Étiquette : Ennahdha

  • Tunisie : La France rappelle son attachement à la liberté d’expression et au respect de l’État de droit

    Topics : France, Tunisie, Ennahdha, Rached El Ghannouchi, Kaïs Saïed,

    A la question de « Quelle est la réaction de la France à l’arrestation de Rached Ghannouchi ? », le porte-parole de l’Elysée a rappelé l’attachement de la France à la liberté d’expression et au respect de l’État de droit.

    « Nous avons appris cette nouvelle arrestation, qui s’inscrit dans une vague d’arrestations préoccupantes. La France rappelle son attachement à la liberté d’expression et au respect de l’État de droit. Elle appelle les autorités tunisiennes à veiller au respect de l’indépendance de la justice et des droits de la défense ». a-t-il dit.

    #Tunisie #Ennahdha #Rached_El_Ghannouchi

  • La Tunisie interdit les réunions dans les bureaux de l’opposition

    Topics : Tunisie, Ennahdha, Rached El Ghannouchi, bureaux de l’opposition,

    Les autorités tunisiennes ont interdit les réunions dans tous les bureaux du parti islamiste d’opposition Ennahda et la police a fermé le siège de la principale coalition d’opposition du Front du salut.

    Ennahda craint que cette décision ouvre la voie à l’interdiction du parti. Cela s’est produit un jour après que la police a arrêté le chef d’Ennahda, Rached Ghannouchi, le critique le plus en vue du président Kais Saied et trois hauts responsables, a indiqué le parti.

    Tôt mardi, quelques heures après l’arrestation de Ghannouchi, la police a fait une descente au siège du parti et évacué toutes les personnes présentes pour lancer une recherche qui prendrait des jours, ont déclaré des responsables du parti.

    Un journaliste de Reuters a déclaré que la police avait empêché l’accès au siège du parti Front du salut dans la capitale, où une conférence de presse devait se tenir mardi. Le Front du salut est la principale coalition d’opposition qui comprend Ennahda, des petits partis et des militants. Il organise régulièrement des manifestations contre Saied et l’accuse d’avoir organisé un coup d’État. La plupart de ses dirigeants sont en prison, soupçonnés de complot.

    Une dictature venimeuse s’est érigée en Tunisie, berceau du printemps arabe
    Sihem Bensédrine
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    Des sources ont indiqué qu’il y avait eu une décision d’interdire les réunions au siège d’Ennahda dans toute la Tunisie. Ennahda était interdit depuis des décennies et la plupart de ses dirigeants, dont Ghannouchi, étaient en exil. Mais après la révolution de 2011 qui a apporté la démocratie , le parti est devenu un acteur majeur et a pris part aux gouvernements successifs.

    « Cela semble être une tentative d’interdire Ennahda et de frapper l’opposition », a déclaré Riadh Chaibi, un haut responsable d’Ennahda, à Reuters.

    La police a arrêté cette année des personnalités politiques de premier plan qui accusent Saied de coup d’État pour ses mesures visant à fermer le parlement élu en 2021 et à gouverner par décret avant de réécrire la constitution .

    Un responsable du ministère de l’Intérieur a déclaré que Ghannouchi avait été amené pour interrogatoire et que son domicile avait été perquisitionné sur ordre du procureur de la République chargé d’enquêter sur les « propos d’incitation ».

    Ghannouchi a déclaré lors d’un meeting de l’opposition samedi : « La Tunisie sans Ennahda, sans l’islam politique, sans la gauche, ni aucune autre composante, est un projet de guerre civile ».

    #Tunisie #Ennahdha #El_Ghannouchi

  • La Tunisie interdit les réunions dans les bureaux de l’opposition après l’arrestation de Ghannouchi

    Topics : Tunisie, Ennahdha, Rached El Ghannouchi, Kaïs Saïed,

    La police ferme le siège de la principale coalition d’opposition alors que les craintes montent que le parti sera interdit

    Les autorités tunisiennes ont interdit les réunions dans tous les bureaux du parti islamiste d’opposition Ennahda et la police a fermé le siège de la principale coalition d’opposition du Front du salut.

    Ennahda craint que cette décision ouvre la voie à l’interdiction du parti. Cela s’est produit un jour après que la police a arrêté le chef d’Ennahda, Rached Ghannouchi, le critique le plus en vue du président Kais Saied et trois hauts responsables, a indiqué le parti.

    Tôt mardi, quelques heures après l’arrestation de Ghannouchi, la police a fait une descente au siège du parti et évacué toutes les personnes présentes pour lancer une recherche qui prendrait des jours, ont déclaré des responsables du parti.

    Un journaliste de Reuters a déclaré que la police avait empêché l’accès au siège du parti Front du salut dans la capitale, où une conférence de presse devait se tenir mardi. Le Front du salut est la principale coalition d’opposition qui comprend Ennahda, des petits partis et des militants. Il organise régulièrement des manifestations contre Saied et l’accuse d’avoir organisé un coup d’État. La plupart de ses dirigeants sont en prison, soupçonnés de complot.

