Étiquette : espionnage

  • Pegasus: un logiciel pour traquer journalistes et opposants

    “Pegasus” : un logiciel espion israélien utilisé par les états pour traquer journalistes et opposants.

    L’outil peut aspirer toutes les données d’un téléphone, y compris les conversations chiffrées.

    Pégase est le cheval ailé de la mythologie grecque, symbole de la créativité. Dans le monde actuel, le nom de cette créature fantastique est récupéré par une firme israélienne pour espionner la vie de dizaines de milliers de personnes.

    L’entreprise NSO emploie 750 salarié-es et a mis au point un logiciel espion, Pegasus, utilisé par de nombreux gouvernements dans le monde pour espionner leurs propres populations, ou des citoyens étrangers qui dérangent leurs affaires. Officiellement Pegasus a pour but d’aider les services de renseignement à lutter contre la criminalité, la firme prétend qu’elle «crée des technologies qui aident les agences gouvernementales à prévenir et à enquêter sur le terrorisme et les crimes, pour sauver des milliers de vie dans le monde». En réalité le logiciel est utilisé en dehors de tout cadre légal et le «terrorisme et grand banditisme» ne constituent qu’une infime partie des utilisations.

    Concrètement, Pegasus profite des failles dans les systèmes d’exploitation des smartphones et permet d’avoir accès à toutes les données : photos, numéros et adresses, lire les emails, suivre les conversations, même sur les messageries chiffrées, géolocaliser l’appareil et activer micros et caméras discrètement, permettant de filmer et d’enregistrer une personne à son insu. Beaucoup plus invasif que l’écoute téléphonique ou la géolocalisation. Plus de 50000 personnes ont été espionnées, dont 1000 français-es et 180 journalistes, ainsi que des athlètes, des prêtres et des imams, des journalistes, des youtubeur-ses, des avocat-es, des syndicalistes… Ou encore des hommes et des femmes dont le seul tort est d’être proches, par liens d’amitié ou familial, de personnes critiques du gouvernement.

    Au Mexique, près de 15000 numéros sont des «cibles» de Pegasus. Parmi eux, un journaliste assassiné en 2017, Cecilio Pineda, quelques semaines après que son numéro soit apparu dans le listing.

    En Arabie Saoudite, le logiciel est utilisé juste avant que le prince héritier n’entame une purge parmi près de 500 de ses opposant-es.

    En Hongrie, les numéros de dix avocats ont été rentrés dans le système Pegasus.

    En France, ce sont des journalistes de Médiapart, du Monde, du Canard Enchainé ou de l’Humanité. Surveillance de la presse, assassinats, traque des opposant-es, à l’aide de technologies de pointe.

    Et si le logiciel au cheval ailé est découvert, d’autres outils du même type sont très probablement utilisés, tout aussi secrètement et illégalement, par d’autres États. Bienvenue dans le meilleur des mondes.

    Nantes Révoltée, 19/07/2021

    Etiquettes : Pegasus, espionnage, NSO Group, logiciels espions, journalistes, opposants,

  • L’Algérie envisage de rompre avec le Maroc

    Suite aux attaques Marocaines contre l’Algérie – L’option de la rupture des relations diplomatiques envisagée

    Les attaques marocaines contre l’Algérie, qui sont allées crescendo, risquent fort de pousser Alger à une réaction extrême.

    Pour l’heure la riposte d’Alger à ces attaques semble s’inscrire dans une stratégie qui ira en se durcissant et tendant notamment à prouver à la communauté internationale que le voisin de l’Ouest a effectivement dépassé toutes les lignes rouges. Selon de nombreux observateurs l’Algérie est en train de se préparer à la rupture totale de ses relations diplomatiques avec le Maroc. Une option loin d’être une simple vue de l’esprit tant de nombreux signes laissent clairement envisager cette perspective. D’ailleurs dans le communiqué rendu public jeudi par le ministère des Affaires étrangères cette option semble bel et bien figurer en filigrane.

    « Cette pratique illégale, malvenue et dangereuse, met en péril le climat de confiance qui doit présider aux échanges et interactions entre les responsables et représentants des États » note en effet le communiqué en réaction à l’utilisation par le Maroc du logiciel d’espionnage « Pegasus » contre des responsables et citoyens algériens. « étant directement concernée par ces attaques, l’Algérie se réserve le droit de mettre en oeuvre sa stratégie de riposte et se tient prête à participer à tout effortinternational destiné à établir collectivement les faits et à faire la lumière sur la matérialité et l’ampleur de ces crimes qui menacent la paix et la sécurité internationales, ainsi que la sécurité humaine », souligne encore le communiqué.

    « L’Algérie se réserve le droit de mettre en oeuvre sa stratégie de riposte » est effectivement une phrase qui a retenu l’attention de tous les observateurs. L’option de la rupture des relations diplomatiques avec cet encombrant pays voisin est donc plus que jamais d’actualité. L’opinion publique nationale soutiendra cette décision si elle venait à être prise par les autorités algériennes.

