Étiquette : enfance

  • L’impact de la crise alimentaire et nutritionnelle sur les enfants au Burkina Faso et au Niger

    Etiquettes : Burkina Faso, Niger, enfance, crise alimentaire et nutritionnelle,

    Les besoins humanitaires dans la région du Sahel central augmentent beaucoup plus rapidement que la capacité de réponse, la région connaissant de multiples crises humanitaires complexes et prolongées. La crise qui touche la région est souvent qualifiée de « crise oubliée ». Chaque année, les pays du Sahel central voient un nombre croissant de personnes, y compris des enfants, touchées par la crise alimentaire et nutritionnelle. En 2022, la région a connu la pire crise alimentaire et nutritionnelle à ce jour avec 7,34 millions de personnes confrontées à des niveaux d’insécurité alimentaire de crise ou pire (CH Phase 3 ou supérieure).

    Selon l’étude, 68% des personnes interrogées au Burkina Faso et au Niger pensent que la guerre en Ukraine a contribué à la hausse des prix des produits agricoles. En outre, tant au Burkina Faso qu’au Niger, le changement climatique (augmentation des inondations au Niger et des conditions de sécheresse au Burkina Faso) a mis en péril le mode de vie des populations locales en raison de l’inaccessibilité des pâturages.

    #BurkinaFaso #Enfance #Nutrition

  • Grisaille tunisienne

    Tags : Tunisie, enfance, situation économique et sociale, crise politique, pandémie,

    par Abdou BENABBOU

    L’enfance tunisienne est, semble-t-il, en danger. Ce n’est pas une affirmation d’une ONG internationale, mais c’est la ministre de la Famille du pays qui jette dans le pavé les résultats d’une enquête en insistant sur une situation alarmante menaçant la Tunisie. En soi, derrière les mauvais chiffres étalés sur une population enfantine noircie, on entrevoit l’importante grisaille qui plane sur la tête d’une société tunisienne avec une relève générationnelle sérieusement handicapée. La situation prête à croire que l’on est loin de la fierté que prodiguaient l’éducation et la prise en charge de l’enfance en Tunisie dans le passé et le compte rendu de l’état actuel laisse présager un sombre avenir.

    Les causes à effets sont nombreuses. Les immenses difficultés que vivent les Tunisiens aujourd’hui ne sont cependant pas de leur seul apanage tant il est certain que les interminables tentacules de la malvie et de la misère ont, à l’heure actuelle, une dimension planétaire. Il n’est pas anodin que la situation économique et sociale de la Tunisie ait des ressemblances avec celle du Liban actuel, tous deux affublés hier encore d’un statut comparable à celui de la Suisse.

    Les graves échancrures, provoquées par les crises successives et les pandémies répétées au cœur de la société tunisienne et partout ailleurs, ne sont que les effets et le témoignage de l’incapacité des peuples à se prendre en charge. Les croisées de fer des politiques et des politiciens ne sont plus que de puériles et inefficaces acrobaties soumises à la pression du temporel. De fait, les résultats des dernières élections législatives tunisiennes ne peuvent provoquer que la stérilité du verbe. Démocrates ou extrémistes, colorés ou incolores, n’auront aucune perspective d’un sauvetage du pays d’un naufrage qu’annoncent des perspectives pénibles. Dans un monde totalement déglingué, il s’agit d’un miracle à créer pour se frayer un sentier. Pour l’instant, avec l’extinction assurée de ses ressources, le pari semble impossible à affronter.

    Le Quotidien d’Oran, 22/12/2022

    #Tunisie #Enfance

  • Sénégal : L’Etat doit passer des engagements aux actes forts pour protéger les enfants talibés

    Sénégal : L’Etat doit passer des engagements aux actes forts pour protéger les enfants talibés

    Tags : Sénégal, enfants talibés, droits de l’homme, enfance,

    Les autorités sénégalaises doivent répondre à leurs obligations et prendre des mesures pour mettre fin aux violations des droits de certains enfants talibés (élèves des écoles coraniques communément appelées daaras), affirme Amnesty International dans un nouveau briefing sur la situation des enfants talibés.

