Étiquette : espionnage

  • Affaire Pegasus: la journaliste Rosa Moussaoui porte plainte

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    Rosa Moussaoui, grand reporter du quotidien L’Humanité  espionnée via l’espiogiciel israélien a décidé de porter plainte.

    « Dans l’affaire Pegasus, mon avocat, Me Breham Joseph a déposé en mon nom une plainte ce matin auprès du procureur de la République. Le journal L’Humanité et le SNJCGT se constituent parties civiles à mes côtés », a-t-elle annoncé dans un twit publié mardi.

    Son nom s’ajoute, ainsi, à la liste de nombreuses plaintes déposées en France : Mediapart, Lénaïg Bredoux, Edwy Plenel, Le Canard Enchaîné, Dominique Simonnot, L’Humanité, Joseph Breham, Claude Mangin.

    Il semble qu’en France, un millier de citoyens, y compris le président Emmanuel Macron serait concerné par cette affaire d’espionnage. Le Maroc est soupçonné d’être derrière cette vaste opération de surveillance.

  • Macron, Mohammed VI et Pegasus

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    Notre Président qui se plaint d’être insuffisamment écouté, et pas compris par ses citoyens l’est par contre par d’autres pays. Parmi ces « écoutes » le Maroc (donc son Roi) est particulièrement accroc aux conversations Macronniennes grace au système Pégasus

    Les Bourricots ont reconstitué pour vous la conversation directe et sévére de mise au point entre le monarque Elyséen 8em Président de la Vem République Française Emmanuel MACRON et le vingt-troisième monarque de la dynastie Alaouite Sa Majesté le Roi du Maroc MOHAMMED VI.
    La discussion de « mise au point » a été très courte extrêmement sévére et d’une froideur glaçante
    Certes nous n’avons pas directement entendu la conversation, mais Mme Hortense Mignard voyante diplomée de l’école Internationale de Bages nous en a garanti la transcription télé-intuitive obtenue par le moyen surnaturel du Petrosdyphére a ondes porteuses redondantes et auto-régulées. Nous lui faisons confiance.
    Le bourricot 66, 23/07/2021
  • «Le Maroc collectionne les revers»

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    SAÏD AYACHI PRÉSIDENT DU CNASPS: «Le Maroc collectionne les revers»
    Le Maroc a enregistré plusieurs revers diplomatiques aussi bien en ce qui concerne le dossier du Sahara Occidental que le scandale de l’espionnage à grande échelle, connu sous le nom Pegasus, dans lequel il s’est empêtré.
    Au lendemain de la d é s a p p r o b a t i o n dont le Maroc a fait l’objet, suite à l’affaire de l’espionnage en se servant du logiciel israélien baptisé Pegasus, l’administration du président américain, Joe Biden, a désavoué la décision de Trump qui a reconnu, à la fin de son règne, la prétendue souveraineté marocaine sur les territoires sahraouis occupés.
    À rappeler que l’actuel président américain, Joe Biden, a publié, mardi dernier, un tweet sur la contribution des Etats-Unis dans la lutte contre la pandémie de la Covid-19, dont le contenu a affiché une carte mondiale où le territoire du Sahara occidental apparaît séparé de celui du Royaume du Maroc. Ces sujets et d’autres oencore ont été évoqués, hier, par le président du Comité national algérien de solidarité avec le peuple sahraoui (Cnasps), Said Ayachi.
    Intervenant sur les ondes de la chaîne III de la Radio nationale, M. Ayachi a affirmé d’emblée que «le Maroc et Israël ont constitué un duo infernal pour mener des activités honteuses et malhonnêtes d’espionnage à l’aide du logiciel Pegasus». Il a affirmé que le dossier de l’espionnage a constitué l’un des revers pour la diplomatie marocaine, suivi par la position américaine concernant le dossier du Sahara Occidental. 
    Pour ce qui est du second revers, à savoir le tweet du président américain, M. Ayachi a estimé qu’il s’agit d’»un indice supplémentaire sur la position de la Maison blanche à propos de la légitimité d’autorité de la RSAD sur les territoires du Sahara Occidental ». L’invité de la Radio nationale a rappelé que le tweet appuyé par la carte mondiale a montré les frontières sahraouies séparées du royaume chérifien. Il a précisé que le président américain, à travers son tweet, a désavoué la prétendue souveraineté du Maroc sur les territoires sahraouis occupés.
    Pour M. Ayachi, ce tweet «vient compléter une série d’indices qui démontrent que l’administration Biden est en train de s’écarter des traits de Trump». Il a affirmé également que l’administration Biden est en train de contourner le décret de Trump en rappelant que le dossier sahraoui reste au niveau des Nations Unies et en pressant le secrétaire général de l’ONU à désigner un envoyé spécial dans le dossier du Sahara occidental pour favoriser les négociations. L’invité de la chaîne III a rappelé, dans ce contexte, un autre revers diplomatique auquel est confronté le Maroc. Il s’agit du démenti apporté par les États-Unis à la supposée participation américaine dans les manoeuvres militaires initiées par le Maroc dont une partie était prévue sur les territoires occupés sahraouis. 
    Revenant avec détails sur l’affaire Pégasus, il a affirmé que celleci est dommageable pour le Maroc, étant donné qu’il espionne même ses propres partenaires dont la France, et ce, jusqu’au plus haut niveau. Il a indiqué que la réaction logique attendue serait de faire un rappel à l’ordre et peut-être même des réprimandes ou des sanctions contre le Royaume du Maroc pour des pratiques plus au moins inamicales. M. Ayachi a estimé qu’afin d’éviter un tel scénario, le lobby français pro-marocain est en marche au niveau des institutions françaises dont le Sénat et l’Assemblée nationale ainsi que des partis politiques, en essayant de minorer les choses et limiter les dégâts.
    L’intervenant a affirmé que malgré les démarches du lobby français pro-marocain, l’affaire Pegasus laissera des traces et engendrera une sorte de retenue de certains milieux politiques français visà- vis du Maroc. M. Ayachi a rappelé, enfin, un autre échec de la diplomatie marocaine, à propos de la décision prise par la justice espagnole qui a rejeté le mandat d’arrêt marocain ayant visé le président de la RASD Brahim Ghali suite à son séjour médical dans la péninsule ibérique.
    Samir Hamiche
    Ouest Tribune, 09/08/2021
  • Les logiciels espions: de nouvelles armes non conventionnelles

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    Après le scandale Pegasus : les logiciels espions doivent être considérés comme de nouvelles armes non conventionnelles, à l’image des armes chimiques, souligne le quotidien français L’Humanité

    L’onde de choc mondiale des révélations sur l’espionnage par le Maroc de défenseurs des droits humains, de journalistes, jusqu’au sommet de l’État français, n’a pas fini de produire ses secousses, écrit samedi l’éditorialiste du quotidien français L’Humanité.

    « Cette affaire devrait faire l’objet d’une mobilisation mondiale pour obtenir de nouvelles conventions internationales, au même titre que celles qui ont permis de diminuer considérablement le recours aux armes chimiques, aux mines antipersonnel ou aux armes à sous-munitions », suggère-t-il.

    Pour lui, les logiciels espions mis à disposition d’États ou d’entreprises pour infiltrer nos téléphones et en aspirer les contenus, y compris les plus intimes, « doivent en effet être considérés comme de nouvelles armes non conventionnelles ». C’est que, ajoute-t-il, non seulement ils portent atteinte aux libertés fondamentales, mais « leur usage se traduit concrètement en emprisonnements, traques d’opposants et assassinats ».

    L’éditorialiste appelle à cet égard, son pays la France, « particulièrement touchée par le scandale «Pegasus», à « rapidement saisir l’Organisation des Nations unies pour relancer les discussions en vue de décider d’un traité de non-prolifération de ces armes et de la destruction de celles qui existent ».