    Une dictature venimeuse s’est érigée en Tunisie, berceau du printemps arabe

    Des sources ont indiqué qu’il y avait eu une décision d’interdire les réunions au siège d’Ennahda dans toute la Tunisie. Ennahda était interdit depuis des décennies et la plupart de ses dirigeants, dont Ghannouchi, étaient en exil. Mais après la révolution de 2011 qui a apporté la démocratie , le parti est devenu un acteur majeur et a pris part aux gouvernements successifs.

    « Cela semble être une tentative d’interdire Ennahda et de frapper l’opposition », a déclaré Riadh Chaibi, un haut responsable d’Ennahda, à Reuters.

    La police a arrêté cette année des personnalités politiques de premier plan qui accusent Saied de coup d’État pour ses mesures visant à fermer le parlement élu en 2021 et à gouverner par décret avant de réécrire la constitution .

    Un responsable du ministère de l’Intérieur a déclaré que Ghannouchi avait été amené pour interrogatoire et que son domicile avait été perquisitionné sur ordre du procureur de la République chargé d’enquêter sur les « propos d’incitation ».

    Ghannouchi a déclaré lors d’un meeting de l’opposition samedi : « La Tunisie sans Ennahda, sans l’islam politique, sans la gauche, ni aucune autre composante, est un projet de guerre civile ».

    #Tunisie #Ennahdha

  • Des Tunisiens plus marocains que les Marocains!!!

    Des Tunisiens plus marocains que les Marocains!!!

    Tunisie, Maroc, Sihem Badi, Algérie, Kaïs Saïed, Moncef Marzouki, Ennahdha,

    Certains sont allés bien loin, dans leur conflit avec le président de la République, Kaïs Saïed, au point qu’ils ont dépassé toutes les lignes rouges et où ils font preuve d’absence de patriotisme flagrant. Cela n’est, certes, pas bizarre de la part des Nahdhaouis qui ont vendu leurs âmes au diable, depuis bien longtemps, ou du tristement célèbre ancien président provisoire de la République, Mohamed Moncef Marzouki qui a des affinités particulières avec le royaume chérifien.

    D’ailleurs, quels que soient les griefs que l’on peut avoir contre Kaïs Saïed –et il y en a beaucoup-, il est impardonnable de relier le camp de ceux qui font du tort au pays, notamment ces pêcheurs en eau troubles qui veulent gagner leur place dans les rangs de ceux qui font allégeance à l’étranger.

    La campagne de dénigrement marocaine est préméditée de bout en bout, parce que le monarque marocain veut en découdre avec son voisin direct qui est l’Algérie, en passant par la Tunisie contre laquelle les coups de boutoir que lui assène ce roi totalitaire… et ce qui est risible, c’est qu’il parle de démocratie.

    Certes, les voix qui se sont élevées sont insignifiantes, mais, il est malheureux de voir certains prendre la défense de ces agissements d’un despote, surtout si on connait le sort qu’il réserve à ses opposants.

    Pourtant, des ingrats comme, à titre d’exemple, Sihem Badi, ancienne ministre, on en trouve, encore. Elle s’y est mise, aussi, pour défendre les « intérêts » du Maroc qui est « sa seconde patrie », oubliant que « sa première patrie », si cela s’applique à elle, a besoin de son soutien… et cela nous montre la nature des ministres qui se sont succédés aux postes de commandes et qui devaient défendre la Tunisie becs et ongles.

    En effet, dans un post Facebook publié dimanche, Sihem Badi a refusé que ce pays soit traité de la sorte, accusant le président de la République de vouloir porter atteinte aux relations avec ce pays.

    « Ce président putschiste veut diviser l’Union du Maghreb arabe, je suis solidaire du Maroc et de son peuple », a-t-elle martelé.

    Pourtant, dans cette crise, l’odeur d’une préméditation marocaine est très claire, surtout que le roi a mis sa machine médiatique en branle, alors que la presse tunisienne, dans sa quasi-totalité a fait preuve de sagesse, en cherchant à ne pas s’en prendre « au frères marocains », bien que les torts commis par leurs dirigeants politiques sont innombrables et les coups de poignards dans le dos se sont multipliés, depuis «la révolution».

    A-t-on entendu parler d’une seule aide ou, même, de mots de soutien de la part de ce roi et de ses sbires ? Ils se sont délectés des problèmes de la Tunisie, pour prendre sa place sur la scène internationale, au niveau des exportations, du tourisme et surtout du phosphate. Et, malgré cela, le Maroc est très chanceux et trouve en Tunisie ceux qui jettent la pierre à leur pays, simplement pour des raisons politiques, et défendent les intérêts d’un pays qui a osé rétablir des relations diplomatiques avec les Sionistes, avec des accords et des partenariats qui dépassent de loin ce qui avaient été établis par les autres pays arabes qui l’ont précédé.

    F.S

    Univers News, 30/08/2022

    #Tunisie #Maroc #Algérie #Sihem_Badi

  • La nouvelle constitution tunisienne cimente l’autocratie

    La nouvelle constitution tunisienne cimente l’autocratie

    Tunisie, Kaïs Saïed, Israël, normalisation, autocratie, Palestine, Etat laïque, islamistes, Ennahdha,

    As`ad AbuKhalil dit qu’une véritable démocratie arabe limiterait l’influence américaine et criminaliserait la normalisation avec Israël.

