Étiquette : espionnage

  • Maroc: Les rouages d’une machine à cash

    Maroc: Les rouages d’une machine à cash

    Maroc, Omar Radi, enquêtes, carrières, Pegasus, espionnage, expropriations foncières,

    Le 3 mars 2022, Omar Radi est condamné par la cour d’appel de Casablanca à six ans de prison pour deux affaires totalement distinctes – « viol » et « espionnage » – instruites et jugées lors du même procès, à rebours de toute logique judiciaire. Le journaliste marocain, dont le piratage du téléphone par le logiciel Pegasus avait été révélé par un rapport d’Amnesty International en juin 2020, travaillait alors à une enquête au long cours sur les expropriations foncières. Une investigation qui lui avait déjà valu des menaces et pour laquelle il avait commencé à collecter des documents : acte notarié, vidéos, photos… Grâce à ces éléments, auxquels nous avons eu accès, et après plusieurs mois d’enquête pour poursuivre son travail, Forbidden Stories révèle aujourd’hui comment des terres tribales ont servi à l’enrichissement de proches du roi. Plongée au cœur d’une machine à cash.

    Par Cécile Andrzejewski
    avec Hicham Mansouri

    La voix chaleureuse d’Ihsane El Kadi invite d’emblée à l’écoute. Directeur des médias indépendants algériens Radio M et Maghreb Emergent, il officie comme présentateur de l’émission « L’invité du direct » sur Radio M, « La petite radio du grand Maghreb ». À l’antenne, on le devine heureux de recevoir son invité du jour, le 22 décembre 2019.

    « Amis auditeurs de radio M, nous avons le très grand plaisir d’accueillir ce matin, dans « L’invité du direct » Omar Radi, journaliste indépendant au Maroc », se réjouit-il. Avant de lancer la discussion sur des réalités de l’investigation au Maghreb, et au Maroc en particulier, puis sur l’enquête en cours d’Omar Radi sur l’expropriation des terres au royaume chérifien.

    « Je travaille avec une tribu, au Nord de Rabat, Ouled Sbita, raconte-t-il. Ils ont été virés de leurs terres agricoles où il y avait une forêt. La forêt [a été] rasée, on a mis à sa place un terrain de golf et on a privatisé la plage (…). On a mis des centaines de villas et de logements de luxe. Nous sommes dans une logique de prédation foncière. »

    Comme à son habitude, le journaliste va droit au but, cash et sans tergiversations.

    Quelques jours plus tard, de retour au Maroc, Omar Radi est convoqué par la police, arrêté et placé en détention, au prétexte d’un tweet vieux de plusieurs mois où il s’en prend à un juge. Après une semaine, il est libéré à titre provisoire, suite à une campagne massive de soutien. « J’ai été puni pour l’ensemble de mon œuvre », estime-t-il alors auprès de Forbidden Stories. Le journaliste habitué à travailler sur les liens entre pouvoir et business dans son pays, depuis longtemps critique de l’appareil d’État marocain, est loin de se douter que ses ennuis ne font que commencer.

    Lauréat en 2019 d’une bourse de la Bertha Foundation – une ONG basée à Londres cherchant à « soutenir les militants, les storytellers et les avocats œuvrant pour la justice sociale et les droits humains », au moment de son arrestation, Omar Radi est occupé à scruter les violations des droits fonciers au Maroc, notamment via l’instrumentalisation de la notion « d’expropriation pour utilité publique ». Il s’est donné pour mission de lancer un site Internet, Aradi, « terre » en arabe, rassemblant toutes les informations relatives aux politiques foncières du pays. Il n’en aura jamais l’occasion.

    En juin 2020, Amnesty International et Forbidden Stories révèlent que son téléphone a été infecté par le logiciel espion Pegasus. Le début d’un long calvaire qui aboutira à sa condamnation le 3 mars 2022 à six ans de prison ferme pour « viol » et « atteinte à la sécurité intérieure de l’État » avec « financement de l’étranger » – deux dossiers distincts, pourtant instruits et jugés conjointement.

    Dans la première affaire, une ancienne collègue au journal le Desk, pour lequel travaillait Omar Radi, l’accuse de l’avoir violée dans la nuit du 12 au 13 juillet 2020. Le journaliste, lui, reconnaît une relation consentie.

    Dans la seconde affaire, il a été reproché à Omar Radi d’avoir rencontré des officiels néerlandais, considérés comme des « officiers de renseignement » par le parquet. Parmi les autres éléments à charge: des missions d’audit effectuées par le journaliste auprès de deux sociétés de conseil économique britanniques, qui lui valent d’être accusé de leur avoir « fourni des informations de l’ordre de l’espionnage », et la bourse de la Fondation Bertha pour son travail sur la dépossession des terres tribales.

    Un verdict « inique » pour l’association Human Rights Watch (HRW). « Les charges pour espionnage étaient irrecevables parce que basées sur rien. Quant à l’accusation de viol, elle aurait mérité un procès juste, autant pour l’accusé que pour la plaignante » a déploré Ahmed Benchemsi, le directeur de la communication et du plaidoyer pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord de l’ONG après la condamnation.

    De fait, plusieurs ONG et enquêtes journalistiques dénoncent l’instrumentalisation par le régime marocain de la lutte contre les violences sexuelles à des fins politiques et sécuritaires, afin de faire taire les opposants. D’autres journalistes ont eux aussi été poursuivis pour adultère, avortement, relations sexuelles hors mariage ou agression sexuelle, entre autres. ​​Selon un décompte de RSF, 9 journalistes et 3 collaborateurs de médias sont à ce jour en prison au Maroc.

    « Un cadre de vie exceptionnel »

    Une des pistes suivies par Omar Radi avant ses déboires judiciaires mène à une trentaine de kilomètres au Nord de Rabat, sur les terres des habitants du douar Ouled Sbita, un village à deux pas d’un bord de mer paradisiaque.

    Dans cette zone où la pression immobilière se fait de plus en plus en forte, elles aiguisent les appétits. En l’espèce, c’est le promoteur immobilier Addoha qui a jeté son dévolu sur elles, dès l’automne 2006, pour y déployer son projet de la Plage des Nations.

    « Un lieu particulier [qui] cristallise à la fois l’échec du développement, le mal-développement, mais aussi l’injustice et la prédation », décrivait Omar Radi dans un brouillon d’article peu avant son arrestation. « Un cadre de vie exceptionnel été comme hiver », vante Prestigia, la filiale luxe d’Addoha sur son site Internet. Contactés, ni le service communication de l’entreprise, ni son avocat n’ont donné suite à nos demandes d’entretien.

    À l’époque du lancement du projet de la Plage des Nations, le PDG d’Addoha, Anas Sefrioui, une des plus grandes fortunes du Maroc, fait partie de l’entourage du roi Mohammed VI. Plus précisément, le businessman serait un proche de Mounir Majidi, secrétaire personnel du monarque et gestionnaire de la fortune royale. Le nom de ce dernier est par ailleurs apparu dans les Panama Papers, lié à deux sociétés dont il a bien été l’administrateur mais qui « ont été créées de façon totalement légale et transparente vis-à-vis des autorités marocaines et étrangères », selon son avocat.

    Cette proximité d’Anas Sefrioui avec l’entourage royal agace certains concurrents du promoteur immobilier. Un homme d’affaires marocain, décédé depuis, Miloud Chaâbi va jusqu’à accuser l’entreprise Addoha de bénéficier de faveurs de l’État. Dans une allusion à peine voilée, il s’en prend ainsi à « ceux qui s’offrent terrains et fonciers à des prix symboliques ». En 2013, le propre cousin du roi Mohammed VI, le prince Hicham, soutient lui aussi qu’Addoha est « lié au palais ».

    Anas Sefrioui serait tombé en disgrâce deux ans plus tard. Mais en 2007, lorsque le projet de la Plage des Nations est lancé, sa côte de popularité atteint des sommets dans l’entourage royal. Cette année-là, « la société Addoha a commencé à s’intéresser à nos terres, dénonce Mohamed Boudouma, un des habitants en lutte, auprès de France 24, en février 2017. Notre tribu a été approchée par des représentants de l’État qui voulaient [en] acheter les portions littorales. Des délégués, que nous n’avons pas choisis, ont négocié en notre nom avec le ministère de l’Intérieur, lequel est propriétaire de ces terres, selon une loi héritée de l’époque coloniale. Nous n’en avons qu’un droit d’usage. Ces délégués nous ont floués en disant que ces terres le long du littoral seraient vendues au roi. En réalité, elles ont été vendues à la société Addoha », pour son projet Plage des Nations.