    L’exploitation économique des enfants talibés via la mendicité forcée qui constitue une forme de traite, les châtiments corporels qu’ils subissent et leurs conditions de vie difficiles violent leurs droits à l’intégrité physique, à la santé et à vivre une vie sans aucune forme de violence, d’atteinte ou de brutalités physiques ou mentales, d’abandon ou de négligence, de mauvais traitements ou d’exploitation.

     Le Sénégal s’est engagé à plusieurs reprises à mettre fin à la mendicité forcée des talibés et à améliorer les conditions de vie dans les daaras. Des efforts ont été faits en ce sens, mais ils restent insuffisants. Le gouvernement doit agir davantage sur cette problématique, en concertation avec tous les acteurs concernés, afin de mettre fin à la souffrance des enfants talibés». (Samira Daoud, Directrice régionale d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre)

    Les enfants talibés sont confiés – parfois très jeunes -par leurs familles à des maîtres coraniques pour l’apprentissage du Coran. Très présents dans les centres urbains, ils sont souvent forcés à mendier pour leur entretien et celui de leur maître. Il n’existe pas de statistiques officielles concernant le nombre d’enfants talibés. Toutefois, il est estimé qu’il y a plus de 2 000 daaras à Dakar, avec un effectif de près de 200 000 talibés, dont 25% pratiqueraient la mendicité forcée, selon une cartographie de l’ONG Global Solidarity Initiative (GSI) publiée en 2018.

    Abus de toutes formes

    L’insalubrité de nombreux daaras, et le faible intérêt porté par certains maîtres coraniques au bien-être des enfants conduisent à de graves problèmes de malnutrition et de santé.

    « La santé est un gros problème dans les daaras en particulier les maladies de la peau et les soins bucco-dentaires. Souvent ces enfants ont des abcès énormes à la bouche, qui ne sont pas traités, car il n’y a pas de réel suivi de leur bien-être, » témoigne la responsable d’une ONG en charge de la protection des enfants talibés.

    Des enfants talibés doivent également faire face aux mauvais traitements de la part de certains maîtres coraniques ou de leurs assistants. Des maîtres coraniques ont confirmé à Amnesty International que la mise de chaînes aux pieds est une pratique courante et appliquée en particulier aux enfants fugueurs pour entraver leurs déplacements.


    En janvier 2022, un talibé âgé de 10 ans est mort de blessures au quartier Lansar de Touba, après avoir été bastonné par son maître coranique qui lui reprochait de ne pas avoir su sa leçon du jour. Ces violences restent très souvent impunies, du fait notamment du défaut de contrôle des daaras, de moyens insuffisants pour les services de protection de l’enfance et du statut des maîtres coraniques au sein de la société.

    « Quand j’étais talibé, l’un de mes condisciples qui était dans le même daara que moi, bégayait et n’avait pas une bonne élocution. Un jour, alors qu’il peinait à réciter, le maître d’école l’a frappé à la tête avec sa tablette en bois. Il est mort deux jours après. Maintenant que je suis plus grand et que j’apporte des soins infirmiers aux enfants, je pense qu’il est décédé d’une hémorragie cérébrale après ces coups, » affirme un ancien enfant talibé.

    Un système de traite d’êtres humains

    Le phénomène de mendicité forcée des enfants talibés est basé sur un système de recrutement dans le pays mais aussi au niveau sous-régional - des maîtres coraniques et enfants talibés étant issus de certains pays voisins comme la Gambie et la Guinée Bissau, qui s’apparente souvent à un système de traite d’enfants aux fins de leur exploitation économique. Le Coordonnateur du Projet de lutte contre l’exploitation et la mendicité des enfants talibés (PLEMET), Issa Saka, a révélé en 2016 que le phénomène rapporterait 5,475 milliards FCFA par an aux maîtres coraniques, pour la seule région de Dakar.

    Selon la loi relative à la lutte contre la traite des personnes et pratiques assimilées et à la protection des victimes adoptée par le Sénégal en 2005 « quiconque organise la mendicité d’autrui en vue d’en tirer profit embauche, entraîne ou détourne une personne en vue de la livrer à la mendicité ou d’exercer sur elle une pression pour qu’elle mendie ou continue de le faire est puni d’un emprisonnement de 2 à 5 ans et d’une amende de 500,000 francs à 2,000,000 FCFA ». Cette loi est toutefois peu appliquée.