    Evoquant le silence des autorités françaises à ce sujet, le journaliste indique qu’ « Israël, avec l’aide des États-Unis et la complicité des institutions européennes, déploie une diplomatie militaro-technologique qui lui sert à nouer des relations avec les pires autocrates, y compris dans le monde arabe, pour isoler le peuple palestinien et bénéficier d’une impunité dans la poursuite de la colonisation et l’étranglement de Gaza ».

    Et d’ajouter : « C’est ainsi que les dirigeants israéliens se sont acheté la neutralité, la complicité ou le soutien de pays comme l’Arabie saoudite, le Maroc ou certains pays africains, dont le Rwanda, désormais acquis à leur géopolitique ».

    Pour le journaliste, l’Union européenne et la France, « qui va la présider dans quelques mois, ne peuvent pas dire qu’ils n’ont aucun moyen de rétorsion vis-à-vis d’Israël ou du Maroc puisque les accords d’association avec ces pays stipulent expressément que toute atteinte aux libertés leur vaut annulation ».

    Plus encore, « la Cour de justice européenne et nos tribunaux doivent donc être saisis et une commission d’enquête internationale menée sous l’égide de l’ONU pour faire la clarté sur les agissements avérés du Maroc et bien évidemment d’Israël. La paix et la sécurité passent désormais par un contrôle strict de ces nouvelles armes numériques », conclut l’éditorialiste.

  • « Rabat fait chanter nombre de hauts responsables hexagonaux» (Joseph Breham)

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    Joseph Breham, avocat français, le suggère quasi ouvertement : « Rabat fait chanter nombre de hauts responsables hexagonaux»
    Pour cet homme de loi hexagonal, qui connaît mieux que personne la complexité des relations quasi-incestueuses qui lient très étroitement le Makhzen à la plupart des hauts responsables français depuis De Gaulle jusqu’à Macron en passant par Chirac, Mitterrand et les autres, les non-dits sont autrement plus parlants et explicites que tous les mots et discours du monde.
    Cet avocat, qui a eu à défendre Naâma Asfari militant sahraoui arbitrairement condamné dans les incidents de Gdeim, et sauvagement torturé par les services de sécurité marocains Izik, un royaume comme le Maroc ne s’encombre d’aucun scrupule quand il s’git de ses intérêts étroits.
    Rabat, avec ses gros rangers, semble agir sous la protection d’un blanc-seing lui assurant une totale impunité et protection franco-sioniste en dépit de son usage « immodéré « du logiciel Pegasus. Rabat, en effet, en acquérant ce logiciel pour la bagatelle de 10 millions de dollars auprès de ses alliés et complices sionistes, n’a pas hésité à mettre les pieds dans le plat, et à franchir le Rubicon.
    Des milliers de numéros de téléphones dont les détenteurs ne sont pas des citoyens lambda, ont découvert abasourdis que leurs vies et leur intimité avaient été violées depuis des mois, ou peut-être des années par les barbouzes d’Abdellatif Hammouchi, chef des services de renseignement et de sécurité marocains.
    Pour la petite histoire, je fais peut-être partie des personnes ciblées pour avoir entretenu des contacts étroits et quasi quotidiens avec Claude Mangin et Oubi Bouchraya, formellement identifiés parmi les victimes de ce terrible logiciel.
    Une fois fermée cette parenthèse, Joseph Breham suggère plus qu’il ne le dit, que la France officielle, à commencer par delle de Macron, est soigneusement « muselée « par le Maroc.
    Or, comment Rabat aurait-elle pu obtenir cela alors que sa position est des plus inconfortables qui soit depuis l’éclatement de ce scandale désormais planétaire, et que Paris, en revanche, était censée jouer sur du velours ? La réponse en est toute simple. Le Maroc, déjà adepte de la corruption et du trafic de drogue, donne l’air de ne pas dédaigner non plus toutes les formes de chantages que l’on pourrait imaginer ou soupçonner.
    Chronique d’une «mamounisation » annoncée. Et dénoncée aussi…
    S’il n’a pas hésité à espionner le président français lui-même, ainsi qu’une palette impressionnante de journalistes et de défenseurs des droits de l’Homme, c’est qu’il devait être sûr de son fait, et que ce scandale ne dépasserait pas le simple stade d’une tempête dans un verre d’eau.
    « La position de la France est déplorable mais pas étonnante. Elle est parfaitement en phase avec l’agenouillement français dans le cadre des relations avec le Maroc. Sous Hassan II et à partir de François Mitterrand, il y a eu globalement une politique pensée et organisée par le Maroc pour créer de bonnes relations avec la France ».
    C’est ce qu’assène cet avocat en parfaite connaissance de cause. Cela sans oubli que cette prise de contrôle discrète n’a sans doute été rendue possible que grâce au concours de cette armée d’agents sionistes qui infestent le palais royal marocain.
    L’avocat évoque à ce propos la « mamounisation» du personnel politique français.
    Entendre par là corrompre celui-ci par des privilèges indus, des séjours touristiques dans des sites idylliques, de la monnaie sonnante et trébuchante, u carrément des plaisirs sexuels dont seul le Maroc détient le secret : « Cette stratégie s’est mise en place à plusieurs niveaux.
    La politique, ce que l’on a appelé la « mamouniasation» de la classe politique française [en référence à La Mamounia, mythique hôtel de luxe de Marrakech qui voit défiler des personnalités politiques françaises], de ses décideurs ou de chefs d’entreprise, consiste à les inviter, leur offrir des cadeaux voire assurer un financement de la vie politique française à un niveau assez conséquent ».
    Le terme « assez conséquent», n’est qu’un euphémisme quant on se penche sur la frilosité et le silence gêné de l’Elysée par rapport à ce scandale qui, gageons-le, n’en est encore qu’à ses débuts.
    Il s’agissait de créer un mélange de liens institutionnels très forts et de liens personnels, voire de compromission, avec un certain nombre de membres de la classe dirigeante française.
    La politique de la « mamouniasation « s’est élargie à différentes personnalités du monde des arts, des lettres, du cinéma… Sous Jacques Chirac, cela a commencé à porter ses fruits et s’est perpétué avec tous les présidents suivants ».
    Cette « mamounisation « du personnel politique et décisionnel français ne va évidemment pas sans que des affaires compromettantes ne soients retenues contre les concernés.
    Discret et efficace, le procédé a en quelque sorte été percé à jour avec l’assourdissant silence élyséen en dépit e l’énormité du scandale Pegasus. Ahurissant, et inquiétant à la fois.
    L’affaire Abdellatif Hammouchi, que nous avons souvent évoquée dans de précédents articles suffit à étayer de pareils soupçons.
    « Je peux parler d’un exemple tiré de mon expérience d’avocat. En 2014, au nom d’un certain nombre de clients dont Claude Mangin et Nâama Asfari, nous déposons des plaintes pour torture contre différentes personnes dont Abdellatif Hammouchi, directeur de la DGSN [Direction générale de la sûreté nationale, la police marocaine]. Dans le cadre de ces plaintes, j’indique à la juge d’instruction que M. Hammouchi, qui se trouve alors en France, va être interviewé dans les heures qui suivent à Neuilly-sur-Seine, par des journalistes. En temps normal, nous ne sommes jamais informés de la venue de M. Hammouchi sur le sol français. Il se déplace sous de faux noms. Je demande à la juge de saisir l’occasion pour l’interroger. Elle envoie alors une convocation à l’intéressé pour l’entendre dans le cadre des plaintes en question. Non seulement Abdellatif Hammouchi ne viendra pas, mais le Maroc fera un énorme scandale à ce sujet. Les amis français du Maroc entrent dans la danse. Le Maroc suspend la convention judiciaire bilatérale avec la France ».
    On sait que Paris a, par la suite, fini par s’aplatir face à Rabat, un peu de la même manière qu’elle le fait dans ce grand et grave scandale. « Il s’agit selon moi d’un point fondamental. L’État marocain exercerait une pression sur un certain nombre de décideurs français ».
    Et d’ajouter plus loin : « c’est la méthode du kompromat [faire chanter ses ennemis avec des informations compromettantes]. Quand on détient le téléphone portable de quelqu’un, on sait tout de cette personne.
    Quand une personnalité loue une villa à Marrakech, vous savez si elle vient avec des amis jeunes ou non, si elle a perçu de l’argent ou non, etc. Inutile d’en dire plus sans doute les faits sont assez parlants et accablants d’eux-mêmes.
    Mohamed Abdoun
    La Patrie News, 07/08/2021
  • Pourquoi Pegasus n’est que la partie émergée de l’iceberg