    C’est précisément sur cette manipulation que travaillait Omar Radi. « Les Ouled Sbita sont une tribu de paysans, qui vivent dans un endroit magnifique, près de Rabat », décrit-il en 2020 auprès de la Bertha Foundation.

    « Un jour, ils ont reçu une notification d’expropriation. Les autorités ne leur ont pas demandé de partir, elles leur ont expliqué que Sa Majesté avait besoin de ces terres et que, pour cette raison, la tribu devait les quitter. Comme les habitants ont cru que le roi voulait ce terrain, pour le bien du Maroc, ils ont accepté. » Avant de s’apercevoir de la tromperie, explique le journaliste.

    LES MEMBRES DE LA TRIBU ONT DÉCOUVERT QUE C’EST FINALEMENT UNE ENTREPRISE TOTALEMENT PRIVÉE, ADDOHA, QUI A RÉCUPÉRÉ CES TERRES.

    Une législation coloniale
    Car les terres des Ouled Sbita ont un statut spécial. Il s’agit de terres collectives, régies par une loi remontant à l’époque coloniale : le dahir du 27 avril 1919. Ce décret royal les rend inaliénables, incessibles et intransmissibles, tout en les plaçant sous la tutelle du ministère de l’Intérieur. Concrètement, la tribu qui y vit en a l’usufruit mais pas la propriété.

    La gestion revient à une assemblée de représentants de la collectivité, les nouab en arabe. Les mêmes dont Mohamed Boudouma remettait en cause la légitimité auprès de France 24. De fait, ces nouab ne sont pas élus, mais simplement désignés par les autorités locales, avec dans les faits, quasiment aucun pouvoir pour s’opposer aux consignes du ministère de tutelle.

    « Avec sa tutelle, l’État peut mobiliser une partie des terres collectives pour des projets d’intérêt général », retrace le juriste Ahmed Bendella.

    La règle de 1919 ne va pas beaucoup changer après l’indépendance. Pire, cette loi coloniale va devenir un outil du Makhzen (selon l’expression marocaine désignant l’administration et le pouvoir du pays, ndlr) pour se constituer une assiette foncière à bas coût, quand ses propres ressources terriennes s’amenuisent. Et pour cause.

    « S’étendant sur une superficie estimée à 15 millions d’hectares (selon les propres estimations du Ministère de l’intérieur marocain en 2013, ndlr), cette catégorie foncière est particulièrement touchée, aujourd’hui, par l’intensification de l’accaparement des terres agricoles et pastorales au profit de projets économiques de grande envergure », écrit la politologue Yasmine Berriane en 2015.

    « Avec l’expansion urbaine, ces terres jusque-là dévalorisées ont commencé à intéresser, elles ont soudain pris un énorme potentiel, continue Ahmed Bendella. La possibilité de céder des terrains reste à une double condition : au profit d’un organisme public et pour un projet d’utilité publique, comme la construction d’une école, de bâtiments administratifs, de routes… »

    Une exigence qui disparaît en 2019, à l’occasion de la refonte de la loi. Mais en 2007, quand les terres du douar Ouled Sbita attirent l’attention des promoteurs, il n’est pas encore question de revoir la législation. À cette époque, impossible pour le privé de récupérer ce domaine.

    Officiellement du moins. Car, un subterfuge, couvert par l’État, va permettre à Addoha de mettre la main sur les terres des Ouled Sbita. C’est ainsi que le terrain va être vendu à un établissement public, comme la loi l’autorise, par la tribu, représentée par… le Secrétaire d’État à l’intérieur, au nom de la tutelle de l’État sur les terres collectives. Ce même établissement public va ensuite remettre le domaine à l’entreprise qui a en fait avancé le prix de vente. Rendant ainsi légale l’opération d’achat normalement interdite par la loi.

    L’institution financière publique en embuscade

    « Comme ce serait illégal que la cession se déroule directement en faveur du privé, elle se fait au profit d’institutions étatiques qui cèdent ensuite la terre aux investisseurs », détaille une spécialiste du sujet ayant requis l’anonymat. Une manière de contourner la loi pour permettre au secteur privé de s’accaparer les terres normalement protégées par l’État. Omar Radi s’apprêtait justement à décortiquer ce tour de passe-passe.

    D’après un acte de réquisition qu’il s’était procuré, « le 21 octobre 2010, « la collectivité ethnique Ouled Sbita », représentée par le Secrétaire d’État à l’Intérieur, a vendu à la Caisse de Dépôt et de Gestion, représentée par son Directeur Général, la totalité de la propriété dite « Bled Ouled Sbita », située à Salé, Bouknadel, Plage des Nations, consistant en une parcelle de terrain nu, d’une superficie approximative de 355 hectares ». La Caisse de Dépôts et de Gestion (CDG) y déclare ensuite, dans « un acte reçu par le Notaire le même jour » que la propriété en question « a été acquise pour le compte de la Société Anonyme « Douja Promotion Groupe Addoha » qui a effectivement avancé la totalité du prix de vente ». En clair, la collectivité n’ayant pas la capacité juridique de vendre elle-même sa terre, c’est l’État, en vertu de sa tutelle, qui a cédé les terres des Ouled Sbita à la CDG, établissement public. Et la société Addoha, qui a avancé l’argent, les a ensuite récupérées auprès de la CDG. Le document ne mentionne cependant aucun prix de vente.

    Avant son arrestation, Omar Radi a transmis à la Bertha Foundation ce document central pour l’enquête : l’acte de réquisition, dévoilant le subterfuge ayant permis à Addoha de mettre la main sur les terres des Ouled Sbita (Photo : Omar Radi).

    Au sein du ministère des finances, sous couvert d’anonymat, un cadre décrypte : « Comme il s’agit de terres collectives, un type de foncier spécifique, la CDG, en tant qu’établissement public, a joué le rôle de portage. Ça se fait souvent, c’est une manière de détourner la procédure. Dans un schéma de dépossession d’une collectivité tribale de ses terrains. » Une opération légale pour maquiller un arrangement avec la loi.

    Institution publique marocaine créée en 1959, la Caisse de Dépôts et de Gestion a pour mission de centraliser et gérer les fonds d’épargne de la Caisse nationale de sécurité sociale, de la Caisse d’épargne nationale et la Caisse nationale de retraites et d’assurances.

    Dotée d’une autonomie financière, la CDG, qui n’a pas répondu à nos demandes d’interview, entretient des relations privilégiées avec « des groupes et entreprises privés connus pour leur proximité du pouvoir politique », d’après les chercheurs Mohamed Oubenal et Abdellatif Zeroual. Parmi ces sociétés, Addoha.

    Si l’on en croit le même cadre anonyme du ministère des finances, c’est justement en raison de ces liens étroits entre la CDG et Addoha que l’établissement a servi dans cette opération triangulaire. « Il fallait une troisième partie pour blanchir l’affaire. » Pour lui, le document de réquisition que s’est procuré Omar Radi « démontre de façon claire et évidente la connivence des parties pour détourner la loi. »

    LE MINISTÈRE DE L’INTÉRIEUR SAVAIT. C’EST PIRE QUE L’EXPROPRIATION, CES GENS ONT ÉTÉ DÉPOSSÉDÉS DE LEUR TERRAIN.

    Cette dépossession était au cœur du travail d’Omar Radi. La lutte des Ouled Sbita contre l’entreprise Addoha aussi. Et c’est en s’intéressant de plus près à cette société que Forbidden Stories a découvert que le scandale va plus loin encore : l’histoire de la Plage des Nations s’avère certainement liée à un délit d’initié, qui aurait enrichi les plus proches du roi. Car si les habitants du douar ont été approchés par le promoteur immobilier en 2007, le projet de la Plage des Nations a lui été annoncé dès 2006. En grandes pompes.

