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Pegasus-gate : Le silence gêné de l’Elysée s’éternise
Près de deux semaines après les révélations d’un consortium international de journalistes au sujet de l’affaire Pegasus, l’Elysée reste muet malgré les nombreuses demandes de clarifications de la presse.«Si les faits sont avérés, ils sont évidemment très graves», avait réagi l’Elysée au moment de la révélation de l’affaire Pegasus.Depuis, la présidence de la République reste muette, y compris face aux sollicitations du journal Le Monde.Dans un article publié le 30 juillet, le quotidien s’étonne ainsi que «douze jours après les révélations, malgré les demandes régulières du Monde, l’Elysée n’a toujours pas communiqué sur les résultats de ces analyses, ne serait-ce que pour écarter la thèse d’un piratage au plus haut sommet de l’Etat.»Plusieurs questions demeurées sans réponses sont égrenées : si le chef de l’Etat abordait des sujets confidentiels dans son téléphone infecté, si d’autres membres du gouvernement étaient également concernés ou encore si des pays européens utilisaient le logiciel Pegasus.Le fondateur de Mediapart, Edwy Plenel, jugeait quant à lui le 30 juillet qu’un tel silence était «incompréhensible» et estimait par ailleurs que lire «la liste des questions d’intérêt public auxquelles le pouvoir ne répond pas [permet de] comprendre que ce silence cache quelque chose».Le journal Le Monde rapporte également avoir pu faire analyser le téléphone de François de Rugy, ancien ministre de la Transition écologique, par le laboratoire d’Amnesty international. S’il ne semblait comporter aucune trace d’infection par le logiciel Pegasus, des signes d’un ciblage en provenance du Maroc auraient été détectés.L’ONG a d’ailleurs partagé sa méthodologie, permettant ainsi à l’ANSSI (Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information) de procéder à ses propres vérifications. Des analyses de la police judiciaire avaient par ailleurs déjà confirmé l’utilisation de Pegasus sur plusieurs cibles françaises.France Info fait notamment état des investigations policières en évoquant les propos d’un journaliste de France24 : l’analyse de son téléphone aurait confirmé son ciblage. Les analyses des téléphones d’autres journalistes, comme celui d’Edwy Plenel, avaient déjà été effectuées et confirmaient la présence du logiciel espion.Le logiciel Pegasus, dont l’utilisation a été révélée par un consortium de journalistes dont Le Monde, aurait permis d’espionner les numéros d’au moins 180 journalistes, 85 militants des droits de l’homme ou encore de 14 chefs d’Etat dont le président français Emmanuel Macron. Ce dernier se serait néanmoins entretenu personnellement avec le Premier ministre sioniste, Naftali Bennett, à ce sujet.La Patrie News, 03/08/2021 -
Affaire Pegasus et Sahara Occidental, symptômes d’une crise géostratégique au sein de l’OTAN
1) « Au commencement était un tweet »
Courant décembre dernier, un tweet du président sortant, Donald Trump, annonçait la reconnaissance d’une prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental en échange de la normalisation du royaume avec l’entité sioniste.
Les réactions ne se firent pas attendre. A commencer par la 1ère puissance européenne.
L’Allemagne avait, par la voix de son ambassadeur à l’ONU, Christoph Heusgen, déclaré son attachement à une solution conforme aux dispositions du conseil de sécurité et aux intérêts de toutes les parties de la région.
Il y a peu, l’Espagne boudait l’exercice de l’OTAN, African Lions, qui se déroulait à nos frontières, au motif que certaines opérations incluaient des territoires du Sahara Occidental occupé. Ce qui, toutefois, fut formellement démenti par la partie américaine.
Nous laisserons, au passage, à l’appréciation du lecteur, les réels objectifs de ces exercices, dont il en aura également un aperçu dans sa version orientale en Mer Noire.
Pourquoi donc, sont-ce précisément les voix de ces 2 membres de l’UE qui se sont élevées et qui ont exprimé leur plus vive opposition ? Et pourquoi leur position vis à vis de la question sahraoui tend-elle à converger avec celle de l’Algérie?
2) Comme une odeur de gaz
Faut-il considérer comme l’effet d’un pur hasard le choix de l’Allemagne comme destination du président Tebboune pour des soins suite à sa contamination au covid ?
N’y a-t-il été en effet question que bilans de santé du président et n’en a-t-on pas profité pour discuter d’autres diagnostics ? Gardons un instant à l’esprit l’orientation stratégique de l’Allemagne vers l’hydrogène issu du gaz naturel comme principale source d’énergie.
Autre fait remarquable, le rôle de premier plan joué par l’Algérie dans le dossier libyen à la conférence de Berlin et à laquelle le Maroc avait été royalement ignoré.
Quant au Mali, où l’accord d’Alger est à la base de toutes discussions pour parvenir à une paix durable, le rôle central de l’Algérie n’est plus à démontrer. A noter l’immense potentiel gazier découvert dans le nord du pays en 2010, soit peu avant l’arrivée de « jihadistes » en 2011…dans le nord du pays.
Pour ce qui est de l’Espagne, 1er client du gaz algérien, il n’est fait secret pour personne de leur étroite relation dans ce domaine avec notre pays. De même, du reste, que l’Italie.
Suite à l’affaire Pegasus, la réaction de la France, confinée dans un silence gêné jusqu’ici, traduit un mouvement d’humeur vis à vis de son protectorat et sans doute sonne comme un rappel à l’ordre dans ce qui lui semble une volonté ou du moins une tentative de lui échapper pour les faveurs d’un autre protecteur.
Nous évoquerons au passage la découverte d’un important gisement offshore que partagent l’Algérie et la Tunisie. Cette dernière est également partie de la stratégie énergétique européenne, ne serait-ce qu’au regard des gazoducs passant par son territoire.
Ce qui explique sans doute les problèmes politiques, sociaux et économiques qu’elle rencontre.
Ainsi pour résumer, l’on pourra faire le constat suivant qui se vérifiera infailliblement : les troubles, les conflits que connaissent tous les pays déstabilisés ont la fâcheuse manie de surgir aussitôt que l’on découvre des réserves de pétrole ou de gaz.
3) Le Nigal
D’aucuns s’étonnent des gesticulations intempestives du makhzen, qu’ils jugent désordonnées, absurdes.
Ils considèrent le tweet de Trump comme une initiative personnelle, en somme une énième bourde d’un « illuminé » ignorant des usages diplomatiques.
Or il nous semble que ce fameux tweet n’est en réalité que l’affirmation, la divulgation au grand jour de la guerre du gaz que livre l’Uncle Sam (ou plutôt la faction actuellement aux commandes de l’état profond) aux pays producteurs pour imposer son monopole dans la distribution de cette énergie.
Nous en avons vu les effets dans le conflit syrien où se sont opposés 2 projets de gazoducs rivaux, l’un porté par l’Iran et l’autre soutenu par le Qatar et l’OTAN. Bachar eut le tort, selon les impérialistes atlantistes, de privilégier la solution iranienne.
Les faucons étasuniens semblent projeter 2 scénarii pour le cas algérien :
– soit une redite de la guerre Iran-Irak, avec pour protagonistes l’Algérie et le Maroc. L’armement octroyé par le pentagone à ce dernier a drastiquement augmenté dernièrement.
– soit une répétition de la guerre civile syrienne.
Ainsi, se dessine aux portes de l’Algérie, qui se trouve au cœur de cet enjeu géostratégique dans cette partie du monde, une configuration similaire au cas syrien : deux projets de gazoduc antagonistes. L’un prévu de longue date, le Nigal, livrant à l’Europe le gaz du Golfe de Guinée (riche en gaz mais connaissant une instabilité du fait notamment de l’intervention des puissances étrangères) et passant par le Niger et l’Algérie et le second longeant et traversant une dizaine de pays africains par la côte ouest dont le Maroc pour alimenter l’UE.
Le Maroc, dans la vision du Pentagone, est un pion destiné à renforcer la suprématie étasunienne. Grisé de s’entendre promu au rang « d’allié stratégique » et flatté de se voir intégré dans ce plan américano-sioniste de domination mondiale, il croit avoir acquis un « totem d’immunité » dans ce jeu des grandes puissances.
Il ose désormais afficher officiellement des positions et des déclarations allant à l’encontre des principes des nations unies, et de sa propre population, allant jusqu’à blesser ses sentiments religieux. Il se sent donc libre de faire publiquement son coming-out.
