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  • Espagne : Le CNI prévient contre un autre « cas Pegasus »

    Espagne : Le CNI prévient contre un autre « cas Pegasus »

    Tags : Espagne, Pegasus, espionnage, Maroc, NSO Group,

    Le CNI donne des directives pour éviter un autre « cas Pegasus » sur les téléphones du gouvernement
    Les services secrets rappellent aux ministres et hauts fonctionnaires qu’ils ne peuvent utiliser que des terminaux « homologués et configurés » par leurs experts en cryptologie
    Oscar Lopez-Fonseca
    OSCAR LOPEZ-FONSECA

    Le Centre national de renseignement (CNI) a récemment transmis aux principales agences et institutions de l’État un document contenant des consignes de sécurité obligatoires pour protéger les téléphones portables des hauts responsables de l’administration et du gouvernement par lesquels circulent des « informations classifiées nationales » et, en général,  » information sensible ». Le document, de diffusion limitée et auquel EL PAÍS a eu accès, indique que l’objectif est de s’assurer que les terminaux sont « résistants aux différentes menaces pouvant affecter la sécurité des informations traitées ou le système lui-même, telles que les attaques de logiciels espions », dont il donne comme exemple Pegasus, le programme d’origine israélienne utilisé pour infecter les téléphones portables de Pedro Sánchez et de trois de ses ministres, le chef de l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska ; Défense, Margarita Robles, et Agriculture, Luis Planas.

    L’initiative des services secrets survient précisément 10 mois après que l’exécutif a rendu public qu’en mai 2021, il y avait eu une intrusion dans les téléphones de ces quatre membres du gouvernement. L’événement fait depuis l’objet d’une enquête par le juge du Tribunal national José Luis Calama pour un éventuel crime de découverte et de divulgation de secrets. Le document CNI avec les lignes directrices, daté de ce mois et long de 13 pages, a été préparé par le Centre national de cryptologie (CNN), une organisation dépendante des services secrets et dont les fonctions sont « la sécurité des technologies de l’information de l’administration qui traite , stocker ou transmettre des informations sous forme électronique » qui « nécessitent une protection et comprennent des moyens de cryptage ». Le CCN élabore les normes de cybersécurité, forme le personnel et certifie la fiabilité de la technologie utilisée au sein du Gouvernement.

    Dans ce sens, le document se concentre sur les terminaux téléphoniques, qu’il qualifie de « composant le plus critique car le plus exposé aux menaces provenant, d’une part, de la perte, du vol ou de la manipulation de l’appareil et, d’autre part, d’autre part, à l’exposition par connexion directe à des réseaux non sécurisés », parmi lesquels il cite les réseaux Wi-Fi des « aéroports, cafétérias, hôtels, etc. ». Le document rappelle aux hauts fonctionnaires et aux membres du gouvernement qu’ils sont tenus d’utiliser exclusivement des « appareils mobiles homologués et correctement configurés » – c’est-à-dire préalablement approuvés par les experts du CCN – conformément aux normes contenues dans une instruction préparée par le service lui-même. secrète et baptisée CCN-STIC-496, qui a été publiée en avril 2021, peu avant, justement, les infections survenues sur les mobiles des membres du Gouvernement.

    Les services secrets soulignent que les hauts fonctionnaires de l’Administration doivent utiliser pour leurs communications officielles uniquement les terminaux appelés COBO (Corporate Owned Business Only), mis à la disposition de l’utilisateur par l’administration elle-même pour l’exercice de leurs fonctions. « L’utilisateur ne peut pas utiliser l’appareil mobile de l’entreprise à des fins personnelles », souligne le document. Ces terminaux ont leurs communications « restreintes » et ne peuvent contacter que d’autres téléphones d’administration faisant partie du réseau sécurisé. Il leur est également interdit d’effectuer des mises à jour automatiques du système d’exploitation ou de télécharger des applications commerciales « en raison du risque élevé que les deux connexions comportent ».

    Le document du Centre national de cryptologie analyse les possibilités et les risques de « l’utilisation de la technologie 5G à usage gouvernemental », dont il avertit que, bien qu’il « offre de nouvelles possibilités en matière de sécurité et de protection des communications », dans ces Actuellement , l’évaluation et la certification de ces avantages supposés « est très complexe, elle n’est pas mature et on ne s’attend pas à ce qu’elle le soit à court terme », raison pour laquelle elle s’engage à maintenir pour l’instant « des mesures classiques ». Pour cette raison, elle souligne à plusieurs reprises que l’utilisation de terminaux « évalués et certifiés de manière fiable et véridique » continue d’être essentielle pour garantir la confidentialité des communications, même si elle admet que cela ne suffit pas. Et il souligne la nécessité d’adopter d’autres mesures, telles que l’utilisation d’ »un système d’exploitation autre que commercial » dans le but que « toutes les communications parviennent à l’organisation par un tunnel [terme utilisé pour désigner le gouvernement et d’autres institutions de l’État] d’accéder aux différents services, empêchant ainsi tout accès direct à Internet depuis le terminal et inversement ».

    En effet, les experts soulignent que les connexions Internet réalisées à partir de ces téléphones se font « à travers une zone d’interconnexion sécurisée contrôlée par l’organisme » afin qu’il soit « beaucoup plus facile de surveiller » d’éventuelles fuites d’informations sensibles ou de détecter un fonctionnement anormal du terminal. c’est un symptôme de ce dernier. Dans ce sens, la nouvelle directive de sécurité stipule que tous les téléphones des hautes institutions du pays doivent utiliser exclusivement un pare-feu (un pare-feu, un système de sécurité qui restreint le trafic Internet entrant ou sortant ou au sein d’un réseau privé) de « l’organisation » et non d’autres qui sont commercialisés. L’objectif est d’empêcher une faille de sécurité qui permettrait à des programmes potentiellement dangereux tels que Pegasus d’entrer.

    La directive rappelle que les « applications de communications mobiles sécurisées » qui cryptent les informations – en référence aux applications de messagerie instantanée telles que Telegram ou Signal – sur les téléphones non visas « n’offrent par elles-mêmes aucune protection contre les programmes espions », en plus de ne protégeant pas le terminal « contre d’autres types d’attaques », comme la « modification malveillante d’autres applications » déjà installées sur l’appareil. Par conséquent, il interdit son utilisation pour la transmission d’informations sensibles.

    El Pais, 20 FÉV 2023

    #Espagne #Espionnage #Pegasus #CNI

  • Le Maroc violemment attaquée par Marianne

    Tags : Maroc, France, Pegasus, espionnage, corruption, Parlement Européen,

    Les relations entre la France et le Maroc suscitent beaucoup de questionnement ces dernières semaines, et intéresse particulièrement la presse française. L’hebdomadaire français « Marianne » a consacré une partie de son édition de cette semaine du 16 au 22 février 2023 aux conflits entre l’hexagone et le royaume chérifien.

    Après les informations du quotidien Le Figaro sur des mandats d’arrêts qui viseraient plusieurs responsables marocains, en lien avec le scandale de corruption au Parlement européen, c’est au tour du magazine « Marianne », qui a consacré la couverture de son édition, du 16 au 22 février,  aux relations maroco-francaises , intitulé « Espionnage, groupes de pression, scandales, drogue et immigration : comment le Maroc nous tient ? ».

    L’hebdomadaire détaille que le Maroc bénéficie d’un « traitement de faveur » de la part de la France. Ce qui, précise-t-on, n’empêche pas Rabat d’étendre son influence en France.

    « L’indignation suscitée l’été 2021 par les révélations de ces pratiques s’est comme dissipée. Qui s’en inquiète depuis ? », se demande le journal français, faisant allusion à l’affaire Pegasus. Un scandale dans lequel les autorités marocaines sont accusées d’avoir espionné plusieurs officiels français, dont le Président francais, Emmanuel Macron le. Une affaire qui a fait grand bruit, même si Rabat a toujours nié son implication.

    De plus, Marianne a évoqué le scandale au sein du Parlement européen. Une affaire qui a fait grand bruit, dans laquelle le Maroc est accusé d’avoir corrompu des élus pour faire voter à Bruxelles des lois en sa faveur.

  • Pegasus: le Maroc débouté des plaintes déposées en France

    Pegasus: le Maroc débouté des plaintes déposées en France

    Tags : Maroc, France, Pegasus, espionnage, Emmanuel Macron,

    Le Maroc a été débouté des 15 plaintes qui avaient été déposées depuis juillet 2021 suite à l’affaire Pegasus.
    En 2021, une grande enquête avait révélé que Rabat a mis sur écoutes via le logiciel d’espionnage fabriqué par la société israélienne NSO, des personnalités politiques, des journalistes et des ONG françaises. Toutes les plaintes déposées par le Maroc ont été jugées irrecevables en France. Un consortium de journalistes et Amnesty international ont démontré qu’il y a « des éléments techniques qui prouvent l’écoute ».

    Selon l’enquête, hormis les traces de Pegasus sur les IPhone, sur les 30 téléphones analysés, deux adresses se trouvaient bien au Maroc. En effet, les serveurs utilisés renvoient vers des adresses mails situées dans ce pays. En 2021, une enquête internationale avait révélé qu’au moins 50 000 personnes étaient surveillées par une douzaine d’États grâce à un logiciel israélien. Pegasus permet de prendre le contrôle d’un téléphone, donne accès à l’intégralité du contenu de l’appareil ainsi qu’à son microphone et sa caméra. Parmi les pays utilisateurs : le Maroc.

    La justice française se prononcera le 15 avril prochain.

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    Le Parlement européen interdit l’accès à son siège aux représentants du Maroc

    Le Parlement européen a adopté une résolution interdisant aux représentants marocains d’entrer dans son siège jusqu’à la fin des enquêtes des autorités belges sur l’affaire des pots-de-vin versés par le régime marocain à des membres de l’institution européenne, un scandale connu dans les médias sous le nom de « Marocgate ».

    La résolution a été votée par une majorité de 401 députés européens. Le texte souligne la « détermination du Parlement européen à enquêter pleinement sur les affaires de corruption » visant à influencer l’institution législative européenne.

    Dans la résolution, les eurodéputés ont exprimé leur « profonde inquiétude face aux actes de corruption » des autorités marocaines.

    Ils réaffirment aussi qu’ »ils ne feront preuve d’aucune tolérance à l’égard de la corruption sous quelque forme que ce soit et insistent sur le fait que le Parlement doit faire preuve d’une unité sans équivoque et d’une détermination inébranlable à cet égard ».

    Les eurodéputés ont demandé aussi jeudi, « plus de réformes basées sur les annonces de la Conférence des présidents, et la création rapide d’un organe d’éthique indépendant de l’UE ».

