    En juillet de l’année dernière, l’historien Benjamin Stora a été chargé de préparer un rapport sur l’héritage colonial français en Algérie et la façon dont la France l’a traité.

    Mais Macron a refusé les excuses de la France pour ses crimes coloniaux en Algérie, comme le demandent les Algériens, après soixante ans qui n’ont pas réussi à calmer la tension entre les deux pays.

    Et si les nouvelles déclarations de Macron ont été publiées en octobre de cette année, le même mois de 1961, un « massacre » a eu lieu contre les Algériens dans la capitale française, Paris, et en octobre 2002, le général français Jacques Masso, qui a mené une répression, est mort. Révolution algérienne.

    Mais quelles sont les étapes les plus marquantes de l’histoire des relations entre les deux pays ?
    Première étape : l’incident de l’éventail
    Trois ans avant l’occupation, plus précisément en 1827, se produit l’incident de « l’éventail du Dey », que la France considère comme une insulte à son égard et, par conséquent, entame un siège de trois ans sur l’Algérie.

    Certaines références historiques mentionnent que le Dey Hussein a frappé le consul français au visage avec son éventail à trois reprises lorsque le consul n’a pas répondu à la question du Dey concernant les dettes de la France envers l’Algérie.

    La France prend cela comme une insulte et impose un blocus à l’Algérie.

    Les Français cherchaient à cette époque à restaurer le prestige de la monarchie et l’expansion coloniale. Bien que la révolution ait renversé le règne de la dynastie des Bourbons en 1830, la France a poursuivi ses plans pour l’Algérie et l’occupation a eu lieu.

    En conséquence, de nombreux immigrants européens, notamment des agriculteurs et des ouvriers du sud de l’Italie, d’Espagne et de France, affluent en Algérie. Les autorités coloniales confisquent les terres des tribus, des villages et des dotations et les redistribuent aux immigrants.

    La deuxième étape : le mouvement de l’Emir AbdelKader

    En 1832, les Algériens prêtent allégeance à l’Emir Abdelkader pour leur leadership contre l’occupation, il prend alors la ville de Mascara comme capitale, et commence à former une armée et un état, puis oblige les Français à conclure une trêve avec lui, et l’accord de Tafna de 1838 dans lequel Paris reconnaît sa souveraineté sur l’Algérie occidentale et centrale.

    Après cet accord, l’Emir Abdelkader s’est attelé à former un gouvernement, à organiser l’Etat et à lutter contre la corruption.

    Mais cet accord est l’occasion pour la France de souffler un peu, de continuer à se battre ensuite, de faire tomber les bastions du Prince, un par un.

    Après une résistance acharnée, lui et ses partisans sont contraints de se rendre en 1847, à condition qu’on lui permette de s’installer à Alexandrie ou à Acre. Mais il est emmené en France et y est emprisonné.

    Selon l’Encyclopedia Britannica, la manière dont la domination française s’est établie en Algérie entre 1830 et 1847 a été caractérisée par la violence et un manque de compréhension mutuelle entre les dirigeants et les dirigés.

    Un nombre croissant de colons français (également connus sous le nom de Pieds noirs) réclament les privilèges de la minorité au pouvoir.

    Lorsque l’Algérie a finalement été intégrée au système juridique français, cela n’a fait qu’accroître le pouvoir des colons, qui ont envoyé des délégués au Parlement français.

    Les colons n’ont pas imposé leur hégémonie sur l’Algérie avant la chute de Napoléon III en 1870 et l’avènement de la Troisième République en France.

    Jusque-là, l’Algérie était largement sous administration militaire, et le gouverneur général de l’Algérie était un officier jusqu’aux années quatre-vingt du XIXe siècle, mais avec l’avènement de la Troisième République, la domination des colons s’est accrue.

    Les colons ont imposé un vaste programme de confiscation des terres arables après avoir écrasé la résistance pour rendre la colonisation possible.

    Les colons étaient d’origine européenne mixte. Les Espagnols étaient principalement concentrés dans et autour d’Oran, tandis que les Français et les Italiens se concentraient dans le centre et l’est.

    La troisième étape : la guerre de libération

    En mars 1943, le leader algérien, Farhat Abbas, présente la déclaration du peuple algérien à l’administration française, et 56 leaders algériens et internationaux la signent. La déclaration demandait une constitution garantissant une participation immédiate, légale et égale des Algériens.

    L’histoire du premier président de l’Algérie, d’un officier de l’armée française à la présidence, puis à la prison et à l’exil.

    La France reconnaît avoir torturé et tué le combattant algérien Ali Boumenjel pendant la guerre de libération.

    Les Algériens ont organisé une marche en 1945 à laquelle les Français ont fait face avec violence, et des milliers d’Algériens sont morts lors de ces événements.

    En 1947, l’Assemblée nationale française approuve une loi prévoyant la création d’un parlement algérien à deux chambres, l’une représentant les Européens et l’autre les Algériens, ce que les Algériens rejettent.

    Commence alors la guerre d’indépendance, le 1er novembre 1954, à laquelle la France fait face avec violence. Le nombre de forces françaises en Algérie s’élève à environ 400 000 en 1956.

    En janvier 1959, Charles de Gaulle devient président de la Cinquième République et se rend ensuite en Algérie.

    De là, il annonce dans la ville de Constantine, dans l’est du pays, son vaste projet économique visant à créer des emplois, distribuer des terres aux agriculteurs, construire des logements et réaliser le développement. Sur le plan politique, il a donné aux Algériens le droit de se présenter et de voter d’une manière équivalente à ce qui est accordé aux Français.

    Mais les Algériens rejettent toutes ces tentations et poursuivent leur révolution.

    En septembre de la même année, de Gaulle parle du droit à l’autodétermination pour les Algériens, ce que les colons français considèrent comme une trahison à leur égard, ils lancent donc une rébellion en Algérie, soutenue par quelques unités de l’armée. Cependant, la rébellion échoue, ce qui représente un tournant dans la position officielle de la France.

    En mai 1961, les pourparlers d’Évian commencent entre le gouvernement français et le Front de libération et aboutissent aux accords d’Évian, qui fixent un délai de trois ans au terme duquel les Européens devront choisir entre la nationalité algérienne ou le statut d’étranger.

    Le 3 juillet 1962, le décret d’indépendance de l’Algérie est signé, mais le Front de libération fait du 5 juillet le jour de l’indépendance pour effacer de l’histoire le souvenir de l’occupation.

    Un général qui réprime les révolutionnaires

    Selon le journal britannique The Guardian, le général Jacques Massu, né le 5 mai 1908, est l’une des figures militaires françaises les plus célèbres de l’histoire moderne. Il a participé à la libération de Paris, à la crise de Suez, aux guerres françaises en Indochine, et notamment en Algérie.

    Lorsque le maréchal Pétain demande l’armistice aux Allemands en juin 1940 et que le général Leclerc commence à rallier les colonies à la cause de de Gaulle pour une France libre, Massu, alors capitaine, le rejoint au Tchad, en Libye et en Tunisie.