Que le royaume prenne garde toutefois de ne pas oublier le sort réservé par l’oncle Sam à ses « alliés » ou « amis » d’un moment et le peu de cas qu’il accorde à ses pactes et à ses accords au gré de ses intérêts. Le cas de Sadam Hussein, pour ne prendre que celui-ci, en est à cet égard un exemple édifiant.
4) L’Histoire se répète-t-elle sous nos yeux ?
Bon nombre d’analystes s’inquiètent des multiples tensions et conflits de par le monde, qui n’attendent qu’une étincelle pour finir en conflagration mondiale.
Et le contexte actuel n’est pas sans rappeler la situation qui prévalait à la veille de la 1ère guerre mondiale, dont l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand a constitué le détonateur.
C’est ainsi que l’Allemagne et la Turquie (l’Empire Ottoman en ce temps) conclurent un accord pour la construction d’une ligne de chemin de fer Berlin-Baghdad (le fameux Bagdadbahn) financé par la Deutsche Bank et dont le tracé coïncidait avec les champs pétroliers de la région.
Ainsi le gouvernement allemand, s’étant auparavant immiscé dans le capital de la Turkish Petroleum Company en acquérant 24% des parts, entrait de facto en conflit avec la France et l’Angleterre dans une région qui constituait leur sphère d’influence.
L’Empire Ottoman céda un moment à la suite de pressions exercées par l’Angleterre qui envoya des bâtiments de guerre au large de la Turquie, plaçant cette dernière sous la menace de leurs bombardements (manœuvred’une extrême gravité qui constituait en soi une déclaration de guerre).
Les travaux reprirent toutefois, ce qui déclencha, nous en sommes convaincus, la 1ère guerre mondiale, qui opposait les principaux protagonistes avec d’un côté le tandem franco-anglais et de l’autre l’alliance turco-allemande.
Plus près de nous, la crise de Tanger en 1905 et d’Agadir en 1911 avaient cristallisé les tensions entre puissances impérialistes (France, Espagne, GB et Allemagne) dans cette partie de la région, objet de convoitises. Puis durant la 2ème guerre mondiale, les troupes américaines débarquaient à Casablanca et Marrakech entre autres pour prendre à revers et en étau les forces de l’axe. Ils décident d’y demeurer encore pour « endiguer l’expansion soviétique ».
Aujourd’hui, se retrouvent à nos portes quasiment les mêmes acteurs avec les mêmes objectifs : le contrôle du gaz et de sa distribution.
5) Quelle perspective pour l’Algérie ?
Une situation qui semble à priori menaçante pourrait toutefois constituer une opportunité pour l’Algérie.
Ainsi de par sa position géographique privilégiée, ses infrastructures gazières existantes, l’Algérie est à même de s’imposer naturellement comme le partenaire logique et évident de la stratégie énergétique européenne.
Par ailleurs sa neutralité et son attachement au principe de non-ingérencedans les affaires internes, maintes fois (ré)affirmés, privilégiant les solutions politiques, diplomatiques et économiques en font un pays exportateur de paix dans la région et un acteur crédible et sûr, dont la constance ne s’est jamais démentie au cours de son histoire.
En outre les principaux partenaires européens sont conscients de la non viabilité, de l’inefficience du Gazoduc ouest-africain, qui, plus est, contribuerait à accroître la domination et l’emprise des USA dans un secteur vital comme celui de l’énergie.
Les Européens qui sont déjà sous la coupe des USA dans le domaine militaire via l’OTAN, voient en effet d’un mauvais œil l’étau étasunien se resserrer autour d’eux au prétexte de la lutte contre l’ogre russe et le dragon chinois, notamment dans le blocage du projet Northstream et en Afrique du Nord dans le verrouillage et le sabotage du projet Nigal. Nous suggérons à l’occasion l’idée de participer au Northstream car ce dernier aboutira vu son importance pour la patience européenne, en premier chef l’Allemagne qui ne ménagera aucun effort pour que ce projet aboutisse.
L’Europe a donc, on le voit, tout intérêt à s’associer à l’Algérie pour sa sécurité énergétique, un pays reconnu comme un médiateur crédible, susceptible non seulement de prévenir une 3ème guerre mondiale qui gronde à nos portes mais également de contribuer à l’avènement d’un monde apaisé, inaugurant un nouvel âge d’or des relations internationales.
Miloud Boumaza
La Patrie News, 02/08/2021
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Revirement ou tactique ? Mohamed VI feint l’apaisement
par El-Houari Dilmi
Rabat a-t-elle voulu demander implicitement pardon à Alger, à en juger par le « discours mielleux » du monarque marocain à l’égard de l’Algérie ? Alors que l’ambassadeur d’Algérie à Rabat, rappelé le 18 juillet dernier, n’a toujours pas rejoint son poste, le roi du Maroc Mohamed VI a déploré samedi, dans un discours prononcé à l’occasion de la fête du Trône, les « tensions » entre son pays et l’Algérie, réitérant son appel à rouvrir les frontières terrestres avec son voisin. « Vous n’aurez jamais à craindre de la malveillance de la part du Maroc (…) La sécurité et la stabilité de l’Algérie et la quiétude de son peuple sont organiquement liées à la sécurité et à la stabilité du Maroc », a assuré le monarque marocain dans un discours en grande partie consacré à l’Algérie. Mohamed VI a invité le président Abdelmadjid Tebboune « à œuvrer à l’unisson au développement des rapports entre les deux pays voisins ».
Cette nouvelle « sortie » du roi du Maroc intervient au moment où les relations entre l’Algérie et le Maroc sont plombées depuis plusieurs décennies par la question du Sahara occidental. Ces rapports, déjà tendus, ont été marqués par un nouvel accès de tension il y a deux semaines quand l’ambassadeur marocain à l’ONU a annoncé durant une réunion du mouvement des non-alignés soutenir « l’autodétermination » du « peuple kabyle » en Algérie, en réaction au soutien de l’Algérie aux Sahraouis. Alger n’a pas tardé à riposter en rappelant son ambassadeur à Rabat pour consultations.
« A sa plus proche convenance, j’invite le Président algérien à œuvrer à l’unisson au développement des rapports fraternels tissés par nos deux peuples durant des années de lutte commune », a déclaré Mohamed VI. Il a également réitéré son appel à rouvrir les frontières fermées depuis l’été 1994 à l’initiative de l’Algérie. Alger avait, rappelle-t-on, riposté à la décision de Rabat d’imposer un visa d’entrée à son territoire aux Algériens. Depuis 2004, le visa a été supprimé et les lignes aériennes entre les deux pays rétablies mais l’Algérie refuse de rouvrir ses frontières terrestres.
«Une dérive dangereuse»
Pour rappel, le 16 juillet dernier, l’Algérie, via un communiqué du ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, avait condamné une « grave dérive dangereuse de la diplomatie marocaine » au sujet d’un prétendu « droit à l’autodétermination du peuple kabyle ». En effet, le ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger avait condamné « énergiquement » « une dérive particulièrement dangereuse » de la représentation diplomatique marocaine à New York. « La représentation diplomatique marocaine à New York a fait distribuer à tous les pays membres du Mouvement des Non-Alignés une note officielle dont le contenu consacre formellement l’engagement du Royaume du Maroc dans une campagne hostile à l’Algérie, à travers un soutien public et explicite à un prétendu droit à l’autodétermination du peuple kabyle qui, selon ladite note, subirait la plus longue occupation étrangère », avait souligné le MAE dans son communiqué. « Cette double assertion vaut reconnaissance de culpabilité en ce qui concerne le soutien marocain multiforme actuellement accordé à un groupe terroriste connu, comme cela a été le cas du soutien aux groupes terroristes qui ont ensanglanté l’Algérie durant la décennie noire », toujours selon le communiqué du MAE.
« Cette communication diplomatique marocaine est aventuriste, irresponsable et manipulatrice ; elle relève d’une tentative à courte vue, simpliste et vaine, destinée à cultiver un amalgame outrancier entre une question de décolonisation dûment reconnue comme telle par la communauté internationale et ce qui n’est qu’un complot dirigé contre l’unité de la nation algérienne», avait ajouté le ministère des Affaires étrangères, précisant que « dans la situation ainsi créée par un acte diplomatique douteux commis par un ambassadeur, l’Algérie, République souveraine et indivisible, est en droit d’attendre une clarification de la position définitive du Royaume du Maroc sur cet incident d’une gravité extrême ».
