Étiquette : Emmanuel Macron

  • Notre Russie de tous les jours…

    Matei VIȘNIEC

    Etrange est l’illusion des Français qu’ils pourraient avoir une influence sur la Russie! Je suis cette saga diplomatique et culturelle avec un grand intérêt depuis de nombreuses années . Hélène Carrère d’Encausse, secrétaire perpétuelle de l’Académie française et spécialiste de l’histoire de la Russie, affirme que «le couple franco-russe a toujours été passionné». De nombreux événements historiques peuvent fournir des arguments à l’appui de cette thèse, comme le fait que les Russes n’étaient pas irrémédiablement en colère contre les Français après que Napoléon les a envahis en 1812 et incendié leur capitale. Au contraire, la France offrait alors une occasion inattendue aux officiers russes de se venger à leur manière, en brillant dans les salons parisiens, et à l’armée russe, qui campait aux côtés de Paris, de prouver qu’elle était plus «civilisée» que les Français…

    Depuis une vingtaine d’années, les relations de Vladimir Poutine avec les présidents français sont parfois «passionnées». Depuis 2000, date à laquelle il a été élu président de la Fédération de Russie, Poutine a eu l’occasion de bien connaître Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, François Hollande et Emmanuel Macron. Les meilleures relations de Poutine étaient avec Chirac. Ils auraient même atteint une certaine relation d’amitié, de confiance mutuelle, disent ceux qui ont eu accès aux coulisses de ces rencontres et discussions. En 2003, par exemple, Poutine a grandement apprécié le fait que la France ne soit pas d’accord avec l’intervention militaire américaine en Irak.

    Avec Nicolas Sarkozy, la «relation passionnée» a été plus dure au début, Sarkozy a semblé un peu trop impétueux dans son premier dialogue avec Poutine, et Poutine n’aurait pas hésité à le menacer simplement. Du point de vue de Poutine, le président Sarkozy était «l’homme des Américains» car il a décidé de renvoyer la France dans l’Alliance atlantique. Et pourtant, plus tard, un petit miracle s’est produit, les deux hommes ont commencé à s’apprécier, Nicolas Sarkozy a même accepté pour la France de construire deux navires de guerre Mistral pour les Russes. Et en 2008, au milieu d’une crise entre la Russie et la Géorgie, Sarkozy a réussi (du moins c’est la version française) à calmer Poutine.

    Les choses ont commencé à prendre une tournure plus dramatique dans les années où François Hollande était président. Et il n’y a probablement jamais eu de courant positif entre Hollande et Poutine. François Hollande a profondément irrité Poutine en arrêtant la livraison des navires Mistral à la Russie, compte tenu du conflit en Ukraine et de l’annexion de la Crimée. Cependant, il n’est pas difficile de voir que tant que la Russie était dans une période de «convalescence» économique et militaire, après la période Eltsine, les Français s’entendaient mieux avec Poutine. Et après que Poutine a restauré la Russie à son statut de puissance majeure dans la tradition impériale, les relations avec Paris se sont affaiblies.

    Emmanuel Macron avait également l’ambition de montrer qu’il peut être un interlocuteur privilégié du président russe. Symboliquement, au début de son mandat, il a offert à Poutine l’honneur d’être le premier chef d’État étranger à être reçu au château de Versailles, en grande pompe. Cependant, le contexte international, surtout depuis le déclenchement de la guerre en Syrie en 2011, est devenu si compliqué que les efforts de Macron pour créer de nouveaux ponts entre Européens et Russes ont eu pour effet de déferler des vagues. Poutine, quant à lui, a changé, devenant un véritable tsar, et l’Union européenne a perdu de son prestige et de sa force à la suite du Brexit. Et la guerre froide entre la Chine et les États-Unis, qui, selon de nombreux experts, marquera les prochaines décennies, place la Russie dans une position favorable en tant qu’allié potentiel de chaque camp.

    Alors que la situation s’est à nouveau aggravée dans l’est de l’Ukraine depuis le début de l’année et que le nouveau président américain Joe Biden semble avoir pris une ligne dure à l’égard de Poutine, la presse française renoue avec l’idée que Macron pourrait jouer un rôle, qu’il pourrait jouer un rôle de médiateur. la reprise du dialogue entre Occidentaux et Russes. Sleepy Joe, comme les républicains appelaient Joe Biden parce qu’il semblait un peu endormi au moment de la campagne électorale, est devenu, écrit la presse anglo-saxonne, une sorte de Sniper Joe . Il a décrit Xi Jinping comme un homme totalement insoluble dans l’idée de démocratie, et en Poutine il voit un «tueur».

    Mais les mots ne sont pas très importants dans les guerres diplomatiques, et les dirigeants internationaux se serrent souvent la main après s’être embrouillés. L’important maintenant est que chacun se comprenne sans que l’Ukraine devienne un espace de confrontation entre les États-Unis et la Russie.

    La Russie et la Chine «testent» actuellement Biden respectivement en Ukraine et à Taiwan, selon des experts géopolitiques. La crédibilité de la nouvelle politique de Washington, qui cherche à fédérer les démocraties mondiales et à mettre davantage l’accent sur les droits de l’homme, dépend de la capacité des Américains à aider les Ukrainiens et à protéger l’indépendance de Taiwan – une idée de plus en plus exprimée dans la presse française. Pour «tester» les Américains, Poutine a décidé de programmer des manœuvres militaires près de la frontière avec l’Ukraine, en guise de démonstration de force, et Xi Jinping a envoyé des avions militaires survoler l’île rebelle dans le même esprit.

    Voici, en une phrase, la stratégie du président français Emmanuel Macron vis-à-vis de la Russie: «Si nous maintenons le dialogue en permanence, nous pouvons obtenir des résultats, ou du moins nous pouvons éviter de graves divergences. Cela prendra des années, voire des décennies, mais nous devons le faire au nom de la paix et de la stabilité en Europe.  » Cette logique cache beaucoup de sagesse. Les Russes ont l’espace et le temps de leur côté. Ils ne sont pas pressés, Poutine peut s’attendre à ce que de nouveaux présidents ou chefs de gouvernement viennent dans tous les pays occidentaux avec lesquels il a des différends pour trouver des accords plus favorables aux intérêts de la Russie. En Europe, il n’apprécie qu’Angela Merkel puisqu’elle est au pouvoir depuis 2005. Et elle n’appréciera Macron que si elle remporte à nouveau l’élection présidentielle, en mai de l’année prochaine.

    Matei Vişniec est écrivain, dramaturge et journaliste.

    Dilema Veche, 8 avr 2021

    Etiquettes : Russie, Eurpe, Vladimir Poutine, France, Emmanuel Macron,

  • Le poids des énarques sous la Ve République

    Un président sur deux, quatre Premiers ministres sur dix, un ministre sur sept: les anciens élèves de l’Ecole nationale d’administration (ENA), qu’Emmanuel Macron a dit jeudi vouloir «supprimer», ont marqué la Ve République de leur empreinte.

    Parmi les huit présidents, quatre sont énarques: Valéry Giscard d’Estaing, Jacques Chirac, François Hollande et Emmanuel Macron lui-même.

    C’est également le cas de neuf des 23 Premiers ministres: outre Jacques Chirac, Laurent Fabius, Michel Rocard, Edouard Balladur, Alain Juppé, Lionel Jospin, Dominique de Villepin, Edouard Philippe et Jean Castex.

    Sur les 672 ministres et secrétaires d’Etat de la Ve République, 98 ont fait l’ENA (14,6%), selon une base de données tenue par l’AFP.

    – Giscard, le pionnier –

    Le 8 janvier 1959, lorsqu’est nommé le premier gouvernement de la Ve République, Valéry Giscard d’Estaing, secrétaire d’Etat aux Finances, est, à 32 ans, le seul énarque.

    En 1974, il sera aussi le premier énarque à être élu président. Ses prédécesseurs étaient nés trop tôt pour avoir pu faire l’ENA, créée après-guerre en 1945.

    – Sous Pompidou, l’ère des énarques –

    Le poids des énarques sous la Ve République
    François Mitterrand accompagné par son successeur Jacques Chirac à son départ de l’Elysée le 17 mai 1995 / AFP/Archives

    S’ils ne sont qu’une poignée sous la présidence du Général De Gaulle (1958-1969), les énarques connaissent leur apogée sous Georges Pompidou. Entre 1969 et 1974, sur les 69 ministres de ses gouvernements, 23,2% sortent de l’ENA. Une proportion qui est montée à 37% d’avril 1973 à février 1974, un record inégalé depuis.