    Cet organisme « devra établir une distinction claire entre les actes criminels, les infractions aux règles institutionnelles et les comportements contraires à l’éthique », explique le texte. Il jouera un rôle clé dans la protection des lanceurs d’alerte au sein des institutions de l’UE tout en travaillant de manière complémentaire avec d’autres organismes de l’UE tels que l’Office européen de lutte antifraude (OLAF), le Parquet européen, le Médiateur et la Cour des comptes européenne.

    Pour rappel, le 19 janvier dernier, le Parlement européen a adopté, pour la première fois en vingt-cinq ans, une résolution appelant le Maroc à respecter la liberté des médias et à libérer tous les prisonniers politiques et les journalistes emprisonnés.

    Une semaine après l’approbation de ce texte, dans une lettre adressée à la présidente de l’institution européenne, la Maltaise Roberta Metsola, une trentaine d’eurodéputés ont réclamé des sanctions à l’encontre du Maroc.

    Ils avaient justifié leur requête par « les ingérences » du Maroc « dans le processus démocratique au Parlement européen, moyennant la corruption ».

    Le scandale du « Marocgate » a éclaté après l’arrestation de l’ancien eurodéputé Pier Antonio Panzeri en Belgique, dans le cadre d’une enquête qui a secoué l’institution.

    Il est accusé d’implication politique avec d’autres représentants européens en faveur de puissances étrangères, dirigées par le Maroc, en échange de sommes d’argent.

    #Maroc #Pegasus #France #Espionnage

  • « Team Jorge », le roi de la désinfomation et le piratage

    Tags : réseaux sociaux, faux comptes, manipulation, fake news, diffamation, trolls, Forbidden Stories,

    L’agence israélienne « Team Jorge » répand la désinformation dans le monde entier depuis des années avec un système sophistiqué de faux comptes pour manipuler les réseaux sociaux. La société fantôme opère complètement sous le radar, mais a été révélée grâce à une opération d’infiltration par des journalistes.

    Beaucoup d’encre a déjà coulé sur le danger de la désinformation en ligne et des fausses nouvelles. Mais une enquête mondiale sur la cyber-industrie responsable des campagnes de diffamation, des armées de trolls et du trucage des élections n’avait jamais eu lieu. C’est pourquoi l’association parisienne Forbidden Stories, qui poursuit le travail des journalistes menacés ou assassinés, s’est associée à 30 médias – dont Knack et Le Soir. Avec la même équipe de journalistes, nous avions déjà exposé en 2021 comment le logiciel espion Pegasus du groupe NSO était abusé pour espionner les journalistes.

    En mémoire du journaliste indien assassiné Gauri Lankesh, nous avons lancé le projet #StoryKillers, une enquête sur les mercenaires de désinformation. Il a débuté par une réunion de partenaires médias à Paris en juin 2022. Lors d’une séance de brainstorming sur la manière de cartographier l’industrie obscure et mystérieuse de la désinformation, l’idée d’une opération d’infiltration est née. Et si nous faisions semblant d’être des clients potentiels afin d’approcher des entreprises qui vendent des services de désinformation ?

    « Interférence dans 33 élections présidentielles »

    « Nous sommes les représentants d’un client potentiel d’un pays africain. Pouvez-vous nous aider à reporter les élections ? Sous cette couverture, nos collègues de TheMarker, Radio France et Haaretz ont réussi à contacter un acteur secret de l’industrie de la désinformation par l’intermédiaire. Et le poisson a mordu. Au cours des six derniers mois, l’équipe d’infiltration a eu plusieurs réunions – en ligne et en face-à-face – avec une agence qui ne devient publique (et toujours dans un cercle restreint) que sous le nom de « Team Jorge » . Les rencontres ont été secrètement filmées.

    L’homme qui s’est présenté comme Jorge s’est avéré être un vendeur de premier ordre. Dans des présentations étonnantes, il a exposé les outils à la disposition de son équipe : cyber-attaques, campagnes internationales de désinformation, documents falsifiés, diffamation d’opposants politiques, diffusion de faux rapports, vol de documents bancaires… Jorge a même affirmé que lui et ses associés s’étaient immiscés dans 33 élections présidentielles dans le monde « dont 27 avec succès ».

    En outre, Jorge a affirmé être à l’origine d’une cyberattaque notoire visant à saboter le référendum sur l’indépendance de la Catalogne en 2014. Il a également raconté comment un client l’avait payé pour aider à arrêter le magnat de la mode canadien Peter Nygård pour des crimes sexuels présumés. Et il s’est vanté d’une attaque en 2015 contre les téléphones du parti d’opposition au Nigeria, dans le cadre d’une campagne électorale à laquelle il a collaboré avec la célèbre société britannique Cambridge Analytica.

    Les argumentaires de vente d’une heure de Jorge et de ses associés n’étaient que le point de départ de notre enquête, car nous devions bien sûr revérifier toutes les affirmations faites dans les présentations de Jorge. Et surtout : découvrir qui est vraiment ce mystérieux Jorge.

    Télégramme piraté

    Lors des premières réunions en ligne avec les journalistes infiltrés de TheMarker, Radio France et Haaretz, l’équipe Jorge a expliqué que toute opération d’influence comporte trois phases : recueillir des renseignements, construire une histoire, puis la diffuser largement pour obtenir un impact maximal.

    Pour récolter des renseignements – utiles si vous voulez noircir quelqu’un – l’équipe utilise, entre autres, le piratage. Par exemple, lors d’une démonstration en direct, il a montré l’accès au compte Telegram d’un ministre kenyan en envoyant un message en son nom. Forbidden Stories a pu vérifier que le message était bien arrivé. L’équipe Jorge a également eu accès à plusieurs comptes de messagerie d’éminentes personnalités, dont le compte gmail d’un homme d’affaires indonésien et d’un ministre mozambicain.

    On ne sait pas comment l’équipe a réussi à déjouer Telegram. Cela peut avoir été fait en menant des attaques dites SS7. Celles-ci répondent à une vulnérabilité du système de signalisation #7, qui est utilisé dans le monde entier par les fournisseurs de télécommunications pour permettre, entre autres, les appels d’un téléphone mobile à un autre. Telegram répond que les utilisateurs en question n’avaient pas activé la vérification en deux étapes pour protéger leur compte.

    Une armée de 39 000 faux profils

    L’équipe Jorge a développé son propre outil avancé pour les campagnes de désinformation en ligne : Advanced Impact Media Solutions (AIMS). Avec cette plateforme logicielle (qui n’a jamais été divulguée auparavant), il peut mettre en place massivement de faux profils sur les réseaux sociaux – les soi-disant avatars – mais aussi créer de faux articles de presse et de blogs et, surtout, diffuser des contenus de manière coordonnée.

    AIMS permet de créer de faux comptes pour des personnes inexistantes sur simple pression d’un bouton, et de manière très crédible, sur de nombreux réseaux sociaux : Twitter, Facebook, Instagram, Amazon, Discord, Reddit… Chaque personnage fictif obtient un premier nom, langue, lieu de résidence, sexe et date de naissance. Les photos volées à d’autres internautes sont utilisées comme images. Les faux profils peuvent même avoir un portefeuille de crypto-monnaie.

    Selon l’interface utilisateur présentée à notre équipe, AIMS gérait plus de 39 000 avatars en décembre 2022 et avait la capacité d’en créer facilement et rapidement de nouveaux. « Nous avons des Arabes, des Russes, des Asiatiques, tout. Des Africains, bien sûr », a déclaré Jorge lors d’une présentation, faisant défiler son inventaire de comptes fictifs.

    Détection de contournement

    Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft ont naturellement mis en place des systèmes de détection pour repérer les faux comptes. Mais AIMS parvient également à contourner cela.

    Pour éviter que de nouvelles inscriptions massives soient mises en place à partir d’une seule et même adresse IP, Team Jorge s’appuie sur une série de proxys dits résidentiels (pour faire simple : serveurs tiers). Cela donne l’impression que les avatars vivent vraiment dans d’autres pays. Et pour contourner le processus de confirmation d’identité des différents sites, des SMS sont envoyés aux numéros virtuels créés pour les avatars. Cela rend beaucoup plus difficile d’exposer les profils comme faux.

    L’armée de faux comptes peut être coordonnée pour mener des campagnes de tromperie ciblées sur les réseaux sociaux. Et mieux encore : la création du contenu que ces faux profils diffusent se fait également de manière automatique, contrôlée par l’intelligence artificielle (IA). Vous choisissez un ton (négatif, positif ou neutre) et le système génère des tweets et des messages difficiles, voire impossibles, à détecter comme générés par la machine.

    Nous avons présenté des images de la présentation AIMS de l’équipe Jorge au professeur Anat Ben-David, chercheur en médias numériques au Département de sociologie, de sciences politiques et de communication de l’Open University israélienne. Elle a été impressionnée : « Ce sont des technologies et des compétences qui n’ont jamais été vues de l’intérieur. »

    RIP Emmanuel

    La présentation AIMS semblait convaincante, mais cela ne signifie pas que le système fonctionne dans le monde réel. Nous avons donc demandé à l’équipe Jorge de nous faire une démonstration.

    À l’été 2022, « Emmanuel l’émeu » est devenu viral sur les réseaux sociaux, chouchou du célèbre influenceur Taylor Blake. Nous avons défié l’équipe Jorge avec une mission : répandre la rumeur sur Twitter que l’émeu est mort. Résultat? En utilisant les faux comptes d’AIMS, le hashtag #RIP_Emmanuel s’est propagé sur Twitter en un rien de temps. La campagne, nous avons pu déterminer par nous-mêmes, comprenait des milliers de tweets, de partages et de likes.

    Jorge nous a envoyé une capture d’écran montrant que #RIP_Emmanuel était l’un des articles tendance sur Twitter en Slovaquie, avec 1347 tweets dans ce seul pays. En Afrique, en Europe et aussi aux Etats-Unis, la mort de « la légende » a été déplorée et les gens ont écrit combien « Emmanuel va nous manquer ».

    Mission accomplie. Mais en même temps, l’équipe Jorge s’était exposée. Après tout, nous avons maintenant pu découvrir quels faux profils ont été utilisés dans la campagne de désinformation autour d’Emmanuel. Sur la base de ces informations, nous avons continué à enquêter. Par exemple, nous avons pu identifier plus de 1700 comptes Twitter et près de 250 comptes Facebook similaires, ainsi que certains profils YouTube et Reddit, qui appartiennent à la plateforme AIMS.