Système d’espionnage visant l’Algérie
Les relations entre Alger et Rabat se sont encore détériorées par l’affaire « Pegasus ». L’Algérie avait réagi via l’ouverture d’une enquête judiciaire, ordonnant l’ouverture d’une enquête préliminaire sur l’existence d’un système d’intelligence informatique d’écoute et d’espionnage ayant visé les intérêts de l’Algérie, mais aussi des personnalités algériennes espionnées par le Maroc. « Si les faits, objet de cette enquête, sont avérés, ils constitueraient des infractions réprimées par la législation algérienne sous sa forme criminelle pour avoir rassemblé des renseignements, objets et documents au profit d’une puissance étrangère aux fins de nuire à la défense nationale et constitueraient également des infractions d’accès frauduleux dans un système de traitement automatisé de données et d’atteintes aux secrets des communications», selon le parquet du tribunal de Sidi M’Hamed.
Le Quotidien d’Oran, 02/08/2021
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Maroc-Algérie: Il faut des excuses !
Le roi est-il bien informé ?
par Maâmar Farah
En qualifiant le climat trouble qui préside aux relations algéro-marocaines d’héritage du passé, Mohammed VI fait abstraction de toutes les hostilités présentes dirigées contre notre pays. Le silence sur le dérapage de son ambassadeur à l’ONU et l’«oubli» de l’affaire Pegasus nous donnent à penser que le souverain marocain est peut-être mal renseigné sur l’ampleur de la crise.
Croire qu’une réouverture des frontières réglerait tout relève de la légèreté en politique.
Vous avez touché à notre unité nationale en demandant officiellement à New York «l’indépendance de la Kabylie» et vous avez espionné nos dirigeants en collaboration avec les sionistes. Il faut un peu plus qu’un discours conciliant pour réparer le mal ! Il faut des excuses !
M. F.
Le Soir d’Algérie, 02/08/2021
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MAROC-ALGÉRIE Mohammed VI : quel revirement !
Dans un contexte de tension extrême entre les deux pays, le roi du Maroc a prononcé un discours qui se veut apaisant en direction de l’Algérie, à qui il a consacré la moitié de son discours, soit 8 minutes sur les 16 qu’a duré son allocution.Abla Chérif – Alger (Le Soir) – Mohammed VI s’est exprimé ce samedi à l’occasion de la fête du Trône et son allocution traditionnelle s’est transformée en un véritable plaidoyer en faveur d’une accalmie dans les relations entre Alger et Rabat. Le roi, qui n’est pas apparu au plus haut de sa forme, a surtout consacré la plus grande partie de son discours à des appels à un retour à la normale en des termes empreints de messages de différents niveaux.Le premier de ces messages est directement lié aux derniers événements qui ont exacerbé les tensions entre les deux pays et là on observe une grosse différence entre les faits très graves qui se sont produits et les propos tenus sur le sujet. « Vous n’aurez jamais à craindre de la malveillance de la part du Maroc (…) la sécurité, la stabilité de l’Algérie, et la quiétude de son peuple sont organiquement liées à la sécurité et à la stabilité du Maroc », a-t-il déclaré. Ces mots qui se veulent rassurants sont inévitablement considérés comme étant la réponse attendue par Alger après la grosse provocation de Omar Hillal au sujet de la Kabylie.Lors d’une réunion des non-alignés (en juillet dernier), le représentant permanent du Maroc à New York avait plaidé, dans une note officielle de son pays, « l’autodétermination de la Kabylie », ce qui a provoqué une forte réaction d’Alger qui a exigé de Rabat d’éclaircir sa position officielle sur le sujet. Dans un communiqué publié par le ministère des Affaires étrangères, Alger a exigé des explications qui ne sont jamais venues, ce qui a valu le rappel de l’ambassadeur d’Algérie au Maroc et un nouveau communiqué du MAE annonçant que l’Algérie se réservait le droit d’aller plus loin dans ses actions. Compte tenu de la gravité de la situation, Mohammed VI a tenu à répondre en personne à la demande algérienne en des termes qui désavouent également Omar Hillale, l’homme fort dans l’échiquier posé par le roi à l’échelle internationale, puisque son discours marque un net retrait par rapport aux propos de Hillal qui, lui, évoquait ouvertement « l’indépendance de la Kabylie ».Le second message contient un appel à l’ouverture des frontières terrestres fermées en 1994 par l’Algérie en riposte à la décision de Rabat d’imposer un visa d’entrée à son territoire aux Algériens accusés d’être responsables des attentats terroristes de Marrakech.«À sa plus proche convenance, déclare à ce sujet Mohammed VI, j’invite le Président algérien à œuvrer à l’unisson au développement des rapports fraternels tissés par nos deux peuples durant des années de lutte commune .» Mohammed VI insiste sur le sujet, il appelle à la « sagesse de l’Algérie » qui campe sur sa position. La sollicitation marocaine n’est pas une nouveauté, elle a même pris l’allure de supplication, de harcèlement permanent pour un changement de position d’Alger qui ne s’est pas laissé influencer en dépit de la suppression du visa en 2004 et du rétablissement des lignes aériennes entre les deux pays.La question qui se pose bien évidemment depuis la prononciation de ce discours est le pourquoi de la volte-face marocaine, le pourquoi du changement radical du ton en provenance de Rabat qui a accéléré provocations et jeux dangereux tout au long de ces derniers mois. Ce que l’on peut dire aujourd’hui est que tous les spécialistes du dossier Algérie-Maroc s’accordent sur un constat : « Le Maroc a pour habitude de faire marche arrière, de se rétracter, peut-être tactiquement, lorsque l’Algérie perd patience et fait preuve de grande fermeté, l’histoire de ces deux pays est ponctuée d’événements de ce genre qui ne servent en fait qu’à apaiser une tension qui s’est trop exacerbée.»Les spécialistes font une seconde lecture du discours prononcé à l’occasion de la fête du Trône. « L’allocution est traditionnellement très attendue par les Marocains, et elle l’était encore plus cette année puisque le roi, que l’on dit malade, était très peu visible, pratiquement inexistant au point où tous se demandaient qui gère encore ce pays englué dans des problèmes sérieux.Le roi est finalement apparu mais lorsqu’il s’est exprimé, c’était, encore une fois, pour détourner l’attention de la situation interne, pour dire, une fois de plus, que l’Algérie est le problème essentiel, tout le paradoxe marocain est là », conclut-on.A. C.Le Soir d’Algérie, 02/08/2021Etiquettes : Maroc, Algérie, Kabylie, MAK, Espionnage, Pegasus, #Maroc #Algérie #Pegasus -
Algérie- Maroc : seule l’ouverture des frontières terrestres intéresse le Makhzen
Le discours du souverain marocain a tourné autour de deux axes. Dans le premier, M6, a répété, à satiété, que son pays n’est pas l’ennemi de l’Algérie : «Je peux rassurer nos frères Algériens que le mal et les problèmes ne viendront jamais du Maroc. Aucune menace ni aucun danger ne viendra de nous parce que ce qui vous touche nous touche et ce qui vous atteint nous fait mal. Aussi, considérons que la sécurité et la stabilité de l’Algérie et la quiétude de son peuple sont liées à la sécurité et la stabilité du Maroc. Le contraire est valable aussi. Ce qui touche le Maroc affecte l’Algérie parce qu’ils sont comme un seul corps.»Le deuxième point, sur lequel le roi du Maroc a longuement discouru est la question des frontières terrestres. Il semble d’ailleurs qu’il s’agit du seul sujet qui intéresse le pouvoir marocain. « Ma conviction est que les frontières ouvertes constituent un état naturel entre deux pays voisins et entre deux peuples frères. La fermeture des frontières va à l’encontre d’un principe légal consacré par les conventions internationales dont la Déclaration de Marrakech constitutive de l‘Union du Maghreb arabe (UMA) qui consacre la libre circulation des personnes, des biens, des services et des capitaux entre les Etats membres.»Dans cette déclaration, M6, invite l’Algérie à rouvrir les frontières terrestres entre les deux pays sans conditions, occultant le contexte historique qui avait présidé à la fermeture. Faut-il rappeler que les frontières terrestres entre l’Algérie et le Maroc sont fermées depuis 1994. Alger a décidé de fermer