    En attestent les débats enflammés sur les réseaux sociaux ainsi que les réactions d’une partie de la classe politique et des analystes. « Nous ne gagnons rien du tout avec ce pays » s’exclame avec véhémence un enseignant universitaire qui est favorable à une décision extrême. « Ce pays ne cesse de nuire à l’Algérie » a réagi à son tour l’avocat Farouk Ksentini sur une chaîne de télévision. Lui aussi a plaidé en faveur de la rupture des relations diplomatiques avec le Maroc. Sur les réseaux sociaux on ne met pas de gants pour qualifier l’attitude du Maroc, ce d’autant que ce pays a multiplié les attaques contre l’Algérie et ne veut nullement s’arrêter de porter atteinte à son voisin de l’Est.

    En effet avant cette gravissime affaire d’espionnage le Maroc s’est illustré par un grave faux-pas montrant ainsi son hostilité à l’Algérie. Les propos de l’ambassadeur du Maroc auprès des Nations unies, Omar Hilal, sont en vérité une véritable déclaration de guerre. Lors de la réunion des pays non alignés les 13 et 14 juillet, ce dernier avait appelé à « l’indépendance du peuple kabyle » en Algérie.

    C’est dire combien le Maroc a « dévoilé » son véritable visage en foulant au sol toutes les ratiques et us diplomatiques.

    Par : KAMEL HAMED

    Le Midi Libre, 26/07/2021

    Etiquettes : Maroc, Algérie, Kabylie, espionnage, Pegasus,

  • Le Mexique a utilisé Pegasus pour surveiller la famille du président et un journaliste assassiné

    Le Mexique a utilisé Pegasus pour surveiller la famille du président et un journaliste assassiné

    Le Mexique semble avoir soumis plus de numéros de téléphone à la société israélienne de cybersurveillance NSO Group que tout autre pays client, selon une enquête menée par une collaboration internationale de médias appelée The Pegasus Project. Le Guardian a découvert que le numéro de téléphone portable du journaliste mexicain Cecilio Pineda Birto avait été sélectionné comme une cible possible de surveillance par un client mexicain de NSO Group quelques semaines avant l’assassinat de Pineda à Guerrero en 2017. Nina Lakhani, journaliste senior au Guardian, affirme que le Mexique a été le premier client de NSO Group et que les autorités de ce pays ont un long passé de « terribles violations des droits de l’homme. » Elle note que l’utilisation de Pegasus par le Mexique prouve que la technologie n’est pas seulement utilisée pour traquer la criminalité. « La frontière entre le bien et le mal au Mexique est floue », déclare Mme Lakhani.

    Ceci est une transcription urgente. La copie peut ne pas être dans sa forme finale.

    AMY GOODMAN : C’est Democracy Now !, democracynow.org, The War and Peace Report. Je suis Amy Goodman, avec Juan González, alors que nous continuons à examiner les conclusions du Projet Pegasus, une collaboration de plus de 80 journalistes et 17 organisations de médias qui enquêtent sur la société israélienne de cybersurveillance NSO Group.

    Le Mexique semble avoir soumis à NSO Group plus de numéros de téléphone susceptibles d’être surveillés que tout autre pays client – plus de 15 000 – dont des numéros d’enseignants, de journalistes, de juges, de militants et de politiciens. Le Mexique est l’un des pays les plus meurtriers pour les journalistes et les défenseurs des droits de l’homme. Dans le cadre du projet Pegasus, The Guardian rapporte qu’au moins 50 personnes proches du président mexicain Andrés Manuel López Obrador, dont sa femme, ses enfants, ses assistants et son médecin, figuraient sur la liste des personnes susceptibles d’être surveillées avant l’élection d’AMLO.

    Dans son analyse de la fuite de données Pegasus, The Guardian a également trouvé le numéro de téléphone portable du journaliste mexicain Cecilio Pineda Birto, qui avait été sélectionné comme une cible possible de surveillance par un client mexicain de NSO Group dans les semaines précédant son assassinat à Guerrero en 2017. Il publiait fréquemment des vidéos sur Facebook dénonçant la corruption entre les cartels de la drogue et les responsables gouvernementaux locaux. Le 2 mars 2017, il a posté cette vidéo, a été tué deux heures plus tard.

    CECILIO PINEDA BIRTO : [Il semble y avoir des liens très forts entre le gouvernement et ce chef de gang. S’ils ne réagissent pas, d’autres personnes vont mourir. … Il y a des vidéos montrant le député avec El Tequilero. C’est pathétique. Il y a vraiment beaucoup de choses qui sont impossibles à comprendre.

    AMY GOODMAN : Pour en savoir plus sur ce qui est arrivé au journaliste mexicain Cecilio Pineda Birta et sur le rôle que le Projet Pegasus [sic] a pu jouer dans son assassinat, nous sommes rejoints par Nina Lakhani, reporter senior au Guardian.

    Bienvenue sur Democracy Now !, Nina. Dites-nous ce qui lui est arrivé, et son lien avec le Groupe NSO.

    NINA LAKHANI : Bonjour.

    Eh bien, ce que nous savons, c’est que dans les semaines qui ont précédé le meurtre de Cecilio, un des clients mexicains de NSO a identifié le – a sélectionné son numéro de téléphone portable comme candidat à la surveillance. Et cette vidéo que vous venez de visionner, quelques heures après, Cecilio Pineda était parti laver sa voiture, et il se reposait dans un hamac, passant quelques appels. Il a appelé sa mère. Vous savez, il parlait à des collègues, pour planifier ce qu’il allait faire ce soir-là. Et un homme armé est arrivé sur une moto, s’est rendu à pied jusqu’au hamac où il était allongé, qui était caché de la route, et lui a tiré dessus au moins six fois, et il est mort de ses blessures.

