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    Développement durable : priorités nationales du Maroc

    Tags : Maroc, développement durable, économie, justice sociale, environnement,

    Le Maroc considère que le développement durable, concept consacré depuis la Conférence de Rio en 1992, peut se concevoir comme un processus tendant à concilier un développement économique soutenu, une plus grande justice sociale et une gestion viable de l’environnement.

    Le Maroc accorde une importance primordiale au Développement durable, qui est un choix de développement délibéré dicté au niveau national, non seulement par la rationalisation nécessaire de la gestion des ressources, gage du développement économique et social du pays, mais aussi, en raison d’un souci d’amélioration continue de la qualité de vie du citoyen marocain.

    Le Royaume constate que, malgré les progrès remarquables réalisés par certains pays en développement, bon nombre d’objectifs du développement durable, notamment les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), n’ont pas encore été atteints. Les répercussions des catastrophes naturelles, la détérioration de l’environnement, les effets des changements climatiques, l’augmentation de la pauvreté dans le monde et l’impact de la crise financière continuent de peser sur la communauté internationale. Le Maroc considère que ces défis requièrent une intervention collective et concertée.

    Sur le plan multilatéral, le Maroc fut l’un des premiers pays ayant adhéré à la Convention cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques. Il a procédé, en 1995, à la ratification de ce Traité international, et en 2002, à la ratification du Protocole de Kyoto.

    Le Royaume a par ailleurs, abrité, en 2001, la 7ème Conférence des Parties sur les Changements Climatiques, qui a donné naissance aux Accords de Marrakech, ayant permis l’entrée en vigueur du Protocole de Kyoto en 2005. Notre pays a été parmi les premiers pays à créer des structures institutionnelles opérationnelles, destinées à prendre en charge les aspects transversaux des changements climatiques, notamment le Comité National Scientifique et Technique, l’Autorité Nationale désignée et le Comité National sur les Changements Climatiques.

    Le Maroc, qui n’a ménagé aucun effort pour soumettre, dans les délais requis par le Secrétariat de la Convention, la liste de ses projets en matière d’atténuation des émissions de Gaz à Effet de Serre (GES), accorde une importance primordiale aux négociations climatiques internationales, sous l’égide de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC), à travers notamment, les groupes de contact issus des deux Groupes de travail sur le Protocole de Kyoto et l’action de Coopération à Long terme.

    Le Maroc a exprimé, le 29 Janvier 2010, son association à l’Accord de Copenhague, étant entendu, que cet Accord constitue une étape primordiale pour la conclusion d’un Instrument global et juridiquement contraignant, à l’occasion notamment de la 16ème Conférence des Parties à la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques, prévue au Mexique (Cancun, 24 novembre – 11 décembre 2010).

    En exprimant son association à l’Accord de Copenhague, le Maroc à l’instar des autres pays en développement, réclame un financement adéquat, pour ses projets d’atténuation et d’adaptation, dans le cadre du Fonds Climat Vert, vu que l’Accord de Copenhague prévoit la mobilisation par les pays développés de 30 Milliards de Dollars des Etats-Unis sur trois ans (2010-2012) et 100 Milliards de Dollars EU, au titre de la période (2013-2020).

    Le Maroc estime que le futur Accord sur le climat devrait maintenir les dispositions du Protocole de Kyoto, notamment, une réduction des émissions de gaz à effet de serre par nos partenaires développés (pays de l’annexe 1), d’au moins 25 à 40 %, en dessous du niveau de 1990, au titre de la 2ème période d’engagements du Protocole de Kyoto et de 40 à 45% en 2020. Le nouvel Accord devrait traduire un équilibre entre les actions d’atténuation et les mesures d’adaptation aux changements climatiques notamment, dans les pays en développement.

    Le nouvel Accord devrait prévoir un nouveau mécanisme financier, relevant exclusivement des structures de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques, susceptible de permette aux pays Parties, de bénéficier d’une représentation équitable avec un système de gouvernance transparent, conformément à l’article 11, paragraphe 2 de la Convention. Ce mécanisme aura la fonction d’assistance financière au bénéfice des projets d’adaptation aux changements climatiques dans les pays en développement.

    Le nouvel Accord devrait prévoir de nouveaux mécanismes de financement supplémentaires, additionnels et prévisibles en faveur des investissements au profit des pays en développement, en matière de technologies propres, de gestion de l’eau et dans les secteurs de l’agriculture et des forêts.

    La réduction des émissions de gaz à effet de serre par nos partenaires développés, en vertu des dispositions du Protocole de Kyoto et conformément aux recommandations de la plus haute autorité scientifique onusienne (Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat – GIEC) sera un signal positif, non seulement pour la continuation, le renforcement et la stabilisation du marché de carbone, mais également pour garantir l’intégrité environnementale et le principe des responsabilités communes mais différenciées (vivement défendu par les pays en développement).

    Avec un niveau d’émissions faible mais une vulnérabilité élevée, le Maroc s’est engagé de manière volontaire, mais forte, dans des actions d’atténuation et d’adaptation, dans le cadre d’une approche intégrée, participative et responsable.

    Cette volonté politique a été insufflée par sa Majesté le Roi Mohammed VI, qui avait souligné, dans Son Discours à l’occasion de la Fête du Trône, le 30 Juillet 2009, que  le Gouvernement marocain élaborera « un projet de Charte nationale de l’Environnement permettant la sauvegarde des espèces, des réserves et des ressources naturelles, dans le cadre du processus de développement durable ».

    Cette Charte, qui a vu le jour suite à une large consultation au niveau national avec toutes les composantes de la société marocaine, prendra bientôt la forme d’une Loi Cadre, afin de guider les actions de toutes les institutions publiques et privées, pour réaliser un développement économique et social dynamique mais juste, dans une société faiblement carbonée, résiliente aux changements climatiques et solidaire des populations vulnérables.

    Cette Charte complètera l’Initiative Nationale pour le Développement Humain lancée en mai 2005, par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, pour améliorer les conditions de vie des populations pauvres, sur la base d’une vision intégrée du développement dans toutes ses dimensions politique, économique, sociale, culturelle et environnementale.

    Le Choix de Rabat par l’Association « Earth Day Network », comme première ville mondiale, pour célébrer le 40ème Anniversaire de la Journée de la Terre en avril 2010, est un témoignage éloquent, des efforts consentis par le Maroc, en matière de préservation de l’environnement, susceptibles de lui permettre de se considérer aujourd’hui comme un véritable modèle de développement en Afrique.

    De même, le Maroc a, d’ores et déjà, adopté une politique volontariste d’adaptation aux changements climatiques. Pour ce faire, le Maroc a décliné plusieurs stratégies en plans d’actions concernant les secteurs de l’énergie, de l’eau, des transports, de l’industrie, des déchets, de l’agriculture, de la forêt et de la construction.

    La stratégie énergétique, adoptée en 2008 mérite d’être citée dans ce cadre. Elle vise à développer les énergies renouvelables, qui devront atteindre 10 à 12% de la part de l’énergie primaire en 2020 et 15 à 20% en 2030. Pour ce faire, un programme ambitieux de développement de l’énergie solaire a été lancé, d’une puissance de 2000 MW sur 5 sites et dont la mise en service est prévue vers 2015-2020. Le potentiel global d’atténuation de ce programme s’élève à 3700 Kilo-Tonnes Equivalent de CO2/an.

    En matière d’adaptation, le Maroc entend préserver son territoire et sa civilisation de la manière la plus appropriée, en réagissant efficacement aux vulnérabilités de son territoire et en anticipant une politique d’adaptation, qui prépare l’ensemble de sa population et de ses acteurs économiques à faire face à ces vulnérabilités.

    Conscient de la vulnérabilité particulière du Maroc au regard de l’avancée du désert et des risques que représente la désertification, qui se trouve exacerber par le réchauffement climatique, le Gouvernement marocain a fait de la réhabilitation et de la sauvegarde des oasis sa priorité, aussi bien à travers l’Initiative Nationale pour le Développement Humain (INDH), que par son engagement dans le Programme Oasis.

    En 2004, le Gouvernement marocain, a tracé les grandes lignes d’une politique intégrée pour la sauvegarde et le développement des espaces oasiens et offre aux décideurs des choix couvrant les aspects sociaux, économiques, techniques et institutionnels de la problématique oasienne. Les oasis y sont considérées comme « une composante spatiale et écologique principale du système territorial national », mais également comme « une zone tampon planétaire d’intérêt international ».

    Le Maroc, qui dispose de la plus grande superficie oasienne au monde, a lancé plusieurs programmes de développement territorial des oasis, qui intègrent l’enjeu des changements climatiques. Il s’agit :

    du développement d’une approche territoriale, visant à décliner les stratégies nationales au niveau des régions ;

    du programme de développement durable des oasis de Tafilalet ;

    du Programme de développement durable des oasis de Guelmim, de Tantan, d’Assa-Zag et de Tarfaya, impliquant 54 communes, pour la période 2010-2013.

    Le Maroc accorde également un grand intérêt à la conservation du littoral, qui est devenue un enjeu planétaire majeur sur le plan écologique, économique et social, en raison du processus d’urbanisation et de dégradation des rivages, lié à l’occupation et à l’utilisation abusive de l’espace littoral pour le développement des activités humaines. Le littoral constitue un espace où les enjeux du développement durable revêtent une importance singulière, compte tenu des risques qui menacent le milieu marin et les écosystèmes maritimes en général.

    Notre pays, avec ses 3500 km de côte, a mis au point un projet de Loi pour l’aménagement, la protection, la mise en valeur et la préservation du littoral et a fait appel à l’adhésion et à la mobilisation de toutes les composantes de la société, et à la constance des efforts de sensibilisation et d’éducation concernant ce domaine.

    De par sa position géographique particulière, le Maroc dispose de la deuxième richesse en matière de biodiversité dans le pourtour méditerranéen. Le souci de préserver cette richesse remonte à 1917 avec l’élaboration d’un texte législatif sur la conservation et l’exploitation des forêts. Plusieurs textes législatifs, ont été adoptés par la suite dans le domaine de la préservation de l’environnement et de la diversité biologique, conformément aux engagements internationaux du Maroc qui fut l’un des premiers pays ayant adhéré aux trois conventions de Rio, en 1992.

    C’est pourquoi, notre pays se félicite de la conclusion du Protocole sur l’accès aux ressources génétiques et au partage juste et équitable des avantages découlant de leur utilisation et de l’adoption du Plan Stratégique, au titre de la période (2011-2020), à l’issue des travaux de la 10ème Session de la Conférence des Parties à la Convention sur la diversité biologique, qui s’est tenue au Japon (Nagoya, 18 – 29 octobre 2010).

    Le Maroc souhaite que ce résultat influencera positivement les négociations à Cancun et contribuera au rétablissement de la confiance entre toutes les Parties à la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques, pour arriver à un Accord juridiquement contraignant, régissant dans le cadre de ladite Convention, les questions de l’adaptation, de l’atténuation, du transfert de technologies et de la mobilisation des ressources.

    Le Royaume du Maroc salue les récentes décisions onusiennes relatives à l’organisation de réunions de haut Niveau sur la réduction des désastres et la lutte contre la désertification, respectivement en février et en septembre 2011.

    La stratégie nationale en matière de réduction de catastrophes naturelles, qui intègre, à la fois, le contexte national et international, a pour objectif ultime, la réduction notoire du nombre de victimes et de l’ampleur des dégâts matériels, engendrés par les catastrophes naturelles.

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    Objectif 7 : Assurer un environnement durable

    La réalisation de cet objectif demeure prioritaire et déterminante pour la réalisation de la majorité des autres objectifs de développement du millénaire. La gestion rationnelle des ressources naturelles et des espaces est non seulement une obligation morale vis-à vis des générations futures mais est devenue également une nécessité économique puisque le marché de l’environnement a été dans plusieurs pays un moteur de croissance et d’amélioration du bien être des populations humaines.

    En effet, assurer un développement durable est un déterminant de la lutte contre la pauvreté et une condition de croissance économique et de progrès social. La conférence des Nations Unies sur le Développement Durable (Rio+20) a fait de l’économie verte dans le contexte du développement durable, de l‘élimination de la pauvreté et de la création d‘un cadre institutionnel en faveur du développement durable, le thème principal de sa réunion en juin 2012 au Brésil. La Conférence a reconnu que « l’élimination de la pauvreté, l’abandon des modes de consommation et de production non viables en faveur de modes durables, ainsi que la protection et la gestion des ressources naturelles sur lesquelles repose le développement économique et social sont à la fois les objectifs premiers et les préalables indispensables du développement durable ».

    Conscient depuis longtemps de ces enjeux, le Maroc, animé par une volonté politique au plus haut niveau de l’Etat et renforcé par l’engagement de la société civile et du secteur privé, est résolument décidé d’atteindre cet objectif.

    Ses efforts sur le plan juridique se sont traduits par l’adoption de deux catégories de textes : des lois qui renforcent la protection de l’environnement – loi sur l’eau, loi sur les études d’impacts, loi sur la lutte contre la pollution de l’air, loi sur la gestion des déchets, loi sur les aires protégées et loi sur les sacs et sachets en plastique dégradables et biodégradables – et des lois récentes s’inscrivant plutôt dans une perspective de développement durable à savoir – loi relative aux énergies renouvelables, lois relatives respectivement à la création de l’Agence nationale des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique et de l’Agence marocaine de l’énergie solaire.

    De même, la charte nationale de l’environnement et du développement durable, élaborée grâce aux Orientations Royales, et adoptée en 2011 constitue désormais un référentiel global et structurant pour les politiques publiques sectorielles et l’ensemble des projets conduits sur le territoire. Un projet de Loi-cadre, ayant pour objectif d’assurer une assise juridique aux principes, droits, devoirs et engagements énoncés dans cette Charte, vient d’être adopté par le Conseil des Ministres en mars 2013. 

    En s’engageant dans le développement durable, le Maroc s’associe aux efforts de la communauté internationale, mais assume aussi sa responsabilité envers sa population, en entreprenant un chantier de mise en harmonie de ses structures économiques, politiques et juridiques de manière à s’inscrire parfaitement dans l’esprit du développement durable imposé par la nouvelle constitution et où ce dernier est considéré comme un droit de chaque citoyen.

    Dans le domaine de l’environnement, une collaboration fructueuse a été développée avec les ONG, à travers notamment un appui soutenu pour l’affermissement de son rôle en tant que partenaire de développement, par le biais de programmes de renforcement des capacités des acteurs de la société civile, de financement de projets de développement durable, et de promotion des échanges d’expériences et d’initiatives par le biais entre autres, de la mise en réseau.

    1- Situation actuelle :

    Pour faire face à la pression sur les ressources naturelles, résultant de l’expansion démographique, du mode d’occupation de l’espace, de l’exploitation peu viable de ces ressources, exacerbée par les impacts non maîtrisés des changements climatiques, des efforts importants ont été déployés pour doter le pays d’outils adéquats de gestion et de protection de l’environnement, notamment en faveur de la biodiversité, des forêts, des sols et des oasis.

    Cible 7A : Intégrer les principes du développement durable dans les politiques et programmes nationaux et inverser la tendance actuelle à la déperdition des ressources environnementales

    La forêt

    La forêt marocaine, présente de nombreux atouts en rapport avec sa grande diversité biologique et son impact sur l’équilibre socio-économique du pays. Outre son importance économique directe, elle contribue à l’économie nationale par sa capacité de protection de la biodiversité, des ressources en eau et des sols contre l’érosion et la désertification. Elle joue également un rôle social en offrant des espaces récréatifs et éducatifs de plus en plus sollicités pour l’épanouissement de la population.

    En 2011, la superficie forestière est évaluée à 9,7 millions ha. Si l’on considère uniquement la superficie des formations forestières (non compris l’alfa) qui est de près de 6.4 Millions d’ha, le taux moyen de boisement du pays est de l’ordre de 9%, ce qui est en deçà du taux optimal (15 à 20%) nécessaire à l’équilibre écologique environnemental.