    Ses trois successeurs, MM. Giscard d’Estaing, Mitterrand et Chirac, feront également confiance aux anciens élèves de l’école, avec respectivement 16,8%, 18,2% et 20,6% de ministres énarques.

    Les énarques se sont taillé la part du lion pendant les périodes de cohabitation: 32% lorsque M. Chirac était le Premier ministre de M. Mitterrand, 29% lorsque Lionel Jospin était celui de M. Chirac.

    – Plus de conseillers que de ministres –

    Depuis la présidence de Nicolas Sarkozy, les énarques se font plus rares.

    Le poids des énarques sous la Ve République
    Emmanuel Macron et Edouard Philippe le 8 mai 2020 à Paris / POOL/AFP/Archives

    Si Emmanuel Macron et ses deux Premiers ministres successifs Edouard Philippe et Jean Castex sortent de l’ENA, ils n’ont nommé que sept ministres énarques depuis 2017, sur 67 (10,4%).

    Cinq d’entre eux sont actuellement au gouvernement: les ministres Bruno Le Maire (Economie et Finances) et Florence Parly (Armées), les ministres déléguées Emmanuelle Wargon (Logement) et Agnès Pannier-Runacher (Industrie), ainsi que le secrétaire d’Etat Clément Beaune (Affaires européennes).

    Les énarques gardent un poids important dans l’entourage des ministres et du président. A l’Elysée, 30% du cabinet de M. Macron a fait l’ENA.

    – Le Quai d’Orsay, nid d’énarques –

    Le poids des énarques sous la Ve République
    Dominique de Villepin (D) raccompagne, le 8 mai 2002 sur le perron du Quai d’Orsay à Paris, son prédécesseur Hubert Védrine à l’issue de la passation de pouvoir / AFP/Archives

    Le ministère qui a vu passer le plus d’énarques (41%) est celui des Affaires étrangères, avec notamment Hubert Védrine, Dominique de Villepin, Alain Juppé et Laurent Fabius.

    Suivent la Défense et la Culture (35% chacun). Les énarques ont détenu souvent brièvement ce dernier portefeuille, tandis que les deux personnalités qui ont occupé le poste le plus longtemps n’avaient pas fait l’ENA: André Malraux, qui appartenait à une autre époque, et Jack Lang.

    Les grands ministères économiques et financiers (31%) et l’Intérieur (26%) ne sont pas loin.

    Les ministères de l’Education (13%) et de la Justice (12%) sont bons derniers.

    La Croix, 8 avr 2021

    Etiquettes : France, Sarkozy, Mittérand, Valéry Giscard d’Estaing, Jacques Chirac, François Hollande, Emmanuel Macron,

  • Les difficultés d’Emmanuel Macron ouvrent un espace pour Marine Le Pen

    Mais ils entraînent aussi une plus grande surveillance

    Marion Anne Perrine Le Pen n’a jamais vraiment voulu faire de la politique. C’est sa sœur aînée, Marie-Caroline, que l’on croyait destinée à suivre les traces de leur père, Jean-Marie, cofondateur en 1972 du Front national, parti d’extrême droite français. Marine, comme on l’appelait dans son enfance, était le bébé de la famille, la troisième fille blonde, qui se destinait à une carrière d’avocate. Pourtant, depuis dix ans, pour des raisons de hasard et de ruse, c’est Marine Le Pen qui dirige le parti qu’elle a rebaptisé Rassemblement national. Et dans douze mois, c’est son nom qui figurera sur le bulletin de vote de la prochaine élection présidentielle française, pour la troisième fois consécutive. Est-il temps de penser l’impensable ?

    S’attarder sur la possibilité, aussi infime soit-elle, que Mme Le Pen s’empare de la présidence déstabilise les esprits libéraux. Le simple fait d’en parler lui donne de l’oxygène et confère une légitimité à une candidate qui a déjà comparé les musulmans priant dans la rue en France à l’occupation nazie. Pourtant, les chances d’une victoire de Mme Le Pen ne sont plus proches de zéro. Avec une nouvelle flambée des infections au covid-19 et une campagne de vaccination qui ne fait que commencer, la cote de popularité d’Emmanuel Macron est en baisse. Après un président de droite (Nicolas Sarkozy), de gauche (François Hollande) et du centre (M. Macron), un électorat désabusé pourrait être tenté d’essayer quelque chose de différent. La principale raison pour laquelle les électeurs ont tendance à soutenir son parti est qu’ils en ont assez de tous les autres.

    En outre, Mme Le Pen est désormais une militante chevronnée, qui connaît les conséquences d’une élection présidentielle à deux tours et les cicatrices laissées par la défaite. Elle est passée maître dans l’art de la phrase choc, en qualifiant de « vaccin de Waterloo » la décision de M. Macron, le 31 mars, de mettre la France en état d’urgence. « Confinement, déconfinement, reconfinement », chante Mme Le Pen, se moquant de la stratégie changeante du gouvernement. Les sondages suggèrent que, si un second tour devait avoir lieu aujourd’hui, elle pourrait obtenir 47-48% contre 52-53% pour M. Macron, une marge effrayante. Autrefois, on supposait que les électeurs modérés de gauche et de droite se lèveraient, choqués et honteux, dans tout le pays pour empêcher une Le Pen d’accéder à la fonction suprême. Aujourd’hui, les électeurs désabusés par M. Macron, notamment à gauche, jurent simplement de s’abstenir.

    Si les problèmes de M. Macron ouvrent un espace pour Mme Le Pen, ils entraînent également une surveillance accrue. Certains types peu recommandables se cachent toujours dans son ombre. On s’interrogera sur son approche de l’exercice démocratique du pouvoir. Une inspection plus étroite impliquera également ce que l’on pourrait appeler le défi de la compétence. Dans le passé, lorsque le Front national était un parti de contestation, cela importait peu. Son père cherchait à hurler, pas à gouverner. Elle cherche le pouvoir.

    Il y a quatre ans, son discours politique était distinctif. Elle était une Frexiteer, qui a juré de sortir la France de l’euro, de fermer ses frontières aux immigrants, de réprimer l’islamisme et d’obliger les usines à fabriquer des produits et à conserver les emplois dans le pays. Elle a opposé son approche « patriotique » à ce qu’elle a appelé la vision « mondialiste » de M. Macron : la dérégulation et l’européanisme post-national.

    Aujourd’hui, cependant, Mme Le Pen a abandonné le Frexit, conserverait l’euro et promet de forger une « Europe des nations » en réformant de l’intérieur. La candidate n’a plus le monopole des questions de souveraineté nationale ; tous les partis jurent de fabriquer davantage de masques, de vaccins et de médicaments en France. Quant au projet de loi sur les « valeurs républicaines » de M. Macron, que ses détracteurs considèrent comme une chasse au vote d’extrême droite de Mme Le Pen, il est également destiné à endiguer l’islamisme. D’ailleurs, Gérald Darmanin, son ministre de l’Intérieur, l’a fait sursauter lors d’un débat en l’accusant d’être trop douce sur ces questions. Aujourd’hui, Mme Le Pen, populaire parmi les anti-vaxxers, soutient la vaccination.

    De nombreux électeurs verront toujours le nom de famille, ne tiendront pas compte du nouvel emballage et rejetteront le message sous-jacent, jugé diviseur et toxique. Environ un quart des électeurs se disent prêts à soutenir Mme Le Pen au premier tour, mais ce n’est pas plus qu’un an avant le précédent scrutin présidentiel. Pourtant, elle a la possibilité d’aller plus loin. Certaines de ses politiques sont désormais difficiles à distinguer de celles de la droite conservatrice ou nationaliste dominante. En effet, ses promesses de restreindre les droits de citoyenneté et de réduire l’immigration sont adoptées par les partis conservateurs à travers l’Europe, y compris en Grande-Bretagne. Lorsque Mme Le Pen promet de mieux gérer les choses, il s’agit de savoir si les électeurs pensent qu’elle est suffisamment compétente pour le faire.

    Ce qui, paradoxalement, offre un certain confort aux macronistes. Personne n’a oublié le débat sauvage de second tour de Mme Le Pen contre M. Macron en 2017, lorsqu’il lui a calmement rappelé qu’elle avait confondu une entreprise qui fabrique des téléphones avec une autre qui fabrique des turbines industrielles. Il pourrait être endommagé par sa gestion de la troisième vague de covid-19. Mais, avec la reprise des vaccinations, M. Macron pourrait encore se rétablir. Il est moins mal aimé que M. Sarkozy ou M. Hollande à ce stade de leur mandat. Si les prochaines élections se jouent sur l’expertise technique, M. Macron aura un avantage considérable.