    Par As`ad AbuKhalil

    Le président tunisien conçoit sa propre république selon ses propres intérêts et caprices.

    Kais Saied était à peine connu en dehors de la Tunisie avant son élection en 2019 et les Tunisiens ne le connaissaient que comme professeur de constitution qui commentait les questions politiques à la télévision. Il ne parlait pas comme un politicien moyen ; d’une part, il parlait l’arabe classique et d’une manière boisée (il est articulé en arabe mais pas éloquent).

    Il apparaissait comme un honnête homme sans aucun bagage politique et n’était redevable d’aucun intérêt local ou régional. Lorsqu’il s’est présenté aux élections en 2019, son élément de base était sa réponse sévère aux questions sur la normalisation avec Israël. Il était souvent interrogé à ce sujet et parlait de manière rafraîchissante dans un langage brutal peu connu dans une région où les dirigeants ont trop peur d’offenser les États-Unis et le lobby israélien.

    La réponse de Saied sur la normalisation a été un succès parmi les Tunisiens : il a promis qu’il criminaliserait la normalisation avec Israël et que l’entité sioniste ne devrait pas être reconnue. Il a parlé de l’expulsion des Palestiniens de leur patrie. Ce type de langage a été la norme pour une grande partie de l’histoire arabe contemporaine jusqu’au nouveau millénaire, lorsque l’Arabie saoudite – sous les auspices des États-Unis – a introduit en 2002 « l’initiative de paix arabe ».

    Cela promettait une normalisation arabe avec Israël en échange de la création d’un État palestinien en Cisjordanie et à Gaza. (Israël étudie toujours l’offre arabe et les États-Unis recommandent à Israël de prendre son temps pour l’étudier). Saied est allé jusqu’à appeler la normalisation avec Israël une trahison. Son engagement sur la Palestine a contribué à son ascension lors de l’élection présidentielle.

    Il s’est insurgé contre diverses menaces et a même condamné l’homosexualité, qu’il a liée à des conspirations étrangères. Il n’était pas progressiste sur les questions de genre et soutenait l’iniquité de l’héritage conformément à la loi religieuse. Il a proposé un nouveau système politique et a proposé sa candidature comme alternative aux partis politiques fatigués.

    Élites laïques

    Kaïs Saïed arrivant en tant que président au Palais de Carthage en octobre 2019. (Houcemmzoughi, CC BY-SA 4.0, Wikimedia Commons)

    Saied a attiré l’élite laïque de Tunisie : des gens qui se méfient des islamistes et qui – au lieu d’une compétition électorale – voulaient un homme fort (pas une femme forte) pour éliminer la menace islamiste. Les laïcs arabes sont déçus des masses arabes et de leurs choix électoraux et ont tendance à favoriser les dirigeants militaires et autocratiques qui peuvent réprimer les islamistes. Le dictateur égyptien Abdul-Fattah Al-Sissi ne peut gouverner sans le soutien de l’élite culturelle, politique et artistique qui se plaint de la culture que les islamistes apporteraient. Les laïcs arabes sont désormais le principal véhicule de la guerre autocratique contre les islamistes.

    Le tissu social de la Tunisie est différent de celui de la plupart des pays arabes : il a une classe moyenne importante et une société civile forte. (La société civile en Tunisie – contrairement à d’autres pays arabes, dont le Liban et la Palestine – ne se limite pas aux ONG financées par l’Occident, mais comprend des syndicats progressistes et des associations civiques comme l’Association tunisienne de droit constitutionnel, que Saied dirigeait avant d’assumer la présidence) .

    Dès que Saied a pris ses fonctions, il était clair qu’il y avait deux centres de pouvoir en concurrence en Tunisie : l’un résidait avec le parlement, qui était contrôlé par le parti politique EnNahda (la branche locale des Frères musulmans) dirigé par Rashid Ghannoushi ; et l’autre pouvoir était représenté par le président lui-même, qui a des inclinations laïques – en partie laïques pour être exact. Saied a été aidé dans son pouvoir en jouant avec les forces armées tunisiennes affiliées aux États-Unis. Les forces armées sont formées (par les États-Unis) pour combattre les islamistes et les rebelles, pas pour défendre la frontière contre les menaces étrangères.

    En juillet 2021, Saied avait suspendu le Parlement à la suite de manifestations anti-gouvernementales. Il en avait marre et voulait gouverner par décret. Il a été graduel dans son coup d’État extraconstitutionnel parce qu’il voulait examiner les réactions étrangères. Naturellement, les régimes du Golfe (qui n’avaient pas été satisfaits de sa position ferme contre la normalisation avec Israël) ont rapidement exprimé leur soutien et leur sympathie car il sapait le pouvoir des islamistes, qu’ils considèrent (en dehors du Qatar) comme leur ennemi mortel, juste derrière l’Iran.