    Tous ces faux comptes se sont également avérés être utilisés dans au moins 19 véritables campagnes de désinformation orchestrées par l’équipe Jorge : de la promotion de l’énergie nucléaire en Californie au soutien du président sénégalais Macky Sall dans sa candidature à la réélection en 2019, en passant par le dénigrement du dénonciateur suisse Xavier Justo qui a contribué à révéler le scandale de corruption 1MDB en Malaisie. Maintenant, nous étions sûrs à 100 % : l’équipe Jorge a répandu la désinformation dans le monde entier avec sa technologie AIMS.

    « Quelle est la différence entre une théorie du complot et la vérité ? », a demandé Jorge lors d’une des réunions. Il a répondu lui-même. « Dix-huit mois. »

    Facebook répond

    Nous avons présenté nos conclusions sur les faux profils à Meta, la société au-dessus de Facebook. En 2019, nous avons mis fin à une opération d’influence liée à une société israélienne appelée Archimedes Group.

    «Cette dernière activité que Forbidden Stories nous a signalée la semaine dernière est une tentative de certains des mêmes individus de revenir et nous les avons retirés pour avoir enfreint nos politiques. Notre évaluation initiale a montré que depuis 2019, ces tentatives ont été bloquées par nos systèmes automatisés ou n’ont pas réussi à créer une audience authentique.

    « La dernière activité du groupe semble s’être concentrée sur la diffusion de fausses pétitions sur Internet ou sur la diffusion d’histoires fabriquées dans les médias grand public. »

    600 liens pour une histoire

    Un autre outil de l’arsenal de l’équipe Jorge est Blogger. Ce logiciel fournit les liens que les faux profils peuvent diffuser lors de campagnes de désinformation. Le matériel peut aller d’informations divulguées à des vidéos, et est hébergé sur des sites Web apparemment authentiques.

    Selon Jorge, Blogger peut créer 600 liens pour la même actualité. Nous n’avons pas vu de version fonctionnelle du système Blogger, mais nous avons vu son résultat : une feuille de calcul avec des centaines de liens menant à ce qui semblait être la même poignée d’actualités et de vidéos d’une élection en Asie.

    Et la manipulation astucieuse va encore plus loin que cela. Nous avons découvert que Team Jorge parvient même à poster de faux messages dans les médias français. En effet, lors d’une réunion, Jorge a montré un fragment d’un message diffusé en décembre sur la chaîne française d’information en continu BFM TV. Jorge a affirmé qu’il était derrière tout cela.

    Dans l’article, le présentateur de télévision français Rachid M’Barki a déclaré que les sanctions contre les oligarques russes conduiraient au chômage de dizaines de milliers de personnes – car indirectement les chantiers navals étaient également touchés. Forbidden Stories a contacté la direction de BFM TV à propos de cette étrange histoire. La chaîne a lancé une enquête interne et le présentateur a été suspendu. M’Barki a admis qu’il avait suivi les instructions d’un intermédiaire pour cette histoire, mais a déclaré qu’il n’avait pas reçu d’argent pour cela.

    Le présentateur de télévision n’a pas répondu à nos questions, mais s’est plutôt défendu dans la presse : « Peut-être que j’ai été trompé. Je n’avais aucune impression que c’était le cas ou que je participais à une quelconque opération chirurgicale. Sinon, je ne l’aurais pas fait.

    Fil rouge : discrétion

    Team Jorge n’a pas d’adresse, pas de numéro de téléphone, pas de site web, pas de coordonnées et n’est pas enregistrée en tant qu’entreprise.

    La discrétion était également de mise lors de nos rencontres avec la Team Jorge. Jorge lui-même et ses compagnons n’ont jamais révélé leur véritable identité, mais ont invariablement travaillé avec des pseudonymes. Par exemple, il y avait un certain « Nick », qui a été présenté comme le directeur de l’équipe Jorge. Et Jorge lui-même ne nous a parlé qu’à partir d’un numéro de téléphone indonésien. Au début, il n’a même pas révélé son visage.

    Ce penchant pour la discrétion est également ressorti en ce qui concerne l’argent. Les opérations de l’équipe Jorge ont un prix élevé : de quelques centaines de milliers de dollars pour une opération mineure à 15 millions de dollars pour tenter d’influencer une campagne présidentielle. Mais le paiement pourrait se faire de diverses manières – sous le radar – via des crypto-monnaies, des dons à des ONG, des transferts à des sociétés écrans…

    Forces spéciales de l’armée israélienne

    Après des mois de recherches approfondies, nous avons pu découvrir qui se cache derrière le pseudonyme « Jorge ». Son vrai nom est Tal Hanan, un Israélien de 51 ans qui vit avec sa famille à Modi’in, une ville entre Jérusalem et Tel-Aviv. Hanan est le chef officiel de deux sociétés : la société d’énergie Sol Energy et Demoman, une société de sécurité israélienne fondée en 1999, spécialisée à la fois dans le contre-terrorisme et l’intelligence économique.

    Sur le site de Demoman, Hanan est décrit comme un spécialiste des explosifs qui a servi dans les forces spéciales de l’armée israélienne. Hanan a dirigé de nombreuses missions de renseignement, de sécurité, d’application de la loi et de lutte contre la corruption, ainsi que des missions et des projets de conseil pour divers membres de l’OTAN, des gouvernements sud-américains et des entreprises privées du secteur pétrolier et gazier. Il a dirigé des opérations de protection à haut risque au Mexique, en Colombie et au Venezuela.

    Bien que peu d’informations soient accessibles au public sur les activités de renseignement de Tal Hanan, son nom a été mentionné en mai 2015 dans un échange de courriels entre Alexander Nix et Brittany Kaiser, deux anciens cadres de Cambridge Analytica. Grâce à notre partenaire média The Guardian, nous avons pu visualiser ce trafic d’e-mails.

    Pour rappel, Cambridge Analytica était la société britannique qui collectait, analysait et utilisait les données personnelles de près de 87 millions d’utilisateurs de Facebook à leur insu et à des fins de ciblage politique. Il a joué un rôle dans la victoire électorale de Donald Trump en 2016 aux États-Unis et dans le référendum sur le Brexit en Angleterre.

    Le directeur de l’équipe Jorge « Nick » s’avère être Zohar Hanan, le frère de Tal. Il n’y a quasiment aucune information publique disponible sur ce quinquagénaire, qui en 2010 était cité dans un magazine américain comme un expert en polygraphie (une technologie de détection de mensonges) et qui était aussi présenté comme consultant pour Sensority, une ancienne start-up israélienne. up qui, entre autres, se spécialise dans les technologies de détection de stress.

    ‘Nous ne sommes rien’

    Tal Hanan n’a pas répondu à nos questions contradictoires, déclarant seulement qu’il nie tout acte répréhensible. « Toute divulgation de données personnelles (c’est-à-dire le doxxing) peut être soumise à différentes lois sur la sécurité nationale », a-t-il ajouté de manière énigmatique. Son frère Zohar a seulement répondu qu’il avait « travaillé dans la légalité toute sa vie ».

    La dernière rencontre entre l’équipe Jorge et les journalistes infiltrés de TheMarker, Radio France et Haaretz a eu lieu dans un immeuble quelconque à moitié vide de la ville israélienne de Modi’in. Jorge a un bureau au troisième étage.

    « Avez-vous vu ce qui est écrit sur la porte ? » demanda Tal Hanan. ‘Rien. Cela ne dit rien. C’est qui nous sommes. Nous ne sommes rien.’

    Cet article était basé sur des textes de Forbidden Stories, Le Monde, TheMarker, Radio France et Haaretz. Der Spiegel, Paper Trail Media et Le Monde ont analysé les faux comptes AIMS utilisés dans 19 campagnes de désinformation. The Guardian a partagé les e-mails de Cambridge Analytica.

    Knack, 14/02/2023

    #Jorge_Team #Israël #Désinformation #Forbidden_stories #Piratage #Hacking #Fake_news

  • La décennie européenne de l’espionnage

    Tags : Europe, Etats-Unis, Russie, UE, espionnage, services secrets,

    Les taupes américaines des années 1980 sont bien connues des spécialistes du renseignement – ​​et elles pourraient bientôt être rejointes par des traîtres européens tout aussi infâmes.

    Michael Jonsson*

    Le mois dernier, deux frères suédois ont été reconnus coupables d’espionnage pour le service de renseignement militaire russe, la direction principale de l’état-major général des forces armées de la Fédération de Russie (GRU). Mais leur condamnation n’est que la dernière d’une liste croissante d’affaires d’espionnage à travers l’Europe – et bien que la Russie soit à l’origine de la plupart des espions, l’espionnage chinois est également en augmentation.

    De plus en plus, il semble que les années 2020 pourraient bien devenir la «décennie de l’espionnage» de l’Europe – un peu comme les années 1980 étaient celles de l’Amérique .

    Dans les années 1980, il y avait en moyenne sept à huit condamnations pour espionnage chaque année aux États-Unis, y compris des espions à fort impact comme Jonathan Pollard qui espionnait pour Israël, Anna Montes pour Cuba et John Walker pour l’Union soviétique. Et bien que les taupes américaines les plus infâmes, Aldrich Ames à la CIA et Robert Hanssen au FBI, aient tous deux commencé leurs trahisons au cours de la même décennie, elles ont finalement été démasquées plusieurs années plus tard.

    De même, lors d’un examen préliminaire des affaires judiciaires en Europe qu’un collègue et moi avons entrepris pour l’Agence suédoise de recherche sur la défense (Sw. FOI), nous avons identifié 42 personnes différentes condamnées pour espionnage en Europe entre 2010 et 2021, et 13 autres attendent toujours leur procès. — 37 des condamnés espionnaient pour le compte de la Russie.

    Et le nombre a considérablement augmenté.

    Entre 2014 et 2018, les condamnations pour espionnage ont plus que triplé par rapport à celles entre 2010 et 2013, atteignant près de six par an. Et depuis le début de la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine, ces chiffres ont augmenté : rien qu’en 2022, au moins sept personnes ont été reconnues coupables d’espionnage pour la Russie et trois pour la Chine.

    Étant donné qu’il y a dix ans, il n’y avait qu’une à deux condamnations par an en Europe, cela représente un changement radical.

    Fait intéressant, ces condamnations ont principalement eu lieu en Europe du Nord, en particulier dans les États baltes, qui représentent plus de 70 % des condamnations alors qu’ils comptent moins de 2 % de la population européenne. L’ Estonie en particulier a conclu que la meilleure façon de lutter contre l’espionnage est de poursuivre, en appelant l’instigateur dans le but de dissuader les espions potentiels. Et bien que de telles condamnations ne représentent que la pointe de l’iceberg, car de nombreux pays préfèrent des résultats de contre-espionnage plus discrets que des accusations portées, plusieurs alliés européens adoptent désormais également cette approche, ce qui peut expliquer en partie la forte augmentation des chiffres.