les frontières après que Rabat ait instauré le régime des visas entre les deux pays et que Rabat a accusé l’Algérie d’être impliquée dans l’attentat terroriste du 24 août 1994 ayant ciblé un hôtel à Marrakech. Rabat a renvoyé des centaines d’Algériens.Sans un mot n’a été prononcé, dans le discours du roi, sur les graves dérives de la diplomatie marocaine, ces derniers temps.L’Algérie attend, toujours, des clarifications exigées suite à l’attitude de l’ambassadeur du Maroc à New York.Cette dérive qui, faut-il le rappeler, est d’une gravité extrême en ce qu’elle constitue un soutien officiel, public et explicite, à une sédition fomentée par une organisation terroriste.A la mi-juillet, la représentation diplomatique du Maroc à New-York avait remis une note aux Etats membres du mouvement des Non-alignés dans laquelle elle affirmait le soutien du royaume à «l’autodétermination du vaillant peuple kabyle ».La note a été qualifiée à Alger de « dérive dangereuse » et fait réagir tout le pays, y compris des militants kabyles détenus. Le 16 juillet, l’Algérie a rappelé son ambassadeur au Maroc « pour consultations ».L’affaire «Pegasus», est venue s’ajouter aux autres pour envenimer davantage les relations entre les deux pays. «Pegasus», ce programme informatique israélien utilisé par le Maroc pour espionner des personnalités et des entreprises algériennes.Pour le chef du Makhzen, rien n’est intéressant, sauf l’ouverture des frontières terrestres. Et c’est sur cette base, seulement, qu’il formule son appel à l’Algérie «pour travailler ensemble sans conditions afin de construire des relations bilatérales fondées sur la confiance, le dialogue et le bon voisinage. Nous ne sommes pas satisfaits de l’état actuel de ces relations, cela n’est pas dans l’intérêt de nos deux peuples, jugé inacceptable par un certain nombre d’Etats.»C’est à méditer du crédit qu’il faudrait accorder à un tel discours. L’Algérie officiel n’a, à l’heure où nous mettons sous presse, n’a pas répondu.Abir N.La Nation, 01/08/2021Etiquettes : Algérie, Maroc, Kabylie, MAK, espionnage, Pegasus, #Algérie #Maroc #Pegasus #Espionnage -
Mohammed VI sur l’Algérie: Entre hypocrisie et belles promesses
Par Mohamed Kouini
Comme à son habitude et comme dans ses rares discours, le roi du Maroc, Mohammed VI, a une nouvelle fois fait appel du pied à l’Algérie, samedi soir, l’invitant à la réouverture des frontières terrestres, fermées depuis 1994, arguant que “les raisons ayant conduit à la fermeture des frontières sont totalement dépassées et n’ont plus raison d’être aujourd’hui”.
Un discours où il ne cessa de répéter les mêmes arguments sur le bon voisinage, l’histoire commune des deux peuples, évitant soigneusement de faire allusion aux deux affaires récentes qui ont provoqué l’ire des autorités algériennes et qui ont soulevé un mécontentement populaire.
Deux affaires qui furent dénoncées en leur temps par l’Algérie, d’abord, quand un diplomate de haut rang du Makhzen, établi au siège de l’ONU, a expressément annoncé le soutien marocain à une organisation qualifiée de terroriste, le MAK, et à une soi-disant autodétermination du “peuple kabyle”. Cette position a poussé le gouvernement algérien à rappeler son ambassadeur de Rabat pour consultations, en attendant d’autres décisions dans le futur.
Au même moment, plusieurs médias occidentaux ont fait des révélations troublantes et avérées sur un vaste réseau d’espionnage contre l’Algérie, ses personnalités politiques, des chefs militaires, des activistes de l’opposition, des hommes d’affaires et des journalistes. Au moyen d’un logiciel israélien Pegasus, les services marocains ont été accablés par des preuves tangibles.
Mais pour le Roi, ces deux affaires ne constituent point un sujet important. Ni regret ni excuses, M6 s’est fendu d’un discours classique, allant jusqu’à lancer une banderille codée, au milieu de sa diatribe, en évoquant le mot “intrus”, allusion claire au Polisario et au peuple sahraoui. Pour certains observateurs, c’est déjà de l’hypocrisie pure de la part de la monarchie marocaine.
Dans ce discours à la nation à l’occasion du 22e anniversaire de son accession au trône en 1999, Mohamed VI affirme : “Nous renouvelons notre invitation sincère à nos frères en Algérie pour œuvrer, de concert et sans conditions, à l’établissement de relations bilatérales fondées sur la confiance, le dialogue et le bon voisinage”.
Pour le roi du Maroc, qui feint de faire le bilan des relations bilatérales, “l’état actuel de ces relations ne nous satisfait guère car il ne sert en rien les intérêts respectifs de nos deux peuples. Il est même jugé inacceptable par bon nombre de pays. Entre deux pays voisins et deux peuples frères, l’état normal des choses, c’est notre conviction intime, est que les frontières soient et demeurent ouvertes”.
Poursuivant son discours, Mohamed VI souligne qu’”à cet égard, force est de constater que ni Son Excellence, l’actuel président algérien, ni l’ex-Président, ni moi-même ne sommes à l’origine de cette décision de fermeture. Néanmoins, devant Dieu, l’histoire et nos concitoyens, nous sommes responsables politiquement et moralement de la persistance du statu quo”.
“Nous ne voulons ni faire de reproches ni donner de leçons à quiconque. Nous nous percevons plutôt comme des frères qu’un corps intrus a divisés, alors qu’il n’a aucune place parmi nous. Par ailleurs, d’aucuns soutiennent l’idée erronée que l’ouverture des frontières apporterait seulement un cortège de malheurs et de problèmes à l’Algérie et au Maroc. A l’ère de la communication et des nouvelles technologies, personne ne peut donner crédit à pareils discours”, ajoute le roi du Maroc.
Visiblement, Mohamed VI, qui paraissait malade ou affaibli, prononçant difficilement son allocution, a voulu balayer, selon ses assertions, des contre-vérités sur le Maroc, colportées par des médias.
Il dit : “A ce propos, je rassure nos frères en Algérie : vous n’aurez jamais à craindre de la malveillance de la part du Maroc, qui n’est nullement un danger ou une menace pour vous. En fait, ce qui vous affecte nous touche et ce qui vous atteint nous accable. Aussi, nous considérons que la sécurité et la stabilité de l’Algérie, et la quiétude de son peuple sont organiquement liées à la sécurité et à la stabilité du Maroc. Corollairement, ce qui touche le Maroc affecte tout autant l’Algérie car les deux pays font indissolublement corps. La vérité est que le Maroc et l’Algérie sont tous deux confrontés aux problèmes de l’immigration, de la contrebande, du narcotrafic et de la traite des êtres humains. Les bandes qui s’adonnent à ces activités criminelles sont notre véritable ennemi commun. Si, ensemble, nous nous attelons à les combattre, nous parviendrons à mettre fin à leurs agissements en extirpant leur mal à la racine”.
A la fin de son discours, le monarque a tenté de jouer “à la main tendue” en affirmant :”Nous déplorons les tensions médiatiques et diplomatiques qui agitent les relations entre le Maroc et l’Algérie. Elles nuisent à l’image des deux pays et laissent une impression négative, notamment dans les enceintes internationales. Aussi, nous appelons à faire prévaloir la sagesse et les intérêts supérieurs de nos deux pays. Nous pourrons ainsi dépasser cette situation déplorable qui gâche les potentialités de nos deux pays, au grand dam de nos deux peuples et des liens d’affection et de fraternité qui les unissent. Plus que deux nations voisines, le Maroc et l’Algérie sont deux pays jumeaux qui se complètent. Par conséquent, à sa plus proche convenance, j’invite Son Excellence le président algérien à œuvrer, à l’unisson, au développement des rapports fraternels tissés par nos deux peuples durant des années de lutte commune”, conclut le roi du Maroc.
Pour le moment, aucune réaction officielle algérienne n’a été enregistrée quant au contenu de ce discours.
Le Jeune Indépendant, 01/08/2021
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Maroc: Mohammed VI nargue l’Algérie
Dans son message annuel à l’occasion de la fête du trône, le roi du Maroc a consacré samedi soir une partie plus longue que d’habitude de son discours à la politique étrangère, mais à aucun moment il n’a évoqué les crises bilatérales qu’il a ouvert avec trois pays : l’Espagne, l’Allemagne, la France.
