Étiquette : espionnage

  • Pegasus : la complaisance de l'Occident a conduit le Maroc à tout s’autoriser

    L’Association française des Amis de la RASD (AARASD) a estimé que le sentiment d’impunité et de complaisance de l’Occident avec le Maroc a conduit ce pays à tout s’autoriser, appelant la France, ciblée par les attaques d’espionnage des services marocains, à prendre des mesures.

    L’affaire Pegasus, révélée par le travail d’investigation d’un réseau de journalistes associé à Forbidden Stories et à Amnesty International a démontré que le Maroc était au centre d’un dispositif d’espionnage particulièrement efficace dont les cibles principales sont la presse marocaine, les opposants au régime (marocains et sahraouis) et la France.
    « L’association des Amis de la RASD s’en est particulièrement émue. Plusieurs de ses militants et proches amis sont concernés et piratés par le Maroc dans toutes leurs communications », a indiqué l’association dans un communiqué.
    A ce titre, elle estime que le « sentiment d’impunité et complaisance ont conduit le Maroc et ses autorités à tout s’autoriser au nom de cette cause considérée comme sacrée ».
    « L’ami marocain » que peu de démocraties occidentales osent mettre en cause serait-il incapable de maîtriser les relations avec ses voisins tant que ces derniers n’approuvent pas son occupation du Sahara occidental ? », lance-t-elle.
    L’association assure, en outre, que « les autorités marocaines ne se contentent plus d’empêcher en France toute expression sahraouie, elles entendent désormais tout savoir et tenter de tout contrôler de ce qui se rapporte à ce sujet, à quelque niveau que ce soit ».
    La France membre permanent du Conseil de sécurité et « pays de référence pour le Maghreb » dans l’Union européenne, qui préside ce mois-ci le Conseil de sécurité et prendra la présidence de l’Union européenne (UE) en janvier 2022, « doit prendre la mesure de cette situation », exhorte l’AARASD.
    « Il s’agit pour notre pays de cesser de soutenir la cause marocaine dans ces deux instances pour qu’enfin la lutte du peuple sahraoui et du Front Polisario soit entendue et résolue en conformité avec le droit international », explique l’association française.
    Selon l’association, des milliers de systèmes de communication sont piratés en toute discrétion et impunité.
    « Cette affaire commence à faire la une de tous les médias d’autant qu’un des téléphones du Président de la République (française), celui de plusieurs membres de l’exécutif et d’élus semblent concernés. S’agit-il désormais d’une affaire d’Etat ? », s’interroge l’association.
    APS
    Etiquettes : Maroc, Espionnage, logiciels espions, NSO Group, Sahara Occidental, France, Emmanuel Macron, 
  • Les EAU sont liés au listing de centaines de téléphones britanniques

    Les Émirats arabes unis sont liés au listing de centaines de téléphones britanniques dans la fuite du projet Pegasus.

    Un membre de la Chambre des Lords et un Britannique autrefois détenu aux EAU figurent parmi les personnes figurant dans la base de données.

    Un membre de la Chambre des Lords figure parmi plus de 400 personnes dont les numéros de téléphone mobile britanniques apparaissent dans une liste ayant fait l’objet d’une fuite de numéros identifiés par les gouvernements clients de NSO Group entre 2017 et 2019, peut révéler le Guardian.

    Le principal gouvernement responsable de la sélection des numéros britanniques semble être les Émirats arabes unis, selon l’analyse des données. Les Émirats arabes unis font partie des 40 pays qui ont eu accès au logiciel espion de NSO, capable de pirater et de prendre secrètement le contrôle d’un téléphone portable.

    Dubaï, l’émirat dirigé par le cheikh Mohammed bin Rashid al-Maktoum, aurait également été un client de NSO.

    Les téléphones de la fille du cheikh Mohammed, la princesse Latifa, qui a lancé une tentative ratée pour fuir Dubaï en 2018, et de son ex-femme, la princesse Haya, qui a fui le pays et est venue au Royaume-Uni en 2019, apparaissent tous deux dans les données.

    De même que les téléphones de plusieurs associés des deux femmes – y compris, dans le cas de Haya, des numéros principalement basés au Royaume-Uni.

    Dans de multiples déclarations, NSO a déclaré que le fait qu’un numéro apparaisse sur la liste ayant fait l’objet d’une fuite n’indiquait en aucun cas si un numéro était ciblé pour une surveillance à l’aide de Pegasus. « La liste n’est pas une liste de cibles ou de cibles potentielles de Pegasus », a déclaré la société. « Les numéros figurant sur la liste ne sont en aucun cas liés au groupe NSO ».

    Mais le Guardian et d’autres partenaires médiatiques qui ont eu accès aux données dans le cadre du projet Pegasus, un consortium médiatique, pensent que la liste indique des personnes d’intérêt sélectionnées par des clients gouvernementaux de NSO. Elle comprend des personnes du monde entier dont les téléphones présentaient des traces du logiciel espion de NSO, Pegasus, selon l’analyse médico-légale de leurs appareils.

    Les personnes dont les numéros britanniques figurent sur la liste sont les suivantes :

    Lady Uddin, un membre indépendant de la Chambre des Lords, dont le numéro est apparu sur les données en 2017 et 2018. Elle a déclaré que s’il y avait un espionnage des membres du Parlement, cela équivaudrait à « un grand abus de confiance » qui « contrevient à notre souveraineté ».

    Un avocat travaillant pour un cabinet d’avocats londonien qui conseille la princesse Haya. La princesse Haya est engagée dans une âpre bataille pour la garde de son enfant avec le cheikh Mohammed devant la division familiale de la Haute Cour de justice.

    John Gosden, un entraîneur de chevaux de premier plan basé à Newmarket, qui est également un ami de la princesse Haya, elle-même cavalière équestre internationale. Les numéros d’autres personnes travaillant pour l’équipe de sécurité et de relations publiques de Haya apparaissent également dans les données.

