Étiquette : énergie renouvelable

  • Le Maroc réactive la conscription militaire alors que la tension avec l’Algérie

    Le Maroc réactive la conscription militaire alors que la tension avec l’Algérie

    Le Maroc se prépare à réintroduire la conscription militaire alors que la tension avec l’Algérie augmente. La conscription a été suspendue pendant la pandémie de coronavirus.

    « Les Forces armées royales marocaines élaborent un plan pour organiser le processus d’accueil des nouvelles recrues pour le service militaire », a expliqué le ministre délégué auprès du Premier ministre chargé de la défense nationale, Abdellatif Loudiyi. Il a ajouté que quatre nouveaux centres de formation ont été créés pour accueillir 20 000 nouvelles recrues, à Benslimane, Sidi Yahya Al-Gharb, Benkirir et Tantan.

    « Le ministère de l’Intérieur commencera bientôt à compter et à classer les individus qui rejoindront le 37e régiment après approbation du roi Mohammed VI », a souligné le responsable.

    Les relations entre Rabat et Alger sont tendues depuis des années mais se sont détériorées l’année dernière après que le Front Polisario, soutenu par l’Algérie, a déclaré qu’il reprenait sa lutte armée pour l’indépendance du Sahara occidental, un territoire sur lequel le Maroc revendique la souveraineté. La tension est également montée d’un cran au début du mois lorsque l’Algérie a accusé le royaume de tuer trois civils conduisant dans la région du Sahara.

    Middle East Monitor

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    L’Espagne veut servir de médiateur dans la crise diplomatique entre le Maroc et l’Algérie

    MADRID – L’Espagne veut servir de médiateur dans la crise diplomatique entre le Maroc et l’Algérie. José Manuel Albares , le ministre des Affaires étrangères, l’a annoncé dimanche.

    Dans une interview au quotidien Diario de Séville, Albares a indiqué qu’au prochain sommet de l’Union pour la Méditerranée les 28 et 29 novembre à Barcelone, l’Espagne souhaite jouer le rôle de médiateur pour relancer le dialogue entre le Maroc et l’Algérie, garantir stabilité dans l’espace méditerranéen. Par ailleurs, le ministre a relevé que le Maroc et l’Algérie sont des pays partenaires essentiels de l’Espagne et de l’Union européenne.

    Réconciliation
    Albares a poursuivi : « Les 28 et 29 novembre, la réunion de l’Union pour la Méditerranée se tiendra à Barcelone. C’est donc ici que nous aborderons cette crise diplomatique. Nous avons toujours prôné la réconciliation au profit de toute la région méditerranéenne », a poursuivi le ministre. Et selon qui un « dialogue est nécessaire ».

    « Nous avons un partenariat stratégique avec le Maroc. C’est un pays avec lequel nous partageons d’énormes intérêts dans différents domaines. Le Maroc est aussi un pays qui joue un rôle important pour la stabilité autour de la Méditerranée », a poursuivi Albares.

    Améliorer les relations
    Rappelant le discours du roi Mohammed VI le 20 août dernier, Albares a souligné que le monarque a démontré sa volonté d’améliorer les relations entre le Maroc et l’Espagne.

    La semaine dernière, Paris a accueilli une conférence sur la Libye, en présence du ministre algérien des Affaires étrangères Ramtane Lamamra et de son homologue marocain Nasser Bourita, où les deux ont refusé de se serrer la main. Un certain nombre de pays arabes ont tenté de servir de médiateur entre les deux, mais toutes les tentatives ont échoué.

    Les liens entre les pays sont tendus depuis des années. Cependant, ils se sont détériorés depuis l’année dernière après que le Front Polisario soutenu par l’Algérie a déclaré qu’il reprenait sa lutte armée pour l’indépendance du Sahara occidental, un territoire que le Maroc considère comme le sien.

    En août, l’Algérie a annoncé qu’elle avait décidé de rompre ses relations avec le Maroc en raison des « tendances hostiles » de Rabat à l’égard du Maroc.

    L’Algérie coupe l’approvisionnement en gaz du Maroc
    La crise entre l’Algérie et le Maroc a conduit à la suspension du contrat du gazoduc Maghreb-Europe (GME). De plus, pour l’Espagne, la décision de l’Algérie a un impact sérieux, car le pays ne peut importer du gaz que via Medgaz, un gazoduc de plus petite capacité qui ne peut pas répondre à la forte demande. Surtout maintenant que le pays est déjà aux prises avec le prix du gaz relativement élevé en ce moment. Selon un communiqué, Alger arrête les livraisons en raison de « pratiques hostiles » du Maroc.

    In Spain News, 17/11/2021

  • Transition énergétique juste ou « colonialisme vert »?

    Tags : transition énergétique, éoliennes, énerge verte, énergie renouvelable, COP26, Maroc, Algérie, Sahara Occidental, -Transition énergétique juste ou « colonialisme vert »?

    Les projets d’ingénierie en matière d’énergies renouvelables ont tendance à présenter le changement climatique comme un problème commun à toute la planète, sans jamais remettre en cause le modèle énergétique capitaliste et productiviste ni les responsabilités historiques de l’Occident industrialisé. Au Maghreb, cela se traduit plutôt par un « colonialisme vert » que par la recherche d’une transition énergétique qui bénéficie aux plus démunis.

    Le désert est souvent présenté comme un vaste territoire vide et peu peuplé, un paradis pour les énergies renouvelables, une opportunité en or pour alimenter l’Europe en énergie afin qu’elle puisse poursuivre son mode de vie consumériste, coûteux et excessif. Ce discours est trompeur, car il ignore les questions de propriété et de souveraineté, et occulte les relations de domination et de mainmise mondiales persistantes qui facilitent le pillage des ressources et la privatisation des biens communs, renforçant ainsi les moyens non démocratiques et exclusifs de gérer la transition énergétique.

    Quelques exemples de transitions énergétiques actuelles au Maghreb montrent comment la colonisation se reproduit dans sa version énergétique, même dans les processus de transition vers les énergies renouvelables, à travers ce qu’on appelle le « colonialisme vert » ou « l’accaparement vert ».

    « LA TERRE SUR LAQUELLE NOUS VIVONS EST DÉSORMAIS OCCUPÉE »

    Au Maroc, l’objectif est d’augmenter la part des énergies renouvelables dans la masse énergétique totale du royaume à 52 % d’ici 2030. Or, la centrale solaire de Ouarzazate, qui a commencé sa production en 2016, n’a pas rendu le moindre semblant de justice aux communautés agropastorales dont les terres ont été utilisées, sans leur consentement, pour la construction de la station sur une superficie de 3 000 hectares. Si l’on ajoute à cela les 9 milliards de dollars (7,7 milliards d’euros) de dette de la Banque mondiale (BM), de la Banque européenne d’investissement (BID) et d’autres, assortie de garanties du gouvernement marocain, cela signifie un risque d’aggraver les emprunts publics d’un pays déjà lourdement endetté. Enfin, ce projet s’appuie sur l’énergie thermique à concentration (Concentrated Solar Power, CSP), qui nécessite une utilisation intensive de l’eau pour refroidir et nettoyer les panneaux solaires. Dans une région semi-aride comme Ouarzazate, détourner l’utilisation de l’eau pour des fins autres que les usages domestiques et agricoles peut être considéré comme un acte scandaleux.

    Le projet Noor Midelt est la deuxième phase du plan d’énergie solaire du Maroc et vise à fournir plus d’énergie à partir de la centrale de Ouarzazate. Avec une production estimée à 800 mégawatts (MW) dans la première phase du projet, celui-ci sera l’un des plus grands projets d’énergie solaire au monde combinant les technologies CSP et celle de l’énergie photovoltaïque. En mai 2019, un consortium composé d’EDF Renouvelables (France), Masdar (Émirats arabes unis) et Green of Africa (consortium marocain) a remporté des contrats pour la construction et l’exploitation du projet en partenariat avec l’Agence marocaine de l’énergie solaire (Masen) pour une période de 25 ans. À ce jour, le projet a contracté une dette de plus de 2 milliards de dollars (1,73 milliard d’euros) auprès de la BM, de la Banque africaine de développement (BAD), de la Banque européenne d’investissement (BID), de l’Agence française de développement (AFD) et de la Banque allemande de développement (KFW).

