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  • Un accord Iran-USA: quels impacts sur la sphère énergétique?

    Un accord Iran-USA: quels impacts sur la sphère énergétique?

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    Selon un communiqué publié sur le site Internet du ministère iranien le 24 aout 2022, , la réponse américaine a été remise à l’Iran par l’intermédiaire de Josep Borrell, haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité et coordinateur des pourparlers de Vienne Depuis 2021, l’Iran et les grandes puissances négocient à Vienne où selon certaines agences internationales (Reuters et AFP) un compromis «final» est en cours d’étude, où l’Union européenne la plus touchée par la crise ukrainienne dépendant à 40/47% du gaz russe, joue le rôle d’intermédiaire veillant à l’aboutissement des négociations.

    1.-Les négociations entre l’Iran et les grandes puissances lancées en avril 2021 à Vienne visent à ressusciter l’ accord international de 2015, connu sous son sigle anglais JCPOA, qui garantit le caractère civil du programme nucléaire de l’Iran. Le « texte final » proposé par l’UE permet le retour des Etats-Unis dans l’accord, dont ils s’étaient retirés unilatéralement en 2018, et la levée des sanctions américaines imposées à l’Iran, à condition que ce pays respecte ses engagements sur l’enrichissement et les autres activités nucléaires sensibles. Selon le monde.fr les « éléments de langage transmis de part et d’autre laissent augurer d’une réelle possibilité d’accord mais la prudence est de mise» .

    Pour sa part, l’Iran a soumis sa réponse écrite et juge un accord possible si les Etats-Unis réagissent avec réalisme et flexibilité selon l’agence officielle IRNA. La consommation mondiale de pétrole n’a cessé d’augmenter au cours des trois dernières décennies, pour atteindre 4,25 milliards de tonnes métriques en 2021. Sur une production mondiale en 2021 de 95,62 millions de barils de pétrole, la production de l’OPEP 10 a atteint 25,6 mb/j, celle des producteurs non OPEP 16,5 mb/j, et la production de l’OPEP+ devrait être de 42,1 mb/j .

    Rappelons que Iran, Venezuela et Libye ne sont pas soumis aux quotas décidés par l’OPEP, Actuellement trois pays produisent plus de 10 millions de barils jour à savoir les USA, la Russie et l’Arabie Saoudite . La production mondiale et la consommation mondiale ces dernières années du gaz traditionnel a évolué entre 3000 et 4000 milliards de mètres cubes gazeux et selon l’AIE et la demande mondiale de gaz devrait augmenter au total de 140 milliards de mètres cube (bcm) entre 2021 et 2025. Selon le rapport Statistical Review of World Energy 2021 de BP, publié le 8 juillet 2021, les réserves de gaz naturel dites « prouvées » dans le monde se chiffraient à 188,1 milliers de milliards de m3 à la fin de l’année 2020.

    2.-Malgré des sanctions sévères, pour une population de 87 millions d’habitants, étant une puissance régionale , la valeur du PIB en indice de pouvoir d’achat en 2021 s’élevait à 1436 milliards de dollars, l’Iran se classant ainsi au 20e rang mondial à cet égard et pour le produit intérieur brut en prix courants selon les prévisions du FMI pour 2022, le PIB de l’Iran est estimé à 652 milliards de dollars, Un chiffre qui permet au pays de grimper dans le classement des 30 nations qui produisent le plus de richesses. Les réserves prouvées de pétrole en Iran, selon son gouvernement, le classe au quatrième rang dans le monde avec environ 200 milliards de barils en 2020 , représentant environ 13 % des réserves totales de pétrole prouvées mondiales se situant en onshore sur le territoire iranien, ainsi qu’ offshore au sein des eaux territoriales dans le Golfe d’Oman .