    Nous n’avons pas pu confirmer si son téléphone avait été infecté avec succès par Pegasus, car la dernière fois que le téléphone a été vu, c’était sur la scène du crime. Il a disparu après cela, donc nous n’avons pas pu le faire. Mais ce que nous savons, c’est que le tireur savait où le trouver. Et nous savons que Cecilio avait reçu des menaces. Il était inquiet. Il avait demandé l’aide du gouvernement fédéral. Il existe un mécanisme de protection qui est censé protéger les journalistes et les défenseurs qui font face à des menaces liées à leur travail. Ils n’ont pas réussi à le faire.

    Mais nous savons aussi – j’ai réussi à obtenir le dernier entretien qu’il a eu avec le mécanisme de protection, dans lequel ils lui disent en substance : « Écoutez, à moins que vous ne soyez prêt à quitter l’État et à faire – vous savez, à accepter cette offre que nous vous faisons de vous relocaliser, nous ne pouvons pas vous aider. Nous allons clore votre dossier », et c’est ce qu’ils ont fait. Et ce qu’il leur dit, c’est : « Ecoutez, je ne pense pas que j’ai besoin de déménager. J’ai changé l’endroit où je dors. Je ne laisse pas ma voiture dans la rue. Je ne pense pas – ils ne savent pas où je suis. Les gens qui me veulent du mal et qui pourraient envoyer des hommes armés pour me tuer, ils ne pourraient pas me trouver parce que je bouge tout le temps. » Il était loin de se douter qu’il y avait certainement – que ses numéros, ses numéros de téléphone, étaient sélectionnés – était sélectionné pour une surveillance potentielle, quelques semaines après cela.

    JUAN GONZÁLEZ : Et, Nina Lakhani, pourquoi tant de cibles potentielles au Mexique, d’après ce que vous avez pu dire ? Et, bien sûr, le groupe israélien continue de dire que leur logiciel est utilisé uniquement pour identifier des terroristes potentiels. Y avait-il une indication que l’un des 15 000 numéros de téléphone potentiellement ciblés au Mexique était lié à des terroristes ?

    NINA LAKHANI : Eh bien, on parle de terroristes et de crime organisé – de crime organisé grave, n’est-ce pas ? Je veux dire, je pense que le Mexique est un cas très particulier. Vous savez, nous avons trouvé, dans les données qui ont fuité, il y a plus de 15 000 individus en seulement deux ans, 2016 et 2017, seulement deux ans. Nous savons que le Mexique a été le premier client de NSO et que lorsque le groupe NSO a commencé à faire des affaires avec le Mexique il y a environ une décennie, nous étions déjà cinq ans dans le, vous savez, échec complet de la guerre contre la drogue. Et à cette époque, nous savions déjà que les forces de sécurité mexicaines et certaines parties du système de justice pénale étaient impliquées dans de graves violations des droits de l’homme, des exécutions extrajudiciaires, des actes de torture, des disparitions forcées. Ainsi, lorsque le groupe NSO a commencé à faire des affaires avec le Mexique, son premier client, nous savions déjà que les soi-disant bons gars n’étaient pas des bons gars. Et je pense que le cas du Mexique, ce qui est si choquant pour moi, ainsi que la profondeur et l’étendue de la surveillance potentielle qui a eu lieu, est juste que, vous savez, cette affirmation que nous sommes – l’affirmation du Groupe NSO que « Nous sommes ici pour combattre le bon combat. Vous savez, nous sommes ici pour cibler les criminels. » Eh bien, la ligne entre le bien et le mal au Mexique est floue, n’est-ce pas ? Nous le savons au niveau local, grâce aux reportages de Cecilio Pineda et de nombreux autres journalistes, et nous le savons au niveau national.

    Vous savez, nous savons que – une affaire dont vous avez parlé, l’affaire Ayotzinapa des 43 enseignants stagiaires disparus. Vous savez, nous savons, dans cette affaire, que des personnes au plus haut niveau, y compris Tomás Zerón, qui est actuellement – il se cache actuellement en Israël et était une personne clé dans l’introduction de Pegasus au Mexique. Il a signé – il faisait la promotion du logiciel et signait des contrats. Et nous savons qu’il est recherché pour détournement de fonds et aussi pour la torture et la disparition de ces étudiants, n’est-ce pas ? Nous savons maintenant, grâce à cette enquête, qu’au moins trois parents des 43 étudiants ont été sélectionnés comme candidats potentiels à la surveillance. Tout comme un avocat et un dirigeant d’un centre de défense des droits de l’homme qui représentent les familles. Tout comme au moins deux des experts indépendants, qui avaient un statut diplomatique à l’époque, et qui ont été envoyés pour enquêter sur cette affaire. Vous savez, ce que nous voyons au Mexique, c’est une mêlée générale. N’importe qui et tout le monde était potentiellement – était identifié comme cible potentielle de surveillance.

    JUAN GONZÁLEZ : Et en ce qui concerne la surveillance de la famille et des agents de campagne d’Andrés Manuel Lopez Obrador, il semblerait qu’elle ait été demandée par une personne occupant une position de pouvoir très élevée au Mexique même, non ?

