Étiquette : espionnage

  • Pegasus secouent certains gouvernements africains

    Les révélations sur l’espionnage international de Pegasus ébranlent les gouvernements africains

    Des retombées diplomatiques sont attendues après qu’il est apparu que le Rwanda aurait espionné certains pays et individus africains dans le cadre d’un rapport d’espionnage international.

    Les révélations du rapport du projet Pegasus montrent que le Rwanda aurait répertorié, en vue d’une surveillance potentielle, les numéros de téléphone portable du président sud-africain Ramaphosa, du Premier ministre burundais Alain-Guillaume Bunyoni ainsi que de certaines personnalités politiques et militaires ougandaises de haut rang, dont le Premier ministre de l’époque, aujourd’hui conseiller présidentiel, Ruhakana Rugunda.

    D’éminents hommes politiques de la République démocratique du Congo, Jean Bamanisa Saidi, Albert Yuma et Lambert Mende, ont également été désignés comme cibles.

    Un porte-parole du gouvernement rwandais a nié avoir utilisé le logiciel malveillant Pegasus, déclarant à une publication britannique que le pays « n’utilise pas ce système logiciel et ne possède pas cette capacité technique sous quelque forme que ce soit. »

    Le projet Pegasus est une initiative d’enquête internationale menée par un consortium de plus de 80 journalistes de 17 organisations médiatiques, dont le Guardian. Les enquêtes identifient Kigali comme l’un des gouvernements, y compris certains régimes africains autoritaires, qui sont clients de la société israélienne de logiciels espions, le groupe NSO.

    Kigali aurait passé un contrat avec le NSO Group et sélectionné des milliers d’activistes politiques, de journalistes, de politiciens étrangers et de diplomates comme candidats pour infecter leurs téléphones portables avec un logiciel espion nommé Pegasus.

    Le chef des services de renseignement ougandais Joseph Ocwet, le Dr Ruhakana Rugunda et Sam Kutesa, qui étaient respectivement Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du pays jusqu’à récemment, auraient également été mis sur écoute par le Rwanda.

    L’ancien chef des forces de défense ougandaises, le général David Muhoozi, qui est aujourd’hui ministre d’État aux affaires intérieures, ainsi que Fred Nyanzi Ssentamu, figure de proue de l’opposition, ont également été touchés.

    « Si c’est vrai, alors c’est absolument mauvais et inacceptable ; un pays voisin qui espionne ses voisins dans la région et en Afrique », a déclaré Henry Okello-Oryem, ministre d’État ougandais aux relations internationales, au Daily Monitor.

    Le rapport indique que le Rwanda a placé M. Ramaphosa comme une personne d’intérêt pour une éventuelle surveillance en 2019 de la part de NSO Group, qui fournit des équipements d’espionnage de téléphones portables.

    Le gouvernement sud-africain a refusé de commenter s’ils ont effectué une analyse médico-légale pour établir la preuve de toute attaque. « Nous sommes conscients de la discussion publique, mais le président n’a aucun commentaire à faire », a déclaré le porte-parole présidentiel par intérim Tyrone Seale à Nation.

    Le ministre par intérim de la présidence, Khumbudzo Ntshavheni, a déclaré : « Bien sûr, nous ne serons pas heureux d’avoir été ciblés parce que nous pensons que cela ne porte pas seulement atteinte à la vie privée du président, mais aussi à la souveraineté de ce pays de prendre ses propres décisions sans que d’autres pays essaient de préempter ces décisions et de les influencer et aussi d’essayer de saper ces décisions. »

    Daily Monitor, 24/07/2021

    Etiquettes : Rwanda, Ouganda, Afrique du Sud, Espionnage, Espionnage, NSO Group, Logiciels Espions, Pegasus, Israël,

  • Pegasus : Des responsables espionnés via Whatsapp en 2019″

    WhatsApp : « Des responsables clés touchés par le logiciel espion Pegasus en 2019 ».

    Le logiciel d’espionnage Pegasus a été déployé pour infecter les téléphones de 1 400 utilisateurs, dont des hauts fonctionnaires, via WhatsApp en 2019, indique le chef de WhatsApp, Will Cathcart, dans une interview accordée au Guardian.

    M. Cathcart voit des similitudes entre les conclusions du Washington Post et de ses partenaires médiatiques, et la propre enquête du service de messagerie sur l’attaque via son application. Depuis que l’attaque a eu lieu, WhatsApp et sa société mère Facebook affirment que Pegasus a été utilisé pour pirater les téléphones des personnes concernées. Cela s’est fait par un appel WhatsApp à la cible, qui n’a même pas nécessité l’enregistrement de l’appel. On ne sait pas qui est à l’origine de cette attaque.

    NSO, la société à l’origine du logiciel espion, continue de nier que son logiciel a été utilisé dans l’attaque WhatsApp. Un procès concernant cette attaque est toujours en cours entre l’entreprise israélienne et Facebook.

    « Le reportage de TWP est conforme à ce que nous avons vu lors de l’attaque d’il y a deux ans », déclare le chef de WhatsApp. Selon lui, cela prouve en partie que Pegasus a bien été utilisé pour pirater les 1 400 victimes.

    WhatsApp a découvert qu’en plus des hauts fonctionnaires, des journalistes et des militants des droits de l’homme du monde entier étaient également visés par l’attaque de 2019. « Beaucoup des utilisateurs concernés dans cette affaire n’auraient jamais dû être surveillés », a déclaré M. Cathcart.

    Liste de 50 000 numéros de téléphone trouvés.

    Pegasus infecte les téléphones, après quoi on peut presque tout lire. Le logiciel peut copier des messages, parcourir des photos et enregistrer des conversations. Avec toutes les informations que le programme recueille, il est potentiellement possible de savoir où l’utilisateur a été et avec qui il a eu des contacts.

    La semaine dernière, TWP et d’autres organisations ont signalé que Pegasus avait été utilisé dans des tentatives (partiellement réussies) de piratage de 37 téléphones portables de journalistes, de militants et de chefs d’entreprise du monde entier. Au cours de leur enquête, les chercheurs ont également trouvé une liste de 50 000 numéros de téléphone qui sont des cibles de surveillance possibles pour les gouvernements utilisant le logiciel malveillant.

    Un porte-parole de l’ONS déclare à The Verge que la recherche est « pleine de fausses hypothèses et de théories non fondées qui mettent en doute la fiabilité et l’intérêt des sources ». La société affirme également que le nombre de numéros de téléphone figurant sur la liste est « exagéré » et qu’il est trop élevé pour le nombre de personnes sondées par le logiciel.