    Des programmes de protection de l’enfance insuffisants

    Condamnées par le Comité Africain d’Experts sur les Droits et le Bien-Être de l’Enfant et pointées du doigt par les instances internationales et régionales de protection des droits humains pour le défaut de protection des droits des enfants talibés, les autorités sénégalaises se sont engagées dans des programmes de création de daaras modernes et de modernisation de daaras traditionnels et des programmes de retrait des enfants des rues.

    Mais insuffisamment conceptualisés et financés, ces projets ne répondent que partiellement aux besoins de protection des enfants talibés comme l’ont confirmé à Amnesty International des acteurs du secteur de la protection de l’enfance.

    Un cadre juridique non mis en œuvre et incomplet

    L’une des raisons de la persistance des violations des droits des enfants talibés est également la non-application des Conventions et lois de protection des enfants et l’absence de cadre réglementaire pour les daaras. Le Sénégal a ratifié plusieurs conventions internationales et régionales qui protègent les droits des enfants comme la Convention internationale relative aux droits de l’Enfant. La Constitution et certaines lois nationales protègent aussi les enfants de la traite et des mauvais traitements.

    Mais ces dispositions ne sont pas dûment appliquées du fait, parfois, des pressions sociales.

    Le projet de loi portant statut du « daara » qui vise à inclure les daaras dans le système éducatif national a été validé par le Conseil des ministres en juin 2018 mais n’a toujours pas été soumis pour examen à l’Assemblée nationale. Certains maîtres coraniques qui voient dans ce projet une manière de lutter contre l’islam font pression contre l’adoption de cette loi.

    Un important projet de Code de l’enfant reste également bloqué du fait de pressions de milieux conservateurs.

    Au regard de cet état de fait, Amnesty International recommande des pistes d’actions afin de lutter contre les abus dont sont victimes les enfants talibés et de renforcer la protection de l’enfance. Les autorités sénégalaises doivent notamment établir une cartographie des écoles coraniques et du nombre d’enfants talibés pour comprendre l’ampleur du phénomène, renforcer le financement de ses programmes de modernisation des daaras et de protection de l’enfance, adopter le projet de Code de l’enfant et la loi portant statut du « daara » et faire appliquer le code pénal et la loi sur la traite pour poursuivre les auteurs de maltraitance et les organisateurs de la mendicité forcée.

    Face au drame vécu par de nombreux enfants talibés, nous appelons les autorités à prendre des actes forts en adoptant le projet de Code de l’enfant et la loi portant statut du « daara ». En bravant les réticences conservatrices, elles montreront à toutes et tous qu’au-delà des paroles, la protection de la génération future est une priorité du gouvernement ». (Seydi Gassama, directeur exécutif de la section d’Amnesty International au Sénégal)

    Amnesty International, 12/12/2022

    #Sénégal #Talibés #Enfance #Droits_de_lhomme

  • Algérie.- Oran : Sur les traces des enfants de la colle

    Algérie.- Oran : Sur les traces des enfants de la colle

    Tags: Algérie, Oran, colle, enfance – Algérie.- Oran : Sur les traces des enfants de la colle

    Selon une enquête de la DAS, quelque 5.000 personnes, dont 85% ont moins de 17 ans, s’adonnent à Oran, à la snif. Non pas cette snif habituelle, mais celle de la colle, «el colla», comme on dit ici. Cette pratique touche à toutes les couches de la société, une société laminée par les dures contingences de l’économie de marché. Des gamins, shootés à mort, au Pattex et autres colles de cordonniers, se transforment ainsi, en de véritables dangers pour eux-mêmes et pour la population. Notre reporter a parcouru les rues d’El Bahia…