    La construction du projet a débuté en 2019, alors que la production devrait démarrer en 2022. Le complexe solaire Noor Midelt sera développé sur une superficie de 4 141 hectares sur le plateau de la Haute Moulouya au centre du Maroc, à environ 20 kilomètres au nord-est de la ville de Midelt. Au total, 2 714 hectares de terres collectives sont gérés par trois communautés agricoles amazighes à Aït Oufella, Aït Rahou Ouali et Aït Messaoud Ouali, tandis qu’environ 1 427 hectares ont été classés comme terres forestières et sont actuellement gérés par des groupements locaux. Ces terres ont été expropriées par le truchement des lois et réglementations nationales qui autorisent la confiscation des propriétés privées pour « l’intérêt public ».

    Pour rappeler le discours écologique colonial récurrent qui décrit les terres à exproprier comme marginales et insuffisamment exploitées, et par conséquent disponibles pour des investissements dans l’énergie verte, la BM affirme dans une étude de 2018 que « les reliefs sablonneux et arides ne permettent que la pousse de petites plantes, et que le sol n’est pas propice au développement de l’agriculture à cause du manque d’eau ».Le rapport souligne aussi que « l’acquisition de terres pour le projet n’aura aucune incidence sur les moyens de subsistance des communautés locales ». Cependant, la tribu pastorale de Sidi Ayad, qui utilisait depuis des siècles cette même terre pour élever ses cheptels, aborde la question sous un angle différent. Le jeune berger Hassan El-Ghazi avait déclaré en 2019 à un militant de l’ Association pour la taxation des transactions financières et pour l’action citoyenne (Attac) Maroc :

    Notre métier est l’élevage. Maintenant ce projet occupe notre terre où nous faisions paître nos moutons. Ils ne nous emploient pas dans le projet, ils embauchent des étrangers. La terre sur laquelle nous vivons est désormais occupée. Ils détruisent les maisons que nous avons construites. Nous sommes opprimés et la région de Sidi Ayad est dominée. Ses enfants sont persécutés, leurs droits et ceux de leurs ancêtres sont perdus. Nous demandons aux responsables de prêter attention à notre situation et à notre région, car dans de telles politiques nous n’existons pas, et il serait préférable pour nous de mourir !

    Les habitants de Sidi Ayad ont rejeté ce projet dès 2017, à travers plusieurs manifestations ayant notamment conduit en 2019 à l’arrestation de Saïd Ouba Mimoun, membre du Syndicat des petits agriculteurs et ouvriers forestiers, qui a été condamné à douze mois de prison.

    De leur côté, les femmes du mouvement soulaliyate1 fondé au début des années 2000 ont revendiqué leurs droits dans la région de Draa-Tafilalet, exigeant une compensation appropriée pour la terre de leurs ancêtres sur laquelle la centrale solaire a été construite. Malgré les intimidations, les arrestations et les encerclements menés par les autorités, le mouvement s’est élargi au niveau national et des femmes de différentes régions l’ont rejoint sous la bannière de l’égalité et de la justice.

    COLONIALISME VERT AU SAHARA OCCIDENTAL

    De même que les projets de Ouarzazate et de la centrale solaire de Midelt peuvent être considérés comme un « accaparement vert » au sens où l’on confisque des terres et des ressources à des fins prétendument environnementales, les projets d’énergies renouvelables similaires (énergie solaire et éolienne) mis en œuvre au Sahara occidental peuvent être qualifiés de « colonialisme vert », car réalisés sur les terres des Sahraouis et contre leur gré.

    Trois parcs éoliens fonctionnent actuellement dans le Sahara occidental. Un quatrième est en construction à Boujdour, alors que plusieurs autres en sont au stade de la planification. Ces parcs font partie des travaux de Nareva, une entreprise d’énergie éolienne appartenant à la société holding de la famille royale marocaine. Il est à noter que 95 % de l’énergie nécessaire à la société étatique marocaine des phosphates (OCP) pour exploiter les réserves de phosphate non renouvelables du Sahara occidental à Boukraa, proviennent de ces éoliennes.

    Quant à l’énergie solaire, en novembre 2016 et parallèlement aux pourparlers du sommet des Nations unies sur le climat (COP22), la Saudi ACWA Power Company a signé un accord avec l’agence Masen pour développer et exploiter un complexe de trois stations solaires photovoltaïques totalisant 170 MW. Deux de ces stations, d’une puissance totale de 100 MW sont actuellement en fonctionnement et se trouvent au Sahara occidental (Al-Ayoun et Boujdour) ; alors que la troisième serait d’après les plans construite à Al-Arqoub, près de Dakhla.

    Il est clair que ces projets d’énergies renouvelables sont utilisés — avec la complicité évidente d’entreprises et de capitaux étrangers — pour mieux consolider l’hégémonie du Maroc sur la région du Sahara occidental, une hégémonie dont Washington a récemment reconnu la « légitimité » en contrepartie de la normalisation officielle et déclarée du Maroc avec Israël.

    LA RECHERCHE D’HYDROGÈNE « PROPRE » CIBLE L’AFRIQUE

    L’« hydrogène propre » ou « vert » fait référence au processus d’extraction à partir de matériaux plus complexes et par des procédés décarbonés. Actuellement la majeure partie de l’hydrogène est extraite de combustibles fossiles, ce qui entraîne d’importantes émissions de carbone (« hydrogène gris »). On peut envisager de recourir à la technologie de capture du carbone par exemple pour rendre ce procédé plus propre (« hydrogène bleu »). Cependant, la forme d’extraction la plus propre reste l’utilisation d’un électrolyseur pour séparer les molécules d’eau, une opération qui peut être menée grâce à l’électricité à partir de sources d’énergie renouvelables (hydrogène propre ou vert).

    La stratégie pour l’hydrogène de l’Union européenne (UE) publiée en juillet 2020 dans le cadre du Green Deal européen (EGD) est une feuille de route ambitieuse pour une transition vers un hydrogène vert d’ici 2050. Elle prévoit que l’UE tire en partie ses approvisionnements futurs de l’Afrique, et en particulier de l’Afrique du Nord qui dispose d’un potentiel énorme de développement des énergies renouvelables, d’autant qu’elle est proche géographiquement de l’Europe.

    L’idée a vu le jour grâce à un document de recherche publié en mars 2020 par une organisation commerciale, Hydrogen Europe, qui a lancé la « 2X40 GW Green Hydrogen Initiative ». Dans ce cadre, l’UE disposera d’ici 2030 de 40 gigawatts (GW) de capacité nationale de l’électrolyseur d’hydrogène renouvelable, avec 40 GW supplémentaires importés d’électrolyseurs dans les régions voisines, y compris les déserts d’Afrique du Nord, en utilisant des gazoducs existants reliant l’Algérie et la Libye à l’Europe.

    « DESERTEC 3.0 » POUR LES BESOINS DE L’EUROPE

    Le projet Desertec était une initiative ambitieuse développé à l’origine par la Coopération transméditerranéenne pour l’énergie renouvelable » (Trans-Mediterranean Renewable Energy Cooperation, TREC). Il visait à fournir de l’énergie à l’Europe à partir des centrales solaires et des champs éoliens implantés sur des étendues désertiques de l’Afrique du Nord et du Proche-Orient, l’idée étant qu’une petite zone de désert pouvait fournir environ 20 % des besoins de l’Europe en électricité d’ici 2050, via des câbles à haute tension capables d’assurer la transmission directe du courant électrique.