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    Une enquête menée par les médias du monde entier a révélé que Pegasus, un logiciel de piratage téléphonique inventé en Israël et censé n’être vendu qu’aux gouvernements, a été utilisé dans le monde entier pour mettre sur écoute les téléphones de politiciens, de journalistes, d’ONG et d’autres personnes. En Inde, parmi les 300 cibles figurent Rahul Gandhi, deux ministres de l’Union en exercice et 40 journalistes.

    J’applaudis le travail d’investigation qui se cache derrière ces révélations. Les médias s’inquiètent à juste titre pour la liberté de la presse. Mais Pegasus n’est que la partie émergée de l’iceberg. La cybersurveillance est devenue vitale pour tout, de la sécurité nationale à la concurrence des entreprises. Tous les pays (et de nombreuses entreprises) ont acheté ou sont en train de développer une centaine de versions de cybersnooping, dont beaucoup sont bien plus puissantes que Pegasus.

    Edward Snowden a révélé en 2013 l’étendue de la surveillance mondiale exercée par les États-Unis et leurs alliés européens. Depuis, l’espionnage de haute technologie est devenu une industrie de plusieurs milliards de dollars financée par les gouvernements et les entreprises. La chancelière allemande Angela Merkel a été la cible des fouineurs américains.

    Je comprends l’indignation des journalistes piratés. Mais il ne s’agit pas seulement d’un jeu visant à subvertir la liberté de la presse – c’est un minuscule effet secondaire d’un jeu bien plus grand. L’espionnage est devenu le cœur même de la sécurité nationale, et couvre presque tout le monde en vertu de diverses lois. Puisque les États-Unis ont espionné Merkel, ils ont sûrement aussi essayé d’espionner Xi Jinping, Vladimir Poutine, Boris Johnson, Narendra Modi et tous les dirigeants importants. Peut-on croire que ces cibles sont si bien défendues qu’elles sont à l’abri des pirates informatiques ?

    Les États-Unis se plaignent amèrement de l’augmentation du piratage russe et chinois. Mais l’intérêt national de la Chine et de la Russie exige qu’elles égalent ou dépassent les États-Unis. L’Inde, avec ses importantes prouesses informatiques, doit certainement développer ses propres capacités de piratage, ainsi que ses capacités de cyberdéfense.

    La Seconde Guerre mondiale a été gagnée principalement grâce aux Britanniques qui ont réussi à déchiffrer les codes militaires de l’Allemagne et aux Américains qui ont réussi à déchiffrer les codes du Japon. Cette supériorité en matière de renseignement s’est traduite par de grandes victoires militaires.

    Pour cette raison, l’Inde doit certainement faire de son mieux pour pirater Xi Jinping, Imran Khan et tous les systèmes possibles de la Chine et du Pakistan, tout comme ces pays doivent pirater les nôtres. Il ne s’agit pas d’un jeu de moralité. Il ne s’agit pas du caractère sacré de la vie privée. Il s’agit d’une course aux armements mortelle dans laquelle personne ne peut se permettre d’être à la traîne.

    Le monde de l’entreprise est à fond dans le piratage. Un banquier d’affaires new-yorkais m’a dit que, par sécurité, ses collègues changent leurs mots de passe tous les jours et leurs téléphones toutes les semaines. Un petit bout d’intelligence commerciale peut se traduire par des bénéfices de plusieurs milliards. L’espionnage commercial est courant dans toutes les industries de haute technologie, et même dans les industries conventionnelles comme l’automobile. Cela ne se produit pas seulement aux États-Unis. Personne ne devrait penser que l’industrie indienne vit sur un plan moral plus élevé.

    Il y a quatre ans, j’ai assisté à une réunion qui m’a fait réfléchir et à laquelle participait le responsable d’une organisation gouvernementale de cybersécurité. Il a estimé que chaque courriel et chaque appel téléphonique est surveillé par au moins une centaine d’entités invisibles, dont 52 % sont des acteurs privés et 48 % des acteurs étatiques (de plus d’un pays). La vie privée était déjà une illusion bien avant l’arrivée de Pegasus.

    Les pays et les entreprises dotés des systèmes anti-piratage les plus puissants n’ont pas réussi à se protéger. Quel espoir reste-t-il alors aux particuliers ? Selon l’expert en cybersécurité, 70 % des sites web dans le monde sont compromis. Les contrôles quotidiens ne sont pas une défense : il faut parfois 240 jours aux experts pour détecter un piratage. Les virus augmentent de 66 % par an, certains visant à observer et à enregistrer, d’autres à détruire les systèmes. Ils peuvent voir chaque transaction financière, chaque révélation compromettante dans les e-mails et les appels téléphoniques, chaque mouvement de vous et de votre famille.

    L’État n’a pas le monopole de l’espionnage. Au contraire, les États eux-mêmes sont piratés quotidiennement. Malgré les milliards de dollars dépensés en cybersécurité, les États perdent cette guerre. Les barons de la drogue et les groupes terroristes utilisent le piratage comme un moyen peu risqué de pénétrer dans les pays les plus puissants.
    Les rançongiciels sont devenus une énorme entreprise commerciale. Les pirates informatiques paralysent le système d’une entreprise et ne le débloquent qu’après avoir reçu des milliards de dollars. En tant qu’athée déclaré, je risque davantage d’être cyberpisté et tué par un fanatique religieux que par un gouvernement oppressif. Les talibans et ISIS pourraient devenir de plus grandes menaces pour la sécurité que le Pakistan.

    La montée du piratage informatique n’est pas une excuse pour que les gouvernements espionnent leurs citoyens par le biais de Pegasus ou d’autres appareils. La vie privée doit être protégée par la loi. Mais le gouvernement dispose de vastes pouvoirs pour mettre les téléphones sur écoute à des fins de sécurité nationale, et aucun gouvernement ne renoncera à ce pouvoir, ni ne mettra fin à son utilisation abusive. Mon téléphone est sur écoute depuis au moins 1978, et les experts en cybersécurité disent maintenant qu’une centaine d’autres agents surveillent et écoutent aussi. Je ne laisse pas cela m’empêcher d’écrire.

    En résumé, la vie privée est importante, mais elle ne représente qu’une infime partie de l’énorme problème de la cybersécurité. Nous sommes confrontés à des menaces sans précédent et nous n’avons pas de réponses claires.

    The Times of India, 07/08/2021

  • Que signifie le scandale du piratage de la NSO pour la cyberdiplomatie d'Israël ?

