Étiquette : espionnage

  • Affaire Pegasus : La FIJ et le SNPM exigent des explications

    La Fédération internationale des journalistes (FIJ) et le Syndicat de la presse marocaine (SNPM), ont exigé, samedi dernier, des autorités marocaines, de faire toute la lumière sur les accusations d’espionnage et de surveillance des journalistes Soulaiman Raissouni, Omar Radi et Imad Stitou, en détention arbitraire pour leurs opinions, réclamant des procès équitables conformément aux normes internationales.

    Depuis les révélations de l’enquête mondiale Pegasus, publiée par le consortium international Forbidden stories dimanche 18 juillet, la FIJ et la SNPM exigent du gouvernement marocain que toute la lumière soit faite sur les accusations d’espionnage et de surveillance des journalistes qui jettent un vrai discrédit sur le royaume, notamment en termes de liberté de la presse et de liberté d’informer, indique un communiqué conjoint de la FIJ et SNPM.

    La FIJ, première organisation mondiale de la profession représentant 600.000 journalistes dans 150 pays, et son affilié, le Syndicat de la presse marocaine (SNPM), ont pris note des condamnations des journalistes Soulaiman Raissouni (9 juillet), Omar Radi et Imad Stitou (19 juillet), note, en outre, le communiqué. Relevant que plusieurs zones d’ombres subsistent quant aux procès des trois journalistes, la FIJ réaffirme que les deux accusés auraient dû comparaître en état de liberté et ne pas être en détention préventive pendant plus d’une année (Imad Stitou comparaissait libre).

    La FIJ et le SNPM rappellent, à ce titre, qu’ils ont écrit au roi du Maroc le 15 juin pour qu’une clémence soit accordée aux accusés et ont précisé qu’une démocratie n’emprisonne pas ses journalistes, surtout lorsqu’il y a des possibilités de les placer sous contrôle judiciaire, soulignant qu’elles ont demandé que cet état de liberté s’applique aux trois journalistes lors du procès en appel.

    Le communiqué fait observer qu’à travers la FIJ, ce sont aussi ses 600.000 membres qui attendaient des procès équitables conformément aux normes internationales avec des instructions plus courtes pour les deux parties.

    À rappeler que les journalistes marocains respectivement Soulaiman Raissouni, Omar Radi et Imad Stitou, ont été condamnés par l’autorité judiciaire au Maroc à 5 ans, 6 ans et 6 mois de prison ferme.

    Etiquettes : Maroc, Pegasus, espionnage, journalistes, logiciels espions, Omar Radi, Imad Stitou,

  • Confidentiel: Le ministre de la justice française “au service ” du Maroc dans l’affaire Pegasus

    DIA-25 juillet 2021: Comme à son habitude, le média électronique Mediapart a mis le doigt là ou sa fait mal, en révélant les relations étroites entre le garde des sceaux français et le Roi Mohamed VI. 

    En effet, le média électronique français a révélé que le Maroc possède dans le gouvernement français, un ministre acquis à sa mauvaise cause, mettant l’accent sur un risque de conflit d’intérêts. Comment les plaintes françaises et même algériennes vont être reçu en France, si le garde des sceaux est acquis à la cause du Makhzen? 

    Au moment où le Maroc est accusé ouvertement d’avoir cherché à espionner les téléphones d’Emmanuel Macron, d’une quinzaine de ministres, d’autres personnalités politiques et de journalistes, l’actuel ministre de la justice français, Éric Dupond-Moretti est jusque là considéré comme l’avocat privilégié du roi Mohammed VI.  

    Avocat depuis 1984, Éric Dupond-Moretti s’est fait connaître en écumant les cours d’assises pendant trois décennies, obtenant nombre d’acquittements.  Éric Dupond-Moretti connu pour choix pour une clientèle haut de gamme, a  défendu la République du Gabon, le roi du Maroc Mohammed VI, le président de Djibouti Ismail Omar Guelleh, des dignitaires monégasques, mais aussi Bernard Tapie, Jérôme Cahuzac, Georges Tron, Patrick Balkany ou Alexandre Djouhri. Des clients qui ne s’attendaient certainement pas à ce que leur zélé défenseur devienne un jour le ministre de la justice de la France.

    Initié notamment par Robert Bourgi, il a offert ses services à plusieurs chefs d’État africains, dont Mohammed VI. Il rejoint le petit cercle des avocats français du royaume, aux côtés de deux « historiques», Ralph Boussier et Yves Repiquet.

    En 2015, par exemple, celui que l’on surnomme encore « Acquittator » court les plateaux télé et les studios radio pour dénoncer une tentative de chantage exercée par deux journalistes contre le monarque chérifien.

    Il écorne, au passage, la présomption d’innocence d’Éric Laurent et Catherine Graciet, alors gardés à vue. Depuis, les deux journalistes ont été renvoyés en correctionnelle pour « chantage ». Dans ce dossier, le royaume est désormais représenté par Antoine Vey, l’ancien associé d’Éric Dupond-Moretti.

    En 2016, Éric Dupond-Moretti devient le défenseur de Saad Lamjarred, célèbre chanteur marocain accusé de viol. C’est le roi Mohammed VI en personne qui a recommandé l’avocat et qui va même jusqu’à payer ses honoraires. Interviewé par le magazine marocain Telquel en 2017, au Sofitel de Rabat, l’avocat confirmait avoir été « contacté par le Palais » pour cette affaire, sans avoir eu toutefois de « contact direct avec Sa Majesté ». Me Dupond-Moretti abandonne ce dossier en 2018, comme il l’annonce au site marocain Le 360, proche du pouvoir et du Makhzen.

    Cette même année, « Acquittator » est appelé à la rescousse par des confrères pour défendre Taoufik Bouachrine, directeur du prestigieux quotidien arabophone Akhbar Al Youm. C’est un des journalistes trop indépendants aux yeux du pouvoir marocain à être visé par une plainte pour viol. L’avocat français invoque un «agenda chargé» pour décliner. Le 10 novembre 2018, au terme d’un procès jugé « inéquitable» par le Groupe de travail de l’ONU sur la détention arbitraire, Taoufik Bouachrine est condamné à 12 ans de prison ferme pour « traite d’êtres humains », « abus de pouvoir à des fins sexuelles », « viol et tentative de viol ». Un an plus tard, sa peine est alourdie, en appel, à 15 ans de prison ferme.