    Le patron de WhatsApp, Cathcart, doute de cette affirmation. Dans l’interview accordée au Guardian, il indique que les 1 400 utilisateurs sont la preuve que le nombre de cibles était « très élevé ».

    NU.NL, 25/07/2021

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  • Le Rwanda nie avoir utilisé un logiciel d’espionnage Pegasus

    Après les révélations sur le projet Pegasus : le Rwanda nie avoir utilisé un logiciel d’espionnage

    Le ministère des affaires étrangères du Rwanda a démenti samedi que le pays d’Afrique de l’Est ait utilisé le logiciel Pegasus à des fins d’espionnage. Le pays est accusé d’avoir intercepté des appels téléphoniques entre la fille de Paul Rusesabagina et le ministère belge des affaires étrangères.

    Le Rwanda n’utilise pas ce système logiciel », a déclaré le ministre des affaires étrangères Vincent Biruta dans un communiqué. Selon lui, le pays ne dispose pas de cette capacité technique. Ces fausses accusations s’inscrivent dans le cadre d’une campagne continue visant à créer des tensions entre le Rwanda et d’autres pays, et à diffuser des informations erronées sur le Rwanda à l’intérieur et à l’extérieur du pays », a-t-il déclaré.

    La fille de Paul Rusesabagina, l’activiste rwandais rendu célèbre par le film « Hôtel Rwanda » et connu pour être un éminent critique du président Paul Kagame, affirme avoir été piratée par Kigali.

    Selon Amnesty International, les autorités rwandaises pourraient avoir utilisé ce logiciel pour espionner plus de 3 500 militants, journalistes et hommes politiques. Le régime de Kigali aurait notamment pris pour cible le président sud-africain Cyril Ramaphosa.

    Pegasus, conçu par la société israélienne de cybersécurité NSO, est au centre d’un scandale international d’espionnage qui a éclaté dimanche. Selon un consortium de dix-sept médias, Pegasus a permis de mettre sur écoute les téléphones d’au moins 180 journalistes, 85 militants des droits de l’homme et quatorze chefs d’État, dont le président français Emmanuel Macron. L’ONS le nie. L’entreprise assure que son logiciel n’est utilisé que pour obtenir des renseignements contre des réseaux criminels ou des terroristes.

    Knack, 24/07/2021

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  • Maroc-Algérie : Les fils de la méduse

    par Belkacem Ahcene Djaballah

    Il est conseillé à tout un chacun, avant de s’en aller habiter quelque part, de d’abord bien s’informer sur l’état du voisinage. Car, assurément, l’avenir de votre famille, de vos enfants, de vos affaires, de votre vie, de votre moral, va en dépendre peu ou prou. Vous allez vivre soit dans un certain «enfer», soit dans une certaine indifférence mais presque jamais dans un «paradis». Dans un immeuble résidentiel ou populaire. Dans une villa haut de gamme au «Club des pins» ou dans une salle d’«El Harrach». Il en est ainsi à travers tout le pays, villes, villages et campagnes. Et, ce ne sont pas les gardes et autres gardiens qui arriveront à bien gérer cet aspect-ci de la coexistence sociétale. Un problème d’éducation, de culture, de tolérance, de respect de l’autre, de gestion pacifique et démocratique des espaces communs et des espaces appartenant aux autres.
    Il est vrai que ce n’est guère facile. Hélas, il faut faire avec, et tout en respectant ses principes de vie basiques, sans être rigoriste ni trop compréhensif (la gentillesse étant confondue avec la faiblesse quand ce n’est pas la lâcheté), ne pas laisser les «autres» dépasser la «ligne rouge», votre ligne rouge.
    Ce qui est admis pour le voisinage commun l’est aussi, et peut-être bien plus, pour celui des Etats, lequel n’a pas été choisi mais imposé par le temps historique qui dure souvent des siècles et des siècles. C’est, peut-être, pire, tant les problèmes se cumulent au fil des descendances pas toujours commodes. Un voisinage toujours fragile pouvant déboucher sur des conflits souvent meurtriers.
    Le plus souvent pour un petit bout de terre ou de mer ou de ciel, les politiciens faisant toujours remonter la naissance du ou des problèmes à des époques que les nouvelles générations ne peuvent pas connaître et/ou admettre comme problème urgent de l’heure. On a eu donc des centaines de guerres terribles. Allemagne-France (14-18 et 39-45 pour les plus récentes), Royaume Uni -Argentine à propos des Malouines, Arménie-Azerbaidjan tout récemment… L’Algérie a eu, aussi, son gros lot, avec son voisin de l’Ouest, déjà dès l’indépendance (et même bien avant, nous disent les historiens, à l’exclusion de la période du règne de feu Mohammed V). On se souvient d’un Maroc qui avait envahi le sud-ouest du tout nouveau jeune Etat pour tenter de s’approprier une partie du territoire.
    Quant aux autres voisins (et Dieu sait que l’Algérie est entourée de plusieurs pays aux intentions pas toujours amicales selon les humeurs des dirigeants de l’heure, sans compter ceux au Nord de la Méditerranée), cela est toujours resté au niveau du verbe, de la discussion amicale autour d’une table.
    Mais, objectivement, le voisin marocain (le Makhzen et ses «conseillers» et «amis», pas les citoyens) reste le plus envieux et le plus rancunier, on ne sait au juste, cherchant toujours à imposer ses vues et ses demandes même les plus inacceptables. Une posture paranoïaque permanente. Comme l’ouverture totale des frontières alors qu’il a été la cause unique de leurs fermetures, au moment où l’Algérie faisait face au péril vert. Comme l’occupation coloniale du territoire d’un peuple voisin, en l’occurrence le Sahara occidental. Tous les coups sont alors permis, dont la provocation verbale, le lobbying forcené à partir de l’étranger (de l’intérieur, on préfère utiliser l’arme de la drogue produite et à «exporter») et l’espionnage téléphonique (récente affaire Pegasus, personnage mythique né du sang de La Méduse, la Gorgone au regard mortel et à la tête couverte de serpents ), révélé tout dernièrement, avec l’aide de cercles et de pays hostiles à l’Algérie, comme Israël (Pas moins de 6000 numéros de téléphone, attribués à des Algériens ou des ressortissants étrangers en Algérie ont été «tracés»).
    Le combat armé anti-colonialiste algérien durant les années 50-début 60 avait alors amené l’armée française à user et abuser de tous les artifices possibles de la guerre psychologique (dont l’idée séparatiste) pour briser l’unité de la lutte et la volonté d’indépendance. Cela n’avait pas réussi. Un échec lamentable ! Au contraire, le peuple algérien avait alors vu sa cohésion nationale et sa volonté de réussir sortir renforcées. C’est ce que l’on voit actuellement, après la manipulation new-yorkaise infantile d’un «ambassadeur» ( sic!) marocain autour de la Kabylie. Morale de l’histoire : Certes, «À quelque chose malheur est bon» car «À mauvais voisin, forte maison».
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  • RSF trahit l’animosité des français envers l’Algérie