    John Chipman, directeur général du groupe de réflexion sur la défense, l’Institut international d’études stratégiques, qui organise une conférence annuelle à Bahreïn, l’un des alliés des Émirats arabes unis.

    Matthew Hedges, un Britannique détenu aux EAU pendant sept mois en 2018, dont le numéro apparaît pour la première fois dans les données alors qu’il se trouvait au Royaume-Uni, avant d’entreprendre son voyage. « Je veux savoir ce que le gouvernement britannique fait à ce sujet », a-t-il déclaré.

    D’autres noms britanniques très en vue qui figurent sur la liste ont déjà été cités, comme Roula Khalaf, rédactrice en chef du Financial Times, qui était rédactrice adjointe lorsque son numéro est apparu dans les données en 2018. NSO a déclaré plus tard qu’il n’y avait pas eu de tentative ou de réussite d’infection par Pegasus du téléphone de Khalaf.

    Plus tôt cette semaine, le Guardian a également révélé l’inscription du numéro de l’avocat des droits de l’homme Rodney Dixon QC, qui a représenté à la fois Hedges et la fiancée du journaliste saoudien assassiné Jamal Khashoggi, Hatice Cengiz. L’analyse des données suggère que son numéro fait partie d’un petit groupe de numéros britanniques qui semblent avoir été sélectionnés par l’Arabie saoudite.

    Les avocats de NSO ont suggéré qu’il était « techniquement impossible » que le téléphone de Dixon soit ciblé par l’Arabie saoudite. L’analyse médico-légale de l’appareil de Dixon réalisée par le laboratoire de sécurité d’Amnesty International a révélé une activité liée à Pegasus, mais aucune infection réussie.

    Amnesty a examiné deux autres téléphones britanniques dans les données. L’un présentait le même type d’activité de Pegasus que celui découvert sur l’iPhone de Dixon. Le second, un téléphone Android, ne présentait aucun signe de tentative d’infection ou d’infection réussie.

    Ni les Émirats arabes unis, ni Dubaï, ni l’Arabie saoudite n’ont répondu aux demandes de commentaires. Till Dunckel, un avocat allemand représentant Sheikh Mohammed, a déclaré au journal Süddeutsche Zeitung : « Notre client nie catégoriquement avoir tenté de ‘pirater’ les téléphones des personnes citées dans votre demande, ou avoir donné l’ordre à d’autres de le faire. » Les représentants du cheikh ont également déclaré précédemment qu’il craignait que Latifa soit victime d’un enlèvement et qu’il avait mené « une mission de sauvetage ».

    NSO Group a toujours affirmé qu’il n’avait pas accès aux données de ses clients. Dans des déclarations publiées par l’intermédiaire de ses avocats, NSO a déclaré que le consortium chargé de l’établissement des rapports sur le projet Pegasus avait fait des « hypothèses incorrectes » sur les clients qui utilisaient la technologie de l’entreprise.

    Des dissidents en exil et des militants solidaires du Royaume-Uni figurent également sur la liste qui a fait l’objet de la fuite, ce qui ne manquera pas de soulever des questions au sujet des Émirats arabes unis, traditionnellement considérés comme un allié britannique, et dont la famille dirigeante, les souverains d’Abou Dhabi, possèdent les champions de la Premier League, Manchester City.

    Les Émirats arabes unis sont devenus une cyberpuissance en plein essor, dont la puissante capacité de surveillance est contrôlée par la famille de son dirigeant, le cheikh Mohamed bin Zayed, et en particulier par son frère, le conseiller à la sécurité nationale, le cheikh Tahnoon bin Zayed.

    Trois sources familières avec les opérations de NSO ont confirmé qu’au cours de l’année écoulée, la société avait retiré à Dubaï sa licence Pegasus. Elles ont déclaré que la décision avait été prise principalement en raison de préoccupations liées aux droits de l’homme, mais elles n’ont pas contesté que la possibilité que Sheikh Mohammed utilise le logiciel contre les membres de sa propre famille avait également joué un rôle.

    Il n’est pas clair si le MI5 était au courant d’une quelconque activité d’espionnage des EAU. En général, si l’agence d’espionnage apprend qu’un Britannique fait l’objet d’une surveillance étrangère, elle prend des mesures pour alerter la victime si elle estime qu’il y a une menace de mort ou un autre danger grave au Royaume-Uni.

    Mais le gouvernement britannique a émis une réprimande codée cette semaine à la suite des révélations sur le projet Pegasus.

    Un porte-parole du gouvernement a déclaré : « Il est vital que tous les cyberacteurs utilisent les capacités d’une manière qui soit légale, responsable et proportionnée afin de garantir que le cyberespace reste un endroit sûr et prospère pour tous. »

    Il est difficile de déterminer pourquoi certaines personnes ont pu être inscrites sur la liste. Uddin a été la première femme musulmane à siéger à la chambre haute, mais elle n’est pas considérée comme une spécialiste de la politique étrangère. « Si l’espionnage a lieu contre la plus haute des institutions britanniques souveraines, des questions se posent pour savoir si notre gouvernement était au courant », a-t-elle déclaré.

    The Guardian, 21/07/2021

    Etiquettes : Pegasus, Espionnage, NSO Group, logiciels espions, Émirats arabes unis, EAU, Royaume Uni, Grande-Bretagne,

  • Affaire Pegasus : l’exportation de l’autocensure

    Le point de vue du Guardian sur le logiciel espion Pegasus : l’exportation de l’autocensure

    Des règles mondiales sont nécessaires pour encadrer la prolifération de ces armes de répression massive.

    Cette année, les dépenses militaires mondiales – près de 2 milliards de dollars – ont été les plus élevées depuis 1988. Plus de la moitié de ces dépenses ont été effectuées par les États-Unis et leurs alliés. Les capacités de défense sont des biens nationaux étroitement gardés. Un réseau de règles s’est développé autour de l’exportation d’armes et de leur utilisation. Aucun pays ne souhaite que ses armes les plus meurtrières soient retournées contre lui.