    D’autres affaires l’occupent. En 2019, Me Dupond-Moretti s’indigne publiquement, au nom de Mohammed VI, de rumeurs « malveillantes» et de « fausses informations » qui courent sur le roi et son ex-épouse, Lalla Salma. Celle ci demeure invisible depuis un certain temps. Des rumeurs font état d’un départ de Lalla Salma, qui serait empêchée de voyager avec l’une de ses filles, retenue au Maroc. Le roi et son ex-épouse sont « scandalisés » par « des assertions extrêmement graves »,fait aussitôt savoir le ténor, qui rappelle qu’il s’agit d’un «acte passible de poursuites pour diffamation» et confirme, au passage, leur divorce. Un an plus tard, en décembre 2020, c’est en tant que ministre de la justice, cette fois, qu’il se rend au Maroc, pour parapher un accord sur les mineurs isolés. Avant de signer le document, Éric Dupond Moretti tient à souligner la « relation très forte » qu’il entretient avec le Maroc et la « signification particulière » de son déplacement.

    Comme si de rien n’était, la coopération judiciaire avec le Maroc, un État autoritaire, désormais accusé d’avoir espionné les plus hautes autorités françaises, est donc incarnée à ce jourLe garde des Sceaux est-il destinataire de remontées d’informations pour d’éventuelles procédures judiciaires en France concernant Mohammed VI et d’autres personnalités marocaines ? Le ministre de la justice sera-t-il tenu informé de l’évolution de l’enquête préliminaire ouverte le 20 juillet à Paris dans cette affaire d’espionnage massif de téléphones portables imputée notamment à l’État marocain? Toutes ses questions posés par Mediapart pour connaitre le véritable sens de la justice en France.  

    DIA-Algérie, 25/07/2021

    Etiquettes : Maroc, France, Espionnage, Erid Dupond-Moretti, Pegasus, NSO Group, 

  • L’espionnage met à mal les relations France-Maroc

    France, Maroc, Emmanuel Macron, Pegasus, NSO Group, logiciels espions,

    Des allégations d’espionnage mettent à mal les liens du Maroc avec la France

    Rabat nie avoir mis le téléphone de Macron sur écoute, mais ces allégations interviennent alors que la politique étrangère du royaume s’affirme de plus en plus.

    Avant même les allégations selon lesquelles le Maroc aurait tenté de mettre sur écoute des téléphones appartenant au président français Emmanuel Macron, le royaume d’Afrique du Nord vivait des moments tendus avec les puissances européennes.

    Rabat avait autorisé les migrants à entrer en Espagne parce qu’il était agacé par Madrid. Il s’était chamaillé avec l’Allemagne au sujet de sa position sur le territoire contesté du Sahara occidental.

    Aujourd’hui, les allégations d’espionnage rendues publiques la semaine dernière concernant l’utilisation par les gouvernements du logiciel malveillant Pegasus, créé par le groupe israélien NSO, ont fait monter la tension d’un cran. Ces allégations sont apparues dans le cadre d’une enquête menée par l’organisation journalistique à but non lucratif Forbidden Stories et 17 médias partenaires.

    Le journal français Le Monde a déclaré que le Maroc pourrait avoir ciblé des téléphones portables appartenant à M. Macron et à 15 ministres français dans le cadre d’une opération de cyberespionnage qui pourrait également avoir ciblé 6 000 téléphones appartenant à des fonctionnaires et à des hommes politiques algériens, entre autres. L’Algérie est le voisin et l’ennemi juré du Maroc.

    La France, ancienne puissance coloniale, compte Rabat parmi ses proches alliés dans la lutte contre le djihadisme et est le premier partenaire commercial du Maroc.

    Riccardo Fabiani, directeur pour l’Afrique du Nord à l’International Crisis Group, a déclaré que le moment choisi pour les révélations était « particulièrement préjudiciable pour le Maroc qui traverse deux crises diplomatiques majeures avec l’Espagne et l’Allemagne. Il ne peut pas ouvrir un troisième front avec la France ».

    Les relations du Maroc avec l’Espagne se sont tendues au début de l’année lorsque Madrid a accueilli, pour un traitement médical, Brahim Ghali, chef du Front Polisario, une organisation basée en Algérie qui réclame l’indépendance du territoire contesté du Sahara occidental. En mai, un afflux de milliers de migrants du Maroc vers Ceuta, une enclave espagnole en Afrique du Nord, a été attribué à Rabat qui a relâché les contrôles aux frontières, mécontent de la visite de Ghali.

    Le royaume, qui contrôle la majeure partie du Sahara occidental, s’est également brouillé avec l’Allemagne. En mai, il a rappelé son ambassadeur après que l’Allemagne a déclaré qu’elle ne changerait pas sa position sur le Sahara occidental, même si les États-Unis, sous la présidence de Donald Trump, ont reconnu la souveraineté marocaine dans le cadre d’un accord par lequel Rabat a normalisé ses liens avec Israël. Un plan de l’ONU pour un référendum visant à déterminer le statut du Sahara occidental est bloqué depuis des décennies.

    « On peut dire que la position du Maroc en Europe n’a jamais été aussi basse », a déclaré la société américaine North Africa Risk Consulting. L’espionnage potentiel « s’inscrit dans le cadre d’une politique étrangère marocaine de plus en plus agressive ». politique étrangère marocaine de plus en plus agressive », ajoute le cabinet.

    Fabiani de Crisis Group a fait valoir que le changement de position de Washington a « rendu le Maroc plus inflexible » sur le Sahara Occidental et l’a encouragé à essayer d’obtenir une reconnaissance plus large de son contrôle sur le territoire.

    La France a ouvert une enquête sur les allégations d’espionnage. Après que Macron a rencontré des responsables de la sécurité jeudi, l’Elysée a déclaré : « Le président prend le sujet très au sérieux et suit de très près les progrès de l’enquête. » Mais il a souligné qu’ »aucune certitude n’était apparue à ce stade » que les allégations étaient vraies.

    Pour sa part, le Maroc a nié avec véhémence avoir entrepris de telles actions ou avoir acheté un logiciel pour infiltrer les téléphones portables.

    Chakib Benmoussa, ambassadeur du Maroc à Paris, a déclaré au Journal du Dimanche que ceux qui ont porté des accusations aussi accablantes contre son pays doivent maintenant fournir des preuves. « Dans cette histoire, le Maroc est une victime », a-t-il déclaré. « Il s’agit d’une tentative de déstabilisation ».

    Olivier Baratelli, un avocat français qui représente le Maroc, a été cité par les médias français comme ayant déclaré que le royaume poursuivrait à la fois Forbidden Stories et Amnesty International pour diffamation à Paris. Le groupe de défense des droits de l’homme a fourni des recherches techniques pour l’enquête des médias. Auparavant, il avait déclaré avoir des preuves que le Maroc avait utilisé Pegasus pour infiltrer les téléphones des journalistes locaux et des militants des droits de l’homme.

    Rabat a déclaré qu’Amnesty n’avait montré aucune preuve liant le Maroc à l’espionnage des journalistes.

    La France est le premier partenaire commercial et d’investissement du Maroc et un soutien indéfectible de ses intérêts au Sahara Occidental au Conseil de Sécurité de l’ONU.