    Jeudi. Rue Khemisti à Oran. Il est un peu moins de quatorze heures. Le temps lourd et pluvieux et un fort taux d’humidité écrasent les artères et incommodent les passants. Malgré cela, une foule grouillante emplit, de ses pas et de ses gesticulations tapageuses et désordonnés, la rue. Les voitures semblent presque se pousser à la queue leu leu, tellement la circulation est dense, compacte. Devant le porche d’un vieil immeuble, en face d’un vendeur de chiche kebab, très tendance désormais, cinq gamins, en haillons, les mines hirsutes, les yeux globuleux et rougis, ont les nez plongés dans des sachets en plastique. Non, ils ne boivent pas du lait. Et leur extrême excitation dit suffisamment leur factice et dangereuse occupation: ce sont des sniffeurs de colle Pattex. Des marginaux, comme en connaît tant El Bahia, qui jouent leur vie et leur santé contre un court instant d’évasion. D’oubli. Une lourde plongée dans les profondeurs de l’ailleurs pour s’extraire à la douleur intense qui habite invariablement leurs jours ordinaires. L’un d’eux, à peine 15 ans, apostrophe les passants, l’air abruti et un sourire dévasté sur le visage bouffi: «Ammi, a’tini mitine dourous…».

    La menotte sale et insistante du gamin est presque agressive. Pour soutirer «mitine dourous», vingt dinars, il est prêt à tenter le diable. Ce qu’il fait, d’ailleurs, plus que souvent. Mais les passants…passent. Comme si ces restes d’humanité, comme si ces jeunes, censés être loups, mais réduits à l’état de loques, n’existaient pas. Ou seulement dans un rêve frelaté que bien des passants chassent d’un revers de main gêné, pressé. Les passants continuent de passer, plongés dans leurs soucis. Et les gamins continuent de se tuer à petit feu, le nez plongé dans les sachets de lait pour inhaler une part morbide d’un paradis factice. La promenade ne revêt plus ce goût de villégiature, tellement le vécu de ces gamins livrés aux multiples dangers de la colle, tellement ces intoxiqués au Pattex, interpellent la conscience.
    Boulevard de la Soummam, boulevard des épaves…-

    Trois pâtés d’immeubles plus bas, le Boulevard de la Soummam. Une artère chic. Des palmiers. Des banques. Des bistrots huppés. Le fameux hôtel Royal de Djillali Mehri…La netteté du boulevard est comme agressée par d’autres gamins, entre 13 et 17 ans, qui s’entassent les uns sur les autres afin d’humer l’air de leurs sachets en plastique emplis de coton fortement imbibés de colle. Qui respirent leur existence par son plus mauvais bout. Ce boulevard est, depuis quelques temps, surtout à la tombée de la nuit, le refuge d’une bonne partie des déclassés d’Oran et un vrai coupe gorge dû à la forte agressivité de gamins surtout, chassés du domicile familial par toutes les contingences de la vie qui sont, désormais, le lot presque existentiel de la grande majorité des Algériens.

    Il ne sert à rien d’essayer de soustraire quelque confidence à ces gamins abrutis par El Colla. Ils ne peuvent rien dire, ou seulement vous embarquer dans des histoires inventées, souvent, de bout en bout, pour vous soutirer les trente à soixante dinars nécessaires à l’achat de leur tube de colle, à leur enfer quotidien. Les divorces qui sont très dans l’air du temps, les abandons de familles, les lourdes et indélébiles séquelles de la décennie terroriste, la paupérisation massive du peuple, la promiscuité des bidonvilles, la prostitution des mères, l’exclusion des écoles…autant de douloureux et insolubles phénomènes qui poussent ces gamins à se réfugier dans la rue. Et à se jeter, presque goulûment, dans les bras de la snif. Souvent, ils en savent les dangers, mais ils s’en foutent comme de la première vraie chemise qu’ils n’ont jamais eue. Quand ils n’arrivent pas à avoir l’argent nécessaire à leur dose quotidienne, ces gamins deviennent fou furieux. De vrais loups affamés dans cette jungle humaine. Ils agressent les femmes, attaquent aux armes blanches tout ce qui bougent, peuvent même tuer si leur «rêve d’évasion» venait à vouloir s’éloigner, par faute d’argent.

    En manque ou «remplis», ces gamins se transforment, souvent, en de vrais dangers pour la population. La sécurité des passants, surtout des retardataires et des noceurs nocturnes, est souvent menacée. Faut-il, pour autant, leur jeter l’opprobre?