    NINA LAKHANI : Je veux dire, c’est vraiment stupéfiant. Je veux dire, vous savez, en repensant à l’époque, 2016, 2017, le gouvernement d’Enrique Peña Nieto est absolument en train de sombrer dans les sondages. Vous savez, il a la pire cote de l’histoire d’un président mexicain, scandale après scandale après scandale. Pendant ce temps, celui d’AMLO est en pleine ascension, n’est-ce pas ? Son parti politique, Morena, commence à gagner des élections au niveau local. Sa popularité est croissante, n’est-ce pas ? Et donc, nous sommes en 2016, et 2017 est l’année précédant les élections générales, les élections présidentielles. Et nous voyons – nous voyons tous ses proches – vous savez, ses trois fils, trois de ses fils, trois de ses frères, sa femme, ses conseillers politiques, des candidats clés, Claudia Sheinbaum, qui a été élue maire de Mexico, beaucoup de gens, beaucoup d’autres politiciens locaux et nationaux dans le parti Morena. Mais l’autre chose est que ce n’est pas seulement Morena. Nous avons trouvé, vous savez, dans les données, le nombre de politiciens de chaque parti politique, y compris le PRI, y compris le propre parti d’Enrique Peña Nieto, qui ont été sélectionnés comme candidats pour une surveillance potentielle. Vous savez, c’était très vaste. Comme me l’a dit un expert du renseignement, c’est le jeu des espions. Vous devez savoir ce que vos – vous devez savoir qui sont vos ennemis politiques, et vous devez savoir ce qu’ils font, parce que l’information est un pouvoir. Et c’est ce qui semble s’être passé au Mexique.

    Democracy Now, 20/07/2021

    Etiquettes : Pegasus, Espionnage, Mexique, NSO Group,

  • Le propriétaire d’Amazon et du Washington Post, espionné par Pegasus

    Un logiciel espion israélien cible le téléphone portable du président du parlement catalan

    Madrid (QNN) – Le président du parlement régional catalan a exigé mardi que le gouvernement espagnol ouvre une enquête officielle sur les informations selon lesquelles son téléphone portable aurait été la cible d’espionnage par les services de sécurité espagnols utilisant des logiciels espions israéliens.

    Roger Torrent et au moins deux autres partisans de l’indépendance ont été avertis qu’ils avaient été ciblés l’année dernière dans ce que les experts ont qualifié de « cas possible d’espionnage politique national » en Europe, selon une enquête menée par le Guardian et El País.

    L’enquête a révélé que le logiciel espion israélien, Pegasus, avait exploité une vulnérabilité précédente du logiciel WhatsApp qui aurait donné à l’opérateur un accès potentiel à tout sur le téléphone mobile de la cible, y compris les e-mails, les SMS et les photographies. Il aurait également pu allumer l’enregistreur et l’appareil photo du téléphone, le transformant en un appareil d’écoute.

    EL PAÍS et The Guardian ont eu accès à un certificat émis par Citizen Lab, un groupe de cybersécurité de la Munk School of Global Affairs and Public Policy de l’Université de Toronto, qui a enquêté en exclusivité sur la faille de l’application de messagerie en 2019, qui valide la fait que le téléphone de l’orateur a été attaqué avec le logiciel espion NSO. « L’enquête a identifié que le numéro appartient à M. Roger Torrent », indique l’analyse.

    Les attaquants ont eu recours à un appel WhatsApp manqué « qui n’a pas nécessité de réponse » pour cibler le téléphone du politicien, et il contient « de nombreuses preuves qui pourraient établir que Torrent était surveillé ».

    Le téléphone de Torrent figure sur une liste d’une centaine de cas à travers le monde qui ont été compilés par Citizen Lab de « représentants de la société civile » qui ont été attaqués sans discernement via la vulnérabilité WhatsApp, selon l’institution canadienne. Citizen Lab affirme que 130 militants ont été victimes injustifiées du programme NSO depuis 2016.

    Amnesty International avait déposé une plainte contre la société de logiciels espions NSO, exigeant de révoquer la licence d’exportation de sécurité de la société israélienne, mais un tribunal israélien l’a rejetée .

    La société israélienne est accusée d’avoir vendu le logiciel espion à des gouvernements qui l’utilisent pour espionner des militants des droits humains, des journalistes et des personnalités publiques. Des rapports ont révélé que Pegasus avait été utilisé par les autorités saoudiennes pour espionner le journaliste Jamal Khashoggi avant de l’assassiner. Des rapports ont également révélé qu’il avait été utilisé pour pirater le téléphone portable du PDG d’Amazon et propriétaire du Washington Post, Jeff Bezos.

    Quds News Network, 14/07/2020

    Etiquettes : Pegasus, espionnage, NSO Group, The Washington Post, Amazon, Jeff Bezos, Whatsapp, Roger Torrent, Catalogne,

  • Le PDG de l’ONS accuse le Qatar ou le BDS d’être derrière le scandale Pegasus

    Le PDG de l’ONS accuse le Qatar ou le BDS d’être derrière le scandale Pegasus

    Il y a des gens qui ne veulent pas que de la crème glacée soit importée en Israël ou que de la technologie soit exportée « , dit Shalev Hulio.

    Palestine occupée (QNN)- Shalev Hulio, cofondateur et PDG de NSO Group, a déclaré à un journal israélien que « le Qatar ou le mouvement BDS – peut-être les deux » sont derrière le scandale entourant le logiciel espion Pegasus de sa société.