    RSF trahit l’animosité des français envers l’Algérie

    ELLE SE FAIT LE CHANTRE DE LA DÉFENSE SÉLECTIVE DES DROITS DE L’HOMME : RSF, la voix de son maître

    L’ONG Reporters sans frontières (RSF) s’est rétractée en publiant vendredi un erratum pour affirmer, à propos des indues accusations portées contre l’Algérie portant une prétendue utilisation du logiciel israélien Pegasus à des fins d’espionnage. « Dans un premier temps, nous avons fait figurer l’Algérie dans la liste des pays clients de NSO. Cette erreur, que nous regrettons, a été corrigée », a-t-elle indiqué dans son communiqué.

    Ce mea-culpa de cette ONG n’a pas empêché l’Algérie de déposer une plainte officielle pour diffamation auprès des instances judiciaires françaises à l’encontre de RSF qui se prête à un jeu malsain, depuis des années en diffusant des informations erronées et tendancieuses sur notre pays.

    Il faut revenir à l’histoire de cette organisation française créée en 1985 avec comme objectifs et principes de protéger le travail des journalistes et le droit à l’information. Son activisme a fait d’elle une organisation qui a dévié de ses principes fondateurs. Aujourd’hui, elle a quitté la défense du travail des journalistes et le droit à l’information pour s’intéresser aux droits de l’Homme. Cette mutation aurait été louable si elle ne s’est pas transformée en moyen pour verser dans la désinformation et le mensonge. Des pays où les droits de l’Homme sont bafoués ne sont pas cités dans les rapports de cette ONG. Les atteintes aux droits de l’Homme sont la marque déposée du Makhzen et d’Israël mais cela n’a pas empêché RSF d’omettre de les épingler dans ses différents rapports.

    Lors de la décennie noire, RSF s’était rapprochée des médias algériens pour tenter de les soutenir dans la résistance au terrorisme. L’initiative était de prime abord fort louable, mais cachait, au fond, une volonté de Robert Menard, son président durant les années quatre-vingt-dix, de s’immiscer dans les affaires algériennes et pire encore de soutenir la fameuse campagne du «Qui tue qui», qui avait servi la gauche française qui était au pouvoir à cette époque de faire campagne pour des solutions à la crise que vivait l’Algérie, dictées de capitales occidentales et surtout destinées à renvoyer, dos à dos, les services de sécurité et les hordes terroristes.

    À cette époque, j’avais fait partie d’une délégation de journalistes algériens invités par cette ONG pour présenter des exposés, au niveau de certaines rédactions françaises, sur la situation en Algérie. RSF voulait nous imposer le contenu de nos exposés et voulait nous imposer ses points de vue, une attitude que nous avions dénoncée à cette époque.

    Nous avions présenté la situation que vivaient les Algériens massacrés par les hordes terroristes et surtout salué le rôle des services de sécurité qui avaient payé un lourd tribut pour que l’Algérie ne sombre pas dans le chaos.
    Robert Menard que j’avais rencontré dans son bureau avant mon retour en Algérie m’avait reproché « l’effronterie » des membres de la délégation dont Nacera Benali, Mohamed Djenane ou encore Farid Aït Saâda. Il m’avait surtout fait part de son courroux lui qui pensait qu’on allait vêtir le costume de défenseurs des thèses de RSF et des partisans du « Qui tue qui ».

    Les errements de cette organisation ne s’arrêtent pas à sa vision tronquée de la situation en Algérie. Là où elle est passée, elle a travesti la vérité et servi les intérêts de castes et de puissances occidentales. Durant les années quatre-vingt-dix, au motif de se ranger du côté des résistants Bosniaques qui résistaient au génocide des populations musulmanes, par les serbes de Milosevic, elle avait acheminé des espions et du matériel envoyé dans la région par l’armée française.

    La suite sera encore plus croustillante puisque, après avoir quitté la présidence de RSF, Robert Menard a annoncé son ralliement au Front national, et se retrouve aujourd’hui maire de Toulon sous la casquette du Rassemblement national de la famille Le Pen. C’est dire que cette organisation a toujours fait du lobbying pour les puissances occidentales, opté pour une défense sélective des droits de l’Homme, fermé l’œil quand on le lui ordonne et versé dans des actions de désinformation quand on lui lâche la bride.

    La réaction officielle de l’Algérie a poussé cette ONG à se dédire

    Mais le crime est déjà fait et les preuves pour une action en justice sont présentes. Il est temps de lui rabattre le caquet car, plus elle aboie, plus elle donne la nausée elle qui passe sous silence les exactions de Tsahal dans les territoires palestiniens occupés, qui n’a pas dénoncé les raids de l’aviation israélienne contre les édifices abritant des médias lors de la dernière agression contre Ghaza ou qui semble n’avoir pas entendu les plaintes des suppliciés dans les territoires sahraouis occupés ou encore celles des militants des droits de l’Homme qui croupissent dans les geôles de sa majesté M6.

    Slimane B.

    Le Courrier d’Algérie, 25/07/2021

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  • Espionnage: le Maroc face aux conséquences de son acte belliqueux

    Pour avoir voulu jouer dans la cour des grands et sous-traiter une opération d’écoutes illégales au profit d’Israël, le royaume de Mohamed VI est dans le banc des accusés pour une affaire qui dépasse sa dimension.

    La témérité dont ont fait preuve les services secrets marocains dépassent de loin leur capacité pour justifier leur immixtion dans les affaires internes de leur voisin, à commencer par l’Algérie. En voulant jouer à la CIA, les officines de Mohamed VI ont pris le risque de recevoir un retour violent du boomerang électronique qu’ils ont inconsidérément lancé sans mesurer les conséquences d’un tel acte.

    Pays réputé pour sa répression des libertés collectives et individuelles, par le contrôle sévère des opposants, par son expansionnisme au détriment de plus faibles que lui et par un système de gouvernement archaïque, il a par ce geste braqué les projecteurs sur lui.