    Le 11 novembre 2006, « [Sa Majesté] le Roi préside la signature de deux mémorandums d’entente relatifs à des investissements touristiques et immobiliers à Rabat. Une enveloppe de près de 11 milliards de dirhams (1 milliard d’euros, ndlr) pour la réalisation d’un parc zoologique (4,7 milliards de Dhs – près de 450 millions d’euros, ndlr) et l’aménagement de la plage des Nations, (6 milliards de Dhs – plus de 560 millions d’euros, ndlr), comprenant des milliers de résidences, plusieurs hôtels, restaurants (…), écrit l’agence de presse du royaume. Ces mémorandums d’entente [ont été ] conclus entre l’Etat et le Groupe Addoha. »

    C’est donc sous les yeux du souverain qu’est lancé le projet de la Plage des Nations, qui aboutira à l’expulsion de la tribu. Avant même que celle-ci n’en soit informée.


    Mais l’affaire s’avère plus fumeuse encore. Car le 10 novembre, à la veille de ces prestigieuses annonces, la valeur de l’action Addoha va exploser. Une drôle de coïncidence qui nécessite de remonter le cours de l’actualité boursière de l’époque. En juillet 2006, la société Addoha introduit 35 % de son capital en Bourse. L’opération, juteuse, rapporte 2,7 milliards de dirhams (soit 270 millions d’euros) à Anas Sefrioui – ironie du sort, si l’on en croit plusieurs sources, lui-même aurait été réticent à cette ouverture de capital et n’aurait cédé qu’à la suite de pressions en haut lieu. La valeur d’Addoha décolle rapidement et le cours de l’action ne cesse d’augmenter.

    Jusqu’à l’explosion ce fameux vendredi 10 novembre 2006. Ce jour-là, « la place de Casablanca est en pleine ébullition. Dans les sociétés de Bourse, les ordres d’achat et de vente pleuvent dès l’ouverture. La coqueluche de la cote, Addoha, dépasse les 2000 dirhams (…). Les traders surexcités ne savent plus où donner de la tête. Les échanges sur le titre totalisent un milliard de dirhams », raconte alors Le Journal hebdomadaire – le périodique indépendant a mis la clé sous la porte en 2010, étranglé par les procédures baillons.

    Cette folie boursière trouvera finalement son explication le lendemain avec la signature par le groupe Addoha de ces deux mémorandums d’investissement avec l’État, présidée par Mohammed VI en personne.

    Une semaine plus tard, Noreddine El Ayoubi, alors directeur général d’Addoha, détaille les ambitions du groupe pour ce qui constitue encore le terrain de la tribu Ouled Sbita. « Il s’agit de la réalisation d’un pôle touristique à la Plage des Nations sur une assiette foncière de plus de 450 ha » – soit une centaine d’hectares supplémentaires que ce qui sera signé ensuite avec les représentants de la collectivité. « Ce projet comprend une zone résidentielle, des hôtels, un parcours de golf de 18 trous, des équipements de loisirs ainsi qu’une zone commerciale. » Un plan colossal ne tenant qu’à la possibilité d’exploiter ces terres collectives.

    « Si ce n’est pas du délit d’initié, ça y ressemble… »

    L’envolée boursière suscite rapidement les critiques. Dans ce même article du Journal hebdomadaire, un trader s’interroge : « Si ce n’est pas du délit d’initié, ça y ressemble à s’y méprendre. » L’affaire sera bien vite enterrée par le gendarme de la Bourse marocain, le Conseil déontologique des valeurs mobilières (CDVM, depuis remplacé par l’Autorité marocaine du marché des capitaux ou AMMC), qui n’a pas donné suite à nos demandes d’entretien. Et il faut creuser profondément pour retrouver les traces d’un début d’investigation.

    C’est en se plongeant dans les quelques 600 pages du premier volume du rapport annuel de la Cour des Comptes de 2010, qu’on tombe sur une critique de la Cour à l’égard du CDVM. Le gendarme de la Bourse aurait classé « sans une instruction approfondie » certains dossiers relatifs à de possibles délits boursiers. Celui de « l’affaire AD », par exemple. Des initiales bien mystérieuses qui renvoient en fait… à Addoha.

    « On ne fait pas apparaître les noms dans les rapports, explique un magistrat de la Cour. Mais on fait allusion à l’organisme et aux années. En faisant attention, on peut bien entendu arriver aux concernés. » Tout semble fait pour que ces affaires passent inaperçues. La preuve, en dehors de nos confrères de Lakome, personne n’avait établi de lien entre la société « AD » du rapport de la Cour des comptes et l’entreprise Addoha.

    Une fois ce nom de code déchiffré, on comprend donc que, concernant les soupçons de délit d’initié ayant pesé sur Addoha, le CDVM a bien ouvert une enquête « suite au constat, lors de la surveillance, de mouvements massifs d’achat sur la valeur à l’approche de la publication des deux communiqués de presse de la société ».

    Mais cette investigation a, d’après la Cour, eu l’honneur d’un « traitement spécial » : « Le dossier n’a pas fait l’objet de discussion [au conseil d’administration du CDVM] et le directeur général du CDVM a décidé son classement, le 26 septembre 2008, sans en préciser les motifs ».

    Contactée, Dounia Taârji, directrice générale du CDVM au moment des faits, a décliné notre demande d’entretien, nous expliquant que « les enquêtes du CDVM étant couvertes par un engagement de confidentialité, [elle n’était] pas en mesure de répondre à nos questions. ».

    La Cour des comptes écrit cependant dans son rapport que cinq individus, dont les noms ont été anonymisés, ont bel et bien été suspectés de délit d’initié.

    Le CDVM s’est en effet penché sur des « personnes ayant un lien familial avec les dirigeants ou de fonction avec la société » qui auraient « [dégagé] des plus values considérables se chiffrant à des millions de dirhams ». Plus précisément, près de 200 millions pour l’une (soit 20 millions d’euros), 2, 6, 11 ou 29 millions pour les autres (de 200.000 à 2,9 millions d’euros).

    De ces suspects, rien ne sera dévoilé, si ce n’est donc leur lien avec la société, par leur famille ou leur poste dans l’entreprise. Surtout, d’après plusieurs observateurs, les bénéficiaires réels de ce probable délit d’initié ne sont pas à chercher de ce côté.

    « Vous ne trouverez jamais l’identité de ceux sur lesquels le CDVM a enquêté », affirme Aboubakr Jamai, journaliste marocain, en exil depuis 2007, fondateur du Journal Hebdomadaire et ancien directeur de la version francophone de Lakome, aujourd’hui professeur d’économie à l’université d’Aix en Provence.

    Il est vrai que la répression féroce qui s’abat au Maroc sur les journalistes, lanceurs d’alerte et opposants porte ses fruits. Peu de sources contactées acceptent de nous parler sur cette affaire, pourtant vieille d’une quinzaine d’années. Et les rares téméraires se risquant à nous répondre ne le font que sous couvert d’anonymat.

    Dans le rapport du CDVM, seuls sont pointés des salariés d’Addoha ou des proches de Monsieur Sefriou, or selon Aboubakr Jamai, « l’enrichissement aurait surtout concerné l’entourage du roi. » Un autre connaisseur de la royauté renchérit, sous couvert d’anonymat : « Au départ, des proches du roi ont acheté Addoha, puis il y a eu ces annonces qui ont catapulté la boîte : la Plage des Nations, le zoo… Le Palais a carrément présidé la signature. Et au fur et à mesure que l’action a explosé, ils ont empoché la plus value. Ils ont gagné beaucoup d’argent dans cette affaire. » Selon cette source, le foncier sert régulièrement de machine à cash aux fortunes au royaume.

    LA FAÇON LA PLUS CLEAN D’IMPRIMER DU BILLET DE BANQUE, C’EST DE PRENDRE UN BOUT DE TERRE QUI NE VAUT RIEN ET DE LE TRANSFORMER EN TERRE QUI VAUT UNE FORTUNE.

    Par exemple, en bâtissant des villas de standing sur des terres collectives expropriées à une tribu.

    « Ce terrain nous l’avons acquis à 50 Dhs/m² (environ 5€/m²), soit 225 millions de dirhams (un peu plus de 22 millions d’euros, ndlr) », précise en 2006 Noreddine El Ayoubi, directeur général du groupe Addoha à Aujourd’hui Le Maroc.