    « Le Maroc a toujours voulu savoir ce que nous pensons réellement de la politique du Sahara, et pas seulement ce que nous leur disons », a déclaré un ancien diplomate français. « Ils se soucient aussi vraiment de ce que les différents acteurs français pensent de la question du Sahara ».

    Si la France a soutenu sans faille la position marocaine sur le Sahara occidental, a déclaré Fabiani, Paris « n’est pas toujours d’accord avec ses positions tranchées sur la question ». Il ne serait pas surprenant, a-t-il dit, que « les Marocains veuillent garder un œil sur les Français ».

    Le fait que la France soit également un partenaire proche de l’Algérie, le principal sponsor du Polisario, a contribué à la méfiance, a-t-il ajouté.

    Même si les accusations d’espionnage embarrassent le Maroc et ébranlent la France, les deux pays voudront contenir les retombées dans l’intérêt de la coopération en matière de sécurité, estiment les observateurs.

    Les renseignements marocains sont « très alertes et très efficaces », selon l’ancien diplomate français. « Ils ont beaucoup aidé la France à enquêter sur les attaques terroristes depuis l’attentat de Madrid en 2005, ainsi qu’à rester au fait de la menace islamiste en Europe », a-t-il déclaré.

    « Je pense que si le cycle de l’information évolue, les deux pays seront heureux de laisser cette affaire mourir », a-t-il ajouté.

    Financial Times, 25/07/2021

    Etiquettes : Maroc, France, Espionnage, Logiciels Espions, ONS Group, Pegasus,

  • Le Maroc impliqué dans l’un des plus grands scandales d’espionnage de la décennie

    Une quinzaine de médias internationaux ont révélé l’un des plus grands scandales d’espionnage de la décennie dans lequel est impliqué le Maroc qui a mis sous surveillance des journalistes marocains et une trentaine de professionnels de médias étrangers.

    Les révélations sur l’utilisation du logiciel espion israélien baptisé Pegasus, que publient cette semaine Le Monde et seize rédactions coordonnées par l’organisation Forbidden Stories, avec l’appui technique d’Amnesty International, se basent sur une liste de plus de 50 000 numéros de téléphone, présélectionnés par certains clients de NSO Group pour une éventuelle mise sous surveillance.
    Pegasus qui permet de prendre le contrôle d’un téléphone, donne accès à l’intégralité du contenu de l’appareil ainsi qu’à son microphone et sa caméra. Parmi les pays utilisateurs : le Maroc.
    Les numéros de nombreux journalistes marocains ont été sélectionnés comme cibles potentielles par le logiciel en question. « Depuis la révélation par Amnesty International, en 2020, de l’infection du téléphone du journaliste marocain d’investigation Omar Radi par le logiciel espion Pegasus, les journalistes marocains indépendants se doutaient bien qu’ils pouvaient être ciblés, eux aussi, par le programme de surveillance commercialisé par l’entreprise israélienne NSO Group.
    Les listes de numéros de téléphone sélectionnés comme des cibles potentielles dans l’outil de NSO par plusieurs de ses clients, que l’organisation Forbidden Stories et Amnesty International ont partagées avec dix-sept rédactions, dont Le Monde, confirment qu’un service de sécurité marocain a utilisé Pegasus pour viser, de manière systématique, des journalistes critiques du pouvoir, et des dirigeants des grandes rédactions du pays.
    Le numéro de Taoufik Bouachrine, directeur du journal Akhbar Al-Yaoum, qui purge actuellement une peine de quinze ans de prison pour viol, au terme d’ »un procès politique » selon sa défense, a ainsi été entré comme cible potentielle dans le logiciel espion de NSO, ainsi que sa femme.
    Au-delà des cas précis d’Omar Radi et de Taoufik Bouachrine, ce sont tous les patrons de médias indépendants, ou presque, qui semblent avoir intéressé les services de renseignement marocains. Parmi leurs cibles potentielles, on trouve ainsi les fondateurs du Desk, Ali Amar, ou celui du site électronique Badil, Hamid El-Mahdaoui, condamné à trois ans de prison en 2018 pour sa « participation » au soulèvement populaire du Rif, (octobre 2016) sévèrement réprimé par le pouvoir en place.
    Les services marocains ont également sélectionné pour surveillance potentielle un téléphone utilisé par Omar Brouksy, ancien correspondant de l’Agence France-Presse et auteur de deux livres critiques sur Mohammed VI et les relations entre la France et le Maroc.
    Les journalistes marocains ne sont pas les seuls à intéresser les services de renseignement du royaume. Une trentaine de journalistes et de patrons de médias français figurent sur la liste des cibles de Pegasus. A plusieurs reprises, le consortium Forbidden Stories et le Security Lab d’Amnesty International ont pu techniquement déterminer que l’infection avec Pegasus avait été couronnée de succès.
    C’est le cas notamment d’Edwy Plenel, le fondateur de Mediapart, de Dominique Simonnot, ancienne enquêtrice du Canard enchaîné et désormais contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, mais aussi d’une journaliste du Monde.
    Un téléphone d’une autre journaliste de Mediapart, Lenaïg Bredoux, a également été infecté. Spécialiste des violences sexuelles, thématique parfois instrumentalisée au Maroc contre des voix critiques du pouvoir. Un autre patron de média, Bruno Delport, directeur de la radio TSF Jazz, a également été visé par l’utilisateur marocain de Pegasus – son téléphone, après analyse, présentait des traces d’infection.
    Si les services marocains semblent avoir majoritairement visé des journalistes travaillant pour des rédactions dites de gauche ou au centre, les médias de droite n’ont pas été épargnés pour autant. Les données analysées par les rédactions du « Projet Pegasus » ne sont pas exhaustives. Elles semblent ne couvrir qu’une dizaine de pays clients de ladite société NSO, alors que l’entreprise affirme en compter une quarantaine.

    Fil d’Algérie, 19/07/2021

    Etiquettes : Maroc,Emmanuel Macron, France, Espionnage, NSO Group, Logiciels Espions, Pegasus, Israël,


  • Jacob Cohen: Le Maroc est obsédé par la surveillance des journalistes et militants

    Etiquettes : Maroc, Emmanuel Macron, France, Espionnage, NSO Group, Logiciels Espions, Pegasus, Israël,

    Jacob Cohen sur le logiciel espion: Le Maroc est obsédé par la surveillance des journalistes et militants qui s’intéressent au royaume chérifien

    Dans un entretien accordé à Algérie54, l’auteur et journaliste français, natif du Maroc, Jacob Cohen évoque les liens étroits entre l’entité sioniste et le Maroc, le logiciel espion Pegasus,l’assassinat du journaliste Khashoggy,le harcèlement des journalistes marocains par le Makhzen, les brouilles de Rabat avec Madrid, et enfin cette déclaration de guerre à l’égard de l’Algérie, liée à la déclaration d’Omar Hilale sur le Kabylie.