    Cible de ses menées, l’Algérie a déjà réagi officiellement par le biais de sa diplomatie mais aussi à travers les partis politiques et les organisations de la société civile. Sa Justice a également ordonné l’ouverture d’une enquête préliminaire afin de jeter la lumière sur cette scabreuse affaire révélée quelques jours après l’attentat verbal commis par la monarchie alaouite contre son unité nationale.

    « Le procureur de la République près le tribunal de Sidi M’hamed a ordonné l’ouverture d’une enquête préliminaire (…), diligentée par les services de police judiciaire spécialisés en matière de répression d’infractions liées à la cybercriminalité et aux technologies de l’information », indique le parquet général auprès de la Cour d’Alger. Cette enquête fait « suite aux informations divulguées à travers des organes de presse nationaux et internationaux, ainsi que des rapports émanant de certaines chancelleries, faisant état de l’existence d’un système d’intelligence informatique d’écoute et d’espionnage ayant visé les intérêts de l’Algérie, mais aussi des citoyens et des personnalités algériennes », précise le communiqué. « Si les faits (…) sont avérés, ils constitueraient des infractions réprimées par la législation algérienne sous sa forme criminelle pour avoir rassemblé des renseignements, objets et documents au profit d’une puissance étrangère aux fins de nuire à la défense nationale », poursuit le parquet général. « Ils constitueraient également des infractions d’accès frauduleux dans un système de traitement automatisé de données et d’atteintes aux secrets des communications », conclut le communiqué.

    Pour l’instant, Alger garde son sang-froid en dépit de deux attaques d’ampleur contre sa souveraineté. Toutefois, il faut s’attendre à une riposte proportionnée pour dissuader le Maroc de trop s’avancer sur un terrain aussi glissant et dangereux.

    Encouragé par sa récente normalisation avec Israël et par le dribble diplomatique sans lendemain de l’ex-président américain Donald Trump, Rabat se sent pousser des ailes de pégase oubliant sa fragilité économique structurelle mais aussi son déficit d’image auprès des défenseurs des droits humains. L’esclandre avec l’Espagne qui a suivi l’envoi par les autorités marocaines d’un bataillon de migrants clandestins pour envahir l’enclave de Ceuta est frais dans les mémoires. C’est une autre pièce à verser dans le dossier des agressions que le palais royal multiplie, ces derniers temps, contre son voisinage.

    Le Conseil de sécurité de l’Onu va certainement recevoir des plaintes en cascades contre les agissements démentiels d’un pouvoir de plus en plus belliqueux qui menace la stabilité d’une région déjà embrasée.

    M.F

    La Nation, 25/07/2021

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  • Affaire NSO: Macron s’est entretenu avec Bennett et a exprimé son inquiétude quant à la surveillance de son téléphone

    Le bureau du Premier ministre n’a pas commenté le rapport, qui a été publié pour la première fois dans News 12. Des sources de l’administration américaine ont contacté ces derniers jours une source de sécurité israélienne et ont demandé des éclaircissements sur l’affaire.

    Le président français Emmanuel Macron s’est entretenu avec le Premier ministre Naftali Bennett jeudi (jeudi) et a exprimé son inquiétude suite à l’information selon laquelle le Maroc l’aurait choisi comme cible pour une surveillance à l’aide d’un logiciel de la société israélienne NSO. La conversation – la première entre les dirigeants depuis que Bennett est entré dans le bureau du Premier ministre – a été rapportée pour la première fois ce soir sur News 12. Des responsables de l’administration américaine ont contacté ces derniers jours une source de sécurité israélienne, lui demandant de connaître les détails de l’affaire et ont dit qu’ils étaient dérangés par les rapports. Le bureau de Bennett n’a pas commenté le reportage de la chaine 12.
    Plus tôt cette semaine, il a été rapporté dans « Le Monde » que lors d’une enquête internationale, l’un des numéros de téléphone de Macron avait été marqué comme une cible de suivi possible par les services de renseignement au Maroc. L’organisme de sécurité a utilisé le logiciel de suivi Pegasus de NSO. Il s’agit de l’un des 10 000 numéros de téléphone sélectionnés comme cibles par le Service de sécurité de l’État marocain – un client de l’ONS. De tous les numéros choisis par les éléments au Maroc, 10 % étaient des numéros de téléphone français. Selon les données révélées, le numéro de Macron est régulièrement apparu sur la liste des destinations potentielles à suivre, de 2017 jusqu’à récemment.
    Il a également été révélé cette semaine dans le cadre du Pegasus Project qu’une équipe d’enquête internationale de 80 journalistes de 17 médias dans dix pays, dont Haaretz et TheMarker – que la fille et l’ex-femme de Dubaï ont été sélectionnées comme cibles potentielles pour la surveillance de l’un des clients de l’ONS. Le Washington Post a rapporté que deux des numéros de la base de données appartenaient à la princesse Latifa Binat Muhammad al-Maktoum et à la princesse Haya Binat Hussein, la fille et la sixième épouse (respectivement) du souverain de Dubaï et du Premier ministre des Émirats arabes unis, Cheikh Muhammad bin Rashid al- Maktoum. Des numéros supplémentaires dans la base de données appartiennent aux associés des princesses.
    L’année dernière, il a été signalé que NSO avait vendu ses logiciels espions aux Émirats arabes unis et aux pays du golfe Persique – grâce à la médiation officielle et aux encouragements d’Israël. Pegasus vous permet de pénétrer dans les téléphones, de copier leur contenu et parfois même de les utiliser à distance pour l’enregistrement et la photographie.
    Plus tôt cette semaine, NSO a publié une réponse aux publications du projet Pegasus. « Le rapport Forbidden Stories est plein d’hypothèses erronées et de théories non vérifiées, soulevant de sérieux doutes sur la crédibilité et les intérêts des sources », a déclaré la société.
    Infos-Israel News, 24/07/2021
    Etiquettes : Emmanuel Macron, France, Espionnage, NSO Group, Logiciels Espions, Pegasus, Israël, 
  • Le Maroc, un pays à la dérive

    Depuis décembre dernier, le mois au cours duquel il a rétabli ses relations diplomatiques avec Israël, dans la foulée des trois normalisations arabes avec ce dernier, le Maroc a beaucoup fait parler de lui, mais à aucun moment de façon à le grandir aux yeux du monde. Le premier dérapage de la série, c’est en mars dernier qu’il l’a commis, lorsque son gouvernement a pris l’étrange décision de couper tout commerce avec une ambassade implantée sur son sol, celle de l’Allemagne, coupable à ses yeux d’avoir rappelé son attachement au droit international relativement à la question du Sahara occidental.