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    LES AFFAIRES DE SÉCURITÉ : La liste des 50 000 téléphones cellulaires n’a jamais eu de sens, étant donné que chaque client est généralement limité à une ou quelques dizaines de cibles et que NSO n’a que 60 clients.
    Le groupe NSO a l’habitude de chasser les terroristes, les réseaux de trafiquants de drogue et les auteurs d’infractions liées à la pornographie, mais il est aujourd’hui traqué et, du moins pour l’instant, en fuite.
    À la mi-juillet, le Pegasus Project, un groupe de 17 organisations médiatiques – ayant reçu des informations d’Amnesty International, du Citizen Lab de l’Université de Toronto et de Forbidden Stories – a révélé les informations les plus préjudiciables jamais dévoilées concernant le pirate israélien de téléphones portables connu sous le nom de NSO.
    Que signifie cette gigantesque fuite d’informations, qui l’a divulguée, comment a-t-elle déstabilisé NSO à ce point et quelle est la suite de la bataille qui oppose depuis une demi-décennie le groupe de pirates informatiques aux groupes de défense des droits de l’homme ?
    D’abord, qu’est-ce qui a été divulgué ?
    Selon les rapports, le logiciel malveillant Pegasus de NSO a été trouvé sur 37 téléphones portables parmi les 65 numéros vérifiés sur une liste de plus de 50 000 téléphones portables ciblés.
    En outre, le consortium de médias impliqué dans la publication de cette bombe a identifié les propriétaires de plus de 1 000 numéros de la liste de 50 000 numéros.
    Il a découvert que parmi ces 1 000 numéros se trouvaient au moins 65 chefs d’entreprise, 85 militants des droits de l’homme, 189 journalistes, plusieurs membres de la famille royale arabe et plus de 600 hommes politiques et responsables gouvernementaux, dont des ministres, des diplomates et des agents de sécurité.
    Parmi les hauts responsables dont les téléphones portables figurent sur la liste figurent le président français Emmanuel Macron, le président irakien Barham Salih, le président sud-africain Cyril Ramaphosa et des dirigeants du Pakistan, de l’Égypte et du Maroc.
    Parmi les pays accusés d’abuser des technologies de l’ONS par les rapports figurent la Hongrie, l’Inde, le Mexique, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, le Bahreïn et le Maroc.
    Tout cela semble horrible et, comme NSO, c’est l’Antéchrist ou du moins le fléau de la cyberdémocratie dans le monde.
    En plus de la façon dont cela sonne, NSO elle-même admet qu’elle a coupé au moins cinq clients gouvernementaux qui ont abusé de sa technologie pour s’en prendre exactement aux types de personnes figurant sur la liste ci-dessus – même s’il ne s’agit pas des mêmes personnes.
    Une source de NSO aurait confié à NPR qu’en raison de la crise actuelle, la société a spécifiquement mis fin à ses contrats avec les Saoudiens et les EAU.
    Un représentant de NSO n’a pas voulu parler de pays spécifiques, mais n’a pas non plus nié le rapport de NPR (une autre source a mis en doute le rapport) et le Jerusalem Post a fait un rapport dans le passé sur certains de ces clients de NSO.
    Et pourtant, lorsqu’on passe au crible toutes ces révélations effrayantes, il n’y a presque rien de concret auquel se raccrocher. Ce qu’il y a ne montre pas vraiment quelque chose de nouveau. Tout au plus, cela donne plus de couleur au fait que certains des clients de NSO ont abusé de Pegasus.
    Certains médias directement impliqués dans la révélation de l’affaire NSO ont admis qu’ils ne savaient pas qui avait fourni la liste de 50 000 numéros et qu’ils ne pouvaient pas se porter garants de sa crédibilité, à l’exception des 37 téléphones portables sur lesquels des logiciels malveillants ont été découverts. Alors que les questions se multiplient au sujet de cette liste, Amnesty a fait passer deux messages : les numéros ne proviennent pas tous de NSO, et les numéros sont ceux de clients de NSO, ce qui montre à qui les clients de NSO peuvent s’en prendre.
    La liste des 50 000 téléphones cellulaires n’a jamais eu de sens pour quiconque suit NSO de près, étant donné que chaque client se limite généralement à une ou quelques dizaines de cibles et que NSO ne compte qu’une soixantaine de clients.
    Il se peut donc qu’elle ait ciblé entre 600 et 1 800 téléphones portables – un procès intenté en 2019 par Facebook contre le groupe affirme qu’il en a ciblé au moins 1 400 – mais 50 000 n’a jamais sonné juste.
    Rien de tout cela ne prouve que NSO est innocent. Mais il est essentiel de faire la différence entre les allégations réelles, plus nuancées, et les allégations de type « empiler tout ».
    C’est d’autant plus vrai que le New York Times, Reuters et d’autres ont révélé ces dernières années l’existence d’anciens membres de la NSA et d’autres sociétés de piratage informatique du secteur privé américain qui se livrent à un grand nombre des mêmes activités que celles dont NSO est aujourd’hui accusée.
    Il convient également de rappeler que la NSA elle-même écoutait les appels téléphoniques de nombreux alliés européens et autres chefs d’État jusqu’à ce qu’Edward Snowden fasse sauter leur couverture en 2013, et que certains de ceux qui avaient été impliqués ont clairement adopté des technologies dans le secteur privé.
    Quoi qu’il en soit, le Post a contacté Forbidden Stories, The Guardian et le Washington Post pour obtenir plus d’informations.
    Ni Forbidden Stories ni The Guardian n’ont répondu malgré de multiples tentatives de solliciter une réponse.
    Pour le Washington Post, le vice-président de la communication, Shani George, a répondu aux questions concernant le nombre de personnes piratées par NSO en dirigeant le Jerusalem Post vers un article de suivi du 24 juillet par le Washington Post et un extrait spécifique.
    Dans cet article, l’extrait spécifique disait : « En réponse au projet Pegasus, NSO a déclaré que la liste de plus de 50 000 numéros de téléphone n’était pas liée à NSO ou à Pegasus et que le nombre était « exagéré » en termes de clients de NSO. Une source familière des opérations de la société a déclaré qu’un client de NSO cible généralement 112 téléphones par an. NSO a déclaré avoir 60 clients dans 40 pays. »
    Sur la base de cet extrait, le Washington Post semble accepter que la plupart des 50 000 numéros figurant sur la liste ne concernent pas nécessairement NSO ou ses clients, même si certains aspects de la liste et des informations divulguées pourraient exposer davantage les méfaits des clients de NSO.
    ENSUITE, QUI a divulgué la liste ?
    NSO elle-même a fait de nombreuses déclarations dans des interviews à Israel Hayom, au Times of India, et a fait certaines implications dans des conversations confidentielles avec le Jerusalem Post.
    D’après tout ce qui précède, la liste de ceux qui ont pu divulguer à Amnesty International, Citizens Lab et au consortium de médias les numéros de téléphone portable, les problèmes de logiciels malveillants et d’autres informations sur NSO comprend : Le Qatar, les militants BDS et les entreprises technologiques concurrentes.
    Certains ont également cité l’absence de numéros de téléphone portable iraniens sur la liste comme un indice que la République islamique aurait pu être impliquée, mais NSO lui-même n’a pas donné suite à cette théorie.
    L’essentiel est que très peu d’entreprises ou même de pays auraient la capacité de pirater certaines des informations divulguées par NSO, de sortir les numéros de téléphone de Macron et d’autres dirigeants nationaux (même s’ils n’ont aucun lien avec NSO) et d’y mêler d’autres informations d’apparence sérieuse, provenant peut-être d’autres cyber-entreprises, pour aider à faire les gros titres).
    WhatsApp-Facebook et certains concurrents de NSO pourraient figurer sur une courte liste de parties ayant la capacité et la motivation de pirater et de divulguer des informations sur NSO (bien que d’autres sources indiquent que le Qatar et les partisans du BDS ont beaucoup plus à gagner de l’attention actuelle portée à NSO).
    WhatsApp est engagé dans un procès coûteux contre NSO. Ce procès a déjà été porté devant une cour d’appel fédérale et risque de traîner pendant trois à dix ans avant d’aboutir à quelque chose.
    Pour en revenir à l’article du Washington Post du 24 juillet (lui-même partiellement basé sur un article du Guardian), il se concentre principalement sur une attaque ouverte du PDG de WhatsApp, Will Cathcart, selon laquelle le rapport du Pegasus Project « correspond à ce que nous avons vu dans l’attaque que nous avons vaincue il y a deux ans », y compris les types de cibles « qui n’avaient pas à être espionnées sous quelque forme que ce soit ».
    Will Cathcart a déclaré que les démentis de Shalev Hulio « ne correspondent pas tous aux faits » que WhatsApp a découverts en enquêtant sur le piratage présumé de son application ces dernières années par le logiciel Pegasus de NSO.
    Le PDG de WhatsApp était prêt à disséquer tous les arguments avancés par NSO pour sa défense.
    Par exemple, concernant le concept selon lequel NSO ne pouvait pas avoir autant de victimes, il a déclaré :  » Ce que nous avons vu, c’est 1 400 victimes sur cette brève période  » de deux semaines, a déclaré Cathcart dans le rapport du Washington Post. « Ce que cela nous dit, c’est que sur une période plus longue, sur une période de plusieurs années, le nombre de personnes attaquées est très élevé. »