    Dans le cadre de la préservation de notre patrimoine en forêts, les actions ont porté sur :

    La délimitation et la sécurisation foncière de 98% des 9 millions d’hectares des forêts (soit 12,5% des superficies nationales) tout en garantissant le droit d’usage des populations riveraines ;

    L’inversion des tendances à la dégradation du couvert forestier par le reboisement, la régénération et l’amélioration sylvo-pastorale à travers l’augmentation du rythme des plantations qui sont passées de 20.000 ha/ an en 1992 à plus de 40.000 ha/an durant les dernières années, donnant la priorité aux espèces autochtones (thuya, chêne liège, cèdre, arganier). L’une des particularités de ce programme est son caractère incitatif qui consiste en une compensation des populations concernées par les mises en défens forestières qui a été instituée par décret à partir de 2002. En 2008, l’organisation des usagers a concerné 61 associations réparties sur 19 provinces pour un nombre d’adhérents de 5.600 pour une superficie mise en défens de 42.600 ha. En plus de l’impact sur la régénération et la reconstitution des forêts, ce programme permet d’organiser les populations riveraines et de créer des projets socio-économiques collectifs qui génèrent des revenus en milieu rural à travers les montants générés par la compensation pour la mise en défens, d’une valeur annuelle moyenne proche de 20 millions de dirhams permettant un revenu additif de près de 2.000 DH par an et par ménage ;

    La gestion des incendies de forêts à travers la mise en place d’un dispositif de prévention, de gestion des risques, d’alerte précoce et d’intervention coordonnée qui a permis la baisse de la superficie moyenne touchée par incendie de 14 ha (1960-1995) à 9 ha (1996-2006) puis à 4 ha actuellement ;

    L’identification de plus de 170 forêts urbaines et périurbaines qui participent au bien être de 14 millions d’habitants dans 50 villes du Royaume. La mise en place d’une stratégie dédiée à ces forêts servant à la fois l’environnement, le paysage et la population à travers, d’une part, l’organisation de l’accueil du public dans 40 sites boisés par des aménagements adaptés de plein air et l’éducation à l’environnement visant l’amélioration de la connaissance sur la fragilité de ces milieux forestiers.

    Cible 7B : Réduire la perte de la biodiversité et atteindre une diminution significative du taux de perte

    Biodiversité au Maroc : une richesse et des efforts soutenus pour sa préservation :

    Grâce à la diversité de ses bioclimats, à la variété des écosystèmes naturels, en particulier forestiers et aux cortèges floristiques et faunistiques qui leurs sont liés, la Maroc occupe une place privilégiée dans le bassin méditerranéen. En effet, la biodiversité nationale revêt une importance écologique particulière avec plus de 24.000 espèces animales et de 7000 espèces végétales et un taux d’endémisme global sans égal par rapport à tout le bassin méditerranéen : 11% pour la faune et 25% pour les plantes vasculaires. La diversité des écosystèmes est aussi remarquable avec une importante richesse en ressources génétiques, avec notamment des plantes médicinales et aromatiques réparties dans les milieux steppiques et les zones de montagnes de l’Atlats et du Rif.

    Cependant, d’importantes menaces, dérivant essentiellement des multiples activités humaines, pèsent sur la biodiversité au Maroc et ce, malgré l’énorme effort de conservation consenti par différents acteurs concernés. Les écosystèmes sont plus ou moins touchés par les activités directes ou indirectes liées au développement économique et à la croissance démographique que connaît le pays (agriculture intensive, surpâturage, surexploitation des ressources naturelles, industrie, pollution, urbanisation…). Dans des cas extrêmes, les répercussions de ces activités aboutissent à une raréfaction irrémédiable des espèces végétales et animales et à des dégradations parfois irréversibles de certains écosystèmes, et autour de la majorité des villes où des superficies considérables de bonnes terres agricoles sont urbanisées, les changements climatiques accentuent également ces tendances.

    Ainsi en terme d’espèces, sur les 7000 taxa environ qui composent la flore marocaine, près de 1700 sont considérés dans l’Etude Nationale sur la Biodiversité (2009) comme rares et/ou menacés ce qui représenterait une perte potentielle de plus de 24% de cette richesse floristique. Du point de vue faunistique, la situation n’est guère plus brillante. Beaucoup d’animaux ont également disparu ou sont devenus rares et plus de 600 espèces sont actuellement considérées comme menacées, soit 2,5% de la faune.

    Le milieu marin connaît également d’importantes dégradations dues principalement à la littoralisation, les diverses formes de pollutions (domestique, agricole, industrielle, accidentelle), ce qui ne va pas sans laisser de plus ou moins graves conséquences sur le milieu et ses espèces.

    Devant cette situation, le Royaume du Maroc, l’un des premiers signataires de la Convention sur la Diversité Biologique (CBD) dès 1992, a initié des mesures volontaristes visant à infléchir la tendance du phénomène de dégradation. En effet, et pour répondre aux dispositions de la CBD, qui prévoit la mise en protection de 10% des territoires, le Plan Directeur des Aires Protégées a identifié plus de 160 sites d’intérêt biologique et écologique, couvrant la totalité de ses écosystèmes, sur une superficie qui dépasse les 2,5 millions d’ha.

    Dans ce cadre, 10 parcs nationaux, totalisant une superficie de plus de 810.000 ha (Souss-Massa, Toubkal, Tazzeka, Ifrane, Talassemtane, Al Hoceima, Khenifis, Haut Atlas oriental, Iriqui et Khénifra) ont été décrétés et dotés, selon une échelle de priorité, de plans d’aménagement et de gestion, en cours de mise en œuvre. Afin de concrétiser cette stratégie, une nouvelle loi relative aux aires protégées a été promulguée en juillet 2010, intégrant les cinq catégories (parcs nationaux et naturels, réserves naturelles, réserves biologiques et sites naturels) adaptant les critères qui leur sont applicables au contexte socioéconomique du pays.

    D’autres actions ont été également entreprises pour la préservation des ressources, notamment l’élaboration de programmes de repeuplement et de réhabilitation d’espèces disparues, l’élaboration de plans d’aménagement et de gestion de certains espaces et d’espèces menacés, la mise en place de banques de gènes, la mise en place d’une stratégie nationale de sensibilisation et d’éducation à l’environnement et au développement durable, et le renforcement du cadre législatif par la promulgation et l’élaboration de nombreuses lois, notamment sur les aires protégées et sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvage menacées d’extinction. De même, trois espaces naturels font partie du réseau international des réserves de biosphères de l’UNESCO dont l’arganeraie, les oasis du sud marocain et le Rif occidental.

    Zones humides

    Le Maroc jouit d’une richesse importante de zones humides qui se subdivisent en lacs naturels, lagunes, embouchures, marais, marécages, etc. 120 lacs naturels importants sont inventoriés à l’échelle nationale, dont la majorité est située entre les deux chaînes montagneuses du Moyen Atlas et du Haut Atlas. Sur le littoral, on trouve des lagunes et des marais côtiers et d’embouchures.

    Quatre zones humides marocaines ont été classées en 1980, par la Convention de RAMSAR (un traité international sur la conservation et la gestion durable des zones humides, adopté en 1972 et prévoyant d’identifier les zones humides d’importance, de les inscrire sur cette liste et d’assurer leur conservation) comme sites d’importance internationale en tant qu’habitats pour les oiseaux : Khnifiss, Sidi Boughaba, Merja Zerga, et Aguelmam Afenourir. Une vingtaine d’autres sites ont été inscrits dernièrement sur la liste RAMSAR.

    Les zones humides continentales sont importantes à plus d’un titre ; elles favorisent, en effet :

    -l’alimentation des nappes d’eau souterraines ;

    -la régulation des crues et l’atténuation des impacts des changements climatiques ;

    -le maintien d’une grande biodiversité floristique et faunistique ; des milliers d’oiseaux migrateurs transitent par ces zones humides;

    -des activités économiques et de loisirs ; etc.

    Oasis :

    Les oasis du Maroc se situent dans les zones arides où les précipitations ne dépassent guère 200 mm/an. L’espace oasien compte 1,7 millions d’habitants, soit près de 5% de la population du pays, sur une superficie de 115 563 Km2.

    Ces oasis abritent une civilisation millénaire et un savoir-faire traditionnel pour la mobilisation de l’eau et pour la gestion des ressources naturelles. Un savoir-faire en matière d’agriculture a été développé dans ces milieux vulnérables dont l’équilibre devient de plus en plus fragile : adoption d’un système intensif à 3 étages de végétation associé à l’élevage, l’association agriculture – artisanat, la pratique d’une agriculture orientée vers des cultures et des variétés à forte valeur commerciale et la diversification des activités extra- agricoles.

    L’action anthropique sur les ressources naturelles déjà fragilisées par l’effet des périodes récurrentes de sécheresse, des attaques pathogènes des palmiers (Bayoud), peut être résumée comme suit :

    La prolifération aberrante et incontrôlée des pompages a causé une dégradation prononcée de certaines oasis.

    La décomposition des sociétés traditionnelles : les oasis sont inséparables des structures sociales qui les ont façonnées et gérées pendant des siècles avec beaucoup de rigueur et d’attention et d’un sens élevé de la valeur de l’eau. Or ces sociétés se sont décomposées et l’entretien des oasis est tombé en déshérence. Le développement anarchique du pompage témoigne aussi de cette décomposition de la société traditionnelle.

    Ces problèmes portent atteinte à l’intégrité des écosystèmes oasiens et entraînent à terme la diminution de leurs biens et services, et par la suite la dégradation du niveau de vie et la déstabilisation sociale et culturelle des communautés locales.

    Pour minimiser les dégradations de ces milieux, trois programmes suivants ont été lancés :

    • Le Programme des Oasis de Tafilalet en tant qu’expérience pilote en matière de développement territorial durable.

    • Le Programme Oasis Sud piloté par l’Agence du Développement du Sud et en partenariat avec le PNUD a permis de renforcer les capacités des communes locales en matière de planification et de développement durable des zones oasiennes.

    • Le Programme Africain d’adaptation au Changement Climatique –Oasis financé par la coopération japonaise et piloté par le PNUD, contribue à gérer et réduire les risques, posés par le réchauffement climatique dans les systèmes productifs oasiens du Maroc, à travers l’introduction d’approches innovantes d’adaptation et le renforcement des capacités locales selon une approche territoriale.

    Cible 7C : Réduire de moitié, d‘ici à 2015, le pourcentage de la population qui n’a pas d’accès de façon durable à un approvisionnement en eau potable ni à des services d’assainissement de base

    Accès à l’eau potable :

    L’alternance de séquences de forte hydraulicité et de séquences de sécheresse d’intensité et de durée variables est un trait dominant des régimes hydrologiques du Maroc. La grande disparité régionale des précipitations induit également une grande variabilité des écoulements de surface. En effet, 51% des ressources en eau de surface sont produites au niveau de quatre bassins hydrauliques (Loukkos, Tangérois, Côtiers méditerranéens et le Sebou) qui ne couvrent que 7,1% de la superficie du pays. Le potentiel des ressources en eau naturelles au Maroc est estimé en année moyenne, à prés de 22 milliards de m3 par an, soit l’équivalent de prés de 700 m3 par habitant par an, inférieure au seuil de 1000 m3/hab/an, communément admis comme seuil au dessous duquel des pénuries et des crises latentes de l’eau apparaissent. Cette pénurie irait en augmentant avec la croissance démographique et les risques liés aux changements climatiques.

    Pour accompagner le développement du pays et satisfaire les besoins exprimés par les secteurs usagers, le Maroc s’est engagé depuis l’indépendance sur la voie de la maîtrise de ses ressources en eau. Cette politique a permis de doter le pays d’importantes infrastructures hydrauliques assurant, malgré la limitation des ressources en eau, l’alimentation en eau potable des populations, de l’industrie et le développement de l’agriculture irriguée.

    En effet, concernant l’eau potable, depuis le lancement du Programme d’Approvisionnement Groupé en Eau Potable (PAGER)1, les efforts déployés ont permis de faire passer le taux d’accès à l’eau potable rurale de 14% en 1995, à 85% à la fin de 2007 pour atteindre 92% en 2012. La production nationale d’eau potable est passée de 80 millions de m3/an en 1972 à 950 millions de m3/an en 2006 pour atteindre 1.061 millions de m3/an en 2011. L’accès à l’eau potable est généralisé en milieu urbain. La population urbaine desservie est alimentée à prés de 94% par des branchements individuels et 6% par des bornes fontaines.

    La demande des populations rurales2 à être alimenté par des branchements individuels est de plus en plus croissante grâce à l’atteinte d’un taux d’accès à l’eau potable très satisfaisant. Tenant compte des revenus faibles des ménages en milieu rural et des équilibres financiers de l’ONEE, des formules sont trouvées, en partenariat avec la Banque Mondiale, les communes rurales et les ménages pour répondre à cette demande.

    Il est à souligner, cependant, que si le taux d’accès en eau potable rurale a atteint le taux de 92% en 2012, qui constitue une moyenne nationale, certaines régions, et provinces enregistrent encore un retard par rapport à cette moyenne, il s’agit des provinces de Safi, Youssoufia, Nador, Driouch, El Jadida, Sidi Bennour, Chefchaouen ,..etc.

    Par ailleurs, la pérennité de l’accès à l’eau potable en milieu rural, demeure, conditionnée par la sécurisation des installations réalisées, qui connaissent parfois des perturbations de fonctionnement. Devant l’importance des investissements à mobiliser pour remédier à cette situation, une étude est menée, en partenariat entre l’ONEE et les départements de l’Intérieur (DGCL), la Santé et l’Environnement pour élaborer un programme national de mise à niveau de ces installations en milieu rural.

    Accès à l’assainissement liquide et traitement des eaux usées urbaines :

    L’insuffisance en matière d’assainissement liquide et d’épuration des eaux usées est l’une des principales causes de la dégradation de la qualité des eaux de surface et souterraines. Jusqu’en 2005, le secteur de l’assainissement liquide au Maroc a accusé un retard considérable, cette situation a été caractérisée par :

    -Une faible priorité accordée aux enjeux de la gestion des eaux usées et aux besoins des opérateurs ;

    -Une couverture partielle des réseaux qui sont souvent vétustes et saturés ;

    -Un nombre limité de STEP (En 2005, un volume de 600 Millions de m3 d’eaux usées urbaines a été rejeté sans traitement préalable).

    -Le Programme National d’Assainissement liquide a été révisé en 2008 afin d’améliorer le rythme de son exécution, d’y intégrer l’épuration jusqu’au niveau tertiaire avec la réutilisation des eaux usées traitées et de récupérer les eaux usées rejetés en mer. Ses principaux objectifs visent à :

    -rabattre la pollution domestique de 50% en 2016, de 80% en 2020 et de 100% en 2030 ;

    -traiter jusqu’au niveau tertiaire les eaux usées et les réutiliser à 100% en 2030.

    Depuis la mise en œuvre du PNA, plusieurs projets ont été achevés ou en cours d’achèvement. La situation actuelle se caractérise comme suit :

    -Le taux d’accès à l’assainissement en milieu urbain été estimé à 89,83 % en 2012.
    -Augmentation du taux d’épuration des eaux usées à 172 Mm3 par an (62% traitées au niveau tertiaire) soit 23% du volume global (estimé à 750 Mm3) contre seulement 8% en 2005 (dont 14% du volume global traité au niveau tertiaire).
    -Réalisation de 57 STEP (contre 21 en 2005) dont 25 avec le traitement tertiaire.
    -32 STEP en cours de réalisation dont 4 avec le traitement tertiaire.

    La gestion des déchets solides :

    L’accroissement de la population urbaine avec les changements des modes de production et de consommation et l’amélioration du niveau de vie, conjuguée à la prolifération des quartiers périphériques, ont entrainé ces dernières années une augmentation conséquente des déchets solides urbains et ont rendu très compliqués la collecte, l’évacuation et l’élimination des déchets ménagers et assimilés, dont la production en milieu urbain est estimée à 5 millions t/an soit un ratio de 0,76kg/habitant/j. Ces déchets sont très souvent éliminés dans des décharges sauvages ou encore dans des points noirs et dans les cours d’eau sans aucun traitement. Cette situation engendre de graves conséquences aussi bien sur la santé publique que sur l’environnement. Sur le plan économique, l’intégration du Maroc au marché mondial de libre échange, impose le respect des exigences des normes environnementales, de la traçabilité des produits, et de la qualité des services.

    La loi 28-00 sur la gestion des déchets a été promulguée depuis 2006. Elle vise à prévenir et à protéger la santé de l’homme, la faune, la flore, les eaux, l’air, le sol, les écosystèmes, les sites et paysages et l’environnement en général contre les effets nocifs des déchets. Elle les définit, les classifie et institue des obligations concernant leur gestion et leur élimination. La loi précise qu’ils doivent pouvoir être réduits en quantité et nocivité pendant leur cycle de vie.

    Pour faire face à cette problématique, un Programme National des Déchets Ménagers a été lancé en 2007 dans l’objectif d’atteindre à l’horizon 2020 un taux de collecte de 90% et de 100% en 2030.Ce programme ambitionne également de généraliser les décharges contrôlées à l’ensemble des agglomérations à l’horizon 2020. Avec l’organisation et la promotion de la filière de « Tri-recyclage –valorisation », il est ainsi prévu d’atteindre le taux de 20% de récupération des déchets générés. Le coût global de ce programme s’élève à 40 milliards de DH.