    Dans une interview spéciale accordée à Israel Hayom, Hulio a affirmé que le scandale a été révélé par le Qatar ou le mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement et Sanctions), ou peut-être les deux.

    « Je crois qu’au final, il s’agira du Qatar ou du mouvement BDS, ou des deux. Il s’agit toujours de la même entité », a-t-il affirmé.

    Amnesty International, Forbidden Stories et un consortium d’organisations internationales de médias ont déclaré que le logiciel espion a été utilisé dans des piratages de smartphones appartenant à des journalistes, des fonctionnaires, des militants des droits de l’homme et des dirigeants mondiaux.

    Le groupe d’enquête dit avoir acquis une liste de 50 000 numéros de téléphone qui semblent être des cibles, identifiées par les clients de la société israélienne, à espionner à l’aide de Pegasus.

    Les numéros du président français Emmanuel Macron, du roi du Maroc Mohammed VI, du président irakien Barham Salih et du premier ministre pakistanais Imran Khan figurent parmi les cibles apparentes.

    Hulio s’est en outre félicité d’une enquête sur l’utilisation abusive du logiciel d’espionnage de NSO « car nous pourrons laver notre nom », comme l’a déclaré Hulio à Israel Hayom.

    « Nous n’avons et n’avons jamais eu aucun lien avec la liste qui a été publiée, et s’il s’avère qu’un client a exploité notre système pour traquer des journalistes ou des défenseurs des droits de l’homme, il sera coupé immédiatement », a déclaré Hulio. « Nous avons prouvé cela dans le passé, y compris avec certains de nos plus gros clients, et nous avons cessé de travailler avec eux. »

    Hulio, 39 ans, a déclaré qu’il avait appris l’existence de l’enquête il y a environ un mois.

    « Un tiers m’a contacté, quelqu’un avec qui nous travaillons, qui n’est pas impliqué [dans l’affaire] et m’a dit : « Écoutez, ils se sont introduits dans vos serveurs à Chypre et toute la liste des cibles de NSO a été divulguée », a-t-il déclaré.

    « J’ai commencé à stresser, mais après un moment, je me suis calmé, à la fois parce que nous n’avons pas de serveurs à Chypre et aussi parce que nous n’avons pas de liste de ‘cibles’. Ça ne fonctionne pas comme ça : chaque client est un client unique. Nous n’avons pas de lieu central où sont rassemblées toutes les cibles des clients. »

    Cependant, quelques jours plus tard, Hulio a été contacté par un autre homme d’affaires avec une histoire identique qui circulait sur le marché à propos d’une « liste de cibles » de l’ONS.

    Quds News network, 24.07.2021

    Etiquettes : Israël, NSO Group, Pegasus, Espionnage, Qatar, BDS, Maroc, Mohammed VI, Emmanuel Macon,

  • Espionnage: Le Maroc dans de sales draps

    Affaire de l’espionnage par le logiciel Pegasus: Le Maroc dans de sales draps

    Les noms qui apparaissent dans le fichier sont essentiellement des membres de la société civile : journalistes, activistes, hommes d’affaires et avocats dans une cinquantaine de pays. Mais, il y a aussi des chefs d’Etat, ministres, diplomates ou des hauts responsables du renseignement.
    Au fil des révélations et des réactions des victimes du scandale d’espionnage, le royaume marocain, qui a déjà maille à faire sur le front interne, se voit la cible d’un processus judiciaire international qui ne manquera pas de l’isoler complètement. Les enquêtes très sérieuses lancées à Alger et Paris sur le programme d’espionnage israélien «Pegasus», seulement deux jours après des révélations sur l’infection de téléphones de hauts responsables des deux pays par Pegasus annoncent des répercussions certaines sur les rapports du Maroc avec ses principaux partenaires, mais également avec les organisations internationales, dont les pays membres dénoncent avec une grande fermeté l’attitude criminelle d’un Etat qui se prétend membre de l’ONU, de l’UA, de l’OCI et de la Ligue arabe. Rabat aura à répondre de son comportement de voyou devant toutes ces institutions internationales, mais également devant l’UE qui a vu l’un de ses principaux membres scandaleusement espionné par le Makhzen et Israël. L’UE n’en est certainement pas à une simple réprimande. Et pour cause, l’Espagne et l’Allemagne qui sont entrés en conflit politique ouvert avec le régime de Mohamed VI s’attendent à figurer sur la liste des pays espionnés. A ce propos, justement, l’enquête journalistique lancée avec le soutien assumé d’Amnesty international, soulèvera à n’en pas douter d’autres lièvres et il circule déjà dans de nombreuses rédactions européennes des noms de personnalité espagnoles et allemandes. De plus, assurent des sources bien au fait de l’affaire, les investigations révèleront prochainement de nombreux faits liés au scandale et qui remontent directement au Palais royale marocain. On évoque même une probabilité de procédure européenne à l’encontre de Rabat.
    Il n’y a eu aucune déclaration sur le sujet dans l’actualité d’hier, mais les mêmes sources affirment que c’est le calme qui précède une énorme tempête politico-diplomatique qui frappera le Makhzen marocain et mettre Israël devant une situation inédite vis-à-vis de ses alliés occidentaux. Les 17 médias internationaux qui ont fait éclater le scandale seront aussi aux premières loges pour suivre l’évolution du dossier et il n’est pas interdit de penser que la réaction des Etats puisse aboutir sur du concret. D’autant plus que le programme d’espionnage israélien « Pegasus » se trouve être largement répandu dans le monde et sert des intérêts étroits de certains chefs d’Etat peu scrupuleux.
    Il faut savoir, à propos de ce scandale, que l’enquête a révélé l’implication de 10 gouvernements au moins. Ces derniers ont acheté le programme Pegasus conçu et développé par une entreprise israélienne. Il s’agit un logiciel malveillant qui permet d’accéder à tout le contenu d’un smartphone à l’insu de son propriétaire : photos, vidéos, SMS, mails, carnets d’adresse, conversations via des messageries chiffrées, navigation Web, ou encore géolocalisation. Il est même capable de déclencher le micro et la caméra de l’appareil à distance. Son éditeur NSO ne le commercialise qu’auprès de clients gouvernementaux. C’est un outil d’espionnage dont plusieurs cas d’abus avaient déjà été documentés ces dernières années. Il a été mis en cause dès 2016 par le CitizenLab.
    Les victimes de ce logiciel sont généralement triées sur le volet. Les noms qui apparaissent dans le fichier sont essentiellement des membres de la société civile : journalistes, activistes, hommes d’affaires et avocats dans une cinquantaine de pays. Mais, il y a aussi des chefs d’Etat, ministres, diplomates ou des hauts responsables du renseignement. La France et l’Algérie sont particulièrement touchées. Plusieurs milliers de personnes, dont des responsables politiques, de ces deux pays, sont ciblées. Jusqu’à maintenant, l’enquête a permis de certifier avec certitude l’infection 37 des appareils. Claude Mangin, épouse d’un opposant emprisonné au Maroc, ou encore Hatice Cengiz, fiancée du Saoudien Jamal Khashoggi, assassiné, font partie des victimes. On aura compris que le logiciel Pegasus ne collecte pas que des données sur des personnes soupçonnées de crime ou de terrorisme. En réalité, il a bien été utilisé à des fins d’espionnage politique et de répression intérieure.
    Yahia Bourit
    Ouest Tribune, 26/07/2021
    Etiquettes : Maroc, Pegasus, Espionnage, CitizenLab, NSO group, Jamal Khashoggi, France, Emmanuel Macron, Claude Mangin, 
  • Maroc-Algérie: L’honneur version Makhzen