    Algérie54: Les révélations sur l’usage d’un logiciel israélien appelé Pegasus, pour espionner des personnalités en France et en Algérie et des opposants par le Maroc, suscitent l’indignation et confirment la large normalisation de Rabat avec l’entité sioniste. Qu’en pensez-vous ?

    Jacob Cohen:Le Maroc n’a certainement pas attendu la normalisation avec l’entité sioniste pour être l’un des bénéficiaires du logiciel Pegasus qui permet la surveillance de toute personne souhaitée. C’est d’ailleurs ce logiciel qui avait permis la surveillance et l’assassinat du journaliste d’origine saoudienne Khashoggy. La société israélienne qui a développé le logiciel doit être intimement liée aux divers services de sécurité et toute vente à un État étranger doit recevoir leur approbation. C’est dire si le Maroc et l’Arabie saoudite entretenaient des relations profondes et secrètes dans les domaines sécuritaires tout en gardant des distances hypocrites vis-à-vis de l’opinion publique. Cette révélation cependant trouve un écho particulier après la normalisation et l’approfondissement des relations dans tous les domaines entre Rabat et Tel Aviv, surtout après les lourdes condamnations de journalistes marocains sur des accusations bidonnées. On connaît également l’activisme des services marocains en France, leur obsession de contrôler aussi bien les militants marocains que les journalistes français qui s’intéressent de très près au régime chérifien. Maintenant que l’on connaît les instruments de cette surveillance et leur origine, l’impact est démultiplié.

    Algérie54: Dans le sillage de ce scandale, le Maroc est épinglé sur le dossier de la liberté d’expression et la condamnation des journalistes. Quelle est votre opinion sur ce volet ?

    Jacob Cohen:La plupart des journalistes marocains qui ont été poursuivis récemment et lourdement condamnés ne l’ont pas été pour leurs écrits, officiellement du moins, mais sur des accusations de harcèlements sexuels, ou tentatives de viols, ou des écarts moraux, ou tentatives d’avortements illégaux. Bref, on leur a monté des dossiers basés sur des échanges de mails, de SMS, de correspondances ou d’échanges privés, qui nécessitent des méthodes de surveillance ultra sophistiqués, que seul le logiciel Pegasus permettait de mettre en place. Le fait de les condamner lourdement (6 ans de prison ferme pour le journaliste Omar Radi par exemple) sur des bases « morales » permet de rencontrer une certaine compréhension d’une large partie de la population attachée aux valeurs traditionnelles, et de donner aux médias français complaisants le prétexte de ne pas condamner des atteintes à la liberté de la presse et de conforter l’ouverture démocratique et la modernité de Mohammed VI.

    Algérie54: Le Maroc est de plus en plus accablé, par la communauté internationale dans le sillage de ses brouilles avec Madrid et Berlin, que diriez-vous ?

    Jacob Cohen: Ayant reçu l’appui diplomatique du couple américano-sioniste, le Maroc avait cru pouvoir forcer la décision de pays européens importants pour qu’ils avalisent les positions américaines. Mais l’Espagne et l’Allemagne ne l’entendent pas de cette oreille. Ces pays ont leur agenda diplomatique et des engagements internationaux qu’ils entendent respecter. Le Maroc avait déjà tenté un coup de force en envoyant quelques militaires sur un piton rocheux inhabité près de ses côtes mais a dû vite reculer devant la réaction vigoureuse espagnole. Mohammed VI n’est pas Erdogan pour utiliser à son profit l’arme des migrants pour inonder l’Europe. Là encore sa dernière tentative a fait un flop. Le Maroc n’est tout simplement pas en position d’imposer quoi que ce soit à l’Europe, même si bien sûr celle-ci le ménage et rien ne se fera pour le déstabiliser.

    Algérie54: Le chef de la diplomatie de l’entité sioniste se rendra d’ici la fin du mois en cours à Rabat, ne pensez pas que le Maroc bascule de plus en plus sous les pieds du sionisme ?

    Jacob Cohen: À partir de l’officialisation des relations diplomatiques entre Israël et le Maroc, ce dernier ne peut plus rien refuser au régime sioniste. Visites officielles, lignes aériennes directes, ouverture au tourisme de masse mais d’un seul côté, liberté d’implantations et d’exploitations commerciales et autres mais seulement au profit des Israéliens, célébrations de la Shoah, réécriture de l’histoire des juifs au Maroc et enseignement du judaïsme, et pourquoi pas un jour verser des indemnités pour les biens « abandonnés » par les juifs ayant quitté le Maroc. Sans compter les clauses secrètes sur la collaboration du Maroc aux entreprises d’infiltration et de surveillance entreprises par les services sionistes dans toute la région. Le régime marocain a mis le doigt dans un engrenage irréversible sauf à connaître une crise existentielle en cas de rupture.

    Algérie54: Les déclarations du représentant du Maroc à l’ONU, Omar Hilale, au sujet de « l’indépendance » de la Kabylie, revendiquée par le mouvement séparatiste du MAK, ont suscité l’indignation des algériens. Jacob Cohen en avait déjà évoqué le danger de la répartition des États, via les ethnies, en se référant aux plans de l’entité sioniste. Qu’en pensez-vous ?

    Jacob Cohen:Cette déclaration est quasiment un casus belli. C’est un appel au démembrement d’un État souverain dont les frontières sont reconnues par toutes les instances internationales. Bien des guerres ont été déclenchées suite à ce genre d’ingérences ou de revendications territoriales. Le pire dans cette histoire et qui relève du tragi-comique c’est que le Maroc connaît le même problème de revendications identitaires amazighes. Et les autorités marocaines ne peuvent ignorer que c’est le Mossad qui entretient ces revendications dans le Sud-Est du pays. Les services sionistes font planer une épée de Damoclès sur l’intégrité territoriale marocaine. Et si un jour ce problème venait à prendre des proportions dramatiques, ce ne sera pas en Algérie qui règle la question sans ingérence étrangère, mais plutôt au Maroc et son ouverture à un « allié » sioniste dont le mépris envers tous les Arabes n’est plus à démontrer.