    Combien vaut désormais le m² à la Plage des Nations ? Sur son site, le promoteur propose plusieurs biens. Par exemple, des lots de terrain sur mesure, « parcelles qui vous permettront de construire la demeure de vos rêves sur golf dans un cadre idyllique », vendues à 3500 Dhs/m² (environ 350 €/m²), soit 70 fois plus que la somme accordée aux Ouled Sbita. Certes, comme le rappelle à La Libre Belgique Saad Sefrioui, directeur général d’Addoha jusqu’en mars dernier et neveu d’Anas Sefrioui, « les terres étaient nues, il a fallu investir dans la connexion au réseau d’eau et d’assainissement, en plus de la construction ».

    Mais comment le terrain des Ouled Sbita a-t-il pu être cédé à un tarif aussi bas, au regard de son exceptionnelle location ?

    « Dans la majorité des cas, il n’y a pas d’utilité publique dans les expropriations »

    Les autorités utilisent en fait l’expropriation pour utilité publique « pour obtenir des terres quasiment gratuitement. Une grande partie des terres ainsi obtenues servent à enrichir le secteur privé », affirmait Omar Radi auprès de la Bertha Foundation. Il est vrai que le problème de l’écart entre l’indemnisation accordée et le prix de vente sur le marché s’avère récurrent. « La même administration peut me dire que mon terrain vaut 20.000 Dhs/m² quand je subis un redressement fiscal mais qu’il n’en vaut en réalité que 30 Dhs/m² si je suis exproprié », ironise un expert.

    Dans un discours tenu face au Parlement le 14 octobre 2016, Sa Majesté Mohammed VI évoque « ces nombreux citoyens [qui] se plaignent des affaires d’expropriation », déplorant que « le montant de l’indemnisation [soit] en deçà des prix de vente en vigueur ».

    À raison, car le référentiel des prix utilisé par les impôts pour connaître les tarifs de l’immobilier n’est pas celui auquel le ministère des finances a recours pour déterminer la valeur d’un terrain exproprié. C’est pourtant bien une commission administrative, où siègent des représentants de la direction des impôts et des domaines, entités du ministère des finances, qui fixe le prix des terres expropriées.

    Mais « les montants des indemnisations ne reflètent pas la réalité », reconnaît Lahcen Maazizi, directeur des affaires administratives et juridiques au Ministère de l’Équipement et de l’eau, lors d’une rencontre sur « l’expropriation pour cause d’utilité publique » organisée par son ministère, les 15 et 16 mars derniers. Khalid Sbia, inspecteur des finances au ministère de l’Économie, y démontre que le prix de la terre fixé par l’administration lors de l’expropriation peut être 8 fois, 20 fois, voire 40 fois inférieur à celui décidé par la justice en cas de litige. « Il y a un vrai problème : soit ces comités [administratifs] sont hors de toute réalité, soit ce sont les décisions judiciaires qui le sont », commente-t-il.

    Les participants à cette rencontre vont plus loin encore. Ils remettent en cause, purement et simplement, le principe même d’expropriation pour utilité publique. La notion n’a en fait jamais été définie dans la loi, selon Hamid Oulad Leblad, conseiller à la Cour de Cassation. Khalid Sbia, l’inspecteur des finances pointe aussi sans détour « le manque d’une définition juridique ». « Les décisions judiciaires et la jurisprudence ont montré que dans la majorité des cas il n’y a pas d’utilité publique dans les expropriations. » Voilà qui a le mérite d’être clair.

    Ce constat n’est pas sans rappeler les interrogations des habitants du douar Ouled Sbita. « On nous a dit que le promoteur immobilier venait pour le bien commun. Mais est-ce que construire des golfs et des villas, c’est agir pour le bien commun ? », questionne ingénument Saïda Seqqat, auprès de Libération en 2017. Ironie de l’histoire : quinze ans après son lancement, le projet n’est toujours pas terminé.

    « La zone commerciale prévue n’a jamais vu le jour, regrette Michel*, propriétaire depuis 2012 d’une villa de 450 m², avec piscine privée et jardin de 150 m², obtenue à l’époque pour environ 350 000 euros (3,5 millions de dirhams). Beaucoup de gens ont acheté mais n’habitent pas sur le site, ils viennent seulement l’été ou le louent pour les vacances. Ça bloque l’implantation de commerces. Il y a une petite épicerie, mais c’est tout. En dehors des mois d’été, sans voiture, vous ne pouvez rien faire. On est très loin de l’objectif du projet, ils ont vu trop grand. »

    Dans l’attente du passage de son affaire en Cour de cassation, Omar Radi est toujours condamné à six ans de prison. Il lui en reste quatre à passer derrière les barreaux.

    *Le prénom a été modifié.

    LES ENQUÊTES SENSIBLES D’OMAR RADI

    En 2013, Omar Radi obtient le Prix du journalisme d’investigation IMS-AMJI pour son enquête sur l’exploitation des carrières de sable. Il y dénonce l’opacité du système d’agréments qui permet l’exploitation de ces carrières et notamment l’implication de sociétés domiciliées dans des paradis fiscaux qu’il identifie en épluchant les registres du commerce.

    En 2016, l’affaire dite « des serviteurs de l’Etat » fait scandale au Maroc. Omar Radi ne signe pas l’enquête mais il est à l’origine de la fuite de données à l’origine du scandale. Les documents qu’il parvient à se procurer montrent que des terrains très coûteux ont été offerts gracieusement à des personnalités proches des autorités marocaines.

    En octobre 2017, son travail sur le mouvement de contestation du Rif dit le « Hirak » lui vaut une garde à vue de 48h. Cette année-là, Omar Radi réalise – avec ATTAC Maroc – un film documentaire sur le sujet, « Mourir plutôt que vivre humilié », qui retrace le soulèvement des habitants de la région d’Al Hoceima au nord du pays. Le récit commence avec la mort de Mohsen Fikri, un vendeur de poissons broyé dans une benne à ordure alors qu’il tente de s’opposer à la saisie de sa marchandise. Au Maroc, l’événement déclenche un mouvement de protestation qui prend une tournure de plus en plus politique au fil des mois. En mars 2020, Omar Radi est condamné à 4 mois de prison avec sursis pour avoir fustigé la condamnation de membres du Hirak.

    Forbidden stories, 19/09/2022

    #Maroc #Omar_Radi #Enquête_carrières #Hirak #Rif

  • Maroc : Nadia Jalfi, un relais de la DGED en Espagne

    Maroc : Nadia Jalfi, un relais de la DGED en Espagne

    Maroc, Espagne, Nadia Jalfi, Gustavo de Arístegui, DGED, services secrets, espionnage, lobbying,

    La femme d’Arístegui a aidé les services secrets marocains
    -Quelque 150 courriels de l’épouse de l’ancien porte-parole du PP Foreign révélés
    -Les ‘e-mails’ traitaient de sujets tels que l’image de presse du conflit du Sahara
    -Son contact était le chef de cabinet du chef du renseignement étranger
    Rabat a bloqué la diffusion de messages sur Twitter, mais ne les dément pas

    Le diplomate et cinéaste espagnol « nous propose de capter en images, de manière pertinente, la souveraineté historique du Maroc sur le Sahara . Il affirme détenir des documents inédits à ce sujet. Il n’est pas nécessaire d’expliquer le bénéfice que nous pourrions tirer d’un projet de cette nature.

    Celle qui écrit ces lignes à Rabat depuis sa messagerie Yahoo , au retour d’un voyage à Madrid fin 2008, c’est Nadia Jalfi . Ils sont envoyés à l’une des trois adresses mail ouvertes par Mourad el Ghoul . Il s’agit du directeur de cabinet du directeur de la Direction générale des études et de la documentation (DGED), les services secrets étrangers marocains. La visite à Madrid, rappelle-t-il dans le message, a été effectuée après avoir obtenu « l’accord de principe » d’El Ghoul.

    Le profil anonyme qui depuis le 2 octobre a révélé, via Twitter , des centaines de documents et de mails confidentiels de la diplomatie marocaine et de la DGED a mis en ligne le 16 janvier environ 150 mails envoyés ou reçus, entre 2008 et 2011, par Nadia Jalfi et El Ghoul. Les deux sont sur la base du prénom et sont écrits en français. De ses lectures on déduit que pendant ces trois années Jalfi a entretenu une relation étroite avec la DGED.