Mais Mohamed VI n’a pas évoqué les tensions avec l’Espagne suite à l’hospitalisation du leader du Front Polisario, Brahim Gali dans la région La Rioja en avril ni l’Allemagne, pays avec lequel il tous les contacts sont coupés depuis mars. Il n’a pas non plus mentionné le scandale de l’utilisation par les autorités marocaines du logiciel espion israélien Pegasus pour pirater les téléphones de milliers de personnes dont le président français Emmanuel Macron. Par contre, une bonne partie de son discours a été consacrée au voisin de l’Est, l’Algérie.
Le souverain marocain ne s’est pas non plus prononcé sur la question du Sahara Occidental que les marocains considèrent comme « cause nationale numéro 1 » et où la guerre a repris depuis novembre 2020 et qui semble être la principale raison de la visite du responsable du Département d’Etat américain Joey Hood.
Mohamed VI a déclaré tendre la main aux algériens auxquels il a demandé la réouverture des frontières fermées depuis 1994 après que le roi Hassan II a accusé l’Algérie d’être derrière l’attentat de l’Hôtel Hasni de Marrakech.
Les propos du roi interviennent à un moment où l’ambassadeur d’Algérie à Rabat a été rappelé suite à la décision du Maroc d’annoncer son soutien à ce qu’il a appelé « le droit à l’autodétermination de la Kabylie ». L’Algérie est aussi l’une des principales victimes de l’espionnage marocain révélé par le Project Pegasus. C’est dire que le moment est très mal choisi pour l’initiative royale. Autant dire que ce discours a peu de chances d’être perçu comme sincère en Algérie et il sera inscrit comme une provocation de plus de la part de Rabat.
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L’Algérie à l’épreuve : pour un aggiornamento salvateur
Par Pr Chems Eddine Chitour(*)Ce mois de juillet est décidément un mois difficile pour le pays, confronté aux conséquences des changements climatiques avec les feux de forêt récurrents, mais aussi le Covid-19 avec une 3e vague plus féroce. Ce tueur silencieux, qui moissonne à tout-va, du fait de plusieurs facteurs dont le plus important est celui de traiter par le mépris cette nouvelle peste au nom d’un atavisme d’une incivilité, mais aussi d’un fatalisme qui n’a pas lieu d’être, «oua khoudhou hadrakoum», nous recommande le Coran. Par ailleurs, l’Algérie peine à se redéployer sur le plan économique malgré des efforts remarquables. Les réserves de change nous donnent un sursis que nous devons mettre à profit pour créer de la richesse hors-hydrocarbure en misant, à marche forcée, sur un plan renouvelable avec l’hydrogène et le développement sans tarder du pôle d’excellence de Sidi Abdallah. Cette modeste contribution se veut être un état des lieux de nos forces et faiblesses.Les provocations permanentes du MakhzenIndépendamment de ces problèmes, qui sont le quotidien de toute nation, la situation est compliquée par le fait d’interférences extérieures, principalement du Makhzen marocain. Il est connu que le Maroc est un pourvoyeur mondial de kif dans l’impunité la plus totale, notamment de la part de l’Europe qui en est ravitaillée via l’Espagne. L’Algérie lutte d’une façon permanente contre les trafiquants de drogue à la fois via les frontières terrestres, mais aussi maritimes. Cependant, nous constatons une escalade du Maroc qui dénote d’une certaine fuite en avant concernant l’invasion du Sahara occidental en 1975, dernière colonie en Afrique.Inscrit depuis 1966 sur la liste des territoires non autonomes, et donc éligible à l’application de la résolution 1514 (XV) de 1960 de l’Assemblée générale de l’ONU portant déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et peuples coloniaux, la résolution 34/37 de 1979 appelle explicitement à la fin de l’occupation du territoire par le Maroc.Ainsi, dans sa politique de diversion, en allumant des contrefeux, le Makhzen, au lieu de s’occuper de son peuple, tente une déstabilisation de l’Algérie, une de plus, aidé en cela par un mouvement sécessionniste qui a pignon sur rue en France, en l’occurrence le MAK. Rien moins que la partition du pays ! Se proclamant leader pour négocier le sort de la Kabylie, il oublie que la Kabylie appartient aux Algériens, quelle que soit leur région. Comme l’a écrit un écrivain connu : «Chacun d’entre nous a droit à une part en Kabylie.» (Nsal fiha chbar). Cette revendication de chacun plonge ses racines dans le combat anonyme de millions d’Algériens bercés par cette conviction d’appartenance à un grand pays à défendre d’est en ouest et du nord au sud. Comme nous le lisons dans cette contribution parue dans le journal El Watan, l’initiateur et promoteur du projet d’«autonomie-indépendance» de la Kabylie, Ferhat Mehenni, a franchi, dans sa quête de crédibilisation de ce projet, le seuil de l’indélicatesse et de l’affront. Le chef du MAK a tenu des propos insultants vis-à-vis de la Kabylie et de la guerre de Libération nationale et ce, dans l’enceinte même de l’Assemblée nationale française.«De Sidi Ferruch en juillet 1830 à la bataille d’Icharridène le 24 juin 1857, de l’insurrection de 1871 à celle du 1er Novembre 1954, de l’émigration kabyle en France tout au long du XXe siècle, dont notamment les douloureux évènements à Paris du 17 Octobre 1961, au flux massif des sans-papiers kabyles issus de la révolte populaire du Printemps noir en 2001, la France et la Kabylie ont été marquées par un malentendu qu’il est enfin temps de dépasser», a dit Ferhat Mehenni lors d’une rencontre organisée à l’Assemblée française à l’occasion de Yennayer, le Nouvel An berbère, célébré pourtant par toute l’Algérie et tous les Amazighs. Ainsi, pour Ferhat Mehenni, la colonisation française et le combat pour l’indépendance nationale, qui a coûté la vie à plus d’un million d’Algériens, n’ont été qu’«un malentendu» qui «n’a jamais été traité pour des raisons géopolitiques».(1)En fait, c’est de mon point de vue le fait de différer constamment la question qui est de définir le projet de société et s’interroger sur ce que c’est qu’être algérien au XXIe siècle. Quels sont nos fondamentaux culturels et cultuels ? La quête d’un récit national consensuel qui fait siens aussi bien Massinissa que Jugurtha que l’Émir Abdelkader et qui se réfère à un Islam de 1 400 ans, fait de tolérance, est un chantier qui attend toujours d’être ouvert tant il est vrai que l’aboutissement à un vivre-ensemble au nom d’une Algérianité assumée qui coupera la route à l’aventure de ceux qui cherchent leur légitimité soit auprès de l’ancien colonisateur ou d’une sphère moyen-orientale installée dans les temps morts.Le cyber-espionnage : la guerre permanente sans mortsSelon l’enquête du consortium réuni autour de Forbidden Stories et d’Amnesty International, Rabat a abusé du logiciel Pegasus pour espionner son grand rival, son frère ennemi, l’Algérie, au moment où celui-ci a été ébranlé par le Hirak, un soulèvement populaire de grande ampleur, qui a déchu l’inamovible et fantomatique Abdelaziz Bouteflika. Parmi les hantises et obsessions du Maroc : la crainte que le peuple marocain, qui étouffe dans un royaume d’inégalités, se soulève à son tour. Et puis bien sûr la question du Sahara occidental pour lequel le palais est prêt à tout, y compris sur le sol français ou européen».(2)La guerre sans morts, concept qui décrit les guerres économiques, voire géopolitiques. Il est très important de noter que NSO, la firme qui commercialise le logiciel Pegasus, ne peut vendre son produit sans l’aval du ministère de la Défense israélien, ce qui en dit long sur les méthodes et l’éthique de l’entité sioniste. Pour Ahmed Bensaada cela a démontré que l’ingérence étrangère, si décriée à l’occasion du Hirak (et bien avant), n’est pas uniquement une vue de l’esprit mais belle et bien réelle. Il a confirmé que les relations sécuritaires, commerciales et politiques entre l’État hébreu et certains pays arabes ne datent pas d’hier et ont précédé les récentes normalisations (Maroc et Émirats) ou celles pressenties dans le futur (Arabie saoudite). Le Maroc, à lui seul, a ciblé plus de 10 000 numéros de téléphone, soit près du cinquième du total. 60% de ces cibles (6 000) ont été localisées en Algérie, montrant à quel point le considérable espionnage du royaume chérifien est focalisé sur l’Algérie, dévoilant les intentions belliqueuses de ce pays envers son voisin.