    Dans le cadre de ce programme, le Maroc a atteint un certain nombre d’objectif notamment l’augmentation du taux de collecte professionnalisée à 76% contre 44% avant 2008 et l’augmentation du taux de mise en décharge contrôlée pour atteindre 32 % des déchets ménagers produits, contre 10 % avant 2008. Ce taux sera de 66% après l’achèvement des décharges contrôlées en cours de réalisation.

    Le nombre actuel de décharges contrôlées est de 14 : Fès, Oujda, El Jadida, Essaouira, Rabat, Berkane, Figuig, Guelmim, Al Hoceima, Agadir, Nador, Dakhla, Mohammedia et Laâyoune. Par ailleurs 5 décharges contrôlées sont en cours de construction à Béni-Mellal, Ifrane, Khouribga, Safi, et Casablanca; 21 décharges non contrôlées ont été réhabilitées alors que 64 sont en cours de réhabilitation.

    Cible 7D : Eliminer, d’ici 2020, en milieu urbain toutes les formes d’habitats qui ne répondent pas aux critères de sécurité

    Habitat salubre:

    Lancé officiellement en 2004, le Programme Villes Sans Bidonvilles visait l’éradication de l’ensemble des bidonvilles, soit 362 327 ménages (chiffre actualisé au fur et à mesure de la réalisation du programme) dans 85 villes et centres urbains, avec un investissement d’environ 25 milliards de DH, dont une subvention de l’Etat de 10 milliards de DH. La réalisation de ce programme se base sur La ville comme unité de programmation ; Un cadre conventionnel fixant les responsabilités partagées entre l’Etat et les collectivités locales et les délais de réalisation des programmes et l’intensification de l’offre de l’habitat de prévention. Trois modes de résorption sont privilégiés dans le cadre de ce programme. Il s’agit de la restructuration, du relogement et du recasement.

    Depuis son lancement en 2004, le programme Villes Sans Bidonvilles aurait permis de :

    -Réduire le poids démographique des ménages résidant dans les bidonvilles dans les villes marocaines de 9,2% en 1994 à 5,94% en 2012 ;
    -Sur 362.327 ménages concernés par le programme, 200.666 ménages ont bénéficié de projets de résorption ;
    -Déclarer 45 villes sans bidonvilles parmi les 85 villes concernées.

    Cible 7E : Limiter les émissions des gaz nocifs à la santé et à l’environnement
    Lutter contre la pollution de l’air:

    La dégradation de la qualité de l’air dans les grandes agglomérations urbaines devient un problème préoccupant qui pèse sur la santé publique. En effet, l’air est de plus en plus pollué, surtout au niveau des grandes agglomérations qui regroupent à la fois des sources mobiles en l’occurrence le transport urbain et des sources fixes de pollution, notamment les installations industrielles, énergétiques et artisanales. Le parc automobile marocain est responsable de 50 à 60% de la pollution.

    Face à cette situation, l’amélioration de la connaissance de l’état de la qualité de l’air à travers le renforcement du réseau national de surveillance et la réalisation des cadastres des émissions atmosphériques au niveau des grandes villes constitue un axe fondamental de la stratégie environnementale.

    Ainsi, en plus des 29 stations de surveillance de la qualité de l’air existantes, il est prévu de renforcer le réseau de surveillance et ce en l’étendant à toutes les grandes villes, ce qui permettra avec les études des cadastres des émissions atmosphériques de mieux évaluer et assurer le suivi des efforts de lutte contre la pollution de l’air.

    Les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté, passant de 48 072 giga-grammes équivalent-CO2 en 1994, à environ 63 440 en 2000, pour atteindre 75 047 en 2004, ce qui représente une augmentation de plus de 56%.
    L’énergie représente plus de la moitié des émissions (56% en 1994 et 53% en 2004). L’agriculture est responsable d’environ un tiers des émissions, avec une part en légère augmentation entre 1994 et 2004.

    Les changements climatiques :

    De par ses caractéristiques atmosphériques, océaniques et géographiques, le Maroc subit de plein fouet les effets des changements climatiques, comme en témoignent les sécheresses sévères et fréquentes qu’a connues le pays ces dernières années. La baisse des apports en eau a atteint 20% sur la période 1940-2005 et la température moyenne a augmenté de plus de 1°C entre 1960 et 2000. Par ailleurs, le Maroc a connu plusieurs inondations sous forme de crues éclaires ou massives qui ont provoqué des pertes en vie humaines et des dégâts économiques importants. Cette dernière décennie, le phénomène des crues s’est accentué (Ourika en 1995, Tétouan en 2000, Merzouga en 2006, Tanger, Nador, Al Hoceima, Fnideq en 2008, Errachidia et Rabat en 2009, les régions du Gharb et Souss en 2010, Casablanca en 2011).

    La croissance des besoins agricoles, urbains, touristiques et industriels, conjuguée aux impacts des changements climatiques, se traduirait par un déficit en eau estimé à prés de 5 milliards de m3 à l’horizon 2030.

    Pour remédier aux situations de déficits de certains bassins hydrauliques, il est envisagé le transfert d’eau entre bassins du nord au Sud pour le soutien du développement socio-économique des bassins de Bouregreg, Oum Rbia et du Tensift : 800 millions de m3 pourraient être transféré en moyenne. Il est également prévu le développement d’usines de dessalement de l’eau de mer utilisant l’énergie solaire ou éolienne et permettant de mobiliser 400 millions de m3 par an. Dans le même cadre, il est prévu la réutilisation des eaux usées épurées qui présentent un potentiel de 300 millions de m3 par an à l’horizon 2030.

    En matière de prévention des risques, la stratégie nationale de l’eau prévoit le renforcement du plan national de protection contre les inondations(en cours d’actualisation), dans l’objectif d’étendre la protection à de 20 sites nouveaux par an, par des mesures structurelles (digues, barrages ou seuils) ou par des mesures non structurelles (systèmes de télémesure pour l’alerte aux crues, limitation des zones inondables et développement des plans d’alerte et de secours).

    Concernant l’atténuation des changements climatiques, le Maroc a adopté des modes de production non polluants conjugués à une stratégie énergétique nationale qui privilégie le développement des énergies renouvelables et l’efficacité énergétique permettent une économie en énergie fossile de 2,6 Mtep/an. Le potentiel d’atténuation des émissions des GES au Maroc a été estimé à 57 millions de T CO2 à l’horizon 2030 pour un coût estimé à 30 milliards de dollars. Après l’expérience acquise en matière de Mécanisme de Développement Propre(MDP) et le développement d’Actions d’Atténuation Appropriés au Niveau National (NAMAs) adossées à des stratégies et des programmes nationaux, le Maroc prépare le lancement de la phase préparatoire du mécanisme de marché carbone ( Partnership for Market Readiness :PMR).

    2- Contraintes :

    -Pressions exercées sur les ressources naturelles et Impacts sur l’environnement et sur l’économie (rejets domestiques et industriels, surexploitations des ressources, …).

    -Effets des changements climatiques qui demeurent imprévisibles.

    -Absence de cadre réglementaire relatif à la réutilisation des eaux usées épurées dans l’irrigation ou l’élimination des boues des STEP issues des opérations de traitement des eaux usées.

    -Lenteur de la promulgation et de l’application des textes relatifs à l’environnement;
    Importance des investissements pour remédier à certaines dégradations.

    -la grande pression exercée sur les ressources naturelles.

    -Insuffisance en termes de sensibilisation et d’implication des citoyens.

    -Besoin de financement pour augmenter la cadence des réalisations des projets (assainissement, atténuation du changement climatique, etc.), pérenniser l’accès à l’eau potable et généraliser le branchement individuel.

    -Besoins de transfert de technologie dans le cadre de la coopération Nord-Sud.

    -Besoins en renforcement des capacités des acteurs nationaux.

    -Coût du foncier pour l’acquisition des terrains par les communes pour la réalisation des ouvrages d’assainissement.

    3- Stratégie :

    Au Maroc, le processus de planification du développement durable a été construit autour de la mise à niveau environnementale (MANE), l’élaboration d’une stratégie nationale de l’environnement (SNE), et la définition et la mise en œuvre une stratégie nationale de développement durable (SNDD).

    Au niveau mondial, la mise en œuvre d’une croissance verte est un enjeu de développement durable adopté notamment comme l’un des thèmes de la conférence de Rio +20 en juin 2012. Elle se caractérise par l’adoption de nouveaux modes d’organisation, de nouveaux modes de vie, notamment de production et de consommation qui tendent à préserver les ressources naturelles et à faire converger les trois piliers du développement durable (économique, social et environnemental).

    Plusieurs stratégies sectorielles ont été ainsi initiées dans ce cadre, notamment une ambitieuse stratégie énergétique visant la promotion de l’efficacité énergétique et le développement à grande échelle des énergies renouvelables. Cette stratégie envisage de réduire la consommation d’énergie de 12% à l’horizon 2020 et de 15% en 2030 et de relever la capacité installée des énergies renouvelables à 42% (14% solaire, 14% éolienne et 14 % hydraulique) de la capacité électrique totale à l’horizon 2020.


    La stratégie de l’eau vise quant à elle, la rationalisation des utilisations de l’eau dans tous les secteurs et tout particulièrement dans l’agriculture. Dans ce dernier secteur, le plan Maroc Vert projette l’amélioration des rendements par la modernisation, l’agrégation ainsi qu’une approche régionalisée de développement des filières. Le secteur du tourisme a également opté pour une stratégie plaçant la durabilité au cœur de ses préoccupations. Le Plan Halieutis vise l’exploitation durable des ressources et la promotion d’une pêche responsable.

    Tableau : Evolution des indicateurs de l’OMD 7

    CiblesIndicateurs199520002006200920122015
    Cible21 : Intégrer les principes du développement durable dans les politiques nationales et veiller à la préservation de la biodiversité en inversant la tendance à la déperdition des ressources environnementalesProportion de zones forestières
    12 ,712,712,712,712.7
    Superficies annuelles moyennes régénérées (reboisées et régénérées) (ha)
    20 000

    20 000

    29.651

    39.160
    2011 42.469
    Superficies des aires protégées pour préserver la biodiversité (ha) : parcs nationaux1994
     193.380
    2001
    545000 


    606 000
    2008
    808700


    Cible 22 : Limiter les émissions des gaz nocifs à la santé et à l’environnementÉmissions de dioxyde de carbone en millions de tonnes E-CO2 par habitant1994
    54,6
    2000
    63,4
    2004
    75
    2010

    85.59


    Émissions des substances appauvrissant la couche d’ozone (tonnes)1996
    814


    564
    2001
    435





    PIB par unité d’énergie consommée ($US PPA par kg équivalent pétrole)1990
    10,2
    2001
    9,9


    5,1
    2008
    6,0


    Cible 23 : Réduire de moitié, entre 1990 et 2015, les pourcentages de la population qui n’a pas accès de façon durable à un approvisionnement en eau de boisson salubre et à un meilleur système d’assainissementProportion de la population branchée au réseau ou ayant accès à une source d’eau salubre : Urbain Rural1994

    81 14



    88 43
    2007

    100 85



    100 89









    100

    92







    100 100
    Proportion des ménages urbains ayant accès à un réseau d’évacuation des eaux usées
    1994 74,2  

    85,6




    88,4





    89,8













    100
    Cible 24 : Éliminer, d’ici 2020, en milieu urbain toutes les formes d’habitats qui ne répondent pas aux critères de sécuritéProportion de la population urbaine habitant les bidonvilles et l’habitat sommaire1994
    9,2
    2001

    2004

    2012
    5,9


    Ménage urbains propriétaires de leur logement (en%)1994 48,5

    64,5

    66,4


    *en $ US

    Sources : Département de l’Environnement, Département d’ Eau, Département de l’Energie et Mines, Ministère de l’Intérieur (DGCL), Haut Commissariat au Plan, Haut Commissariat aux Eaux et Forêts et Lutte contre la Désertification, Ministère de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Politique de la Ville et Office National de l’eau et de l’Electricité(ONEE.

    #Maroc #Développement_durable #OMD #Economie #Environnement #Justice_sociale

  • Maroc-UE: transport, énergie, environnement

    Maroc, UE, transport, énergie, environnement, eau, tourisme, Maghreb, Union Européenne,

    Projet d’ordre du jour
    Séance d’ouverture (transport, énergie, environnement, eau et tourisme)-15 minutes max.
    Réunions thématiques

    1. Politique des Transports

    1.1 Développements récents en matière de politique communautaire des transports. (UE)

    1.2 Information du Maroc sur les derniers développements de la politique nationale des transports. (MA)

    2. Aviation

    2.1 Point d’information sur le 5ème comité mixte Aviation UE/Maroc (Marrakech, 11 mars 2011). (MA)
    2.2 Derniers développements sur la législation communautaire dans le secteur de l’aviation. (UE)
    2.3 Etat des lieux de l’adoption du nouveau code de l’aviation civile et du processus de ratification de l’accord aérien global entre l’UE et le Maroc. (MA)
    2.4 Projet de jumelage relatif à l’appui au renforcement des capacités institutionnelles, organisationnelles et techniques de la Direction Générale de l’Aviation Civile. (MA)
    2.5 Participation du Maroc dans le groupe de travail « ciel unique » en tant qu’observateur non permanent. (MA/UE)

    2.6 Participation du Maroc au projet Euro-Med Aviation. (MA/UE)
    2.7 Programme satellitaire GALILEO. (MA/UE)
    2.8 Participation du Maroc aux Projets SESAR (initiative AIRE, SIRAJ, AIM, GNSS II). (MA/UE)
    2.9 Poursuite du partenariat avec EUROCONTROL dans le cadre de la stratégie du ciel unique par la mise en œuvre des normes européennes (ESSARs) dédiées à la sécurité de la navigation aérienne. (MA)
    2.10 Coopération avec l’Agence Européenne de Sécurité Aérienne (AESA). (MA)
    2.11 Coopération avec les centres européens de formation par la mise en place de cursus conjoints de formation dans les domaines de l’aviation civile, de l’aéronautique et de l’espace. (MA)

    3. Maritime

    3.1 Derniers développements sur la législation communautaire dans le secteur maritime. (UE)
    3.2 Participation du Maroc à la politique maritime intégrée de l’UE. (MA)
    3.3 Libéralisation du transport maritime. (UE)
    3.4 Participation du Maroc au programme Marco Polo (état des lieux après signature de l’accord portant sur la participation du Maroc aux programmes communautaires). (UE/ MA)
    3.5 Etat des lieux des actions mises en place dans la phase après jumelage. (MA)

    3.6 Information de l’UE sur les nouvelles techniques de construction des infrastructures portuaires notamment en matière d’adaptation aux changements climatiques et aux catastrophes naturelles. (UE)
    3.7 Questions spécifiques au domaine portuaire : Financement des grands projets portuaires programmés. (MA)
    3.8 Participation du Maroc en qualité de membre observateur aux travaux et programmes de l’Organisation Européenne des Ports Maritimes. (MA)

    4. Transport ferroviaire

    4.1 Derniers développements sur la législation communautaire dans le secteur ferroviaire. (UE)
    4.2 Interopérabilité des réseaux marocains et européens notamment en matière d’équipement de contrôle de vitesse ERTMS. (UE/MA)
    4.3 Projet de train à grande vitesse )TGV( entre Tanger et Casablanca. (MA)
    4.4 Etat des lieux du projet de ligne TGV trans-Maghrébine. (MA)

    5. Transport routier et sécurité routière

    5.1 Derniers développements sur la législation communautaire dans le secteur routier. (UE)
    5.2 Bilan de la mise en œuvre du nouveau Code de la route. (MA)
    5.3 Information sur les Orientations politiques en matière de sécurité routière 2011-2020. (UE)
    5.4 Information de l’UE sur le règlement européen n°561/2006 relatif à l’harmonisation de certaines dispositions de la législation sociale dans le domaine des transports routiers, et son implication sur les véhicules marocains. (UE)

    5.5 Etat d’avancement du projet de jumelage institutionnel dans le domaine de la sécurité routière. (MA)
    5.6 Information du Maroc sur la mise en œuvre des actions de prévention et de sécurité routières (communication de proximité, éducation routière en milieu scolaire,…). (MA)
    5.7 Information du Maroc sur  les études et recherches dans le domaine de la sécurité routière. (MA)

    6. Coopération sous-régionale Maghreb

    Information sur l’état de la coopération sous-régionale Maghreb dans le domaine des transports. (MA)

    7. Coopération régionale. (UE)

    7.1 Suivi des travaux des groupes de travail EuroMed (« infrastructures et questions réglementaires,  » autoroutes de la mer ») et Calendrier des prochaines rencontres (Forum EuroMed, groupes de travail , …)
    7.2 Information sur la tenue de la 2ème conférence ministérielle Euro-méditérranéenne sur les transports.
    7.3 Etat de la coopération dans le cadre de l’Union pour la Méditerranée.
    7.4 Développement de la coopération dans le système Global de Navigation par Satellite (GNSS).