    par Madjid Khelassi

    Un système mondial d’espionnage qui a touché des militants des droits humains, des présidents de plusieurs pays , des opposants du monde entier, a été démasqué il y’a quelques jours.

    Ce système mondial d’espionnage, est activé à partir d’un logiciel du nom de Pegasus et appartenant à la société israélienne NSO Group, qui en l’introduisant dans un téléphone permet d’en récupérer les photos, les contacts et d’écouter les appels de son propriétaire.

    Cette société qui prétend que son logiciel servirait uniquement à obtenir des renseignements sur les réseaux criminels et terroristes, est en fait une gigantesque big brother , qui d’après Amnesty international et Forbiden Stories , a mis sur écoute, en vue de les espionner, pas moins de 50 000 numéros de téléphones dans le monde et appartenant à des femmes et hommes politiques , chefs d’entreprises, chefs d’états.

    Et aussi bizarre que cela puisse paraître, cet espionnage inédit et à grande échelle, mène directement aux services secrets marocains !

    Parmi les célébrités « écoutées » on trouve pêle-mêle Emmanuel Macron himself, Edwi Plenel de Mediapart et une pléiade de personnalités internationales.

    Et bien sûr l’Algérie… où pas moins de 6000 numéros de téléphones appartement à divers personnalités ont été « épinglées ».

    Ah le Maroc , ce cher voisin qui nous ne veut que du bien. On lui manque tellement après là fermetures des frontières, qu’il ne peut supporter une minute sans penser à nous . Surtout depuis qu’Israël à planté ses tentes dans les parages de Tindouf.

    Aussi, le royaume « se fait » aux joujoux de son commanditaire de toujours. Drones , satellites , logiciels…Cela pourrait s’intituler : « l’Algérie vue du ciel »…israélo-marocain. Ou voyage dans les oreilles du bavard voisin algérien ?

    Le Maroc jouant les « judas » pour Israël…cela n’est guère nouveau. Ce qui est nouveau , c’est qu’on est passé du mouchardage classique, autour d’un tajine la veille de la guerre des 6 jours, à l’espionnite High Tech, via une guerre des ondes, où le Makhzen joue à la maquerelle de service pour Israël.

    Dommage pour un si grand pays où l’honneur se monnaye désormais en shekel israélien.

    La Nation, 26/07/2021

    Etiquettes : Maroc, Algérie, Pegasus, Espionnage,

  • Pegasus: « Cela nous affecte tous » (patron de WhatsApp)

    Pegasus: « Cela nous affecte tous » (patron de WhatsApp)

    « Soit les téléphones portables sont sûrs pour tout le monde, soit ils ne sont pas sûrs pour tout le monde », déclare Will Cathcart, le patron de WhatsApp, à propos des révélations sur la surveillance.