    Venez tous, venez tous

    Cependant, les inquiétudes concernant l’aptitude de Mme Le Pen à gouverner pourraient également aider ses rivaux potentiels de droite. L’un d’entre eux, Xavier Bertrand, chef de la région Hauts-de-France, a déjà déclaré qu’il se présenterait. Un autre, Valérie Pécresse, chef de la région parisienne, pourrait le faire. Un autre encore, Edouard Philippe, l’ex-premier ministre de M. Macron, reste en retrait en tant que maire du Havre, se décrivant dans une tournée publicitaire pour un nouveau livre comme « loyal » mais aussi « libre ». Pour lequel, probablement, lire : Je ne me présenterai pas contre M. Macron, mais je n’hésiterai pas à me déclarer si le président décide qu’il ne peut pas le faire. Même Michel Barnier, l’ancien négociateur de l’UE pour le Brexit, pourrait tenter sa chance.

    En fin de compte, Mme Le Pen pourrait encore être jugée, du moins au premier tour, non pas sur des calculs cérébraux concernant la compétence, mais sur l’identité, l’émotion et la colère anti-élite dans la France rurale et industrielle. Le défi de la compétence s’appliquera davantage au second tour. Qui, à ce stade, est toujours le plus susceptible de voir M. Macron affronter, et battre de justesse, Mme Le Pen. Mais la politique reste très fluide. Les partis traditionnels sont creux. Les Français rebelles aiment créer la surprise. Personne n’est mieux placé que M. Macron pour le savoir. ■

    The Economist, 9 avr 2021

    Etiquettes : France, élections présidentielles, Emmanuel Macron, Marine Le Pen, LREM, Rassemblement National, extrême droite,

  • Séparatisme: Vers l’interdiction du drapeau algérien lors des mariages en France?

    Alors qu’ils ont déja ajouté, mardi 30 mars, l’interdiction aux mères accompagnatrices de sorties scolaires de porter le voile -sujet que La République en marche (LREM) avait tout fait pour éviter a l’Assemblée nationale- les parlementaires de la chambre haute viennent de voter une disposition permettant de bannir les drapeaux étrangers des mariages.

    L’amendement en question, prévoit effectivement la possibilité de réglementer le fait d’arborer des drapeaux autres que ceux de la République française ou de l’Union européenne” en de telles célébrations.

    L’amendement adopté autorise le maire a réglementer le fait d’arborer des drapeaux autres que ceux de la République française ou de l’Union européenne lors de la célébration de mariages ou de l’enregistrement de pactes civils de solidarité.

    Cet amendement a provoqué de vifs échanges. Pour certains sénateurs, comme Jacqueline Eustache-Brinio, rapporteure du projet de loi, la question de fond “c’est qu’est-ce que viennent faire des drapeaux dans un mariage ?”

    D’autres parlementaires, comme Esther Benbassa ou Thomas Dossus, sénateur écologiste, qualifient l’amendement de “scandaleux, a la limite du racisme d’Etat”.

    Echourouk Online, 8 avr 2021

    Etiquettes : Algérie, France, séparatisme, Emmanuel Macron, mariages, LREM, drapeaux étrangers des mariages,

  • Montebourg: Marine Le Pen l’emportera car Macron est “détesté” et “arrogant”

    Selon Arnaud Montebourg, ancien ministre français de l’Economie, Emmanuel Macron n’est pas «un rempart» a Marine Le Pen car il est «détesté» et «arrogant».

    Dans une interview accordée au Financial Times, qui consacre un long article au duel «Macron-Le Pen», l’ancien ministre du Redressement Productif ne mâche pas ses mots a l’égard de celui qui fut son successeur a Bercy, ont rapporté des médias français.

    Pour lui, le président de la République «est détesté parce qu’il est arrogant». Il ne constitue donc selon lui pas un «rempart» au Rassemblement national [parti d’extrême droite]: «C’est lui qui mettra au pouvoir Madame Le Pen», juge-t-il même. D’après lui, c’est Marine Le Pen qui «gagnera» l’élection présidentielle de 2022. «C’est la même chose que le phénomène Trump ou le Brexit», estime Arnaud Montebourg.

    Echourouk online, 7 avr 2021

    Etiquettes : France, élections présidentielles, Emmanuel Macron, Marine Le Pen, Arnaud Montebourg, Financial Times, Donald Trump, Brexit,

  • Tous Pourris Pourquoi la France est-elle si sceptique à l’égard des vaccins ?


    Natasha Livingstone

    Natasha Livingstone explore la prévalence des sentiments anti-vaxxers au sein de la population française et son lien potentiel avec les accusations de corruption très médiatisées dont font l’objet les personnalités politiques du pays.

    En novembre dernier, un documentaire est devenu « viral » sur les médias sociaux français. Mettant en scène des scientifiques, des chercheurs et un ancien ministre de la santé – qui a déclaré par la suite qu’il n’était pas au courant de la thèse du film et s’en est dissocié – Hold-Up affirmait que le coronavirus avait été créé pour que le « Nouvel ordre mondial » puisse asservir l’humanité. Le film remettait également en question l’utilité des masques de protection et l’utilité des vaccins.

    En ce qui concerne la désinformation sur la pandémie, le contenu de ce documentaire n’était pas particulièrement nouveau. Comme dans d’autres pays, le sentiment anti-vaxx en France a suscité des craintes que les vaccins ne soient pas sûrs ou qu’ils créent des citoyens de seconde zone et une dictature de la santé.

    Mais des millions de Français ont regardé ce documentaire – et l’on craint que son succès ne soit un symptôme du sentiment anti-vaxxiste de masse dans le pays.

    Une étude Ipsos-World Economic Forum publiée en décembre indiquait que seuls 40 % des Français avaient l’intention de se faire vacciner contre le COVID-19. Une étude publiée en février prévoyait que près de 30 % de la population française en âge de travailler refuserait catégoriquement le vaccin. Une telle hésitation n’est pas propre au coronavirus, une enquête du Wellcome Trust portant sur 140 pays classant la France comme le pays le plus sceptique au monde en matière de vaccins dès juin 2019.

    Mais pourquoi est-ce le cas ?

    Une crise politique
    Pour commencer, plusieurs ministres ont été accusés d’homicide involontaire après que les autorités sanitaires ont sciemment distribué des produits sanguins contaminés par le VIH à des hémophiles dans les années 1980.

    Lors de l’épidémie de grippe porcine de 2009, le gouvernement français a également été accusé de privilégier les grandes entreprises pharmaceutiques en dépensant 780 millions de livres sterling pour 94 millions de doses de vaccin, alors que seulement six millions de personnes ont été vaccinées. Le professeur Jocelyn Raude, de l’École des hautes études en santé publique, a déclaré au Guardian que cette débâcle avait contribué au scepticisme à l’égard des vaccins.

    Une autre façon d’expliquer cette disparité est de poser la question suivante : auriez-vous un avis différent sur une campagne de vaccination gérée par l’État si Theresa May ou David Cameron venaient d’être condamnés à une peine de prison pour corruption ?

    Début mars, Nicolas Sarkozy, président français de 2007 à 2012, a été condamné à trois ans de prison, dont deux avec sursis, pour avoir tenté de corrompre un juge. Il fait également l’objet d’enquêtes liées à des allégations distinctes. Son prédécesseur, Jacques Chirac, a également été condamné à deux ans de prison avec sursis en 2011 pour avoir détourné des fonds publics lorsqu’il était maire de Paris.

    Parmi les condamnations plus récentes pour corruption figurent l’ancien ministre de la Défense François Léotard, François Fillon, ancien Premier ministre de Sarkozy et candidat à l’élection présidentielle de 2017, Jérôme Cahuzac, ancien ministre socialiste du Budget, Claude Guéant, ancien chef de cabinet de Sarkozy, et Patrick Balkany, ancien député du parti de Sarkozy et ancien maire de la banlieue parisienne.

    Selon Philippe Marlière, professeur de politique française et européenne à l’University College de Londres, les hommes politiques français ne sont pas soudainement devenus corrompus. Ils font désormais l’objet d’une surveillance accrue de la part d’une génération de juges plus jeunes et moins respectueux.