    Entretien réalisé par M.Mehdi

    Algérie54, 22/07/2021

  • Le Maroc s’est engagé, au nom de l’Entité sioniste, dans une aventure d’espionnage mondiale

    Hassan Kacimi : le Maroc s’est engagé, au nom de l’Entité sioniste, dans une aventure d’espionnage mondiale

    «Les Lobbys sionistes feront tout pour bloquer tout processus de condamnation du Maroc et de son allié stratégique Israël», suite à l’affaire d’espionnage à l’aide du logiciel Pegasus, indique Hassan Kacimi, expert des questions géopolitiques, qui était dimanche matin l’invité de la rédaction de la Chaine 3 de la radio Algérienne.
    Le Maroc s’est engagé, au nom de l’entité sioniste, dans une aventure d’espionnage, affirme celui-ci, qui précise que « la monarchie n’espionne pas uniquement l’Algérie. C’est un processus d’espionnage mondial qui est entrain de se mettre en place».
    M. Hassan Kacimi rappelle que ce processus de normalisation entre l’entité sioniste et le Maroc est un processus secret, développé dans la clandestinité, qui a évolué dans le temps depuis presque une soixantaine d’années.
    Pour lui, ce deal de la honte, s’est étendu vers des activités qui sont subversives et hostiles sur le plan régional, au niveau des pays de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et vers l’Europe. Les français sont espionnés de manière massive, plus de 1000 téléphones, dont 600 journalistes et des parties politiques, qui ont été affecté par ce logiciel malveillant. Plus grave encore, ajoute-il, même les réunions du gouvernement français étaient sous-écoute.
    Pour préserver les intérêts d’Israël et sauvegarder ses intérêts coloniaux, le Maroc continuera d’entraver les efforts de règlement pacifique en cours des crises dans la région, à l’instar du Mali et de la Libye.
    L’expert des questions géopolitiques estime que le roi du Maroc, est totalement absent puisqu’il a délégué ses pouvoirs à un tortionnaire, à savoir El Hammouchi, imposé par des Lobbys franco-sionistes. « On se demande qui commende au Maroc », s’interroge t-il.
    L’invité explique que c’est ces lobbys qui organisent, exploitent commercialisent la drogue marocaine qui rapporte l’équivalent de 23 milliard de dollars. «Cette argent est recyclé dans des banques marocaines dans le Sahal et en Europe, et ce, au vu et au su de toutes les autorités politiques qui sont complices», conclut-il.
    APS
    Etiquettes : Maroc, Israël, Espionnage, Pegasus,
  • Projet Pegasus : la boîte de Pandore est ouverte !

    Décidément, l’enquête effectuée par le consortium de 17 médias a ouvert une véritable boite de Pandore en dévoilant l’espionnage de plus de 50000 téléphones portables à travers plusieurs pays dans le monde par le logiciel Pegasus, mis au point par la compagnie israélienne NSO. De nombreux pays ont utilisé ce logiciel pour espionner aussi bien leurs citoyens (journalistes, militants des droits de l’homme, …) que des hauts responsables d’autres pays, dont l’Algérie et la France. Même le président de ce pays, Emmanuel Macron, n’aurait pas échappé à cette surveillance, effectuée par un pays considéré comme ami de la France, le Maroc. D’anciens et actuels responsables algériens ont aussi été espionnés par le biais de ce logiciel, toujours par le Maroc. Ce dernier a nié complètement avoir utilisé le logiciel mais plusieurs médias, dont Le Monde, ont persisté dans leur affirmation et déclarent détenir des preuves irréfutables.

    D’autres pays ont été cité comme clients de NSO et utilisateurs de Pegasus et la compagnie israélienne se défend et déclare qu’elle a fourni ce logiciel à près de 40 pays dans le seul but de lutter contre le terrorisme, ce qui a été facilement réfuté par les journalistes et militants auteurs de l’enquête.

    En France, le président Macron a convoqué une réunion d’urgence du conseil de sécurité pour étudier cette véritable atteinte à la sécurité de l’Etat (un téléphone du président Macron et de plusieurs ministres ayant été espionnés) et aux moyens d’y faire face, démontrant par là que les dénégations du Maroc quant à son implication n’étaient perçues que comme des gesticulations inutiles.

    L’Algérie a ouvert une enquête pour déterminer l’ampleur exacte de cet espionnage de la part de nos voisins de l’ouest afin de mettre au point les ripostes adéquates. Dans la foulée et en prenant le train en marche, l’organisation RSF (Reporters Sans Frontières) avait accusé l’Algérie d’avoir utilisé le logiciel d’espionnage, se récusant quelques heures plus tard pour annoncer que le nom de l’Algérie a été cité ‘par erreur’ et a été retiré par la suite. L’Algérie a déposé plainte par le biais de son ambassadeur à Paris et l’affaire suit son cours car il est inconcevable qu’une erreur de la sorte puisse être faite, surtout pour de si graves accusations. C’était plutôt la haine maladive contre l’Algérie et une volonté délibérée d’installer un amalgame pour tenter de sauver le royaume chérifien qui ont guidé l’action de RSF. L’association devra payer les pots qu’elle a cassés.

    Et ce n’est pas tout !

    Will Cathcart, PDG de WhatsApp confirme et rappelle :

    « Les révélations du Projet Pegasus correspondent à ce que nous avons vu lors de l’attaque il y a deux ans »

    En effet, l’entreprise WhatsApp a découvert en 2019 que NSO Group avait infecté des téléphones avec Pegasus en utilisant une faille de sécurité dans son logiciel. Après avoir réagi énergiquement face à cet espionnage via WhatsApp, l’entreprise a colmaté la faille avant d’avertir les quelques 1400 victimes de cette attaque et a déposé plainte auprès des autorités compétentes.

    Après les révélations publiées au courant de cette semaine et mettant à nu l’espionnage dont ont été victimes plus de 50 000 téléphones à travers le monde, le PDG de WhatsApp a accordé un entretien au ‘The Gardian’ dans lequel il revient sur leurs observations en 2019 lors de la découverte de l’attaque et ce qu’a révélé l’enquête menée par les 17 médias ainsi que des ONG.

    Il révèle en effet que les ‘révélations correspondent à ce que nous avons vu lors de l’attaque que nous avons combattue il y a deux ans. Ces révélations sont parfaitement cohérentes avec ce que nous avons appris’. Continuant sur sa lancée, il déclare que parmi les 1400 victimes de l’attaque, ‘il y avait aussi des responsables gouvernementaux, y compris à des postes de haute responsabilité’. Il y avait aussi des alliés des USA, des journalistes, des militants des droits humains et d’autres personnes encore, affirme-t-il.

    Des gouvernements demandent à WhatsApp d’affaiblir le niveau de sécurité

    Will Cathcart révèle aussi que certains gouvernement demandent à l’entreprise qu’il dirige d’affaiblir à dessein le niveau de sécurité des messages et : « je pense que c’est le bon moment pour que les gouvernements cessent de nous demander d’affaiblir le niveau de sécurité des messages et pour que nous ayons à la place une discussion à l’échelle de toute l’industrie sur la meilleure manière de rendre Internet et nos communications plus sures. Voilà ce dont nous avons besoin ».

    Questionné sur les identités des responsables gouvernementaux qui ont été victimes de ces attaques en 2019, le même responsable évoque la vie privée des personnes pour ne pas donner plus de détails mais rappelle que l’attaque n’a été active que pendant quelques semaines avant d’être déjouée par les services de WhatsApp : « durant cette brève période, il y a eu 1400 victimes, imaginez que cette période ait été plus longue, le nombre aurait été beaucoup plus important ».