    Faute de pouvoir rompre ses relations diplomatiques avec un pays qui compte sur la scène internationale, il met en quarantaine son ambassade, un morceau de lui sur lequel il peut en effet exercer des représailles. Il n’allait pas se contenter de cette première réaction contre ce qu’il a appelé l’«activisme antagonique» de l’Allemagne, à la suite de la reconnaissance de la «marocanité» du Sahara occidental par le président sortant américain Donald Trump, puisqu’il s’est résolu à rappeler son ambassadrice à Berlin pour consultations.

    De son point de vue, ce qui aurait été convenable de la part de l’Allemagne, c’était de s’aligner sur l’initiative américaine, ou à tout le moins de ne pas partir en campagne contre elle, en aucune façon de rappeler que sa propre position sur le sujet restait quant à elle conforme au droit international.

    Après l’Allemagne vient le tour de l’Espagne d’être prise à partie, pour avoir accepté que le président sahraoui, Brahim Ghali, vienne se faire soigner chez elle des suites de sa contamination par le Covid-19. A la différence de l’Allemagne qui n’a que son ambassade au Maroc, peu de chose donc pour exercer sur elle un chantage fructueux, l’Espagne y a Ceuta, en plus de Melilla, toutes deux à portée de représailles bien plus douloureuses. Le Maroc a vite fait de submerger la première de milliers de migrants, à la fois pour la désemparer, se rire de ses tentatives pataudes de repousser les vagues humaines déferlant sur elle, et pour l’Espagne forcer soit à chasser le patient sahraoui, soit à le lui livrer. Il n’a obtenu ni l’un ni l’autre, mais une méfiance accrue de l’Espagne, outre une condamnation de son chantage à l’émigration par l’Union européenne. C’est au mois de mai que tout cela s’est produit.

    Le meilleur est pour la suite, pour aujourd’hui justement, avec l’éclatement d’une affaire d’espionnage de portée mondiale, dans laquelle il tient la vedette aux côtés d’Israël. Lui-même, contrairement aux autres Etats mis en cause, ne s’est pas contenté de se servir du logiciel espion israélien Pegasus à des fins de politique interne, mais pour surveiller à leur insu des personnalités françaises, à côté de journalistes connus, dont Edwy Plenel.

    Parmi les chefs d’Etat et chefs de gouvernement figurant dans la longue liste des personnes ciblées, il y a le président français, dont l’un des portables a pu être infecté par Pegasus, auquel cas c’est le Maroc qui serait responsable. Une expertise est en cours pour tirer cela au clair. Si elle confirme l’implication du Maroc, les relations avec la France, son meilleur soutien dans le conflit du Sahara occidental, risquent de beaucoup changer. Or ce n’est pas là les seules récentes dérives marocaines.

    Il y a aussi celle qui nous concerne nous Algériens directement, qui a vu l’ambassadeur marocain revendiquer auprès des membres de l’Organisation des pays non-alignés l’indépendance de la Kabylie, c’est-à-dire son soutien entier aux thèses séparatistes du Mak. Il est impossible de faire plus pour achever de détériorer les relations avec l’Algérie.

    Des dizaines de milliers de téléphones mis sur écoute : Le Maroc impliqué dans un grave scandale d’espionnage

    Une quinzaine de médias internationaux ont révélé l’un des plus grands scandales d’espionnage de la décennie, dans lequel est impliqué le Maroc qui a mis sous surveillance des journalistes marocains, une trentaine de professionnels de médias étrangers, ainsi que des responsables politiques de différents pays. En effet, le Maroc s’est empêtré dans une nouvelle affaire d’espionnage à l’aide d’un logiciel israélien nommé «Pegasus», prouvant ainsi des informations récurrentes sur une collaboration avec Israël dans le domaine de l’espionnage remontant à soixante ans.

    Par Meriem Benchaouia

    Sur les 50 000 numéros pistés, le Maroc, à lui seul, a pu accéder au contenu de dix mille téléphones, dont plus de 6 000 appareils de communication appartenant à des Algériens, entre «responsables politiques, militaires, hauts fonctionnaires, diplomates étrangers en poste ou militants politiques», selon le quotidien «Le Monde», membre du Consortium de médias à l’origine de l’enquête. Et dans cette opération de surveillance, «le Maroc ne s’est pas limité au (seul) territoire algérien». Selon la même source, «les numéros présumés de citoyens algériens, diplomates pour la plupart, ont été visés un peu partout dans le monde». Depuis la révélation par Amnesty International, en 2020, de l’infection du téléphone du journaliste marocain d’investigation Omar Radi par le même logiciel espion, les journalistes marocains indépendants se doutaient bien qu’ils pouvaient être ciblés, eux aussi, par le programme de surveillance commercialisé par l’entreprise israélienne NSO Group, régulièrement accusé de faire le jeu de régimes autoritaires. Les listes de numéros de téléphone sélectionnés comme des cibles potentielles ont montré, selon l’enquête, que le régime marocain a utilisé Pegasus pour viser, de manière systématique, des journalistes critiques du pouvoir, et des dirigeants des grandes rédactions du pays. Le scandale qui vient d’éclater avait été évoqué par le Pr Ammar Belhimer, actuellement ministre de la Communication, dans une chronique intitulée «L’œil du Mossad», parue en date du 26 novembre 2019 sur les colonnes du quotidien «Le Soir d’Algérie». Le Pr Belhimer avait relevé, notamment, dans son écrit que «les armes de l’ère numérique développées par Israël pour opprimer les Palestiniens sont rapidement réutilisées pour des applications beaucoup plus larges contre les populations occidentales qui ont longtemps pris leurs libertés pour acquis». Les Occidentaux doivent déchanter, en effet, quand on sait qu’un «big brother» lilliputien a acquis le pouvoir de suivre le moindre de leurs gestes ou de leurs paroles.