    Avant, dit-il, « on avait cette idée que, quoi que fassent les hommes politiques en France, ils étaient au-dessus des lois et que rien ne pouvait leur arriver. Le public était très sceptique et pensait qu’ils étaient corrompus, mais ne pensait pas que quelque chose pourrait leur arriver. »

    Le professeur Marlière a ajouté que le gouvernement du président Macron a été perçu par les critiques comme étant du mauvais côté des récents scandales. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, dont le rôle est de lutter contre la corruption, a déclaré son « soutien amical » à Sarkozy quelques minutes après l’annonce de sa peine de prison et a lui-même été interrogé par des magistrats sur des allégations de viol.

    Il est peu probable que cette série d’affaires ait renforcé la confiance du public dans le gouvernement français qui, selon une enquête publiée en février par l’université française Sciences Po, n’a pas dépassé 35 % depuis plus de dix ans. Plus inquiétant encore, cette méfiance se manifeste de plus en plus par une hésitation à se faire vacciner.

    « Si je ne crois pas que la méfiance des Français à l’égard des vaccins puisse être directement attribuée à des affaires de corruption spécifiques, je pense en revanche qu’elle est directement liée à une ‘crise politique’ française latente », déclare Laurent-Henri Vignaud, un historien qui a récemment rédigé une histoire du mouvement anti-vaxxer en France.

    « Une atmosphère générale de tous pourris ne facilite pas la confiance dans le vaccin, qui est essentiellement un médicament d’État, recommandé et administré par l’État à l’échelle nationale. »

    Le professeur Marlière abonde dans le même sens : « N’oubliez pas que, lorsque la pandémie a commencé, elle a mis fin au mouvement des Gilets jaunes qui a duré deux ans et qui consistait en fait à contester le gouvernement pour son manque de transparence. Être anti-vaccination est une façon de dire ‘quoi que le gouvernement dise ou fasse, je ne lui fais pas confiance pour nous dire la vérité’. C’est plus courant en France qu’en Grande-Bretagne et donc probablement plus dangereux. Globalement, le mouvement anti-vax reflète un manque de confiance dans les paroles et les décisions du gouvernement. »

    Dans ce contexte, une série de volte-face embarrassantes sur le vaccin AstraZeneca peut rapidement alimenter les craintes de corruption et d’incompétence de l’État. Un certain nombre de messages sur les médias sociaux ont spécifiquement visé AstraZeneca, certains affirmant que le Premier ministre français Jean Castex était « pourri » et « corrompu » pour avoir promu le vaccin de la société. En effet, un récent sondage a révélé que seulement 20 % du public français lui faisait confiance, contre 80 % des Britanniques.

    Pour M. Vignaud, la capacité des anti-vaxxers à porter atteinte au programme français de vaccination COVID-19 est toutefois mineure comparée à « un retard de livraison, un mot de travers d’un ministre, un usage frivole du principe de précaution [pierre angulaire de la réglementation européenne qui met l’accent sur la prudence], un désaccord entre États ou une erreur de fabrication par un laboratoire particulier ».

    À ce jour, environ sept millions de personnes ont reçu une première dose en France, contre plus de 30 millions au Royaume-Uni. La bonne nouvelle est que, malgré les prévisions pessimistes concernant la volonté de se faire vacciner, 91 % des résidents des maisons de retraite françaises ont été vaccinés, ce qui soutient la comparaison avec le chiffre équivalent en Angleterre, qui est d’environ 93 %.

    Mais certains observateurs ne sont pas optimistes quant à la suite des événements. Michaël Schwarzinger, chercheur au CHU de Bordeaux et auteur principal d’une étude récente sur l’hésitation à se faire vacciner en France, a récemment déclaré à The Atlantic : « Nous n’arriverons pas à l’immunité de groupe avec la vaccination. Il n’y a qu’une seule alternative – et si ce n’est pas avec un vaccin, c’est par l’infection. »

    Peut-être que la phrase de Sarkozy représente une nouvelle culture politique qui examinera plus efficacement, et donc préviendra, la corruption et pourrait à long terme conduire à une plus grande confiance, y compris dans les campagnes de santé publique.

    Quoi qu’il en soit, les dommages causés par les allégations de corruption politique généralisée en France devraient servir d’avertissement à ceux du Royaume-Uni, où des allégations d’irrégularités dans l’attribution de contrats gouvernementaux ont amené certains à se demander si les ministres n’ont que les meilleurs souhaits de leurs citoyens à cœur.

    Byline Times, 7 avril 2021

    Etiquettes : France, «Tous Pourris», coronavirus, covid 19, pandémie, vaccin, vaccination, Emmanuel Macron,

  • LE CAMP DE LA DROITE CONTRE MACRON SE FORME, MAIS NICOLAS SARKOZY POURRAIT ENCORE ÊTRE EN DIFFICULTÉ

    Lors des élections présidentielles françaises du printemps 2022, la droite conservatrice n’est pas prête à laisser Emmanuel Macron rafler les électeurs du centre-droit. Alors que la gauche n’a actuellement aucune chance et est divisée, la droite conservatrice commence à se ressaisir. Nous montrons qui et comment.

    Au printemps prochain, il y aura des élections présidentielles en France. Les choses peuvent changer rapidement dans la politique française – un exemple est que

    Macron lui-même n’a annoncé sa candidature aux élections de 2017 qu’en 2016, et lorsqu’il a lancé son mouvement, on lui a laissé peu de chances.


    En 2017, il a finalement pu l’emporter parce que la performance lamentable de l’ancien chef d’État socialiste François Hollande a entraîné l’effondrement de la gauche traditionnelle – Hollande lui-même ne s’est pas présenté pour un second mandat – mais la droite conservatrice n’a pas réussi à montrer sa force. Dans ce pays, Nicolas Sarkozy a finalement été battu lors des primaires par François Fillon, mais il n’a pas réussi à se hisser au second tour de l’élection présidentielle proprement dite. Macron a ainsi pu compter sur les électeurs désabusés du centre-droit et du centre-gauche, tandis qu’au second tour, même une partie de l’extrême-gauche a voté contre lui pour empêcher l’extrême-droite Marine Le Pe d’arriver en tête.

    ependant, Macron était alors considéré comme un candidat social-libéral qui bénéficiait du soutien du président socialiste Hollande, entre autres.

    Macron, le candidat de la droite ?

    Mais au cours des trois dernières années, Macron s’est déplacé vers la droite sur un certain nombre de questions.

    Bien qu’il ait été contraint de faire marche arrière sur ses projets de droite économique, comme la réforme des retraites ou les manifestations des gilets jaunes, il a commencé à mener des politiques gaullistes traditionnelles en matière de politique sociale. D’une part, cela se reflète dans sa politique étrangère et européenne, mais d’autre part – et c’est plus crucial pour l’électorat – il a commencé à aborder des questions qui appartenaient auparavant à la droite : la sécurité et l’islam.

    Comme Azonnali l’a régulièrement rapporté, le virage à droite était également évident lors du remaniement ministériel de l’été dernier, qui a vu Sarkozy commencer à prendre la relève de Macron en tant que remplaçant de Hollande.

    Dans le nouveau gouvernement, dirigé dans un premier temps par un homme de Sarkozy, le provincial Jean Castex, plusieurs élus sarkozystes pourraient se voir confier des portefeuilles.


    Mais le virage à droite s’est également traduit, comme l’a également rapporté Azonnali, par la volonté de Macron d’aborder la question de l’islam. Pas plus tard qu’à l’automne dernier, alors qu’un enseignant a été décapité par un islamiste, il a parlé de la crise de l’islam, puis s’est fixé comme objectif de faire accepter à l’islam de France les idées fondamentales du républicanisme. C’est dans ce but que le Conseil national des imams a été créé en janvier de cette année – bien qu’il n’ait pas pu accueillir tout le monde, principalement parce que les imams ayant des liens avec Ankara ne voulaient pas renoncer à leurs connexions étrangères et à leur soutien financier.

    Certains de ses ministres sont toutefois allés plus loin dans la lutte contre l’islamisme – l’islam au sens de la gauche. Son ministre de l’éducation a accusé certains universitaires de gauche d’utiliser des théories post-colonialistes importées du monde anglo-saxon pour promouvoir des débats identitaires allant à l’encontre du concept fondamental du républicanisme français, à savoir l’unité indivisible de la nation française. Alors que la politique identitaire divise la société en différents groupes sur la base d’oppressions perçues ou réelles, le républicanisme français considère que toutes les identités nationales, raciales, religieuses et autres appartiennent à la sphère privée et que, dans la vie publique, chacun est également et exclusivement français.