    Pegasus peut attaquer même les toutes dernières versions d’IOS, le logiciel central des iPhone

    Le PDG de WhatsApp estime aussi qu’il n’est possible de protéger la vie privée des utilisateurs qu’en faisant tout pour la sécurité mais, surtout, ‘faire beaucoup de bruit’ : « il faut parler, porter plainte, vous assurer que les agresseurs soient tenus pour responsables, partager les informations avec les victimes, les chercheurs en sécurité informatique.. », prévient-il, en ajoutant que ce logiciel de la NSO ou d’autres encore peuvent pirater tous les systèmes installés sur les téléphones car ils sont très puissants.

    Il annonce aussi être très contents que Microsoft, Google et l’Internet Associate ont déposé des motions écrites pour soutenir WhatsApp dans son procès contre NSO. Il préconise aussi une union à grande échelle de toutes les industries informatiques pour mettre fin aux logiciels espions et ‘changer la manière dont les gouvernements réfléchissent à ce sujet’.

    Concernant le procès intenté contre NSO, WhatsApp a eu gain de cause en première instance mais NSO a fait appel et le procès est toujours en cours.

    Afin de rendre les téléphones plus surs, Will Cathcart préconise de tout mettre en œuvre pour y arriver, chacun y mettant du sien, ceci d’un côté, et, de l’autre, que les coupables soient poursuivis et tenus pour responsables, sinon : « vous donnez l’impression que ce qu’ils ont fait n’était pas un problème », termine-t-il.

    En attendant d’autres révélations, la boite de Pandore demeure toujours ouverte.

    Tahar Mansour

    La Patrie News, 25/07/2021

    Etiquettes : Emmanuel Macron, France, Espionnage, NSO Group, Logiciels Espions, Pegasus, Israël, Algérie, Maroc,

  • Scandale d’espionnage: Macron réagit auprès de Tel Aviv

    Macron veut une explication israélienne sur le scandale du logiciel espion Pegasus

    Le président français Emmanuel Macron a demandé une excuse officielle au Premier ministre israélien Naftali Bennett à propos du logiciel espion Pegasus, développé par le groupe NSO basé en Israël, lors d’une conversation téléphonique samedi.

    Selon la chaîne israélienne Channel 12, M. Macron a exprimé son malaise à propos des informations selon lesquelles son téléphone portable et d’autres de fonctionnaires du gouvernement français ont été compromis. Bennett a promis qu’une enquête au plus haut niveau serait lancée, mais a noté que l’incident s’est produit avant qu’il ne prenne ses fonctions.

    Il a été allégué qu’au moins 10 gouvernements – dont le Bahreïn, le Kazakhstan, le Mexique, le Maroc, l’Azerbaïdjan, la Hongrie, l’Inde et les Émirats arabes unis – étaient des clients du groupe NSO et que des logiciels espions étaient utilisés pour cibler des activistes, des journalistes, des avocats et des politiciens.

    Le logiciel espion peut apparemment transformer un téléphone en un dispositif de surveillance dans lequel il est possible d’accéder aux messages, aux caméras, aux enregistrements audio et aux applications.

    Al Bawaba, 25/07/2021

    Etiquettes : Emmanuel Macron, France, Espionnage, NSO Group, Logiciels Espions, Pegasus, Israël, Bahreïn, Kazakhstan, le Mexique, Maroc, Azerbaïdjan, Hongrie,

  • Comment fonctionne le logiciel espion Pegasus ?

    Les moyens modernes de traque des terroristes ont été utilisés par les autorités des pays autoritaires pour espionner les journalistes et les opposants.

    Des traces du logiciel espion Pegasus ont été retrouvées sur les téléphones de nombreux journalistes et militants à travers le monde. Comment exactement Pegasus pénètre dans le téléphone, ce que le programme peut faire et comment les experts en sécurité déterminent sa présence – dans le matériel du Centre pour l’étude de la corruption et du crime organisé (OCCRP, langue originale – anglais), qui a été traduit en russe par les rédacteurs du magazine Vlast. Novaya Gazeta le publie également.

    L’enquête sensationnelle d’Edward Snowden sur la surveillance massive par le gouvernement américain a fait s’inquiéter le monde entier au sujet de la sécurité numérique. Le cryptage de bout en bout, auparavant utilisé principalement par les espions et les passionnés de cybersécurité, est devenu omniprésent après que la communication est passée aux services de messagerie et aux messageries cryptés tels que Whatsapp et Signal.

    Ces changements ont laissé les gouvernements sans surveillance – et dans une recherche désespérée de solutions. Pegasus a été créé pour leur donner cette solution.

    Pegasus est le produit phare de la société de cyberintelligence israélienne NSO Group, sans doute la plus importante des sociétés de logiciels espions émergents. Les technologies du groupe NSO permettent aux clients – selon l’entreprise, exclusivement aux gouvernements et jamais aux particuliers ou aux entreprises – de cibler des numéros de téléphone spécifiques et d’infecter les appareils Pegasus associés.

    Mais au lieu d’essayer d’intercepter les données cryptées transmises d’un appareil à un autre, Pegasus permet à l’utilisateur de contrôler l’appareil lui-même et d’accéder à tout ce qui y est stocké.

    Pegasus surveille les frappes sur l’appareil infecté – toutes les communications et recherches écrites, même les mots de passe, et les transmet au client, et donne accès au microphone et à la caméra du téléphone.

    en le transformant en un appareil espion mobile que la cible transporte sans hésitation.

    « Le piratage d’un téléphone permet à un pirate d’obtenir des droits d’administrateur sur un appareil. Cela permet de faire presque n’importe quoi au téléphone », explique Claudio Guarneri du Security Lab d’Amnesty International, qui a développé une méthodologie pour analyser les appareils infectés.

    Les gouvernements du monde entier sont impatients de mettre la main sur ce que Pegasus peut fournir, car il leur donnera un accès gratuit aux communications et aux mouvements des terroristes et des criminels. mais

    Le projet Pegasus montre comment le groupe NSO a presque certainement vendu sa technologie à des pays au bilan douteux en matière de droits humains, et comment la technologie a été utilisée pour espionner des journalistes et des militants.

    Les preuves compilées par le projet Pegasus suggèrent que les gouvernements de l’Inde à l’Azerbaïdjan et du Rwanda au Mexique ont utilisé avec succès les logiciels espions du groupe NSO.

    Pour maintenir sa position, le groupe NSO doit continuellement améliorer sa technologie pour garder une longueur d’avance sur des entreprises telles qu’Apple et Google qui publient des mises à jour pour corriger les vulnérabilités. Au cours des cinq dernières années, Pegasus est passé d’un système relativement simple qui utilisait principalement des attaques socio-techniques à un programme qui n’exige même pas qu’un utilisateur suive un lien pour pirater son téléphone.