    Après quelques années de polémique, le projet a été stoppé. Des critiques couraient sur ses coûts exorbitants et ses desseins néocoloniaux. Cependant, l’idée semble connaître un nouveau souffle, baptisé « Desertec 3.0 » et présenté, cette fois, comme une réponse possible aux besoins de l’Europe en hydrogène renouvelable et « vert ». Au début de l’année 2020, la Desertec Industrial Initiative (DII) a lancé la Middle East and North Africa Hydrogen Alliance rassemblant des acteurs publics et privés, en plus de communautés scientifiques et académiques, afin de construire les économies de l’hydrogène vert.

    Le manifeste de la DII, intitulé A North Africa – Europe Hydrogen Manifesto en appelle aujourd’hui à un système énergétique européen basé sur 50 % d’électricité renouvelable et 50 % d’hydrogène vert d’ici 2050, et part de l’hypothèse que « l’Europe ne sera pas en mesure de produire toute son énergie renouvelable à l’intérieur même du continent ». Cette nouvelle proposition tente de se démarquer de la concentration sur les exportations ayant caractérisé le projet dans ses premières années, en ajoutant cette fois au système d’énergie propre la dimension de développement local. Et pourtant le programme d’exportation pour la sécurité énergétique en Europe est clair : « En plus de répondre à la demande locale, la plupart des pays d’Afrique du Nord ont un énorme potentiel en termes de terres et de ressources pour produire de l’hydrogène vert en vue de l’exportation. »

    PAS SI « GAGNANT-GAGNANT » QUE ÇA

    Pour mieux convaincre les élites politiques et commerciales sur les deux rives de la Méditerranée, Desertec n’est pas seulement présenté comme une solution pour la transition énergétique en Europe, mais aussi comme une opportunité de développement économique pour l’Afrique du Nord afin de limiter la migration du Sud vers le Nord : « Une approche commune des énergies renouvelables et de l’hydrogène entre l’Europe et l’Afrique du Nord créerait de surcroit un développement économique et des emplois tournés vers l’avenir ainsi qu’une stabilité sociale dans les pays d’Afrique du Nord, ce qui pourrait réduire le nombre de migrants économiques de cette région vers l’Europe ».

    Étant donné que le projet se base uniquement sur des réformes techniques, il promet de tout surmonter sans pour autant avoir envisagé un changement fondamental de l’ordre mondial. Les grandes « solutions d’ingénierie » comme Desertec ont tendance à présenter le changement climatique comme un problème commun sans aborder son cadre politique ou socio-économique. Cette conception cache les problèmes du modèle énergétique capitaliste, ainsi que les responsabilités historiques de l’Occident industrialisé, et la différence de degré de vulnérabilité au changement climatique entre les pays du Nord et ceux du Sud. À titre d’exemple, l’Algérie a connu cet été des incendies de forêt gigantesques qui ont fait 90 morts et brûlé des milliers d’hectares. La Tunisie a de son côté enregistré une vague de chaleur étouffante, avec des températures ayant atteint en août plus de 50 °. En utilisant des termes comme « coopération mutuelle » et « gagnant-gagnant » qui présentent la région euro-méditerranéenne comme une communauté unifiée (nous sommes tous des amis et nous luttons contre un ennemi commun), Desertec occulte les structures du pouvoir et du néocolonialisme, l’exploitation des peuples africains et le pillage de leurs ressources.

    CHANGER DE SYSTÈME ÉCONOMIQUE MONDIAL

    À travers la pression exercée afin d’utiliser l’infrastructure existante des gazoducs, ce genre de projets vise le remplacement des sources d’énergie, sans plus, tout en maintenant les dynamiques géopolitiques dominantes. L’incitation à recourir aux gazoducs de l’Algérie et de la Libye (y compris via la Tunisie et le Maroc) soulève plusieurs interrogations : que se passerait-il si l’Europe cessait d’importer le gaz de ces pays, sachant que 13 % du gaz consommé en Europe provient d’Afrique du Nord ? Les aspirations des Algériens à la démocratie et à la souveraineté exprimées lors du soulèvement 2019-2021 contre la dictature militaire seraient-elles prises en considération dans cette équation ? Ou assisterions-nous à une nouvelle version de la situation présente où, simplement, l’hydrogène remplacerait le gaz ?

    Ce qui semble unir tous les projets évoqués ci-dessus est l’hypothèse erronée selon laquelle toute orientation vers les énergies renouvelables est la bienvenue et que tout abandon des combustibles fossiles, quelle que soit la manière dont il est réalisé, en vaut la peine. Il faut le dire clairement : la crise climatique n’est pas due aux énergies fossiles elles-mêmes, mais à leur utilisation non durable et destructrice afin d’alimenter la machine capitaliste.

    Les institutions et les think tanks néolibéraux internationaux pèsent sur le contenu de la plupart des écrits sur la durabilité, les transitions énergétiques et les questions environnementales en Afrique du Nord. Leur conception n’inclut pas de questions sur les classes sociales, la race, le genre, le pouvoir ou l’histoire coloniale. Dans tous les cas, les gens ordinaires et les travailleurs pauvres sont exclus de toute stratégie, considérés comme inefficaces, arriérés et irrationnels. Les plus touchés par la crise climatique et environnementale sont les petits agriculteurs, les petits pêcheurs et marins, les éleveurs (dont les terres sont confisquées pour construire d’énormes centrales solaires et autres parcs éoliens), ainsi que les ouvriers du secteur des combustibles fossiles et des industries extractives, les travailleurs des secteurs informels et les classes paupérisées. Tous ont été déjà marginalisés et empêchés de déterminer leur avenir.

    Une transition verte et juste doit transformer fondamentalement le système économique mondial qui est inadapté socialement, écologiquement et même biologiquement, comme l’a révélé la pandémie de Covid-19. Elle doit mettre fin aux relations coloniales qui asservissent encore les peuples. Il faut toujours s’interroger : Qui possède quoi ? Qui fait quoi ? Qui obtient quoi ? Qui gagne et qui perd ? Et de quel côté se trouvent les intérêts prioritaires ? Car sans cette remise en cause, nous irons tout droit à un colonialisme vert avec une accélération de l’extraction et de l’exploitation au service d’un prétendu « agenda vert » commun.

    HAMZA HAMOUCHENE

    Chercheur et militant algérien basé à Londres. Il est actuellement coordinateur du programme Afrique du Nord au Transnational Institute (TNI)

    Nouveaux cahiers du socialisme, 08/11/2021

    #Climat #COP26 #Energie-renouvelable #Energie_verte #Eoliennes #Desertec #Maroc #Algérie #Sahara_Occidental #Colonialisme

  • Maroc: Le dividende de l’énergie propre échappe aux citoyens

    Maroc: Le dividende de l’énergie propre échappe aux citoyens. Le pays dispose toujours de l’un des programmes d’énergie propre les plus ambitieux du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord

    Le Maroc a perdu cinq points de moins que son objectif d’énergie renouvelable l’année dernière, alors que l’électricité verte représentait 37% de l’électricité. Cependant, avec l’objectif de produire plus de la moitié de l’énergie à partir de sources renouvelables d’ici 2030, le pays dispose toujours de l’un des programmes d’énergie propre les plus ambitieux du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord.

    Le Maroc est un leader de l’énergie propre avec le potentiel d’exporter de l’énergie vers l’Europe et de nouvelles technologies vers l’Afrique alors que les gouvernements et les entreprises réduisent leur dépendance aux combustibles fossiles en raison de la crise climatique. A établi sa position de.

    Cependant, certains craignent que le secteur des énergies renouvelables trop orienté vers l’exportation n’affecte négativement la transformation énergétique de la région et la population du Maroc.