    Tolérance de la répression

    Les puissances occidentales ont également eu des réactions similaires; bien sûr, il y avait des déclarations boiteuses sur la nécessité de respecter le processus démocratique et que la constitution tunisienne devait être respectée. Mais ce sont des déclarations qui reflètent généralement la tolérance politique américaine à l’égard de la répression dans les pays arabes. Chaque fois qu’il y a une élection au Liban, par exemple, les États-Unis et la France publient des déclarations qui insistent sur le vote rapide parce qu’ils espèrent généralement que leurs propres clients seront élus.

    Dans le cas de la Tunisie, il y a eu une indulgence significative pour le coup de Saied. Les gouvernements occidentaux et du Golfe trouvent plus facile – beaucoup plus facile – de faire affaire avec des autocrates qu’avec des dirigeants démocratiques élus qui doivent naviguer à travers des processus constitutionnels complexes et prêter attention aux souhaits du peuple. Une véritable démocratie arabe criminaliserait la paix et la normalisation avec Israël, et limiterait l’influence américaine.

    Dans son état d’urgence, Saied a renvoyé plusieurs politiciens devant les tribunaux pour « violations électorales » et s’est engagé à éliminer la corruption du système politique. Ce professeur de droit constitutionnel a même dissous le Conseil supérieur de la magistrature. C’est désormais lui seul qui peut déterminer l’interprétation exacte de la constitution. Saied n’était pas satisfait de la constitution actuelle, celle qui l’a ironiquement porté au pouvoir. Il a conçu sa propre constitution.

    Il a été approuvé lors d’un référendum le 25 juillet par 94,6 % des électeurs, bien que le taux de participation ait été faible. La nouvelle constitution reconnaît clairement le style très arabe du président lui-même, qui l’a écrite lui-même. Il fait passer la Tunisie d’un système parlementaire à un système présidentiel. La nouvelle constitution manque d’exactitude, permettant la prolongation du mandat du président en cas de « danger imminent ». Ce terme, ( khatar dahim en arabe) apparaît plus d’une fois dans le nouveau document. Mais qui déterminerait si un danger menace – ou non – autre que le président ? En d’autres termes, le président a conçu une nouvelle constitution qui lui permettrait de la violer pour ce qu’il considère comme un « danger imminent ».

    Sur la normalisation avec Israël, le président s’est inversé. Voici un président qui a en fait été élu sur la promesse de « criminalisation de la normalisation avec Israël » et qui l’a maintenant rétractée par peur de déplaire aux gouvernements occidentaux et du Golfe. La nouvelle constitution parle de la cause palestinienne dans le préambule et proclame le soutien de la Tunisie aux « droits légitimes du peuple qui a le droit, selon cette [légitimité internationale] de déterminer son propre destin et le premier d’entre eux est le droit du peuple palestinien à son terre volée et d’y établir son état après sa libération avec Jérusalem sainte comme capitale ».

    Cette référence peut sembler impressionnante selon les normes occidentales, mais elle ne correspond pas à la promesse même que Saied lui-même avait faite lorsqu’il s’est présenté à la présidence. Saied a fait la même concession que le parti islamiste EnNahda a faite lorsqu’il est arrivé au pouvoir. Il avait promis de criminaliser la normalisation, mais leur chef Ghannoushi l’a renié sous la pression des États-Unis après avoir visité DC et pris la parole lors d’une session à huis clos au Washington Institute for Near East Policy.

    Saied n’est plus qu’un des nombreux autocrates arabes, et son emprise sur le pouvoir est facilitée par l’ordre tyrannique régional contrôlé par les États-Unis et les régimes du Golfe. Il n’ose pas offenser les monarchies du Golfe et s’abstient de condamner l’alliance des Émirats arabes unis avec Israël. Sa priorité absolue est d’assurer un vernis de légitimité électorale dans un pays où la participation électorale est en baisse.

    Pourtant, il reste la figure la plus populaire en Tunisie, en grande partie en raison d’un manque d’alternatives. De plus, le règne d’ EnNahda n’était pas impressionnant du point de vue du peuple. Alors que la Tunisie progresse rapidement vers l’autocratie, le Liban reste le pays le plus ouvert où des élections ont encore lieu, malgré les protestations occidentales contre les résultats lorsque le Hezbollah et ses alliés remportent des sièges.

    Saied fête l’approbation de sa constitution. Les célébrations de Saied restent permises dans une république de plus en plus répressive.

    As`ad AbuKhalil est un professeur libano-américain de sciences politiques à la California State University, Stanislaus. Il est l’auteur du Dictionnaire historique du Liban (1998), Ben Laden, Islam and America’s New War on Terrorism (2002) et The Battle for Saudi Arabia (2004). Il tweete en tant que @asadabukhalil

    Consortium news, 10/08/2022

    #Tunisie #Kaïs_Saïed #Israël #Criminalisation

  • Tunisie : Rached Ghannouchi convoqué par la justice

    Tunisie, Kaïs Saïed, Rached El Ghannouchi, Ennahdha, Namaa Tounes,

    Le président du Mouvement Ennahdha Rached Ghannouchi comparaîtra le 19 juillet prochain devant la justice dans le cadre de l’affaire de l’association caritative “Namaa Tounes”, ont rapporté mercredi des médias locaux.