    Pas d’exploit de clic

    Auparavant, les attaques de pirates Pegasus nécessitaient la participation active de la cible elle-même. Les opérateurs du programme ont envoyé un SMS avec un lien malveillant sur le téléphone de la cible. Si une personne suivait le lien, une page malveillante s’ouvrait dans le navigateur, téléchargeant et exécutant un code malveillant sur l’appareil. Le groupe NSO a utilisé diverses tactiques pour augmenter la probabilité de clics.

    « Les clients ont envoyé des messages de spam pour faire chier la cible, puis ont envoyé un autre message avec un lien sur lequel cliquer pour arrêter de recevoir du spam » –

    dit Guarneri. Des techniques sociotechniques ont été utilisées pour augmenter la probabilité d’un clic en insérant des liens malveillants dans des messages destinés à intéresser ou à intimider les cibles de logiciels espions.

    « Les messages peuvent inclure des nouvelles qui intéressent une personne ou des publicités pour des articles qu’elle aimerait acheter, comme un abonnement à un gymnase ou des ventes en ligne », explique Guarneri.

    Au fil du temps, les utilisateurs ont pris conscience de ces tactiques et ont appris à mieux identifier les spams malveillants. Il fallait quelque chose de plus sophistiqué.

    La solution consistait à utiliser des « exploits sans clic ». Ces vulnérabilités ne nécessitent aucune interaction de l’utilisateur pour que Pegasus infecte un appareil. Les gouvernements utilisant le Pegasus ont préféré cette tactique ces dernières années, a déclaré Guarneri.

    Les exploits sans clic reposent sur les vulnérabilités des applications populaires telles que iMessage, WhatsApp et Facetime. Ils reçoivent et traitent tous des données – parfois de sources inconnues.

    Une fois la vulnérabilité découverte, Pegasus infiltre l’appareil à l’aide du protocole d’application. Pour cela, l’utilisateur n’a pas besoin de suivre un lien, de lire un message ou de répondre à un appel.

    « Les exploitations sans clic constituent la majorité des cas que nous avons vus depuis 2019 », explique Guarneri. Son équipe a publié un rapport technique sur la méthodologie du projet Pegasus.

    « C’est un programme méchant – un programme particulièrement méchant », a déclaré aux journalistes Timothy Summers, un ancien ingénieur informaticien des services de renseignement américains. – Il pénètre dans la plupart des systèmes de messagerie, notamment Gmail, Facebook, WhatsApp, Facetime, Viber, WeChat, Telegram, les messageries intégrées et la messagerie Apple, entre autres. Avec un tel arsenal, vous pouvez espionner la population du monde entier. De toute évidence, le NSO propose une agence de renseignement en tant que service. »

    Réactivité

    Malgré sa réputation d’application grand public, iMessage est connu des experts pour être vulnérable aux attaques. Matt Green, cryptographe et expert en sécurité à l’Université Johns Hopkins, a déclaré aux journalistes qu’iMessage est devenu plus vulnérable depuis qu’Apple a compliqué son logiciel, augmentant ainsi par inadvertance le nombre de façons de trouver des erreurs de programmation pouvant être exploitées. Apple publie régulièrement des mises à jour pour remédier à ces vulnérabilités, mais l’industrie des logiciels espions a toujours au moins une longueur d’avance.

    « Il ne fait aucun doute que Pegasus est capable d’infecter les dernières versions d’iOS », déclare Guarneri. « Beaucoup plus de temps et d’argent ont été investis pour trouver ces vulnérabilités que, probablement, pour empêcher leur création et s’en débarrasser.

    C’est un jeu du chat et de la souris et le chat est toujours en avance à cause de l’incitation économique. »

    Un porte-parole d’Apple a nié que les sociétés de logiciels espions les devançaient dans une conversation avec des journalistes du Washington Post.

    « Ces attaques contre les iPhones, telles que celles créées par le groupe NSO, sont ciblées, coûtent des millions à développer et sont souvent de courte durée car nous détectons et corrigeons les vulnérabilités. Ce faisant, nous décourageons économiquement les attaques à grande échelle contre les utilisateurs d’iPhone », explique Ivan Krstic, responsable de l’ingénierie de sécurité chez Apple.

    L’activité des logiciels espions est néanmoins lucrative. En 2016, le New York Times a rapporté que le logiciel NSO, capable d’espionner dix utilisateurs d’iPhone, coûte 650 000 $ plus des frais d’installation de 500 000 $ – une technologie probablement beaucoup moins avancée que ce qui est disponible aujourd’hui. En 2020, la société a déclaré un bénéfice de 243 millions de dollars.

    Prises par surprise en matière de cybersécurité, les entreprises informatiques se défendent désormais devant les tribunaux. En 2019, WhatsApp a déposé une plainte contre le groupe NSO aux États-Unis, affirmant qu’une entreprise israélienne avait profité de la vulnérabilité pour infecter plus de 1 400 appareils. Selon WhatsApp, les attaques visaient des journalistes, des avocats, des chefs religieux et des dissidents politiques. Plusieurs autres sociétés bien connues, dont Microsoft et Google, ont ajouté des preuves corroborantes à l’affaire en cours.

    Le procès fait suite à d’autres précédemment déposés par Amnesty International (contre le ministère israélien de la Défense, qui est censé coordonner toutes les ventes du groupe NSO aux gouvernements étrangers), ainsi que des journalistes et des militants prétendument ciblés par les technologies de NSO.

    Injection réseau

    En plus des exploits sans clic, les clients du groupe NSO peuvent également utiliser des « injections réseau » pour accéder au téléphone sans se faire remarquer. La navigation sur le Web peut exposer un appareil à une attaque sans cliquer sur un lien conçu de manière malveillante. Avec cette approche, l’utilisateur doit se rendre sur un site Web non sécurisé au cours de ses activités en ligne normales. Une fois qu’il se rend sur un site non sécurisé, le logiciel du groupe NSO peut accéder au téléphone et l’infecter.

    « Vous ne pouvez rien y faire », dit Guarneri. « Le délai [entre la navigation vers un site Web non sécurisé et l’infection de Pegasus] peut être de quelques millisecondes. »

    Cependant, utiliser cette méthode est plus difficile que d’attaquer un téléphone avec un lien malveillant ou un exploit sans clic, car cela nécessite de surveiller l’utilisation du téléphone mobile jusqu’à ce que le trafic Internet ne soit plus protégé.

    Cela se fait généralement par l’intermédiaire d’un opérateur mobile auquel certains gouvernements ont accès. Mais la dépendance vis-à-vis des opérateurs téléphoniques rend difficile, voire impossible, pour les gouvernements de pirater les appareils de personnes en dehors de leur juridiction. Les exploits sans clic peuvent surmonter ces limitations, ce qui les rend populaires.