    Les observateurs du climat regardent le Maroc avec bienveillance, déclare Karim Elgendy, chercheur associé à Chatham House et fondateur de Carboun, qui prône la durabilité de la ville de Mena. «  »Les émissions [du Maroc] sont inférieures à 2 tonnes par personne, ce qui est inférieur à la moyenne mondiale », dit-il. « C’est donc encourageant de dire qu’ils vont faire leur part. »

    L’Égypte vise à atteindre 42% d’énergie renouvelable d’ici 2035, l’Arabie saoudite à 2030. Pendant ce temps, les Émirats arabes unis veulent atteindre 44% d’ici 2050.

    Le secteur des énergies renouvelables revêt une importance stratégique particulière car le Maroc est un pays importateur voisin. 90 pour cent de cette énergie.

    En raison de la flambée des prix du pétrole, le Maroc a lancé sa propre stratégie énergétique en 2009. « Nous menions de nombreux projets de développement dans les domaines du secteur, de l’industrie et de l’aéronautique. Nous avions besoin d’électricité pour développer le pays », a déclaré Rabat, gérant la stratégie et les projets solaires, éoliens et hydroélectriques. Directeur de la surveillance de la société d’énergie renouvelable à financement public Masen.

    Selon l’agence gouvernementale, le Conseil économique, social et environnemental (CESE), le secteur des énergies renouvelables au Maroc a le potentiel de produire 500 TW par an, soit autant de gaz et d’essence que le Nigeria et le Venezuela. Pour ce calcul Le territoire contesté du Sahara Occidental : Selon un récent rapport Selon le groupe de campagne bruxellois Western Sahara Resource Watch, la capacité solaire et éolienne actuelle du Maroc, respectivement, 15 % et 18 % provient de projets dans des zones de conflit.

    Mais au Maroc, Rachid Aourraz, économiste à l’Institut marocain d’analyse des politiques, garde un œil dessus, les progrès sont plus lents que prévu, et investir dans de grands projets n’a pas aidé les citoyens marocains à améliorer leurs résultats économiques.

    « Le PIB par habitant a été stable pour la décennie 2011-2020. Quels sont les avantages d’un revenu citoyen stagnant ? » Il a dit dans le secteur des énergies renouvelables. C’est possible, mais il a ajouté que cela doit fonctionner « à moindre coût et avec une technologie plus avancée ».

    Non seulement Marsen n’a pas atteint ses objectifs fixés, mais il a également introduit une technologie coûteuse et gourmande en eau d’« énergie solaire concentrée » (CSP) qui entraîne des turbines à vapeur qui dirigent et génèrent de l’électricité à partir des rayons du soleil. Il a été critiqué pour avoir été utilisé dans Noor Mega. -Entreprise.

    Le déficit annuel de l’entreprise pour les unités Noor CSP est estimé à 800 millions de dirhams (75 millions d’euros) en raison de l’écart entre le coût réel du kW d’énergie et le coût vendu à l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE). A été fait. Dans le rapport CESE de l’année dernière.

    Pourtant, les pays européens se tournent vers le Maroc au sud pour atteindre leurs objectifs de décarbonation dans le cadre du Green New Deal de Brock. Actuellement, le Maroc et l’Espagne disposent de deux câbles pouvant transporter l’électricité dans les deux sens. Auparavant utilisé principalement pour envoyer de l’électricité de l’Espagne au Maroc, cela a commencé à changer en 2019.

    La société britannique Xlinks a également annoncé son intention d’exporter de l’énergie du Maroc vers le Royaume-Uni. Le plus long câble électrique sous-marin au monde .. La liaison de 3 800 km transporte l’énergie des centrales éoliennes et solaires privées capables de produire 10,5 GW d’électricité.

    Cependant, les réglementations qui donnent la priorité aux exportations d’énergie propre vers l’Europe pourraient entraîner une dépendance à l’énergie au charbon pour les besoins nationaux, a-t-il déclaré. rapport Selon la Fondation Heinrich Böll, une ONG membre des Verts allemands. En outre, le processus de production d’hydrogène vert à forte intensité d’eau peut accroître la pression sur les ressources en eau déjà rares du Maroc.

    L’hydrogène vert Souvent appelé « nouveau pétrole », il est produit en décomposant des éléments dans l’eau à l’aide d’une électrolyse alimentée par des énergies renouvelables. Il faut 9 litres d’eau pour produire 1 kg d’hydrogène. L’hydrogène pur peut être utilisé comme source d’énergie et pour le stockage et le transport d’énergie.

    Le ministère marocain de l’Énergie prévoit que le pays sera en mesure de capter 4% du marché mondial de l’hydrogène à l’avenir. Cependant, la production d’hydrogène vert n’a pas encore commencé et le partenariat germano-marocain appelé Power-to-X a été suspendu en raison de tensions diplomatiques entre les deux pays. Pendant ce temps, l’Arabie saoudite essaie de prendre pied sur le marché des exportations de carburants propres et a commencé la construction. Une usine d’hydrogène de 5 milliards de dollars dans la nouvelle métropole, Neom.

    Ce carburant est recherché comme une solution à l’industrie décarbonée, qui est difficile à convertir en électricité, a déclaré Baukebaumann, directeur du bureau de Rabat de la Fondation Heinrich Bell. ” [hydrogène vert] Et ça viendra. La question est de savoir à quelle vitesse, dans quel pays et quelle technologie vous utilisez. « 

    Le dividende de l’énergie propre échappe aux citoyens marocains Lien source Le dividende de l’énergie propre échappe aux citoyens marocains.

    California News, 15/10/2021

  • Le Maroc, probable fournisseur d’énergie renouvelable pour la Belgique

    Le Maroc, probable fournisseur d’énergie renouvelable pour la Belgique. La Fédération technologique se tourne vers le Maroc pour résoudre le problème énergétique de la Belgique

    Importerons-nous de l’énergie renouvelable du Maroc dans un avenir proche ? Si cela dépend d’Agoria, la fédération des entreprises technologiques belges, nous le ferons. Elle utilise le Solar Challenge Maroc pour renforcer ses liens économiques avec le pays. « Une partie de la solution à notre problème énergétique se trouve à l’étranger. Pourquoi pas au Maroc ? »

    Lire la suite depuis la source: HLN

  • Algérie: Création prochaine d’un institut de transition énergétique

    Le ministre de la Transition énergétique et des Energies renouvelables Chems Eddine Chitour a annoncé mardi la création prochaine d’un institut dédié à la transition énergétique pour la formation d’une élite devant contribuer à la stratégie de l’Etat dans ce cadre. Dans un enregistrement vidéo diffusé à la conférence animée par des opérateurs activant dans le domaine des énergies renouvelables, Chems Eddine Chitour a annoncé la création d’un institut dédié à la transition énergétique pour la formation des futurs cadres devant contribuer à réaliser le programme de la transition énergétique avec l’implication des citoyens.

    Le ministre intervenait dans le cadre de la tenue de la 2éme journée du Salon international des énergies renouvelables, énergies propres et du développement durable (ERA 2021) au Centre des conventions d’Oran, « Les citoyens devraient savoir que s’orienter vers les énergies renouvelables et la transition énergétique s’avére impératif », a-t-il souligné ajoutant que « la formation d’élite dans ce domaine est le meilleur capital à laisser aux générations futures ». Par ailleurs, M. Chitour a fait savoir que l’Algérie a surexploité ses énergies fossiles, relevant que la consommation nationale de pétrole s’élève à plus de 65 millions de tonnes équivalent pétrole (TEP) par an, alors que la consommation nationale en gaz s’élève à 800 millions de mètres cube par semaine. « La transition énergétique implique la contribution de tout un chacun », estimant que d’énormes opportunités s’offrent aujourd’hui pour créer des startups et de micro- entreprises à même d’accompagner la transition énergétique ».