    Selon les mêmes sources, le juge d’instruction près du pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme a décidé d’auditionner le président du Mouvement Ennahdha en tant qu’accusé.

    Rappelons que Rached Ghannouchi présidait, il y a quelques mois, le parlement tunisien avant que le président tunisien Kaïs Saïed ne décide de le suspendre dans un premier temps et finir par le dissoudre fin mars dernier.

    Le 27 juin dernier, la justice tunisienne a décidé d’interdire le voyage pour bon nombre de leaders du parti dans le cadre des affaires liées au “blanchiment d’argent”, “financement de personnes et d’organisations liées au terrorisme” dans l’affaire de Namaa Tounes.

    Tunisie: Ghannouchi maintenu au poste de président du Parlement

    Le vote de motion de retrait de confiance au président du Parlement tunisien, jeudi, a tourné au profit de Rached Ghannouchi qui a gardé son poste a la tête de l’institution, au moment où le chef du gouvernement désigné, Hichem Mechichi, poursuit ses consultations en vue de former un nouvel exécutif.

    Rached Ghannouchi, chef du mouvement Ennahdha, a conservé son siège de président du Parlement, après un vote inédit dans l’histoire de l’institution parlementaire en Tunisie, où les députés sont amenés pour la première fois a s’exprimer lors d’un vote sur le retrait de confiance que lui avaient accordée les membres de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) lors de l’ouverture, il y a près de 9 mois, de la présente session parlementaire.

    “C’est une nouvelle victoire de la démocratie en Tunisie”, a déclaré Rached Ghannouchi a l’issue du vote, selon l’agence (TAP).

    Il a précisé avoir accepté, volontairement, cette initiative étant convaincu que les députés doivent avoir le dernier mot.”Même si la confiance m’a été retirée aujourd’hui, cela n’aurait posé aucun problème compte tenu de ma conviction du principe d’alternance au pouvoir”, a-t-il encore déclaré.

    La motion de retrait de confiance a été rejetée pour n’avoir pu recueillir que 97 voix alors qu’il en fallait 109.

    Un total de 133 députées ont participé au scrutin dont 97 ont voté pour le retrait de la confiance, le reste des voix se présente comme suit: 16 contre, 18 bulletins nuls et 2 bulletins blancs. Les députés d’Ennahdha et de la coalition Al Karama se sont abstenus de voter.

    Agé de 78 ans, Rached Ghannouchi, qui dirige Ennahdha depuis sa création il y a quatre décennies, est devenu le deuxième personnage de l’Etat tunisien en novembre, après avoir brigué son premier mandat électoral lors des législatives d’octobre 2019.

    Il a été critiqué notamment pour sa gestion des débats parlementaires. En conséquence, le président tunisien, Kais Saied avait mis en garde récemment contre un état de “chaos” au sein du Parlement.

    La députée du parti nationaliste Chaab, Leila Haddad, a indiqué que son parti avait voté contre Ghannouchi, car il a eu “des difficultés a gérer les travaux du Parlement en raison notamment d’un conflit idéologique”.

    Pour le porte-parole d’Ennahdha, Imed Khemiri, cette motion est due a “une hostilité idéologique contre Ghannouchi et contre la démocratie acquise par la révolution”.

    De son côté, le député et dirigeant au sein du mouvement Ennahdha, Samir Dilou, a souligné la nécessité pour le Parlement de revoir son fonctionnement.

    Dans un contexte connexe, Dilou a souligné la nécessité d’un renouveau au sein du parti Ennahdha. “Qu’on le veuille ou pas, le mouvement doit se renouveler et il y a une opportunité pour cela au prochain Congrès”, a-t-il dit.

    Former un nouveau gouvernement, l’autre défi

    Le vote de jeudi au parlement intervient deux semaines après la démission du gouvernement, Elyes Fakhfahk, alors que le président Kais Saied a nommé Hichem Mechichi, un de ses conseillers pour tenter de former un nouveau cabinet susceptible de convaincre le Parlement dans un délai constitutionnel d’un mois. A défaut, le chef de l’Etat tunisien pourra dissoudre l’Assemblée élue en octobre dernier.

    Pour ce faire, Hichem Mechichi, le Chef du gouvernement désigné, tiendra, jeudi après-midi des consultations avec des responsables d’institutions financières, d’organisations anti-corruption et de défense des droits de l’homme.

    Durant cette semaine qui s’achève, Mechichi a initié aussi des séances de consultation avec des experts dans les affaires économiques.

    Les Tunisiens s’attendent, selon des médias tunisiens, a ce que Mechichi entame d’autres entretiens avec divers groupes politiques après la fête de l’aid.

    Dans ce contexte, le président de la Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie (Conect), Tarak Cherif, a appelé a “hater la formation d’un gouvernement restreint de technocrates, qui aura pour mission de faire sortir le pays de la crise économique actuelle”.

    Dans une déclaration aux médias a l’issue de son entretien avec le nouveau chef du gouvernement désigné, Tarak Cherif a estimé que la Tunisie est “capable de surmonter sa crise actuelle”, ce qui nécessite selon lui, “de travailler dans un climat de confiance et de former un gouvernement de technocrates avec des compétences a haute valeur ajoutée”.