    À certains égards, cependant, le nombre de cas importe moins que qui effectue réellement l’espionnage et quelles informations ils divulguent.

    Fait troublant, environ un quart des espions européens condamnés travaillaient pour les agences de défense ou de renseignement de leur propre pays. Ces taupes avaient plus accès à des informations importantes et de haute qualité ; ils étaient mieux payés et actifs plus longtemps que les autres ; leurs recruteurs ont utilisé des techniques commerciales plus élaborées pour les protéger , y compris des courriers, des réunions dans des pays tiers, des largages et une technologie de pointe ; et ils étaient clairement les sources les plus appréciées – parce qu’elles étaient les plus dommageables pour l’Europe.

    Le cas suédois du mois dernier correspond bien à ce modèle.

    Selon la condamnation du tribunal, le frère aîné, Peyman Kia, a travaillé à la fois pour le service de sécurité suédois (Sw. SÄPO) et plus tard pour le service de renseignement et de sécurité militaire (Sw. MUST), où il a volé des informations classifiées en photographiant son écran d’ordinateur. Alerté qu’il y avait une taupe livrant des secrets à la Russie, SÄPO s’est concentré sur le frère aîné – son frère cadet, Payam, a agi principalement comme son coursier. Ils ont été condamnés respectivement à la réclusion à perpétuité et à près de 10 ans de prison.

    Bien que les procureurs n’aient pas divulgué de détails sur les informations divulguées, la condamnation suggère que ce qui a été remis au GRU était très sensible. Et devant le tribunal, SÄPO a établi un parallèle avec le transfuge du FBI, Robert Hanssen, dont l’espionnage a été décrit dans un rapport du ministère américain de la Justice comme « probablement le pire désastre du renseignement de l’histoire des États-Unis ».

    D’autres cas très médiatisés en Europe avant 2021 incluent désormais un officier de l’armée estonienne , un officier de l’armée autrichienne , un officier de contre-espionnage portugais et un responsable du renseignement estonien . Et pour l’avenir, il y aurait déjà – deux ans seulement après le début de cette décennie – des enquêtes sur un officier de marine italien , un officier de l’armée française , un soldat allemand et un officier de renseignement allemand , ainsi que sur sept Bulgares ayant des liens avec leurs services de sécurité nationale et militaire.

    L’année dernière, les rapports sur de nouvelles enquêtes et affaires d’espionnage en Europe arrivaient si rapidement et furieusement qu’il était difficile de garder une trace. Bien sûr, ce rythme peut être en partie le résultat de la guerre de la Russie contre l’Ukraine, les services de sécurité de Moscou travaillant à plein régime et leurs homologues occidentaux répondant de la même manière.

    Cependant, comme la plupart de ces affaires et enquêtes en cours semblent impliquer de l’espionnage pour le compte du GRU, cela soulève également la question de savoir si le service de renseignement militaire russe a pu être compromis ou s’il est simplement négligent.

    De plus, alors que les responsables de la sécurité occidentaux déplacent maintenant leur attention du contre-terrorisme vers le contre-espionnage aussi rapidement qu’ils le peuvent, ce n’est pas seulement la Russie qui est dans leur esprit non plus. Le MI5 britannique et la CIA américaine ont émis des avertissements selon lesquels, en fait, ce n’est pas la Russie mais la Chine qui représente la plus grande menace à long terme pour la sécurité de l’Europe.

    Les taupes américaines des années 1980 sont bien connues des spécialistes du renseignement – ​​certaines sont même devenues des noms familiers. Et alors que l’Europe entre dans ce qui pourrait s’avérer être sa « décennie de l’espionnage », ces noms pourraient bientôt être rejoints par des traîtres européens tout aussi infâmes.

    * Les opinions exprimées sont celles de l’auteur seul et ne représentent pas celles de la FOI ou du gouvernement suédois.

    *Michael Jonsson est directeur de recherche adjoint à l’Agence suédoise de recherche pour la défense .

    Politico, 05/02/2023

    #Espionnage #Pegasus #Maroc #Parlement_européen #Corruption #Union_Européenne #UE #Services_secrets

  • Le Maroc devant la commission Pegasus le 9 février

    Tags : Parlement européen, Pegasys, espionnage, Qatargate, Marocgate,

    BRUXELLES – Le Maroc sera à l’ordre du jour de la commission en charge de l’affaire d’espionnage Pegasus du Parlement européen qui se réunira le 9 février prochain, révèle un média belge.

    « Jusqu’ici épargné par les travaux de la commission Pegasus, le Maroc sera à l’ordre du jour d’une réunion au Parlement européen », écrit le quotidien Le Soir.

    Selon une « source européenne » citée par le média belge, « il est important de mettre le sujet sur la table puisque la commission n’a pas parlé du Maroc jusque-là ».

    Un panel d’experts sera invité à discuter du cas marocain lors de la prochaine réunion de la commission en charge de l’affaire Pegasus, le 9 février, sur proposition des Verts, fait savoir Le Soir.

    Le scandale de corruption, dans lequel le Maroc est impliqué, « a visiblement fait sauter quelques digues », souligne le journal, rappelant que « mi-janvier, les eurodéputés adoptaient pour la première fois en un quart de siècle une résolution qui critiquait le bilan des droits humains au Maroc ».

    Le 19 janvier, des experts ont présenté une étude intitulée « Pegasus et les relations extérieures de l’UE », à la commission d’enquête du Parlement européen chargée d’enquêter sur l’affaire d’utilisation du logiciel espion de fabrication sioniste et de logiciels de surveillance équivalent, dans laquelle le Maroc est impliqué.

    Dans cette étude, il est clairement indiqué que « les débats sur la pression exercée sur les gouvernements en rapport avec l’utilisation des logiciels espions ont été peu médiatisés. Lorsque le gouvernement marocain a été accusé d’utiliser Pegasus contre les politiciens espagnols, le gouvernement espagnol n’a pas réagi et n’a pris aucune mesure car il cherchait à maintenir une coopération renforcée sur l’émigration et en matière de contrôle des frontières avec le régime marocain ».

    Récemment, le directeur du Centre d’étude sur le monde arabe à Genève, Hasni Abidi, a déclaré sur la chaîne franco-allemande Arte que « toutes les chancelleries occidentales ont tout fait pour étouffer cette affaire (utilisation de Pegasus par le Maroc contre des personnalités européennes, NDLR) et certains parlementaires proches des autorités marocaines ont aussi tout fait pour que le Parlement européen ne condamne pas les pratiques marocaines en termes d’espionnage ».

    L’affaire Pegasus, c’est « l’usage excessif par les autorités marocaines d’un logiciel d’espionnage vendu (par l’entité sioniste) à très peu d’Etats, le Maroc en a bénéficié et la justice a parlé de 100.000 personnalités qui ont été espionnées dont bien sûr des personnalités européennes, des parlementaires et des ministres », a rappelé Abidi.

    Notons que suite au scandale impliquant le Makhzen dans l’affaire de corruption de parlementaires européens, l’un des premiers concernés par les procédures judiciaires lancées par la justice belge, Andrea Cozzolino du groupe S&D (socio-démocrates), dont la politique aurait été influencée au nom du Maroc en échange d’argent, a dû démissionner de la commission parlementaire spéciale sur le programme Pegasus ainsi que de celle mixte Maroc-Union européenne.

    En juillet 2021, une enquête mondiale menée par des médias internationaux a révélé l’utilisation, entre autres, par le Maroc du logiciel d’espionnage Pegasus mis au point par l’entreprise sioniste NSO Group. Des journalistes marocains et internationaux ainsi que des hommes politiques étrangers figurent parmi les victimes de ce logiciel. En tout, une centaine de milliers de personnalités politiques et médiatiques ont été ciblées par ce logiciel d’espionnage.

    #Qatargate #Marocgate #Pegasus #Parlement_européen #Espionnage

  • Ce qui sème les troubles entre la France et l’Algérie

    Tags : Algérie, Maroc, France, Islam, mosquée de Paris, Mohamed Moussaoui, espionnage, Harkis, mémoire,

    Il est temps de nous poser la question. Depuis la proclamation de l’indépendance de l’Algérie le 05 juillet 1962, de part et d’autre de la Méditerranée, des personnalités de bonne foi ont œuvré pour un vrai rapprochement entre les deux pays, malgré le passé colonial douloureux et la guerre meurtrière d’indépendance algérienne (1954-1962). Pourquoi ont-elles échoué ?

    Une Contribution du Docteur Ahmed Hamdane Bensellam
    Ces tentatives sont restées vaines en raison du positionnement du parti unique de l’époque le Front de libération nationale (FLN) et I’ Armée nationale populaire (ANP) qui tiraient leur légitimité des faits héroïques de la guerre d’indépendance contre la France.

    Mais, la présence d’une communauté algérienne ou d’origine algérienne en France remet en cause régulièrement la « politique nihiliste d’un pouvoir en quête de rassemblement populaire autour du rejet de la France et des français ».

    Si actuellement les relations algéro-françaises ne sont guère reluisantes à cause des propos dégradants du Président Macron envers le peuple algérien et ses institutions, la faute incombe également aux ambassadeurs des deux Pays que sont François Gouyette pour la France et Mohamed Antar Daoud pour l’Algérie.

    Ni l’un ni l’autre n’ont jamais su instaurer un dialogue apaisé et dirigé vers l’avenir des deux peuples. Ce qui n’est pas pour rassurer celui de notre communauté installée dans l’Hexagone.

    Ils ont été incapables de bloquer ces forces occultes tapies dans l’ombre, quand ils ne les auraient pas aidés à trouver un terrain favorable pour mener des actions à l’intérieur même de cette communauté algérienne de France, en y introduisant des perturbateurs déguisés en nationalistes, pour briser les élans des Algériens et franco-Algériens de France.

    Nous sommes en mesure de désigner certains de ces personnages douteux, agissant en France en ayant l’oreille des dirigeants des deux pays, dans le but de distiller vicieusement leurs pensées.

    Commençons par le groupe le plus dangereux d’entre ces semeurs de discorde :

    Premier groupe : Les fils et filles de harkis : François-Aïssa Touazi, Louisa Mammeri, Jeanette bougrab

    En parcourant le livre de Marc Endeweld intitulé « le Grand Manipulateur », il est facile de constater que le président Emmanuel Macron, aidé par le marocain Alexandre Benalla et le fils de harki François Aïssa Touazi, s’était rapproché de deux oligarques algériens, Ali Haddad aujourd’hui en prison et lssad Rebrab récemment sorti de prison.

    Ces deux personnages sont des amis personnels de Touazi, qui les représente en France, comme détaillé dans le livre d’Endeweld, non sans amasser des sommes coquettes pour services rendus.