    Le ministre a accusé les chercheurs d’islamo-gauchisme, un vieux concept développé par l’historien des idées Pierre-André Taguieff dans les années 1980, selon lequel la gauche ne considérerait plus les ouvriers mais les immigrés musulmans comme le sujet révolutionnaire et s’allierait donc avec eux, ce qui reviendrait bien sûr à se moquer des idéaux réactionnaires de l’islamisme. Les accusations du ministre ont également été contestées par Gábor Erőss, l’adjoint au maire de Józsefváros chargé du dialogue, ainsi que par plusieurs professeurs d’universités françaises.

    Le gouvernement Macron a toutefois ajouté une autre pelle à la guerre culturelle lorsque le ministre de l’enseignement supérieur a demandé au Réseau français des instituts de recherche scientifique (CNRS) d’enquêter sur la prévalence des doctrines post-colonialistes dans les universités. Cela a été perçu par certains comme une menace ouverte de censure. Mais cela pourrait être payant politiquement, parce que Macron


    a réussi à séduire les électeurs conservateurs, et a pris le relais de Marine Le Pen sur la question de l’islam.


    Pendant ce temps, la gauche, malgré sa guerre culturelle de droite, ne semble pas gagner en force et reste divisée en plusieurs camps, les sondages suggérant qu’aucun de leurs candidats n’a de chance d’accéder au second tour.

    Les deux candidats de gauche les plus populaires ne recevraient actuellement que 10 et 7 %.


    Mais y aura-t-il encore un droit non macroniste ?

    Le plan de Macron pour presser la droite ne semble pas tout à fait fonctionner. En fait, aux côtés de Marine Le Pen et de Macron, le centre-droit traditionnel gagne en force – ce qui pourrait signifier que


    2022 pourrait être une situation similaire à 2017, avec un Macron libéral, une Marine Le Pen d’extrême droite et un candidat conservateur,

    En 2017, le conservateur Fillon était arrivé troisième, à seulement un point de pourcentage derrière Le Pen. Le candidat de gauche le plus performant était alors le communiste national Jean-Luc Mélenchon avec 19%, tandis que le candidat du Parti socialiste, Benoît Hamon, autrefois fort, n’a obtenu qu’un humiliant 6%.

    Alors qu’il n’y a toujours pas d’unité à gauche – et il est difficile de voir comment tout le monde, des national-communistes anti-UE aux Verts sociaux-libéraux pro-UE, pourrait se rallier à un seul candidat – une unité commence à se dessiner au sein de la droite traditionnelle,

    qui pourrait être le nouveau Fillon : Xavier Bertrand, président de la région de Lille, dans le nord de la France


    a annoncé sa candidature. L’homme politique a été le ministre du travail de M. Fillon de 2007 à 2012. Il jouit également d’une grande reconnaissance au sein de son camp pour avoir réussi à battre Marine Le Pen dans la course à la présidence régionale de 2015, dans une région traditionnellement dominée par la gauche et l’extrême droite. Bertrand va rassembler le centre-droit autour d’une triple bannière :



    Autorité, Travail et France des campagnes.

    Les deux candidats de gauche les plus populaires ne recevraient actuellement que 10 et 7 %.

    Mais y aura-t-il encore un droit non macroniste ?

    Le quotidien conservateur Le Figaro a déjà apporté son soutien à Bertrand dans un éditorial. Le document soutient que la politique française ne doit pas être réduite au macronisme et au lepénisme.

    Il existe plusieurs partis de droite

    Bien sûr, l’émergence de Bertrand n’a pas complètement restauré le centre-droit. Il existe des différends sur plusieurs points.

    1. il n’a pas encore été décidé s’il devait y avoir des primaires

    Valérie Pécresse, présidente de la région Île de France, basée à Paris, souhaite une élection primaire ouverte pour l’ensemble du centre-droit. C’est également dans son intérêt car elle s’est séparée des Républicains, ce qui signifie que son mouvement, les Libres, ne pourrait obtenir le soutien des Républicains qu’en cas de primaire. Mais les partisans de Bertrand s’opposent à ce projet, affirmant que

    « Pour Bertrand, une primaire serait un suicide. »

    – en d’autres termes, l’homme politique affirmerait son autoritarisme sur la question de la candidature. Beaucoup disent qu’il a annoncé sa candidature maintenant, pendant l’épidémie, précisément pour obtenir rapidement l’investiture avant que la situation épidémique ne permette un second tour.

    2. l’influence de Sarkozy est encore forte

    Mais ce n’est pas seulement la question des primaires qui met le centre-droit dans tous ses états. L’ancien chef d’État Nicolas Sarkozy, qui est toujours membre des Républicains, a récemment été interviewé par le journal Le Figaro. Dans celle-ci, l’homme politique, qui a été condamné pour corruption en première instance, n’a pas soutenu ouvertement un candidat de centre-droit, à savoir

    De nombreux membres des Républicains craignent que Sarkozy ne se range du côté de Macron pendant la campagne.

    Bien que la réputation de l’homme politique soit ternie par son casier judiciaire, il a encore suffisamment d’influence sur l’extrême droite pour faire basculer certains électeurs vers Macron au premier tour.

    3.  L’ancien Premier ministre Macron partirait également

    Troisièmement, Bertrand n’est pas le seul candidat qui se présenterait au nom du centre-droit. Outre Mme Pécresse – mais son programme conservateur essentiellement libertaire ne constitue pas une menace pour Bertrand – la presse française rapporte que

    Édouard Philippe, l’ancien chef du gouvernement de Macron, se présenterait également comme candidat de centre-droit.

    L’homme politique est si populaire qu’il n’aurait même pas besoin des Républicains – mais s’il se présente, il pourrait diviser le camp de centre-droit pour de bon.

    Dimanche, M. Philippe, qui est actuellement maire de la ville balnéaire du Havre, a accordé une large interview au journal télévisé du soir de la chaîne publique France 2. L’occasion était son livre récemment publié – dans la politique française, le fait d’écrire un livre est un précurseur de sa candidature. Dans l’interview, il n’a pas exclu cette possibilité. Il a été confronté à plusieurs reprises à sa prétendue affirmation selon laquelle « je ne me présenterai que si Macron n’est pas candidat » – mais Philippe ne se souvient pas avoir dit cela, et il ne pense pas que ce soit son intention. Interrogé sur sa volonté de se présenter, il s’est contenté de répondre : « ce n’est pas la question ». Chez les Républicains, en revanche, la question se pose beaucoup, car le Macroniste de droite Philippe pourrait s’en prendre à la même couche que celle visée par Bertrand.

    Les sondages montrent actuellement que la candidate d’extrême droite Marine Le Pen, aux côtés du président Macron, a une chance d’accéder au second tour.

    Macron obtiendrait 24 % des voix au premier tour, Le Pen 28 %.

    Bien sûr, de nouveaux candidats pourraient émerger à l’extrême droite. Comme le rapporte Azonnali, le publicitaire anti-islamiste Éric Zemmour flirte avec l’idée de se présenter. S’il se présente, il pourrait à son tour battre Le Pen – et rendre les élections de l’année prochaine encore plus ouvertes.

    Azzonali, 6 avr 2021

    Etiquettes : France, élections présidentielles, Emmanuel Macron, Xavier Bertrand, Edouard Philippe,

  • Guy Sorman, idéologue des attitudes progressistes, accusé d’être un pédophile : il a abusé de mineurs dans des cimetières tunisiens

    Un intellectuel français, Guy Sorman, a déclenché une tempête parmi les intellectuels parisiens en affirmant que Foucault, mort en 1984 à l’âge de 57 ans, était un violeur pédophile qui a eu des relations sexuelles avec des enfants arabes alors qu’il vivait en Tunisie à la fin des années 1960, rapporte Contemporain.co.uk en citant le Times. L’influent philosophe français Michel Foucault, phare de l’idéologie qui fait rage dans le milieu universitaire américain et dont se réclame la guerre culturelle menée par Black Lives Matters (BLM), est devenu le sujet d’une rétrospective morale post-mortem, avec des accusations de pédophilie portées contre lui.

    Sorman, 77 ans, a déclaré qu’il avait rendu visite à Foucault avec un groupe d’amis lors d’un voyage pendant les vacances de Pâques dans le village de Sidi Bou Said, près de Tunis, où le philosophe a vécu en 1969. « Les petits enfants couraient après Foucault en disant ‘Et moi alors ? Prends-moi, prends-moi’ », a récemment déclaré Sorman dans une interview accordée au Sunday Times.