    8. Divers

    Projet de « plan d’actions » proposé par le Maroc pour le renforcement de la coopération avec l’UE dans le domaine des Transports (MA)

    Séance de clôture (transport, énergie, environnement, eau et tourisme)

    Relevé des conclusions opérationnelles sur les sujets thématiques (transport, énergie, environnement, eau et tourisme).

    Source : document confidentiel de la diplomatie marocaine

    #Maroc #Union_européenne #UE #Transport #Energie #Environnement

  • Environnement. Urgence

    Environnement. Urgence

    Algérie, Afrique, Stockholm+50, climat, environnement,

    La capitale suédoise vit à l’heure de l’environnement. Ancrée dans la Décennie d’action, sous le thème «Stockholm+50 : une planète saine pour la prospérité de toutes et tous – notre responsabilité, notre chance», cette conférence de haut niveau fait suite à des mois de consultations et de discussions avec des particuliers, des communautés, des organisations et des gouvernements du monde entier.

    Une conférence qui remet au goût du jour une question au cœur du devenir de l’humanité. Et pour cause.
    La terre est confrontée à de multiples crises : réchauffement climatique, pollution et déchets, dégradation préoccupante de la biodiversité, ainsi que d’autres calamités qui mettent en danger la faune, la flore et l’espèce humaine.

    L’extinction progressive de nombreuses espèces animales et végétales, l’explosion démographique, les terres dévastées, l’air pollué, la prolifération du plastique, les pesticides et les produits chimiques, la déforestation poussent les défenseurs de l’environnement et les scientifiques, non seulement à lancer des SOS à la limite du désespoir, mais également à mettre en garde tous les décideurs, à coups d’injonctions et d’ultimatums, pour agir énergiquement, car le temps est compté.

    Biologistes, physiciens, astronomes, chimistes, agronomes, spécialistes du climat et des océans, de zoologie ou d’halieutique, tous sont unanimes à tirer la sonnette d’alarme sur la destruction du monde naturel et le danger de voir l’humanité pousser les écosystèmes au-delà de leurs capacités à entretenir le tissu de la vie. Ils enjoignent les «Grands» de ce monde et les responsables politiques, de tout mettre en œuvre pour éviter que ne s’aggrave l’épuisement des ressources de la nature. L’Algérie ne peut rester à l’écart face à un problème qui risque de tourner au désastre si l’on ne mobilise pas tous les moyens susceptibles de conjurer le spectre d’un fiasco mondial.

    À l’instar de nombreux pays, l’Algérie connaît aussi des problèmes d’environnement liés à des pollutions engendrées par le rejet d’eaux industrielles non traitées, les émissions de gaz nocifs, la production de déchets nuisibles, la désertification…

    Elle est partie prenante de tous les traités sur lesquels reposent la grande majorité des conventions multilatérales, compte tenu de leur acuité et de leur pertinence. Tout manquement affectera l’équilibre sur lequel reposent ces conventions, ainsi que les engagements internationaux visant la dimension environnementale du développement durable.

    L’Algérie reste attachée à la mise en œuvre de la Convention-cadre de l’Accord de Paris sur le climat, qu’elle a ratifiée en octobre 2016, et aux principes sur lesquels se base ce document.

    Le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, a appelé, lors de cette conférence, la communauté internationale à soutenir la proposition du Président Abdelmadjid Tebboune pour la création d’une capacité civile continentale de préparation et de réponse aux catastrophes naturelles en Afrique, entérinée par les chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine, lors du sommet extraordinaire de Malabo, en mai dernier. Il a réaffirmé l’engagement à œuvrer avec ses partenaires pour la réalisation des Objectifs de développement durable suivant l’approche appropriée.

    El Moudjahid, 03 juin 2022

    #Algérie #Environnement #Afrique #Climat #Stockholm50

  • Point de presse quotidien de l’ONU du 6 nov 2021

    Point de presse quotidien de l’ONU du 6 nov 2021 – Transcription quasi textuelle de l’exposé de midi d’aujourd’hui par Farhan Haq, porte-parole adjoint du Secrétaire général.

    Bonjour à tous et bon vendredi.

    ** Invité aujourd’hui

    Aujourd’hui, après avoir terminé, nous serons rejoints par Nicholas Koumjian, chef du mécanisme d’enquête indépendant pour le Myanmar. Il vous tiendra au courant des travaux du mécanisme. Ensuite, nous entendrons également Monica Villela Grayley, la porte-parole du président de l’Assemblée générale.

    ** COP26

    Aujourd’hui, c’est la Journée de la jeunesse à la vingt-sixième Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP206) à Glasgow. Le Groupe consultatif sur la jeunesse du Secrétaire général a organisé un événement réunissant de jeunes militants pour le climat, en mettant l’accent sur le travail pour l’inclusion des jeunes dans les processus décisionnels formels. L’événement a également entendu des jeunes leaders autochtones sur l’importance des connaissances traditionnelles en tant que composante vitale de l’action climatique. Le Conseiller spécial du Secrétaire général pour l’action climatique, Selwin Hart, s’est adressé à la réunion et a exhorté les jeunes à continuer de faire entendre leur voix et à maintenir l’espoir que la crise climatique pourra être surmontée. Il a remercié le Groupe consultatif de la jeunesse pour ses services, ainsi que pour ses précieux avis et conseils au Secrétaire général.

    Nos collègues là-bas nous disent que les manifestations des jeunes devant le lieu de la COP26 ont été entendues à l’intérieur de la COP26 alors que la Conférence marquait la Journée de la jeunesse et de l’autonomisation. Les jeunes leaders ont présenté une déclaration de la position mondiale des jeunes, représentant les points de vue de plus de 40 000 jeunes leaders du climat du monde entier aux dirigeants de la COP26. La Secrétaire exécutive de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), Patricia Espinosa, a déclaré qu’elle soumettrait aux parties les demandes, qui, selon elle, étaient raisonnables et justifiées. Les négociations se sont poursuivies sur les textes pour finaliser le règlement de l’Accord de Paris. Le président de la COP26, Alok Sharma, a demandé aux négociateurs de régler autant de points que possible d’ici la semaine prochaine, avant le segment ministériel de haut niveau. Cela comprend les négociations sur l’article six, qui couvre le commerce,

    ** Soudan

    Depuis le Soudan, la Mission intégrée des Nations Unies pour l’assistance à la transition au Soudan (UNITAMS) a fermement condamné la détention — après une rencontre avec le Représentant spécial du Secrétaire général, Volker Perthes — de membres du Conseil central des Forces de la liberté et du changement. Il a été signalé que trois membres du Conseil ont été arrêtés près du siège de la Mission à Khartoum hier après-midi. La Mission a déclaré que ces arrestations sapent le rôle de bons offices de l’ONU. La Mission appelle les dirigeants militaires à cesser d’arrêter des politiciens et des militants et à cesser de commettre d’autres violations des droits humains. La Mission demande à nouveau instamment la libération immédiate des personnes détenues à compter du 25 octobre, notant que ces arrestations annulent l’impact de la libération de quatre des ministres détenus hier.

    ** Conseil de sécurité

    Ce matin, le Conseil de sécurité et l’ Assemblée générale ont voté pour élire un nouveau membre de la Cour internationale de Justice. Hilary Charlesworth d’Australie a obtenu la majorité absolue des voix au Conseil et à l’Assemblée. Puis, dans l’après-midi, à 15 heures, le Conseil tiendra un débat public, suivi de consultations, sur l’Éthiopie. Martha Pobee, Sous-Secrétaire générale pour l’Afrique aux Départements des affaires politiques et de consolidation de la paix et des Opérations de paix, informera les membres du Conseil.

    ** Éthiopie

    Et également sur l’Éthiopie, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, Martin Griffiths, a commencé sa mission en Éthiopie aujourd’hui. Il a rencontré le Premier ministre Abiy Ahmed et le vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Demeke Mekonnen. M. Griffiths a eu des discussions constructives sur la situation humanitaire dans le pays et les défis auxquels les organisations humanitaires sont confrontées pour fournir de l’aide à tous les Éthiopiens dans le besoin. Demain, il doit rencontrer des représentants d’organisations non gouvernementales (ONG), d’agences des Nations Unies et de la communauté diplomatique pour discuter des efforts déployés pour fournir une aide d’urgence aux millions de personnes dans le besoin. Les conflits, la sécheresse, les inondations, les épidémies et les infestations de criquets pèlerins continuent d’alimenter les besoins humanitaires en Éthiopie. Quelque 20 millions de personnes sont ciblées par l’aide humanitaire,

    Le déficit de financement de la réponse humanitaire en Éthiopie pour 2021 s’élève à plus de 1,3 milliard de dollars. On estime que 606 millions de dollars ont été mobilisés pour la réponse au Plan de réponse de l’Éthiopie du Nord, et 474 millions de dollars pour la réponse au projet de Plan de réponse humanitaire, qui couvre les zones en dehors du Tigré. Cependant, cela est loin d’être suffisant pour couvrir les besoins humanitaires croissants. Toujours d’Éthiopie, le Programme alimentaire mondial (PAM), le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et l’agence nationale éthiopienne pour les réfugiés et les rapatriés ont lancé aujourd’hui un appel conjoint de 68 millions de dollars pour éviter de réduire les rations alimentaires de plus de 700 000 réfugiés. . Les agences ont mis en garde contre une augmentation de la malnutrition et de l’anémie et un retard de croissance des enfants, entre autres risques.

    ** Afghanistan

    Déménagement en Afghanistan. Nos collègues humanitaires avertissent que près de 23 millions de personnes – soit 55 % de la population afghane – seraient en crise ou en situation d’insécurité alimentaire d’urgence entre novembre 2021 et mars 2022. Nos collègues nous disent que les rapports d’affrontements isolés et de violences touchant des civils et faisant des victimes se sont poursuivies dans tout le pays cette semaine. À Jalalabad, dans la province de Nangarhar, des coups de feu dirigés contre les autorités de facto ont causé la mort de deux enfants le 1er novembre ; et l’explosion d’un engin explosif improvisé radiocommandé en bordure de route qui aurait visé les autorités de facto aurait tué deux civils le 3 novembre. Hier, des affrontements armés ont été signalés dans la province de Bamyan, faisant cinq blessés, dont un civil. Pour sa part, le 3 novembre, l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a lancé la campagne de distribution de semences de blé et d’engrais de la saison d’automne dans l’est du pays. Des sessions de formation technique sur les meilleures pratiques agricoles sont prévues et la FAO prévoit d’atteindre près de 140 000 personnes dans les provinces de Nangarhar, Kunar, Laghman et Nuristan. L’appel éclair pour l’Afghanistan, qui cible 11 millions de personnes avec de l’aide jusqu’à la fin de l’année, demande 606 millions de dollars et est actuellement financé à 54%.

    ** Nomination de cadres supérieurs

    J’aimerais lire dans le compte rendu une annonce qui a été faite hier soir au sujet du nouveau représentant spécial et chef de la Force de maintien de la paix des Nations Unies à Chypre (UNFICYP). Le secrétaire général a nommé Colin Stewart du Canada à ce poste. Il exercera également le rôle d’adjoint au Conseiller spécial du Secrétaire général pour Chypre. M. Stewart succède à Elizabeth Spehar du Canada, à qui le Secrétaire général est reconnaissant pour son solide leadership et son dévouement tout au long de son mandat. M. Stewart, qui a récemment occupé le poste de Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO) — de 2017 à 2021 — apporte plus de 28 ans d’expérience dans les domaines de la paix, de la sécurité et de la coopération internationale. affaires. Plus sur notre site Web.

    ** République Centrafricaine

    Comme vous l’aurez vu, hier, le Secrétaire général a fermement condamné l’attaque de lundi par la Garde présidentielle de la République centrafricaine, qui a fait 10 blessés parmi les Casques bleus égyptiens non armés et nouvellement déployés. Il a appelé les autorités centrafricaines à ne ménager aucun effort pour enquêter et tenir rapidement pour responsables les auteurs de cette attaque inacceptable.

    ** Officier de police féminin de l’année des Nations Unies

    Cette année, la femme policière des Nations Unies de l’année a été décernée au surintendant Sangya Malla du Népal. Elle est actuellement au service de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO). Le surintendant Malla est le chef de l’Unité de la police de la santé et de l’environnement de la MONUSCO, qu’elle a contribué à établir. L’unité est responsable de la mise en œuvre des politiques et procédures concernant la santé et le bien-être du personnel, ainsi que des initiatives environnementales de la police des Nations Unies. Son travail a été particulièrement important dans le cadre de la réponse du pays à la pandémie de COVID-19, lors d’épidémies d’Ebola passées, ainsi que lors de crises naturelles et humanitaires telles que l’éruption volcanique de Goma en mai dernier. La surintendante Malla recevra officiellement son prix lors d’une cérémonie virtuelle le 9 novembre.

    ** Journée internationale pour la prévention de l’exploitation de l’environnement en temps de guerre et de conflit armé

    Demain, c’est la Journée internationale pour la prévention de l’exploitation de l’environnement en temps de guerre et de conflit armé. Le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) note que l’environnement est souvent resté la victime non médiatisée de la guerre, avec des puits d’eau pollués, des cultures incendiées, des forêts abattues, des sols empoisonnés et des animaux tués pour obtenir un avantage militaire. Le PNUE ajoute qu’au cours des 60 dernières années, au moins 40 % de tous les conflits internes ont été liés à l’exploitation des ressources naturelles, et que les conflits impliquant des ressources naturelles sont également deux fois plus susceptibles de récidiver.

    ** Journée mondiale de sensibilisation aux tsunamis

    Et aujourd’hui, c’est la journée mondiale de sensibilisation aux tsunamis. Dans un message pour la Journée, le Secrétaire général appelle les pays, les organismes internationaux et la société civile à mieux comprendre la menace et à partager des approches innovantes pour réduire les risques. Le Secrétaire général note que l’élévation du niveau de la mer causée par l’urgence climatique exacerbera encore le pouvoir destructeur des tsunamis. Il souligne que nous devons limiter le réchauffement à 1,5°C par rapport aux moyennes préindustrielles et investir à grande échelle dans la résilience des communautés côtières. Le Secrétaire général souligne que la science et la coopération internationale, ainsi que la préparation et l’action rapide, doivent être au cœur de nos efforts pour sauver des vies contre les tsunamis et autres dangers. Et c’est tout ce que j’ai pour toi. Oui, Benno ?

    ** Questions et réponses

    Question : Merci. Deux questions sur l’Éthiopie. Premièrement, le Conseil de sécurité n’a pas pu s’entendre jusqu’à présent sur une déclaration mutuelle. Le silence venait d’être rompu, ai-je entendu. Le Secrétaire général a-t-il un message pour le Conseil de sécurité ?

    Porte-parole adjoint : Eh bien, ce que le Secrétaire général veut voir — et cela a été son cas à tous les niveaux avec le Conseil de sécurité — c’est une réponse unifiée. S’ils peuvent se réunir, c’est crucial pour régler la situation. Le Secrétaire général a clairement exprimé — et comme vous l’avez vu dans sa récente déclaration — ses inquiétudes quant à la situation actuelle sur le terrain en Éthiopie. Et bien sûr, nous avons là-bas M. Griffiths qui souligne ces préoccupations auprès des autorités, et en fait, il a rencontré le premier ministre aujourd’hui. Mais nous avons besoin d’une réponse unifiée du Conseil de sécurité pour guider les États membres à faire face à cette énorme menace qui se pose.

    Question : Et à propos de la situation sur le terrain pour le personnel de l’ONU, les États-Unis ayant autorisé certains membres de leur personnel diplomatique à quitter le pays, comment cela se passe-t-il pour le personnel de l’ONU ? Y a-t-il une partie de cela… des personnes travaillant pour l’ONU qui partiront également, ou comment cela fonctionne-t-il ?

    Porte-parole adjoint : A ce stade, je n’ai aucun départ à vous raconter. Nous examinons la situation au jour le jour. Bien entendu, nous continuerons d’évaluer les conditions de sécurité et de procéder aux ajustements nécessaires.

    Question : Pouvez-vous juste me dire combien de personnes avez-vous dans le pays ?

    Porte-parole adjoint : Je n’ai pas le… attendez. Voyons si j’ai ce numéro. Une seconde. Nous avons 400 employés au Tigré, mais dans l’ensemble du pays, laissez-moi voir. Ce n’est pas ça. Je veux dire, j’ai nos effectifs au Tigré, c’est-à-dire qu’il y a plus de 400 membres du personnel des Nations Unies au Tigré et également environ 1 000 membres du personnel des ONG sur le terrain. Mais, dans l’ensemble du pays, j’aurais besoin de trouver le numéro, et je vous le ferai parvenir dès que je pourrai. Oui, Édie ?