    Le responsable de WhatsApp, Will Cathcart, a qualifié les révélations sur le logiciel de surveillance Pegasus de l’entreprise israélienne NSO de « réveil ». « Soit les téléphones portables sont sûrs pour tout le monde, soit ils ne sont pas sûrs pour tout le monde », a-t-il déclaré au journal britannique The Guardian samedi. « Si cela affecte les journalistes du monde entier, si cela affecte les défenseurs des droits de l’homme du monde entier, alors cela nous affecte tous. »

    Pegasus – des cibles identiques encore et encore

    Plus récemment, un consortium de journalistes a signalé au niveau international que le logiciel Pegasus avait pu être utilisé pour espionner les smartphones de nombreux journalistes, militants des droits de l’homme, hommes politiques et hommes d’affaires. Les révélations actuelles sont cohérentes avec ce dont WhatsApp avait accusé l’ONS en 2019, a déclaré Cathcart : des fonctionnaires de haut rang dans le monde entier – y compris des personnes occupant des postes de haute sécurité nationale – avaient été ciblés par des gouvernements utilisant le logiciel d’espionnage dans une attaque contre 1400 utilisateurs de WhatsApp en 2019.

    Facebook, qui possède WhatsApp, avait intenté un procès à l’ONS aux États-Unis en 2019. Il est allégué que l’ONS a tenté d’accéder à des centaines de smartphones par le biais d’une faille de sécurité de WhatsApp, qui a ensuite été comblée. Parmi les personnes visées figurent des journalistes, des avocats, des dissidents, des militants des droits de l’homme, des diplomates et des fonctionnaires. L’ONS se défend devant les tribunaux. La société insiste sur le fait que les contrats avec les clients ont été résiliés en raison de soupçons de violations des droits de l’homme.

    Gouvernements et clients

    NSO Group affirme qu’un grand nombre de gouvernements achètent ses logiciels, a déclaré M. Cathcart. « Cela signifie que ces gouvernements (…) le financent ».

    NSO Group a accusé le patron de WhatsApp d’être délibérément trompeur. Ses produits, qui seraient vendus à des gouvernements étrangers « contrôlés sur le plan de la sécurité », ne pourraient pas être utilisés pour la cybersurveillance aux États-Unis, a déclaré un porte-parole de la société à la Deutsche Presse-Agentur samedi. « Aucun client étranger n’a jamais reçu de technologie lui permettant d’accéder à des téléphones avec des numéros américains. » NSO Group ne dispose pas non plus d’un aperçu des données de ses clients, a-t-il ajouté.

    Heinse Online, 24/07/2021

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  • Logiciel espion Merkel demande une limitation des ventes de « Pegasus ».

    La chancelière allemande Angela Merkel a demandé une limitation des ventes du logiciel d’espionnage « Pegasus ». En Israël, son utilisation est actuellement étudiée. En France, le président Macron a rencontré son cabinet de défense. Dans l’affaire Pegasus, la chancelière allemande Angela Merkel demande une restriction de la vente du logiciel d’espionnage. « Je crois qu’il est important que les logiciels conçus pour certaines situations ne se retrouvent pas entre de mauvaises mains », a déclaré Mme Merkel.

    En Israël, où le producteur de Pegasus, NSO, est basé, les restrictions à l’exportation sont maintenant discutées. Les médias de plusieurs pays avaient récemment rapporté que le logiciel avait été utilisé pour espionner des journalistes et des représentants du gouvernement, entre autres.Un numéro de téléphone portable du président français Emmanuel Macron figure également sur une liste de cibles potentielles d’interception. Selon le bureau présidentiel à Paris, Macron a reçu un nouveau téléphone portable et un nouveau numéro.Israël ouvre une enquêteMerkel a expliqué que la vente du logiciel doit être soumise à des conditions restrictives. Par exemple, elle ne doit pas être livrée à des pays « où le contrôle judiciaire de ces attaques peut ne pas être assuré ». Mme Merkel avait elle-même été espionnée il y a des années par le service de renseignement américain NSA par d’autres moyens, ce qu’elle a à nouveau critiqué.

    Le fabricant de logiciels NSO avait déclaré que le programme Pegasus était destiné uniquement aux services de renseignement et à la police dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et la criminalité. Selon des initiés, un groupe de travail composé de représentants de divers ministères israéliens enquête sur ces événements. Au départ, il était considéré comme peu probable que le programme fasse l’objet de restrictions à l’exportation, mais le président de la commission parlementaire pour la politique étrangère et la défense, Ram Ben-Barak, a exigé une révision des licences d’exportation. Les conclusions du gouvernement sur Pegasus seront examinées de près par le Parlement. Il sera ensuite décidé s’il y a lieu d’agir. Ben-Barak, ancien employé de l’agence de renseignement Mossad, a ajouté que la bonne utilisation de Pegasus avait aidé de nombreuses personnes.Réunion spéciale en FranceLe bureau présidentiel de Paris a déclaré que le remplacement du téléphone portable de Macron était une mesure de sécurité supplémentaire. Cela ne signifiait pas qu’il avait été espionné. Macron a plusieurs numéros de téléphone. Le président avait auparavant consulté son cabinet de défense lors d’une réunion spéciale.

    Le journal « Le Monde » avait notamment rapporté que le numéro de téléphone portable du chef de l’État figurait également sur une liste de cibles potentielles d’interception. Par ailleurs, l’ancien Premier ministre Édouard Philippe et 14 ministres avaient été listés comme des cibles possibles pour le compte du Maroc en 2019. Le pays d’Afrique du Nord nie les allégations. Le Maroc va poursuivre les journalistesJeudi, le Maroc a annoncé des poursuites pour diffamation contre l’association à but non lucratif Forbidden Stories, qui a mené les recherches sur Pegasus, selon les médias. Amnesty International sera également poursuivie, selon l’agence de presse AFP.