    Un agissement «inacceptable» selon l’UE

    L’affaire Pegasus d’espionnage de militants, journalistes et opposants du monde entier est «complètement inacceptable» si elle est avérée, a affirmé la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. «Cela doit être vérifié», mais si c’est vrai «c’est complètement inacceptable», a déclaré la responsable à des journalistes à Prague. «La liberté de la presse est une valeur centrale de l’Union européenne», a affirmé Mme Von der Leyen. De son coté, le porte-parole du gouvernement français, Gabriel Attal, a considéré les faits «extrêmement choquants, et, s’ils sont avérés, (qui) sont extrêmement graves». «Nous sommes extrêmement attachés à la liberté de la presse, donc c’est très grave d’avoir des manipulations, des techniques qui visent à nuire à la liberté des journalistes, leur liberté d’enquêter, d’informer», a-t-il ajouté. Selon une enquête publiée dimanche par un consortium de dix-sept médias internationaux, le logiciel Pegasus, élaboré par l’entreprise sioniste NSO Group, aurait permis d’espionner les numéros d’au moins 180 journalistes, 600 hommes et femmes politiques, 85 militants des droits humains ou encore 65 chefs d’entreprise. Les données analysées par les rédactions du «Projet Pegasus», dont les quotidiens français «Le Monde», le britannique «The Guardian» et l’américain «The Washington Post», ne sont pas exhaustives. Elles semblent ne couvrir qu’une dizaine de pays clients de ladite société NSO, alors que l’entreprise affirme en compter une quarantaine.

    Macron parmi les cibles du Maroc

    Des numéros du Président Emmanuel Macron et de membres du gouvernement français, dont l’ancien Premier ministre Édouard Philippe, ont été visés en 2019 par le Maroc, selon l’organisation Forbidden Stories, un consortium de médias à l’origine des révélations sur le logiciel de surveillance Pegasus. Des numéros du Président Emmanuel Macron et de membres du gouvernement figurent sur une liste de cibles potentielles du logiciel Pegasus, utilisé par certains États pour espionner des personnalités, a déclaré, mardi 20 juillet, Laurent Richard, directeur de l’organisation Forbidden Stories, confirmant une information du «Monde». Le quotidien a révélé que ces numéros figuraient «dans la liste des numéros sélectionnés par un service de sécurité de l’État marocain, utilisateur du logiciel espion Pegasus, pour un potentiel piratage».
    M. B.

    Le Jour d’Algérie, 21/07/2021

    Etiquettes : Maroc, Pegasus, NSO Group, espionnage, France, Emmanuel Macron, Sahara Occidental, Algérie,

  • Ex-diplomate dévoile des liens entre la NSO et les Etats-Unis

    Un ex-diplomate français a vu le « potentiel d’abus » lorsqu’il travaillait chez NSO, le fabricant de Pegasus.

    Dans les bureaux de NSO, Gérard Araud a découvert quelque chose qui ressemble à une start-up technologique classique : des équipes de programmeurs « tous âgés de 25 à 30 ans, en tongs, en t-shirts noirs, tous titulaires d’un doctorat en informatique… ».

    Rares sont les personnes extérieures qui ont accès au monde ultra secret de NSO Group, le fabricant israélien du logiciel espion Pegasus, au cœur d’un scandale mondial de piratage téléphonique. Gérard Araud, ancien ambassadeur de France, est l’un d’entre eux.

    Le diplomate récemment retraité a pris un poste de consultant auprès de NSO en 2019, en conseillant sur les droits de l’homme, peu après avoir quitté son poste d’ambassadeur de France à Washington pendant les années tumultueuses de la présidence de Donald Trump.

    « J’ai accepté ce poste parce que je le trouvais intéressant. C’était un nouveau monde pour moi », a déclaré à l’AFP par téléphone M. Araud, qui a également été ambassadeur de France en Israël au début des années 2000.

    Dans les bureaux de NSO, il a découvert quelque chose qui ressemble à une start-up technologique classique : des équipes de programmeurs « tous âgés de 25 à 30 ans, en tongs, en t-shirts noirs, tous avec des doctorats en informatique… »

    Sa mission d’un an à partir de septembre 2019, avec deux autres consultants externes des États-Unis, consistait à examiner comment l’entreprise pouvait améliorer son bilan en matière de droits de l’homme après une foule de reportages négatifs.

    Plus tôt dans l’année, la technologie du groupe avait été liée publiquement à l’espionnage ou à la tentative d’espionnage du journaliste saoudien assassiné Jamal Khashoggi par les forces de sécurité saoudiennes, ce qu’il a démenti.

    Le groupe a été racheté en 2019 par un groupe de capital-investissement basé à Londres, Novalpina, qui a engagé Araud pour recommander des moyens de rendre les procédures de sauvegarde de l’entreprise « plus rigoureuses et un peu plus systématiques », a-t-il déclaré.

    Une porte dérobée ?

    Depuis lundi, un consortium de groupes de médias, dont le Washington Post, le Guardian et le journal français Le Monde, a détaillé des allégations sur la façon dont ces prétendues sauvegardes ont été ignorées entre 2016 et 2021.

    En utilisant ce qu’ils disent être une base de données de 50 000 numéros qui ont été identifiés pour un éventuel piratage à l’aide de Pegasus, les journaux ont détaillé comment les militants des droits de l’homme, les journalistes, les politiciens de l’opposition et même les dirigeants mondiaux apparaissent sur la liste.

    NSO Group a nié l’existence d’une telle liste.

    Pegasus est considéré comme l’un des plus puissants outils de piratage de téléphones mobiles disponibles, permettant aux clients de lire secrètement chaque message d’une cible, de suivre sa localisation et même d’utiliser sa caméra et son microphone à distance.

    Son exportation est réglementée « comme une vente d’armes », a déclaré M. Araud, ce qui signifie que NSO doit demander l’approbation du gouvernement israélien pour le vendre, et que les clients publics signent ensuite un long contrat commercial stipulant comment le produit sera utilisé.

    Ils sont censés ne déployer Pegasus que pour lutter contre le crime organisé ou le terrorisme – c’est ainsi que la société se présente – mais Araud a déclaré que « vous pouviez voir tout le potentiel de mauvaise utilisation, même si la société n’était pas toujours responsable. »

    L’entreprise disposait-elle d’un moyen de vérifier le déploiement réel de son programme, que certains militants souhaitent voir interdit ?

    Araud pense que non et dit croire que le seul levier dont dispose l’entreprise après avoir vendu Pegasus est de cesser de proposer des mises à jour logicielles aux clients s’il est prouvé qu’ils violent les termes du contrat.

    « C’est une petite entreprise privée, il doit y avoir quelques dizaines d’employés. Je ne pense pas qu’il puisse y avoir de suivi », a-t-il déclaré.

    Dans une entreprise qui pratique « une forme de secret extrême », il dit avoir néanmoins acquis la conviction que NSO Group travaillait avec les services secrets israéliens du Mossad, et peut-être avec la CIA.

    Selon lui, trois Américains siégeant au conseil consultatif du groupe ont des liens avec l’agence de renseignement américaine, et la société a déclaré que sa technologie ne pouvait pas être utilisée pour cibler des numéros basés aux États-Unis.