    Peu de temps après ce post, Twitter a suspendu le compte de l’usurpateur du nom du sélectionneur de l’équipe nationale du Pays de Galles ( @chris_coleman24 ). Les autorités marocaines ont pris des dispositions pour que ce profil soit fermé, mais elles n’ont pas nié l’authenticité des documents qu’elle a mis au jour. Seul un homme d’affaires de la presse marocaine, Ahmed Charai , qui apparaît dans des centaines de courriels, a écrit qu’ils avaient été manipulés, mais sans préciser pourquoi.

    Nadia Jalfi a épousé, en octobre 2010, Gustavo de Arístegui , 51 ans, alors porte-parole des Affaires étrangères du Groupe populaire au Congrès des députés. Leur relation amoureuse avait commencé deux ans plus tôt. De Arístegui est ambassadeur d’ Espagne en Inde depuis 2012 .

    ‘Travail de milieu de gamme’

    « Nadia occupait un poste de milieu de gamme dans une agence de communication à Rabat, qui recevait des commissions d’administrations et d’entreprises privées », raconte une personne proche de l’épouse de l’ambassadeur et désignée par elle pour répondre aux questions d’EL MUNDO.

    « Il était en correspondance avec plusieurs clients, mais il ne connaît pas cet El Ghoul », ajoute cette même source, qui nie toute relation avec la DGED. « Certains des e-mails publiés ont été manipulés », précise-t-il, sans expliquer pourquoi. « Beaucoup de leurs clients souhaitaient que je les aide à promouvoir, via la presse européenne, des événements qui se déroulaient au Maroc, comme le Festival du film de Marrakech », précise-t-il.

    Nadia Jalfi « a cessé de travailler pour cette agence en 2008, bien qu’elle ait encore fait quelques collaborations sporadiques en 2009 », poursuit la même personne. « Si des mails ultérieurs sont apparus, c’est probablement parce que, par routine, certains de ses interlocuteurs ont continué à s’adresser à elle », soupçonne-t-elle. « Rien de ce qu’elle a fait n’est étrange ou illégal », souligne-t-il.

    Nadia Jalfi a travaillé ces années-là pour l’ agence Mena Media Consulting , qui appartenait à l’homme d’affaires saoudien Othman Al Omeir, avec des investissements dans la presse au Maroc. L’agence a ensuite été rachetée par Fouad Ali el Himma , le bras droit du roi Mohamed VI, selon les médias marocains.

    Une partie de l’activité professionnelle de Nadia Jalfi a été consacrée à essayer de faire connaître les aspects positifs du Maroc, en proposant par exemple aux radios espagnoles de diffuser leurs programmes vedettes en direct de Rabat. Il a envoyé ces invitations en coordination avec El Ghoul, selon les courriels divulgués.

    D’autres invitations ont été adressées à des directeurs de journaux espagnols et ont consisté en un voyage éclair à Rabat pour avoir une longue conversation informelle avec Yassine Mansouri , directeur de la DGED. À une occasion, El Ghoul a présenté Nadia Jalfi à un interlocuteur français en tant qu’ »attachée de presse » chargée de préparer la visite et d’accompagner le journaliste.

    Le Sahara, sujet récurrent

    Le Sahara occidental, cette ancienne colonie espagnole aux mains du Maroc depuis près de 40 ans, occupe une place importante dans la correspondance de Nadia Jalfi. Le 16 octobre 2008, il envoie un mail à El Ghoul pour son approbation et publication par l’agence de presse officielle ( MAP ). Elle y raconte la visite à Rabat de Pedro Sanz , président de La Rioja , qu’elle a contribué à organiser. L’invité espagnol estime que « la solution la plus logique et la seule viable pour résoudre le conflit du Sahara est une large autonomie », comme celle proposée par le Maroc.

    Le 17 décembre de la même année, Nadia Jalfi reçoit un mail d’un journaliste du magazine italien Tempi , dont elle a également organisé la visite au Sahara. Il annonce qu’il tiendra sa promesse en publiant un rapport « de trois pages consacré aux anciens membres du Polisario qui ont rejoint le Maroc après de mauvaises expériences dans les camps de réfugiés ».

    Deux ans plus tard, le 18 décembre 2010, El Ghoul confie à Nadia Jalfi que la chaîne de télévision américaine Fox News a enfin mis en ligne sur son site Internet un article « concernant les liens entre le Polisario et Al-Qaïda au Maghreb islamique « . Il vous exhorte à « le divulguer le plus possible à vos contacts ». Un mois plus tôt, le coordinateur antiterroriste du département d’État , Daniel Benjamin , avait cependant nié tout lien entre le Polisario et le terrorisme.

    « Pourriez-vous mobiliser vos contacts médias en France pour prendre la parole et couvrir l’événement ? », demande El Ghoul à Nadia Jalfi le 12 janvier 2011, dans l’un des derniers mails échangés. Il s’agit pour les médias français de se faire l’écho de la conférence de presse que l’avocat Michel de Guillenchmidt a donnée le 17 janvier pour dénoncer « la manipulation haineuse » de la presse espagnole.

    Après le démantèlement du grand camp de protestation sahraoui de Gdeim Izik en novembre 2010, l’agence Efe et plusieurs journaux espagnols (EL MUNDO, El País, La Vanguardia , etc.) ont publié une photo d’enfants palestiniens dans un hôpital de Gaza , se faisant passer pour Enfants sahraouis à l’ hôpital El Ayoun . Dans le flot d’instantanés envoyés à la presse par des individus du Sahara, auxquels la presse étrangère a opposé son veto, cette photographie a glissé. La plupart des journaux ont reconnu leur erreur et ont présenté leurs excuses à leurs lecteurs.

    Les autorités marocaines n’étaient pas satisfaites de cela. Ils ont donné instruction à la DGED de rechercher à Gaza deux parents et un enfant palestinien qui s’en sont sortis vivants et de les transférer à Rabat, où ils ont exprimé leur indignation face à la manipulation. Au consulat d’Espagne , ils ont obtenu des visas Schengen avec lesquels ils se sont rendus à Madrid, Paris et Bruxelles , où ils ont donné des conférences de presse, accompagnés d’avocats, et déposé une plainte.

    « Si Nadia avait été espagnole ou italienne, elle n’aurait pas été sous le commandement d’un espion », explique un ancien agent secret espagnol. « En Europe, si les pouvoirs publics veulent faire du lobbying à l’étranger pour améliorer leur image sur une certaine question, ils n’ont pas recours à un service secret », ajoute-t-il. « Mais au Maroc, c’est différent ; dès qu’on touche au Sahara, les services sont omniprésents », conclut-il.

    El Mundo, 02/02/2015

    #Maroc #Espagne #Nadia_Jalfi #Nadia_Khalfi #Lobbying #Espionnage #DGED #Mourad_el_ghoul

  • MINURSO : Quand l’ONU accuse le Maroc d’espionnage

    MINURSO : Quand l’ONU accuse le Maroc d’espionnage

    Maroc, Sahara Occidental, ONU, MINURSO, Ban Ki-moon, espionnage,

    Le Maroc aurait espionné une mission au Sahara occidental, selon l’ONU (Reuters)

    Par Louis Charbonneau

    NATIONS UNIES (Reuters) – Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a suggéré que le Maroc espionnait peut-être la force de surveillance de l’organisme mondial dans le territoire contesté du Sahara occidental et entravait sa capacité à fonctionner, selon un nouveau rapport obtenu par Reuters.

    L’évaluation de 28 pages de Ban intervient après que la dernière série de pourparlers sous la médiation de l’ONU le mois dernier entre le Maroc, le mouvement indépendantiste du Front Polisario, l’Algérie et la Mauritanie sur l’avenir du Sahara occidental n’ait fait aucun progrès réel. Les cycles précédents organisés au cours des cinq dernières années se sont terminés de la même manière.

    Dans son rapport au Conseil de sécurité de l’ONU, Ban s’est plaint que la force de l’ONU au Sahara occidental, connue sous le nom de MINURSO, est « incapable d’exercer pleinement ses fonctions de surveillance, d’observation et de communication du maintien de la paix, ou de se prévaloir de l’autorité pour inverser l’érosion » de son capacité à fonctionner.