    Lorsque la 2e division blindée débarque en France en août 1944 et se dirige vers la libération de Paris, Massu joue un rôle important dans les combats.

    Après la Seconde Guerre mondiale, il sert en Indochine, suit une formation de parachutiste et effectue des missions en Tunisie et en Afrique occidentale. Promu général en 1955, il forme la dixième division de parachutistes, qu’il dirige lors des attaques sur Port Saïd et Port Fouad pendant la guerre de Suez en 1956.

    Se sentant amer que la guerre de Suez ait été finalement réglée par la diplomatie, Massu devient convaincu que certains Français désespérés sont prêts à renoncer aux véritables intérêts de leur pays.

    Au début de 1957, l’Algérie est sur le point de déclencher une guerre d’indépendance.

    Le 7 janvier de cette année-là, alors que le Front de libération nationale appelle à une grève générale, Massu est nommé responsable de la capitale, Alger, qui est un centre d’activité de la résistance.

    N’appréciant pas la gestion des crises par la police, il prend la direction du service d’information de la police et organise ses forces pour superviser tout ce qui se passe dans la Casbah.

    Les Français ont réprimé la grève sans pitié, obligeant les commerçants à ouvrir leurs magasins et forçant les autres à reprendre le travail. Les fournitures d’armes ont également été saisies, et des milliers de personnes ont été arrêtées et interrogées.

    Le résultat est qu’en octobre, l’activité de la résistance a pratiquement cessé et les restaurants et les cinémas de la ville sont revenus à la normale.

    Masso et ses parachutistes s’illustrent dans ce qui sera connu comme la bataille d’Alger.

    Mais bientôt un scandale international éclate à propos de l’utilisation de la torture par Masso dans la répression de la Casbah, et pour aggraver les choses, il semble certain que le gouvernement français dirigé par le socialiste Guy Mollet est au courant de ces méthodes et les approuve.

    La crise divise l’establishment français, le général Paris de Boulardier est condamné à 60 jours de prison pour avoir souligné que les parachutistes portent atteinte aux valeurs morales de la France.

    Néanmoins, la torture se poursuit et, en fait, lorsque Masso publie le premier des cinq volumes de ses mémoires, La véritable bataille d’Alger, en 1971, il accepte la responsabilité de cette pratique, affirmant que c’était le seul moyen pour lui d’obtenir une connaissance préalable des plans de la résistance.

    Et bien qu’il craignait que Paris soit sur le point d’abandonner l’Algérie, Masso n’a pas pris part aux intrigues politiques de droite qui ont affligé la France en 1958.

    Maso accepte la rébellion du 13 mai et accepte de prendre la tête du Comité de sécurité publique. Il nie qu’il s’agisse d’un coup d’État, et approuve également la résurrection militaire, selon laquelle ses parachutistes pourraient atterrir à l’aéroport de Villacoublay, près de Paris, et de cette façon, le général de Gaulle serait contraint d’assumer la présidence comme les politiciens de Paris étaient contraints de l’accepter.

    Le 24 mai, les parachutistes de Masso s’emparent de l’île de Corse, mettant fin à la IVe République.

    De Gaulle refuse de condamner cette invasion, mais le 27 mai, il donne des instructions officieuses pour que le processus du Baas soit abandonné.

    Une fois au pouvoir, il prend ses distances avec le Comité de salut public, à l’exception de Massou, qui devient gouverneur d’Alger et se voit confier cette région militaire la plus importante, où il est promu général en juillet 1958.

    Mais Masso se sent mal à l’aise face à l’incertitude qui entoure la politique de de Gaulle et à son discours sur « l’autodétermination ».

    En janvier 1960, il parle de ces controverses à un journaliste allemand, ignorant apparemment que sa conversation a été enregistrée.

    Lorsque l’interview est publiée, il est immédiatement relevé de ses fonctions.

    Mais Masso refuse toujours de participer à des complots contre de Gaulle ou à des tentatives de prise de pouvoir à Paris.

    Finalement, Masso accepte l’indépendance de l’Algérie et vote pour un référendum en janvier 1961.

    Cependant, Masso n’a jamais pu échapper à son passé en Algérie.

    En juin 2000, Louisa Iguile Ahrez a publié le récit de sa participation à la résistance en septembre 1957, lorsqu’elle a été capturée par les forces françaises et emmenée au quartier général de Masso à Alger.

    Louisa Ahreez a déclaré avoir été torturée pendant 3 mois et avoir 20 ans à l’époque. Maso a reconnu que l’histoire était vraie et a exprimé ses regrets.

    Il est mort en octobre 2002.

    Puis, en décembre 2013, le général Paul Aussaresses, qui était l’un des hommes les plus en vue du général Jacques Masso en Algérie, est décédé.

    Aussaresses avait défendu l’usage de la torture par les forces françaises lors de la guerre d’indépendance de l’Algérie.

    Ce général français, décédé à l’âge de 95 ans, est le premier officier français de premier plan à admettre avoir tué et torturé 24 prisonniers de guerre algériens dans un livre publié en 2001 sur la guerre d’indépendance en Algérie.

    En 2002, un tribunal français l’a condamné pour torture.

    Aussaresses a également été déchu de l’Ordre d’honneur, l’une des plus hautes distinctions de la France, à la suite de la publication du livre.

    Paul Aussaresses n’a jamais regretté le recours à la force. « Son utilisation est légitime lorsque la situation l’exige », a-t-il déclaré.

    Il a affirmé que le gouvernement français de l’époque était au courant de l’ordre de torture et l’a approuvé.

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    Quatrième étape : les essais nucléaires

    Tôt le 13 février 1960, des milliers de soldats français se rassemblent dans le désert algérien pour assister à la « gerboise bleue », un essai nucléaire quatre fois plus puissant que la bombe nucléaire qui a explosé au-dessus d’Hiroshima au Japon.

    L’Algérie a obtenu son indépendance en 1962. Toutefois, un traité signé par le président français Charles de Gaulle pour mettre fin à la domination française a permis à l’Algérie de continuer à mener des expériences dans le désert jusqu’en 1966.

    Depuis 1961, la France a effectué 17 explosions nucléaires à Ain Akre, où elle a procédé à des explosions nucléaires souterraines à l’intérieur de la montagne, et dans la région désertique de Reggane, où les explosions ont été réalisées en surface.

    Le moment où la France a obtenu sa dissuasion nucléaire a été une grande victoire pour le président français de l’époque, Charles de Gaulle, mais les essais nucléaires ont eu des effets mortels sur les soldats participants et la population de la région.

    Cinquième étape : Le « massacre » de Paris

    Le 17 octobre 1961, la capitale française, Paris, est témoin du massacre de centaines d’Algériens aux mains de la police française.

    Le Front de libération nationale algérien, qui menait une guerre contre les autorités coloniales françaises, avait appelé les travailleurs algériens à effectuer des marches pacifiques dans Paris pour protester contre le couvre-feu, qui leur était imposé précisément de vingt heures trente le soir à cinq heures trente le matin, par le directeur de la police de l’époque, Maurice Papon.