    Notons que le groupe Cevital de Rebrab a confié plusieurs prestations rondement rémunérées au sulfureux Alexandre Benalla, propriétaire depuis le Maroc de la société de sécurité « Velours ».

    Dans cette entreprise de déstabilisation, Touazi est secondé par Malika Benlarbi, une algérienne associée du diplomate sulfureux Boris Boillon dans une société commerciale. Ce dernier, qui a occupé comme dernier poste prestigieux celui d’ambassadeur de France à Tunis, a fait l’objet en 2017 d’un procès pour « faux et usage de faux », « abus de biens sociaux », « blanchiment de fraude fiscale » et « manquement à l’obligation déclarative de transfert de capitaux »…

    Pour rappel, Boris Boillon a été condamné par le tribunal correctionnel de Paris pour ces deux derniers chefs d’accusation, le 2 juillet 2021, il est exclu de l’ordre de la légion d’honneur.

    Comme on le constate, les réseaux de François Aissa Touazi sont tentaculaires. C’est à lui que son ami diplomate Xavier Driencourt a été désigné en poste à Alger par deux fois dans sa carrière, de 2007 à 2012 et de 2017 jusqu’au printemps 2021.

    Touazi, qui est parent avec le patron du site TSA, Lounès Guemache, est celui qui nourrit le plus la France Algérie. A ce titre, il a souvent accompagné Emmanuel Macron lors de ses voyages à Alger.

    Cet ancien « conseiller pour le Maghreb » de l’ex Ministre des affaires étrangères françaises Douste-Blazy, est aujourd’hui un des pivots centraux de la « Macronie », cette planète autour de laquelle gravitent agents d’influence et membres de l’équipe Macron.

    D’autre part François Aïssa Touazi, est entre autres l’ami intime de l’ancien président de l’assemblée nationale Amar Saidani. Ce dernier est réfugié au Maroc grâce aux réseaux marocains de François Touazi et de Bariza Khiari.

    Louisa Mameri. Elle est celle qui haranguait le Président Macron lors de la célébration du 11 novembre dernier : « Merci Monsieur le Président pour tout ce que vous avez fait pour les harkis ».

    Louisa Mameri s’est malicieusement rapprochée de l’ambassadeur d’Algérie en France, Mohamed Antar-Daoud, usant d’atouts auxquels I‘Ambassadeur n’était pas insensible. Louisa Mammeri, qu’accompagne souvent sa fille Dorra, espère jouer un rôle de premier plan dans les relations entre les deux pays, tout comme elle compte vendre avec son mari le siège du nouveau consulat Algérien de Rouen et se servir d’une belle commission…

    Jeanette Bougrab est la fille de Lakhdar Bougrab, harki, caporal-chef de l’armée française décoré de la Légion d’honneur à titre militaire et de Zohra, elle-même fille de harki.

    Dans une séquence vidéo, Jeanette Bougrab s’insurge contre le FLN qui a « égorgé son grand père » et qui a mis une balle dans la tête de son oncle » alors qu’ils ne le méritaient pas dira-t-elle…

    Deuxième groupe : Les hommes d’affaires

    Dans cette nébuleuse on notera les discrètes interventions d’un opportun de renom, Farid Belkacemi qui aida énormément lssad Rebrab dans ses investissements en France.

    De même Kacem Aït Yala, né au Maroc à la fin des années 50, qui a placé la plupart de ses investissements au Maroc, avant de devenir Président de la CACI France. Lui également est très lié à Bariza Khiari qu’il avait introduit dans le conseil d’administration de la CACI France.

    Ces deux intermédiaires, auxquels on pourra associer Prosper Amouyal, Milliardaire issu d’une famille juive d’origine berbère marocaine installée à Béchar, tentent depuis des lustres d’influer sur les relations entre Alger et Paris à travers leurs réseaux, dans le seul intérêt des responsables politico-industriels français et leurs alliés étrangers !

    Le troisième groupe : La société civile

    Bariza Khiari

    L’ex-sénatrice franco-algérienne de Paris dans le groupe socialiste, Bariza Khiari, roule ouvertement pour le Makhzen. Membre du groupe sénatorial d’amitié France-Maroc, elle se sert d’une fondation qu’elle a créée fin 2017 avec le lobbyiste pro-marocain Gilles Pargneaux pour « influencer l’Union européenne ». Cette fondation est partenaire de l’OCP Policy Center, le think-tank d’OCP, l’Office chérifien des phosphates ! Elle est par ailleurs l’amie d’Alain Berger, « ex-lobbyiste de Rabat pour l’accord de pêche Maroc-UE au sein de Hill & Knowlton, avec pour associés les marocains Mohamed Cheikh Biadillah, et l’ancienne ministre marocaine Mbarka Bouaïda…

    Bariza Khiari a rejoint le conseil d’administration de la Fondation de l’islam de France. Cette fondation présidée par Victor Bencheikh est devenue un nid d’espions marocains et saoudiens.

    En effet, Victor Bencheikh et son acolyte Sadek Sellam travaillent pour la ligue islamique mondiale, organisation Intimement liée au régime wahabite de la maison des Saoud. Bencheikh est d’ailleurs né en Arabie Saoudite et est de nationalité Saoudienne…

    Notons que Victor a créé le 02/01/2014 une société commerciale, dont le N° de SIRET est : 799 349 469 00038, aux fins de percevoir, entre autres, des financements d’Arabie Saoudite, mais cela ne l’empêche nullement d’en redemander… Durant son dernier séjour en Jordanie du 23 au 29 octobre dernier, Victor n’a cessé de solliciter de l’argent pour ses dépenses personnelles à ses hôtes.

    Franc-maçon, Victor Benchikh participe régulièrement à des rencontres dans les loges maçonniques à l’étranger. Il avait accompagné au Maroc le Grand Maître de la Grande Loge de France, Alain-Noël DU BART, dès son accession à la tête d la Fondation de l’Islam de France, Ie 08 décembre 2018…

    Mohammed Moussaoui

    Président du Conseil Français du Culte Musulman (CFCM), Mohammed Moussaoui, originaire de la région du Figuig dans l’extrême-est du Maroc, tente de marocaniser la France en y recourant à travers le culte musulman.

    Le portefeuille relationnel de Moussaoui est étoffé principalement par Bariza Khiari et son mari, Saad Khiari ainsi que de l’inénarrable Victor Ghaleb Bencheikh.

    Faut-il encore rappeler qu’il se fit interpeller en direct, il y a quelques années sur un plateau de télévision par un jeune responsable associatif musulman, qui avait affirmé qu’il « n’était qu’un vulgaire agent des services spéciaux marocains ».

    Comme on le voit, les relations entre Paris et Alger ne pourront évoluer vers plus de confiance et de sérénité, dès lors qu’elles ont été confisquées par des milieux hostiles à l’Algérie.

    Le Président Abdelmadjid Tebboune vient d’ailleurs de le confirmer. S’exprimant vendredi soir lors d’une rencontre avec des journalistes diffusée sur la chaîne de télévision publique il a soutenu que « Les relations entre les deux pays doivent désormais obéir à un traitement d’égal à égal (…) L’Algérie ne tolérera aucun diktat. L’établissement de relations avec la France ne sera pas synonyme de placement sous sa tutelle ».

    Les points de vue exprimés dans les contributions sont strictement ceux de l’auteur et ils ne reflètent pas forcément ceux de notre rédaction.

    Alger-Paris, les semeurs de discorde ne désarment pas ! 2ème partie

    Lorsque nous avions il y a quelques jours dénoncé le rôle d’agent des services secrets du Maroc, Mohammed Moussaoui et des alliés Algériens, de nombreux lecteurs auraient pu peut-être considérer que nos révélations étaient fantaisistes.

    Une Contribution du Docteur Ahmed Hamdane Bensellam

    Il a fallu que le N° 2573 de l’hebdomadaire Le Point, édité le jeudi 2 décembre 2021 en parle pour nous conforter dans nos écrits.

    Sous le titre de « L’offensive des services secrets marocains sur l’islam de France », l’hebdomadaire français publie une longue enquête sur comment un espion du royaume chérifien a été chargé d’infiltrer le Conseil français du culte musulman !

    Nous apprenons ainsi que Mohamed B, né en juin 1964 au Maroc, était détenteur d’une carte de résident français depuis octobre 2010. Fiché par la Police, un mandat d’arrêt aurait été lancé contre lui le 13 février 2018, affirme le Point, après des poursuites pour corruption d’agents publics en France.

    Connu comme espion des services secrets marocains de la Direction générale des études et de la documentation (DGED) sous le nom de code : M118, il serait également soupçonné, selon les informations de l’hebdomadaire français, d’avoir cherché à exercer une emprise sur l’islam de France en « tamponnant le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Mohammed Moussaoui. »

    Mohammed B. serait en fait l’agent traitant du président du Conseil français du culte musulman (CFCM), le Franco-Marocain Mohammed Moussaoui. A ce titre il est affirmé avoir « été derrière tous les grands projets de ces dernières années pour asseoir l’influence du Maroc sur de nombreuses mosquées françaises et contrer ainsi les intérêts du rival algérien, n’hésitant pas à faire pression sur tel ou tel représentant du culte local pour permettre l’ascension de son poulain, Mohammed Moussaoui. »

    Depuis plus de dix ans que tout le monde savait que Moussaoui était à la solde des services marocains.

    D’après les informations du Point, les liens entre le président du CFCM et le Maroc sont aujourd’hui si forts que les quittances de loyer de l’appartement parisien occupé par Mohammed Moussaoui sont directement adressées à un certain Samir X., numéro 3 de la DGED à Paris. Ce dernier, qui agit sous couvert diplomatique – il est officiellement considéré comme attaché à l’ambassade du royaume du Maroc en France –, règle ainsi une note de plusieurs milliers d’euros par an !

    Or Moussaoui compte parmi ses proches amis de nombreux Algériens, ou franco-algériens dont Bariza Khiari, ancienne sénatrice de Paris, Victor Ghaleb Bencheikh, le président de la Fondation de l’islam de France et l’islamologue Sadek Sellam…

    Comme nous l’affirmions dans notre précédente publication, ces trois individus ont choisi clairement d’être aux côtés de Mohammed Moussaoui dans sa conquête des mosquées de France. Et hormis les problèmes de papiers de Sadek Sellam qui ne lui permettraient pas de quitter le territoire français, Bariza Khiari et son époux Saad ainsi que Victor Bencheikh sont très souvent en visite ‘’d’affaires’’ au Maroc et certains pays du Golf, pays connus pour leur hostilité envers l’Algérie.