    « Il y a une question sur la présence du Mossad et de la CIA. Je pensais que c’était les deux, mais je n’ai aucune preuve », a-t-il déclaré. « Mais je soupçonne qu’ils sont tous deux derrière cela avec ce que vous appelez une ‘backdoor’ ».

    Une « backdoor » est un terme technique signifiant que les services de sécurité seraient en mesure de surveiller le déploiement de Pegasus et éventuellement les renseignements recueillis en conséquence.

    Israël a nié avoir accès aux informations de Pegasus.

    M. Araud, utilisateur actif de Twitter, a fait l’objet de critiques en ligne pour sa décision de travailler pour une entreprise qui serait liée à des violations des droits de l’homme.

    « Je n’ai rien à cacher », a-t-il déclaré. « Je n’ai aucun regret ».

    Panama Times, 24/07/2021

    Etiquettes : Pegasus, NSO Group, espionnage, Logiciels espions, Gérard Araud,

  • Le Makhzen viole les fondements des relations algéro-marocaines !

    De fuite en avant en fuite en avant et sur fond de guerre froide durable

    Le Makhzen viole les fondements des relations algéro-marocaines !

    On sait que beaucoup de choses essentielles séparent l’Algérie et le Maroc : trajectoires historiques différentes, systèmes politiques et choix économiques aux antipodes, projections géopolitiques plus ou moins opposées, séquelles historiques consécutives à la guerre des sables (1963) et aux deux batailles d’Amgala (1976), le Sahara Occidental comme pierre d’achoppement diplomatique essentielle et la frontière fermée et désormais militarisée. Le cercle de crise entre les deux pays est de plus en plus large et les lignes de fractures si nombreuses. Mais les relations bilatérales ont cependant des fondements historiques et sont régies par des principes, des déclarations, des règles et des accords depuis l’Indépendance de l’Algérie en 1962.
    Autant d’arrangements et de conventions censés éviter de nouveaux conflits à défaut d’entente cordiale ou de franche coopération, et empêcher au final tout climat délétère passant de la paix armée à la guerre froide comme c’est le cas actuellement. Autant d’accords tacites ou explicites et de principes énoncés que le Makhzen a rarement respectés. Encore plus de nos jours où il est passé de l’ingérence directe dans les affaires souveraines de l’Algérie à la menace contre son intégrité territoriale et son unité nationale ; sans oublier le casus belli caractérisé par l’espionnage numérique agressif, et à grande échelle, de sa direction civile et militaire, et d’un vaste panel de figures emblématiques de son monde politique, de sa presse et de sa société civile.
    Après une période de nette hostilité marquée au plus haut point par l’agression militaire de 1963 contre l’intangibilité de sa frontière héritée de la colonisation, les relations algéro-marocaines ont connu un début d’apaisement et de normalisation à la faveur du Traité d’Ifrane du 15 janvier 1969. Comme son intitulé l’indique bien, il s’agit d’un accord d’amitié, de bon voisinage et de coopération. Répétition utile : trois vocables qui sont des mots-clés normalement chargés de sens : amitié, bon voisinage et coopération auxquels les deux parties n’ont cependant pas conféré la même signification. De ce point de vue, les bonnes intentions algériennes trouvent leurs racines dans la position de principe du GPRA, l’autorité politique représentative de l’Algérie combattante.
    En effet, le 6 juillet 1961, soit un an avant l’indépendance de l’Algérie, une convention signée entre le roi Hassan II et le Président Ferhat Abbas reconnaît le problème posé par la délimitation des frontières imposée par la France coloniale. Elle institue aussi une commission mixte pour l’étudier, en vue d’une solution au lendemain de l’indépendance de l’Algérie.
    Dégel et dynamique vertueuse
    À la base du traité d’Ifrane, ce triptyque « amitié-bon voisinage-coopération », qui devait donc mettre fin à la période de glaciation post-guerre des sables, a finalement préparé le terrain à un autre acte de paix majeur, la Déclaration de Tlemcen signée le 27 mai 1970. En vertu de laquelle le roi Hassan II renonçait aux revendications historiques du Maroc sur Tindouf, en échange d’une exploitation commune des gisements de fer de Ghara-Djebilet, acceptés par le Maroc, en pleine conscience, comme propriété totale et souveraine de l’Algérie. La dynamique vertueuse ainsi créée aboutira ensuite à la conclusion d’une entente fondamentale sur la délimitation des frontières, matérialisée par la « Convention relative au tracé de la frontière d’État » signée à Rabat le 15 juin 1972. Ce document stratégique a été ratifié rapidement par l’Algérie, précisément le 17 mai 1973, alors que le Maroc a longtemps attendu de le faire, avant le 22 juin 1992 ! Les délais de ratification renseignent, de part et d’autre, sur les intentions des uns et des autres. S’agissant du Maroc, on sait qu’il a fait le choix d’entretenir en permanence un flou tactique : s’il respecte de fait ladite Convention contraignante en termes de droit, il suspend en revanche la reconnaissance de jure définitive de la frontière et de l’algérianité de Tindouf. Une position flottante qui permet à Rabat de réactiver le sujet en cas de nouvelles tensions avec Alger.
    Au fond, le Traité d’Ifrane, la Déclaration de Tlemcen, la Déclaration de Rabat et la Convention sur la délimitation de la frontière ont, de facto et de jure, mis fin au mythe du Grand Maroc de Allal El Fassi de l’Istiqlal. Où l’on voit que l’insuffisance supposée de précision des « démarcations » sont dénoncées par le Makhzen quand les intérêts stratégiques ou économiques sont en jeu : mines de fer de Ghara-Djebilet, cuivre et manganèse à Ougarta et Djebel-Guettara. Dans le réel, le litige frontalier se localise exclusivement dans le Sud algérien et du reste concerne des frontières fixées in fine par la « ligne Trinquet ». Cette dernière a servi de fait comme frontière jusqu’en 1956 et la fin du protectorat français au Maroc. Jusqu’en 1962 et l’indépendance de l’Algérie, le gouvernement marocain considérait cette même ligne frontalière comme la frontière orientale minimale du Maroc.
    En 1963, le gouvernement français reconnaît que son homologue marocain serait fondé à invoquer les accords de 1901 et de 1910 qui lui sont plus avantageux. Il concède néanmoins que son vis-à-vis algérien pourrait soutenir pour sa part, et à bon droit, que les autorités françaises ne considéraient pas la « ligne Trinquet » telle une véritable frontière puisqu’en 1958, le commandement français en Algérie l’avait repoussée vers l’Ouest, pour des raisons stratégiques, créant ainsi une troisième ligne, appelée la « ligne opérationnelle».
    C’est justement sur la « ligne Trinquet » que se trouve Tindouf qui a été occupée par la France entre les deux guerres mondiales. Ce qui est en flagrante contradiction avec les propos tenus par le roi Hassan II, le 27 novembre 1985, lorsqu’il soutenait le discours suivant : «Tindouf faisait partie intégrante du territoire marocain jusqu’au début des années 1950, puisque, lors des cérémonies de l’Aïd el-Fitr, le pacha de cette ville — je l’ai vu de mes propres yeux — venait faire allégeance devant mon père. Mais lorsque nous sommes partis en exil (août 1953), Tindouf, en outre, nous a été enlevée pour être rattachée à l’Algérie .»
    L’irruption brutale du conflit du Sahara Occidental favorisera par ailleurs la rupture des relations bilatérales en février 1976, à l’initiative du roi Hassan II. Cet acte d’hostilité sera suivie d’une période de grand froid rompue le 26 février 1983 par un tête-à-tête dit historique entre Chadli Bendjedid et Hassan II à la frontière algéro-marocaine, suite au refus de l’un et de l’autre d’aller chez le voisin. La rencontre a fait le lit de la signature, le 28 mai 1983, d’un accord entre les deux pays sur la libre circulation progressive des personnes et des biens et l’ouverture des lignes aériennes et ferroviaires. Mais cela ne durera pas longtemps. Le traité d’union maroco-libyen du 13 août 1984 jettera de nouveau le froid entre les deux pays. Les relations tendues entre les deux parties connaîtront cependant un dégel spectaculaire à la faveur d’une visite en mai 1988 à Alger d’une délégation marocaine de haut niveau composée de deux émissaires de premier ordre, en les personnes d’Ahmed Réda Guedira, conseiller spécial du roi Hassan II, et Dris Basri, puissant ministre de l’Intérieur et gardien du temple makhzenien. Cette visite importante aboutira à la déclaration d’Alger qui relancera les relations bilatérales sur de nouvelles bases, celles de l’apaisement, du dialogue, du bon voisinage et de la coopération, choses frappées, il est vrai, du sceau de la relativité, car ce ne fut pas la lune de miel non plus ! Reste qu’il s’agissait en effet d’un engagement inédit entre les deux États qui se sont exprimés en même temps en faveur de l’accélération de l’édification du Grand Maghreb.
    La « Déclaration d’Alger » est un modus vivendi