    Des dizaines de milliers de manifestants algériens pacifiques, dont des femmes et des enfants, sont sortis des bidonvilles pour descendre dans les rues de Paris, à l’appel du Front de libération nationale, malgré la prévention des autorités françaises, qui semblent avoir donné des instructions aux services de sécurité pour réprimer les manifestants par tous les moyens.

    Mais le dispositif de répression les a accueillis à l’entrée des rues principales, selon les historiens, qui ont relayé les récits de témoins et de participants aux manifestations. Des affrontements sanglants éclatent rue Saint Michel et Saint Severin, et des scènes sanglantes se répètent dans d’autres quartiers de Paris et de sa banlieue.

    La répression a été extrêmement féroce et brutale, selon les historiens britanniques, Jim House et Neil McMaster, qui ont décrit ce que les Algériens ont subi le 17 octobre dans leur livre « Les Algériens, la République et la Terreur de l’État », comme « la répression la plus violente d’une manifestation en Europe occidentale dans l’histoire contemporaine. » .

    Les historiens et les écrivains qui ont été témoins des événements mentionnent que la police a arrêté environ 12 000 Algériens et les a détenus dans des commissariats de police et dans des camps qu’elle a spécialement aménagés pour eux, au Palais des Sports de Paris et au Palais des Expositions, et qu’ils y ont été interrogés, humiliés, battus, torturés et tués, selon les témoins.

    Les autorités françaises ont également expulsé des milliers de travailleurs algériens de Paris et de sa banlieue vers l’Algérie, en raison de leur participation aux manifestations.

    Les relations franco-algériennes en bref

    1830 – La France occupe l’Algérie, mettant fin à 3 siècles d’autonomie au sein de l’Empire ottoman.
    De 1939 à 1945 – l’effondrement de la France et son occupation par les Allemands, et l’occupation anglo-américaine de l’Afrique du Nord pendant la Seconde Guerre mondiale ravivent les espoirs d’indépendance des Algériens.
    1945 – Des manifestations pour l’indépendance éclatent à Sétif, et des milliers de personnes sont tuées lorsque les Français répriment les troubles qui ont éclaté après les manifestations.
    Janvier 1957 – La bataille d’Alger commence lorsque les parachutistes français utilisent la torture pour obtenir des informations sur le Front de libération.

    Mai 1958 – L’armée française soutient le soulèvement des colons, l’effondrement de la Quatrième République en France et le retour au pouvoir du général Charles de Gaulle.
    Janvier 1960 – Les colons se rebellent contre les démarches de de Gaulle pour négocier avec le FLN.
    L’échec de la tentative de coup d’État d’avril 1961 par des généraux de l’armée française à Alger.
    Mars 1962 – La France et le Front de libération nationale signent un armistice. Et l’organisation de l’armée secrète, composée de colons et de déserteurs, met le feu aux villes algériennes pour tenter d’empêcher l’indépendance.

    Juillet 1962 – L’Algérie déclare son indépendance, et un million d’Européens appelés « pieds noirs » fuient vers la France. Et l’Algérie annonce qu’un million d’Algériens sont morts pendant la guerre.
    1975 – Valéry Giscard d’Estaing devient le premier président français à se rendre en Algérie indépendante. En 1982, Chadli Bendjedid effectue sa première visite officielle en France.
    Mars 2003 – L’ancien président français Jacques Chirac reçoit un accueil chaleureux en déclarant que le passé troublé doit faire place à la réconciliation.
    Juillet 2006 – L’ancien président algérien Abdelaziz Bouteflika déclare dans un discours que la domination de la France sur l’Algérie était l’une des « formes de colonialisme les plus barbares de l’histoire ».
    Juillet 2007 – Le président français élu Nicolas Sarkozy défend son refus de s’excuser pour les pratiques coloniales, affirmant que les dirigeants doivent se concentrer sur l’avenir.
    Novembre 2007 – Le leader des anciens combattants, Mohamed El-Said Abado, demande à Paris de s’excuser pour son passé colonial.

    BBC, 09/10/2021

  • Macron perd le nord et… le sud

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    Mais quelle mouche a donc piqué le président français pour «asséner ses vérités» sur l’Algérie ?

    Si l’on excepte l’épisode Sarkozy, un anti-Algérien, qui s’assume, c’est la première fois dans l’histoire de la 5e République française que l’on assiste à de tels propos de la part d’un chef d’Etat français. Il est vrai que le général De Gaulle, en recevant Abdelaziz Bouteflika, alors jeune ministre de des Affaires étrangères algérien venu le sonder sur la nationalisation des biens vacants abandonnés par les anciens colons, avait évacué le sujet par un «vous ne vous imaginiez tout de même pas que j’allais réparer vos ascenseurs jusqu’à la fin des temps». Bernard Bajolet, l’ancien ambassadeur qui révèle cette anecdote dans un livre consacré à son expérience diplomatique, ne nous renseigne pas sur la réponse de l’ancien chef d’Etat algérien.

    Il faut peut-être attendre le règne de Mitterrand pour retrouver une salve aussi provocatrice dans la bouche d’un président français. Le premier président socialiste de la 5e République s’est présenté dans un premier temps comme «tiers-mondiste» convaincu qui voulait l’avènement d’un nouvel ordre mondial, cher aux dirigeants algériens. Il avait même fait cause commune avec le défunt Chadli lors de la rencontre Nord-Sud de Cancún, qui eut lieu au Mexique, du 22 au 23 octobre 1981, elle était destinée à sortir les pays d’Amérique latine du cercle vicieux de l’endettement. Cette nouvelle proximité entre un président français et son homologue algérien, avait peut-être encouragé Mitterrand à oser son fameux «il faut» après l’interruption du processus électoral en 1991. Cette déclaration du premier ministre de l’Intérieur de la guerre d’Algérie avait provoqué une crise sans précédent entre les deux rives. La France était même devenue un sanctuaire pour les terroristes algériens et leurs couvertures politiques.

    Des présidents avenants

    Depuis beaucoup d’eau a coulé sous les ponts mais les présidents français successifs se sont gardés de heurter frontalement la sensibilité des Algériens, surtout concernant les sujets qui touchent à la mémoire et à l’histoire. Ce n’est pas à l’habile Chirac qu’on va faire la leçon sur la bienveillance diplomatique, à part peut-être son incident avec le président Zeroual au siège des Nations-Unies et encore moins au très «Algérien» François Hollande qu’on va apprendre à garder son sang froid devant la complexité des relations algéro-françaises, assez chargées émotionnellement pour leur rajouter des élucubrations sur l’origine de la nation algérienne. Et c’est justement là que Macron a «excellé».