    Hicham Mechichi, ministre de l’Intérieur dans le gouvernement de gestion des affaires courantes, est le neuvième chef du gouvernement en Tunisie depuis la révolution de 2011.

    Echoroukonline, 06/07/2022

    #Tunisie #ElGhannouchi #KaïsSaïed

  • Tunisie: El Ghannouchi cherche à se rapprocher de l’Algérie

    Tags: Tunisie, Rached El Ghannouchi, Ennahdha, Algérie – Tunisie: El Ghannouchi cherche à se rapprocher de l’Algérie

    La proposition du leader d’Ennahdha d’une Union du Maghreb arabe réduite à la Tunisie, l’Algérie et la Libye – excluant ainsi le Maroc et la Mauritanie – fait polémique. Au point que certains y voient une volonté de rapprochement du président de l’Assemblée nationale avec Alger.

    Le projet d’Union du Maghreb arabe (UMA), qui piétine depuis sa fondation en 1989, peut-il être sauvé en passant de cinq à trois pays ? Rached Ghannouchi semble en être convaincu. Tout du moins pour une première étape. Le président du parti Ennahdha et de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) a déclaré sur les ondes de Diwan FM, le 23 février, qu’« un triangle composé de la Tunisie, de l’Algérie et de la Libye serait un point de départ pour promouvoir ce rêve d’Union ». Exit donc Rabat et Nouakchott

    L’Express, 09/11/2021

    #Tunisie #Ghannouchi #Ennahdha #Algérie #Kais_saied

  • Pourquoi le silence de la Turquie sur la Tunisie

    Pourquoi le silence de la Turquie sur la Tunisie. L’équilibrisme turc en Tunisie reflète sa politique axée sur les intérêts dans le voisinage méridional de l’Europe.

    Alors qu’Ankara s’efforce de renforcer ses liens avec les pays du Maghreb, elle a opté pour une rhétorique mesurée sur la récente prise de pouvoir de Saïd.

    La Turquie a adopté un langage modéré à l’égard du récent coup de force du président tunisien Kais Saied et a évité de le qualifier de coup d’État, tout en sachant que le cours des événements pourrait mettre en péril ses politiques en Afrique du Nord.

    La Turquie a révisé son approche à l’égard de la Tunisie après que les partis laïques sont devenus plus importants dans la politique tunisienne après les élections de 2014. Cet ajustement politique a consisté à tendre la main aux partis laïques d’une part, tout en conservant des liens étroits avec le parti islamiste Ennahda d’autre part – une approche conforme aux efforts d’Ankara pour renforcer ses liens avec les pays du Maghreb, et qui recoupe les efforts de normalisation en cours entre Ankara et les capitales arabes.

    L’Allemagne et les autres États européens devraient y voir une occasion d’encourager la désescalade régionale et de contribuer à un dialogue régional constructif.

    Après que Saied a limogé le gouvernement tunisien en juillet, suspendu le parlement et pris un pouvoir quasi total, d’autres partis politiques l’ont accusé d’avoir organisé un coup d’État, tandis que de nombreux Tunisiens – épuisés par une situation économique qui s’est aggravée avec la pandémie de Covid-19 – sont descendus dans la rue et ont fait la fête.

    Étonnamment, la Turquie a réagi avec plus de prudence qu’elle ne l’avait fait lorsque le coup d’État militaire de 2013 en Égypte a chassé le président Mohamed Morsi. Dans un premier temps, les représentants du parti au pouvoir, le Parti de la justice et du développement (AKP), ont fortement critiqué la démarche de Saied, mais le président turc Recep Tayyip Erdogan a adopté un ton plus doux après s’être entretenu avec le président tunisien, se contentant d’appeler à un retour aux activités du parlement. Ankara cherche clairement à éviter toute confrontation qui pourrait mettre en péril ses relations avec la Tunisie.

    Une diplomatie intense

    Ce n’est pas la première fois que la Turquie opte pour une rhétorique mesurée dans sa politique envers la Tunisie. L’accession d’Ennahda au pouvoir lors des élections de 2011 a motivé l’AKP à remodeler sa politique tunisienne en fonction de ses affinités politiques avec le parti. Cette politique post-soulèvement arabe s’est alignée sur la stratégie régionale d’Ankara, qui se concentrait principalement sur la formation de partenariats avec des partis politiques alignés sur la fraternité musulmane.

    Ces années ont marqué une période d’intense diplomatie entre la Turquie et la Tunisie, qui a abouti à la signature d’une série d’accords de coopération, dont le traité d’amitié et de coopération de 2011 et la création en 2012 d’un conseil de coopération stratégique de haut niveau axé sur la sécurité et la défense.

    Cet élan diplomatique a également permis de renforcer les relations économiques. La Turquie et la Tunisie avaient déjà établi un accord de libre-échange en 2005, mais le processus de levée des barrières commerciales sur de nombreux biens a été entièrement achevé en 2014.