    Question : Suivi de la situation humanitaire. L’ONU a-t-elle pu… et ses partenaires, ont-ils pu apporter une aide humanitaire pendant cette période d’escalade des combats ?

    Porte-parole adjoint : Eh bien, nous avons du personnel sur le terrain et nous avons fait de notre mieux pour fournir de l’aide sur le terrain, mais cela a été très frustrant en raison du manque d’accès humanitaire. C’est quelque chose que M. Griffiths soulève et la nécessité de rétablir un accès humanitaire complet et sans entrave dans tout le pays. Comme vous le savez, des choses comme les vols du Service aérien humanitaire des Nations Unies (UNHAS) vers le Tigré ont été suspendus, et donc… et nous avons eu des problèmes pour livrer des choses, y compris du carburant, ce qui, bien sûr, rend plus difficile l’acheminement de l’aide dans différentes régions. . Donc, nous voulons que tout cela soit restauré. Oui, s’il vous plaît, et puis après, Célhia.

    Question : Merci Farhan. Mercredi dernier, il y a eu une attaque contre trois camions circulant entre la Mauritanie et l’Algérie. Ensuite, il y a eu un rapport contradictoire, celui de la présidence algérienne, qui prétendait que ces camions avaient été attaqués par le Maroc ; un autre a suivi du ministre des Affaires étrangères, et il a dit que les camions ont été détruits à l’est de la berme. Ma question est, puisque nous avons le Polisario hors du cessez-le-feu et qu’ils opèrent à l’est de la Berme, que s’est-il passé ? La MINURSO a-t-elle mené une enquête sur cette question ? Et si oui, s’il y a des résultats ou pas ?

    Porte-parole adjoint : Oui, oui, la MINURSO s’est penchée là-dessus. Nous avons appris l’incident le 2 novembre, c’est-à-dire il y a trois jours. La MINURSO a ensuite pu envoyer une patrouille initiale sur le site de l’incident allégué le lendemain, 3 novembre. Et nous pouvons maintenant confirmer que le site se trouve dans la partie orientale du Sahara occidental près de Bir Lahlou. La Mission a observé deux camions immatriculés en Algérie garés parallèlement l’un à l’autre. Les deux camions ont subi d’importants dommages et ont été carbonisés.

    Question : Suivi. Un suivi. Puisque l’est du Berm est considéré comme une zone militarisée et qu’il existe déjà un poste de contrôle frontalier entre la Mauritanie et l’Algérie, pourquoi n’a-t-on pas utilisé cette route, le poste de contrôle officiel ? Et pourquoi ces camions sont-ils entrés dans une zone d’opération militaire ?

    Porte-parole adjoint : Je n’ai aucune explication sur la raison pour laquelle les camions sont là où ils sont. C’est une question qui est à l’étude, mais je viens de vous rapporter quels sont les premiers résultats…

    Question : Alors, la MINURSO n’a pas couvert ça… ?

    Porte-parole adjoint : Je n’ai rien à signaler à ce sujet. Ce à quoi ils répondaient, c’était le rapport de ces véhicules endommagés. Oui, Célhia, au fond.

    Question : Farhan, à propos de la Centrafrique, pourquoi la garde présidentielle s’en prendrait-elle aux casques bleus, et ont-ils été aidés par Wagner ?

    Porte-parole adjoint : C’est une bonne question à poser, et nous-mêmes pensons que c’est quelque chose qui doit être examiné, pourquoi nos propres casques bleus auraient été attaqués. Donc, nous attendons de voir ce que font les autorités, mais comme vous pouvez le voir dans la déclaration que le Secrétaire général a faite, qui était assez forte dans son langage, il faut se pencher là-dessus. Et comme vous le savez, comme [il] l’a dit, ces actes pourraient constituer des crimes de guerre.

    Question : Mais, sait-on si Wagner était impliqué ?

    Porte-parole adjoint : C’est quelque chose que nous devrons voir ce qu’une enquête aboutit. Oui s’il vous plaît?

    Question : Merci Farhan. Sur la nomination du nouveau Représentant spécial pour Chypre, pouvez-vous nous dire quand il va prendre le relais et qu’il va se rendre sur l’île ?

    Porte-parole adjoint : Eh bien, il vient juste d’être nommé hier soir. Donc, ce sera un peu plus long, mais nous pensons… nous essaierons de le mettre au sol dès que nous le pourrons. Nous vous ferons savoir, s’il vient également ici, si nous pouvons organiser des choses, car comme vous le savez, M. Stewart, dans ses emplois précédents, était disposé à parler à la presse. Abdelhamid, vous avez une question ?

    Question : oui. J’ai peut-être raté cette partie sur le Soudan, Farhan. Pouvez-vous me tenir au courant des contacts de M. Perthes avec les autorités militaires soudanaises et où nous en sommes actuellement dans la médiation ?

    Porte-parole adjoint : M. Perthes poursuit son travail avec les parties. Comme vous le savez, il a rencontré, ces derniers jours, à la fois le Premier ministre [Abdalla] Hamdok et le lieutenant‑général [Abdel Fattah] Burhan, et il poursuivra ses conversations avec toutes les parties. Au début de ce briefing, j’ai expliqué comment la Mission, UNITAMS, s’était prononcée contre l’arrestation de trois personnes qui avaient… après avoir rencontré M. Perthes et nos inquiétudes à ce sujet, mais son travail se poursuit. Et comme contact, je te laisse… Je te donne une personne que tu pourras contacter plus tard. Sur ce, permettez-moi de céder la parole à notre invité. Attendez une seconde, s’il vous plaît.

    Tags : Environnement, climat, développement, maintien de la paix, réfugiés, Soudan, Ethiopie, République Centrafricaine, Conseil économique et social, Sahara Occidental,

    UN Press, 05/11/2021

  • Maroc : La plage de Tan-Tan accueille une baleine échouée (vidéo)

     

    Une baleine de près de 20 tonnes a mardi sur les sables de la plage de Tan-Tan, au parc naturel d’El Ouatia, plus précisément.

    Selon Apa News, il s’agit d’un rorqual commun, deuxième plus grand animal vivant sur la planète.

    Selon la même source, qui cite le site électronique « Goud », la baleine mesure environ 16 mètres de long et pèse entre 15 et 20 tonnes. Les véritables raisons de son échouage n’ont pas encore été révélées.

    Apa News indique qu’il ne s’agit pas du premier incident du genre dans les larges du Sahara Occidental, « où des cas similaires de mort d’un certain nombre d’énormes baleines, à partir de la plage d’Ifni au nord jusqu’à Dakhla au sud ». Apparemment, cette catastrophe est liée au nombre trop élevée de navires qui s’addonnent à la pêche au Sahara Occidental moyennant des contrats illégaux signés avec les autorités d’occupation marocaines.

    [youtube https://www.youtube.com/watch?v=3VaHwIoe8ug]

    Etiquettes : Sahara Occidental, Maroc, pêche, environnement, spoliations, ressources naturelles,

  • G7 et confrontation d’intérêts

    par Abdou BENABBOU

    Une énième rencontre des sept chefs d’Etats censés les plus riches s’est tenue ces derniers jours en Grande-Bretagne. Il semble que d’importants accords de principe ont été consignés pour affronter les grands problèmes actuels du monde et il est souligné que rien n’a été oublié. Armement, environnement, démocratie, immigration, économie, Etats-Unis, Chine, Europe, Afrique, l’ensemble de l’articulation de l’humanité, aujourd’hui patchwork décousu des problèmes du monde, a été abordé avec une oralité et un optimisme coutumiers.

    Les effets d’annonce n’ont pas manqué comme il est de coutume dans les réunions des comités de quartiers. Le chef de l’Etat français, animé par la force de sa jeunesse débordante se positionnant comme le porte-parole de l’Union européenne, s’est cru devoir insister sur le caractère politique d’une union continentale à laquelle il appartient et s’est plu à se présenter comme le chef d’un gouvernement d’une communauté qui n’existe que sur papier.

    Si la rencontre du G7 se défend toujours d’être une réunion de salon, les rendez-vous du genre ont toujours démontré leurs limites et régulièrement prouvé qu’il ne pourrait en être autrement. Les nationalismes de plus en plus florissants dont la purulence est attisée par les lourdes crises économiques et sociales ne peuvent effriter la structure clubarde de tels rendez-vous. Autour de la table des négociations chaque chef d’Etat a ramené dans sa gibecière les calculs électoralistes de son pays et des arrière-pensées qui configurent les prises de position. Les actuels représentants du G7 n’ont pas les mains aussi libres qu’ils le prétendent. L’idée d’un suprême gouvernement mondial qu’ils miroitent ne chassera pas le virtuel des engagements pris.

    A l’image des clubs subalternes et bien qu’il s’en défende, le G7 malgré son torse mondial a des ressemblances évidentes avec un comité de quartier.

    Confrontation des intérêts divers oblige, ce grand rassemblement mondial n’aura que l’efficience d’une réunion entre voisins de quartier. A ce niveau subalterne, on peut s’avancer à déduire que comme chez nous, des chamailleries sont de circonstance pour savoir si l’on doit accorder la priorité à la construction d’une crèche pour enfants ou au contraire ériger d’abord une mosquée. Etant entendu que la conjoncture de l’heure et les convictions idéologiques individuelles opposées ne permettent pas de construire les deux à la fois et en même temps.

    Cette donnée devenue rigide dans un quartier, l’est aussi au cœur du voisinage des Etats.

    Le Quotidien d’Oran, 15 juin 2021

    Etiquettes : G7, Armement, environnement, démocratie, immigration, économie, Etats-Unis, Chine, Europe, Afrique, 

  • L’Algérie s’apprête à lancer un appel d’offres pour les IPP d’énergie renouvelable

    Le gouvernement algérien s’apprête à lancer un appel d’offres pour les producteurs indépendants d’électricité (IPP). L’objectif de cet appel à manifestation d’intérêt est de sélectionner des entreprises pour produire 1 000 MW d’énergie renouvelable.

    L’appel d’offres, qui sera lancé entre juin et juillet 2021, sera divisé en 10 lots de 100MW chacun, ouverts aux investissements étrangers.

    Dans un décret publié le 29 avril 2021 au journal officiel, le gouvernement algérien a habilité Chems Eddine Chitour, ministre de la Transition énergétique et des Énergies renouvelables, à gérer et superviser l’ensemble de l’opération.

    En matière de production d’énergies renouvelables, l’Algérie est à la traîne par rapport à ses voisins marocains et égyptiens. Mais le pays veut diversifier son mix électrique. C’est ce qui justifie l’appel d’offres qu’Alger est en train de préparer.

    L’objectif est d’obtenir une nouvelle capacité installée de 1 000 MW. Cette électricité sera produite à partir de sources renouvelables, dont la plus abondante dans le pays d’Afrique du Nord est le solaire.

    Conditions pour les investisseurs étrangers

    Le gouvernement algérien s’apprête à mettre en place un contrat d’achat d’électricité bancable pour les IPP qui seront sélectionnés à l’issue du processus. Ces investisseurs devront toutefois respecter certaines exigences, comme l’utilisation d’équipements fabriqués localement en Algérie. Il s’agit principalement de panneaux solaires, de structures de montage et de câbles électriques.

    L’Algérie compte déjà plusieurs usines de fabrication d’équipements destinés à la production d’énergie solaire. Dans la zone industrielle de Boukherana, près de Chelghoum El Aid (400 km d’Alger), l’entreprise algérienne Milltech dispose d’une usine capable de fournir 100 MW de panneaux solaires par an.

    Dans la wilaya de Ouargla, une autre usine produira bientôt 160MWc de panneaux solaires par an. En juin 2020, l’entreprise algérienne SPS (Système Panneaux Sandwiches) et Qi-Energy, une entreprise basée à Dubaï (EAU), ont lancé une joint-venture pour la fabrication de structures de montage pour les modules.

    Optimisation du contenu local

    L’approvisionnement local en matériaux de construction pour les centrales d’énergie renouvelable permettra de réduire les prix d’achat de l’électricité en Algérie. Dans le Programme algérien de développement des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique (PENREE) lancé en 2012, les autorités tablaient sur une capacité installée de 20 000MW d’énergies renouvelables, dont 13 575MW de capacité pour le solaire et 5 000MW pour l’éolien à l’horizon 2030.

    ESI Africa, 14 mai 2021

    Etiquettes : Algérie, énergie renouvelables, énergie verte, environnement, électricité,

  • Point de presse quotidien du Bureau du Porte-parole du Secrétaire général de l’ONU: 16 avril 2021

    (La version française du Point de presse quotidien n’est pas un document officiel des Nations Unies)

    Ci-dessous les principaux points évoqués par M. Stéphane Dujarric, Porte-parole de M. António Guterres, Secrétaire général de l’ONU:

    Secrétaire général/Villes du C40

    Ce matin, le Secrétaire général est intervenu lors d’une réunion virtuelle à huis clos avec les principaux maires soutenus par les Villes du C40. Il a noté que les villes sont en première ligne de la crise climatique, plus d’un demi-milliard de citadins étant déjà confrontés à l’élévation du niveau de la mer et à des tempêtes plus fréquentes ou plus violentes.

    Le Secrétaire général a déclaré que la pandémie de COVID-19 est une catastrophe mondiale, mais que l’investissement dans la relance est une opportunité générationnelle de placer l’action climatique, l’énergie propre et le développement durable au cœur des stratégies et politiques des villes.

    Il a appelé chacun à prendre des mesures urgentes sur trois fronts. Premièrement, travailler avec les dirigeants nationaux pour s’assurer qu’ils s’engagent et qu’ils présentent des contributions ambitieuses déterminées au niveau national, bien avant la COP26 prévue en novembre; deuxièmement, engager les villes à atteindre zéro émissions nettes d’ici à 2050, élaborer des plans ambitieux pour la prochaine décennie et mobiliser leurs collègues maires et dirigeants locaux; troisièmement, utiliser la sortie de la pandémie pour accélérer les investissements et la mise en œuvre d’infrastructures et de systèmes de transport propres et verts.

    Alors que l’on attend avec impatience la COP26 et les autres conférences importantes de cette année sur l’énergie, les transports, la biodiversité et les systèmes alimentaires, il a appelé à faire de 2021 un tournant – une année de réussite ou de rupture.

    Conférence de presse/État du climat mondial

    Lundi, à 11 h 30, le Secrétaire général de l’ONU et le Secrétaire général de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), M. Petteri Taalas, donneront une conférence de presse conjointe au cours de laquelle ils présenteront le rapport sur l’état du climat mondial en 2020.

    Selon le rapport, les indicateurs et les impacts des changements climatiques se sont aggravés l’année dernière, laquelle a également été l’une des trois années les plus chaudes jamais enregistrées, malgré les effets rafraîchissants de La Niña. Le rapport indique que les conditions météorologiques extrêmes combinées à la COVID-19 ont infligé un double coup dur à des millions de personnes en 2020.

    Assemblée générale

    Ce matin, à l’Assemblée générale, le Secrétaire général a rendu hommage à la mémoire de feu le Président de la Tanzanie, John Magufuli.

    Au nom de l’ONU, il a présenté ses condoléances à la famille du défunt Président, au Gouvernement et au peuple tanzaniens.

    Le Secrétaire général a déclaré que la Tanzanie avait atteint son ambition de devenir un pays à revenu intermédiaire quatre ans avant son objectif de 2025. Il a réaffirmé l’engagement de l’ONU à continuer de travailler en étroite collaboration avec la nouvelle Présidente du pays, Mme Samia Suhulu Hassan, la première femme à accéder à la présidence de la Tanzanie.

    République démocratique du Congo

    La Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) indique que les villes de Butembo et Goma sont relativement calmes aujourd’hui. L’activité commerciale reprend progressivement dans les quartiers de Goma où des affrontements se sont produits en début de semaine.

    Pendant ce temps, la Chef de la MONUSCO, Mme Bintou Keita, a conclu hier son voyage dans l’est de la RDC. Lors d’une conférence de presse à Beni, elle s’est félicitée de l’initiative parlementaire visant à créer une commission d’enquête sur la situation d’insécurité qui prévaut dans l’est et le nord-est du pays, et a indiqué que l’ONU se tient prête à apporter son plein soutien aux travaux de cette commission. Elle a également réaffirmé que la Mission restait pleinement mobilisée pour apporter la stabilité au Nord-Kivu, au Sud-Kivu et en Ituri à l’appui des forces de sécurité et du système judiciaire.

    Nigéria

    Les agences humanitaires au Nigéria continuent de recevoir des informations alarmantes faisant état d’affrontements entre des groupes insurgés et les Forces armées nigérianes dans la ville de Damasak, dans l’État de Borno. Récemment, indiquent-elles, des groupes armés non étatiques ont également effectué des fouilles de maison en maison, recherchant apparemment des civils identifiés comme étant des travailleurs humanitaires.