    Pourtant, il existe au moins 500 entreprises privées qui opèrent, en grande partie sans réglementation, et vendent des logiciels intrusifs à des régimes oppressifs qui espionnent et harcèlent leurs détracteurs. Ces actes antidémocratiques devraient suffire à mettre un terme à ce commerce. Pourtant, il a continué ; l’industrie affirme que ces outils servent à lutter contre la criminalité et le terrorisme. Que se passe-t-il lorsque, au contraire, les gouvernements choisissent d’utiliser ces capacités non seulement contre leur peuple, mais aussi contre l’Occident démocratique ?

    Nous sommes peut-être sur le point de découvrir la réponse à cette question. Un consortium mondial de reportages, qui comprend le Guardian, Amnesty International et l’organisation à but non lucratif Forbidden Stories, basée à Paris, a produit cette semaine une multitude d’articles à partir d’une liste de numéros de téléphone identifiés par les gouvernements clients de NSO, une société israélienne de haute technologie, qui a fait l’objet d’une fuite. Une analyse médico-légale a montré que le logiciel espion Pegasus de NSO était utilisé par certains de ses clients pour pirater des smartphones appartenant à des journalistes, des dissidents et des militants. Le téléphone portable d’un ministre français en exercice présentait des traces numériques d’une activité associée au logiciel espion de NSO. Paris a ouvert une enquête.

    Ces téléphones figuraient sur une liste de plus de 50 000 numéros ayant fait l’objet d’une fuite. On y trouvait 10 premiers ministres, trois présidents – dont le Français Emmanuel Macron – et le roi du Maroc. Le gouvernement indien, soupçonné d’être un client de NSO, aurait sélectionné des numéros du gouvernement tibétain en exil du Dalaï Lama. Des centaines de téléphones appartenant à des citoyens britanniques ont également été répertoriés, et le gouvernement responsable de leur sélection serait l’allié britannique du Golfe, les Émirats arabes unis, qui entretiennent eux-mêmes des liens étroits avec Israël, partenaire du Royaume-Uni. Avec de tels amis, on peut se demander ce que l’on attend de nos adversaires. Cette semaine, le ministre du Cabinet, Lord True, a déclaré que le Royaume-Uni avait « fait part de ses préoccupations à plusieurs reprises au gouvernement israélien concernant les opérations de NSO ».

    NSO affirme que, comme elle n’exploite pas les systèmes de logiciels espions qu’elle vend, et qu’elle n’a pas accès aux données des cibles de ses clients, la société ne peut pas superviser leur utilisation. Il s’agit d’un argument égocentrique qui repose sur le secret d’entreprise. Mais les logiciels espions tels que ceux de NSO rendent possible la violation des droits fondamentaux. Il est un peu fort de la part des démocraties occidentales de se plaindre que la Chine ou la Russie exportent l’autoritarisme numérique si leurs alliés colportent des outils qui peuvent être utilisés aux mêmes fins.

    Le pouvoir de l’État est une question de logiciel. Israël devrait mettre un frein au secteur des logiciels espions qui permet aux régimes autoritaires d’exporter l’autocensure. Des règles mondiales sont nécessaires pour encadrer la prolifération de ces armes de répression massive : il est dans l’intérêt des démocraties de limiter la diffusion de ces technologies. À l’heure actuelle, il n’existe aucun autre mécanisme gouvernemental ou privé, hormis les actions en justice, pour prévenir ou réparer les graves violations de la liberté d’expression, d’association et de la vie privée que permettent des outils tels que les ONS. Cela doit changer.

    The Guardian, 22/07/2021

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  • Espionnage marocain: L’Algérie exprime sa «profonde» préoccupation

    L’Algérie a exprimé ce jeudi sa « profonde préoccupation » suite à l’utilisation par le Maroc du logiciel d’espionnage «Pegasus» contre des responsables et citoyens algériens et condamne « vigoureusement cette inadmissible atteinte systématique aux droits de l’homme et libertés fondamentales ».

    « L’Algérie exprime sa profonde préoccupation suite aux révélations émanant d’un consortium de nombreux organes de presse de grande renommée professionnelle et faisant état de l’utilisation à large échelle par les autorités de certains pays, et tout particulièrement par le Royaume du Maroc, d’un logiciel d’espionnage dénommé (Pegasus) contre des responsables et citoyens algériens, ainsi que des journalistes et des défenseurs des droits de l’homme à travers le monde », selon une déclaration du ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger.

    « L’Algérie condamne vigoureusement cette inadmissible atteinte systématique aux droits de l’homme et libertés fondamentales qui constitue également une violation flagrante des principes et normes régissant les relations internationales », ajoute la même source, affirmant que « cette pratique illégale, malvenue et dangereuse, met en péril le climat de confiance qui doit présider aux échanges et interactions entre les responsables et représentants des Etats».

    « Etant directement concernée par ces attaques, l’Algérie se réserve le droit de mettre en œuvre sa stratégie de riposte et se tient prête à participer à tout effort international destiné à établir collectivement les faits et à faire la lumière sur la matérialité et l’ampleur de ces crimes qui menacent la paix et la sécurité internationales, ainsi que la sécurité humaine », souligne le communiqué.

    « Toute impunité constituerait un précédent extrêmement dommageable à la conduite de relations amicales et de coopération entre les Etats conformément au droit international », conclut la même source.

    Existence d’un système d’espionnage visant l’Algérie : Ouverture d’une enquête préliminaire

    Le procureur de la République près le tribunal de Sidi M’hamed a ordonné l’ouverture d’une enquête préliminaire sur l’existence d’un système d’intelligence informatique d’écoute et d’espionnage ayant visé les intérêts de l’Algérie, mais aussi des citoyens et des personnalités algériennes, indique ce jeudi un communiqué du Parquet général près la Cour d’Alger.