    Les réserves prouvées de gaz naturel de l’Iran sont estimées par BP à 32 000 milliards de m3 fin 2019 (1 130,7 trillions US de pieds cubes), soit 131 années de production au rythme de 2019, ces réserves classant l’Iran au 2e rang mondial avec 16,1 % du total mondial, derrière la Russie (19,1 %) 45.000 milliards de mètres cubes gazeux et avant le Qatar environ 20.000 milliards de mètres cubes gazeux. De par sa position géostratégique l’Iran contrôle le détroit qui tient son nom de la petite île d’Ormuz située sur sa rive iranienne permettant le passage du golfe Persique au golfe d’Oman, puis à la mer d’Arabie et à l’océan Indien où avec Gibraltar, le Bosphore et Malacca (et le canal de Suez), c’est l’un des grands détroits de la planète.

    Environ un tiers des hydrocarbures transportés par tankers dans le monde et un quart du gaz naturel liquéfié (GNL) transporté par méthaniers y ont transité. Arrivé au pouvoir en août 2021, les actions du gouvernement du président Ebrahim Raïssi ont permis de revenir au niveau de capacité de production de 2018, un objectif selon les autorités iraniennes atteint, passant de 2,3 en février 2022 avec une prévision de 3,8 millions de barils par jour fin 2022.

    3.-En conclusion, il faudra être prudent quant à un éventuel accord (voir nos deux interviews à la télévision internationale ALG24 New‘s 04 et 20 août 2022) . Selon le ministre iranien de l’Energie, l’Iran est prêt à augmenter sa production de brut dès la levée des sanctions américaines pouvant selon son ministre de l’Energie tripler sa production la portant à 6,5 à 7,5 millions de barils jour si l’on prend la référence de février 2022 et ce sous réserve d’un retour à la croissance de l’économie mondiale et l’atténuation des tensions géostratégiques ( voir revue Poilitis El Moudjahid du 24 aout 2022 deux contributions du professeur Abderrahmane Mebtoul sur la nouvelle carte géostratégique mondiale 2022/2030) .

    L’on devra, tenir compte également de la résolution du conflit en Libye qui a 42 milliards de barils de pétrole de réserves et environ 1500 milliards de mètres cubes gazeux pour une population ne dépassant pas 7 millions d’habitants et le retour du Venezuela première réserve de pétrole au niveau mondial (pétrole lourd), cet accord aura un impact évident sur l’évolution du cours du pétrole et du gaz au niveau mondial.

    Professeur des universités, expert international Dr Abderrahmane MEBTOUL – ademmebtoul@gmail.com

    #Iran #Etats_Unis #Nucléaire #Pétrole

  • Maroc: Du nucléaire pour la production d’électricité?

    Maroc: Du nucléaire pour la production d’électricité?

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    Est-ce une course à l’atome au Maghreb ? Le Maroc se lancerait dans la production d’électricité à partir de l’énergie nucléaire. Cette annonce faite par le ministre marocain de la Transition énergétique risque de susciter l’intérêt d’Alger, qui pourrait être tentée de suivre les traces de son voisin.

    Ce n’est pas la première fois qu’on le dit, mais cette fois c’est sérieux : le Maroc s’apprête à miser sur l’énergie nucléaire. C’est ce qu’a annoncé au début du mois Leila Benali, la ministre de la Transition énergétique devant la Chambre des conseillers (Sénat marocain). « Le Maroc a investi dans le solaire et l’éolien et envisage maintenant de le faire dans le nucléaire pour répondre à ses besoins futurs en électricité », a déclaré la ministre. « Maintenant, une décision nationale doit être prise pour commencer à produire de l’électricité à partir de l’énergie nucléaire », a-t-elle ajouté.

    Le ministère dirigé par Benali a déjà publié un rapport sur l’option nucléaire en 2015 qui a été consigné dans les tiroirs. Aujourd’hui, la ministre l’a dépoussiéré et l’a mis à jour. « Le document comprend des recommandations pour opter pour le nucléaire, de l’infrastructure à la législation nécessaire », a-t-elle révélé dans son intervention.

    Depuis 2009, le Maroc dispose d’un petit réacteur nucléaire de deux mégawatts dans la forêt de Maâmora, près de Rabat, dans le cadre d’un projet de recherche convenu avec les États-Unis en 1980. Il y a un mois, le 14 mai, la ministre marocaine avait déjà signé un protocole d’accord sur la coopération en matière d’énergie avec son homologue saoudien, le prince Abdulaziz bin Salman. Le mémorandum d’entente annonce que les deux pays développeront des projets de conception, de construction et d’exploitation de centrales nucléaires, ainsi que de gestion des déchets générés par cette industrie.