    Il est également temps de parler de l’ambassadeur d’Algérie en France, Antar-Daoud, qui dès sa nomination a entamé la surprenante démarche de fréquentation des milieux harkis et autres mouvements hostiles à l’Algérie.

    Ce diplomate algérien s’affiche sans vergogne avec Louisa Mameri, fille de harki, tout en recevant à l’ambassade et dans sa résidence à Neuilly des pseudo Algériens qui roulent pour des puissances étrangères qui complotent contre l’Algérie !

    C’est sous leur influence qu’il a induit en erreur ses responsables, en faisant croire que le Président Macron et l’actuel gouvernement n’appréciaient guère les dirigeants Algériens. Il n’a eu cesse de de critiquer la France, de se réunir avec les associations algériennes pour leur demander de dénoncer l’influence des juifs en France, créant personnellement les tensions ayant abouti à une détérioration des relations entre nos deux Pays…

    Rappelons qu’Antar Daoud avait tenu des propos considérés comme indécents par la presse française. Au forum organisé par le journal El Moudjahid, le diplomate avait déclaré : » Il est inadmissible que l’Algérie, qui possède la plus grande communauté étrangère en France avec 18 consulats, ne puisse pas constituer un levier de commande pour intervenir non seulement dans la politique algérienne, mais (aussi) au niveau de la politique française « . Une inacceptable ingérence !

    Ce genre de propos irréfléchis et dangereux par leurs sournoiseries font bien évidemment le jeu de l’extrême droite française. Plusieurs ténors du Parti d’extrême droite le Rassemblement National se sont alors emparés des propos de Mohamed Antar Daoud, s’attaquant de nouveau à la diaspora algérienne dans un contexte électoral dominé par des débats sans fin sur l’immigration et l’islam en France…

    Plus grave encore, le premier représentant des algériens qui recevait Bariza Khiari, Victor Bencheikh et son amie Louisa Mameri, n’a jugé à aucun moment utile de réagir à leurs discours lui détaillant comment il fallait dompter la communauté algérienne de France ! Incompréhensible…

    De l’autre côté, l’ambassadeur de France Alger, François Gouyette, a mis de l’huile sur le feu par son comportement méprisant.

    Pour rappel, le diplomate français avait été au cœur d’une polémique au mois de novembre 2020, lorsqu’il avait, en l’absence du chef de l’État, Abdelmadjid Tebboune (atteint du Covid et hospitalisé en Allemagne), engagé des discussions avec des partisans de l’instauration d’une période de transition, et de surfer, comme l’affirmaient Amira Slim (ex-RND) et Kamel Belarbi (FLN), « sur un dangereux scénario imaginaire de la vacance du pouvoir ».

    François Gouyette avait rencontré de hauts responsables d’Etat et des politiques, entre autres le secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP) et la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT).

    Finalement, ces deux ambassadeurs n’ont pas sur protéger les intérêts communs, ni su bâtir cette confiance qui constitue une assise pour le développement des relations entre les gouvernements, lesquelles peuvent être, à leur tour, fructueuses pour nos peuples respectifs.

    A ce titre ils devraient voir leur mission écourtée, pour le bien de tous !

    Source : Maghreb TV

    #Maroc #Algérie #France #Lobbying #Mohamed_Moussaoui #Islam

  • Qatargate : Eva Kaili a essayé de freiner l’enquête sur Pegasus

    Tags : Eva Kaili, espionnage, Pegasus, Maroc, Vangelis Marinakis, Antonio Panzeri, Sahara Occidental,

    Sophie in ‘t Veld (née le 13 septembre 1963 à Vollenhove) est une femme politique néerlandaise. Depuis le 20 juillet 2004, elle est chef de la délégation D66 au Parlement européen. Elle connaît bien Eva Kaili.

    In ‘t Veld dans les médias italiens : « Quelques jours avant son arrestation, j’ai pris un café avec elle. Chaque semaine, une nouvelle révélation sortait sur l’espionnage en Grèce et son nom apparaissait également, parmi les espions.

    « J’ai pensé : la vice-présidente du Parlement européen de l’époque était probablement sous surveillance parce qu’elle est proche de Vangelis (Evangelos) Marinakis, l’oligarque grec dont le nom apparaît dans le trafic de drogue et autres. »

    Le député néerlandais a ajouté: « Kaili a tenté de freiner l’enquête sur le logiciel Pegasus (au parlement). »

    C’est intéressant puisque le Maroc a utilisé ce logiciel pour espionner des journalistes critiques en Espagne. Même le président Macron a été mis sur écoute par le Maroc. Cela explique certainement la résistance de Kaili au sein de ce comité.

    Le gouvernement espagnol a alors déclaré que les téléphones portables du Premier ministre, Pedro Sánchez, et de la ministre de la Défense, Margarita Robles, étaient tous deux infectés par le logiciel espion Pegasus, qui n’est accessible qu’aux agences gouvernementales.

    Le gouvernement espagnol a refusé de spéculer sur qui pourrait être derrière les attaques, mais les médias espagnols ont tous écrit que le Maroc était derrière l’espionnage. Le journal britannique The Guardian soupçonne également que l’auteur est le Maroc.

    Le premier piratage du Premier ministre Sánchez a eu lieu le 19 mai 2021, deux jours après la prise d’assaut de Ceuta par des milliers de migrants.

    Selon une enquête d’Amnesty International, la militante sahraouie des droits humains Aminatou Haidar, le journaliste espagnol spécialiste du Maroc Ignacio Cembrero et le journaliste en exil Ali Lmrabet ont déjà été espionnés avec le logiciel espion Pegasus.

    Sahraoui est le surnom des premiers habitants du Sahara Occidental, qui sont partis avant l’invasion du Maroc en 1975. Le Maroc ne veut pas d’écrits négatifs sur l’occupation de ce pays voisin.

    Le Maroc est également accusé d’avoir tenté d’espionner le président français Emmanuel Macron à l’aide de Pegasus. Ainsi que d’autres hommes politiques, journalistes et militants des droits de l’homme français.

    Auparavant, on savait également que les militants des droits de l’homme en Belgique ne sont pas à l’abri du logiciel espion Pegasus. L’activiste Mahjoub Mleiha a été l’une des victimes de Pegasus sur le sol belge. Le Sahraoui accuse les services secrets marocains – notamment la DGED – d’avoir piraté son téléphone.

    Cependant, le gouvernement espagnol est accusé d’être au courant de l’espionnage et de le dissimuler. Madrid l’a publié après que le groupe de recherche Citizen Lab a annoncé que 63 personnes issues du mouvement indépendantiste en Catalogne et aux alentours avaient été la cible d’une tentative de piratage avec Pegasus.

    Revenons à Eva Kaili. Elle est née à Thessalonique le 26 octobre 1978. Kaili a étudié l’ingénierie à l’Université Aristote de Thessalonique. Elle a voulu faire de la politique toute sa vie. De Volkskrant : « En 1992, alors qu’elle avait 14 ans, elle est devenue membre du mouvement de jeunesse du parti socialiste Pasok. À 20 ans, elle est devenue la plus jeune conseillère municipale de Grèce, à Thessalonique, et deux ans plus tard, elle est devenue la plus jeune candidate à avoir jamais participé aux élections législatives grecques. Elle n’a pas été élue, mais a réussi en 2007, devenant la plus jeune députée du Pasok de tous les temps. Entre les élections de 2004 et 2007, elle était présentatrice de nouvelles pour la chaîne Mega TV.

    Au cours de la période 2012-2014, elle a également été consultante en communication et en affaires publiques et étrangères pour des sociétés pharmaceutiques grecques et l’un des plus grands groupes de médias en Grèce.

    Elle est aussi une menteuse. En 2017, elle s’est tournée vers le ministre de la Justice de l’époque, Stavros Kontonis, et a publié une déclaration affirmant que « les communistes ont tué son grand-père et incendié la maison de sa famille après l’avoir cambriolée ». La référence au passé de sa famille s’est avérée complètement fausse.

    Selon In ‘t Veld, elle n’est pas non plus un poids lourd politique. « Elle n’est certainement pas une députée. » Kati Piri (PvdA), membre du Parlement européen depuis de nombreuses années, a déclaré dans l’émission de radio Bureau Buitenland qu’elle n’était « pas très active » et qu’elle n’était pas non plus « en mesure de l’attraper sur les principes sociaux-démocrates ».

    Le journal : « Ce qui a également attiré l’attention, c’est l’idiosyncrasie avec laquelle elle s’est engagée en politique. Son parti Pasok ne pouvait pas toujours compter sur elle. Lorsque la crise a saisi la Grèce à la gorge en 2011 et que le Premier ministre Georges Papandreou a été confronté à un vote de défiance, Kaili a annoncé publiquement qu’elle ne soutiendrait pas Papandreou. Une tempête a éclaté et Kaili a changé d’avis et a voté pour Papandreou, qui a pu rester un moment.

    On ne savait pas immédiatement pourquoi Kaili était obstructionniste, mais à Bruxelles, l’un des membres de son groupe néerlandais PvdA a déclaré qu’elle avait également souvent voté contre la ligne du parti au Parlement européen, et que le favoritisme et l’intérêt personnel seraient à la base de son les choix.

    Un comportement de vote décalé deviendrait sa marque de fabrique, déclare également Sophie in ‘t Veld dans le journal. « J’ai toujours eu le sentiment avec elle : je ne peux pas te faire confiance. Je n’arrivais pas à croire ce qu’elle disait. Avec Kaili, In’t Veld faisait partie d’un comité chargé d’enquêter sur un scandale de logiciels espions qui a atteint les plus hautes sphères, notamment en Grèce, mais aussi en Espagne.

    Le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis a toléré l’écoute clandestine d’hommes d’affaires et de politiciens, et Kaili a convenu: « S’il dit que rien ne va pas, alors rien ne va pas », a-t-elle commenté. Même lorsqu’il s’est avéré il y a dix jours (avant l’article) que Kaili elle-même était sur écoute, elle a réagi « étrangement », dit In ‘t Veld.

    Le journal : « La rumeur disait qu’Eva Kaili voulait basculer vers le parti du populiste Mitsotakis, alors elle était d’accord avec lui. Et ce n’était pas la seule rumeur, dit In ‘t Veld. Kaili aurait également de bons liens avec le riche magnat de la navigation Evangelos Marinakis, qui a parrainé Mitsotakis. Il est propriétaire des clubs de football Olympiacos et Nottingham Forest et a été soupçonné de trucage de matchs à plusieurs reprises. Marinakis, dit In ‘t Veld, « est extraordinairement sombre et extraordinairement riche ». Marinakis est né en 1967.