    Il y a une semaine, des ressources humanitaires ont été prises pour cible à Damasak. Au moins cinq bureaux d’ONG et plusieurs véhicules d’ONG, ainsi qu’une unité de stockage mobile, des réservoirs d’eau, un avant-poste sanitaire et un centre de stabilisation de la nutrition ont été endommagés. D’autres affrontements ont été signalés cette semaine.

    Ces attaques auront des répercussions sur l’assistance humanitaire et la protection de près de 9 000 personnes déplacées -hommes, femmes et enfants- et 76 000 membres des communautés d’accueil. Ce matin, le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) a indiqué que jusqu’à 80% de la population de Damasak a été forcée de fuir. Beaucoup ont fui vers Maiduguri, la capitale de l’État de Borno, et vers la ville de Geidam, dans l’État voisin de Yobe. D’autres se sont rendues au Niger.

    Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) au Niger prévoit d’effectuer une mission interinstitutions avec les autorités locales. Le personnel du HCR et les partenaires situés dans les deux pays ont également déployé des missions d’évaluation pour identifier les besoins les plus urgents le long de la frontière.

    Faim en Afrique de l’Ouest et Afrique centrale

    Le Programme alimentaire mondial (PAM) a indiqué aujourd’hui qu’une action immédiate est nécessaire pour éviter qu’une crise de la faim ne touche des millions de familles en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale. Plus de 31 millions de personnes dans la région devraient souffrir d’insécurité alimentaire pendant la période de soudure cet été, période pendant laquelle la nourriture est rare avant la prochaine récolte. Cela représente une augmentation de 30% par rapport à l’an dernier.

    Le PAM prévoit d’aider près de 18 millions de personnes en Afrique de l’Ouest et Afrique centrale cette année et a besoin de 770 millions de dollars au cours des six prochains mois pour opérer dans 19 pays de la région.

    Syrie

    Mercredi, l’ONU a expédié 54 camions d’assistance humanitaire depuis la Turquie vers le nord-ouest de la Syrie via le point de passage de Bab el-Haoua. Ces camions font partie des centaines que l’ONU utilise chaque mois pour livrer une assistance essentielle et vitale.

    En mars, 920 camions, au total, ont acheminé une aide humanitaire dans le nord-ouest de la Syrie. De nombreux autres envois sont prévus au cours des semaines à venir.

    Selon les estimations de l’ONU, cette aide transfrontalière représente jusqu’à 50% de toutes les livraisons humanitaires transfrontalières. Sur les 4,2 millions habitants du nord-ouest, plus de 75% ont besoin d’une aide humanitaire. L’opération transfrontalière atteint 85% de ces personnes chaque mois. L’ONU estime qu’un renouvellement, plus tard cette année, de l’autorisation transfrontalière pour 12 mois supplémentaires est essentiel.

    Contribution financière

    La Jamaïque a versé la totalité de sa contribution au budget ordinaire de l’ONU, amenant à 89 le nombre d’États Membres à en avoir fait de même.

    Etiquettes : Environnement, développement durable, affaires humanitaires, maintien de la paix, réfugiés, alimentation, République Démocratique du Congo, RDC, Nigeria, Tanzanie,


  • La Covid-19, une chance ?

    par Amine Bouali


    Il y a un peu plus d’un an, un petit «machin» de rien du tout s’est incrusté, de manière directe ou indirecte, dans notre vie et a chamboulé depuis, ne serait-ce que provisoirement, nos habitudes. Il y a un peu plus d’un an, nous avons basculé dans une espèce de panique générale, notre mobilité a été réduite, nous nous sommes masqués et cloîtrés entre quatre murs ou derrière des frontières pour échapper à une menace invisible.

    Il y a un peu plus d’un an, le sentiment de la mort s’est fait plus pressant dans nos esprits, alors que nous avions fait tout notre possible pour le tenir à l’écart de la sphère de la conscience.

    Il y a un peu plus d’un an, des Etats qui avaient la maîtrise de la technicité la plus pointue ont été confrontés soudain à leur vulnérabilité.

    Il y a un peu plus d’un an, un petit grain de sable est passé par là et a enrayé toute la machine !

    Dans un documentaire qui a été récemment diffusé sur la chaîne de télévision franco-allemande Arte, le réalisateur belge Alain de Halleux a décrit ce virus Covid-19, qui nous fait tant de misères, comme «le plus petit sonneur d’alerte». « Il faut écouter ce qu’il a à nous dire sur notre propre rapport au monde et au reste du vivant ».

    Ce petit messager nous dit en fait : «Les gars, vous foirez complètement dans votre rapport à la nature !» Il nous dit «qu’il est grand temps qu’on se rassemble pour affronter nos vrais problèmes». Ce qui est arrivé à l’humanité, il y a un peu plus d’un an, cela pourrait être alors non plus un malheur mais une chance !

    Le Quotidien d’Oran, 5 avr 2021

    Etiquettes : Coronavirus, covid 19, pandémie, épidémien, réchauffement climatique, nature, climat, pollution, environnement,

  • 10 conflits à surveiller en 2021

    La nouvelle année sera probablement marquée par des héritages non résolus de l’ancien: COVID-19, des ralentissements économiques, des politiques américaines erratiques et des guerres destructrices que la diplomatie n’a pas arrêtées. Le président de Crisis Group, Robert Malley, énumère les dix conflits à surveiller en 2021.

    Robert Malley*

    S’il y avait un concours pour l’événement 2020 avec les implications les plus profondes pour la paix et la sécurité mondiales, le terrain serait bondé.

    De la pandémie de coronavirus à l’impact croissant du changement climatique, en passant par les politiques de la terre brûlée de l’administration Trump après l’élection de Joe Biden, la guerre azerbaïdjanaise et arménienne sur le Haut-Karabakh et un conflit meurtrier dans la région éthiopienne du Tigré, cette année a été riche en événements. En 2021, le monde devra faire face aux conséquences et passer au crible les débris.

    Commencez par COVID-19 et sa longue queue. Lorsque la pandémie a éclaté pour la première fois, beaucoup – moi y compris – craignaient qu’elle n’ait des conséquences immédiates et potentiellement dévastatrices dans les pays en développement, en particulier ceux confrontés à des conflits meurtriers. Bien que plusieurs pays à faible revenu aient été durement touchés, beaucoup ne l’ont pas été; l’activité diplomatique, la médiation internationale, les missions de maintien de la paix et le soutien financier aux populations vulnérables ont souffert, mais on peut se demander si le COVID-19 a considérablement affecté la trajectoire des grandes guerres, que ce soit en Afghanistan, en Libye, en Syrie, au Yémen ou ailleurs.

    Les ramifications à plus long terme sont une autre affaire. La pandémie a précipité une crise économique mondiale sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale, avec 150 millions de personnes supplémentaires poussées sous le seuil de pauvreté extrême. Bien que les niveaux de revenu ne soient pas directement corrélés avec les conflits, la violence est plus probable pendant les périodes de volatilité économique.

    Au Soudan, au Liban et au Venezuela, pour ne citer que quelques exemples, on peut s’attendre à ce que le nombre de chômeurs augmente, que les revenus réels s’effondrent, que les gouvernements rencontrent des difficultés croissantes pour payer les forces de sécurité et que la population en général compte de plus en plus un moment où les États sont les moins équipés pour le fournir. Les frontières séparant l’insatisfaction économique des troubles sociaux et les troubles sociaux des flambées de violence sont minces. Les États-Unis, l’Europe ou d’autres donateurs ne sont pas non plus susceptibles de consacrer la quantité requise d’attention ou de ressources continue de haut niveau aux conflits régionaux lointains alors qu’ils affrontent des ravages économiques, sociaux et politiques chez eux.

    Vient ensuite le changement climatique – un phénomène à peine nouveau, mais en accélération avec un impact de plus en plus perceptible sur les conflits. Il est vrai que la chaîne causale est détournée, les réponses politiques aux conditions météorologiques extrêmes jouant souvent un rôle plus important que les modèles eux-mêmes. Pourtant, avec des vagues de chaleur plus fréquentes et des précipitations extrêmes, de nombreux gouvernements ont plus de mal à faire face à l’insécurité alimentaire, à la pénurie d’eau, aux migrations et à la concurrence pour les ressources. C’est la première année qu’un risque transnational figure sur notre liste des principaux conflits, car la violence liée au climat s’étend du Sahel au Nigeria et en Amérique centrale.

    Pendant ce temps, les États-Unis – polarisés, méfiants à l’égard de leurs institutions, lourdement armés, déchirés par de profondes divisions sociales et raciales et dirigés par un président imprudemment diviseur – se sont rapprochés d’une crise politique ingérable qu’à aucun moment de leur histoire moderne. Alors que le pays a été épargné du pire, le président Donald Trump a passé ses dernières semaines en fonction à contester la légitimité de l’élection et donc de son successeur, apparemment déterminé à donner au président élu Biden la main la plus faible possible pour faire face à la situation désordonnée dont il héritera.

    Transformant la rancune politique en une forme d’art diplomatique, piégeant le terrain pour l’homme qui le remplacera, Trump a imposé une série de sanctions à l’Iran avec l’objectif à peine dissimulé d’entraver les efforts de Biden pour relancer l’accord nucléaire iranien. Il a étendu la reconnaissance américaine de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental dans un échange inconvenant contre la décision du Maroc de normaliser ses relations avec Israël. Et il a ordonné une série de retraits militaires américains de dernière minute en Somalie, en Afghanistan et en Irak. En agissant précipitamment, sans coordination ni consultation avec les principaux acteurs locaux, il a réussi à donner une mauvaise réputation à des politiques potentiellement sensées. Il y a toutes les raisons d’encourager de meilleures relations entre les Etats arabes et Israël; personne ne peut le faire d’une manière inconsciente du droit international. Il y a toutes les raisons de mettre fin à l’enchevêtrement sans fin de l’Amérique dans les guerres étrangères; il n’y a personne pour le faire d’une manière qui diminue la main du nouveau président et restreint sa marge de manœuvre.

    L’élection de Biden a apporté un espoir rehaussé de réalisme. Certains des dommages causés par son prédécesseur peuvent être réparés avec une relative facilité. Mais la nouvelle équipe peut trouver l’impression d’un géant erratique, imprévisible et indigne de confiance plus difficile à effacer. En intimidant les alliés traditionnels et en déchirant les accords internationaux, Trump pensait qu’il projetait du pouvoir mais manifestait en réalité un manque de fiabilité. Dans la mesure où Biden a l’intention de négocier à nouveau avec l’Iran et peut-être la Corée du Nord, d’encourager le compromis au Yémen ou au Venezuela, ou de revenir à un rôle moins partisan au Moyen-Orient, il sera entravé par les souvenirs de l’homme qui l’a précédé et les prévisions de ce qui pourrait venir ensuite – surtout si le pouvoir ne dure que le temps du prochain cycle électoral américain.

    Le dernier héritage de 2020 est peut-être le plus inquiétant. Les derniers mois de l’année ont gravement blessé cet adage préféré des diplomates et des artisans de la paix – à savoir qu’il n’y a pas de solution militaire au conflit politique. Dites cela aux Arméniens, forcés face à une puissance de feu azerbaïdjanaise supérieure à abandonner les terres qu’ils détenaient depuis un quart de siècle; aux Tigréens éthiopiens, dont les dirigeants ont promis une résistance prolongée contre l’avancée des troupes fédérales pour voir ces forces installées dans la capitale régionale de Mekelle en quelques jours. Dites cela, d’ailleurs, aux Rohingyas contraints de fuir le Myanmar en 2017; aux Palestiniens, qui sont restés réfugiés ou sous occupation depuis la défaite arabe de 1967; ou au peuple sahraoui dont les aspirations à l’autodétermination ont été étouffées par les troupes marocaines et un président américain transactionnel,

     En l’absence de solutions politiques plus équitables, les gains militaires ont tendance à se révéler fragiles. 

    Les artisans de paix ont longtemps été convaincus qu’en l’absence de solutions politiques plus équitables, les gains militaires ont tendance à se révéler fragiles. Tout comme les Azerbaïdjanais n’ont jamais oublié l’humiliation du début des années 1990, les Arméniens s’efforceront également d’effacer l’indignité de 2020. Si leurs griefs ne sont pas résolus, de nombreux Tigréens résisteront à ce qu’ils pourraient percevoir comme une domination étrangère. Israël ne connaîtra pas une véritable sécurité tant que les Palestiniens vivront sous son occupation. Mais cette croyance fondamentale est attaquée et il devient de plus en plus difficile de s’accrocher.

    De nombreuses personnes dans le monde ont vécu l’année écoulée comme une annus horribilis, attendant avec impatience sa conclusion. Mais comme le suggère la liste des conflits à surveiller qui suit, sa longue ombre perdurera. 2020 est peut-être une année à oublier, mais 2021 continuera probablement, et malheureusement, à nous le rappeler.

    1. Afghanistan

    Malgré des progrès modestes mais importants dans les pourparlers de paix, beaucoup de choses pourraient mal tourner pour l’Afghanistan en 2021.

    Après près de deux décennies de combats, le gouvernement américain a signé un accord avec les insurgés talibans en février. Washington s’est engagé à retirer ses troupes d’Afghanistan en échange des engagements des talibans d’interdire aux terroristes d’utiliser le pays pour des opérations et d’entamer des pourparlers avec le gouvernement afghan.

    Afghan peace talks took time to get underway. The government stretched out for six months a prisoner exchange the U.S. had promised to the Taliban – the release of 1,000 government troops or officials held by the Taliban in return for 5,000 Taliban fighters – which Kabul saw as lopsided. The insurgents, who had initially reduced suicide bombings and assaults on cities and towns, responded to delays by stepping up attacks and assassinations.

    Negotiations eventually started in Doha in mid-September, but the two sides took until December to agree on procedural rules. Neither shows much appetite for compromise. Bloodshed has, if anything, escalated. The Taliban appear to have abandoned any initial restraint. Recent months have seen an uptick in suicide bombings and larger offensives on towns.

    Un défi réside dans la façon dont les parties envisagent les discussions. Kaboul s’est engagé publiquement. Mais les hauts responsables se méfient profondément des talibans ou considèrent les négociations comme pouvant entraîner la disparition du gouvernement. Kaboul a cherché à ralentir les pourparlers sans franchir ouvertement Washington. En revanche, les dirigeants talibans estiment que leur mouvement est ascendant. Ils perçoivent le retrait des États-Unis et le processus de paix comme reflétant cette réalité. Au sein des rangs des insurgés également, de nombreux combattants s’attendent à ce que les négociations livrent une grande partie de ce pour quoi ils ont combattu.

    La date limite fixée dans l’accord de février pour un retrait militaire complet des États-Unis et de l’OTAN est imminente en mai 2021. Bien que Washington soutienne que cela était implicitement conditionnel aux progrès des pourparlers de paix afghans, les talibans réagiraient probablement avec colère aux retards importants. Depuis février, Trump a retiré des milliers de forces américaines. Un tirage initial à 8600 a été mandaté dans l’accord bilatéral, mais Trump a réduit ses effectifs à 4500 et s’est engagé à atteindre 2500 avant de quitter ses fonctions. Les retraits supplémentaires inconditionnels ont renforcé la confiance des talibans et l’inquiétude du gouvernement.

    Le sort de l’Afghanistan repose principalement sur les talibans, à Kaboul, et sur leur volonté de compromis.

    Le sort de l’Afghanistan repose principalement sur les talibans, à Kaboul, et sur leur volonté de compromis – mais en grande partie aussi dépend de Biden. Son administration voudra peut-être conditionner le retrait à l’avancement des pourparlers. Mais il faudra du temps aux parties afghanes pour parvenir à un règlement. Maintenir une présence militaire américaine dans le pays bien après mai sans aliéner irrémédiablement les talibans ne sera pas une mince affaire. Pour compliquer encore les choses, Biden a exprimé sa préférence pour le maintien de plusieurs milliers de forces antiterroristes en Afghanistan. Il devra peut-être décider entre cela et un processus de paix potentiellement réussi. Ni les talibans ni les pays de la région dont le soutien serait crucial pour le succès de tout accord n’accepteront une présence militaire américaine indéfinie.

    Un retrait précipité des États-Unis pourrait déstabiliser le gouvernement afghan et potentiellement conduire à une guerre civile multipartite élargie. À l’inverse, une présence prolongée pourrait inciter les talibans à renoncer aux pourparlers et à intensifier leurs attaques, provoquant une escalade majeure. L’un ou l’autre signifierait que 2021 marque l’année où l’Afghanistan perd sa meilleure chance de paix depuis une génération.