    5.000 accros à el colla hantent El Bahia

    Selon des spécialistes rencontrés au niveau des centres de désintoxication relevant de l’hôpital de Sidi Chahmi ou du CHU, il existerait à Oran, quelque 5.000 personnes qui s’adonnent à el colla… Chaque mois ce chiffre augmenterait d’une dizaine de cas. Ce sont, très souvent, des gamins dont l’âge varie entre 15 et 17 ans. Dans tous les cas, 85% de ces consommateurs de poison ont moins de 18 ans. Le reste, ne dépassant pas les 23 ans. Un vrai fléau qui étale ses morbides ailes sur une ville qui n’en peut plus. Malgré tous les efforts consentis, de jour comme de nuit, par les différents services chargés de l’enfance en difficulté (DAS, cellules des mineurs de la Gendarmerie et de la sûreté, centres de désintoxication ou d’hébergement), des mineurs s’en viennent chaque jour que Dieu fait, s’entasser dans les rues d’Oran pour consumer leur vie en la brûlant par les deux bouts de chandelle. Il ya quelques années, quatre gamins, ne dépassant pas les seize printemps, ont été retrouvés complètement laminés dans les rues de la ville. Transportés à l’hôpital, on n’a rien pu faire d’autre que de constater leur mort due à une overdose de Pattex.

    Ils étaient originaires des quartiers les plus pauvres de la ville ou de sa périphérie: Aïn Beida, Sidi El Bachir, St Pierre…Ces gamins, livrés aux différentes précarités de la rue et aux dangers de la snif, avaient les poumons surchargés de colle, les veines et les artères bouchées. En dépit de tous les efforts consentis par les différents services concernés, la colle continue de tuer. Cette forme de suicide qui n’est même pas punie par la loi est-elle le lot «normal» des mineurs déclassés? La réalité algérienne semble dire oui puisque le phénomène est vécu par toutes nos métropoles qui n’arrivent ni à s’adapter aux exigences des temps modernes ni aux effets de la mondialisation et de l’économie de marché.

    Faut-il interdire la vente des différentes colles?

    Faut-il interdire la vente des différentes colles qui peuplent nos marchés pour éviter à des gamins de se shooter à mort? Non, puisqu’il restera toujours, aux plus hardis ou aux plus écorchés vifs, d’autres alternatives. Comme l’alcool pharmaceutique ou la prostitution ou agresser, encore et plus, pour prétendre aux autres euphorisants comme le vin, le bière, la drogue et les psychotropes… Même les experts et les psychologues que nous avons contactés ne semblent disposer d’aucune solution. Il ne s’agit pas, nous diront-ils tous de concert, de traiter les effets, mais d’aller vers les causes. Et le traitement des causes, tout le monde le sait, ne relève pas de la compétence des services des hôpitaux ou des centres de prise en charge psychologique. Il s’agira de le chercher du côté des départements politiques et économiques.

    Une famille, dont le père a été compressé et qui ne peut donc plus subvenir aux besoins les plus élémentaires de ses enfants, est fatalement vouée à l’éclatement. Le père peut devenir démissionnaire, la mère chercher les habituelles solutions de facilités pour survivre et c’est, dans 9 cas sur dix, le divorce. Et ce sont, alors et inévitablement, les enfants qui paient l’addition en cherchant dans la rue et ses tentations le bonheur qu’ils n’ont plus chez-eux. Faut-il, alors, condamner la société qui est devenue de plus en plus dure pour ses marginaux? Là, non plus, n’est pas la solution car les choses de la vie sont devenues si exigeantes que chacun ne s’occupe plus que de son propre périmètre. Et qu’il éprouve, souvent, d’énormes difficultés pour le délimiter.

    Alors que reste-t-il à faire pour éviter à nos enfants de ne pas se suicider à petit feu devant nos yeux? La réponse devrait interpeller la conscience de tout l’Etat et exiger de lui d’installer de véritables filets sociaux pour atténuer les différentes chutes induites par l’économie de marché et les séquelles de la décennie rouge. Tout ce qui se fait actuellement par les services sociaux ou de sécurité ne relève que du palliatif.

    Reportage réalisé par Amar Abbas

    Horizons, 16/11/2021

    #Algérie #Oran #Colle #Enfance

  • « Le Maroc joue avec la vie des gens » (Amnesty International)

    A CEUTA, DES ENFANTS VICTIMES D’UN JEU POLITIQUE ENTRE L’ESPAGNE ET LE MAROC

    8 000 personnes, dont 2 000 mineurs non accompagnés, sont arrivées à Ceuta, à la nage ou à pied, entre le 17 et le 18 mai. L’entrave espagnole située au nord du Maroc a soumis la plupart de ces personnes à des expulsions forcées. Y compris des enfants et des demandeurs d’asile.