(3)L’espionnage : une technique constamment perfectionnéeIl est important de savoir qu’en règle générale, tout le monde espionne tout le monde depuis toujours. Nous nous souvenons du rôle joué par l’Algérie dans la libération des otages américains. On raconte que l’Algérie qui servait de trait d’union entre les Américains et les Iraniens s’étonnait que la réponse américaine était immédiate à chaque étape de la négociation. En fait, les Américains avaient connaissance des réponses iraniennes en les interceptant. Nous nous souvenons aussi du piratage du portable de Madame Merkel par la NSA qui dispose d’immenses antennes pour espionner tout le monde. Déjà en 2019, les portables du Président français et de ses collaborateurs ont été piratés.Le «Projet Pegasus» de la société israélienne NSO Group a, dit-on, révolutionné l’espionnage. Mais ce n’est pas le premier et ce ne sera pas le dernier. Lors du passage, le 26 juillet, sur la chaîne française LCP, Xavier Niel, l’homme qui pèse 7 milliards de dollars, a expliqué comment il a débuté au milieu des années 80, sans faire d’études supérieures, mais étant doué en informatique avec comme viatique le bac. Ses premières « victimes » seront les portables des hommes politiques au point de se faire recruter par les services secrets français comme honorable correspondant.Sa réussite, il l’a doit au Minitel rose mais aussi et surtout à la box et au concept Free (téléphone+internet+ télévision). Les motivations des pirates informatiques ont évolué : du piratage de logiciels de la part d’amateurs dont la motivation essentielle consistait à voler pour leur usage personnel, nous sommes passés à un piratage «professionnel» d’ordre économique (détournements d’argent) et piratage industriel, proche de l’espionnage.Edward Snowden, le lanceur d’alerte américain, s’est exprimé à propos du logiciel, NSO Group qui a ciblé des smartphones de personnalités politiques et médiatiques.«C’est comme un espion dans votre poche (…). Cela ne devrait pas exister.» «Ce que l’on voit maintenant, c’est une industrie créée pour pirater ces smartphones, et aller au-delà de ce que l’on savait exister. Ces gens prennent le plein contrôle du téléphone et le retournent contre la personne qui l’a acheté, mais ne le possède plus vraiment.»(4)Le journal Le Monde persiste et signe et répond au MarocQuelles ont été les réactions après cette annonce ? C’est la colère, la consternation des pays concernés par ces écoutes. D’abord la France qui attend de voir venir alors que le portable du Président est sur la liste. L’Algérie prend acte et en appelle à l’application de sanctions selon le droit international. Le Maroc crie au complot et annonce une action en justice alors qu’il est l’un les clients de l’entreprise israélienne ayant commercialisé ce logiciel espion. «Malgré les démentis, le journal français le Monde a tenu à maintenir ses informations, tout en remettant en cause les démentis du Makhzen et de NSO. Le Maroc a publié un communiqué dans lequel il affirme n’avoir «jamais acquis de logiciels informatiques pour infiltrer les appareils de communication, de même que les autorités marocaines n’on jamais eu recours à ce genre d’actes». Dans sa réponse, le journal français indique que le «projet Pegasus» a accumulé de multiples éléments, qui confirment «que le Maroc est client de NSO et opère les surveillances électroniques par le biais de Pegasus». (…) En outre, le Monde affirme que les preuves matérielles prouvant l’implication directe de Maroc, mises en ligne dès ce vendredi par le Security Lab d’Amnesty International, «sont toutes publiques».(5)Le commerce fructueux des armes numériquesComme l’écrit Jérôme Hourdeaux de Médiapart, c’est l’absence de normes qui mène à ces dérives : «L’exportation par NSO de son logiciel ‘’Pegasus’’ a été rendue possible par l’absence de régulation internationale des technologies dites à ‘’double usage’’.» Et si beaucoup d’États rechignent à accepter toute limitation, c’est qu’eux-mêmes exportent leurs propres armes numériques, à commencer par la France. En plus du scandale Pegasus, Jerôme Hourdeaux nous donne une autre information étrangement similaire : «(…) Jeudi 15 juillet, le Citizen Lab, le laboratoire canadien déjà à l’origine de plusieurs rapports sur NSO, et les sociétés Microsoft et Google révélaient qu’une autre start-up israélienne du nom de Candiru avait développé et vendu un logiciel lui aussi capable ‘’d’infecter et de surveiller les iPhone, les Android, les Mac, les PC, et les comptes dans le cloud’’. (…) Tout comme l’assurait NSO, Candiru n’était censé le vendre qu’à des États dans un but de lutte contre le terrorisme. Or, comme le révèle Citizen Lab, ‘’les victimes incluent des défenseurs des droits humains, des dissidents, des journalistes, des activistes et des hommes politiques’’.»Enfin, l’auteur écrit : «Si NSO est l’un des leaders du marché de la cyber-surveillance, la société n’est que la partie émergée d’un iceberg gigantesque. Israël est sans doute l’un des pays les plus à la pointe de ce marché extrêmement lucratif, notamment en raison des liens très étroits existant entre les mondes militaire et industriel. La célèbre ‘’unité 8200’’, spécialisée dans le renseignement électronique, joue ainsi le rôle de centre de formation pour des milliers de jeunes Israéliens (…)» Jean-Christophe Noël de l’IFRI, dans une note publiée en novembre 2020 : «Plus de 1 000 start-up ont été fondées par des membres de l’’’unité 8200’’, […] ce qui représente 25% des acteurs de la cybersécurité (…)»(6)La moralisation de l’utilisation des cyberattaquesC’est de fait un vœu pieux. En théorie, les États auraient la possibilité d’utiliser ces techniques pour espionner dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Dans la réalité, il n’en est rien. «Il existe bien, écrit Jérôme Hurdeaux, un cadre international régissant les technologies à ‘’double usage’’, c’est-à-dire pouvant être utilisées dans un cadre civil et militaire, appelé ‘’Arrangement de Wassenaar’’. De plus, plusieurs pays, dont Israël, ont refusé de le ratifier. David Kayes a en effet justement publié un rapport intitulé ‘’Surveillance et droits de l’Homme’’. Ces discussions pourraient être relancées au printemps prochain à l’occasion de la présentation d’un rapport ‘’sur la fourniture de produits et services militaires et de sécurité dans le cyberespace par les cybermercenaires et son impact sur les droits humains’’ réalisé par un groupe de travail mis en place par la haute-commissaire aux droits de l’Homme de l’ONU, Michelle Bachelet. Ce rapport doit être présenté lors de la 76e session de l’Assemblée générale des Nations Unies qui doit s’ouvrir au mois d’octobre 2021. Michelle Bachelet a estimé que celles-ci confirment le besoin urgent d’une meilleure régulation de la vente, le transfert et l’usage des technologies de surveillance. «Les gouvernements devraient immédiatement cesser leur propre usage des technologies de surveillance d’une manière qui viole les droits humains, et devraient prendre des actions concrètes pour protéger contre de telles invasions de la vie privée en régulant la distribution, l’usage et l’exportation des technologies de surveillance créées par d’autres.»(6)Le triomphe de l’informatique : qui est la société NSO ?C’est avant tout une start-up de jeunes informaticiens. Comme l’écrivent Martin Untersinger et Damien Leloup : «L’entreprise NSO, au cœur des révélations du Monde, s’est imposée en dix ans comme le leader de la surveillance téléphonique. Vu de l’extérieur, le téléphone semble parfaitement normal. Les notifications éclairent l’écran, tandis que les échanges s’empilent dans les applications de messagerie.Les appels sont parfaitement audibles, la navigation sur internet est fluide et l’appareil photo fonctionne. Rien ne permet de deviner qu’un logiciel espion ultrasophistiqué est en train, subrepticement, de s’introduire dans le téléphone pour en prendre le contrôle. Le logiciel va beaucoup plus loin, en permettant d’absorber tout le contenu d’un téléphone : photos, courriels, contacts, SMS, et même les messages échangés par le biais d’applications sécurisées telles que Signal ou WhatsApp.» «Pegasus est le produit-phare d’une entreprise privée, NSO Group, que cette dernière a déjà vendu à une quarantaine d’États dans le monde. NSO, c’est avant tout l’histoire de ‘’N’’, de ‘’S’’, et de ‘’O’’, pour Niv Carmi, Shalev Hulio et Omri Lavie, ses trois cofondateurs. Leur start-up développe une technologie capable de reconnaître des objets dans une vidéo et de proposer au spectateur un lien pour les acheter.»