    2. Éthiopie

    Le 4 novembre, les forces fédérales éthiopiennes ont lancé un assaut contre la région de Tigray après une attaque meurtrière et la prise de contrôle des unités militaires fédérales de la région. À la fin de novembre, l’armée était entrée dans la capitale tigréenne, Mekelle. Les dirigeants du Front de libération du peuple du Tigray (TPLF) ont abandonné la ville, affirmant qu’ils souhaitaient épargner les civils. Beaucoup reste incertain, étant donné une panne de courant dans les médias. Mais la violence a probablement tué des milliers de personnes, dont de nombreux civils; déplacé plus d’un million à l’intérieur du pays; et conduit quelque 50 000 personnes à fuir au Soudan.

    Les racines de la crise du Tigray remontent à des années. Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed est arrivé au pouvoir en 2018 après des manifestations largement motivées par une colère persistante contre la coalition alors au pouvoir, qui était au pouvoir depuis 1991 et que le TPLF dominait. Le mandat d’Abiy, qui a débuté par d’importants efforts de réforme d’un système de gouvernance répressive, a été marqué par une perte d’influence pour les dirigeants tigréens, qui se plaignent d’être le bouc émissaire des exactions précédentes et regardent avec méfiance son rapprochement avec le vieil ennemi du TPLF, le président érythréen Isaias Afwerki. . Les alliés d’Abiy accusent les élites du TPLF de chercher à maintenir une part disproportionnée du pouvoir, d’entraver les réformes et d’attiser les troubles par la violence.

    Le conflit du Tigray est le plus amer de l’Éthiopie, mais il existe des lignes de fracture plus larges. Les régions puissantes sont en désaccord tandis que les partisans du système fédéraliste ethnique éthiopien (qui délègue le pouvoir à des régions ethniquement définies et que le TPLF a joué un rôle déterminant dans la conception) luttent contre les opposants à ce système, qui croient qu’il enracine l’identité ethnique et favorise la division. Alors que de nombreux Éthiopiens blâment le TPLF pour des années de régime oppressif, le parti tigréen n’est pas le seul à craindre qu’Abiy veuille en finir avec le système dans une quête de centralisation de l’autorité. Notamment, les critiques d’Abiy dans la région agitée d’Oromia – la plus peuplée d’Éthiopie – partagent ce point de vue, malgré l’héritage oromo d’Abiy.

    La question est maintenant de savoir ce qui vient ensuite. Les forces fédérales ont avancé et ont pris le contrôle de Mekelle et d’autres villes relativement rapidement. Addis-Abeba espère que ce qu’elle appelle son «opération de maintien de l’ordre» vaincra les rebelles restants. Il rejette les discussions avec les dirigeants du TPLF; autoriser l’impunité pour les hors-la-loi qui attaquent l’armée et violent la constitution récompenserait la trahison, disent les alliés d’Abiy. Le gouvernement central est en train de nommer un gouvernement régional intérimaire, a émis des mandats d’arrêt contre 167 responsables et officiers militaires tigréens, et semble espérer persuader les Tigréens d’abandonner leurs anciens dirigeants. Pourtant, le TPLF dispose d’un solide réseau de base.

    Il y a des signes inquiétants. Des rapports suggèrent des purges de Tigréens de l’armée et leurs mauvais traitements ailleurs dans le pays. Les milices de la région d’Amhara, qui borde le Tigré, se sont emparées d’un territoire contesté détenu depuis trois décennies par les Tigréens. Le TPLF a lancé des missiles sur l’Érythrée et les forces érythréennes ont presque certainement été impliquées dans l’offensive anti-TPLF. Tout cela alimentera les griefs tigréens et le sentiment séparatiste.

    Si le gouvernement fédéral investit massivement dans le Tigray, travaille avec la fonction publique locale telle qu’elle est plutôt que de la vider de la base du TPLF, arrête le harcèlement des Tigréens ailleurs et gère les zones contestées plutôt que de les laisser aux administrateurs d’Amhara, il pourrait être un espoir de paix. Il serait alors essentiel de s’orienter vers un dialogue national pour guérir les profondes divisions du pays au Tigré et au-delà. En l’absence de cela, les perspectives sont sombres pour une transition qui a inspiré tant d’espoir il y a seulement un an.

    3. Le Sahel

    La crise qui sévit dans la région du Sahel en Afrique du Nord continue de s’aggraver, la violence interethnique augmentant et les djihadistes étendant leur portée. 2020 a été l’année la plus meurtrière depuis le début de la crise en 2012, lorsque des militants islamistes ont envahi le nord du Mali, plongeant la région dans une instabilité prolongée.

    Les djihadistes contrôlent ou sont une présence de l’ombre dans des pans du Mali rural et du Burkina Faso et font des percées dans le sud-ouest du Niger. Les opérations françaises de lutte contre le terrorisme intensifiées en 2020 ont porté des coups aux militants, frappant l’affilié local de l’État islamique et tuant plusieurs dirigeants d’al-Qaïda. Combinées aux luttes intestines djihadistes, elles semblent avoir contribué au déclin des attaques militantes complexes contre les forces de sécurité. Mais les frappes militaires et les meurtres de chefs n’ont pas perturbé les structures de commandement ou le recrutement des djihadistes. En effet, plus les militaires étrangers s’empilent, plus la région semble devenir sanglante. Les autorités gouvernementales n’ont pas non plus pu récupérer les zones rurales perdues au profit des militants. Même là où la pression militaire oblige les jihadistes à sortir, ils ont tendance à revenir lorsque les opérations se calment.

    Les conditions dans lesquelles les militants prospèrent sont difficiles à inverser.

    Les conditions dans lesquelles les militants prospèrent sont difficiles à inverser. Les relations des États avec nombre de leurs citoyens ruraux se sont rompues, tout comme les systèmes traditionnels de gestion des conflits. En conséquence, ni l’État ni les autorités coutumières ne sont en mesure de calmer les frictions croissantes entre les communautés, souvent sur les ressources. Les abus des forces de sécurité alimentent le mécontentement. Tout cela est une aubaine pour les militants, qui prêtent de la puissance de feu et offrent une protection aux habitants ou même interviennent pour résoudre des conflits. Les milices ethniques mobilisées par les autorités maliennes et burkinabè pour lutter contre les jihadistes alimentent les violences intercommunautaires.

    Même au-delà des zones rurales, les citoyens sont de plus en plus en colère contre leurs gouvernements. Le coup d’État du Mali en août, résultat de manifestations provoquées par une élection contestée mais soutenu par une plus grande fureur contre la corruption et un régime inepte, est la preuve la plus flagrante. Un mécontentement similaire sévit au Niger et au Burkina Faso.

    Sans des efforts plus concertés pour lutter contre la crise de la gouvernance rurale au Sahel, il est difficile de voir comment la région peut échapper aux troubles actuels. De manière générale, de tels efforts exigeraient que les acteurs étatiques et autres se concentrent d’abord et avant tout sur la médiation des conflits locaux, en discutant avec les militants si nécessaire et en utilisant les accords qui en résultent comme base pour le retour de l’autorité de l’Etat dans les campagnes. Les opérations militaires étrangères sont essentielles, mais les acteurs internationaux doivent mettre l’accent sur le rétablissement de la paix au niveau local et faire pression pour une réforme de la gouvernance. Peu de choses suggèrent que l’approche militaire d’abord stabilisera le Sahel. En fait, au cours des dernières années, il semble avoir contribué à la montée des effusions de sang interethniques et du militantisme islamiste.

    4. Yémen

    La guerre au Yémen a causé ce que l’ONU considère toujours comme la pire catastrophe humanitaire au monde. Le COVID-19 a exacerbé la souffrance des civils déjà harcelés par la pauvreté, la faim et d’autres maladies. Les hauts responsables humanitaires mettent à nouveau en garde contre la famine.

    Il y a un an, il y avait une opportunité pour mettre fin à la guerre, mais les belligérants l’ont gaspillée. Les rebelles houthis parlaient par des canaux secondaires avec l’Arabie saoudite, le principal sponsor extérieur du gouvernement yéménite reconnu par l’ONU et dirigé par le président Abed Rabbo Mansour Hadi. Les Saoudiens faisaient également la médiation entre les factions anti-houthistes qui se disputaient le statut d’Aden, une ville du sud qui est la capitale provisoire du gouvernement et qui est contrôlée par le Conseil de transition du Sud (CTS) sécessionniste soutenu par les Emirats depuis août 2019. Ensemble, ces deux voies de négociation auraient pu servir de base à un processus politique négocié par l’ONU. Au lieu de cela, les combats se sont intensifiés, en particulier à Marib, le dernier bastion urbain du gouvernement Hadi dans le nord. Il a fallu un an de négociations de mauvaise humeur avant que les factions anti-Houthi se mettent d’accord sur la façon dont elles allaient partager les responsabilités en matière de sécurité dans le sud, éloigner leurs forces des lignes de front et former un nouveau gouvernement. Les négociations seront probablement confrontées à de nouveaux obstacles sur la relocalisation du cabinet à Aden. Les efforts de rétablissement de la paix de l’ONU ont également frappé un mur.

    Les Houthis et le gouvernement Hadi ont tous deux des raisons de ralentir. S’ils l’emportent à Marib, les Huthis auront conquis le nord et s’emparer de la centrale pétrolière, gazière et électrique de la province, ce qui leur permettra de générer l’électricité et les revenus dont ils ont tant besoin. Le gouvernement peut difficilement se permettre de perdre Marib, mais il recèle un autre espoir: l’administration Trump sortante pourrait, dans un coup de départ sur l’Iran, désigner les Houthis comme une organisation terroriste, resserrant le nœud économique sur les rebelles et compliquant les négociations avec eux par des acteurs extérieurs. . Une telle mesure augmenterait les risques de famine en entravant le commerce avec le Yémen, qui importe 90% de son blé et tout son riz. Cela pourrait également sonner le glas des efforts de médiation de l’ONU.

    Dans tous les cas, le cadre bipartite de l’ONU semble dépassé. Le Yémen n’est plus le pays qu’il était au début de la guerre; il s’est fragmenté alors que le conflit faisait rage. Les Houthis et le gouvernement n’ont pas de duopole sur le territoire ou la légitimité intérieure. D’autres acteurs locaux ont des intérêts, de l’influence et un pouvoir de gâchage. L’ONU devrait élargir son cadre pour inclure d’autres, notamment le STC et les forces soutenues par les Emirats sur la côte de la mer Rouge, ainsi que les tribus du nord, qui pourraient autrement bouleverser tout règlement qu’elles rejettent. Au lieu de négocier à deux, l’ONU devrait commencer à planifier un processus plus inclusif qui encouragerait la conclusion d’accords entre les principaux acteurs.

    En l’absence de correction de cap, 2021 s’annonce comme une autre année sombre pour les Yéménites, avec la guerre qui traîne, la maladie et potentiellement la famine se propage, les perspectives d’un règlement s’évaporant et des millions de Yéménites deviennent de plus en plus malades de jour en jour.

    5. Venezuela

    Près de deux ans se sont écoulés depuis que l’opposition vénézuélienne, les États-Unis et des pays d’Amérique latine et d’Europe ont proclamé le législateur Juan Guaidó président par intérim du Venezuela et prédit la disparition de Nicolás Maduro. Aujourd’hui, de tels espoirs sont en lambeaux. Une campagne de «pression maximale» menée par les États-Unis – impliquant des sanctions, un isolement international, des menaces implicites d’action militaire et même un coup d’État avorté – n’a pas renversé Maduro. Au contraire, ces actions l’ont rendu plus fort, car des alliés, y compris dans l’armée, se sont ralliés à lui, craignant que sa chute ne les mette en danger. Les conditions de vie des Vénézuéliens, dévastées par l’ineptie du gouvernement, les sanctions américaines et le COVID-19, ont touché le fond.

    Si Maduro reste retranché, ses adversaires pourraient voir leur fortune politique s’effondrer. Les bases de la revendication présidentielle de Guaidó reposaient sur la majorité parlementaire remportée par les partis d’opposition en 2015, combinée à l’argument selon lequel la réélection de Maduro en mai 2018 était une imposture. Maintenant, l’opposition est faible, divisée et à peine prise à l’Assemblée nationale. Le gouvernement a remporté les élections législatives de décembre, que tous, à l’exception de quelques petits partis d’opposition, ont boycottées, avec une majorité écrasante.

    Le malaise de l’opposition vient principalement de son incapacité à apporter des changements. Sa stratégie a sous-estimé la capacité de Maduro à survivre aux sanctions et à l’isolement international tout en surestimant la volonté de Washington de faire face à de vagues menaces de force.

    Le soutien des sanctions a également perdu le soutien des rivaux de Maduro, étant donné que ces mesures ont accéléré l’effondrement économique du Venezuela et appauvri davantage ses citoyens. Plus de 5 millions de citoyens ont fui, nombre d’entre eux se déplaçant maintenant dans les villes colombiennes ou dans les régions frontalières violentes. La plupart des familles qui restent ne peuvent pas mettre assez de nourriture sur la table. Des milliers d’enfants souffrent de dommages irréversibles dus à la malnutrition.

    Un nouveau gouvernement américain offre une opportunité de repenser. Le soutien à l’opposition vénézuélienne a été bipartite à Washington. Pourtant, l’équipe de Biden pourrait changer de cap, renoncer à tenter d’évincer Maduro et lancer des efforts diplomatiques visant à jeter les bases d’un règlement négocié avec l’aide des dirigeants de gauche et de droite en Amérique latine.

    Avec l’Union européenne, il pourrait tenter de rassurer les alliés de Maduro tels que la Russie, la Chine et Cuba que leurs intérêts fondamentaux dans le pays survivraient à une transition. Au-delà de la prise de mesures humanitaires immédiates pour atténuer la crise liée au coronavirus au Venezuela, la nouvelle administration pourrait également envisager de reprendre les contacts diplomatiques avec Caracas et de s’engager à lever progressivement les sanctions si le gouvernement prend des mesures significatives, telles que la libération de prisonniers politiques et le démantèlement des unités de police abusives. Des négociations soutenues au niveau international visant notamment à organiser des élections présidentielles crédibles, prévues pour 2024, pourraient venir ensuite, à condition que les deux parties montrent qu’elles sont réellement intéressées par un compromis.

    À l’heure actuelle, le gouvernement de Maduro ne montre aucun signe qu’il tiendrait un vote équitable. La plupart de ses rivaux veulent le renverser et le poursuivre. Un règlement semble plus éloigné que jamais. Mais après deux ans consacrés à des efforts infructueux et néfastes pour provoquer une rupture politique soudaine, la meilleure voie à suivre est de trouver un soutien pour une transition plus progressive.

    6. Somalie

    Des élections se profilent en Somalie au milieu de conflits amers entre le président Mohamed Abdullahi Mohamed (également connu sous le nom de «Farmajo») et ses rivaux. La guerre contre Al-Shabaab entre dans sa quinzième année, sans fin en vue, tandis que les donateurs s’irritent de plus en plus à payer les forces de l’Union africaine (UA) pour aider à garder les militants à distance.

    L’humeur à l’approche des élections – les élections législatives étaient prévues pour la mi-décembre mais ont été repoussées, et les préparatifs d’un vote présidentiel prévu pour février 2021 sont également en retard – est tendue. Les relations entre Mogadiscio et certaines régions de la Somalie – notamment le Puntland et le Jubaland, dont les dirigeants sont depuis longtemps rivaux de Mohamed et craignent sa réélection – sont tendues, en grande partie en raison de différends sur la répartition du pouvoir et des ressources entre le centre et la périphérie. Une telle discorde tend à opposer les communautés somaliennes les unes aux autres, y compris au niveau du clan, avec une rhétorique de plus en plus amère employée par toutes les parties.

    Al-Shabaab, quant à lui, reste puissant. Le groupe contrôle de grandes parties du sud et du centre de la Somalie, étend une présence de l’ombre bien au-delà de cela et attaque régulièrement la capitale de la Somalie. Alors que les dirigeants somaliens et leurs partenaires internationaux reconnaissent tous, en principe, que le défi d’Al-Shabaab ne peut être relevé avec la seule force, rares sont ceux qui proposent des alternatives claires. Des pourparlers avec des militants pourraient être une option, mais jusqu’à présent, les dirigeants du mouvement n’ont guère donné d’indication qu’ils veulent un règlement politique.

    Pour compliquer davantage les choses, la patience s’épuise avec la mission de l’UA qui lutte depuis des années contre Al-Shabaab. Sans ces forces, les grandes villes, voire Mogadiscio, seraient encore plus vulnérables aux assauts des militants. Les donateurs comme l’UE sont fatigués de se lancer dans ce qui semble être une campagne militaire sans fin. Le plan actuel est de confier la responsabilité principale de la sécurité aux forces somaliennes d’ici la fin de 2021, mais ces troupes restent faibles et mal préparées à diriger les efforts de contre-insurrection. Le risque d’un vide sécuritaire a été aggravé par le retrait soudain des forces éthiopiennes en raison de la crise du Tigray et du plan de l’administration Trump de retirer les troupes américaines de la formation et du mentorat de l’armée somalienne.