    Le drame se joue sur fond de crise diplomatique entre l’Espagne et le Maroc. Nous dénonçons le fait que des personnes demandeuses d’asile ou migrantes soient utilisées comme des pions sur un échiquier politique morbide.

    Nous dénonçons les violences exercées par les forces de sécurité et l’armée espagnoles, qui ont jeté des personnes à la mer, enfants y compris. Des agents des services frontaliers ont apporté une aide d’urgence à des personnes, mais les abus qui ont été commis sont intolérables.

    Nous ne pouvons pas accepter que des personnes, y compris des enfants, soient maltraitées par les forces espagnoles.

    Virginia Álvarez, chercheuse à Amnesty International Espagne

    UNE RESPONSABILITÉ EUROPÉENNE
    Les dirigeants européens ont rapidement réagi en apportant leur soutien à l’Espagne et en rappelant que les frontières espagnoles font partie des frontières de l’Union européenne. Si l’on suit cette logique, les abus commis par l’Espagne sont aussi des abus commis par l’Union européenne. Ainsi, ces dirigeants ne doivent plus fermer les yeux sur les abus qui ont lieu aux frontières de Ceuta.

    Un grand nombre des personnes qui sont entrées sur le territoire espagnol étaient de très jeunes enfants. Dès lors, il incombe aux autorités de veiller à ce que l’intérêt supérieur de l’enfant soit respecté, quelles que soient les circonstances. Les enfants doivent pouvoir prétendre à une protection internationale.

    « LE MAROC JOUE AVEC LA VIE DES GENS »
    Dans une vidéo vérifiée par Amnesty International, on observe des fonctionnaires marocains qui laissent activement passer des personnes migrantes ou demandeuses d’asile à Ceuta, de l’autre côté des clôtures.

    Le Maroc ne doit pas utiliser les personnes, parmi lesquelles se trouvent ses propres citoyens, comme des pions sur l’échiquier politique.

    Virginia Álvarez

    Le Maroc bafoue depuis longtemps les droits des personnes migrantes ou demandeuses d’asile à ses frontières. Par le passé, nous avons constaté des opérations illégales, dont des arrestations et le déplacement vers le sud du Maroc de personnes migrantes ou demandeuses d’asile se trouvant dans des campements et des maisons près de la frontière espagnole. Le tout en dehors de toute procédure légale.

    Le 18 avril, un dirigeant du Polisario (mouvement politique et armé opposé au Maroc pour le contrôle du Sahara occidental) est arrivé en Espagne pour y être soigné du Covid-19. Une publication sur Facebook du ministère marocain des droits de l’Homme indique que l’ouverture des frontières vers Ceuta est intervenue en représailles à ces soins médicaux. Les autorités marocaines pourraient ainsi avoir utilisé les personnes migrantes ou demandeuses d’asile comme des pions dans le cadre de ce contentieux.

    DES RENVOIS FORCÉS ILLÉGAUX
    Au moins 5 000 personnes auraient été expulsées collectivement vers le Maroc par les autorités espagnoles ces derniers jours. Les forces militaires espagnoles déployées à la frontière ont procédé à des expulsions forcées, sans que soient respectées les garanties nécessaires. Par conséquent, les personnes vulnérables n’ont pas pu être identifiées, elles n’ont pas pu recevoir une aide juridique ni demander l’asile.

    Toute arrivée, aussi massive soit-elle, ne peut en aucun cas justifier des expulsions collectives illégales. Parmi les 5 000 personnes expulsées de façon sommaire se trouvaient peut-être des personnes admissibles à l’asile ou ayant besoin d’une protection.

    Le fait de refouler des personnes est illégal et constitue une négation de leur droit à un examen équitable et individualisé de leur demande d’asile.

    Virginia Álvarez 

    Les autorités espagnoles doivent ouvrir une enquête exhaustive et veiller à ce que l’obligation de rendre des comptes soit respectée !

    Amnesty International, 21 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, Espagne, Ceuta, migration, enfance,