    Le ministre de la Transition énergétique a par ailleurs, estimé que la conversion de véhicules au GPL/c (gaz de pétrole liquéfié/ Carburant est vitale, pour rationaliser la consommation de l’énergie dans le domaine des transports. « Nous avons aussi la possibilité de mettre en place un plan pour développer l’hydrogène vert qui mettra l’Algérie au diapason des avancées enregistrées dans le monde », a noté Chems Eddine Chitour, rappelant qu’à partir de 2030 les réserves de gaz seraient moins importantes, l’hydrogène vert devrait ainsi remplacer le gaz naturel ».

    Le Maghreb, 27 mai 2021

    Etiquettes: Algérie, transition énergétique, Chems Eddine Chitour, institut de transition énergétique, énergie verte, énergie renouvelable, pollution, climat, réchauffement climatique,

  • Maroc-Allemagne : L’alliance pour l’hydrogène risque de s’effondrer (média allemand)

    La raison en est les bouleversements diplomatiques. Le Maroc a récemment voulu rappeler son ambassadeur à Berlin, en colère contre la position de l’Allemagne sur le Sahara occidental.

    Francfort (Godmode-Trader.de) – En tant que grand porteur d’espoir sur la voie de la neutralité climatique, l’État nord-africain du Maroc est considéré par le gouvernement fédéral. Le pays, qui dispose de beaucoup de vent et de soleil ainsi que d’une proximité géographique avec l’Europe, est considéré comme un important fournisseur d’hydrogène.

    Le ministre allemand du développement Gerd Müller (CSU) a convenu en juin 2020 d’une « alliance », les plans pour la construction d’une première centrale électrique hybride comprenant une usine de dessalement de l’eau de mer et un électrolyseur de 100 mégawatts sont bien avancés, comme le rapporte le Frankfurter Allgemeine Zeitung. Mais aujourd’hui, le partenariat hydrogène germano-marocain menace d’éclater en raison de distorsions diplomatiques.

    Le Maroc a récemment voulu rappeler son ambassadeur à Berlin en raison de la colère suscitée par la position de l’Allemagne sur le Sahara occidental. Le Maroc revendique le Sahara occidental, situé au sud de la frontière du pays, pour lui-même ; la revendication territoriale de Rabat n’est pas reconnue au niveau international. Toutefois, le président américain Donald Trump, qui avait déjà été élu à l’époque mais était toujours en fonction, a confirmé en décembre la souveraineté du Maroc sur cette région peu peuplée. L’Allemagne a critiqué cette décision et a convoqué une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies à ce sujet.

    La coopération au développement a été suspendue. On peut se demander si la production d’hydrogène peut réellement commencer son service dans les délais prévus. « Si la situation actuelle devait se perpétuer, des conséquences négatives pour la mise en route des affaires et l’attractivité du marché ne sont pas à exclure selon l’évaluation du gouvernement fédéral », le ministère des Affaires étrangères a confirmé ses doutes dans une réponse à une interpellation du groupe parlementaire FDP au Bundestag, que cite la FAZ.

    L’argent allemand pour un investissement de référence ne doit pas non plus circuler pour l’instant. Interrogée par la FAZ, une porte-parole de la KfW a estimé le coût du projet à 325 millions d’euros. « Les fonds ne seront versés que si le partenaire remplit ses obligations contractuelles », précise le ministère des Affaires étrangères.

    God-mode Trader, 25 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, Allemagne, Sahara Occidental, énergie renouvelable, énergie verte, hydrogène,

  • Maroc-Allemagne : Une importante alliance pour l’hydrogène vacille

    La coopération avec le Maroc, tant vantée, est soudainement « sur le banc d’essai », selon le ministère allemand des affaires étrangères. Les premiers représentants des entreprises se préparent déjà à un report important.

    Sur la voie de la neutralité climatique, l’Allemagne aura besoin de beaucoup plus d’hydrogène vert produit à partir d’électricité verte que ce qui peut être produit ici. Le gouvernement allemand s’appuie donc sur des partenariats énergétiques avec d’autres pays. La stratégie nationale pour l’hydrogène a prévu 2 milliards d’euros pour l’établissement de tels partenariats.

    Le Maroc est considéré comme un grand espoir parmi les futurs fournisseurs d’hydrogène, car il peut bénéficier de beaucoup de vent et de soleil ainsi que de la proximité géographique. Le ministre allemand du développement Gerd Müller (CSU) a forgé une « alliance » en juin 2020, et les plans pour la construction d’une première centrale électrique hybride comprenant une usine de dessalement de l’eau de mer et un électrolyseur de 100 mégawatts sont bien avancés. En mars, le gouvernement allemand a répondu à une question des Verts en affirmant que la mise en œuvre de la « centrale de référence » au Maroc se déroulait « comme prévu ».

    Mais soudain, des doutes planent sur cette réalisation. Alors que, jusqu’à présent, l’idée que le Maroc puisse avoir lui-même besoin du précieux vecteur énergétique sur la voie de la neutralité climatique à moyen terme suscitait des objections sceptiques, le partenariat germano-marocain dans le domaine de l’hydrogène menace désormais d’éclater dès le début en raison de désaccords diplomatiques.

    « Sur le banc d’essai en raison des développements actuels ».

    La raison en est la position de l’Allemagne sur le Sahara occidental : Berlin avait critiqué la décision des Américains de reconnaître la souveraineté du Maroc sur ce territoire. En conséquence, le Royaume accuse la République fédérale d’hostilité et retire son ambassadeur de Berlin au début du mois de mai. La coopération germano-marocaine en matière de politique de développement a été suspendue. On peut se demander si la production d’hydrogène peut réellement commencer bientôt comme prévu.

    Le ministère des affaires étrangères confirme ces doutes dans une réponse à une question du groupe parlementaire FDP, que le F.A.Z. peut consulter. L’alliance germano-marocaine pour l’hydrogène repose sur de nombreuses années de coopération fructueuse en matière de développement et sur le partenariat énergétique germano-marocain. De l’avis du gouvernement allemand, cette coopération reste dans l’intérêt mutuel, mais elle est sous surveillance en raison des développements actuels. » Et encore : « Si la situation actuelle devait devenir permanente, le gouvernement fédéral estime que des conséquences négatives pour le lancement d’affaires et l’attractivité du marché ne peuvent être exclues. »

    L’argent allemand ne doit pas circuler jusqu’à nouvel ordre. « Les fonds ne seront versés que si le partenaire remplit ses obligations contractuelles », précise le ministère des Affaires étrangères. Une porte-parole de la KfW estime les coûts du projet pour la centrale de référence au Maroc à 325 millions d’euros. Il est prévu de financer une « grande partie » des coûts du projet par des prêts et des subventions de la banque de développement. Cependant, la KfW déclare maintenant aussi : « Actuellement, les activités de projet en cours sont reportées. Dans quelle mesure cela entraînera des retards dans la mise en œuvre du projet, nous ne pouvons pas le dire pour l’instant. »

    « Le Maroc a toujours été un point d’ancrage pour la stabilité ».

    Les premiers représentants des entreprises se préparent déjà à un report important. « Je ne crois pas que les désaccords diplomatiques avec le Maroc puissent être résolus à court terme », déclare Stefan Liebing, président de l’Association africaine des entreprises allemandes. Cependant, des progrès sont réalisés dans d’autres pays africains.

    Un grand nombre de nouveaux projets y sont actuellement mis en place avec la participation d’entreprises allemandes, qui misent principalement sur l’achat d’hydrogène dans le cadre du projet H2global du ministère fédéral de l’Économie et de la Technologie ; contrairement au partenariat avec le Maroc, dont le ministère du Développement est responsable, celui-ci repose sur des contrats de différences plus rentables au lieu de prêts classiques.