    Beaucoup dépend du vote présidentiel de février. Une élection raisonnablement propre, dont les résultats acceptent les principaux partis, pourrait permettre aux dirigeants somaliens et à leurs soutiens étrangers d’intensifier leurs efforts pour parvenir à un accord sur les relations fédérales et les arrangements constitutionnels et accélérer la réforme du secteur de la sécurité. Un vote contesté, en revanche, pourrait provoquer une crise politique qui élargit le fossé entre Mogadiscio et les régions, déclenche potentiellement la violence clanique et risque d’encourager Al-Shabaab.

    7. Libye

    Les coalitions militaires rivales en Libye ne se battent plus et l’ONU a relancé les négociations visant à réunifier le pays. Mais parvenir à une paix durable restera une tâche ardue.

    Le 23 octobre, l’Armée nationale libyenne (ANL) – dirigée par le général Khalifa Haftar et soutenue par l’Égypte, les Émirats arabes unis et la Russie – et le gouvernement d’union nationale (GNA) soutenu par la Turquie, dirigé par Fayez al-Sarraj , a signé un cessez-le-feu mettant officiellement fin à une bataille qui faisait rage à la périphérie de Tripoli et ailleurs depuis avril 2019. Les combats avaient tué quelque 3 000 personnes et déplacé des centaines de milliers de personnes. L’intervention militaire directe de la Turquie pour aider Sarraj au début de 2020 a inversé ce qui avait été l’avantage de Haftar. Les lignes de front sont désormais gelées dans le centre de la Libye.

    Le cessez-le-feu est bienvenu, mais sa mise en œuvre tarde. L’ANL et le GNA se sont engagés à retirer leurs troupes des lignes de front, à expulser les combattants étrangers et à arrêter toute formation militaire étrangère. Pourtant, les deux parties ont fait marche arrière. Leurs forces sont toujours sur les lignes de front et les avions-cargos militaires étrangers continuent d’atterrir sur leurs bases aériennes respectives, ce qui suggère que des soutiens extérieurs réapprovisionnent toujours les deux côtés.

    De même, les progrès ont été freinés dans la réunification d’un pays divisé depuis 2014. Les négociations de l’ONU organisées en novembre ont rassemblé 75 Libyens chargés de s’entendre sur un gouvernement d’unité intérimaire et une feuille de route pour les élections. Mais les discussions ont été entachées de controverses sur la manière dont l’ONU a sélectionné ces délégués, leur autorité légale, les luttes intestines et les allégations de tentative de corruption. Les participants ont accepté des élections à la fin de 2021 mais pas sur le cadre juridique régissant ces scrutins.

    Au cœur de tous les problèmes se trouve un désaccord sur le partage du pouvoir. Les partisans de Haftar exigent qu’un nouveau gouvernement place les camps de la LNA et du GNA sur un pied d’égalité. Ses rivaux s’opposent à l’inclusion de dirigeants pro-LNA dans toute nouvelle dispensation. Les puissances étrangères ont des vues tout aussi contrastées. La Turquie veut un gouvernement ami – sans partisans de Haftar – à Tripoli. À l’inverse, le Caire et Abu Dhabi veulent réduire l’influence d’Ankara et renforcer celle des politiciens pro-LNA. La Russie, qui soutient également l’ANL, tient à conserver son ancrage en Méditerranée, mais on ne sait pas si elle préfère le statu quo qui préserve son emprise à l’Est ou un nouveau gouvernement avec une représentation de l’ANL.

    Il est peu probable que les combats reprennent dans un avenir immédiat car les acteurs extérieurs, bien que désireux de consolider leur influence, ne veulent pas d’une autre série d’hostilités ouvertes. Mais plus les termes du cessez-le-feu ne sont pas respectés, plus le risque d’accidents provoquant un retour à la guerre est élevé. Pour éviter ce résultat, l’ONU doit aider à forger une feuille de route pour unifier les institutions divisées de la Libye et désamorcer les tensions entre les ennemis régionaux.

    8. Iran-États-Unis

    En janvier 2020, l’assassinat par les États-Unis du commandant iranien Qassem Suleimani a amené les tensions américano-iraniennes à un point d’ébullition. En fin de compte, la réponse de l’Iran a été relativement limitée et aucune des deux parties n’a choisi de s’intensifier, même si la température est restée dangereusement élevée. La nouvelle administration américaine pourrait calmer l’une des impasses les plus dangereuses au monde, notamment en revenant à l’accord nucléaire de 2015, également connu sous le nom de Plan d’action global conjoint (JCPOA). Mais le faire rapidement, gérer les relations avec l’Arabie saoudite et Israël – tous deux farouchement opposés à l’Iran – et passer ensuite à des discussions sur des questions régionales plus larges ne sera pas une mince affaire.

    La politique iranienne de l’administration Trump a entraîné ce qu’elle appelle une pression maximale. Cela a signifié la sortie du JCPOA et l’imposition de sanctions unilatérales sévères à l’Iran dans l’espoir de forcer de plus grandes concessions sur son programme nucléaire, de tempérer son influence régionale et – certains responsables espéraient – même de renverser le gouvernement de Téhéran.

    Les sanctions ont dévasté l’économie iranienne mais n’ont guère réussi à faire autre chose.

    Les sanctions ont dévasté l’économie iranienne mais n’ont guère réussi à faire autre chose. Tout au long de la présidence de Trump, le programme nucléaire iranien s’est développé, de moins en moins contraint par le JCPOA. Téhéran a des missiles balistiques plus précis que jamais et plus d’entre eux. Le tableau régional est devenu plus, pas moins, chargé d’incidents – du meurtre de Suleimani sur le sol irakien aux attaques contre des cibles de l’industrie énergétique saoudienne largement attribuées à Téhéran – déclenchant de multiples brosses avec la guerre ouverte. Rien n’indique que le gouvernement iranien, malgré des explosions périodiques de mécontentement populaire, soit en danger d’effondrement.

    Même dans ses derniers jours, l’administration Trump a doublé. Les dernières semaines de son mandat l’ont vu imposer davantage de désignations de sanctions. Le meurtre d’un scientifique nucléaire iranien de haut niveau, attribué à Israël, a encore enflammé les tensions et incité l’Iran à menacer d’étendre encore son programme nucléaire. Washington et certains alliés semblent déterminés à infliger un maximum de douleur à l’Iran et à restreindre la marge de manœuvre de la nouvelle administration Biden. Les risques de confrontation avant que Trump ne quitte ses fonctions restent vivants alors que les milices chiites pro-iraniennes ciblent les Américains en Irak.

    Biden a signalé qu’il changerait de cap, accepterait de rejoindre le JCPOA si l’Iran revenait à se conformer, puis chercherait à négocier un accord de suivi sur les missiles balistiques et la politique régionale. Téhéran a indiqué qu’il était également prêt à adhérer mutuellement à l’accord nucléaire existant. Cela semble le pari le plus sûr et le plus rapide, même si les obstacles ne manquent pas. Les gouvernements américain et iranien devront se mettre d’accord sur une séquence d’étapes entre l’allégement des sanctions et les restrictions nucléaires et également sur les sanctions à lever. La fenêtre pourrait être courte, avec des élections présidentielles en Iran prévues pour juin et un candidat plus radical devrait gagner.

    Mais s’ils reviennent au JCPOA, le plus grand défi sera de résoudre les tensions régionales et la polarisation qui, laissées à s’aggraver, continueront de compromettre l’accord et pourraient déclencher un conflit. Les gouvernements européens explorent la possibilité d’inciter l’Iran et les États arabes du Golfe à s’engager dans un dialogue pour réduire les tensions régionales et empêcher un déclenchement involontaire de guerre; l’administration Biden pourrait mettre tout son poids diplomatique derrière un tel effort.

    9. Russie-Turquie

    La Russie et la Turquie ne sont pas en guerre, souvent de mèche, mais soutiennent fréquemment des camps opposés – comme en Syrie et en Libye – ou se disputent le pouvoir, comme dans le Caucase. Ils se considèrent souvent comme des partenaires, compartimentent la discorde sur une question par rapport aux discussions sur les autres et coopèrent alors même que leurs alliés locaux s’affrontent. Pourtant, comme le montrent la destruction par la Turquie d’un avion russe en 2015 près de la frontière turco-syrienne et les meurtres en 2020 de dizaines de soldats turcs lors de frappes aériennes par les forces syriennes soutenues par la Russie, le risque d’affrontements inattendus est élevé. Alors que le président turc Recep Tayyip Erdoğan et son homologue russe, Vladimir Poutine, se sont jusqu’à présent révélés capables de gérer de tels incidents, toute brouille pourrait exacerber les conflits dans lesquels ils sont tous deux enchevêtrés.

    Les contradictions des relations Ankara-Moscou sont les plus claires en Syrie. La Turquie fait partie des antagonistes étrangers les plus féroces du président Bachar al-Assad et un fervent partisan des rebelles. La Russie, quant à elle, a jeté son poids derrière Assad et, en 2015, est intervenue pour tourner de manière décisive la guerre en sa faveur. La Turquie a depuis renoncé à évincer Assad, plus préoccupée par la lutte contre les Unités de protection du peuple (YPG), la ramification syrienne du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui mène une insurrection contre la Turquie depuis près de quatre décennies et qu’Ankara (et États-Unis et Europe) considère une organisation terroriste.

    Un accord de mars 2020 concocté par Moscou et Ankara a mis fin au dernier combat à Idlib, la dernière poche détenue par les rebelles dans le nord-ouest de la Syrie, et a montré à quel point les deux puissances ont besoin l’une de l’autre. La Russie attend de la Turquie qu’elle applique le cessez-le-feu d’Idlib. Ankara reconnaît qu’une autre offensive du régime, qui pourrait conduire des centaines de milliers de Syriens supplémentaires en Turquie, repose sur le soutien aérien russe, qui donne à Moscou un droit de veto virtuel sur une telle opération. Mais le statu quo est ténu: la guerre syrienne n’est pas terminée et une autre offensive soutenue par la Russie à Idlib reste possible.

    En Libye également, la Russie et la Turquie sont opposées. Les entrepreneurs russes soutiennent la LNA de Haftar, tandis que la Turquie soutient la GNA basée à Tripoli. Un cessez-le-feu fragile a eu lieu depuis octobre. Mais il est loin d’être clair qu’un accord puisse garantir à la Turquie les dirigeants libyens amicaux qu’elle souhaite tout en donnant à la Russie le pied qu’elle cherche.

    La Russie et la Turquie ont également été mêlées à la récente guerre du Haut-Karabakh. La Russie a une alliance militaire avec l’Arménie mais a évité de choisir son camp et a finalement négocié le cessez-le-feu qui a mis fin aux combats. La Turquie a prêté un soutien diplomatique et militaire à l’Azerbaïdjan, les drones turcs (et israéliens) aidant à supprimer les défenses aériennes arméniennes. Malgré leur concurrence dans le Caucase du Sud, Moscou et Ankara ont gagné cette fois-ci. La Russie a déployé des soldats de la paix et a considérablement accru son influence dans la région. La Turquie peut prétendre avoir joué un rôle important dans la victoire de l’Azerbaïdjan et bénéficiera d’un corridor commercial établi par l’accord de cessez-le-feu.

    Tout comme Moscou et Ankara s’affrontent sur un nombre croissant de champs de bataille, leurs liens sont plus forts qu’ils ne l’ont été depuis quelque temps.

    Paradoxalement, tout comme Moscou et Ankara s’affrontent sur un nombre croissant de champs de bataille, leurs liens sont plus forts qu’ils ne l’ont été depuis quelque temps. Leur «frenmité» est symptomatique de tendances plus larges – un monde dans lequel les puissances non occidentales repoussent de plus en plus les États-Unis et l’Europe occidentale et sont plus affirmées et plus disposées à conclure des alliances fluctuantes.

    La Russie a vu les tensions avec l’Occident monter sur fond de guerres en Ukraine et en Syrie, des accusations d’ingérence électorale et d’empoisonnement d’opposants sur le sol étranger, ainsi que des sanctions américaines et européennes. La Turquie s’irrite du soutien américain aux YPG et du refus d’extrader Fethullah Gülen – le religieux Ankara accuse d’avoir organisé une tentative de coup d’État en 2016 – ainsi que des critiques européennes de son recul démocratique et de ses prétendus préjugés dans le conflit chypriote. Les sanctions imposées par Washington en réponse à l’achat et aux tests par Ankara du système de défense antimissile russe S-400 résument ces tensions. En concluant des accords bilatéraux dans diverses zones de conflit, la Russie et la Turquie voient le potentiel de gain.

    Pourtant, les liens nés d’opportunités ne durent pas toujours. Avec leurs forces respectives si proches de plusieurs lignes de front, les points d’éclair potentiels abondent. Un ralentissement de leurs relations pourrait causer des problèmes aux deux nations et à plus d’une zone de guerre.

    10. Changement climatique

    La relation entre la guerre et le changement climatique n’est ni simple ni linéaire. Les mêmes conditions météorologiques augmenteront la violence dans une zone et pas dans une autre. Si certains pays gèrent bien la concurrence induite par le climat, d’autres ne la gèrent pas du tout. Tout dépend du fait que les États sont gouvernés de manière inclusive, sont bien équipés pour arbitrer les conflits sur les ressources ou peuvent subvenir aux besoins des citoyens lorsque leur vie ou leurs moyens de subsistance sont bouleversés. L’ampleur de la violence liée au climat en 2021 est incertaine, mais la tendance générale est assez claire: sans action urgente, le danger d’un conflit lié au climat augmentera dans les années à venir.

    Sans action urgente, le danger de conflit lié au climat augmentera dans les années à venir.

    Dans le nord du Nigéria, les sécheresses ont intensifié les combats entre éleveurs et agriculteurs au sujet de la diminution des ressources, qui en 2019 a tué deux fois plus de personnes que le conflit Boko Haram. Sur le Nil, l’Égypte et l’Éthiopie ont échangé des menaces d’action militaire contre le Grand barrage de la Renaissance éthiopienne, en partie en raison des craintes du Caire que le barrage aggrave la pénurie d’eau déjà grave. Pour l’instant, l’Afrique voit sans doute les pires risques de conflit liés au climat, mais certaines parties de l’Asie, de l’Amérique latine et du Moyen-Orient sont confrontées à des dangers similaires.

    Dans les pays fragiles du monde entier, des millions de personnes connaissent déjà des vagues de chaleur records, des précipitations extrêmes et irrégulières et une élévation du niveau de la mer. Tout cela pourrait alimenter l’instabilité: par exemple, en exacerbant l’insécurité alimentaire, la pénurie d’eau et la concurrence des ressources et en poussant davantage de personnes à fuir leurs maisons. Certaines études suggèrent qu’une augmentation de la température locale de 0,5 degré Celsius est associée, en moyenne, à un risque accru de conflit meurtrier de 10 à 20%. Si cette estimation est exacte, l’avenir est inquiétant. Les scientifiques de l’ONU estiment que les émissions d’origine humaine ont réchauffé la Terre d’un degré depuis l’époque préindustrielle et, avec l’accélération du rythme, prévoient un autre demi-degré dès 2030. Dans de nombreuses zones les plus instables du monde, cela pourrait se produire plus rapidement encore.

    Les gouvernements des pays à risque doivent réglementer pacifiquement l’accès aux ressources, qu’elles soient rares ou abondantes, à l’intérieur ou entre les États. Mais les pays en développement menacés de conflits ne devraient pas faire face seuls aux pressions d’un climat changeant.

    Il y a lieu d’être optimiste. La nouvelle administration américaine a placé la crise climatique au sommet de son agenda, et Biden a appelé à une action plus rapide pour atténuer les risques d’instabilité associés. Les gouvernements et les entreprises occidentaux se sont engagés à fournir aux pays les plus pauvres 100 milliards de dollars par an pour l’adaptation au changement climatique à partir de 2020. Ils devraient respecter ces engagements: les pays en développement méritent un soutien accru de la part de ceux dont l’intempérance des combustibles fossiles a provoqué la crise en premier lieu.

    Publié à l’origine dans Foreign Policy: 10 conflits à surveiller en 2021

    *Président de ICG

    Source : International Crisis Group, 30 déc 2021

    Tags : Vénézuela, Soudan, Liban, Etats-Unis, Joe Biden, Afghanistan, Ethipie, Sahel, Mali, Niger, Nigeria, Burkina Faso, Yémen, Somalie, Afrique, Libye, Iran, Russie, Turquie, Changement climatique, environnement,