    « Suite aux informations divulguées à travers des organes de presse nationaux et internationaux, ainsi que des rapports émanant de certaines chancelleries, faisant état de l’existence d’un système d’intelligence informatique d’écoute et d’espionnage ayant visé les intérêts de l’Algérie, mais aussi des citoyens et des personnalités algériennes, et en application des dispositions de l’article 11 du Code de procédure pénale, le Parquet général près la Cour d’Alger informe l’opinion publique que le procureur de la République près le tribunal de Sidi M’hamed a ordonné l’ouverture d’une enquête préliminaire sur les faits en question, diligentée par les services de police judiciaire spécialisée en matière de répression d’infractions liées à la cybercriminalité et aux technologies de l’information », précise la même source.

    « Si les faits, objet de cette enquête, sont avérés, ils constitueraient des infractions réprimées par la législation algérienne sous sa forme criminelle pour avoir rassemblé des renseignements, objets et documents au profit d’une puissance étrangère aux fins de nuire à la défense nationale et constitueraient également des infractions d’accès frauduleux dans un système de traitement automatisé de données et d’atteintes aux secrets des communications », conclut la même source.

    APS

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  • Affaire Pegasus : Echec au complot

    L’Etat voyou de la région ne recule désormais plus devant aucune forfaiture pour exporter la tension et véhiculer la déstabilisation dans l’espace méditerranéen. Les barbouzeries en tous genres, encouragées par l’allié sioniste, sont dans la nature même de l’Etat narcotrafiquant, foncièrement répressif et liberticide.

    Le scandale d’espionnage Pegasus, commis par le Maroc au profit d’Israël et révélé par 17médias internationaux, traduit la vassalité d’un régime aux abois et accroché, pour seule alternative, à une collaboration avec le parrain sioniste. L’acte de piratage cybernétique, développé par la société israélienne NSO et exécuté par le Maroc, représente une menace permanente contre les libertés fondamentales de la région et de l’Europe.

    Après l’épisode tumultueux de l’Espagne et de l’Allemagne, coupables d’un acte d’humanisme et de l’attachement à la légalité internationale, l’allié le plus sûr a subi le choc de cette affaire d’espionnage qui a ciblé, selon les médias français, le président Emmanuel Macron, 14 ministres et l’ancien Premier ministre Edouard Philipe.

    Il s’agit d’une attaque massive lancée contre l’élite dirigeante mondiale, la société civile, les journalistes, les hommes d’affaires et les chefs d’entreprises. La guerre cybernétique, dénoncée en février 2021 par le ministre de la Communication, Ammar Belhimer, lors de la journée parlementaire sur «la cybercriminalité et ses retombées sur la sécurité du pays et des citoyens», n’est pas une vue de l’esprit. L’Algérie est particulièrement visée pour son soutien indéfectible à la lutte des peuples pour leur indépendance et son rôle pionnier dans l’exportation de la paix, de la réconciliation et du développement régional.

    L’Algérie forte de la mobilisation de la classe politique et de la société civile, elle saura face faire efficacement à la dérive marocaine irresponsable attentatoire aux fondements unitaires de l’Etat national. Le rappel immédiat et illimité de l’ambassadeur de l’Algérie au Maroc est une riposte aux frasques de la représentation diplomatique marocaine à New York, affichant des velléités d’ingérence et un soutien flagrant au terrorisme identitaire et religieux portant la marque insidieuse de la manipulation des groupes terroristes de la décennie sanglante.

    Le silence coupable du Palais royal impose des mesures à la hauteur de la gravité de la situation générée par la violation du droit international et des dispositions de l’acte constitutif de l’Union africaine portant sur l’intangibilité des frontières héritées du colonialisme.

    Horizons, 21/07/2021

    Etiquettes : Maroc, Algérie, Emmanuel Macron, France, Pegasus, Espionnage, NSO Group, logiciels espions, Sahara Occidental,

  • Dérive marocaine : Le roi est nu

    Politologues: «Rabat fait la guerre à l’Algérie»

    La diplomatie marocaine a franchi la ligne rouge en s’immisçant dans les affaires internes de l’Algérie et en soutenant la prétendue autodétermination «du peuple kabyle», ont estimé des politologues. Selon eux, la situation revêt un caractère dangereux.
    Pour le politologue Badis Khenissa, l’Algérie a toujours exprimé des inquiétudes à l’égard du voisin de l’Ouest, compte tenu du passif historique et de la question du Sahara occidental. «Des inquiétudes légitimes à la lumière des évolutions diplomatiques récentes. Le Maroc nourrit une rancune tenace, obsessionnelle et aveugle illustrée par une série d’erreurs monumentales de sa diplomatie devenue précaire et court-termiste», constate-t-il. Selon lui, Rabat exerce un «Algérie-bashing» dopé par le «deal de Trump» et son pari risqué de normalisation avec l’Etat hébreu», évoquant «une quête de leadership et d’hégémonie dans la région».
    «Le retour de l’Algérie sur la scène internationale après deux décennies d’immobilisme a sapé les plans du Maroc qui, jusque-là, se contentait d’une diplomatie monétisée pour alimenter son lobbying et défendre ses orientations», analyse Khenissa. Et de renchérir : «Une trêve déjà fragile entre nos deux pays est mise à mal par une volonté du royaume à projeter ses frustrations et ses échecs sur l’Algérie.» Isolé par son arrogance diplomatique et ses postures récentes contre l’Espagne et l’Union européenne, le poste frontalier de Guerguerat et l’Algérie en sont une parfaite démonstration. Affaibli sur le front interne par ses choix politiques et troc perdant de la cause palestinienne, ce dernier cherche à gagner des trophées diplomatiques face à un rival inflexible sur les causes justes.
    De son point de vue, le Maroc s’entête à porter à bout de bras le Sahara occidental, mais se met à dos la communauté internationale. «L’Algérie est devenue la cible d’un plan global aux acteurs multiples et cela risque d’aboutir à un dérapage aux bouleversements cataclysmiques et irréversibles», affirme-t-il. Autrement dit, une escalade contrôlée qui peut vite dégénérer. «L’ombre d’un conflit ouvert plane sur la région et qu’il n’est plus à exclure après la délocalisation du centre de décision du Maroc. La médiation qui se tiendra probablement sous peu et sous l’égide de pays occidentaux, de la Russie, la Chine, l’UA, la Ligue arabe révélera, sans doute, les véritables intentions et motivations du Maroc», souligne Khenissa. «Tous ces éléments prouvent que l’embrasement de la situation dans un contexte géopolitique et géo-sécuritaire sensible et explosif ne fera qu’exacerber une tension latente et une diplomatie sur une ligne de crête», fait-il remarquer.
    «Le Sahara occidental n’est pas marocain»