    Le fait de rappeler le procès des 1 400 numéros fait également ressortir un point critique : WhatsApp a peut-être plus de données sur les ONS, le fonctionnement de ses logiciels malveillants et la façon de les contrecarrer que quiconque sur la planète, étant donné qu’elle a eu des années pour effectuer des analyses médico-légales sur ses 1 400 appareils pénétrés.
    Cathcart a également mis le doigt sur une incohérence à propos de laquelle le Jerusalem Post a interrogé NSO sans jamais obtenir de réponse complète : Que signifie le fait que NSO offre une assistance technique à ses clients ? Est-il vraiment possible que, lorsqu’elle fournit une assistance technique dans le cadre d’une opération de piratage, elle n’apprenne jamais rien sur l’identité des cibles ? L’argument de NSO selon lequel elle ignore totalement (et non partiellement) les cibles de ses clients peut paraître à certains comme un effort d’imagination.
    Le tribunal du district nord de Californie chargé du procès contre Facebook semblait également penser que NSO avait un certain contrôle sur ce que faisaient ses clients. Ceci était basé sur la propre explication de NSO sur le fonctionnement de sa technologie : les clients doivent seulement entrer un numéro de téléphone portable et la technologie de NSO fait tout le reste automatiquement.
    Ensuite, M. Cathcart de WhatsApp a fait remarquer que ce n’est pas parce qu’il y a cinq ans, NSO n’a pas pu obtenir un meilleur contrôle en temps réel pour empêcher les abus de ses clients (à ce jour, il semble que les contrats soient coupés lorsque des personnes extérieures se plaignent), ou que ses clients n’ont pas pu abuser de la technologie de NSO et la contrôler plus que NSO ne le pense, que cela ne peut pas changer.
    En d’autres termes, il n’y a aucune raison pour que NSO ou ses clients ne puissent pas s’améliorer dans ce domaine d’ici 2021.
    « Eh bien, les logiciels peuvent être modifiés très facilement », a déclaré Cathcart au Guardian. « Alors comment sont-ils sûrs qu’ils ne sont pas modifiés ? Ou est-ce qu’ils l’exploitent eux-mêmes ? »
    Cathcart a également demandé comment le NSO pouvait être certain que Pegasus ne peut pas cibler les numéros +1, ceux avec le code pays des États-Unis.
    « La raison pour laquelle ils sont si sûrs que les numéros américains ne sont pas ciblés, c’est qu’ils l’exploitent eux-mêmes et qu’ils ont la liste [des cibles] ? ». a déclaré Cathcart. « Et si c’est le cas, pourquoi ne sont-ils pas responsables des cas d’abus qui se produisent ? ».
    Les Américains « voyagent à l’étranger, ils ont des numéros à l’étranger, des ambassadeurs, des gens partout dans le monde. La seule protection est vraiment l’indicatif du pays sur votre numéro de téléphone ? C’est un peu fou », a-t-il déclaré. « C’est comme dire que vous allez fabriquer un missile dont vous êtes sûr qu’il n’explosera que dans certaines parties du monde. Ce n’est pas comme ça que les missiles fonctionnent. »
    NSO a déclaré que cibler des Américains est « technologiquement impossible ». Une analogie pourrait être faite avec l’impossibilité de changer un certain type d’horloge pour refléter une journée de 25 heures.
    NSO ne peut pas dire grand-chose sur le blocage du ciblage des Américains avec des téléphones portables étrangers, mais elle pourrait faire valoir que personne ne s’est présenté avec de telles revendications.
    Ensuite, l’article du Washington Post souligne que plusieurs des plus grandes entreprises Internet se sont jointes à la poursuite de WhatsApp dans un mémoire d’amicus curiae au nom de l’entreprise.
    Cathart a même fourni une déclaration finale pour tenter de rallier le monde contre l’OSN et cristalliser toute colère contre elle à partir de ce moment.
    « J’espère que nous n’oublierons pas ce moment….. J’espère que la conversation va changer. Je pense que cela dépend des gouvernements qui reconnaissent la menace pour la sécurité nationale », a-t-il déclaré.
    Rien ne prouve que WhatsApp soit à l’origine du piratage et peut-être que le Qatar ou des membres du mouvement BDS en sont à l’origine.
    En outre, l’ONS n’a pas été frappé uniquement par WhatsApp, mais par une alliance soutenue de géants de la technologie, dont Microsoft et peut-être d’autres.
    Microsoft, ainsi que Google, ont attaqué l’entreprise israélienne Candiru la semaine précédant la publication de l’histoire de NSO en l’accusant de vendre des capacités de piratage de Microsoft Windows.
    S’agit-il vraiment d’une simple coïncidence ?
    WhatsApp a refusé de commenter cette histoire, mais a transmis de nombreux liens vers des tweets et des articles d’opinion écrits par Cathcart pour critiquer NSO.
    LA SEULE bonne nouvelle pour NSO, après qu’elle ait été critiquée dans le monde entier, qu’elle ait fait l’objet d’un examen minutieux de la part du Ministère de la Défense et qu’elle ait probablement été forcée de mettre fin à certains contrats, est qu’il semble que l’establishment de la défense ne soit pas encore prêt à mettre fin à ses activités.
    Environ trois semaines après que le scandale ait éclaté, la commission des affaires étrangères de la Knesset s’est contentée d’une déclaration générale sur l’examen de la question.
    Toutefois, le Jerusalem Post croit savoir que la Knesset reste en retrait sur cette question et fait confiance à l’establishment de la défense pour la traiter à son propre rythme. Cela signifie qu’il n’y aura pas d’audiences publiques embarrassantes qui viseront à tuer les politiques dans un avenir proche.
    Le ministre de la défense Benny Gantz s’est déjà rendu en France pour plaider la cause de NSO et se porter garant qu’elle n’était pas impliquée dans une conspiration contre Macron.
    Bien que le ministère ait visité les bureaux de NSO pour enquêter, avec le Mossad, les services de renseignement de Tsahal et d’autres, tous les signaux indiquent que cette visite, ainsi que la suppression de quelques contrats, visent à montrer que la question est prise au sérieux, et non à mettre fin à NSO.
    Cela ne devrait pas être une surprise après que le Jerusalem Post ait rapporté en juillet 2020 que près de deux douzaines de fonctionnaires du ministère de la Défense se sont présentés à une audience pour convaincre le tribunal de district de Tel Aviv de ne pas interférer avec la licence d’exportation de NSO, malgré tous ses inconvénients (le tribunal a statué en faveur de NSO).
    NSO a également pris un grand coup stratégique sur le plan économique. Le chaos règne entre les trois principaux investisseurs de NSO, Novalpina, ce qui a conduit des investisseurs extérieurs à prendre le contrôle du fonds et à chercher une vente immédiate.
    Tout cela pourrait mettre fin ou ralentir les plans de NSO visant à atteindre de nouveaux sommets en entrant en bourse. Et ce après avoir consacré deux ans de travail à un rapport de transparence publié à la mi-juillet, qui était censé ouvrir la voie vers cet objectif.
    Tout ceci intervient alors que NSO venait de passer à Novalpina en 2019 après avoir connu une crise similaire avec son investisseur global d’origine depuis 2014, Francisco Partners.
    Selon les informations, NSO a de nouveaux investisseurs qui veulent remplacer Novalpina.
    L’entreprise survivra donc. Mais rien de tout cela n’était gratuit, et NSO n’était clairement pas prête pour les blessures diplomatiques et économiques qu’elle a reçues.
    La grande question concernant l’avenir de NSO est de savoir si Israël continuera à l’utiliser comme un outil de politique étrangère pour attirer les pays non démocratiques à se normaliser et à s’associer avec l’État juif, ou si, avec la normalisation avec quatre pays dans le sac à partir de 2020 et une nouvelle administration américaine axée sur les droits de l’homme, Jérusalem demandera à NSO de s’en tenir à des clients plus démocratiques et plus honnêtes.
    En d’autres termes, le Jerusalem Post sait que NSO a été un élément, parmi d’autres, qui a contribué à la normalisation avec les pays du Golfe d’ici 2020, sous l’ère Netanyahu-Trump.
    Mais que ce soit la bonne ou la mauvaise décision à l’époque, après la normalisation en 2021 sous l’ère Bennett-Biden, Israël pourrait décider que ce n’est définitivement pas la bonne trajectoire pour l’avenir. Le Jerusalem Post a obtenu des signaux contradictoires de différentes sources, de sorte que la réponse pourrait être que le gouvernement n’est toujours pas sûr de sa décision finale.
    Selon Haaretz, Daniel Reisner, l’un des principaux avocats du cabinet Herzog, Fox & Neeman, mais surtout l’ancien chef du département de droit international des FDI et un initié de longue date de l’establishment de la défense, a récemment organisé une réunion pour NSO, Candiru et plusieurs autres cyber-entreprises israéliennes.
    Le Jerusalem Post a appris que cette réunion n’a pas eu lieu. Mais le simple fait de parler d’une telle réunion montre que la stratégie de l’industrie cybernétique israélienne est axée sur l’avenir et non sur la fermeture.
    Que les nouvelles règles soient une réorientation radicale pour s’éloigner de certains régimes non démocratiques ou simplement une pause et un avertissement pour être plus prudent jusqu’à ce que la tempête se calme aura un impact important non seulement sur NSO mais aussi sur l’avenir de la cybernétique, de la diplomatie publique et de la diplomatie d’Israël.
    The jerusalem Post, 05/08/2021
  • Le logiciel Pegasus menace les démocraties du monde entier