(7)Que représente le pouvoir marocain ?On sait que le Maroc a toujours profité des largesses de l’Europe et des Occidentaux qui ferment les yeux sur les Tazmamart nombreux qu’avait mis en évidence dans son ouvrage l’écrivain français Gilles Perrault : Notre ami le Roi. Malgré tout cela, les riadhs et autres petits cadeaux ont anesthésié aussi bien la droite réactionnaire, mais surtout la gauche bobo qui ont une conception à géométrie variable des droits de l’Homme. Nous sommes loin du sacerdoce de l’Émir Abdelkrim el Khattabi qui a battu 50 généraux espagnols et français à la fameuse bataille d’Anoual.«Il proclame, en 1922, la République confédérée des tribus du Rif. Imprégné des idéaux de progrès et de républicanisme, Abdelkrim promulgue des réformes modernes. Considérant par ailleurs le cannabis comme haram, il est le seul à avoir presque réussi à interdire [sa] production» traditionnelle dans le Rif depuis le VIIe siècle (…) Tentant de joindre toutes les forces vives marocaines, Abdelkrim demande au sultan Moulay Youssef de rallier sa cause. Mais celui-ci, sous l’influence de la résidence générale française à Rabat, refuse de lutter contre les puissances coloniales. Dès lors, jugeant le sultan illégitime, Abdelkrim se proclame commandeur des croyants et selon le Général Lyautey, «Abdelkrim est considéré ouvertement comme le seul et unique sultan du Maroc vu que Moulay Hafid a vendu le pays à la France par le traité du Protectorat et que Moulay Youssef est seulement un fantoche entre mes mains».(8)Au-delà du peuple qui est respectable, force est de constater que la politique du Makhzen est une politique de fuite en avant. En étant adoubé par Israël, le roi pense ainsi être invulnérable et en tout cas continue en toute impunité à braver la communauté internationale par ses manquements aux conventions internationales, en s’entêtant à terroriser le peuple sahraoui qui aspire à son indépendance, en inondant la planète de drogue. En fait, il va de sursis en sursis jusqu’à la prise de conscience de son rôle négatif.Quels sont les parrains du Makhzen ? Principalement les pays européens menés par la France pour qui le Maghreb est une chasse gardée. On doit cependant dans cet aplaventrisme européen saluer la position de l’Allemagne pour qui le conflit du Sahara occidental est un problème de décolonisation. Les rodomontades du Makhzen sont bâties sur du vent : s’appuyer sur Trump pour monnayer le hold-up du Sahara occidental contre la vente de la cause palestinienne. Le Maroc est président du Comité El Qods et à ce titre, il doit défendre la cause palestinienne.Un institut allemand préconise dans une note d’«œuvrer à arrêter les tentations hégémoniques du Maroc. Il reproche à l’Europe de favoriser le Maroc, ce qui freine l’émergence de l’Algérie et de la Tunisie». La note émane du Stiftung Wissenschaft und Politik (SWP) (Institut allemand des affaires internationales et de sécurité). Celle-ci suggère à l’Union européenne de revoir sa politique. En mai dernier, juste avant la crise avec l’Espagne, le chantage migratoire du Maroc, ce pays s’était fâché avec un autre grand pays de l’UE, l’Allemagne. Il faut dire que le pays d’Angela Merkel n’a jamais été un soutien franc sur la question du Sahara occidental. Le 6 mai, le Maroc a rappelé son ambassadrice à Berlin dénonçant «des actes hostiles de la part de l’Allemagne».(9) Ajoutant que «le Maroc a encore laissé 250 migrants envahir Ceuta le 20 juillet pour exaspérer l’Espagne».La réalité du mondeLe professeur Abderahmane Mebtoul, dans un article sans concession, met le doigt là où cela fait mal. C’est un bon diagnostic mais cela ne suffit pas. Il écrit : «La maîtrise des nouvelles technologies reposant sur le savoir est le défi principal du XXIe siècle, engageant la sécurité mondiale et toute inadaptation à ces mutations isolerait encore plus le pays. Mais aujourd’hui plus sophistiqué, avec l’avènement des cyberattaques, appartenant à chaque nation d’utiliser des moyens sophistiqués pour se protéger, le problème qui se pose est : le Maroc a-t-il les moyens scientifiques d’opérer une telle action sans complicité(…)?»(10)Professeur Mebtoul cite aussi les autres domaines où l’information est capitale. « Cependant les nouvelles technologies ne concernent pas seulement les écoutes. Les drones sans pilote commencent à remplacer l’aviation militaire classique pouvant cibler avec précision tout adversaire à partir de centres informatiques sophistiqués à des milliers de kilomètres. Les satellites remplissant l’atmosphère permettent d’espionner tout pays, de détecter le mouvement des troupes et la diffusion d’images de toute la planète. (…) L’état-major de l’ANP, à travers les dernières éditions d’El-Djeich, tire la sonnette d’alarme afin que la majorité des responsables des institutions stratégiques en Algérie, en déphasage par rapport aux nouvelles réalités tant internes que mondiales, s’adaptent en urgence, nécessitant un important investissement dans le savoir (…) Ainsi, notre univers est devenu une grande maison de verre (…) L’intégration des télécommunications, de l’informatique et de l’audiovisuel a donné naissance à la société de l’information qui fait l’objet d’une attention particulière de la part des États et des organisations internationales. (…) L’intelligence économique intègre deux dimensions supplémentaires par rapport à la veille : la prise de décision et la connaissance de l’information.»(8)Sa conclusion est sans appel : «L’Algérie est un des pays en retard dans la transition numérique (…) faute de vision stratégique (…) Combien d’institutions stratégiques dont les banques qui fonctionnent sur les méthodes du début des années 1970 sont-elles protégées par les cyberattaques? Le rapport annuel mondial sur l’économie numérique (Network Readiness Index (NRI 2020) a classé l’Algérie sur 134 pays à la 120e place en matière de gouvernance numérique. Le monde est à l’aube d’une quatrième révolution économique et technologique, fondée sur deux fondamentaux du développement du XXIe siècle, la bonne gouvernance et l’économie de la connaissance, avec comme trajectoire la transition numérique et la transition énergétique.»(10)Une épreuve pour le pays qui peut être salutaireNous n’avons pas compris qu’il faut changer de logiciel. Avec son logiciel Pegasus, Israêl peut espionner tout le monde aussi bien les journalistes que les hommes politiques. Il le fait en endossant cela aux services marocains, ce n’est plus un problème de technologie obsolète. Le monde est à la nanotechnologie, aux robots, à l’homme augmenté. La guerre d’el boundouqia fait partie de l’histoire. En traversant le siècle, nous avons laissé derrière nous la guerre classique. Les vrais combats sont ceux de l’intelligence. Les centres de recherche des armées recrutent des milliers d’ingénieurs et de docteurs.Doit-on continuer à regarder dans le rétroviseur alors que le monde avance et n’a que faire de nos états d’âme et de ses combats d’arrière-garde? Nous en sommes encore à nous créer des querelles et à tirer sur tout ce qui bouge dans un véritable jeu de massacre d’atteinte à des personnalités repères, ce qui remet aux calendes grecques l’édification nationale qui nous conforte dans notre algérianité. Doit-on continuer à nous lamenter en comptant les points des coups reçus ou sommes-nous déterminés à nous battre avec les armes du XXIe siècle ?Le mieux est de prendre acte et de prendre rendez-vous avec l’Histoire et se mettre au travail. Il est temps de réétalonner notre rapport au monde Un maître-mot : le savoir. Si nous décidons de donner une visibilité à l’Algérie pour qu’elle ne devienne pas une zone grise, ce ne sont plus des rodomontades sans lendemain. C’est la mise en place sans tarder en laissant l’idéologie en dehors de l’école et de l’université.Dans ce cadre, nous pouvons donner rendez-vous au monde dans quelques années en nous mettant au travail