    Hassan Kacimi, expert international des flux migratoires et des menaces dans le Sahel, est catégorique. «Le Maroc fait tout simplement la guerre à l’Algérie dans le cadre d’une coalition internationale», assène-t-il. «Un triumvirat subversif, composé du Maroc, de la France et de l’entité sioniste, tente d’allumer le feu en Algérie», estime-t-il. «Ces acteurs, en mal d’expansion territoriale, rêvent d’un nouvel empire dans le monde arabe et en Afrique. Pour cela, ils doivent absolument déboulonner l’Algérie et provoquer sa chute pour lui faire subir une thérapie à la soudanaise et réaliser le Grand Israël», explique-t-il. Kacimi affirme que «Rachad, le MAK et des figures politiques connues, largement inféodées à des desseins coloniaux, agissent sur le terrain du hirak pour enflammer la rue, la retourner contre l’Etat et provoquer son effondrement». Il ne manque pas de relever le scénario de déstabilisation de l’Algérie sur fond d’ébullition sociale, provoquée par un dysfonctionnement de certains services publics, notamment celui de l’eau exploité pour exacerber le mécontentement populaire. L’expert pense qu’on doit toujours clamer très haut que le Sahara occidental est le seul dossier en Afrique qui est inscrit au chapitre de la décolonisation. «L’Algérie doit prendre des mesures fermes contre ce voisin qui continue de faire la guerre subversive», conclut-il.
    Karima Alloun
    Horizons, 22/07/2021
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  • Affaire Pegasus : Le Maroc sous-traitant à la solde d’Israël

    Utilisation massive du logiciel espion Pegasus par le Maroc – Le Makhzen sous-traitant à la solde d’Israël

    Les turpitudes de la monarchie marocaine n’en finissent pas de surprendre autant les régimes compromis avec le Makhzen que les pays considérés comme des « ennemis » potentiels. Le dernier scandale en date révélé par Amnesty International et Forbidden stories, une plateforme créée par des journalistes et relayé par le média en ligne, Mediapart et le journal Le Monde, ainsi que d’autres médias, est illustré par une opération d’espionnage de grande ampleur menée par le royaume chérifien, dont l’une des premières cibles est l’Algérie. 
    Dans cette « affaire » qui s’apparente beaucoup plus à une histoire de science fiction, le Maroc a joué le rôle de sous-traitant au profit de Tel-Aviv, qui lui a permis d’utiliser le logiciel d’espionnage connu sous le label de « Pegasus », développé et commercialisé par une entreprise israélienne, contrôlée par le ministère de la Défense de ce pays. 
    Le logiciel en question crée en 2013 et évoqué pour la première fois par le quotidien britannique, le Financial Times, est capable d’accéder au système des Smartphones et de collecter les informations qui s’y trouvent, grâce à la détection de leurs failles. Pegasus permet en effet de prendre le contrôle du téléphone ciblé et « accède à l’intégralité de son contenu ainsi qu’à son microphone et sa caméra ». Les Emirats arabes unis ont été parmi les premiers pays à acheter une licence de ce logiciel espion. 
    C’est donc à l’aide de ce programme informatique très avancé que les services marocains ont pu espionner massivement les téléphones portables d’un nombre incalculable de responsables algériens à tous les niveaux, hauts gradés militaires et fonctionnaires civils. Le quotidien français cite les noms de l’ambassadeur d’Algérie à Paris ainsi que l’attaché militaire algérien dans la même ambassade. Et ce n’est pas tout. 
    La liste des personnalités algériennes ciblées par Rabat est très longue. Parmi les noms qui y figurent, on retrouve ceux de Ramtane Lamamra, Abdelkader Messahel et Sabri Boukadoum, Saïd, Nacer et Z’hor Bouteflika, les généraux Ali Bendaoud, Wassini Bouazza et Bachir Tartag, et un numéro attribué à Saïd Chengriha aurait été visé par cette opération, selon le quotidien parisien, qui ajoute que l’adjudant-chef Guermit Bounouira, ex-aide de camp d’Ahmed Gaïd Salah, et actuellement incarcéré après avoir été extradé de Turquie, a également été surveillé. 
    Les téléphones d’un nombre indéterminé de diplomates algériens en poste à travers le monde ont été également ciblés, en plus d’un des fils de Khaled Nezzar. Dans le même listing, on retrouve aussi les noms d’Ali Haddad, Zoubida Assoul et Abdelaziz Rahabi en plus des noms de journalistes, d’intellectuels et d’activistes du mouvement populaire du 22 février 2019. 
    Cette révélation intervient presque une semaine après que le Makhzen ait annoncé avoir « signé un accord de coopération avec Israël dans le domaine de la sécurité informatique. Selon le quotidien The Times of Israël, « l’accord a été signé à Rabat, en présence de Yigal Unna, directeur-général de l’administration israélienne de la cybersécurité, son homologue marocain, le général El Mostafa Rabii, et le ministre de la Défense du Maroc Abdellatif Loudiyi ». 
    Ce qu’a relaté The Times of Israël n’est que la partie « soft » d’une forfaiture d’Etat, dont l’objectif était de mettre sous surveillance toute personnalité marocaine ou étrangère, notamment les femmes et les hommes politiques européens, connus pour le soutien à la cause sahraouie. Aussi, des journalistes, des avocats et des élus français n’ont pas échappé à ce harcèlement informatique. Le cas de Claude Mangin une militante associative catholique française engagée, mariée à un Sahraoui détenu au Maroc, est éloquent. 
    Selon Radio France et Le Monde, outre Macron et Edouard Philippe et son épouse, des ministres de premier plan, figurent sur cette liste, Jean-Yves Le Drian, Christophe Castaner, Gérald Darmanin, Bruno Le Maire ou François de Rugy, entre autres, dont les téléphones ont été ciblé par le logiciel espion, Pegasus.
    Mohamed Mebarki
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  • Algérie: La sécurité nationale en mode 2.0