    Israël, Pegasus, Espionnage, NSO Group, #Pegasus, #Israël,

    Israël est mécontent de Ben & Jerry’s, qui ne veut plus vendre de glaces dans les territoires occupés, écrit le journaliste de MO* Peter Speetjens. Le reste du monde concentre son indignation sur le logiciel espion Pegasus qu’Israël a vendu à toutes sortes de régimes autoritaires. Ce serait une grave erreur que de considérer avec cynisme qu’il s’agit d’une nouvelle variante technologique d’un jeu ancestral.

    Le 19 juillet, le producteur Ben & Jerry’s a annoncé qu’il ne vendrait plus de crème glacée dans les territoires palestiniens occupés, car cela contredit les valeurs défendues par l’entreprise. Cette décision a suscité une vague d’indignation en Israël.

    « Le boycott d’Israël – une démocratie entourée d’îlots de terreur – reflète la façon dont [le monde] s’est égaré « , a déclaré le Premier ministre israélien Naftali Bennett. Le ministre israélien des Affaires étrangères, Yair Lapid, a parlé d’une « reddition honteuse » face à l’antisémitisme et au mouvement international de boycott BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions).

    Le 28 juillet, 90 des 120 membres de la Knesset, le parlement de l’État d’Israël, ont signé une lettre ouverte à Ben & Jerry’s lui demandant d’annuler « le boycott des villages et des villes d’Israël ». Il est frappant de constater que, bien que Ben & Jerry’s souhaite uniquement cesser de vendre des glaces dans les territoires occupés, cette décision est présentée comme une attaque contre l’État d’Israël tout entier.

    En revanche, les logiciels d’espionnage qu’Israël a vendus à de nombreux régimes autoritaires ont suscité beaucoup moins d’indignation. Tirant son nom du cheval ailé de la mythologie grecque, Pegasus permet d’accéder à n’importe quel téléphone mobile, où qu’il soit. Le logiciel peut même activer le microphone et l’appareil photo à l’insu du propriétaire du téléphone.

    Pegasus est l’idée du groupe NSO, l’une des dizaines d’entreprises israéliennes spécialisées dans la surveillance et la cybersécurité. Selon NSO, le programme ne sert qu’à combattre les « criminels et les terroristes » et c’est pourquoi il n’est vendu qu’aux gouvernements qui respectent les droits de l’homme.

    En ce qui concerne ce dernier point, il suffit de mentionner les pays connus pour avoir acheté la « drogue du cheval » israélienne : Mexique, Azerbaïdjan, Kazakhstan, Hongrie, Inde, Émirats arabes unis (EAU), Arabie saoudite, Bahreïn, Maroc, Rwanda et Togo. Aucun de ces pays n’est connu comme un modèle de démocratie et de droits de l’homme.

    Les recherches menées par Forbidden Stories et Amnesty International, en coopération avec 17 organisations de médias, montrent également que les « criminels et les terroristes » sont loin d’être les principales cibles du logiciel espion Pegasus.

    À partir d’une liste de plus de 50 000 numéros de téléphone sélectionnés par les clients de NSO qui a fait l’objet d’une fuite, le projet Pegasus a pu découvrir l’identité de 1400 numéros. Parmi eux : quelque 180 journalistes et 250 militants des droits de l’homme.

    La plateforme médiatique libanaise Daraj, pour laquelle je travaille également, était l’un des partenaires du projet et a concentré ses recherches principalement sur le monde arabe, où se trouvent certains des principaux utilisateurs du logiciel : les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite et le Maroc.

    Les Émirats arabes unis et le Maroc avaient chacun environ 10 000 numéros de téléphone sur la liste. Un passe-temps coûteux. Selon une liste de prix de 2016, NSO a facturé 650 000 dollars pour infiltrer 10 téléphones, en plus des 500 000 dollars de frais d’installation et des frais de maintenance annuels de 17 %. Une centaine de cibles supplémentaires coûte 800 000 dollars.

    Les EAU avaient jusqu’à 3 000 numéros au Qatar sur la liste, dont celui de l’émir lui-même et du journaliste jordanien Yasser Abu Hilala, qui a dirigé Al Jazeera de 2014 à 2018. On ne sait pas encore à qui appartenaient les autres numéros.

    En Irak, les EAU ont suivi des hommes politiques, des ministres, des parlementaires, des agents de renseignement, des ambassadeurs et le chef spirituel Sayed Ali al-Sistani. Un autre numéro important de la liste était celui de l’actuel Premier ministre du Kurdistan irakien, Masrour Barzani.

    Au Yémen et en Égypte, le Premier ministre et presque tous les ministres ont été surveillés. Les Saoudiens ont fait de même avec les ministres égyptiens, notamment au moment du sommet arabe de 2019 à Tunis.