    Est-ce qu’il y avait une nation algérienne avant la colonisation française ? Cette interrogation de la part de Macron a fait ressurgir les vieux démons colonialistes pour nous sortir des thèses chères aux algérianistes et autres colonisateurs zélés qui ne voyaient en l’Algérie qu’un territoire rempli de populaces sans attache nationale ni histoire pour cristalliser l’imaginaire et le destin commun. Cette digression, venant de la part d’un chef d’Etat d’un pays, avec qui nous avons des relations officiellement bonnes, ne peut s’expliquer seulement par la montée de la fièvre électorale, même s’il est vrai que Macron est débordé actuellement sur son aile droite par le phénomène Zemmour. Elle vient compléter une série, en cours, de sorties médiatiques et de décisions qui dénotent une certaine fébrilité dans la prise de décision chez l’establishment politique français. On a l’impression que le président français s’essouffle dans sa dernière ligne droite n’arrivant plus à donner du tonus à la fin de son mandat. De l’Europe à l’Afrique, des Etats-Unis à la Russie, du Golfe à la Syrie, Emmanuel Macron a mené depuis avril 2017 une diplomatie hyperactive et volontariste, en chantre d’un multilatéralisme dont la France est la locomotive européenne.

    La bérézina du Pacifique

    Mais le début de l’automne n’a pas été de tout repos pour la diplomatie française. Victime collatérale d’un accord politique entre Canberra, Londres et Washington pour contrer la Chine, la France voit lui échapper un contrat à 56 milliards d’euros avec l’Australie et encaisse un revers diplomatique majeur dans la zone indo-pacifique. Cet événement qui fait voler en éclats le sacro-saint multilatéralisme prôné par la doctrine Macron et de son ministre des Affaires étrangères Le Drian, a donné lieu à une série de déclarations qui sont loin de figurer dans le manuel du parfait diplomate. La France a perdu son sang froid face à ses partenaires historiques, l’Angleterre, l’Australie et surtout les États-Unis qui avaient quelques mois auparavant pris la décision unilatérale de se retirer de l’Afghanistan.

    La France s’est aussi enlisée au Sahel. Annonçant d’abord un départ définitif du Mali, Macron s’est retrouvé à échanger des mots aigres-doux avec le premier ministre malien surtout depuis la décision de Bamako de faire appel à des mercenaires russes pour contrer les terroristes islamistes.

    Et c’est à ce moment précis que la France a choisi d’en découdre avec une autre région importante : le Maghreb. La France décide de diminuer drastiquement le nombre de visas accordés à trois pays du Maghreb, et ce quels que soient les motifs du voyage. Les visas octroyés à l’Algérie et au Maroc vont être divisés par deux, tandis que ceux délivrés à la Tunisie vont diminuer de 30%. La France dit ainsi répondre à l’immobilisme de ces pays qui refusent de reprendre leurs ressortissants vivant illégalement en France. Cette décision n’a pas laissé les gouvernements maghrébins de marbre. Le ministère des AE algérien a même convoqué l’ambassadeur de France à Alger pour des explications.

    Alors pourquoi cette sortie de route ?

    Et pour finir, le président français décide de s’attirer l’unanimité des Algériens contre lui après des propos non démentis tenus lors d’un échange avec une vingtaine de jeunes descendants de protagonistes de la Guerre d’Algérie (1954-1962). M. Macron y estime qu’après son indépendance, le pays s’est construit sur « une rente mémorielle », entretenue par le « système politico-militaire ». Et que la nation algérienne n’a jamais existé et serait une création de la colonisation française.

    Macron, qui a commencé sa compagne électorale par traiter la colonisation française de crime contre l’humanité, a dévié de sa trajectoire pour succomber sans doute aux sirènes des communicants et autres spin doctors à quelques mois des présidentielles.

    Cet automne fatal pour la diplomatie française ouvre plusieurs questions pour la France sur le plan international. Parmi elles, son positionnement dans cette nouvelle «guerre froide» qui se profile dans la zone indo-pacifique et dans le conflit larvé qui oppose les Etats-Unis à la Chine. Sa place en Afrique, sa vieille chasse gardée, ou elle est bousculée par la Russie et par d’autres forces émergeantes comme la Turquie. Et enfin ses relations avec les pays du Maghreb qui veulent s’émanciper définitivement de la tutelle française. Cette volonté est exprimée de plus en plus par les élites maghrébines qui se cherchent d’autres horizons loin de l’œil vigilant de Paris. A tous ces défis, Macron et Le Drian n’ont pas réussi à donner des réponses convaincantes.

    R. A.

    Algérie aujourd’hui, 05/10/2021

  • La France perd la main au Maghreb et au Sahel

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    La crise entre la France et l’Algérie dépasse largement le cadre électoral français. Elle révèle l’émergence d’un ordre nouveau au Maghreb et en Afrique, un ordre qui échappe largement au contrôle de la France

    Il y a cinq ans, Emmanuel Macron débarquait dans la compétition électorale française avec une fraîcheur étonnante. Non arrimé à un parti traditionnel, non tenu par le discours politique classique, l’homme semblait avoir un regard différent sur les crises, et prônait des solutions innovantes. Il sortait des clous et il osait.

    Sur l’Algérie, il osait une formule retentissante, qu’aucun président, même de gauche, n’avait utilisée : il qualifia la colonisation de crime contre l’humanité.

    Cinq ans plus tard, le même Macron tient, sur l’Algérie, des propos totalement différents, teintés d’une incroyable arrogance.

    Il aborde un terrain miné, l’histoire, le premier sur lequel l’intransigeance algérienne est sans limites.

    Mais la réaction violente de la partie algérienne à ses déclarations ne relève pas d’une simple attitude caractérielle. Il s’agit d’une divergence de fond sur un sujet hautement sensible : nier l’existence d’une nation algérienne avant la période coloniale, c’est, implicitement, justifier le fait colonial.

    Comment Emmanuel Macron a-t-il ainsi basculé en cinq ans ? Comment cet homme qui avait un regard atypique sur la situation économique et politique de son pays, sur le monde, sur l’Afrique, en est-il arrivé à être gagné par ce type de discours, jusqu’à mettre en doute l’existence d’une Algérie avant la colonisation, ou pour tenter d’établir un clivage entre le président Abdelmadjid Tebboune et l’armée algérienne ?

    Erreur d’appréciation ? Arrivée de nouveaux spin doctors qui auraient imposé leur propre lecture de l’histoire ? Suffisance, voire arrogance ?

    Désorienté

    Macron a-t-il été intoxiqué par des courants et groupes politiques, tant algériens que français, qui affirment qu’en Algérie, le pouvoir a été sérieusement fragilisé après le hirak ?

    Les biographes d’Emmanuel Maron le diront un jour. En tout état de cause, la thèse électoraliste ne tient pas la route. En matière d’électorat, Emmanuel Macron perd plus qu’il ne gagne en tenant ces propos sur l’Algérie.

    En attendant, le nouveau Macron semble désorienté. Le premier chef de l’État français qui affichait initialement une volonté de prendre ses distances avec la Françafrique, à défaut de s’en défaire, tente aujourd’hui de recoller les morceaux, pour préserver des positions visiblement intenables à terme.