    Pourtant, les élections de 2014, tant présidentielles que parlementaires, ont modifié l’équilibre de la politique tunisienne en faveur des partis laïques et prouvé que le paysage politique est multipolaire, comprenant une polyphonie de voix. Les partis laïques bénéficient d’un solide soutien populaire, ce qui nécessite une recherche constante de consensus politique. Cela a obligé la Turquie à développer un réseau plus large d’acteurs sociaux et politiques, y compris les forces laïques, et a conduit à un changement dans l’approche de la Turquie vis-à-vis de la Tunisie.

    Une autre dynamique qui a poussé la Turquie à remodeler sa stratégie a été la critique croissante de la Tunisie sur les politiques régionales d’Ankara et leurs implications pour la Tunisie. La critique la plus sérieuse était centrée sur la question des combattants tunisiens en Syrie, en Irak et en Libye ; en 2015, le ministre tunisien des Affaires étrangères a accusé Ankara de faciliter le transit de ces combattants, présentant des problèmes de sécurité pour les autorités tunisiennes.

    Un paysage politique en mutation

    Ennahda est aujourd’hui encore plus sous le feu des projecteurs car il est accusé de recevoir des financements étrangers, de ne pas empêcher la violence politique et la corruption, et d’entretenir des relations étroites avec la Turquie au-delà des canaux diplomatiques officiels.

    Les relations chaleureuses du cofondateur du parti, Rached Ghannouchi, avec l’AKP ont suscité de nombreuses controverses en Tunisie. L’année dernière, Ghannouchi a fait l’objet de critiques massives après avoir voyagé pour rencontrer Erdogan sans en informer les autorités compétentes, ce qui a été perçu par ses opposants en Tunisie comme un dépassement de ses prérogatives en tant que président du parlement.

    L’évolution du paysage politique a également affecté les relations économiques entre la Tunisie et la Turquie. Face à un déficit commercial croissant, les deux pays ont négocié pour modifier les termes de leur accord de libre-échange. Ankara considère donc que ses relations économiques avec la Tunisie sont fragiles, ce qui souligne la nécessité d’une politique bilatérale plus équilibrée.

    Après la victoire du parti laïc tunisien Nidaa Tounes aux élections de 2014, Ankara a montré sa volonté d’approfondir les relations sous le nouveau président et le nouveau gouvernement, en félicitant Béji Caid Essebsi pour sa victoire à la présidentielle. En mai 2016, le Premier ministre tunisien Habib Essid s’est rendu en Turquie.

    Les efforts diplomatiques pour tisser des liens avec les nouvelles forces politiques dirigeantes se sont intensifiés, notamment en termes de coopération sécuritaire. La Turquie a reformulé son engagement en Tunisie en visant à stimuler le rôle de la Turquie dans la modernisation militaire et le marché des armes de la Tunisie.

    En 2017, les deux pays ont signé une série d’accords qui ont ouvert la voie au transfert de technologie et à la coopération militaire. L’année dernière, le ministère de la défense tunisien a signé un contrat avec Turkish Aerospace Industries pour l’achat de drones de moyenne altitude et longue endurance. La Tunisie est devenue le plus gros acheteur de véhicules blindés de la Turquie au Maghreb.

    Un acte équilibré

    L’objectif de l’engagement de la Turquie est de renforcer ses liens géostratégiques et géoéconomiques avec les pays du Maghreb. Ankara est donc désireuse de coopérer avec les pays de la région sur les questions économiques et de sécurité, et l’acte d’équilibrage de la Turquie en Tunisie reflète sa politique axée sur les intérêts dans le voisinage méridional de l’Europe.

    Mais la Turquie est confrontée à un dilemme dans son acte d’équilibrage. D’une part, l’AKP, le parti au pouvoir en Turquie, continue d’entretenir des relations étroites avec Ennahda, mais d’autre part, il présente la Turquie comme un allié régional bipartisan et fiable qui peut offrir un soutien dans des domaines stratégiques, tels que la sécurité. Les forces laïques en Tunisie perçoivent le soutien de la Turquie à Ennahda comme une ingérence dans les affaires intérieures du pays, ce qui empêche un changement substantiel de la politique régionale de la Turquie.

    La deuxième limite est le manque d’alliés de la Turquie. Les relations de la Turquie avec ses partenaires occidentaux et régionaux ont connu des hauts et des bas ces dernières années. La Turquie a récemment commencé à désamorcer les tensions avec l’Égypte, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, tout en cherchant à réparer les relations détériorées avec l’Occident.

    Les réajustements de la Turquie suggèrent qu’Ankara est consciente de la nécessité d’un changement dans sa politique régionale. Mais les effets de cette stratégie de normalisation sont limités, et elle devrait être complétée par un cadre de coopération pour contribuer à la stabilité régionale.

    De leur côté, les partenaires européens devraient surmonter leur réticence à collaborer avec la Turquie en Méditerranée. L’Europe devrait capitaliser sur cette opportunité et encourager l’approche diplomatique de la Turquie. La réponse officielle de la Turquie, qui appelle à la restauration de la légitimité démocratique en Tunisie, est conforme à celle de l’Union européenne et de ses États membres – un bon point de départ pour trouver un terrain d’entente en vue de renforcer la stabilité en Méditerranée.