    Entre-temps, une enquête sur Pegasus a été lancée en Hongrie. Le ministère public a annoncé qu’il enquêtait pour savoir si le logiciel avait été utilisé illégalement. Le site d’investigation Direkt36 avait fait état d’une liste de plus de 300 numéros de téléphone qui auraient pu être ciblés par Pegasus. Ces numéros appartenaient à des journalistes, des entrepreneurs et des avocats ainsi qu’à des détracteurs du gouvernement du Premier ministre Viktor Orban. Le chef de cabinet d’Orban, Gergely Gulyas, a déclaré que tous les renseignements recueillis étaient légaux.

    Tagesschau, 23/07/2021

    Etiquettes : Espionnage, Pegasus, NSO Group, Emmanuel Macron, Maroc, Angela Merkel, logiciels espions,

  • Espagne, Allemagne, France… Rabat est-il en train de se mettre toute l’Europe à dos?

    Par Florent Zephir

    Les soupçons d’espionnage qui pèsent sur Rabat dans l’affaire Pegasus ont encore tendu les relations entre le Maroc et des pays européens. Le royaume chérifien semble de plus en plus isolé diplomatiquement sur le Vieux Continent.
    Alors que plusieurs médias ont révélé une possible utilisation du logiciel espion Pegasus par le Maroc, visant notamment des dirigeants français, la position diplomatique de Rabat en Europe ne cesse de se fragiliser.
    Si la France reste un allié historique du royaume chérifien, le gouvernement n’en prend pas moins ces soupçons d’espionnage au sérieux et a ouvert des investigations. Devant l’Assemblée nationale, Jean Castex a dénoncé des faits «d’une très grande gravité», s’ils venaient à se vérifier.
    L’affaire Pegasus pourrait donc faire souffler une légère brise sur les relations franco-marocaines, même si la plupart des observateurs doutent d’une rupture brutale, au vu des intérêts de Paris sur place.
    «Il pourrait s’agir de remontrances polies à travers des canaux privés, mais les réactions n’iront pas plus loin. Les intérêts stratégiques de la France au Maroc sont tellement importants que Paris fera contre mauvaise fortune bon cœur», explique ainsi à Libération Kader Abderrahim, enseignant à Sciences Po.
    Le Maroc a pour l’heure nié toute implication dans l’affaire Pegasus, accusant les médias qui ont relayé l’affaire d’«attaques haineuses». Le parquet général marocain a d’ailleurs déclaré vouloir enquêter sur ce qu’il a décrit comme des «accusations infondées».
    Reste que ces soupçons ne risquent pas d’arranger les affaires de Rabat en Europe, déjà minées par des contentieux avec plusieurs États membres.
    Crise avec l’Espagne
    La diplomatie marocaine est d’abord en proie aux difficultés avec l’Espagne. Le feu qui couvait sous la cendre s’est réveillé en mars, avec les propos de Saad Eddine El Othmani, chef de l’exécutif marocain, qui avait déclaré que les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla «étaient marocaines au même titre que le Sahara». Ce qui avait entraîné la convocation de l’ambassadeur marocain à Madrid.
    L’escalade diplomatique avait continué fin avril, après l’hospitalisation près de Bilbao de Brahim Ghali, chef du Front Polisario, en lutte contre le Maroc pour l’indépendance du Sahara occidental. La crise avait culminé avec l’afflux de milliers de migrants venus du Maroc aux portes de Ceuta et Melilla, un mois plus tard. Certains y avaient alors vu la main de Rabat, accusant le royaume chérifien d’avoir ouvert les vannes pour exercer un chantage migratoire vis-à-vis de Madrid.
    Au-delà de l’Espagne, cet épisode avait altéré les relations du Maroc avec Bruxelles. Le Parlement européen avait en effet voté une résolution condamnant «l’utilisation par le Maroc des contrôles aux frontières et de la migration» comme moyen de pression politique.
    Berlin fulmine aussi
    Rabat a également dû ferrailler avec l’Allemagne ces derniers mois, sur la question du Sahara occidental. La reconnaissance par Washington de la souveraineté marocaine sur la région, en décembre, avait en effet ému du côté de Berlin. Le Maroc avait même fini par rappeler son ambassadeur en mai, dénonçant «l’activisme antagonique» de l’Allemagne sur le sujet.
    La non-invitation à Berlin du Maroc pour une conférence internationale sur la Libye avait déjà jeté un froid entre les deux pays, en janvier 2020. Le ministre marocain des Affaires étrangères avait alors manifesté son «profond étonnement» et accusé l’Allemagne de jouer avec la crise libyenne comme d’un «instrument de promotion de ses intérêts nationaux».
    Début juin, Berlin avait finalement décidé de geler son fonds d’aide au développement, de plus d’un milliard de dollars, à destination du Maroc.
    De l’autre côté de la Méditerranée, le Maroc s’est aussi récemment mis en délicatesse avec son voisin algérien, sur la question de l’autodétermination kabyle. Ce 18 juillet, Alger a fini par rappeler son ambassadeur à Rabat pour consultation.

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