    Mais le pouvoir du téléphone portable en tant qu’oreille et œil d’autrui va bien au-delà de l’arène politique. Le 4 mars 2018, les garde-côtes indiens ont arrêté la princesse Latifa, fille du cheikh Mohamed bin Rashid Al Maktoum de Dubaï, et l’ont renvoyée chez elle. Elle avait fui la chefferie en yacht quelques jours auparavant. La sixième épouse du cheikh Maktoum, la princesse Haya, a eu plus de succès lorsqu’elle s’est enfuie en Angleterre un an plus tard. Le projet Pegasus montre comment les EAU, après leur vol, ont mis sur écoute les téléphones des deux femmes et de leur cercle d’amis.

    Les services de renseignement saoudiens ont fait de même avec le téléphone du journaliste Jamal Khashoggi juste avant son assassinat à Istanbul le 2 octobre 2018. Les autorités marocaines ont également ciblé des journalistes et des opposants en utilisant le logiciel espion NSO. MO* en a parlé plus tôt cette année dans une interview avec le militant égyptien de la vie privée Ramy Raoof.

    Les EAU ont également pris pour cible des journalistes internationaux tels que Bradley Hope du Wall Street Journal, Simon Kerr du Financial Times et Greg Carstorm de The Economist. Ils ont également suivi la militante des droits de l’homme Alaa Siddiq, décédée dans un accident de voiture le 19 juin, et son patron Yahya Asiri. Ahmed Mansour, emprisonné depuis 2017 pour avoir « diffusé des mensonges », et des militants saoudiens tels que Loujain Al-Hathloul, Omar Abdulaziz et Ghanem Al-Dosari ont également été espionnés.
    Alors, que devons-nous penser de Pegasus ? s’interroge l’écrivain indien Arundhati Roy dans un essai pour The Guardian. Le rejet cynique de ce projet comme une nouvelle variation technologique d’un jeu séculaire (…) serait une grave erreur. Nos téléphones portables font partie de notre intimité. Les révélations du projet Pegasus montrent que la menace potentielle est plus répandue que toute autre forme d’espionnage et de surveillance ».

    L’Inde aussi a fait un usage enthousiaste de Pegasus. Et là encore, il ne s’agissait guère de « criminels et de terroristes ». Selon M. Roy, les quelque 1 000 numéros de téléphone figurant sur la liste constituent un véritable annuaire des opposants au programme nationaliste hindou dans le pays.

    Nous nous dirigeons vers une situation où nous sommes dirigés par des États qui savent tout ce qu’il y a à savoir sur le peuple, mais dont le peuple sait de moins en moins de choses », a déclaré M. Roy. Cette asymétrie ne peut mener que dans une seule direction. Le mal. Et la fin de la démocratie ».

    La fin de la démocratie. C’est plutôt ironique pour un pays qui aime se présenter comme « la seule démocratie du Moyen-Orient ». Une démocratie qui, en fait, fournit à des pays comme les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite et le Maroc les oreilles et les yeux nécessaires pour étouffer dans l’œuf les développements démocratiques.

    Une démocratie qui ne peut être appelée ainsi que si l’on fait abstraction des millions de Palestiniens qui vivent à Gaza et en Cisjordanie sous la botte militaire israélienne.

    Et c’est là que le boycott de Ben & Jerry’s et Pegasus se rencontrent. Ils sont tous deux issus de l’occupation militaire. Le logiciel espion a été développé pour opprimer les gens là-bas. Au début de l’année, MO* a publié une analyse sur la manière dont Israël menace également la vie privée de ses propres citoyens.
    L’occupation militaire est comme un énorme éléphant dans l’armoire à porcelaine israélienne. Et le scandale qui entoure Pegasus n’a fait que donner à Ben & Jerry’s une raison supplémentaire de ne pas vendre de crème glacée dans les territoires occupés.

    MO, 04/08/2021

  • Le Canard Enchaîné sur El Hammouchi : Rabat, les oreilles


    Maroc, Abdellatif El Hammouchi, espionnage, Pegasus, #Maroc #Pegasus

    Abdellatif El Hammouchi : Rabat, les oreilles

    Le Patron des services de sécurité marocains écoute beaucoup, et, avec l’affaire Pegasus, il entend ses oreilles siffler.
    Ah, les furtives amours tarifées, les lâchetés, les mensonges, les misérables petits tas de secrets des voisins, beaucoup s’en délectent, certains y consacrent leur vie. Abdellatif El Hammouchi, par exemple, le patron de la sécurité marocaine, véritable caïd du renseignement. Des dossiers sur tout le monde, de la star du foot à un intime du roi, du parlementaire zélé au moindre petit gars trop bavard des faubourgs de Rabat ?
    Oui, bien sûr, c’est la base du boulot, l’âme humaine est faible, le peuple inconstant, c’est si facile de lui montrer la tête, une révolte est vite arrivée, autant éviter. Hammouchi est un humaniste à sa façon.
    Une grande carcasse, un visage tout en longueur, tantôt sinistre, tantôt d’une grande jovialité, une presse qui l’encense sans craindre le ridicule parce qu’elle n’a pas d’autre choix, c’est fou ce qu’il fait peur. Il ne dort presque pas, n’a pas de loisirs : espionner, écouter, piéger, chasser la dissidence, la flairer avant même qu’elle ne naisse, c’est un métier à plein temps.
    « Jamais dans l’histoire du Maroc un flic n’a disposé d’un tel pouvoir. Hammouchi a une double casquette, sécurité, intérieur et services secrets. Personne du temps de Hassan II n’était aussi puissant. Il est dans les murs depuis 30 ans, discret, efficace, apprécié, incontournable », raconte un diplomate français. A-t-il fait écouter Emmanuel Macron, Edouard Philip, Jean-Yves Le Drian et son propre patron, Mohammed VI, via le fameux logiciel espion Pegasus ? Aucun bon connaisseur du Maroc l’écarte.
    Surveillance tous azimuts
    « Tout le monde écoute le monde. Les pudeurs de chaisière des officiels français qui s’en vont répétant que, « si les faits sont avérés, tout cela est d’une extrême gravité » font sourire, dans le monde du renseignement. Les Etats-Unis ont écouté l’Elysée pendant des années depuis le dernier étage de l’ambassade, ils ont fait la même chose avec les allemands, et même avec leurs grands amis britanniques. Ce qui gêne toujours les Etats, c’est quand ces pratiques arrivent sur la place publique, ce qui oblige à des réactions diplomatiques alambiquées », s’amuse un ancien de la DGSE.
    La probabilité que Hammouchi ait fait écouter « M6 » n’émeut pas grand monde. « Si Hammouchi a donné cet ordre, c’est dans le but de protéger la monarchie. Mohammed VI est devenue trop proche de trois boxeurs allemands d’origine marocaine, qui affichent leur proximité avec lui sur les réseaux sociaux, leur opulence, leur arrogance. Cela choque profondément les élites du pays, et Hammouchi est inquiet de cette dérive », raconte le journaliste Ignacio cembrero, grand spécialiste du Maroc. « Il n’a pas fait ses études au Collège Royal, comme la quasi totalité des proches du roi, il est donc une sorte d’intrus et profite évidemment du fait que, dans le fonds, M6 n’est pas intéressé par le pouvoir, mais par la fête et la bamboche », rappelle Jean-Pierre Tuquoi, auteur d’un livre très sévère sur Mohammed VI, « Le Dernier Roi. Crépuscule d’une dynastie » (Grasset).
    Hammouchi a toujours pu dormir ses deux oreilles. Accusé par plusieurs Marocains et par certaines ONG de tortures, il a été défendu bec et ongles par le roi. En 2014, une juge d’instruction française tente de le convoquer à la suite d’une plainte déposée contre lui. S’ensuit une brouille d’une année entre la France et le Maroc, qui se termine par un amendement ajouté à la convention franco-marocaine d’entraide pénale, garantissant à Rabat la plus grande tranquillité en cas de plainte sur le sol français. Dans la foulée, l’offense se voir promette une breloque : officier de la Légion d’honneur. Bernard Cazenave, à qui échoit en 2015 le douteux privilège de la lui remettre, n’apprécie guère. « Il ne voyait pas pourquoi il devait s’y coller, lui », s’amuse l’un de ses anciens collaborateurs. Les socialistes espagnols l’ont également décoré de la de l’ordre de la Guardia Civil.
    Un allié indispensable
    Pourquoi tant de prévenance ? L’homme est une source unique de renseignement sur le monde du djihadisme. « Juste après les attentats de Casablanca, en 2003, Hammouchi a eu l’intuition qu’il s’agissait là d’un sujet central. Il s’est investi à fond dans l’étude des mouvances radicales. Sa connaissance du sujet en fait un interlocuteur très soutenu en France, en Espagne, mais aussi aux Etats-Unis, assure Vincent Hugueux, auteur de « Tyrans d’Afrique » (Perrin).
    La France a trop besoin de ses lumières et de son soutien pour l’opération Barkhane, pour faire contrepoids aux Algériens ; qui jouent double jeu dans le nord du Mali. Les services de Hammouchi surveillent en plus les imams marocains qui forment les imams français, et c’est un allié contre les Turcs, qui obsèdent Macron », précise Antoine Glaser, fondateur de « La Lettre du continent » et spécialiste de la Françafrique.
    « S’il faut sacrifier quelqu’un, ce seront des lampistes qui paieront », rigole un diplomate. Ça tombe bien, leurs dossiers sont déjà prêts.
    Anne-Sophie Mercier