    En mars 2018, Marinakis a même été accusé de trafic de drogue après une enquête de la DEA, entre autres. Les allégations contre Marinakis ont été qualifiées d ‘ »allégations très graves » à la suite d’une enquête après que son navire, le Noor 1, a été intercepté dans le port grec du Pirée en 2014 avec 2,1 tonnes d’héroïne.

    Selon le copropriétaire alors emprisonné de Noor 1, Efthymios Yiannousakis, le navire transportait en fait une tonne supplémentaire d’héroïne (d’une valeur de 70 millions de dollars) qui a été déchargée sur l’île de Crète et passée en contrebande vers l’Europe continentale avant que les autorités grecques ne parviennent à intercepter le reste de la cargaison. Entre-temps, la plupart des accusés de ce dossier sont décédés : assassinés ou suicidés selon les médias grecs. Sauf l’oligarque lui-même.

    En janvier 2021, après avoir examiné l’affaire, le juge a également conclu de manière surprenante qu’il n’y avait aucune preuve impliquant Marinakis, et a donc clos son enquête.

    Et puis est venu le Qatar. Kaili s’est rendu dans le pays, avec une délégation européenne, à l’occasion de l’ouverture d’une mission de l’UE à Doha. Diplomat Magazine a publié une photo de Kaili le 1er novembre en audience avec le dirigeant du Qatar, le cheikh Tamim bin Hamad bin Khalifa al Thani.

    Depuis, selon le journal, elle s’exprime à Bruxelles sur « le beau pays qu’est devenu le Qatar » et sa « bonne législation du travail », alors que son groupe s’indigne en réalité du mauvais traitement des travailleurs invités. De Volkskrant : « Lorsqu’un comité vote sur l’exemption de visa pour les Qataris, Kaili, qui n’est même pas membre de ce comité, se joint et vote. »

    La députée européenne Lara Wolters (PvdA) a été personnellement approchée par Kaili pour modérer sa critique du Qatar. Elle s’est même assise à côté de moi dans un débat. J’ai pensé que c’était très étrange. Dans une conversation, Kaili a dit à Wolters « avec beaucoup de verve » qu’elle était allée au Qatar et que c’était un pays tellement moderne. Wolters : « J’ai pensé : elle s’est laissée complètement envelopper là. Et maintenant, bien sûr, je n’arrête pas d’y penser.

    Le journal néerlandais : « Trois jours plus tard, la carrière politique d’Eva Kaili a explosé comme un ballon. Même les collègues qui disent maintenant qu’il y avait toujours quelque chose d’étrange chez elle ne l’ont pas vu venir.

    Une équipe spéciale d’une dizaine de policiers, accompagnés personnellement de Michel Claise, s’est rendue au domicile de Kaili et l’a arrêtée. Kaili n’a pas résisté, mais était dans un état d’excitation et de confusion, pleurant tout le temps et terrifiée, tandis que Claise l’a interrogée pendant plus de cinq heures.

    L’arrestation et les premiers interrogatoires de Kaili ont été problématiques, selon ses avocats, « car elle était dans un état de choc, de peur et de terreur et parce que les autorités belges ne lui avaient pas fourni d’interprète francophone fiable ».

    Source PNWS

    #Qatargate #Moroccogate #Antonio_Panzeri #Francesco:Giorgi #Eva_Kaili #Parlement_européen #corruption #Maroc #DGED #Yassine_Mansouri #Abderrahim_Atmoun

  • Pourquoi Madrid ne veut pas clarifier l’affaire Pegasus

    Pourquoi Madrid ne veut pas clarifier l’affaire Pegasus

    Tags : Espagne, Pegasus, Pedro Sanchez, Maroc, Ignacio Cewmbrero, espionnage,

    L’exécutif n’a pas poursuivi la société israélienne qui fabrique le « malware », n’a pas demandé d’explications à Israël ni exigé que les téléphones portables espagnols soient exclus des cyberattaques

    Le gouvernement espagnol n’a pas été le seul en Europe à reconnaître que certains de ses membres ont été espionnés par des puissances étrangères aux programmes malveillants, mais il a été le seul à dénoncer cette cyberattaque devant la justice en mai dernier. En octobre 2013, Berlin a admis que, entre autres, le téléphone portable de sa chancelière, Angela Merkel, avait été mis sur écoute par l’Agence américaine de sécurité nationale pendant 11 ans. L’administration du président Barack Obama a fini par s’excuser. Le 29 juillet 2021, le ministère français de la Défense a reconnu avoir été victime d’espionnage avec le malware Pegasus, fabriqué par la société israélienne NSO Group, mais a évité de désigner publiquement le coupable de cette infiltration.

    Les 17 grands médias appartenant à l’association Forbidden Stories ont commencé à révéler, dès le 18 juillet 2021, que les services secrets marocains s’étaient donné pour objectif, déjà en 2019, d’infiltrer quelque 10 000 téléphones portables, majoritairement algériens, mais aussi un mille terminaux français. Parmi eux se trouvaient celui du président Emmanuel Macron, celui de son premier ministre, Edouard Philippe, et ceux de 14 ministres en activité. Dans cette première enquête journalistique, un seul numéro espagnol est apparu, celui de ce journaliste, mais tout au long de l’été 2021 deux autres ont fait surface, celui du journaliste marocain Ali Lmrabet, basé à Barcelone, et celui de la militante sahraouie Aminatou Haidar. Le journal britannique The Guardian, qui appartient à l’association Forbidden Stories, a révélé le 3 mai que 200 autres téléphones portables espagnols avaient été ciblés par le Maroc. Forbidden Stories a confirmé l’information et précisé qu’il travaillait avec un média espagnol pour mettre en lumière cette liste de mobiles. Sept mois plus tard, il n’a pas été publié. Bien que le gouvernement espagnol soit celui qui, apparemment, est allé le plus loin pour découvrir qui a volé des informations sur les téléphones portables du président Pedro Sánchez et des ministres de l’intérieur, Fernando Grande-Marlaska, et de la défense, Margarita Robles, il ne semblent les plus intéressés à aller au fond des choses. Il n’a pas non plus déployé beaucoup d’efforts pour empêcher une cyberattaque de ces caractéristiques de se reproduire.

    Ce sont ces données qui tendent à montrer que le gouvernement espagnol a utilisé l’affaire Pegasus à des fins de politique intérieure :

    1- Le 2 mai, le ministre de la Présidence, Félix Bolaños, révélait à la presse l’infection par Pegasus des trois téléphones portables qui, selon lui, auraient été découverts un mois plus tôt. L’écoute téléphonique de la ministre des Affaires étrangères, Arancha González Laya, a cependant été détectée par le Centre national de cryptologie début juin 2021, soit dix mois avant l’apparition de Bolaños. Ce fut le moment culminant de la crise avec le Maroc avec l’invasion migratoire pacifique de Ceuta. D’autres motivations des membres de l’exécutif n’ont-elles pas été passées en revue, à commencer par celles liées à l’admission dans un hôpital de La Rioja de Brahim Ghali, leader du Polisario ? Probablement oui, mais le gouvernement a refusé de le rendre public. L’explication la plus plausible de ce retard est qu’il a fait connaître le hack pour reléguer au second plan les plaintes de plus de 60 indépendantistes catalans concernant le piratage de leurs mobiles avec Pegasus par la CNI.

    2- Le Gouvernement a dénoncé la cyberattaque subie à l’Audience nationale il y a sept mois. Il a demandé au juge d’enquêter sur son origine, mais a refusé de poursuivre NSO, le fabricant de Pegasus. L’association catalane Òmnium Cultural et d’autres indépendantistes prétendument espionnés avec Pegasus par le Centre national de renseignement (CNI) ont bien tenté de porter plainte auprès de NSO, mais le parquet s’y est opposé fin mai dernier. Il existe d’autres moyens de poursuivre cette société israélienne en justice. Quinze journalistes du journal d’investigation salvadorien El Faro ont poursuivi mercredi dernier la société israélienne aux États-Unis. Ils considèrent qu’il a violé la loi américaine en accédant illégalement aux données stockées sur les serveurs d’Apple en Californie. Auparavant, Apple lui-même et WhatsApp ont poursuivi NSO.

    3- Au début de l’automne, le gouvernement espagnol n’avait pas porté plainte ni demandé à Israël des explications sur la cyberattaque contre les téléphones portables, selon des sources diplomatiques des deux pays. Toutes les ventes à l’étranger de NSO doivent cependant être autorisées par le ministère israélien de la Défense. Le magistrat José Luis Calama, de l’Audience Nationale, sur qui est tombée la plainte du Bureau du Procureur de la République, a demandé à deux reprises de pouvoir effectuer une commission rogatoire en Israël, mais a reçu la réponse silencieuse. Le président français Emmanuel Macron, espionné avec 15 membres de son gouvernement, a suspendu, en juillet 2021, la coopération de ses services secrets avec les Israéliens et les visites bilatérales jusqu’à l’obtention d’explications. Le département américain du Commerce a introduit NSO, en novembre 2021, sur la liste noire des entreprises qui ne peuvent pas faire des affaires aux États-Unis ou conclure des accords avec des entreprises américaines à l’étranger.

    4- Le gouvernement espagnol n’a pas demandé à Israël que ses entreprises qui fabriquent des logiciels d’espionnage ne soient pas autorisées à pénétrer les mobiles espagnols. Les États-Unis ont réussi et cette interdiction a été étendue, fin 2021, aux quatre autres membres (Canada, Royaume-Uni, Australie et Nouvelle-Zélande) de Five Eyes, un forum de coopération entre les services secrets anglo-saxons. Les autorités françaises ont également exigé que les téléphones portables de leur pays soient libérés des attaques de logiciels malveillants israéliens à l’occasion des visites à Paris du ministre israélien de la Défense Benjamin Gantz en juillet 2021 et du conseiller national à la sécurité, Eyal Hulta, en octobre de la même année. Le journaliste israélien Barak Ravid, expert en cybersécurité, assure que la France a atteint son objectif, mais la presse parisienne ne le tient pas pour acquis. La Direction générale de l’armement du ministère français de la Défense travaille également, en collaboration avec des entreprises du secteur, à la mise au point d’un mobile inattaquable qui sera livré prochainement aux membres du Gouvernement. L’effort pour tourner la page a même conduit la directrice du CNI, Esperanza Casteleiro, à se rendre à Rabat le 15 septembre.