    Il a exhorté le conseil des 15 nations à l’aider « à réaffirmer le rôle mandaté de la MINURSO, à faire respecter les normes de maintien de la paix et la neutralité (de l’ONU), et à s’assurer que les conditions minimales pour le bon fonctionnement de la mission sont remplies ».

    Parmi les difficultés auxquelles la force a été confrontée, a écrit Ban, il y a ce que les diplomates de l’ONU ont déclaré à Reuters que le Maroc espionnait la force de l’ONU.

    « Il y avait … des indications que la confidentialité des communications entre le quartier général de la MINURSO et New York était, au moins à l’occasion, compromise », indique le rapport de Ban.
    La mission marocaine de l’ONU n’a pas répondu dans l’immédiat à une demande de commentaire.

    Le Maroc affirme que le Sahara occidental, une étendue désertique peu peuplée qui contient des phosphates, des pêcheries et, potentiellement, du pétrole et du gaz, devrait relever de sa souveraineté, tandis que le Polisario affirme qu’il s’agit d’un État indépendant.

    Le Polisario a mené une guérilla contre les forces marocaines jusqu’à ce que les Nations Unies négocient un cessez-le-feu en 1991, étant entendu qu’un référendum serait organisé sur le sort du territoire. Le référendum n’a jamais eu lieu et les tentatives pour parvenir à un accord durable ont échoué depuis.

    RAPPORT DILUÉ

    Ban décrit d’autres difficultés auxquelles la MINURSO est confrontée dans le territoire sous contrôle marocain à l’ouest du Berm – un mur de sable de 1 500 km (940 miles) qui sépare une armée marocaine forte de 100 000 hommes de plus de 10 000 soldats du Polisario.

    Alors que le personnel civil de la MINURSO a la liberté de mouvement à l’ouest du Berm, M. Ban a déclaré que l’accès à la population locale « est contrôlé (par les autorités marocaines), ce qui a un effet sur l’interaction avec l’éventail complet des interlocuteurs locaux ».

    Le langage de cette section a été édulcoré par rapport à une version précédente plus dramatique. Le projet précédent, également obtenu par Reuters, indiquait que les mouvements du personnel de l’ONU étaient « étroitement surveillés avec l’effet dissuasif qui en découle » sur son interaction avec les résidents locaux.

    Plusieurs diplomates du conseil ont déclaré à Reuters que l’ONU avait modifié le texte en réponse aux pressions du membre temporaire du conseil, le Maroc, qui entretient des relations étroites avec la France, son ancien maître colonial et un membre permanent du conseil disposant d’un droit de veto.

    Le représentant du Polisario à New York, Ahmed Boukhari, a écrit au chef du maintien de la paix de l’ONU, Hervé Ladsous, pour se plaindre des révisions, qu’il a imputées au Maroc et décrites comme un « coup fatal à la crédibilité de l’ONU », selon une copie de son message obtenue par Reuters.

    Dans le rapport, Ban a demandé au conseil de renouveler le mandat de la force de surveillance, qui expire plus tard ce mois-ci, pour une autre année. Il l’a également exhorté à augmenter la taille de la force de 230 hommes en ajoutant 15 observateurs militaires pour améliorer sa capacité à surveiller la trêve sur le territoire.

    Le renouvellement du mandat de la MINURSO marque une bataille annuelle au sein du conseil, avec le Maroc soutenu par la France et le Polisario soutenu par les nations africaines. Parmi les plus fervents partisans du Polisario au conseil cette année se trouve l’Afrique du Sud.

    Le Polisario demande depuis longtemps que le mandat de la MINURSO soit élargi pour inclure la tâche de rendre compte de ce qu’il qualifie de violations des droits de l’homme par le Maroc. C’est une idée que le bureau du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme a approuvée.

    Mais le conseil n’a jamais officiellement approuvé l’idée, qui, selon le Polisario, est due à l’opposition marocaine et française.

    Reuters, 12/04/2012

    Lire aussi : Documents subtilisés à la MINURSO

    Lire aussi : Espionnage contre Christopher Ross : La barbouzerie de Rabat

    L’ONU se plaint d’entraves à sa mission au Sahara occidental

    L’ONU a critiqué mardi le Maroc pour avoir mis des entraves à sa Mission au Sahara occidental (MINURSO), au cours d’une séance du Conseil de sécurité consacrée à ce dossier. S’adressant au Conseil, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a déploré que « l’évolution des contraintes au fil des années empêche de plus en plus la MINURSO de s’acquitter de son mandat de manière crédible ». Le rapport de M. Ban au Conseil souligne notamment, sans autre précision, « qu’il semble que la confidentialité des communications entre le quartier général de la MINURSO et New York ait été compromise au moins une fois ». Ce QG est un ancien hôtel de Laayoune, dans une zone sous contrôle marocain.

    M. Ban regrette que « la présence de la police marocaine à l’extérieur du complexe dissuade les visiteurs de se présenter à la MINURSO de leur propre chef ». Il critique aussi « l’obligation de faire porter aux véhicules de la MINURSO des plaques d’immatriculation diplomatiques marocaines (au lieu d’une immatriculation ONU) et le déploiement de drapeaux marocains autour du quartier général de la MINURSO (qui) créent une apparence qui soulève des doutes quant à la neutralité de l’ONU ».

    Selon M. Ban, « la MINURSO n’est pas en mesure d’exercer pleinement ses fonctions de surveillance, d’observation et de liaison liées au maintien de la paix ou d’endiguer, de sa propre autorité, l’érosion de ses capacités de mettre en oeuvre son mandat ». Le secrétaire général recommande que le nombre d’observateurs militaires soit augmenté de 15 personnes, en plus des 228 existants, « pour renforcer les capacités de surveillance ».

    M. Ban a demandé au Conseil « de l’aider à réaffirmer le rôle qu’il a confié » à la mission. Le Conseil doit voter d’ici la fin du mois une résolution pour prolonger d’un an le mandat de la mission. Selon des diplomates, ce rapport est un des plus critiques des dernières années. « Les accusations d’espionnage du QG de la MINURSO montrent notamment la frustration de l’ONU », souligne un diplomate du Conseil. Le Sahara occidental est une ancienne colonie espagnole annexée en 1975 par le Maroc.

    A la suite d’une guérilla menée par le Front Polisario un cessez-le-feu est intervenu en 1991, que la MINURSO est chargée de surveiller. Depuis les deux camps se rencontrent régulièrement sous l’égide de l’ONU mais ces pourparlers n’ont fait aucun progrès sur le fond. Rabat propose une large autonomie du Sahara occidental avec un gouvernement et un parlement locaux, sous sa souveraineté. Le Front Polisario, soutenu par l’Algérie, rejette le plan marocain et réaffirme « le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination » via un référendum.

    Ennaharonline, 18 avr 2012

    Le Maroc se prive de la « bienveillance » de l’ONU

    Par Khadija Mohsen-Finan

    Sur le fond comme dans la forme, le rapport annuel du Secrétaire général de l’ONU de 2012 est bien différent des précédents. Il épingle sans ménagement les entraves au bon fonctionnement de la Mission des Nations unies pour le Sahara (MINURSO) par le Maroc. Mais contrairement à la démission de James Baker ou au non renouvellement du mandat de Peter Van Walsum, le diplomate Ross bénéficie cette fois ouvertement du soutien de Ban Ki-Moon, un appui qui donne un caractère inédit aux relations entre Maroc et l’ONU. Le plan de paix proposé par le Maroc en 2007 avait été loué par l’ONU et Rabat mettait régulièrement en avant cet appui si précieux.

