Étiquette : Ennahdha

  • Tunisie : la crise d’un pays entre démocratie et précipice

    En dix ans depuis la révolution, beaucoup de choses ont changé en Tunisie. Aujourd’hui, nous pouvons dire que tous les éléments essentiels d’une vraie démocratie existent, mais si elle ne peut pas se débarrasser des déchets du passé, alors elle n’aura guère d’avenir.

    En l’espace d’une semaine se sont multipliées les initiatives diplomatiques qui ont vu le président de la république Kaïs Saïed s’impliquer personnellement d’une part auprès des ambassadeurs des pays de l’UE, et d’autre part le président du parlement Rachid Ghannouchi et le chef de la gouvernement Hichem Mechichi avec l’ambassadeur américain.

    Dans les deux cas, il s’agissait de plaider la bonne cause de la transition démocratique tunisienne, mise en danger par les effets dévastateurs d’une crise économique sans précédent auxquels se sont ajoutés ceux de la pandémie.

    Si quelqu’un pouvait avoir des doutes sur le véritable objectif de ces rencontres, celle qui a eu lieu en fin de semaine, vendredi 26 février, entre le chef du gouvernement de Mechichi et les ambassadeurs des pays du G7 a clarifié la situation sans équivoque. Dans cette circonstance, en effet, Mechichi a explicitement demandé aux ambassadeurs d’intervenir auprès des agences de notation pour leur expliquer la situation dans le pays, en demandant compréhension et soutien. Tout cela suite à la publication par Moody’s du déclassement, avec perspective négative, à B3 en Tunisie. C’est-à-dire à un pas du précipice de la zone C, qui entraînerait le passage du pays dans le purgatoire du Club de Paris et la perte subséquente de ce qui reste encore de sa souveraineté.

    Il est difficile de dire quelles seront les réactions des institutions financières internationales, d’abord celle du Fonds monétaire international FMI, qui depuis plus d’un an tente en vain d’inciter le pays à mettre en œuvre les réformes qui ont toujours été annoncées. et sont toujours restés lettre morte.

    La Tunisie est aujourd’hui exposée au risque réel de perdre son autonomie et, avec elle, la démocratie qui aurait dû en faire le pays modèle qui aurait dû inspirer les pays arabes comme une possible alternative démocratique aux monarchies saoudiennes, aux républiques islamiques et aux dictatures.

    S’il y a dix ans, il était relativement facile d’emballer le président Ben Ali et de l’envoyer en voyage aller simple en Arabie saoudite après des années d’avertissements inutiles de Bush d’abord puis d’Obama qui lui avait demandé de le planter avec du recyclage, qui est maintenant devenu partie intégrante et cœur de métier de l’économie nationale avec la complicité d’une banque centrale, des douanes, de la police des frontières et de la justice, aujourd’hui après dix ans au cours desquels sept gouvernements se sont alternés sans qu’aucun d’entre eux ne puisse nettoyer en profondeur le système, c’est impossible une solution comme celle du 14 janvier 2011, pour reproduire que toute la flotte de la compagnie aérienne nationale ne suffirait pas, il y a beaucoup de patrons de ces groupes familiaux qui continuent sans se décourager à mener, en privé, les travaux étatiques inachevés de Ben Ali et la famille Trabelsi qui appartenait à son épouse Leila.

    En dix ans depuis la révolution, beaucoup de choses ont changé en Tunisie. Aujourd’hui, nous pouvons dire que tous les éléments essentiels d’une vraie démocratie existent: des élections libres, la liberté de pensée et d’expression, un parlement doté d’un pouvoir législatif, le multipartisme; de tout ce qu’il faut pour pouvoir dire que la démocratie existe vraiment, il ne manque rien. Mais si cette démocratie ne peut pas se débarrasser des scories du passé, il est peu probable qu’elle ait un avenir.

    Formiche.net, 26 fév 2021

    Tags : Tunisie, crise politique, Kaïes Saïed, Hichem Mechichi, Ennahdha,

  • Tunisie, l’épreuve de force a commencé

    Si par sa démonstration de force de samedi dans Tunis, le but d’Ennahdha était de faire céder le président Kaïs Saïed, dans le bras de fer qui les oppose depuis maintenant plus d’un mois, la réaction à chaud de ce dernier à l’événement n’est pas de nature à la conforter dans ce sentiment. Alors qu’elle-même faisait battre le pavé à ses troupes, lui était sur le terrain dans le gouvernorat de Kairouan, occupé à se rendre compte par lui-même des préparatifs d’un important complexe sanitaire, dont le lancement est imminent.

    Invité à donner son avis sur ce qui se passait à Tunis, il a eu cette réponse sibylline, où il a été question de faillite politique, mais sans que l’on sache ce qu’il avait exactement en vue en employant ce mot : la marche elle-même, celle-là même qui se déroulait à ce moment précis, où la démarche même d’Ennahdha dans le contexte de crise actuel, c’est-à-dire sa tactique pour la résoudre à son avantage exclusif. Dans un cas comme dans l’autre, cela dit bien ce que cela veut dire, à savoir qu’il n’était pas impressionné par si peu, et que tel était déjà en grande difficulté qui croyait le forcer à battre en retraite. Peut-être que le plus remarquable dans la crise en train de se développer pour l’heure en Tunisie, c’est qu’elle est aussi artificielle par sa cause immédiate qu’inévitable au regard de ses ressorts véritables.