    « Cela me semble plus prometteur », dit Liebing. « Et qui sait si un projet pilote marocain sera encore d’une grande importance dans un an ou deux, alors que l’hydrogène est déjà produit dans d’autres pays et livré en Allemagne. »

    De son côté, Christoph Hoffmann, porte-parole du groupe parlementaire FDP pour la politique de développement, met en garde contre une remise en cause trop rapide du royaume d’Afrique du Nord. « Construire une toile de fond menaçante contre le Maroc et prétendre que les projets d’hydrogène vert sont en danger n’est pas dans l’intérêt de l’Allemagne », dit-il. Après tout, l’Allemagne a un besoin urgent d’hydrogène vert pour un avenir sans CO2, a-t-il déclaré. « Le Maroc a toujours été une ancre de stabilité en Afrique du Nord, il serait donc d’autant plus important que le ministre des affaires étrangères se rende au Maroc pour aplanir les difficultés », explique M. Hoffmann.

    Franfurter Allegemeine, 25 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, Allemagne, hydrogène, énergie renouvelable, énergie verte, électricité, climat,

  • Comment l’Algérie peut devenir un leader en matière d’énergie propre

    Peu d’événements ont façonné le cours de l’industrie énergétique aussi profondément que l’accord de Paris. En effet, pour la première fois depuis des décennies, les acteurs du monde entier se sont réunis en décembre 2015 et ont convenu de limiter l’impact du réchauffement climatique à deux degrés Celsius par rapport aux niveaux préindustriels. La célérité de la transformation qui s’est immédiatement opérée a laissé perplexes les observateurs les plus optimistes, car les sociétés et les économies se sont dépassées pour marcher vers un modèle énergétique plus décarboné.

    Depuis lors, de nombreux pays de la région MENA, riches en hydrocarbures, ont rejoint le peloton des défenseurs et des promoteurs des sources d’énergie décarbonisées, à mesure que les décideurs acceptent les réalités inédites de la transition énergétique. Incapables d’entraver les marées du changement, les dirigeants de la région MENA ont commencé à modifier leurs stratégies nationales pour faire face à l’évolution des fondamentaux du marché de l’énergie et s’efforcer de récolter les fruits des opportunités émergentes créées par la transition énergétique.

    Membre de longue date de l’OPEP et deuxième exportateur de gaz en Europe, l’Algérie se lance aujourd’hui dans la course aux énergies renouvelables et à la production d’hydrogène vert. Le pays est prêt à jouer un rôle important en tant que fournisseur fiable émergent pour alimenter l’ambition de l’Europe vers un mix énergétique à dominante renouvelable.

    En 2020, le gouvernement a créé un ministère de la transition énergétique et des énergies renouvelables et a nommé à sa tête le professeur Chams Eddine Chitour, défenseur à long terme du développement durable et renommé dans le monde universitaire. En quelques mois, le pays a commencé à progresser rapidement dans l’élaboration de sa stratégie de production d’hydrogène vert, en faisant le point sur le potentiel existant inexploité et en s’engageant à inclure l’hydrogène dans son bouquet énergétique exportateur d’ici 2030.

    De nombreux experts du secteur estiment que l’Algérie n’a pas exploité son potentiel en matière d’énergies renouvelables, comme en témoigne la faible part des énergies renouvelables dans la production d’électricité (1 %). Depuis l’indépendance, la succession de découvertes de gisements de pétrole et de gaz dans le désert du Sahara a naturellement favorisé le développement d’une industrie énergétique principalement basée sur les combustibles fossiles, afin de remplir les coffres du pays avec de fortes liquidités tout en assurant sa sécurité énergétique. Toutefois, la chute des prix des combustibles fossiles sur les marchés internationaux, conjuguée à l’effet de compression des volumes d’exportation induit par le déclin des réserves et la croissance de la demande intérieure, a servi de signal d’alarme aux décideurs.

    La crise économique de longue durée a douloureusement contraint le pays à s’engager dans un programme tardif mais vital de diversification de la gestion de l’énergie. Pressée par l’urgence de maintenir ses revenus d’exportation d’énergie dans un marché en transition, tout en répondant à son appétit énergétique national, la transition de l’Algérie vers le remplacement des combustibles fossiles par de l’hydrogène vert apparaît plus comme un impératif de survie que comme un résultat optionnel.

    Malgré le manque de capitaux investis dans les projets d’énergie renouvelable, qui se traduit par une capacité de production marginale et un écart de développement croissant par rapport à la région, l’Algérie est bien placée pour rattraper son retard et jouer un rôle de premier plan parmi ses pairs exportateurs d’hydrocarbures. Certains facteurs clés peuvent aider le pays à stimuler rapidement sa production d’hydrogène vert :

    L’accès au vaste potentiel de production d’énergie renouvelable dominé par le solaire : Occupant une grande partie de la ceinture solaire, l’Algérie bénéficie d’une abondance d’énergie solaire et a une formidable opportunité de générer de l’énergie électrique rentable et de haute intensité pour alimenter les électrolyseurs d’hydrogène vert tout au long de l’année.

    Proximité du marché en expansion de la demande d’hydrogène : située sur la rive sud de la Méditerranée, l’Algérie a développé au fil des ans un réseau de gazoducs transcontinental qui achemine des flux réguliers de gaz liquéfié jusqu’à la porte sud de l’Europe. Le respect constant des obligations contractuelles à long terme envers ses clients européens a également cimenté la réputation de l’Algérie en tant que fournisseur d’énergie fiable. En tant que producteur émergent d’hydrogène vert, l’Algérie pourrait reproduire la même stratégie d’exportation en convertissant ou en étendant son infrastructure existante de distribution et de stockage de gaz pour expédier de manière rentable l’hydrogène vert produit localement vers ses marchés cibles. Compte tenu de la croissance prévue de la demande d’hydrogène et de la production limitée d’énergie solaire, l’Europe est en passe de devenir un marché d’écoulement idéal pour les producteurs nord-africains à mesure que les importations de gaz diminuent.
    Capacités existantes et main-d’œuvre qualifiée : pour développer ses ressources énergétiques en hydrocarbures, l’Algérie s’est historiquement appuyée sur sa main-d’œuvre qualifiée nationale tout en favorisant le savoir-faire et l’expertise du pays. Dans le sillage de la nationalisation de ses réserves d’hydrocarbures en 1971, l’Algérie s’est lancée dans un ambitieux programme de formation et de développement visant à doter ses actifs en amont et en aval en pleine expansion des profils qualifiés et des capacités en ressources humaines nécessaires. De nombreux spécialistes considèrent qu’un grand nombre des compétences développées sont transférables aux énergies renouvelables, comme la gestion de projets de construction à grande échelle, l’ingénierie disciplinaire ou les fonctions commerciales.
    Un marché intérieur en expansion : La population croissante de l’Algérie a culminé à 43 millions récemment, entraînant une courbe de demande d’électricité en spirale (La demande d’électricité a atteint un record historique à 15,6 GW à l’été 2019). Parallèlement à l’inflation de la consommation des ménages, l’écosystème industriel de l’Algérie s’étend sur un certain nombre de hubs de fabrication et de transformation connus pour être de grands consommateurs d’électricité et d’ammoniac (par exemple, la pétrochimie, le GNL, les aciéries, les engrais…etc). La création d’un futur marché intérieur de l’hydrogène vert pourrait également favoriser l’entrée d’investisseurs privés mieux équipés pour développer des réseaux de production et de distribution d’hydrogène évolutifs et localisés.
    Une analyse récente co-réalisée par McKinsey & Company et le Hydrogen Council et publiée en février 2021 sur les perspectives du marché mondial de l’énergie a mis en évidence le potentiel de l’Algérie à produire et à expédier sa future production d’hydrogène vert vers l’Europe centrale (par exemple, la région de la Ruhr en Allemagne) à un coût inférieur à 2 USD/Kg, surpassant ainsi certains des développements les plus compétitifs déjà sanctionnés dans la région.