    Bien plus qu’un compte rendu détaillé des événements qui ont ponctué l’année dans la région, le rapport pose en effet des questions de fond liées à la liberté d’action de la Mission des Nations unies : « J’ai présenté dans mon rapport une série de défis qui démontrent que la Minurso n’est ni dans la capacité d’exercer pleinement ses fonctions de surveillance, de maintien de la paix et d’observation, ni ne dispose de toute l’autorité pour contrecarrer l’effritement. »

    Dans les 26 pages du rapport, le Maroc fait l’objet de deux types d’accusations : il entrave le travail de la Mission de l’ONU jusqu’à entamer sa crédibilité et brouille la lisibilité du conflit en agissant au Sahara, territoire sur lequel l’ONU n’a pas encore statué, comme sur le territoire marocain.
    Pour preuve, le référendum sur la modification de la Constitution marocaine le 1er juillet 2011 (dont le texte contient des dispositions sur la régionalisation du Sahara), comme les élections législatives de novembre, les deux scrutins furent organisés au Sahara « bien que leur légalité n’ait pas été établie » précise le rapport.
    En matière d’ambiguïté entre le Maroc et le Sahara le rapport mentionne aussi l’obligation de faire porter aux véhicules de la Minurso des plaques d’immatriculation diplomatiques marocaines et le déploiement de drapeaux marocains autour du quartier général de la Mission, créant ainsi « une apparence qui soulève des doutes quant à la neutralité de l’ONU. »
    Mais le Maroc se défend de ces accusations, considérant que les activités de la Mission onusienne se déroulent « dans les limites de la pratique établie . » Or précise le rapport, « c’est justement la pratique établie qui est au cœur des difficultés auxquelles se heurtent les activités de la Minurso (…) l’évolution des contraintes au fil des années empêche de plus en plus la Minurso de s’acquitter de son mandat de manière crédible. »

    En réalité, c’est dans cette confusion entre le Sahara et le Maroc que réside le point nodal de l’aspect inextricable du conflit : comment le Maroc peut-il s’engager dans la recherche d’une issue à un conflit qui porte sur la souveraineté d’un territoire qu’il considère comme le sien, qu’il administre depuis 1976 et dont il gère les populations et les ressources ?
    Mais la complexité de la situation et la difficulté à sortir du conflit résident aussi dans le fait que cette confusion n’a jamais été considérée à sa juste mesure ou même soulignée, que ce soit par l’ONU ou par les capitales occidentales. Elle est aujourd’hui dénoncée par Christopher Ross et sa hiérarchie comme une pratique compromettante pour le bon fonctionnement de la Minurso, une accusation qui rompt avec la bienveillance onusienne sur cette question. Le rapport de 2012 met aussi en évidence d’autres actes qui font obstacle au bon déroulement de la Mission, que ce soit l’espionnage des casques bleus par le Maroc, la compromission de la confidentialité des communications entre le quartier général de la Minurso à Laayoun et le bâtiment des Nations Unies à New-York, le recours des tribunaux militaires marocains pour juger de civils…

    En réalité, depuis 1991, date de la création de la Minurso suite à l’accord de cessez-le-feu qui prévoyait l’organisation d’un référendum, toutes les missions onusiennes furent confrontées au même type de difficultés. En septembre 1991, alors que la Minurso était chargée d’identifier les Sahraouis natifs de la région, Hassan II avait ordonné que les Sahraouis dispersés loin de leur contrée d’origine furent recensés et mobilisés. Devant ces transferts de populations en vue des vérifications d’identité préalables à l’organisation du référendum et avant de démissionner, le responsable de la Minurso, Johannes Manz avait déclaré que ces personnes, installées par le gouvernement marocain dans les provinces sahariennes pour les faire figurer sur les listes électorales, « n’avaient rien à voir avec le plan de l’ONU ». Et qu’il ne serait pas « le vice-roi du Sahara. »

    Mais pour les Marocains, que ce soit en 1991 ou en 2012, il n’y a pas d’ingérence dans les affaires onusiennes. En effet, depuis le retrait de l’Espagne en 1976, le Maroc a décidé d’intégrer progressivement cette ancienne colonie espagnole dans son espace de souveraineté. Au plan territorial, cette intégration a été pensée comme une extension de l’administration marocaine et comme une implantation de l’Etat marocain dans ce que Rabat considère comme des « provinces récupérées ». Cette intégration fut régulièrement confirmée par l’extension des élections nationales dans ces contrées et l’exercice du ministère de l’intérieur.

    Cet état de fait avait été rarement dénoncé par les représentants de la Minurso, la plupart du temps les deux drapeaux onusien et marocain furent plantés côte à côte, mais aucune des missions n’a pu être réellement accomplie. Aujourd’hui le Maroc demande à poursuivre les pratiques devenues habituelles, tandis que Christopher Ross pense que ces pratiques sont inacceptables.

    Outre ces entraves au travail de la Mission de l’ONU, le rapport revient également sur les difficultés à sortir de l’impasse et à trouver une issue à ce conflit. Ces difficultés tiennent au fait que les belligérants continuent de camper sur leurs positions, au mépris des bouleversements qu’a connus la région. Chacun pense que le « printemps arabe » justifie ou renforce son choix. Pour le Front Polisario, la logique du « printemps arabe » exige que le peuple du Sahara occidental jouisse de la liberté d’expression et de réunion pour exprimer ses vues et son droit à l’autodétermination, alors que le Maroc estime que la logique de ce même « printemps arabe » a été appliquée au Sahara occidental puisque les réformes démocratiques qu’il a mises en œuvre ont été étendues à ce territoire.

    Dépassant ces lectures qui paraissent datées, le rapport mentionne que les effets de l’environnement régional et international, ainsi que l’évolution interne incitera les parties à prendre en compte « le peuple du Sahara occidental ». En introduisant le concept de peuple, le rapport tente de dépasser le côté figé et rigide de la situation en essayant de la placer dans la dynamique du printemps arabe.

    Au sens moderne du terme, le peuple en tant qu’entité libre et autonome, ne peut plus être marginalisé ou exclu des négociations en cours sur la souveraineté de ce territoire. C’est lui qui exprimera in fine sa volonté de vivre de manière indépendante ou dans le cadre d’une autonomie au sein d’un Maroc souverain. Les vieux schémas dessinés par le Maroc ou le Front Polisario sont ainsi dépassés à l’instar de ce qu’a vécu la Tunisie ou encore l’Egypte l’an passé. Si ce contexte peut donner une force supplémentaire aux Sahraouis pour s’exprimer, ces derniers n’ont pas manqué de le faire depuis 2005. Des manifestations organisées pour la défense des droits de l’homme se sont multipliées et furent toujours combattues par la violence « légitime ».

    Le dernier rapport des Nations unies sur le Sahara occidental interroge très justement ce qui est légitime et ce qui est légal dans l’action du Maroc au Sahara, comme il nous interpelle sur la crédibilité de la Mission de l’ONU au Sahara.

    IRIS, 29/95/2022

    #Maroc #Sahara_Occidental #ONU #Ban_ki_moon #MINURSO

  • Maroc : Quelques frasques du palais royal

    Maroc : Quelques frasques du palais royal

    Maroc, Mohammed VI, monarchie alaouite, espionnage, Pegasus, France, Algérie, Lalla Salma,

    On se rappelle en 2015, le déplacement du président français et de son ministre des Affaires étrangères au Maroc les 19 et 20 septembre. L’ACAT, Euromed Droits – REMDH, la FEMED, la FIDH, la LDH et Survie avaient alors exprimé leur préoccupation devant la possibilité qu’à cette occasion Abdellatif Hammouchi, directeur de la DGST marocaine, malgré qu’il soit soupçonné de complicité de torture, soit élevé au grade d’officier de la Légion d’honneur.

    Le communiqué d’un collectif dont la LDH fait partie avait alors dénoncé ce fait en précisant qu’il est «inacceptable que la Légion d’honneur qui distingue des personnalités ayant rendu des services à la France ou encouragé des causes qu’elle défend (défense des droits de l’homme, liberté de la presse, causes humanitaires…) soit remise à une personnalité mise en cause pour complicité dans une affaire de torture». Des plaintes ont été déposées par l’ACAT aux côtés de victimes alléguant avoir été torturées au Maroc avait requis l’audition de M. Hammouchi. Le Tribunal de grande instance de Paris a fait suite à la délivrance par le parquet d’une dénonciation officielle aux autorités marocaines à l’encontre de M. Hammouchi. C’est alors qu’à la suite de ces procédures, les autorités marocaines, «fâchées» avec leurs amis français, ont interrompu toute coopération judiciaire avec la France, et adopté des mesures de rétorsion.