    Les révélations d’espionnage entrepris par l’encombrant voisin marocain via le programme NSO-Pegasus que lui a généreusement refilé l’entité sioniste, contre l’Algérie posent un grave problème de sécurité nationale. N’ayons pas peur des mots mais il s’agit bien d’une cyberguerre qui vient de nous être déclarée par le royaume de l’intrigue qui n’a visiblement aucun scrupule à s’allier avec Satan pour déstabiliser notre pays.

    Loin de tout effet de manche patriotard, nous sommes bien face à un ennemi prétendument « frère » qui multiplie les coups au-dessous de la ceinture pour nous faire plier sur le dossier du Sahara occidental. Le fait que ce programme aussi insidieux que dangereux cible d’autres pays dont la France ne nous dédouane pas de notre responsabilité à y faire face de la manière la plus ferme qui soit.

    Nos responsables nous avaient longtemps chloroformés avec leur discours faussement rassurant que l’Algérie était imperméable à ce genre « d’attaques » et qu’elle avait les capacités de les mettre hors d’état de nuire. Mais ce scandale de NSO Pegasus vient de nous rappeler notre triste réalité d’un pays ouvert aux quatre vents de tous les coups bas venant de nos ennemis éternels. Cette vaste opération d’espionnage à grande échelle menée par les services marocains contre des responsables, des journalistes et autres activistes algériens en filtrant toutes leurs communications téléphoniques est une gravissime atteinte à la sécurité nationale.

    Si le téléphone du président français, Emmanuel Macron, pourtant ami du monarque M6 à été mis sur écoute ainsi que d’autres hauts responsables de l’Hexagone, que dire alors des téléphones de ceux qui nous gouvernent ? Il y a tout lieu de penser que les manœuvres diplomatiques et les couacs internes en Algérie soient le résultat de cette opération d’espionnage téléguidée depuis Rabat et mise à exécution chez nous en Algérie grâce aux petites mains assassines qui mangent dans la main du roi et sa cour. A ce stade, toutes les hypothèses doivent être mises sur la table.

    La tension maximale qui règne en Algérie est peut être provoquée et attisée. Nous avons désormais une preuve grandeur nature que le Maroc et ses retrouvailles officielles avec l’entité sioniste, tendait une oreille attentive aux échanges téléphoniques de nos responsables. Il en sait peut-être plus que nous autres algériens. Et au delà des implications politiques et géopolitiques de ce casus Belli, il y a une réalité que nos gouvernants ne peuvent nous cacher : l’Algérie est largement en retard en termes de transition numérique et du développement des technologies de l’information et de la communication. Et s’il fallait une preuve, ce programme d’espionnage made in Israël dont le royaume de M6 à usé et abusé contre nous, est venu nous le rappeler.

    Faut-il par ailleurs souligner que le rapport mondial annuel de 2020 sur l’économie numérique (Network Readiness Index(NRI2020) a classé notre pays à la peu glorieuse 120éme sur 134 pays concernés par l’enquête sur la gouvernance numérique ! Il ne suffit de pas gloser sur « l’économie de la connaissance », « la transition numérique »,  » l’Algérie 3.0… » ou encore manipuler des concepts aussi racoleurs que « startup », « clusters », etc.. pour faire croire que nous sommes à la page et que nous avons réussi notre mise à niveau technologique.

    Aussi rageant et aussi menaçant que puisse être ce sulfureux programme Pegasus, il doit servir à réveiller nos responsables et leur rappeler leur devoir de protéger le pays de ses nombreuses vulnérabilités contre ces attaques technologiques de haut vol. Le gouvernement devrait se concentrer sur ces scabreuses opérations qui ciblent le pays de l’étranger.

    Par Imane B.

    L’Est Républicain, 22/07/2021

    Etiquettes : Maroc, Algérie, Emmanuel Macron, France, Pegasus, Espionnage, NSO Group, logiciels espions,

  • Pegasus a coûté 55 millions de dollars aux saoudiens

    Les révélations concernant des personnalités politiques mettent Israël sous une pression croissante quant à l’étendue de la surveillance.

    En 2017, peu de gens auraient contesté le fait qu’Israël et l’Arabie saoudite étaient des ennemis régionaux. Officiellement, les pays n’avaient pas de liens diplomatiques. Pourtant, pour un petit groupe d’hommes d’affaires israéliens participant à des réunions secrètes avec des responsables saoudiens à Vienne, à Chypre et à Riyad cet été-là, il y avait des signes de réchauffement des relations.

    Les hommes d’affaires représentaient le groupe NSO. Leur mission consistait à vendre aux Saoudiens le système d’espionnage de qualité militaire de NSO, Pegasus.

    Selon une personne qui a assisté à la réunion en juin 2017 à Chypre, un haut responsable du renseignement saoudien a été « stupéfait » par ce qu’il a vu. Après une longue discussion technique, l’espion saoudien, qui avait apporté un nouvel iPhone, s’est vu montrer comment Pegasus pouvait infecter le téléphone et être ensuite utilisé pour actionner à distance sa caméra.

    « Vous n’avez pas besoin de comprendre la langue pour voir qu’ils étaient stupéfaits et excités et qu’ils ont vu ce dont ils avaient besoin », a déclaré la personne.