    Car la France n’a plus les moyens de tenir son rang. Elle n’a plus l’envergure économique et militaire pour mener, en Afrique, une politique disproportionnée par rapport à ses moyens.

    Et au lieu d’amorcer une politique nouvelle à l’égard de l’Afrique, conforme à ses promesses et aux espoirs qu’il avait suscités, Macron s’est laissé entraîner dans l’engrenage de la Françafrique, pour se contenter de colmater les brèches, dans une spirale infinie.

    Sur le plan économique, la France ne fait plus le poids devant la Chine. Les investissements chinois en Afrique ont non seulement écrasé ceux de la France, mais ils dépassent désormais ceux de tous les pays occidentaux réunis.

    Plus dur encore pour la France, ses exportations vers l’Afrique, qui plafonnent à 30 milliards de dollars par an, sont désormais inférieures à celles de l’Allemagne, pour qui l’Afrique n’était pourtant pas un marché prioritaire.

    Ces exportations françaises vers l’Afrique atteignent à peine le quart des exportations de la Chine, un pays pourtant nouvellement arrivé sur le continent africain.

    Sur le plan militaire, la France a constaté les limites de ses opérations lancées dans le Sahel, Serval puis Barkhane, insuffisantes pour éliminer les groupes islamistes armés qui pullulent dans la région.

    Elle a tenté d’impliquer des pays africains et européens dans ses déploiements, mais les premiers n’ont pas les moyens de suivre, et les seconds n’ont pas la volonté de le faire, redoutant d’être pris dans des engrenages qu’ils ne contrôlent pas.

    Mais pour la France, le plus dur est survenu en ce début d’automne, lorsqu’elle s’est retrouvée exclue des grands arrangements que les États-Unis préparent pour l’ensemble de la planète.

    En se retirant d’Afghanistan, après l’Irak, Washington veut se consacrer à ce qui lui paraît être le principal enjeu du nouveau siècle, la bataille économique autour du Pacifique.

    Entraînant la Grande-Bretagne et l’Australie, avant d’enrôler l’Inde et les autres pays du sud-est asiatique, les États-Unis ont provoqué une crise avec la France, en faisant littéralement annuler un contrat gigantesque de 57 milliards de dollars, contrat aux termes duquel la France devait fournir des sous-marins à l’Australie.

    Le marché a été confisqué au profit d’entreprises américaines, et la France traitée de manière méprisante.

    Inapte à régler la crise malienne

    Cette France négligée par ses anciens alliés occidentaux pensait imposer sa présence en affirmant sa maîtrise de certains dossiers et territoires.

    Las : au Mali, une nouvelle équipe au pouvoir, dont de nombreux militaires formés en Russie, réagit de manière inattendue.

    Les nouveaux dirigeants maliens ne font plus preuve de la docilité traditionnelle des élites maliennes, et un de leurs représentants, le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga, a répondu du tac au tac, déplorant que la France ait « abandonné le Mali en plein vol ».

    Les dirigeants maliens n’ont pas admis que la France les mette devant le fait accompli, en décidant de revoir son dispositif Barkhane à la baisse sans les consulter.

    Là encore, la réponse française a été d’une grande maladresse, affichant une arrogance devenue insupportable pour ses partenaires. Florence Parly, ministre française des Armées, a jugé ces propos « indécents » et « inacceptables ».

    Estimant être toujours en position de force, la France développe encore une analyse selon laquelle le pouvoir en place au Mali ne survivra pas sans la présence militaire française.

    C’est ignorer que, d’une part, la présence française s’est révélée inapte à régler la crise malienne, même si elle a pu contenir les groupes extrémistes armés ; et que, d’autre part, de nouvelles alternatives sont désormais possibles.

    La Russie est disposée à pallier un départ éventuel des troupes françaises, même si, pour le moment, la seule présence russe présentée comme envisageable est celle des mercenaires du groupe controversé Wagner.

    Déjà présente en Libye, la Russie veut étendre son influence au Sahel, un espace que les Américains sous-traitent traditionnellement à la France, et dont ils sont physiquement absents.

    Et si les États-Unis délaissent des terrains aussi symboliques que l’Afghanistan et l’Irak, et qu’ils ne s’impliquent pas directement au Yémen, ils ne vont pas s’encombrer du Sahel, au moment précis où ils veulent concentrer toute leur énergie pour, d’abord, maîtriser le terrain stratégique que constitue désormais le Pacifique.

    Résultat : le Sahel est devenu un terrain abandonné, ouvert à la Russie, une Russie dont l’Algérie est un partenaire de longue date.

    C’est cet agacement, doublé d’impuissance, qu’expriment les dirigeants français. Ils ne peuvent être compétitifs face aux Chinois sur le plan économique, ni face aux Russes sur le plan militaire.

    Plus grave encore, les dirigeants français n’ont pas pris la mesure de ce qui se passe en Algérie comme au Mali, où de nouveaux dirigeants s’installent, moins liés à la France aussi bien sur le plan personnel qu’économique.

    Et quand Emmanuel Macron menace de rendre la vie difficile à des dirigeants algériens qui ont l’habitude d’obtenir facilement des visas, il se trompe de cible. Dans les cercles de décision, ce profil dont parle Emmanuel Macron n’est plus maître à bord.

    À terme, le schéma général en Afrique du Nord et de l’Ouest va complètement changer. La France n’a plus les moyens d’y régner en maître, et les États-Unis ont d’autres priorités. Chine et Russie, l’un sur le plan économique, l’autre sur le plan militaire, vont forcément supplanter les anciens réseaux et les anciens intérêts, avec une Turquie qui commence à affirmer sa présence.

    Réplique cinglante

    Dans cet ensemble en pleine mutation, où les équilibres sont précaires, l’Algérie a une carte à jouer. Elle veut s’imposer comme partenaire, non comme sous-traitant. Forte, précisément, de ses relations économiques avec la Chine, de son partenariat militaire avec la Russie, elle est bien placée pour devenir un élément central, voire le pivot de l’ensemble régional qui se dessine.

    Emmanuel Macron n’a visiblement pas envisagé la relation avec l’Algérie sous cet angle. Dans une France où la diplomatie traditionnelle considère les pays d’Afrique comme des alliés naturels, voire des vassaux, il est difficile d’imaginer qu’un pays pourrait rappeler son ambassadeur à Paris, fermer son espace aérien aux avions militaires français, et envisager éventuellement d’autres mesures plus radicales.

    La diplomatie française traditionnelle regarde les pouvoirs africains sous un prisme particulier, celui de sentinelles tenant des positions avancées au service de la France, avec laquelle leurs intérêts se confondent. C’était valable pour beaucoup de pays, et ça l’est encore pour un certain nombre d’entre eux, qui se cantonnent dans un rôle de second plan, sous-traitant ou vassal.