    Ce n’est pas le président Saïed qui l’a déclenchée, mais le Chef du gouvernement Hichem Mechichi, qui en concertation avec Ennahdha et ses alliés au sein de l’Assemblée l’a provoquée en procédant à un large remaniement ministériel sans en référer le moins du monde à lui. Il aurait pu agir de façon moins cavalière. Il y était même tenu quelles que soient leurs prérogatives respectives en cette matière. Il aurait voulu afficher son dédain pour le président de la République, auquel d’ailleurs il doit d’être à sa place, qu’il ne se serait pas comporté autrement. Il était clair qu’en fait de remaniement, il s’agissait surtout pour lui et ses alliés dans cette agression caractérisée, de ravaler Saïed à sa juste dimension au regard de la Constitution de 2014, ou plus exactement de la lecture qu’ils en faisaient.

    Dans cette affaire, Mechichi a agi en déstabilisateur de service. Pourtant, même après cela, il pouvait encore rattraper sa faute, désamorcer la crise, au lieu de l’exacerber, et du même coup lui faire passer le point de non-retour. Mais pour cela il aurait fallu qu’il soit indépendant d’Ennahdha, dont son sort cependant dépendait. Il lui suffisait pour cela d’enlever de sa liste les quatre noms sur la vertu desquels le président Saïed avait des doutes. Ce n’est pas le choix qu’il a fait, mais celui d’affirmer sa prééminence, lui que personne n’a élu. Après cela, que reste-t-il aux véritables protagonistes, dont il n’est pas, sinon de commencer à faire étalage de leur force ? Il est revenu à Ennahdha d’ouvrir le bal, en y allant d’une marche soi-disant pour défendre les institutions et l’unité du pays, tout en appelant au dialogue, en réalité pour montrer que la grande masse est avec elle, dans l’idée que comme Saïed est un sans-parti, une démonstration de force de cette nature n’est pas dans ses cordes. C’est oublier qu’il a des électeurs et des alliés, du côté des partis, des travailleurs comme des institutions. Il serait à craindre pour elle qu’ils s’y mettent ensemble pour faire descendre dans la rue une foule bien plus imposante que celle qu’elle a fait défiler samedi dernier.

    Le Jour d’Algérie, 28 fév 2021

    Tags : Tunisie, Kaïes Saïed, Mechichi, Ennahdha,

  • Ghannouchi: « La Tunisie regorge de compétences féminines »

    Un discours du Président du Parlement tunisien lors d’une cérémonie organisée par le mouvement Ennahdha dans le centre de la capitale à l’occasion de la Journée internationale de la femme

    Mourad Belhaj | 07.03.2020

    AA / Tunisie / Marwa Sahli

    Le président du Parlement tunisien, Rached Ghannouchi, a salué, samedi, la place des femmes tunisiennes, notant que son pays regorgeait de grandes compétences féminines.

    C’est ce qui ressort d’un discours prononcé par le chef du mouvement Ennahda en Tunisie lors d’une cérémonie organisée par le mouvement dans le centre de la capitale, à l’occasion de la Journée internationale de la femme, célébrée le 8 mars de chaque année.

    Ghannouchi a tenu à féliciter la femme tunisienne à l’occasion de cet événement annuel, soulignant sa valeur et son rôle important à travers le monde.

    Au cours de la cérémonie, Ghannouchi a rendu hommage aux femmes chefs d’entreprise, parmi lesquelles Sarah Nour El-Din (propriétaire d’un projet dans le domaine des industries traditionnelles), Najat Al-Saidi Hamed (projet agricole) et Bakhtah Al-Za’louli (projet pour les patients autistes) et d’autres.

    Pour sa part, la maire de Tunis, Souad Abdel-Rahim, a appelé à la nécessité de donner davantage de pouvoir aux femmes dans les postes de décision.

    Elle a également appelé à la nécessité de lutter contre la violence à l’égard des femmes dans tous les domaines.

    À son tour, Hayat Omri, membre du mouvement, a déclaré que son parti soutient les droits des femmes et leur fournit un environnement de travail pour se mettre en valeur.

    Omri estime que les femmes sont la base du développement et de l’avancement des peuples.

    ANAdolou

    Tags : Tunisie, femmes, El Ghannouchi, Ennahdha,

  • Tunisie : Le PDL appelle au retrait de confiance au Président de l’Assemblée Rached Ghannouchi

    Le premier ministre tunisien Habib Jemli a été reçu samedi par le président tunisien, Kais Saied au palais de Carthage. Ce dernier n’a pas réussi à obtenir le vote de confiance de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP)

    Habib Jemli a été chargé de former le gouvernement le 15 novembre 2019. Vendredi dernier, le parlement tunisien a voté contre. Ce même parlement très divisé encore suite aux velléités du Parti Destourien Libre (PDL) qui a appelé au retrait de confiance au Président de l’Assemblée Rached Ghannouchi

    Pour le parti d’Abir Moussi, il s’agit de “corriger la grave erreur commise contre cette institution constitutionnelle fondée par les leaders du mouvement national et pour laquelle plusieurs martyrs sont tombés le 9 avril 1938”.

    Dans une déclaration publiée samedi, le PDL précise que les 17 signatures des députés de son bloc parlementaire seront un point de départ pour rassembler les 73 signatures requises pour valider la pétition.

    Tags : Tunisie, Habib Jemli, gouvernement, Kaïes Saïed, Abir Moussi, El Ghannouchi, Ennahdha,