    « Ils avaient huit, neuf, dix ans, il leur donnait de l’argent et leur disait : « On se retrouve à 22 heures à l’endroit habituel ». Il s’est avéré que l’endroit était le cimetière local : « Il les maltraitait sur les pierres tombales. La question du consentement ne s’est même pas posée. »

    Guy Sorman a affirmé que « Foucault n’aurait pas osé faire une telle chose en France », le comparant à Paul Gauguin, le peintre impressionniste qui se vantait d’avoir des relations sexuelles avec les jeunes filles mineures qu’il peignait à Tahiti, et André Gide, le romancier qui s’attaquait aux enfants africains. « Il y a une dimension coloniale à cela. Un impérialisme blanc. »

    Sorman regrette de ne pas avoir dénoncé Foucault à la police à l’époque et de ne pas l’avoir dénoncé dans la presse, qualifiant son comportement de « méprisable » et « extrêmement hideux moralement ».

    Mais selon Sorman, les médias français étaient déjà au courant du comportement de Foucault. « Des journalistes étaient présents lors de ce voyage, il y avait de nombreux témoins, mais personne n’abordait de tels sujets à l’époque. Foucault était le roi des philosophes. Il est notre dieu en France. »

    Avec ses polos emblématiques, son crâne rasé et ses lunettes à monture épaisse, Foucault, fils de chirurgien, a été l’un des premiers intellectuels célèbres du XXe siècle. On se souvient de lui non seulement pour ses analyses controversées des prisons, de la folie et de la sexualité, mais aussi pour avoir signé, en 1977, une pétition visant à légaliser les relations sexuelles avec des enfants de 13 ans.

    Sa biographie la plus connue, The Passion of Michel Foucault (1993) de James Miller, décrit son intérêt pour les bains sado-masochistes des homosexuels américains – le philosophe a été l’un des premiers intellectuels à faire de l’homosexualité un enjeu de la vie publique ; il est mort du sida – mais ne fait aucune mention de ses « caprices » sexuels en Tunisie.

    Foucault, parangon du néo-marxisme, est le savant le plus cité au monde, souvent associé à la montée des politiques identitaires en Amérique, où le rappeur MC Hammer est l’un de ses fans.

    Dans l’Amérique des années 1980, les « foucaldiens », comme on appelle les admirateurs académiques du philosophe, « ont consacré Foucault comme une sorte de patron sacré, dont ils invoquaient régulièrement l’autorité pour légitimer en termes académiques leur propre marque de politique progressiste », écrit Miller dans sa biographie.

    Sorman, un auteur prolifique, a d’abord diffusé ses affirmations sur Foucault dans « Mon dictionnaire des sottises », un livre qu’il a publié ce mois-ci, et a de nouveau fait référence aux transgressions sexuelles du philosophe en Tunisie dans une émission de télévision. L’animateur de l’émission est stupéfait : « Vous parlez de Foucault, selon vos propres termes, comme d’un pédophile, pas celui dont les gens se souviennent habituellement. »

    Les affirmations de M. Sorman ont surpris les spécialistes du Royaume-Uni, où le dernier volume de l’histoire de la sexualité en quatre parties de Foucault vient d’être publié pour la première fois en anglais.

    « Il y a un fort potentiel pour que cela ait un impact sur lui », a déclaré Phil Howell, spécialiste de la géographie historique à l’université de Cambridge. « Foucault s’est intéressé à la sexualité et a écrit à ce sujet, mais la maltraitance des enfants, c’est autre chose ».

    Pour Sorman, le comportement de Foucault est symptomatique d’une mentalité française maladive qui remonte à l’époque de Voltaire. « Il pensait qu’il y avait deux mœurs, une pour l’élite, qui était immorale, et une pour le peuple, qui devait être restrictive. »

    « La France n’est pas encore une démocratie, on a fait la révolution, on a proclamé une république, mais il y a encore une aristocratie, c’est l’intelligentsia et elle avait un statut particulier. Tout y est permis », a ajouté M. Sorman.

    Foucault n’était pas la seule star française à avoir un sentiment exagéré de droit à certains privilèges. Ces dernières années, un certain nombre de rapports très médiatisés ont conduit à des enquêtes criminelles sur des personnalités littéraires et artistiques accusées d’abus sexuels sur des enfants, dans le sillage des émeutes étudiantes maoïstes de mai 1968.

    Les allégations ont commencé en 2016, lorsque la présentatrice de radio et de télévision Flavie Flament a écrit un livre accusant le photographe britannique David Hamilton de l’avoir violée lorsqu’elle avait 13 ans. « À cet âge, je suçais encore mon pouce », a-t-elle déclaré dans une interview.

    Hamilton s’est tué quelques jours plus tard.

    Il y a un an, Vanessa Springora, 48 ans, éditrice, a décrit dans un livre comment elle a été « préparée », alors qu’elle était adolescente dans les années 1980, par Gabriel Matzneff, un romancier en vogue à cette époque. Matzneff s’était vanté de sa pédophilie à la télévision et avait remporté des prix littéraires pour des livres faisant la promotion de ce sujet.

    Lorsque le sujet a explosé, l’élite parisienne était déjà choquée par les révélations de Camille Kouchner, 46 ans, la fille de Bernard Kouchner, ancien ministre des affaires étrangères, selon lesquelles son beau-père, Olivier Duhamel, 70 ans, un intellectuel public très influent, avait abusé sexuellement de son frère jumeau à la fin des années 1980, alors qu’il avait 13 ans.

    Ni Matzneff ni Duhamel n’ont admis les accusations ou n’ont été condamnés pour un quelconque crime.

    Les Mai-68 sont maintenant sur la défensive. Luc Ferry, philosophe de 70 ans et ancien ministre de l’éducation, estime que ses contemporains ont beaucoup à se reprocher. « Les gens ont oublié que la pensée de 1968 a promu la pédophilie », écrit-il dans Le Figaro. « Chaque adulte avait le droit voire le devoir, affirmaient-ils, de réveiller la sexualité que la bourgeoisie cachait. »

    Ces accusations sont à l’origine d’un nouveau projet de loi – actuellement débattu au Parlement – qui criminaliserait toute relation sexuelle avec un mineur de moins de 15 ans. Mais la semaine dernière, il a été question d’un amendement dit « clause Roméo et Juliette » destiné aux adolescents. L’amendement revendique une exception à la criminalisation des relations sexuelles avec une personne de moins de 15 ans si la différence d’âge entre les deux « protagonistes » est inférieure à cinq ans.

    Le président Macron a soutenu cette modification de la loi, qui a suscité des ricanements sur la façon dont Brigitte, sa femme, aurait pu tomber en infraction lorsque leur relation a débuté dans les années 1990 : il avait 15 ans et elle 40.

    En ce qui concerne Foucault, il ne faut pas le « radier », a affirmé M. Sorman. « J’ai une grande admiration pour son travail, je n’invite personne à brûler ses livres, mais simplement à comprendre la vérité sur lui et comment lui et certains de ces philosophes ont utilisé leurs arguments pour justifier leurs passions et leurs désirs », a souligné M. Sorman. « Il pensait que ses arguments pouvaient lui permettre de faire ce qu’il voulait. »

    Michel Foucault meurt à l’hôpital de la Salpêtrière à Paris le 25 juin 1984, à l’âge de 57 ans. Le communiqué de presse de l’hôpital indique qu’il souffre de septicémie, avec « plusieurs centres suppuratifs dans le cerveau ».

    Aucune des nécrologies concernant Foucault ne mentionne qu’il avait le SIDA. Foucault lui-même a choisi de ne pas reconnaître sa maladie et a refusé tout traitement.

    Six ans plus tard, son ancien partenaire, Hervé Guibert, fait scandale avec son roman autobiographique À l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie, révélant les horribles derniers jours de Foucault et le fait que son obsession pour les « orgies violentes dans les saunas » se poursuivait alors que les risques de transmission de la maladie étaient évidents.

    Stiripesurse.ro, 2 avr 2021

    Etiquettes : Pédophilie, pédocriminalité, inceste, #Metoo, #Metooinceste, Guy Sorman, Michel Foucault, Olivier Duhamel, Camille Kouchner, Emmanuel Macron, Brigitte Macron,


  • Sciences Po change

    Le prestigieux institut français d’études politiques a été accusé d’ »islamo-gauchisme », notamment parce qu’il a commencé à traiter différemment les questions liées à la race et au sexe.