autour d’un projet, celui d’une Algérie du futur qui donne sa chance et où ceux qui ont une valeur ajoutée la mettraient au service du pays, barrant la route à tous ceux tentés par l’aventure et qui croient trouver dans l’adoubement à l’ancienne puissance une façon de rendre service au pays. Cruelle erreur ! On sait ce que c’est la démocratie aéroportée et qui est comme un cataplasme sur une jambe de bois pour des pays vulnérables. Comme sont tentés par l’aventure de combats d’arrière-garde ceux qui s’arriment à la sphère moyen-orientale, autrement plus féroce contre l’Algérie qui refuse de rentrer dans le rang. Dans le futur, il nous sera de plus en plus difficile de tenir nos positions de principe sur les grands dossiers si nous ne sommes pas puissants scientifiquement, non pas d’une façon ostentatoire, mais suffisamment importante pour décourager tout pays tenté par l’aventure en se permettant des provocations.Nous avons usé et abusé de la symbolique de la Révolution de Novembre dont l’aura a terni. De plus, nous n’avons pas joué la prudence concernant la gestion de la rente et risquons de nous réveiller avant la fin de la décennie avec une rente nulle. Un seul chiffre, l’Algérie consume 120 millions de m3 par jour et 40 000 tonnes de pétrole/jour, soit en moyenne 70 millions de dollars actuels. Il n’y a pas de fatalité, le diagnostic est connu : nous sommes en retard ! Il y a nécessité une fois de plus à faire notre aggiornamento. Nous devons sans tarder sortir du fossile en pensant aux générations futures par la conception sans tarder du modèle énergétique qui trace le cap d’ici 2030 et au-delà. Parallèlement et pour être en phase avec la réalité du monde, notamment pour investir les nouvelles disciplines qui interviennent dans la cybersécurité, il nous faut former au moins 50 000 informaticiens en intelligence artificielle.Quelle que soit la santé financière du pays, il faut mettre en place un campus de l’intelligence de 20 000 places à Sidi Abdallah où nous devons former les futures troupes scientifiques capables de répondre d’une façon appropriée dans un monde de plus en plus dangereux. Ce campus devrait pouvoir avoir toutes les sollicitudes en termes de moyens. L’élite formée dans de bonnes conditions devrait pouvoir permettre la pleine mesure de son talent en étant sécurisée du point de vue de l’emploi. Les écoles d’intelligence artificielle et de mathématiques devraient être complétées par les huit autres concernant les autres domaines. C’est le cas de l’informatique, de la robotique, de l’électronique, de la transition énergétique (ITEER), de l’École de médecine. Ce sera la Silicon Valley algérienne. Cela ne dépend que de nous, les idées sont mûres. Il nous faut passer aux actes sans tarder.Nous ne pouvons plus continuer à subir ! Nous devons être offensifs, mais il serait présomptueux d’en attendre des résultats dans un futur immédiat. Nous ne pouvons entrer dans le développement par effraction, c’est une lente maturation, ce sont des nuits blanches, c’est une autre Révolution qu’il faut mener en rassemblant. Justement, s’agissant de l’unité de l’Algérie, je fais mienne cette citation de Cheikh Nahnah : «Al Djazaïr min talata min Tizi Ouzou li Tamanrasset oua min Tlemcen li Tebessa. » Puissions-nous être convaincus par le sacerdoce du vivre-ensemble et la nécessité de la construction du projet de société par la justice, le brassage permanent, le parler vrai à cette jeunesse qu’il faut convaincre que nous n’avons pas de patrie de rechange…C. E. C.(*) École polytechnique, Alger.1.https://www.elwatan.com/archives/actualites/ferhat-mhenni-et-linsulte-aux-martyrs-19-01-20122. Rédaction de mediapart Abdellatif Hammouchi, le superflic du Maroc, au cœur de l’affaire Pegasus 22 juillet 20213.https://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=566:2021-07-27-00-26-16&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=1194.https://www.lemonde.fr/pixels/video/2021/07/20/c-est-une-industrie-creee-pour-vous-pirater-edward-snowden-reagit-aux-revelations-concernant-le-logiciel-espion-pegasus_6088853_4408996.html5. Merzouk Abdeleziz vendredi 24 juillet 2021 https://www.algerie360.com/projet-pegasus-le-monde-persiste-et-signe-et-repond-au-maroc/6. Jérôme Hourdeaux, la grande hypocrisie Jérôme Hourdeaux Mediapart 21 juillet 20217. Martin Untersinger et Damien Leloup https://www.lemonde.fr/projet-pegasus/article/2021/07/19/projet-pegasus-comment-la-societe-israelienne-nso-group-a-revolutionne-l-espionnage_6088692_6088648.html8.https://fr.wikipedia.org/wiki/Abdelkrim_el-Khattabi9.https://www.tsa-algerie.com/allemagne-appel-a-contrecarrer-lhegemonie-du-maroc-au-maghreb/10. Abderrahmane Mebtoul «La problématique de la sécurité nationale et de la maîtrise des nouvelles technologies en question», site Algérie Eco, 21 juillet 2021. Imene A.Le Soir d’Algérie, 01/08/2021Etiquettes : Algérie, Maroc, Sahara Occidental, trafic de drogue, cannabis, haschich, kif, espionnage, Pegasus, logiciels espions, NSO Group, #Algérie #Maroc #SaharaOccidental #Espionnage #Pegasus #Israel -
Marianne: L’idylle francomarocaine, pourra-t-elle survivre à la crise actuelle?
Le scandale de l’espionnage des téléphones de journalistes marocains et français, et, peut-être, même, du portable d’Emmanuel Macron révèle la réalité longtemps cachée de l’État.Par Martine GozlanLe voile s’est déchiré. Pegasus, l’imprévisible cheval de Troie à l’affût dans les profondeurs des iPhone, s’est transformé en mouchard des moeurs policières du royaume alaouite. Tel est pris qui croyait prendre. Les révélations sur les conséquences de la vente aux États du système élaboré par la firme israélienne NSO jettent une lumière crue sur la réalité d’un pays pour lequel Paris a toujours eu les yeux de Chimène. Il était temps. Malgré les multiples reportages, témoignages, ouvrages, documents publiés depuis vingt ans sur la vraie vie des Marocains, un aveuglement concerté et (fort bien) argumenté a toujours prévalu. Politiques, hommes d’affaires, publicitaires, technocrates, intellocrates : tous connaissent par coeur cette douce paresse, ce présupposé d’indulgence qui fondent sur le visiteur, sitôt siroté le thé à la menthe du royaume enchanté. On est si bien, n’est-ce pas, entre gens qui se ressemblent, adorent l’Occident en général, la France en particulier, et maîtrisent la menace terroriste grâce à des services de renseignement d’une efficacité remarquable ? Ils avaient aidé Paris au moment des attentats de novembre 2015 et déjouent chaque mois des projets d’opérations terroristes sur leur sol.Les droits de l’homme bafoués au nom de la défense de la religionCe pays que l’on dépeint à longueur de colonnes comme une riante et pacifique oasis a fourni en effet à Daech le plus important quota de djihadistes rapporté à sa population, pratiquement à égalité avec la Tunisie. Les Frères musulmans du Parti de la justice et du développement gouvernent sans interruption depuis 2011. Selon le discours officiel et officieux français, ils seraient parfaitement contrôlés par le roi, « commandeur des croyants ». Mohammed VI est censé préserver la dynastie alaouite de toute tentation insurrectionnelle au nom de l’islam. Les faits démentent cet optimisme.D’une part, les droits de l’individu sont de plus en plus souvent bafoués au nom de la défense de la religion. D’autre part, la misère qui sévit dans plusieurs provinces, notamment dans le Rif, pousse les populations à la révolte, puis à la migration (lire p. 30). Le Maroc est classé 121e sur 189 pays par le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) pour l’indice de développement humain. Il occupe un très mauvais rang dans des domaines aussi cruciaux que l’accès à l’éducation ou l’égalité entre les sexes. Les journalistes marocains ont dénoncé avec un grand courage les injustices et les mensonges qui bloquent leur pays. Ils en paient durement le prix et constituent les victimes privilégiées de Pegasus (lire p. 28). Leur situation est désormais visible au grand jour. L’idylle francomarocaine, ébranlée par la vague d’espionnite qui a peut-être frappé jusqu’au portable d’Emmanuel Macron, pourra-t-elle survivre ?Marianne, 30 Jul 2021Etiquettes : Maroc, droits de l’homme, Pegasus, espionnage, #Maroc #Pegasus #Espionnage #NSOGroup