    Dans leur quête de sources d’hydrogène vertes fiables susceptibles de soutenir leurs stratégies de décarbonisation à long terme, de nombreux ministres de l’énergie, fonctionnaires et entreprises énergétiques européens courtisent déjà leurs homologues de la région MENA afin de forger de nouvelles alliances, de créer de nouvelles chaînes d’approvisionnement et de se positionner comme précurseurs pour saisir les avantages des opportunités commerciales à venir. L’Algérie est aujourd’hui le dernier poids lourd de l’énergie à entrer dans la course, vantant son potentiel renouvelable et annonçant clairement ses intentions de le monétiser.

    Bien que toutes les chances soient réunies en faveur de l’Algérie pour accélérer sa transformation de deuxième exportateur européen de gaz en un acteur dominant de l’hydrogène vert sur le marché régional, le chemin vers la livraison du premier kilogramme d’hydrogène reste long et pavé de défis de taille. Le pays ne dispose toujours pas d’un cadre réglementaire adapté et d’un régime fiscal adéquat pour régir la production d’énergie verte, qui est toujours dominée par un monopole du secteur public.

    En outre, de nombreuses études analysant les performances économiques et les mécanismes de financement des projets d’hydrogène vert ont révélé que les développements à grande échelle sont plus susceptibles d’atteindre une production rentable, en raison des investissements initiaux importants liés à la production d’énergie renouvelable. Pour s’imposer face aux fournisseurs déjà établis sur la scène régionale de l’hydrogène vert, l’Algérie doit exploiter tout son potentiel pour viser une production à grande échelle et atteindre les meilleurs prix de vente de sa catégorie.

    Le succès de cette stratégie dépendra en fin de compte de la capacité de l’Algérie à attirer un financement considérable pour les projets, tout en offrant un terrain fertile aux investisseurs étrangers qui peuvent apporter une expertise indispensable. Ces dernières années, l’instabilité au sein du paysage du leadership et de la gouvernance à la tête du secteur de l’énergie a sapé la capacité de l’Algérie à construire un partenariat commercial durable et a affaibli sa capacité à atteindre ses objectifs.

    Comme dans de nombreuses industries naissantes, la route vers la construction d’une infrastructure nationale de production et de distribution d’hydrogène est semée de difficultés technologiques, de pénuries de ressources, de risques inhérents et d’incertitudes intimidantes. S’engager dans ce voyage transformationnel doit absolument figurer au centre de la stratégie énergétique future de l’Algérie, qui exploite avec succès les flux de trésorerie générés par les combustibles fossiles pour susciter une production et une distribution évolutives d’énergie renouvelable avec l’hydrogène vert au cœur. Dans le contexte actuel de transition énergétique, la survie des économies ancrées dans les hydrocarbures, comme l’Algérie, est en jeu.

    Oil&Gas Middle East, 17 mai 2021

    Etiquettes : Algérie, énergie verte, énergie propre, énergie renouvelable, climat,

  • Analyse : La révolution verte de l’Europe ? Les plans de dépenses de l’Italie suscitent des doutes

    L’Union européenne présente son Fonds de relance contre la pandémie, doté de 750 milliards d’euros, comme l’occasion du siècle de transformer l’économie de la région et de l’aider à devenir le leader mondial de la réduction des émissions de carbone.

    Mais un examen plus approfondi par les écologistes des plans de dépenses préparés par l’Italie – le plus grand bénéficiaire de l’argent de l’UE – soulève des questions sur le caractère écologique de la contribution de Rome, sur la manière dont elle sera mesurée et même sur les investissements qui peuvent être qualifiés de « verts ».

    Ils ont critiqué le plan présenté au Parlement cette semaine, estimant qu’il était loin de correspondre à la révolution promise.

    Le gouvernement de Mario Draghi entend soumettre ce document de 273 pages à Bruxelles vendredi pour obtenir plus de 200 milliards d’euros (242 milliards de dollars) de la cagnotte destinée à rendre les 27 États membres de l’Union plus écologiques, numériques et résilients.

    L’UE exige que la plus grande partie des investissements dans chaque pays – environ 37 % – soit consacrée à des projets qui rendront l’économie de la région plus verte. Mais les lobbyistes écologiques et les groupes de réflexion affirment que le plan de l’Italie n’atteint pas ce seuil.

    « Un plan pas très vert », tel est le titre d’un rapport de Greenpeace Italia, qui s’est réuni devant le Parlement cette semaine avec d’autres défenseurs de l’écologie pour protester contre ce qu’ils considèrent comme un manque d’ambition en matière d’environnement.

    Le document de Draghi propose 59 milliards d’euros de fonds européens sous la rubrique « transition écologique », à dépenser au cours des six années du plan – soit quelque 10 milliards de moins que le projet préparé par son prédécesseur Giuseppe Conte, qui a perdu le pouvoir en janvier.

    Cela représente 31 % des fonds européens, contre les 37 % prescrits. M. Draghi a complété ce montant par 9 milliards d’euros d’emprunts publics distincts, mais les lobbyistes soulignent que cet argent ne sera pas soumis à l’examen de Bruxelles et pourra donc facilement être révoqué.

    Draghi a déclaré au Parlement cette semaine que les politiques vertes figurent dans plusieurs des six chapitres de son plan, et pas seulement dans celui de la « transition verte », ce qui signifie que l’objectif de 37 % fixé par Bruxelles a été atteint.

    La Commission européenne dispose de deux mois à compter de la réception d’un plan national pour vérifier qu’il répond aux critères. Les ministres des finances de l’UE ont ensuite un mois supplémentaire pour les évaluer.

    Un fonctionnaire a déclaré cette semaine que de nombreux pays prévoyaient de consacrer jusqu’à 50 % de leurs fonds à des projets verts, mais que, dans tous les cas, tous les plans seraient soigneusement examinés.

    TRANSPORT ÉLECTRIQUE

    Plus spécifiquement, les opposants affirment que le plan de Draghi offre peu de choses pour la conversion au transport électrique, vital pour les villes du nord industriel de l’Italie qui sont parmi les plus polluées d’Europe, ou pour une conversion à l’agriculture biologique, moins intensive.

    Le plan ne prévoit que 750 millions d’euros pour développer des stations de recharge pour les voitures électriques et 300 millions pour les bus électriques.

    Rome a émis des doutes sur le fait de forcer le pas aux voitures électriques si les batteries ne sont pas rechargées par de l’énergie provenant de sources renouvelables.

    Le ministre de la transition écologique, Roberto Cingolani, soutient qu’avec un système de transport public polluant et un parc automobile vieillissant, les priorités de l’Italie sont claires. « Nous devons d’abord réparer les transports publics », a-t-il déclaré à Reuters. « C’est une urgence absolue ».

    Pourtant, Greenpeace Italia a déclaré que cela n’est même pas fait. Selon l’organisation, le plan de M. Draghi visant à étendre les lignes de transport public urbain de l’Italie de quelque 240 kilomètres (150 miles) est suffisant pour la seule ville de Rome.

    L’Allemagne recevra beaucoup moins d’argent du Fonds européen de relance économique que l’Italie, mais prévoit d’en utiliser plus de 5 milliards d’euros pour des mesures visant à favoriser les véhicules électriques et hybrides.

    Le transport électrique est également une pierre angulaire du plan espagnol, qui consacre 6,5 milliards d’euros à la « mobilité durable, sûre et connectée » dans les villes.

    « Draghi a alloué seulement 3,6 milliards d’euros au développement des lignes de transport public et 24 milliards aux trains à grande vitesse sans aucune évaluation de l’impact sur le CO2 », a déclaré Matteo Leonardi, cofondateur du groupe de réflexion italien ECCO sur l’énergie et le changement climatique.

    ECCO accuse également le gouvernement de n’avoir « aucune stratégie en matière d’énergies renouvelables ».