    Rafael Grossi, directeur de l’AEIA, s’est rendu à Rabat le 20 juin et a rencontré la ministre Benali. A l’issue de la réunion, il a déclaré : « L’expérience du Maroc en matière de science nucléaire est un atout précieux pour le développement du pays. » « Le débat a porté sur l’économie marocaine, les perspectives de l’énergie nucléaire et les petits réacteurs modulaires » Plusieurs facteurs peuvent expliquer pourquoi les autorités marocaines sont désormais prêtes à franchir le pas. La fermeture par l’Algérie, en octobre, du gazoduc Maghreb-Europe, qui passait par son territoire avant d’aboutir à Cadix, leur a donné un certain sentiment de vulnérabilité énergétique, malgré le fait que le pourcentage de gaz algérien qu’ils consommaient était très faible.

    Avant que le gazoduc ne soit coupé, le Maroc avait déjà fait un gros pari sur les énergies renouvelables. Le gouvernement du pays prévoit qu’en 2030, 52% de l’électricité qu’il produira devra provenir d’énergies renouvelables.Se lancer dans l’aventure du nucléaire civil nécessite, en revanche, un soutien politique international sans obstacles. A cet égard, le Maroc a approfondi ses liens avec les Etats-Unis, notamment depuis fin 2020, après la reconnaissance par Washington de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, et depuis, il entretient une relation étroite avec Israël.

    La presse officielle marocaine a réagi positivement à l’annonce de Benali. « Compte tenu de notre dépendance énergétique, du faible prix du kWh et du caractère exceptionnel des incidents survenus, la balance penche nettement en faveur de l’option nucléaire », écrit Adnan Debbarh, chroniqueur pour Le 360 un site d’information considéré comme proche du palais royal. Cette même presse indique que la première centrale nucléaire serait installée au bord de l’Atlantique, près de Sidi Boulbra, à une centaine de kilomètres au nord d’Agadir sans indiquer quelle entreprise pourrait la construire. Il y a plus de dix ans, l’entreprise publique russe Atomstroyexport a publiquement exprimé son intérêt pour la construction d’une centrale nucléaire au Maroc, mais dans la situation actuelle de guerre en Ukraine, il semble exclu que ce soit elle qui soit choisie.

    Le principal risque de l’option nucléaire civile marocaine n’est pas qu’elle finisse par être dénaturée pour en faire une option militaire, comme l’Iran est soupçonné de le faire, car le Maroc n’a pas cette tentation. Le plus grand risque est que son voisin algérien veuille suivre la même voie et que les deux « poids lourds » du Maghreb se mettent au nucléaire. À plusieurs reprises, les ministres algériens de l’énergie ont évoqué la possibilité de construire des centrales, mais ces projets ne se sont jamais concrétisés. En 1991, les États-Unis ont soupçonné l’Algérie de vouloir fabriquer la bombe atomique avec l’aide de la Chine. Un rapport du Cesid (services secrets espagnols), révélé par « El País », confirmait cette hypothèse. Washington demande alors à plusieurs pays amis, dont la France et l’Espagne, gouvernée par Felipe González, de prendre des dispositions avec Alger pour l’en dissuader. « Il ne s’agissait pas d’un atome militaire », a déclaré le ministre algérien des Affaires étrangères, Mohamed Salah Dembri, lors de la cérémonie d’inauguration en 1993 du petit réacteur nucléaire expérimental d’Es Salam, construit avec l’aide de la Chine à Birine, à environ 250 kilomètres au sud d’Alger.

    Si l’annonce marocaine se réalise et que l’Algérie imite son exemple, l’Espagne verra que tant au nord – la France a prévu de construire 14 petites centrales nucléaires – qu’au sud, cette énergie connaît une résurgence, alors qu’en Espagne un moratoire nucléaire est en vigueur depuis 1983.

    Par Ignacio Cembrero

    El Confidential, 23 juin 2022

    #Maroc #Algérie #Energienucléaire #Electricité