    Le Canard enchaîné

  • L’agenda espionné de Cembrero était intéressant pour le Maroc

    Espagne, Ignacio Cembrero, espionnage, Pegasus, Maroc, #Maroc #Pegasus

    L’agenda espionné de Cembrero comprenait les noms de membres du gouvernement, de militants, de réfugiés et d’exilés marocains.
    Le journaliste expert du Maghreb dénonce l’espionnage de Pegasus au Parquet.

    Le journaliste Ignacio Cembrero, l’un des principaux spécialistes européens de l’information sur le monde arabe et plus particulièrement sur le Maghreb, a demandé au ministère public d’identifier les responsables de l’espionnage dont il a été victime, après avoir appris qu’il figurait sur la liste des cibles surveillées par les autorités marocaines à l’aide du logiciel « Pegasus ».

    Dans une récente interview accordée à ElPlural.com, M. Cembrero a accusé directement et sans équivoque les services secrets marocains, soulignant que le Maroc avait « une longue histoire d’espionnage de nombre de ses exilés ». C’est précisément en raison de son travail d’information que le journaliste a été dénoncé à plusieurs reprises par les autorités marocaines, qui ont intenté des procès qui ont toujours été classés sans suite.

    Aujourd’hui, les rôles sont inversés et c’est Ignacio Cembrero lui-même qui a dénoncé l’affaire d’espionnage dont il a fait l’objet devant le ministère public.

    Le vendredi 16 juillet, Ignacio Cembrero a reçu un appel téléphonique de l’équipe de Forbidden Stories, qui l’a informé que son numéro de téléphone avait été inclus dans la liste des cibles du logiciel malveillant « Pegasus » par les autorités marocaines.

    Logiciel de piratage mobile

    Le logiciel est délibérément envoyé sur les téléphones mobiles, où il s’infiltre et prend possession du contenu du téléphone, surveillant les mouvements de l’utilisateur sur le combiné infecté. Les opérateurs peuvent également activer à distance la caméra ou le microphone.

    L’agenda convoité de Cembrero

    L’objectif principal dans le cas du journaliste espagnol était, comme le lui a expliqué son interlocuteur, et sans préjudice d’autres intrusions, de faire une copie de sa liste de contacts, une liste convoitée qui comprend des hauts fonctionnaires, des membres du gouvernement espagnol, des diplomates, des militants, des réfugiés et des exilés marocains.

    Des informations publiées par la suite dans la presse européenne indiquent que l’espionnage a été initié par la Direction Générale de Surveillance du Territoire, l’une des autorités de police opérant au Maroc. Elle dispose également de personnes stationnées en Espagne pour effectuer des travaux de renseignement.

    Contexte

    L’apparition de son nom sur la liste n’a pas été une surprise pour le journaliste espagnol. Le 20 juin 2021, le journal en ligne Maroc-Diplomatique, favorable aux autorités marocaines, a publié un article intitulé « Ignacio Cembrero : l’ectoplasme de la Moncloa ». Il y mentionne qu’il a tenu des « séances de remue-méninges » avec un membre du gouvernement espagnol et des hauts fonctionnaires de l’administration de l’État. Dans l’avant-dernier paragraphe, l’article comprenait un commentaire du journaliste adressé à ces interlocuteurs en relation avec la crise diplomatique entre l’Espagne et le Maroc. Le commentaire de Cembrero a seulement été envoyé par le journaliste via WhatsApp à quelques destinataires. L’auteur de l’article, en somme, n’aurait pu obtenir ces informations qu’en lisant le contenu de leurs messages.

    Le 22 juillet, Ignacio Cembrero a été photographié alors qu’il parlait au journaliste José Antonio Lisbona à Madrid. Les deux hommes se sont rencontrés par hasard et discutaient, lorsqu’un homme s’est approché d’eux et les a photographiés avec un téléphone portable.

    Ce n’est pas la première fois qu’Ignacio Cembrero est victime des tactiques d’espionnage marocaines. En avril 2014, il a été usurpé d’identité sur Facebook et a reçu des menaces de mort qui ont été signalées à la brigade d’investigation technologique. Un an plus tard, il a été suivi et photographié dans des cafés de Madrid et de Paris, avec des clichés qui ont été publiés par des journaux marocains favorables aux autorités. Ils ont également été utilisés pour réaliser un photomontage, publié dans la presse marocaine, le montrant assis à côté du prince Moulay Hicham, considéré comme le membre dévoyé de la famille royale.

    Depuis l’aggravation de la crise entre l’Espagne et le Maroc en mai dernier, la presse marocaine lui a consacré des articles virulents, parfois insultants, l’accusant d’être à la solde de La Moncloa ou du régime algérien, ce qui pourrait être une réponse aux analyses publiées par le journaliste dans El Confidencial.

    Soutien de RSF

    Reporters sans frontières a apporté son soutien au journaliste et a dénoncé « Le harcèlement qu’Ignacio Cembrero subit depuis des années de la part des autorités marocaines a franchi une étape supplémentaire avec l’espionnage de son téléphone portable. RSF le soutient et le soutiendra, tant en Espagne qu’au niveau international, partout où il aura besoin de nous, comme nous le ferons avec les 200 journalistes victimes du tristement célèbre logiciel Pegasus. Nous ne nous arrêterons pas tant que justice ne sera pas rendue, dans chaque cas et dans chaque pays où nous pouvons agir », déclare Alfonso Armada, président de RSF Espagne.

    Dénonciation de la société israélienne à l’origine du logiciel malveillant

    RSF, qui dénonce depuis quatre ans la société israélienne NSO, auteur du logiciel malveillant d’espionnage, a publié une liste de recommandations à l’intention des journalistes qui ont subi une situation similaire ou qui pensent avoir été victimes de Pegasus.

    Le Maroc est classé 136e sur 180 pays dans le classement mondial de la liberté de la presse de RSF. Reporters sans frontières soutient sans réserve le journaliste dans sa lutte contre l’espionnage de masse, tant dans ses actions en Espagne que dans celles que l’organisation prépare au niveau international.