    Son objectif d’installer 4 200 mégawatts supplémentaires à partir de sources d’énergie renouvelables est seulement suffisant pour que l’Italie atteigne le quota d’énergie renouvelable recommandé par l’UE pour une seule année, a déclaré le groupe de réflexion dans un rapport.

    LENTEUR DU PROCESSUS

    Selon les entreprises italiennes du secteur de l’énergie, le véritable problème réside dans la lenteur de la procédure, qui peut prendre des années avant d’obtenir des permis pour de nouvelles capacités solaires et éoliennes.

    La plus grande compagnie d’électricité italienne, Enel (ENEI.MI), estime qu’au rythme actuel, il faudrait une centaine d’années pour atteindre les objectifs en matière d’énergie solaire pour 2030.

    « Nous avons la force d’installer 6 à 8 gigawatts par an, mais pour cela, nous devons changer les règles… et maintenant », déclare M. Cingolani.

    Une grande partie de la stratégie énergétique du plan de relance repose sur l’utilisation de l’hydrogène, mais les écologistes se plaignent qu’elle ne précise pas comment le gaz doit être produit.

    L’hydrogène n’est pas nécessairement « vert », car il peut être produit à partir de combustibles fossiles dans lesquels les entreprises énergétiques italiennes continuent d’investir.

    L’hydrogène vert, fabriqué par électrolyse à partir d’énergie renouvelable (éolienne et solaire), est actuellement trop cher pour être utilisé à grande échelle et Enel a déjà déclaré que les électrolyseurs devaient coûter six fois moins cher pour être viables.

    ECCO a déclaré qu’en l’absence d’une impulsion décisive en faveur des énergies renouvelables ou du transport électrique, le plan italien risquait de n’être qu’un simple  » blanchiment vert « , dans l’intérêt de l’environnement.

    « du greenwashing, dans l’intérêt des entreprises publiques qui visent à maintenir un système basé principalement sur les combustibles fossiles ».

    Dès son entrée en fonction, M. Draghi a créé un nouveau ministère de la transition écologique dirigé par M. Cingolani, un éminent physicien qui était auparavant responsable de l’innovation au sein de l’entreprise publique italienne de défense Leonardo.

    L’illustre carrière scientifique de M. Cingolani a porté sur des domaines tels que la robotique et les nanotechnologies plutôt que sur le changement climatique. Certains observateurs ont suggéré qu’il aurait peut-être été plus à sa place au ministère des infrastructures, qui a été attribué à Enrico Giovannini, qui est en revanche un éminent expert en développement durable.

    Dans son premier discours devant le Parlement en février, M. Draghi a déclaré : « Nous voulons laisser une planète saine, pas seulement une monnaie saine ». Certains écologistes doutent que le plan de relance de l’ancien chef de la Banque centrale européenne soit à la hauteur de cet engagement.

    (1 $ = 0,8280 euros)

    Reuters, 30 avr 2021

    Etiquettes : Europe, Union Européenne, UE, révolution verte, Italie, énergie renouvelable, hydrogène, émissions de carbone, climat, pollution, réchauffement climatique,

  • L’Afrique peut offrir des solutions pour contribuer à la décarbonisation de l’Europe

    Hanane Mourchid*

    La décarbonisation est l’avenir de l’Afrique et de l’Europe, explique Hanane Mourchid.

    Plusieurs études et avis scientifiques décrivent l’Afrique comme la région la plus vulnérable au changement. En effet, la nature même de nombreuses sociétés africaines dépend de facteurs liés au climat.

    Les précipitations et les sécheresses affectent la production agricole, tandis que la pauvreté limite la capacité du continent à s’adapter ou à atténuer les effets du changement, autant de facteurs qui fragilisent la situation de départ.

    Cependant, le continent n’est responsable que de trois pour cent des émissions mondiales de carbone, preuve tangible de sa sous-industrialisation.

    Pourtant, malgré le besoin pressant de croissance et de développement de l’Afrique, nombre de ses pays ont rejoint avec enthousiasme le mouvement mondial de décarbonisation. En effet, de nombreux pays africains doivent être félicités pour leurs efforts visant à réduire leurs émissions nationales et à s’adapter aux effets du changement climatique dans le cadre de l’accord de Paris.

    Bien que le dilemme de la décarbonisation de l’Afrique ne soit pas aussi difficile qu’il n’y paraît, car il est de plus en plus considéré comme une opportunité plutôt qu’un obstacle à la croissance.

    Le fait d’être en retard en termes d’industrialisation permettrait à ces pays de développer plus rapidement des industries vertes, sans avoir à compenser un capital industriel vieillissant et surchargé.

    L’avantage du « late mover » de l’Afrique est renforcé par l’abondance de soleil, de vent et de terres inexploitées, le tout mis en valeur par une jeune génération de plus en plus ambitieuse qui aspire au changement.

    L’Afrique offre une solution solide aux problèmes de décarbonisation de l’Europe, en apportant une réponse unique à l’objectif européen de zéro carbone pour 2050.

    L’Europe veut accélérer la transition verte du monde en mettant en place son mécanisme d’ajustement aux frontières du carbone. Bien que ce système soit motivé par un sentiment de responsabilité pour l’avenir de la planète, et non par un besoin apparemment latent de protectionnisme, cette approche aura certainement des effets systémiques sur les acteurs en amont de la chaîne d’approvisionnement.

    D’ailleurs, l’Europe prévoit de subventionner ses industries vertes pour leur permettre de s’épanouir et d’abaisser leurs coûts au plus près pour devenir économiquement viables. Néanmoins, le coût supplémentaire généré par le mécanisme d’ajustement sera très probablement transféré à l’étranger, par exemple aux agriculteurs ou aux petits exploitants africains.

    On peut alors s’attendre, du moins dans un avenir proche, à ce que cette barrière supplémentaire à l’entrée imposée par l’Europe affecte la création de valeur locale et réduise les produits fabriqués localement, au profit de l’approvisionnement de l’Europe en ressources en matières premières.

    Selon de nombreuses sources européennes, les revenus du mécanisme d’ajustement à la frontière carbone de l’UE ont également pour objectif de contribuer au financement de la transition verte en Afrique. Cependant, une approche basée sur des « études de cas » ne peut fournir une solution durable, soutenable et économiquement viable pour la planète.

    Toutes les parties prenantes, des deux côtés de la Méditerranée, auraient intérêt à travailler ensemble pour résoudre l’équation de la neutralité carbone.

    L’Europe disposerait ainsi d’une opportunité fiable pour ses subventions indispensables au soutien de ses industries vertes, en partenariat avec les pays africains, en s’appuyant sur les ressources abondantes de l’Afrique.

    Il ne s’agit donc pas d’offrir une aide à l’Afrique, mais plutôt d’explorer, ensemble, les possibilités de partenariat.

    La décarbonisation est l’avenir de l’Afrique et de l’Europe en même temps, dans des perspectives différentes, mais complémentaires. La protection de la planète est finalement la responsabilité de tous.

    Non loin de l’Europe se trouve le Maroc, un pays africain classé au quatrième rang du classement mondial de l’indice de performance en matière de changement climatique 2021, après la Suède, le Royaume-Uni et le Danemark.

    Le pays abrite la plus grande centrale solaire concentrée du monde, le Maroc accueille également le plus grand producteur d’engrais phosphatés, une entreprise qui s’est engagée à atteindre la neutralité carbone d’ici 2040.

    Le Maroc est donc un partenaire idéal avec lequel l’Europe pourrait collaborer sur une « version étendue » du Green Deal.

    *Hanane Mourchid est vice-présidente principale de la plateforme de développement durable du groupe OCP.

    The Parliament Magazine, 23 mars 2021

    Tags : Afrique, Europe, décarbonisation, énergie renouvelable, Maroc