    Avec l’intérêt décroissant des États-Unis pour la Méditerranée, le rôle de l’Europe dans la région est devenu encore plus important. Si l’UE souhaite influencer et remodeler la dynamique régionale dans son voisinage méridional, les décideurs politiques devraient s’engager davantage, tant sur le plan politique qu’économique, afin d’éviter les risques liés à la polarisation et à l’inimitié régionales.

    Une version plus longue de cette chronique a d’abord été publiée par l’Institut allemand pour les affaires internationales et de sécurité (SWP).

    Nebahat Tanriverdi , Hurcan Asli Aksoy

    Middle East Eye, 27/10/2021

  • Tunisie : L’ancien chef de gouvernement arrêté

    Des sources recoupées et dignes de foi font état de l’arrestation du Chef du gouvernement, Hichem Mechichi. Plusieurs dirigeants du mouvement Ennahda avaient confirmé qu’ils n’étaient pas en mesure de contacter Mechichi et qu’il est probablement détenu au palais présidentiel. 

    Il convient de noter que le président de la République, Kais Saied a annoncé la veille au soir soir l’application de l’article n 80 de la Constitution en vertu duquel il a limogé Mechichi et a gelé les compétences de l’ARP. 
    Il a par ailleurs été décidé, sur ordres de la présidence, de frapper par une interdiction de quitter le territoire national aux personnes suivantes : les présidents des clubs sportifs les hommes d’affaires, les grands responsables, les ministres et les députés. 
    Nous apprenons pour finir que l’armée a récupéré, ce lundi, un important dossier du domicile de l’ex-ministre de la justice par intérim, Hasna Ben Slimane, qui l’aurait dissimulé chez elle. Ce dossier concernerait, selon des sources dignes de foi, le magistrat et ex procureur de la République du tribunal de Tunis, Bechir Akremi. 
    Les mêmes sources ajoutent que la décision de la fermeture des administrations, pendant deux jours, vise à empêcher la destruction ou la disparition de dossiers ou d’éléments d’archives compromettants.
    Ali Oussi
    La Patrie News, 27/07/2021
    Etiquettes : Tunisie, Hichem Mechichi, Kaïs Saïed, crise politique, Ennahdha,
  • L’Algérie entre l’islamisme et la modernité (Edito de Ouest Tribune)

    A mesure que s’approche la date du 12 juin prochain qui coïncide avec les prochaines élections législatives, les interrogations sur la coloration idéologique du nouveau gouvernement se font plus insistantes. Sachant la composante humaine des candidats partisans, l’on est amené à se poser la question suivante : L’expérience islamiste est-elle une fatalité pour tout pays musulman qui accède à la démocratie ? Autour de nous, en effet, de l’Indonésie au Maroc, en passant par le Pakistan, la Turquie et la Tunisie, toutes ces pays se sont colorés en vert.

    L’exemple le plus proche de nous est, bien entendu, la Tunisie. Voilà donc une société qui a très officiellement opté pour la solution islamiste en offrant le pouvoir à un parti de cette obédience lors des premières élections libres. Il reste cependant que ce pays semble franchement dépassé par les débordements causés par un islamisme de pouvoir. Pourtant, pour celui qui connaît la Tunisie et les Tunisiens, la seule victoire d’En Nahdha était déjà vue comme une «dérive politique».

    Et pour cause, nos voisins, dont l’économie repose en grande partie sur l’esprit de tolérance qu’impose l’activité touristique, savaient les terribles conséquences d’une montée de l’intégrisme au sein de la société. Ils le savaient d’autant bien que pendant toutes les années 90, ils voyaient venir chez-eux des Algériens traumatisés par les exactions du GIA.

    Soutenu par le statut de la femme fortement ancré dans les mœurs du pays, mais aussi au sein de l’opinion en raison de l’extrême « chance » qu’avait la Tunisienne en comparaison avec le triste sort de pas mal de femmes arabes, le pays était, pensait-on, paré à édifier une barrière infranchissable contre le courant obscurantiste. Mais, il n’en a été rien de tout cela. C’est le parti islamiste qu’on dit modéré, qui a raflé la mise aux première Législatives pluralistes et qui continue à peser sérieusement sur la politique du pays.

    Le cas tunisien nous apprend deux choses. D’abord que le tourisme n’est pas la panacée à l’intégrisme, ensuite que le mal est profond et recommande une réaction à l’échelle de toute la nation musulmane. Il est urgent que tous les musulmans se débarrassent de leur faiblesse en cherchant la solution en eux-mêmes et pas dans les singeries de modèle importés de l’étranger. Les Algériens font partie de ce gigantesque ensemble humain. Ils s’apprêtent à faire élire de nouveaux députés. Dans le lot, il y aura certainement des islamistes. Mais il devra y avoir une voix puissante qui sorte de la société civile pour imaginer une Algérie, certes musulmane, mais également moderne et surtout plurielle.
    Par Nabil G

    Ouest tribune, 09 mai 2021

    Etiquettes : Algérie, Tunisie, Maroc, partis islamistes, Ennahdha, FIS, GIA, tourisme,