    NSO Group affirme qu’il ne vend des logiciels espions qu’à des organismes gouvernementaux agréés.

    Le gouvernement israélien avait donné à NSO Group l’autorisation explicite d’essayer de vendre des outils de piratage de fabrication locale aux Saoudiens. Il s’agissait d’un arrangement confidentiel qui a abouti à la conclusion d’un accord à Riyad d’une valeur d’au moins 55 millions de dollars.

    « En Israël, il existe un fort mouvement politique visant à faire de la diplomatie par le biais des affaires », a déclaré cette personne, sous couvert d’anonymat. « Les affaires d’abord, la diplomatie ensuite. Lorsque vous concluez un accord ensemble, cela ouvre beaucoup de portes à la diplomatie. »

    Il est courant que les gouvernements aident les entreprises à exporter leurs produits. NSO, après tout, emploie d’anciens responsables du cyberespionnage israélien et conserve des liens avec le ministère de la défense.

    Mais les révélations sur la façon dont des États répressifs tels que l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, l’Azerbaïdjan et d’autres ont utilisé la technologie de NSO pour cibler des avocats, des militants et des journalistes spécialisés dans les droits de l’homme soulèvent des questions pour Israël et ont placé le problème sous un nouvel éclairage.

    Ces révélations menacent d’exercer une pression diplomatique sur Israël, qui se demande s’il n’utilise pas la licence du logiciel espion de NSO pour exercer une influence politique et s’il ne permet pas que le logiciel soit vendu à des pays non démocratiques susceptibles d’en faire un mauvais usage.

    Un récent rapport de transparence publié par NSO Group reconnaît que la société est « étroitement réglementée » par les autorités de contrôle des exportations en Israël. La Defense Export Controls Agency (DECA) du ministère israélien de la défense « restreint strictement » l’octroi de licences pour certains produits de surveillance en se basant sur sa propre analyse des clients potentiels du point de vue des droits de l’homme, a déclaré la société, et a rejeté les demandes de licences d’exportation de NSO « dans un certain nombre de cas ».

    En outre, NSO a également été soumis à un examen réglementaire « approfondi » par Israël, en plus de son propre « cadre interne robuste ».

    Au sein du NSO, le processus utilisé par Israël pour déterminer si les pays peuvent se voir vendre la technologie est considéré comme un « secret d’État ». Une personne au fait du processus a déclaré que des responsables du conseil de sécurité nationale et du bureau du premier ministre israéliens étaient connus pour donner leur avis.

    Dans le cas de l’Arabie saoudite, des sources familières avec la question ont déclaré que le royaume a été temporairement coupé de l’utilisation de Pegasus en 2018, pendant plusieurs mois, suite au meurtre de Jamal Khashoggi, mais a été autorisé à recommencer à utiliser le logiciel espion en 2019 suite à l’intervention du gouvernement israélien.

    On ignore pourquoi le gouvernement israélien a exhorté l’ONS à reconnecter l’outil de surveillance pour Riyad.

    Cependant, les 10 pays dont l’analyse médico-légale pour le projet Pegasus suggère qu’ils ont effectivement abusé de la technologie jouissent tous de relations commerciales avec Israël ou ont des liens diplomatiques avec le pays qui se sont nettement améliorés ces dernières années.

    Dans deux pays clients de NSO, l’Inde et la Hongrie, il semble que les gouvernements aient commencé à utiliser la technologie de la société dès ou après la rencontre de leurs premiers ministres respectifs avec le premier ministre israélien de l’époque, Benjamin Netanyahu, lors de rencontres très médiatisées destinées à stimuler la coopération en matière de commerce et de sécurité. Il est entendu qu’aucun pays considéré comme ennemi d’Israël – comme la Turquie – n’a été autorisé à acheter les produits de NSO.

    « Les marchés dictent ce qui fonctionne, je ne dicte pas … le seul endroit où je suis réellement intervenu … est la cybersécurité », a déclaré Netanyahu lors d’une conférence de presse en Hongrie en 2017 alors qu’il se tenait à côté du premier ministre du pays, Viktor Orbán.

    Ce qui n’est pas clair, c’est si les agences de renseignement israéliennes pourraient avoir des privilèges spéciaux avec NSO, tels que l’accès aux données de surveillance recueillies à l’aide de ses logiciels espions. Une personne proche de la société, qui a demandé à rester anonyme, a déclaré que c’était un sujet de spéculation fréquent. A la question de savoir si Israël pouvait accéder aux renseignements recueillis par les clients de NSO, ils ont répondu : « Les Américains le pensent. »

    Ce point de vue a été soutenu par des responsables actuels et anciens des services de renseignement américains, qui ont déclaré au Washington Post, partenaire du projet Pegasus, qu’il y avait une présomption qu’Israël avait un certain accès – via une « porte dérobée » – aux renseignements découverts grâce à ces outils de surveillance.

    John Scott-Railton, chercheur principal au Citizen Lab de l’Université de Toronto, a déclaré qu’il serait « irresponsable » pour un État d’autoriser la distribution à grande échelle d’un puissant outil de surveillance tel que Pegasus sans pouvoir surveiller ce qui en est fait.

    Il a déclaré que les dossiers judiciaires avaient révélé que NSO utilisait des serveurs qui n’étaient pas toujours situés dans les locaux du client. « Ce que cela signifie, c’est qu’il y a un potentiel de visibilité. Et il serait fou pour eux [les Israéliens] de ne pas avoir de visibilité », a-t-il déclaré.

    NSO a fermement démenti qu’Israël ait eu un quelconque accès aux systèmes de ses clients.

    « NSO Group est une entreprise privée. Ce n’est pas un « outil de la diplomatie israélienne », ce n’est pas une porte dérobée pour les services de renseignement israéliens et elle ne reçoit de directives d’aucun chef de gouvernement », a déclaré l’avocat de NSO.