    Du patient zéro à la chaîne de preuves

    L’équipe technologique d’Amnesty International a analysé les données de dizaines de téléphones portables susceptibles d’être attaqués par des clients du groupe NSO.

    Pour détecter Pegasus sur un appareil, l’équipe recherche d’abord le signe le plus évident – la présence de liens malveillants dans les messages texte. Ces liens mènent à l’un des nombreux domaines utilisés par le groupe NSO pour télécharger des logiciels espions sur votre téléphone — il s’agit de l’infrastructure de l’entreprise.

    « NSO a commis des erreurs opérationnelles dans la construction de l’infrastructure qu’il utilise pour lancer des attaques », a déclaré Garnieri. Dans le premier cas signalé – le patient zéro – cette infrastructure de réseau « contenait une référence à l’infrastructure [NSO] » ».

    NSO Group a également initialement utilisé plusieurs faux comptes de messagerie pour construire une grande partie de son infrastructure. L’un de ces comptes est lié à un domaine – cela confirme qu’il appartient au groupe NSO.

    Patient Zero était un défenseur des droits humains des Émirats arabes unis nommé Ahmed Mansour.

    En 2016, Citizen Lab a découvert que le téléphone de Mansour avait été piraté à l’aide de liens malveillants offrant de « nouveaux secrets » sur la torture par les autorités des Émirats arabes unis. Citizen Lab a pu prouver que les messages provenaient de Pegasus.

    «Il y aura toujours une chaîne de preuves qui nous reliera au tout premier patient zéro», explique Guarneri.

    En plus de découvrir des liens vers l’infrastructure réseau du NSO, l’équipe d’Amnesty a constaté des similitudes dans les processus malveillants exécutés par l’appareil infecté. Il n’y en a que quelques dizaines, et l’un d’entre eux, appelé Bridgehead, ou BH, apparaît à plusieurs reprises dans tous les logiciels malveillants, jusqu’au téléphone de Mansur.

    Guarneri dit avoir téléchargé toutes les versions iOS publiées depuis 2016 pour vérifier si les processus qu’il a trouvés sur les appareils infectés étaient légitimes. Aucun des processus trouvés par son équipe n’a été publié par Apple.

    « Nous savons que ces processus sont illégitimes – ils sont nocifs. Nous savons qu’il s’agit de processus Pegasus car ils sont liés à l’infrastructure réseau que nous avons vue », explique Guarneri. Sur les appareils infectés, l’équipe d’Amnesty a observé une séquence claire :

    -« Le site Web a été visité,

    -l’application a planté,

    -certains fichiers ont été modifiés,

    et tous ces processus ont été achevés en quelques secondes voire millisecondes. Les processus que nous voyons dans tous les cas analysés sont constants et uniques. Je n’ai aucun doute que nous avons affaire à Pegasus. « 

    Novaya Gazeta, 24/07/2021

    Etiquettes : Espionnage, NSO Group, Logiciels Espions, Pegasus,

  • Forbes: nouvelle application pour vérifier la présence de Pegasus

    Le logiciel espion Pegasus : Cette nouvelle application dit qu’elle peut vérifier instantanément la présence de Pegasus.

    Le logiciel espion Pegasus a fait la une de l’actualité la semaine dernière, de nombreuses personnes craignant que ce logiciel malveillant créé par le groupe NSO ne se cache sur leur téléphone. Pegasus est d’autant plus effrayant qu’il est invisible et difficile à détecter et à supprimer. Mais il pourrait devenir un peu plus facile de détecter ce logiciel espion, car iVerify a ajouté la capacité de détecter Pegasus à son application pour smartphone.

    Dans un tweet, Ryan Storz, ingénieur en sécurité de la société Trail of Bits, qui dirige le développement d’iVerify, a déclaré : « Je viens de publier iVerify 20.0, qui vous indique maintenant s’il détecte des traces de Pegasus ».

    Amnesty International a également publié un outil qui, selon elle, peut détecter Pegasus, disponible sur GitHub, mais il est difficile à utiliser – surtout si vous n’êtes pas très technique. J’ai déjà iVerify sur mon iPhone, qui propose des analyses de sécurité de l’iPhone et des conseils pour rester en sécurité. L’application est approuvée par Apple, ce qui est inhabituel pour une application de sécurité. D’après le tweet de Stortz, elle est également disponible pour les utilisateurs d’Android via Google Play.

    Ai-je été visé par Pegasus ?

    Il est important de préciser tout d’abord qu’il est extrêmement peu probable que vous ayez été ciblé par Pegasus. NSO Group, qui fabrique Pegasus, affirme que ce logiciel espion n’est utilisé que par des criminels tels que des terroristes.

    Il existe des preuves qu’il a été utilisé en dehors de ce sous-ensemble, et il a été trouvé sur les téléphones de personnes proches de Khashoggi, le journaliste qui a été assassiné en 2018 par exemple. Mais le logiciel espion est très ciblé, même lorsqu’il est mal utilisé, et vous n’avez à vous inquiéter que si vous êtes un chef d’entreprise, un journaliste ou un dissident, ou si vous êtes proche d’une telle personne dans un régime oppressif. Le citoyen lambda doit rester calme.

    La liste des cibles présumées de Pegasus comprendrait 50 000 personnes, mais elle est en réalité beaucoup plus restreinte. La journaliste respectée Kim Zetter a écrit un excellent article sur les chiffres réels et les risques de Pegasus.

    Comment le logiciel espion Pegasus cible-t-il les smartphones ?

    Pegasus tire parti des vulnérabilités dites « zero day » des logiciels, ce qui signifie que le problème n’a pas été corrigé. Dans le passé, Pegasus atteignait le smartphone des gens via un lien sur lequel ils devaient physiquement cliquer. Mais désormais, le logiciel espion peut s’introduire dans votre téléphone sans même que vous ayez à interagir avec lui, via une attaque dite « zero click ». Il peut s’agir d’un appel WhatsApp auquel vous n’avez même pas eu à répondre.

    Aujourd’hui, on pense que Pegasus profite d’une vulnérabilité dans iMessage d’Apple, qui n’a pas encore été corrigée.

    Prévenir Pegasus : Que faire ?

    Que devez-vous faire ? Que vous soyez à risque ou non, vous devez toujours prendre des mesures pour assurer la sécurité de votre iPhone. Les mesures simples pour se débarrasser de Pegasus consistent notamment à redémarrer votre téléphone, ce qui, dans certains cas, peut supprimer temporairement l’accès du logiciel espion à votre appareil. Appliquez toujours les mises à jour logicielles lorsqu’elles sont disponibles et si vous êtes une cible, supprimez iMessage de votre iPhone pour le moment.

    Forbes, 25/07/2021

    Etiquettes : Pegasus, Espionnage, NSO Group, Logiciels Espions, Pegasus,