    Même le très moderne Emmanuel Macron n’a pas pu se départir de cette attitude. Il reçoit aujourd’hui, de plein fouet, une réplique cinglante de la part de pays qui aspirent à un autre rôle : celui de partenaire reconnu et respecté.

    Même le très fragile Mali a choisi cette voie. Après tout, quand on est l’un des pays les plus pauvres du monde, sans aucune perspective sérieuse, quel intérêt y a-t-il à se maintenir dans cette étouffante Françafrique, qui n’a rien apporté en un demi-siècle d’indépendance ?

    Quant à l’avenir de l’Algérie, dont le poids démographique dépassera probablement celui de l’Italie et de l’Espagne vers la moitié du siècle, il ne peut s’écrire que dans un autre registre : celui d’un partenaire en mesure d’imposer sa présence. Même si, pour l’heure, c’est un pays qui demeure fragile, à cause de la faiblesse de ses institutions et de son économie.

    Abed Charef

    Middle East Eye, 10/10/2021

  • Macron implique la Turquie dans sa querelle avec l’Algérie

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    La Turquie a critiqué le président français Emmanuel Macron pour ses propos décrivant les 300 ans de règne de l’Empire ottoman comme du colonialisme, affirmant que cette « approche bon marché » ne fonctionnerait pas pour lui lors des prochaines élections.

    “Nous avons vu dans le passé et nous voyons maintenant que ces approches bon marché n’apportent aucun avantage aux élections”, a déclaré le ministre des Affaires étrangères Mevlüt Çavuşoğlu lors d’une conférence de presse avec le ministre ukrainien des Affaires étrangères Kuleba Dmytro en Ukraine le 7 octobre. Çavuşoğlu paie un visite en Ukraine pour s’entretenir avec son homologue ukrainien.

    La réaction de Çavuşoğlu est intervenue après que Macron a tenté d’entraîner la Turquie dans sa querelle avec l’Algérie au sujet de la tristement célèbre domination française dans le pays d’Afrique du Nord qui a duré entre 1830 et 1962 et a coûté la vie à des dizaines de milliers d’Algériens.

    Selon les médias français, Macron, dans un effort pour pallier le passé colonial atroce de la France, a affirmé qu’« il y avait eu une colonisation avant la domination coloniale française » en Algérie, faisant allusion à la présence ottomane dans le pays entre 1514 et 1830.

    « La construction de l’Algérie en tant que nation est un phénomène à surveiller. Y avait-il une nation algérienne avant la colonisation française ? Telle est la question », a déclaré Macron. « Il y a eu des colonisations antérieures. Je suis fasciné de voir la capacité de la Turquie à faire oublier totalement le rôle qu’elle a joué en Algérie et la domination qu’elle a exercée, et à expliquer que nous sommes les seuls colonisateurs. C’est bien. Les Algériens le croient », a-t-il déclaré.

    “C’est tellement mal pour lui d’entraîner la Turquie qui n’a pas de tache sombre de colonialisme dans son passé dans cette discussion”, a déclaré Çavuşoğlu, ajoutant que ceux qui ont quelque chose à dire sur la Turquie “devraient le dire directement en face, pas dans notre dos . Tout comme ce que fait notre président Recep Tayyip Erdoğan.

    Çavuşoğlu a déclaré que Macron devrait mieux essayer de prendre des mesures pour gagner la confiance de son peuple et éviter les mouvements populistes avant les élections présidentielles de mai 2022 en France.

    Les propos de Macron ont déclenché une profonde tension entre la France et l’Algérie, cette dernière ayant fermé son espace aérien aux avions militaires français.

    Aldjazair.org

  • Algérie: « Mes ancêtres ont croisé le fer avec la puissante Rome »

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    Pour rappeler aux Français et au monde la profondeur de l’histoire nationale, Lamamran s’est rendu à la prison romaine où fut détenu Jugurtha, l’un des héros de l’Algérie antique… Au Président français Emmanuel Macron qui demandait le week-end dernier « si la nation algérienne existait avant la colonisation française », le chef de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra, a convié Macron à réviser ses classiques en Histoire en lui répliquant par cette subtilité qu’on peut résumer comme suit :

    « Au cas où vous l’ignoriez, mes ancêtres ont croisé le fer avec la puissante Rome. » En Italie, c’est en marge des travaux du sommet qu’il est revenu à la charge concernant les déclarations du Président français. Pour rappeler aux Français et au monde la profondeur de l’histoire nationale, il s’est rendu à la prison romaine où fut détenu Jugurtha, l’un des héros de l’Algérie antique. Une visite qu’il a partagée sur son compte Twitter. « Une séquence de l’histoire de l’Algérie, aux racines ancrées dans la profondeu de Rome. Le lieu où fut emprisonné et tué le roi de Numidie Jugurtha, fils de Cirta et petit-fils de Massinissa, en 104 avant Jesus-Christ, après une guerre féroce qui a duré 7 ans contre Rome », a écrit Ramtane Lamamra. Une manière de remettre les choses à leur place après l’interrogation d’Emmanuel Macron sur l’existence de la nation algérienne avant la colonisation française. Tous ceux qui, en France, partagent l’idée qui veut que l’Algérie n’ait aucune existence en tant que nation avant sa colonisation en 1830, peuvent lire entre les lignes ce message : vous ne pouvez pas remonter aussi loin pour parler de votre propre histoire. L’évocation de Jugurtha s’inscrit aussi en droite ligne des récentes déclarations du ministre des Affaires étrangères et de celles de toute l’Algérie officielle, concernant le colonialisme et sa prétendue « mission civilisatrice ».

    Jugurtha est pour les Algériens le symbole de la résistance de leurs ancêtres à la Rome antique et à ses velléités d’expansion et de domination. À Bamako, Lamamra a déclaré que « l’Afrique est le berceau de l’humanité » mais aussi le tombeau du colonialisme ». Les défaites infligées par l’armée de Jugurtha aux légions romaines sont l’illustration de cette affirmation. Aussi, le sort atroce qui lui a été réservé – il est mort de faim dans un cachot romain – est une séquence de la hideur du colonialisme, quel que soit son nom ou son époque. Ce n’est pas la première fois que le nom de Jugurtha est évoqué par l’Algérie pour porter la contradiction dans un litige diplomatique.

    En juillet dernier, un commentaire de la revue de l’ANP, El Djeich, rappelait au Maroc toutes ses trahisons envers l’Algérie à travers l’histoire, parmi lesquelles la livraison de Jugurtha à Rome par Bochus, roi de la Maurétanie césarienne, soit le Maroc actuel. L’Algérie peut s’en vouloir d’avoir elle-même occulté sa profondeur historique. Pendant au moins les 30 premières années de son indépendance, elle a presque complètement ignoré la dimension amazighe de son identité, et partant, les hommes et les faits antérieurs à la conquête musulmane au 7e siècle.