    Sciences Po, le prestigieux institut français d’études politiques où sont sélectionnées, formées et promues les élites dirigeantes du pays, est en train de changer. Ses étudiants font depuis longtemps preuve d’un militantisme politique plus actif que par le passé, notamment sur les questions liées à la race, au genre et au post-colonialisme, qui font désormais partie du programme de l’institut.

    C’est précisément pour cette raison que Sciences Po a été accusé – ainsi que le monde universitaire français en général – d’islamo-gauchisme, la prétendue et indéfinie proximité des intellectuels et des partis de la gauche radicale avec les milieux islamistes (gauche signifie « gauche »). Les critiques proviennent non seulement de la droite et de ses différentes branches dans la sphère universitaire, mais aussi du gouvernement du président Emmanuel Macron.

    Pourquoi ils en parlent

    En février dernier, Frédéric Mion, directeur du prestigieux Institut d’études politiques de Sciences Po à Paris, a démissionné à la suite d’un scandale d’abus sexuels impliquant l’ancien président de la Fondation qui contrôle Sciences Po, Olivier Duhamel. Mion avait nié avoir eu connaissance des allégations d’abus portées contre Duhamel par sa belle-fille, l’avocate Camille Kouchner, qui en avait parlé dans un livre publié début janvier. Il avait alors été révélé que Mion était au courant des abus depuis 2018.

    A partir de cette histoire, explique Le Monde, il ne s’est pas passé une semaine sans que l’institut – qui compte dix antennes dans autant de villes françaises – ne fasse parler de lui.

    Le 22 mars dernier, le collectif féministe de Sciences Po Lyon Pamplemousse et le syndicat Solidaires-Etudiantes ont demandé l’exclusion de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA) du partenariat avec leur institut en raison des « nombreuses ambiguïtés » de l’organisation en matière d’ »islamophobie » et de « laïcité ». La LICRA est une organisation non gouvernementale basée à Paris ; les critiques du collectif et du syndicat de Sciences Po font notamment référence à un débat qui avait été organisé en décembre 2020 dans un lycée de Besançon, à l’est de Dijon, à l’occasion de la Journée de la laïcité.

    La réunion avait été critiquée par les parents et les enseignants, qui avaient envoyé une lettre très dure au directeur de l’école dans laquelle ils demandaient l’exclusion de la LICRA des futures initiatives de l’école, l’organisation d’une nouvelle Journée de la laïcité et la publication d’un communiqué officiel par l’école pour se distancer de certains concepts exprimés par les représentants de la LICRA pendant la conférence.

    Par exemple, les représentants de la LICRA ont expliqué que l’organisation « combat toutes les formes de racisme (y compris le racisme contre les Blancs) et d’antisémitisme (y compris l’antisionisme). Nous combattons ce qui met en danger notre République, l’extrême droite identitaire, l’islamisme et l’extrême gauche. » Et encore, « (…) on peut aussi bien avoir peur de l’islam que des araignées ».

    Ce n’est pas la première fois que la LICRA est accusée de ne pas être une organisation laïque et de propager au contraire les idées qu’elle prétend combattre.

    Dans leur communiqué, les étudiants de Sciences Po soutiennent que la lutte contre l’islamophobie, l’antisémitisme et toute forme de racisme doit être une priorité et que les institutions comme celle dans laquelle ils étudient « doivent s’entourer de collectifs et d’associations dont le travail est à la hauteur de la lutte ». La LICRA n’en fait pas partie. »

    Un autre épisode très discuté remonte au 18 mars et concerne le bâtiment de Sciences Po à Strasbourg. Ce jour-là, le syndicat étudiant de droite UNI a critiqué la direction de l’institut pour avoir exclu le nom de Samuel Paty de la liste finale pour le « nom de promotion ». Paty est le professeur français décapité le 16 octobre dernier dans une attaque terroriste parce qu’il était accusé d’avoir montré à ses étudiants des caricatures du prophète Mahomet, ce qui n’avait pas eu lieu.

    C’est une tradition à Sciences Po : après quelques mois de vie commune, les étudiants de première année organisent un vote pour baptiser symboliquement leur classe pour les quatre prochaines années. Le choix doit répondre à deux conditions : la personne doit être décédée, et il ne doit pas s’agir d’une personnalité « clivante ». Un autre critère est l’alternance des genres, et la classe précédente avait choisi le nom de l’écrivain et illustrateur Tomi Ungerer. Les personnalités proposées lors du premier tour de scrutin étaient majoritairement des femmes, mais quelques noms masculins figuraient également sur la liste, dont celui de Samuel Paty. Des noms qui, comme ceux des femmes déjà choisies les années précédentes, ont cependant été exclus de la liste finale par décision unilatérale de l’institut, pour suivre la règle de l’alternance. Au final, le nom le plus voté a été celui de Gisèle Halimi, avocate féministe d’origine tunisienne décédée l’année dernière.

    UNI a dénoncé ce qui s’était passé comme étant « révélateur de ce qui se passe depuis des années à Sciences Po à Strasbourg » : « L’idéologie et les militants de l’extrême gauche dictent la loi et n’hésitent pas à piétiner la mémoire d’un martyr de la liberté ». UNI a contesté le fait que l’alternance du genre dans le choix des noms est une pratique, et non une obligation, donc s’ils l’avaient voulu le choix aurait pu tomber aussi sur Paty.

    Ces deux épisodes sont survenus après deux autres événements qui avaient eu beaucoup plus de résonance.

    La première a été la naissance du mouvement #sciencesporcs, le 7 février, à l’initiative d’une ancienne étudiante de Sciences Po Toulouse, la blogueuse féministe Anna Toumazoff. Toumazoff voulait dénoncer la « culture du viol » et la « complicité » des administrations des différentes institutions de Sciences Po dans la couverture systématique et la non sanction des auteurs de violences sexistes. La seconde a été l’apposition d’affiches à Sciences Po Grenoble, le 4 mars, avec les noms de deux professeurs accusés de « fascisme » et d’ »islamophobie ». Le syndicat étudiant US, d’extrême gauche, avait demandé la suspension d’un cours de l’un de ces deux professeurs.

    Tous ces épisodes, conclut Le Monde, montrent une évolution de Sciences Po, ou du moins une évolution de la part de ceux qui fréquentent l’institut vers une plus grande conscience politique. Ses détracteurs, en revanche, parlent de « politisation ».

    Militantisme

    « Je vois la formation de vrais militants dont les objectifs ont changé. C’est un marqueur générationnel qui n’est pas spécifique à notre éducation », a par exemple déclaré Jean-Philippe Heurtin, directeur de Sciences Po à Strasbourg. Anthonin Minier, étudiant en première année à Sciences Po à Paris et représentant des écologistes, a déclaré que parmi les étudiants, le pourcentage de ceux qui se disent proches ou engagés dans un parti ou un syndicat traditionnel est très faible.

    Des questions telles que les discriminations sociales, de genre et raciales sont entrées dans les débats entre étudiants, mais aussi dans les filières, et des collectifs se sont créés : « Les instituts d’études politiques ne sont plus des clubs d’hommes » et le pourcentage d’étudiantes est très élevé, explique Vincent Tiberj, maître de conférences à Sciences Po Bordeaux. « Le genre, maintenant, est quelque chose de significatif (…) C’est aussi démontré par #sciencesporcs. »

    Pour Francis Vérillaud, qui a dirigé les relations internationales de l’institut parisien pendant vingt-cinq ans, l’année à l’étranger, obligatoire depuis le début des années 2000, peut en partie expliquer cette nouvelle attitude : « Sciences Po a été interpellé par ses propres étudiants, qui se sont beaucoup internationalisés. Lorsqu’ils reviennent d’une année passée au Canada, aux États-Unis, aux Pays-Bas ou en Allemagne, où les questions de violence sexuelle et sexiste sont abordées dans les universités, ils apportent leur propre contribution. »

    Depuis, Sciences Po a modifié ses critères d’admission pour en démocratiser l’accès, augmenté ses bourses, les instituts se sont adaptés aux standards internationaux, et les formations principales (histoire, sociologie, sciences politiques et droit) se sont enrichies de nouvelles matières : « Penser faire Sciences Po uniquement pour passer le concours de l’École nationale d’administration (l’ENA, chargée de former la fonction publique française, ndlr) est un faux mythe », explique Yves Déloye, directeur de Sciences Po Bordeaux. « Les concours administratifs, qui ont été au cœur de la création des instituts après la guerre, n’attirent plus qu’un tiers de nos étudiants. Les autres aspirent à des carrières de plus en plus diversifiées : en entreprise, dans les ONG, dans l’économie sociale et solidaire. »

    A Sciences Po, le profil des enseignants a également évolué, et ils sont de plus en plus recrutés parmi les universitaires et les chercheurs plutôt que parmi les personnalités politiques et économiques :  » Je me souviens du grand cours d’économie de deuxième année de Michel Pébereau (président de la Banque Nationale de Paris, ndlr). Il distribuait une conférence de 1986. Mais nous sommes en 1993 et, entre-temps, le mur de Berlin est tombé. Mais dans ce monde d’élite, le temps semblait suspendu », a déclaré un ancien élève.