    Cette déclaration d’Alger, qui sera conclue par le rétablissement des relations diplomatiques au niveau des ambassadeurs (à compter du 16 mai 1988) et la réouverture des frontières le 5 juin, avaient permis de dissocier l’évolution des relations bilatérales du développement du dossier du Sahara Occidental. Les deux parties, qui avaient réaffirmé à l’occasion la pleine validité des traités, conventions et accords conclus entre les deux pays, s’étaient montrées « soucieuses de favoriser le succès des efforts internationaux entrepris en vue de hâter le processus de bons offices pour une solution juste et définitive du conflit du Sahara Occidental, à travers le référendum d’autodétermination régulier et libre se déroulant dans la sincérité la plus totale et sans aucune contrainte ».
    L’effet vertueux de cette décristallisation des rapports conflictuels entre Alger et Rabat, et la volonté puissante d’éviter le linkage des dossiers des relations bilatérales et du Sahara Occidental, auront encore pour effet positif la visite officielle « d’amitié et de travail » inédite au Maroc du Président Chadli Bendjedid, le 6 février 1989. Et, dans la foulée, le sommet maghrébin de Marrakech aboutissant à la création de l’Union du Maghreb arabe (UMA), quelques mois seulement après le sommet historique maghrébin à Zéralda en Algérie. Cette visite emblématique aboutira à la conclusion d’un accord pour la réalisation d’un gazoduc traversant le Maroc pour alimenter l’Europe. Une grande commission de coopération économique évaluera en mars de la même année les résultats des sous-commissions pour donner un grand élan à la coopération bilatérale. À cette date, l’euphorie des retrouvailles permettait de parler, entre autres, de l’accélération de la circulation de personnes, notamment par la voie ferroviaire, avec l’idée de rétablissement de la ligne Casablanca-Tunis !
    À la suite de cette période d’éclaircies, les relations bilatérales se stabilisent jusqu’au mois d’août 1994, date à laquelle des déclarations du Président de l’État Liamine Zeroual, réitérant le soutien principiel de l’Algérie à la cause sahraouie, incitent le Maroc à mettre fin à l’embellie ayant marqué les relations bilatérales depuis 1988. Quelques jours plus tard, Rabat accuse fallacieusement Alger d’être derrière un attentat terroriste ciblant un palace touristique à Marrakech. L’acte terroriste pourtant perpétré par des islamistes marocains servira toutefois de prétexte pour chasser des résidents algériens du Maroc et instaurer un visa d’entrée. Les autorités algériennes réagissent par la décision de fermer les frontières terrestres. Les relations entre les deux pays replongent ainsi dans le froid sibérien que rompent de temps en temps, de part et d’autre, depuis le début des années 2000, des visites de ministres ou encore la rencontre unique entre le roi Mohammed VI et le Président Abdelaziz Bouteflika en marge du 17e Sommet de la Ligue arabe en mars 2005. Le Maroc avait, quelques jours avant, supprimé le visa d’entrée pour les Algériens, initiative suivie par celle de l’Algérie qui a appliqué la réciprocité au mois d’avril.
    Dans le réel, par les actes et par les mots, le Makhzen, dont les attitudes sont surdéterminées par le paramètre de la question du Sahara Occidental, combine provocations diplomatiques, campagnes médiatiques hostiles et soutien au terrorisme islamiste durant les années 1990. Et ajoute désormais les menaces sur l’intégrité territoriale et l’unité nationale de l’Algérie, à travers l’appui direct à un mouvement séparatiste classé récemment comme organisation terroriste par les autorités algériennes. Sans oublier, en parallèle, et avec l’aide de l’allié stratégique israélien, l’intrusion numérique systématique et de grande ampleur, dans les premiers cercles de la décision politique, diplomatique et militaire, et dans l’extension naturelle que représentent des élites de l’opposition politique, des médias et de la société civile. Bien loin de la lettre et de l’esprit du Traité d’Ifrane (1969), la Déclaration de Tlemcen (1970), la Déclaration algéro-marocaine de Rabat (1972), la Convention relative aux frontières (1972) et la Déclaration d’Alger (1988).
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