    Malgré les avancées enregistrées dans ce sens depuis les années 90, un personnage comme Jugurtha n’a toujours pas la place centrale qu’il devrait occuper dans le récit national. Les réactions en Algérie, du côté des officiels, de la société civile et même d’une partie de l’opposition, ont porté sur cette remise en cause. L’Algérie a décidé de rappeler son ambassadeur à Paris et fermé son espace aérien aux avions d l’armée française qui se rendent au Mali dans le cadre de l’opération Barkhane. Aux avant-lignes de cette riposte, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra.

    Au cours d’une visite au Mali justement, mardi 6 octobre, il a dénoncé une « faillite mémorielle qui met les relations de la France officielle avec certains de nos pays dans des situations de crise malencontreuses », appelant les autorités françaises à « décoloniser leur propre histoire » Ils ont « besoin de se libérer de certaines attitudes et visions qui sont intrinsèquement liés à la logique incohérente portée par la prétendue mission civilisatrice de l’Occident », a-t-il dit à Bamako.

    Par : LAKHDARI BRAHIM

    Le Midi Libre, 10/10/2021

  • L’Afrique tombeau du colonialisme qui se referme

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    En déclarant l’Afrique “tombeau du colonialisme”, Lamamra, le chevronné actuel ministre des affaires étrangères de l’Algérie s’élève frontalement contre le néocolonialisme indécrottable de Paris. C’est en homme politique qui connaît ses dossiers et fier citoyen de la nation algérienne chantre de l’anti-colonialisme qu’il a remis à sa place poliment une France qui se droitise en pré-campagne présidentielle et qui se devait de nouveau d’essuyer le couteau sur l’Afrique.

    En visite officielle à Rome, Ramtane Lamamra en a profité pour visiter le tombeau de Jugurtha en un pied de nez à Macron pour lui signifier de relire ses pages d’histoire. Jugurtha est né vers 160 av. J. C à Cirta — actuelle Constantine, Algérie — et mort en 104 av. J.-C. à Rome, est un roi numide. Il s’oppose durant sept ans à la puissance romaine entre 111 av. J.-C. et 105 av. J. C, durant un conflit qui nous est connu sous le nom de « guerre de Jugurtha ». Le Mali a été le berceau de trois grands empires : l’empire du Ghana, l’empire du Mali et l’empire songhaï…

    Et pourtant, pour la France de Macron avant son arrivée, c’était le néant en Afrique. Nous laisserons le récit de l’histoire riche de l’Afrique aux historiens.

    L’Algérie, en rappelant son ambassadeur et interdisant son espace aérien aux avions militaires français vient certifier avec l’assurance de sa stabilité acquise grâce au bon choix de ses partenaires (Russie/Chine) que la perversité de la France vis-à-vis de l’Afrique ne cessera pas tant que celle-ci prêtera le flanc avec son ignorance, sa faiblesse ou sa vénalité.

    Une Afrique qui se doit de hausser le ton contre toute présence qui porte atteinte à sa souveraineté. Pas que contre la France qui persiste. Elle se doit, comme le reste du monde libre, de délimiter ses lignes rouges pour s’affranchir de cette tutelle créant le besoin et qui suce son sang depuis des siècles pour le recracher en métropole sur les immigrés.

    L’Algérie en soutenant la Libye, la Tunisie, le Mali ouvre une brèche dans la forteresse de la Françafrique qui n’est grande que parce qu’elle s’appuie sur les épaules du continent le rabaissant à chaque élection présidentielle. Ne répondez pas à la fausse flatterie du sommet Afrique France qui n’est qu’un écran de fumée où on a pris pour figurants les enfants de Harkis et des nègres de salons venus danser autour de la Macronie dans une mise en scène digne d’une démocratie intermédiaire.

    La France de Macron s’obstine dans un déni futuriste de s’acquitter de sa dette morale et matérielle qu’elle a envers ses anciennes colonies. Il faut cesser de croire que seul le système est coupable, son peuple dans sa majorité, naguère jouissant des privilèges de l’empire colonial, soutient par orgueil secrètement un Macron embourbé dans les dédales d’une histoire proche peu reluisante. Tout ceci laisse une porte grande ouverte royalement à la Chine, aux Russes et aux Américains pour rafler la mise dans un monde qui change plus vite que certains.

    Le printemps arabe n’a emporté que les pays faibles et mal accompagnés. Quand Kadhafi s’est tourné vers la Chine et la Russie, ils l’ont éliminé. L’Occident a fait du terroriste un fonds de commerce aux détriments des nations instables. L’Algérie prouve par sa stabilité que malgré ses positons non-alignés, elle reste solide et le Hirak peut suivre son cours vers sa maturité politique sans immixtion dans ses affaires de parties étrangères déstabilisatrices déguisées en âmes charitables.

    L’Afrique doit rendre l’aumône à l’Occident. L’époque des renversements est révolue, et la Russie apparaît comme un partenaire solide qui parraina la Syrie que le Western World réuni n’a pu renverser. La Russie, et la Chine s’érigent lentement en rempart contre le néo-colonialisme offrant une alternative à une Afrique riche en ressources et pourtant exsangue des abus séculaires de Londres, Paris et Washington.

    Mohammed Mezouar

    Aldjazair.org, 09/10/2021

  • Qui sème le vent…., Monsieur Macron

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    La décision subite et malvenue que vous venez de prendre concernant la réduction de moitié de l’octroi des visas aux algériens, ne manque pas de susciter la gouaillerie de ces derniers, bien plus que l’ire qui ferait jubiler certains parmi vos compatriotes les plus xénophobes et les politiques les plus zélés de votre pays, à leur grand dam. Vous n’êtes pas sans ignorer que votre tentative d’édulcorer la teneur sévère et disproportionnée de vos propos, en déclarant doctement votre intention de cerner cette mesure uniquement aux membres de l’élite dirigeante, est sans grand effet car incapable de vaincre les velléités abusives des préposés à cette opération, que vous ne pourrez empêcher par aucun moyen de se livrer à des pratiques encore plus restrictives dans la délivrance des visas.

    Les conditions précipitées qui l’entourent, l’approximation des règles d’application accompagnant habituellement ce genre de directive qui touche à une matière considérée sans doute comme de seconde priorité, et le sceau des prérogatives discrétionnaires aidant laissent le champ libre aux commis à cette fonction pour s’adonner aux interprétations les plus extensives et souvent infondées, qui donnent lieu à des suites négatives aux demandes de la grande majorité des personnes ne faisant aucunement partie de “l’élite dirigeante“ supposément ciblée, et qui a paradoxalement toujours bénéficié des bonnes grâces et de la protection de l’Etat français quand il s’est agi de blanchir leur fortune mal acquise en Algérie, en s’offrant des propriétés immobilières parmi les plus cossues au cœur même de la capitale française !

    Ces malfrats ont beau faire l’objet d’un mandat d’arrêt avec notice rouge via Interpol lancé depuis des mois par les autorités judiciaires algériennes, à ce jour aucun n’a été arrêté sur le sol de l’hexagone, et encore moins extradé à partir de ce territoire. C’est là que se situe la déperdition de vos visas Mr Macron, ceux que vous avez accordés à des criminels de haut acabit qui ont trouvé refuge dans votre pays, par la grâce de cette satanée règle scélérate du politiquement correct.