    Dans un communiqué, le ministère israélien de la Défense a déclaré qu’Israël commercialisait et exportait des produits cybernétiques conformément à sa loi de 2007 sur le contrôle des exportations de défense et que les décisions politiques tiennent compte de « considérations stratégiques et de sécurité nationale », qui incluent l’adhésion aux accords internationaux.

    « Par principe, l’État d’Israël approuve l’exportation de cyberproduits exclusivement à des entités gouvernementales, pour un usage légal, et uniquement dans le but de prévenir et d’enquêter sur la criminalité et le contre-terrorisme, en vertu de certificats d’utilisation finale/utilisateur final fournis par le gouvernement acquéreur », a déclaré le ministère.

    Il a ajouté que des « mesures appropriées » étaient prises dans les cas où les articles exportés étaient utilisés en violation des licences d’exportation.

    Le ministère a ajouté : « Israël n’a pas accès aux informations recueillies par les clients de NSO ».

    Pour Israël, peu de clients qu’il a approuvés pour utiliser Pegasus ont été aussi problématiques que les Saoudiens. Il y a quelques semaines, NSO a coupé les vivres au royaume une fois de plus, suite à des allégations selon lesquelles l’Arabie saoudite avait utilisé Pegasus pour pirater des dizaines de journalistes d’Al Jazeera.

    L’Arabie saoudite s’est refusée à tout commentaire.

    The Guardian, 20/07/2021

    Etiquettes : NSO Group, Israël, Mossad, Espionnage, logiciels espions, Pegasus,

  • La France révise la sécurité autour du président Macron

    La France va ajuster la sécurité autour de Macron à la lumière de l’affaire du logiciel espion Pegasus.

    Par REUTERS

    Le président français Emmanuel Macron a changé son téléphone portable et son numéro de téléphone à la lumière de l’affaire du logiciel espion Pegasus, a déclaré jeudi un responsable de la présidence, dans l’une des premières actions concrètes annoncées en lien avec le scandale.

    « Il a plusieurs numéros de téléphone. Cela ne signifie pas qu’il a été espionné. C’est juste une sécurité supplémentaire », a déclaré le fonctionnaire à Reuters. Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a déclaré que les protocoles de sécurité du président étaient adaptés à la lumière de l’incident.

    Un tollé mondial a été déclenché lorsque plusieurs organisations internationales de médias ont rapporté que le logiciel espion Pegasus avait été utilisé pour pirater des smartphones appartenant à des journalistes, des militants des droits de l’homme et des responsables gouvernementaux dans plusieurs pays.

    En Israël, où le groupe NSO, qui vend le logiciel Pegasus, est basé, un législateur de haut rang a déclaré qu’un groupe parlementaire pourrait examiner les restrictions à l’exportation de logiciels espions. NSO affirme que son logiciel est utilisé pour lutter contre la criminalité et le terrorisme et a nié tout acte répréhensible.

    « Il est évident que nous prenons (cette affaire) très au sérieux », a déclaré M. Attal aux journalistes quelques heures après une réunion d’urgence du cabinet consacrée aux allégations relatives à Pegasus.

    Le journal Le Monde et la chaîne de télévision Radio France ont rapporté mardi que le téléphone de M. Macron figurait sur une liste de cibles potentielles de surveillance par le Maroc. Les deux médias ont déclaré qu’ils n’avaient pas accès au téléphone de M. Macron et qu’ils ne pouvaient pas vérifier si son téléphone avait effectivement été espionné.

    Le Maroc a rejeté ces allégations.

    Dans un contexte d’inquiétude croissante de l’UE, la chancelière allemande Angela Merkel a déclaré aux journalistes à Berlin que les logiciels d’espionnage devraient être refusés dans les pays où il n’y a pas de contrôle judiciaire.

    Les procureurs hongrois ont ouvert jeudi une enquête sur les multiples plaintes reçues à la suite de ces rapports.
    Israël a nommé une équipe interministérielle chargée d’évaluer les rapports basés sur une enquête menée par 17 organisations médiatiques, selon lesquels Pegasus a été utilisé dans des tentatives de piratage ou des piratages réussis de smartphones à l’aide de logiciels malveillants qui permettent d’extraire des messages, d’enregistrer des appels et d’activer secrètement des microphones.

    VÉRIFICATIONS

    L’ONS a rejeté les rapports des partenaires médiatiques comme étant « pleins d’hypothèses erronées et de théories non corroborées ». Reuters n’a pas vérifié de manière indépendante le reportage.

    « Nous devons certainement examiner à nouveau tout ce sujet des licences accordées par la DECA », a déclaré Ram Ben-Barak, chef de la commission des affaires étrangères et de la défense de la Knesset, à la radio de l’armée israélienne, en faisant référence à l’Agence de contrôle des exportations de la défense, gérée par le gouvernement.

    L’équipe du gouvernement israélien « effectuera ses vérifications, et nous ne manquerons pas d’examiner les résultats et de voir si nous devons corriger les choses ici », a déclaré Ben-Barak. Ancien chef adjoint du Mossad, il a déclaré que l’utilisation correcte de Pegasus avait « aidé un grand nombre de personnes ».

    Le DECA fait partie du ministère de la Défense israélien et supervise les exportations de NSO. Le ministère et l’entreprise ont déclaré que Pegasus est destiné à être utilisé pour traquer uniquement les terroristes ou les criminels, et que tous les clients étrangers sont des gouvernements contrôlés.

    NSO affirme ne pas connaître l’identité spécifique des personnes contre lesquelles ses clients utilisent Pegasus. Si elle reçoit une plainte selon laquelle Pegasus a été utilisé à mauvais escient par un client, NSO peut acquérir rétroactivement les listes de cibles et, si la plainte s’avère fondée, fermer unilatéralement le logiciel de ce client, affirme la société.

    Parmi les autres dirigeants mondiaux dont les numéros de téléphone figuraient sur une liste de cibles possibles, selon les médias, figurent le Premier ministre pakistanais Imram Khan et le roi du Maroc Mohammed VI.

    The Jerusalem Post, 22/07/2021

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