    5- Le gouvernement espagnol, notamment le ministre des Affaires étrangères, José Manuel Albares, a publiquement reproché au Maroc la cyberattaque qui, elle, a été un obstacle à la réconciliation entre les deux pays scellée par Pedro Sánchez le 7 avril à Rabat. L’effort pour tourner la page a même conduit la directrice du CNI, Esperanza Casteleiro, à se rendre à Rabat le 15 septembre. Elle a rencontré et photographié Abdellatif Hammouchi, directeur de la police secrète (DGST), décrit, le 22 juillet 2021, par le journal français ‘Mediapart’, comme « le super-policier marocain au coeur du scandale Pegasus ». Le prédécesseur d’Albares au pouvoir, Arancha González Laya, a bien pointé du doigt le pays voisin dans une interview publiée le 7 juin par El Periódico de España dont le titre était : « Tout a aidé dans la crise avec le Maroc, écoutes téléphoniques, plaintes et campagnes de presse ». La session plénière du Parlement européen a également approuvé, le 9 mars, une résolution qui identifie le Maroc, avec d’autres pays, comme client de NSO. Les autorités françaises n’ont pas non plus mis au pilori les services secrets marocains, mais la relation bilatérale s’est tellement refroidie que le président Macron n’a pas reçu le roi Mohamed VI pendant les quatre mois (de juin à octobre) qu’il a passés à Paris. Il ne l’a même pas appelé au téléphone lorsqu’il a contracté le covid en juin. Les diplomaties française et marocaine préparent désormais un déplacement de Macron à Rabat, pour le début de l’année prochaine, avec lequel elles mettraient fin à la crise.

    6- Le Centre national de cryptologie, qui dépend du CNI, est le seul en Espagne qui dispose, pour l’instant, de la technologie nécessaire pour savoir si un mobile Android — avec Apple, c’est plus facile — a été contaminé par des logiciels malveillants sophistiqués. Le Centre a refusé d’effectuer une analyse médico-légale des terminaux d’individus espagnols dont les mobiles pourraient être infectés par Pegasus. Ainsi, il montre qu’il a peu d’intérêt à clarifier si ces personnes résidant en Espagne ont été espionnées par une puissance étrangère. L’eurodéputé socialiste Juan Fernando López Aguilar a demandé, mardi dernier, à Esperanza Casteleiro, directrice du CNI, si le centre pouvait revoir, par exemple, les dispositifs des journalistes espagnols. Casteleiro, qui a comparu devant la commission du Parlement européen chargée d’enquêter sur l’espionnage par téléphone portable, a refusé de répondre à cette question et à toutes les autres questions, invoquant des impératifs juridiques. L’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information, l’équivalent français, a accepté en 2021 d’inspecter une poignée de téléphones portables privés testés positifs.

    7- L’Espagne est le seul pays où le « fossé sécuritaire » dans les motivations gouvernementales, selon l’expression du président Sánchez, a conduit à la destitution d’un haut responsable, Paz Esteban, directeur du CNI. Elle a été remplacée en mai dernier par Esperanza Casteleiro. Elle n’était cependant pas responsable de la sécurité des télécommunications gouvernementales, notamment celles de la Moncloa, qui incombaient au secrétaire général de la présidence, poste occupé à l’époque par Félix Bolaños. Il a été nommé ministre de la Présidence en juillet 2021. Paz Esteban était probablement le « bouc émissaire » pour les indépendantistes catalans espionnés avec Pegasus.

    Le Maroc a toujours nié avoir acquis et utilisé Pegasus. Ses avocats ont assigné en justice le journal allemand Süd Deutsche Zeitung, les journaux français Le Monde, L’Humanité, Radio France (radio publique française) et Amnesty International l’année dernière. En Allemagne, ils ont porté plainte pour « fausses accusations » et en France pour « diffamation ». Les plaintes ont été déposées et il n’y a pas eu de procès. « Un Etat n’a pas le droit d’intenter une action civile en diffamation », souligne par exemple l’ordonnance de la cour d’appel de Paris du 25 mars, dans laquelle elle rejette l’argumentation juridique marocaine. Les avocats du Royaume du Maroc ont fait appel de ces ordonnances.

    El Confidencial, 04/12/2022

    P. D. Le titre appartient à la rédaction

    #Espagne #Maroc #Pegasus #Pedro_Sanchez #Espionnage

  • USA : Des journalistes salvadoriens portent plainte contre NSO Group

    USA : Des journalistes salvadoriens portent plainte contre NSO Group

    Tags : El Salvador, NSO Group, Pegasus, espionnage,

    Des journalistes salvadoriens piratés poursuivent le fabricant de logiciels espions Pegasus devant un tribunal américain

    Des journalistes d’un média d’investigation au Salvador ont déposé une plainte cette semaine devant un tribunal fédéral américain contre une société israélienne pour avoir prétendument infecté leurs téléphones avec des logiciels espions malveillants qui permettaient à ses opérateurs de surveiller sans entrave leur vie et leur travail.

    Développé par le groupe israélien NSO, Pegasus est considéré comme la cyberarme la plus puissante au monde. Une fois installé sur le téléphone d’une cible, le logiciel espion peut surveiller et extraire des listes de contacts, des messages texte, des historiques de recherche et des emplacements GPS, copier des mots de passe sur des comptes basés sur le cloud et activer le microphone et l’appareil photo du téléphone pour enregistrer des conversations et prendre des photos, le tout sans détection. Le logiciel espion peut être installé à distance sans que l’utilisateur du téléphone portable ne clique sur un seul lien.

    « Les attaques ont compromis la sécurité des plaignants ainsi que la sécurité de leurs collègues, sources et membres de leur famille », selon le procès, qui a été déposé mercredi devant le tribunal américain du district nord de Californie par des journalistes du journal El Faro.

    Les journalistes pensent que le gouvernement salvadorien a acheté le logiciel espion et est à l’origine des attaques. De nombreuses infiltrations se sont produites alors qu’ils communiquaient avec des sources confidentielles, y compris des responsables de l’ambassade des États-Unis, au sujet des abus commis par le gouvernement salvadorien du président Nayib Bukele et de sa relation avec le puissant gang de rue MS-13, disent-ils.

    Mais le gouvernement de Bukele a nié toute responsabilité. Le groupe NSO soutient que Pegasus est destiné à lutter contre le crime et le terrorisme et n’est vendu qu’aux organisations gouvernementales ou chargées de l’application de la loi.

    Le procès accuse NSO Group d’avoir enfreint la loi d’abus et fraude informatique, une loi fédérale américaine de 1986 qui rend illégal l’accès à un ordinateur sans autorisation, ainsi qu’une loi californienne connexe. Il demande également au tribunal d’exiger du groupe NSO qu’il détaille les informations qu’il a recueillies à la suite des attaques de Pegasus contre les journalistes d’El Faro, de restituer et de supprimer les informations et de divulguer les noms des clients du groupe NSO qui ont été impliqués dans les attaques de Pegasus.

    Entre juin 2020 et novembre 2021, au moins 22 personnes associées à El Faro ont vu leur téléphone portable infiltré avec Pegasus, selon une analyse technique de Citizen Lab, un organisme de surveillance de la cybersécurité, qui a été validée par des chercheurs d’Amnesty International. Ils ont déterminé qu’un journaliste d’El Faro qui enquêtait sur des négociations secrètes entre le gouvernement salvadorien et le puissant gang de rue MS-13 avait son téléphone portable infecté par Pegasus pendant au moins 269 jours. Le gouvernement salvadorien a nié avoir négocié avec des gangs.

    Un porte-parole du groupe NSO a nié toutes les allégations énoncées dans le procès, y compris les conclusions selon lesquelles Pegasus a été utilisé pour infiltrer les téléphones portables des journalistes.

    « Ces rapports intentionnellement biaisés se sont révélés faux à plusieurs reprises, manquent de toute vérification indépendante et s’appuient sur des probabilités et des protocoles circonstanciels plutôt que sur des analyses et des preuves réelles », a écrit un porte-parole dans une déclaration à VICE World News. « En fait, Citizen Lab et Amnesty sont incapables de faire la différence entre les outils de NSO et ceux d’autres sociétés de cyber-renseignement en activité et induisent le public en erreur.

    « NSO est un fournisseur de logiciels, la société n’exploite pas la technologie ou n’est pas au courant des données collectées. L’entreprise ne sait pas et ne peut pas savoir qui sont les cibles de ses clients.

    Óscar Martínez, rédacteur en chef d’El Faro, a déclaré qu’il espérait que le procès américain fournirait des informations sur qui avait piraté son téléphone portable. « Quelle agence du gouvernement salvadorien a approuvé cela ? Je veux connaître les détails. Combien d’argent public ont-ils dépensé pour acheter ce logiciel espion ? Qui a des informations sur ma vie privée ? C’est ce que nous recherchons.

    El Faro a accusé Bukele d’avoir lancé une campagne de « harcèlement, agressions, censure et menaces » à son encontre. Le président attaque fréquemment El Faro sur Twitter et a demandé des enquêtes pénales sur ses journalistes. Il a également fait adopter une loi au libellé vague qui rend le partage d’informations sur les gangs passible d’une peine pouvant aller jusqu’à 15 ans de prison. Plusieurs journalistes du média ont fui le pays en raison des menaces persistantes de Bukele et de ses partisans.

    Roman Olivier Gressier, un citoyen américain qui rapporte pour El Faro, a déclaré que lui et les autres journalistes avaient porté plainte devant un tribunal américain parce qu’ils ne faisaient pas confiance au système judiciaire salvadorien.

    « Pegasus est la pointe d’une lance d’une industrie qui va continuer à se développer et à trouver de nouvelles façons d’opérer et d’infecter des appareils comme le nôtre », a déclaré Olivier Gressier, qui faisait partie des personnes ciblées par le logiciel espion Pegasus, selon l’analyse du Citizen Lab. « Il est important d’envoyer des signaux forts indiquant que vous ne pouvez pas cacher une activité illégale sous le couvert de la sécurité nationale et citer sans guillemets la lutte contre la criminalité. »

    Les journalistes sont représentés par des avocats du Knight First Amendment Institute de l’Université Columbia et de la société californienne Schonbrun, Seplow, Harris, Hoffman & Zeldes.

    Facebook, désormais connu sous le nom de Meta, a poursuivi le groupe NSO en octobre 2019 et l’a accusé d’avoir accédé aux serveurs WhatsApp sans autorisation afin d’installer le logiciel espion Pegasus sur les téléphones des victimes. Le groupe NSO a demandé à la Cour suprême des États-Unis d’intervenir en son nom et de reconnaître l’entreprise en tant qu’agent d’un gouvernement étranger avec une « immunité souveraine ». Apple a également poursuivi NSO Group en décembre 2021 pour avoir abusé de ses produits. Il cherche à interdire à l’entreprise d’utiliser tout logiciel, appareil ou serveur Apple. Les deux poursuites sont en cours.

    #El_Salvador #Pegasus #NSO_Group #Espionnage #MS13