    Les accusations

    En janvier dernier, Il Foglio a repris une enquête publiée dans Le Figaro, le principal journal de la droite française.

    L’enquête, selon Il Foglio, « lève le voile sur l’incursion inquiétante de l’idéologie décoloniale et de la pensée indigéniste au sein de Sciences Po. » Brice Couturier, journaliste à France Culture, avait déclaré à Il Foglio que « la mode américaine de la culture de l’annulation et de la gauche ‘woke’ nous pénètre aussi, dans les centres de l’élite ». Nous sommes confrontés à quelque chose de terrifiant. (…) Imposer la victimisation à l’américaine dans nos cultures et nos pays est une aberration historique, mais cela fonctionne, car c’est à la mode. Le comportement des « réveillés » rappelle celui des gardes rouges de la révolution culturelle maoïste. Ils remettent en question leurs professeurs, créent des groupes de pression, imposent une idéologie fondée sur la race et sont hostiles à la méritocratie. Ils ne sont pas nombreux, mais ils terrorisent la masse des étudiants. »

    Ce sont plus ou moins les accusations portées contre Sciences Po, et l’ensemble du monde universitaire français.

    En février, la ministre française de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal, a déclaré que l’islamo-gauchisme « est une gangrène pour l’université (…) Non, en fait c’est une gangrène pour toute la société », et a annoncé qu’elle voulait lancer une enquête sur le phénomène en demandant au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) « une évaluation de toutes les recherches » et sur la présence de professeurs islamo-gauchistes dans les universités ; « essentiellement des professeurs qui travaillent sur les questions postcoloniales, de genre et de race », a expliqué la journaliste et chercheuse Catherine Cornet sur Internazionale, ajoutant comment, à partir des attentats islamistes survenus en France et de la propagande de l’extrême droite sur le rapport entre terrorisme et religion, certains arguments ont « commencé à faire leur chemin dans le parti La République en marche du président Macron. »

    La proposition du ministre a été très critiquée par le monde universitaire français, et pas seulement : dans un communiqué, la Conférence des chanceliers d’université (Cpu) a écrit que l’islamo-gauchisme n’est pas un concept, mais « une pseudo-notion dont on chercherait en vain un début de définition scientifique, et qu’il serait opportun de laisser (…) à l’extrême droite qui l’a popularisée ». La déclaration indique également : « La Cpu demande au gouvernement d’élever le niveau du débat. Si elle a besoin d’analyses, de thèses différentes et de discours scientifiques étayés pour dépasser les représentations caricaturales et les discussions de salon, les universités sont à sa disposition. Même si le débat politique n’est pas scientifique par nature, cela ne veut pas dire qu’il ne peut rien dire. »

    A son tour, le CNRS a déclaré que l’expression islamo-gauchisme ne correspond à aucune réalité scientifique, a condamné « fermement ceux qui tentent d’en profiter pour remettre en cause la liberté académique ou stigmatiser certaines communautés scientifiques » et a condamné en particulier la tentative de délégitimer divers domaines de recherche, tels que les études postcoloniales, les études intersectionnelles ou les travaux sur le terme « race ».

    Cependant, le CNRS a accepté la proposition de Vidal de réaliser une étude scientifique sur l’islamo-gauchisme. Catherine Cornet a résumé les résultats : « Grâce au Politoscope, un outil développé par le CNRS pour étudier le militantisme politique en ligne, plus de 290 millions de messages politiques postés de 2016 à aujourd’hui par plus de onze millions de comptes Twitter ont été analysés. Et c’est finalement le gouvernement qui se retrouve sur le banc des accusés : l’étude du CNRS l’accuse en effet de donner de l’espace aux thèmes les plus agressifs de l’extrême droite ».

    Selon le CNRS, le terme a été utilisé comme une « arme idéologique » pour frapper et discréditer un groupe social particulier, tout en transmettant à l’opinion publique un sentiment d’anxiété associé à un danger imminent : « Son utilisation vise à polariser l’opinion publique autour de deux camps déclarés incompatibles et entre lesquels il faudrait choisir : d’un côté les défenseurs de la loi et des valeurs républicaines, de l’autre les traîtres aux valeurs françaises et les alliés d’un ennemi sanglant. La construction même du terme reflète cette ambition. »

    Le Cnrs cite également la pratique de l’alt-right (l’extrême droite américaine) qui consiste à créer un ennemi imaginaire contre lequel l’extrême droite elle-même peut agir comme un rempart, justifiant ainsi ses actions souvent violentes.

    De l’étude du CNRS, il ressort que le principal parti accusé d’islamo-gauchisme est la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon, de la gauche radicale, et juste après le leader du Parti socialiste, Benoît Hamon. L’étude indique que « les comptes les plus impliqués dans la diffusion des accusations d’islamo-gauchisme, de 2016 à aujourd’hui, sont idéologiquement d’extrême droite », et ayant utilisé le terme désormais même dans le milieu universitaire, plusieurs membres du gouvernement Macron l’ont, de fait, légitimé.

    La conclusion du CNRS est qu’il faut « veiller à ce qu’aucune forme d’extrémisme ne se développe dans le milieu universitaire ou de la recherche (…) : pour cela, il faut être conscient que l’efficacité de leur élimination dépend de la manière dont on les nomme ».

    Il Post, 3 avr 2021

    Etiquettes : Sciences Po, France, université, élite, islamo-gauchisme, militantisme, race, sexe, postcolonialisme, droite, extrême droite, migration, discrimination, islamophobie, Emmanuel Macron, Frédéric Mion, Camille Kouchner, Olivier Duhamel, Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme, LICRA, Samuel Paty, 

  • France, Marine Le Pen lâche l’as et est prête à donner la botte à Emmanuel Macron lors de l’élection.

    Marine Le Pen est un fleuve en crue et est prête à prendre la place d’Emmanuel Macron lors des élections présidentielles en France. Pour la fille de Jean-Marie, l’Elysée n’est plus une chimère, en effet les sondages rapportés par Il Giornale disent qu’elle est à un cheveu de l’actuel président, avec un écart qui tout au plus, pour les plus pessimistes, peut être quantifié en deux points de pourcentage. Afin d’atteindre l’objectif convoité, Le Pen a élaboré une nouvelle stratégie politique : « Je quitterai la présidence du parti d’ici l’été pour être le candidat de tous les Français à l’Élysée ».

    L’objectif est de prendre des voix à la droite plus modérée et, avec un choix qui s’avère payant, également à l’extrême gauche de Jean-Luc Mélenechon. Quelques irréductibles de son parti, l’ancien Front national, ont fait des grimaces en raison de sa décision d’abandonner ses combats contre les vaccins et surtout celui de quitter l’euro, mais les sondages donnent raison à Le Pen.

    « Les chances de victoire n’étant jamais aussi importantes, je dois être la candidate de tous. La sortie de l’euro ? Je dois prendre en compte tous les électeurs. Au congrès, je dois d’abord être réélu, puis je quitte la direction du parti, de sorte que je ne sois pas seulement la candidate du Rassemblement national. Des choses fausses et caricaturales ont été dites à mon sujet. Je n’ai pas peur des étrangers », déclare la dame de 52 ans.

    Pour sa part, le très jeune Jordan Bardella, son bras droit, s’échauffe. Le revirement est clair et se voit dans l’attaque frontale de Macron sur les retards dans l’administration du vaccin :  » Un Waterloo dont Macron ne prend pas la responsabilité « . Puis il poursuit : « J’aurais rouvert des musées et des cinémas. Le ministre de l’intérieur est plus dur avec les croyants qu’avec les islamistes ». Et même selon les estimations de l’institut Eliabe, 48% des Français sont déjà convaincus que c’est elle qui va gagner.

    Il Tempo, 3 avr 2021

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