    Votre sortie impétueuse ne s’est pas arrêtée là malheureusement. Emporté par votre pétulance à tout le moins bruyante, vous vous êtes laissé aller à des errements pédantesques, échappés de votre contrôle et amplifiés par vos prétentions déplacées et démesurées de porte-voix d’une tendance doctrinaire versée dans l’interprétation exaltée de l’histoire, et faisant outrageusement étalage d’une gloriole enfantée par une condescendance immanente, se réfrénant toute retenue et tout sens d’objectivité pour donner libre cours aux slogans à relents suprémacistes, toisant de surcroît au passage et de bien haut les sociétés anciennement colonisées, avec un regard impérieux qui exclut en une seule giclée remords et repentance.

    De vulgaires motivations électoralistes vous ont poussé tout droit à l’impertinence, au point que vous n’ayez eu aucun égard à clamer l’inexistence d’un état algérien avant que vos ancêtres n’y débarquassent en 1830, sabres au clair et baïonnettes tendues.

    Votre arrivée précoce au sommet du pouvoir, si l’on se réfère à votre carrière politique relativement jeune, a produit une sorte de diffraction, chassant de votre vision politique qui sied en principe à tout homme d’Etat d’envergure la portée néfaste et imprévue de votre discours, exposant ainsi au grand jour une ingénuité qui compromettra pendant encore un certain temps votre maîtrise des us et coutumes universellement admises dans le milieu diplomatique. Mal vous en prit, Monsieur le Président.

    Le Carrefour d’Algérie, 10/10/2021

  • France-Algérie : «Ni marchandage, ni surenchère»

    France, Algérie, colonisation, mémoire, Emmanuel Macron,

    La France coloniale renaît de ses cendres et fait ses siennes quand il s’agit distinctement de remuer le couteau dans la «plaie» de l’histoire commune. Les derniers propos du président français, à l’encontre de l’Algérie, traduisent un certain sentiment néocolonialiste voulant imposer son agenda économique et politique sur des pays d’Afrique, ses anciennes colonies. La France de Macron, en sondage avancé sur la candidate de l’extrême droite Marine Le Pen, à une année des prochaines présidentielles, donne l’impression par ses propos pro racistes de prendre de vitesse sa rivale directe.

    Persuadée qu’elle remportera cette élection, la parlementaire du Pas-de-Calais avait avoué, non sans certitude, qu’elle ne raterait pas la future présidentielle qui lui échappe ainsi qu’à son père, le fondateur du parti extrémiste de droite. La France dont les troupes militaires, en présence sans cesse réduite au Mali, l’une de ces anciennes colonies, est en train de perdre sa vitesse de croisière et son champ de manœuvre dans ce pays où les efforts se poursuivent pour la paix et le gouvernement d’union nationale. Que faut-il alors retenir des propos de Macron? Une sorte de pression sur l’Algérie, un partenaire et allié stratégique du Mali. Pour le locataire de l’Elysée ainsi que les renseignements tant de la DST que de la DGSE, l’Algérie qui se repositionne sur le plan régional et international grâce à la politique de son président Abdelmajid Tebboune, son armée et sa diplomatie extérieure menée par son fer de lance Lamamra, représente une menace potentielle aux intérêts français en Afrique. Les spécialistes retiennent que ce sont des propos hostiles jamais rendus publics auparavant par un président français.

    Candidat à sa succession, Macron espère pouvoir tirer des dividendes électoraux par ses propos et recueillir les faveurs des partisans de Marine Le Pen. Mais ni marchandage ni surenchère. L’Algérie n’oublie pas de sitôt les crimes français perpétrés dans le pays dans les campagnes, dans les villages, dans le Sahara algérien, ni les essais nucléaires français à Reggane et Ain Iker, ni le dossier des mines antipersonnelles, encore moins son droit aux archives coloniales.

    Le ministre de la Communication, Ammar Belhimer, remet les pendules à l’heure. Il a estimé jeudi que les propos hostiles du président français à l’endroit de l’Algérie, prouvent que “la mentalité coloniale est présente à des niveaux officiels en France”. Il soutient que “la souveraineté nationale est une question existentielle qui ne tolère aucun marchandage ni aucune surenchère”. “Je n’aborderai pas la teneur des déclarations du président français mais je tiens à dire que la souveraineté nationale est une question existentielle pour l’Algérie qui ne tolère aucun marchandage ni aucune surenchère, que ce soit à des fins électoralistes ou politiciennes ou pour s’attirer les faveurs d’un électorat qui voue de la haine à l’Algérie”, a affirmé M. Belhimer dans un entretien au journal “Wassit Mag”.

    “Nous allons bientôt nous remémorer les crimes commis par la France coloniale, un 17 octobre, contre le peuple algérien qui réclamait pacifiquement la liberté et l’indépendance”, a enchaîné le ministre, estimant que les propos du président français “viennent nous rappeler que la mentalité coloniale en France n’est pas l’apanage du milieu partisan, mais est également présente à des niveaux officiels”.

    Il a réaffirmé, dans ce cadre, le principe de non-ingérence dans les affaires internes, consacré par l’Algérie dans ses relations étrangères. Le ministre de la Communication a rappelé une déclaration qu’il a faite le 15 juin dernier sur les ondes de Radio France internationale (RFI), où il a affirmé que “l’indépendance pour laquelle s’est sacrifiée l’Algérie, ne saurait être complète sans réunir trois axes principaux, à savoir: la reconnaissance par la France de ses crimes coloniaux, l’incrimination de l’acte colonial dans le droit algérien pour mettre fin définitivement à la dualité colonisateur/colonisé tel que conçu par le moudjahid +Frantz Fanon+ et la présentation solennelle des excuses ainsi que l’indemnisation de tous les dégâts humains, matériels et environnementaux commis par la France durant son occupation”.

    Par ailleurs, M. Belhimer a pointé du doigt les attaques menées contre l’Algérie par ses ennemis de l’extérieur, notamment les offenses médiatiques sur l’espace cybernétique initiées par le makhzen marocain qui “œuvre ouvertement à déstabiliser l’Algérie”.

    Il a salué, à cet égard, le rôle des médias algériens qui “ont prouvé leur haut sens de professionnalisme dans la défense du pays” et qui constituent désormais “un rempart face aux attaques répétées. Ils permettent d’éclairer l’opinion publique en la mettant au fait des intentions hostiles du Maroc et de son allié sioniste à l’égard de l’Algérie”.

    En battant en brèche les allégations marocaines suite à la décision souveraine prise par l’Algérie de rompre ses relations diplomatiques avec le Maroc, les médias algériens sont devenus “une source d’informations fiable pour les différents médias internationaux, tant les médias audiovisuels et électroniques que la presse écrite”.

    Le Carrefour d’Algérie, 10/10/2021

    #France #Algérie #Mémoire #Colonisation