    Autres frasques royales :

    Christine Daure-Serfaty qui s’est très tôt intéressée au peuple marocain dont elle avait épousé le destin, restera comme l’une des héroïnes de son inlassable combat pour les droits humains. Elle s’en souviendra quand, devenue professeur d’histoire et géographie, elle part en 1962 enseigner au Maroc. Tombée sous le charme du pays, elle en épouse les résistances et les espérances, face à la monarchie absolue de Hassan II. Au début des années 1970, elle accepte de cacher l’homme qui dit non à ce roi despote, le clandestin Abraham Serfaty. En vain. Il est arrêté, torturé, condamné. Elle est inquiétée, interrogée, expulsée. Christine Daure-Serfaty n’eut de cesse de révéler au grand jour l’histoire si cruelle du bagne de Tazmamart, cette prison de la mort où, pendant dix-huit ans, des hommes vécurent l’enfer pour assouvir la vengeance d’un seul, le Roi. Dans un livre paru chez Stock en 1992, elle raconta son enquête minutieuse pour réussir à localiser et à dévoiler ce trou noir du pouvoir absolu, hantée par cette horreur dès qu’elle en reçut les premiers témoignages. « Tazmamart, écrivait-elle, m’a habitée, envahie si longtemps. Tout au fond, il rejoignait le cauchemar qu’ont fait tous les enfants : seuls dans le noir, enfermés, ils appellent leur mère et personne ne vient car personne ne les entend ».

    Puis cela continue avec l’arrivée de Mohammed VI à la tête du royaume.

    Très vite au Maroc et dans le monde, s’est posée la question de la filiation du nouveau souverain marocain. De sources des proches du Palais, il semble que le père biologique de Mohammed VI serait Mohamed Mediouri, ancien chef de la sécurité de Hassan II. La mère de Mohammed VI, Lalla Latifa (veuve de Hassan II) et son amant Mohamed Mediouri (père biologique de Mohammed VI) a décidé d’émigrer à Paris pour fuir tout ce qui se raconte çà et là sur ses amours avec Mediouri, son amant lors du règne de Hassan II. Et alors que Mohamed Mediouri et Lalla Latifa partagent leur temps entre leurs deux appartements de la rue de Berry à Paris et du boulevard Maurice Barrès à Neuilly, le roi Mohammed VI n’a pas apprécié d’être contrarié lorsque Mediouri a décidé d’émigrer à Paris avec Lalla Latifa. On les voit parfois rue Winston à la Résidence royale, ce que le nouveau souverain considérait comme un affront, un crime de lèse-majesté. C’est sans doute pour cela que Mohamed Mediouri a été agressé à Marrakech. Alors que son chauffeur a été tabassé par un groupe de 7 personnes dont au moins 1 était armé, l’ancien chef de la sécurité personnelle de Hassan II s’en est sorti indemne. Mohamed Mediouri a été victime d’une «agression» par des hommes armés, dans des circonstances « mystérieuses », ont rapporté mardi des médias marocains. Tous les commentaires sont unanimes : il s’agit d’opération qui visait à le dissuader de se rendre au Maroc, où il n’est pas apprécié par le pouvoir, le roi Mohammed VI en premier !

    Relations tendues avec l’Algérie :

    Le vacarme soulevé par le Maroc contre une décision de la Cour européenne de justice prise le 10 décembre 2015 sur la non-reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental a énervé les Marocains parce qu’ils n’ont pas eu ce qu’ils voulaient : ils auraient voulu que l’instance européenne décrète que le Front Polisario n’est pas digne d’être une personnalité morale pour avoir le droit à solliciter la justice européenne.

    Des vrais rêveurs, ces sujets de Mohammed VI ! Ce qu’ils ont obtenu, c’est l’effet inverse, étant donné que la Cour européenne de justice est un organe indépendant des institutions politiques européennes (PE, CE et Commission européenne). Les responsables marocains ne sont pas près de comprendre cette indépendance de la justice dans les pays réellement démocratiques, puisqu’au Maroc, la justice est utilisée comme arme pour soumettre tous les individus qui osent lever la voie contre la répression et la corruption dans le royaume de Mohammed VI.

    La gifle donnée par l’Europe au Makhzen s’ajoute à celle qui vient d’être assénée par les Pays-Bas qui ont refusé la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental. Ils imputent ces déboires aux Algériens qui soutiennent le Polisario. Les autorités marocaines ont beau courir à gauche et à droite, mais la communauté internationale refuse de leur accorder le statut de propriétaire de l’ancienne colonie espagnole.

    Alors, le Maroc s’en prend à l’Algérie qui soutient le processus d’autodétermination des peuples. Ceci s’est manifesté encore une fois lorsque le consul général du Maroc à Oran avait osé qualifier l’Algérie de «pays ennemi» alors qu’il s’adressait à des ressortissants marocains qui demandaient à leur représentation d’agir pour leur permettre de rentrer au pays suite à la fermeture des frontières conséquemment à la crise sanitaire mondiale.

    S’agissant de sa gestion du royaume, Mohammed VI ne se refuse rien ! Il semblerait que d’accablantes révélations se font ici et là sur les frasques du roi marocain. En effet, Mohammed VI serait le monarque le plus corrompu du monde selon un journal français.

    Une fausse légende lui avait été attribuée, faisant de lui le « roi des pauvres ». Mais, au fil des ans, cette fausse image a vite fait de s’effilocher avant de se dissoudre totalement dans les orgies de luxe et de luxure dans lesquelles se complait à s’avachir ce souverain aux frasques désormais tonitruantes et légendaires. Des révélations qui nous sont faites à propos de son intimité évoquent son fol amour pour la France. Pourtant il ne se gênera pas d’espionner le téléphone personnel d’Emmanuel Macron et d’autres personnalités politiques françaises comme nous le démonterons ci-dessous.

    Pour revenir à ce roi corrompu, qualifié de « milliardaire ostentatoire » et « provocateur », il faut savoir qu’au plus fort de la pandémie de coronavirus, Mohammed VI, qui a appauvri et réduit au chômage près de la moitié de ses sujets, a acquis pour la bagatelle de 80 millions d’euros un hôtel particulier en plein VIIe arrondissement parisien, un des plus onéreux de la capitale française. La propriété en question s’étend sur 2.145 mètres carrés, sur trois niveaux, piscine couverte avec des terrasses et des jardins à couper le souffle. Loin de s’arrêter en si «mauvais chemin » dans sa fièvre acheteuse, nous apprenons également qu’il a également procédé à l’acquisition d’un jet privé Gulf-Stream d’une valeur de pas moins de 60 millions d’euros au profit de son fils Moulay Hassan, âgé de 18 ans à peine.

    La fortune globale de Mohammed VI et de sa proche famille « donne mal à la tête. En effet, elle est estimée à pas moins de 6,97 milliards d’euros, dont 4,85 milliards d’euros appartiendraient à Mohammed VI en personne, ce qui en fait le cinquième monarque le plus riche du monde.

    Vie publique, vie privée

    Qu’est devenue la princesse Lalla Salma épouse de Mohammed VI ?

    Sous le titre de «Secrets de la maison royale marocaine: le roi gay et la princesse invisible», le média people espagnol Monarquias. com s’est posé la question suivante au sujet de la disparition de la princesse Lalla Salma : s’agissait-il d’une séparation conjugale tout à fait normale ou d’un contrat qui a maintenant pris fin ? Mystères et révélations. Lire les détails ici.

    Pendant 14 ans, Lalla Salma a été le visage beau et amical de la maison royale alaouite. En 2002, elle a donné naissance à son premier enfant, le prince héritier Moulay Hassan, et peu après à sa deuxième fille, la princesse Lalla Khadija. Lorsque la fillette atteint l’âge de 10 ans, sa mère disparaît du palais et de l’agenda officiel, son nom ne figure plus sur la liste des participants aux grandes pompes de la cour et les sœurs du roi la remplacent comme « premières dames ». Certains disent que Lalla Salma n’est plus de ce monde, d’autres prétendent qu’elle vit confortablement dans une villa de l’île grecque de Kea après avoir rempli la mission pour laquelle elle a été engagée : donner des héritiers à un roi gay.

    L’espionnage, une spécialité marocaine

    Le Maroc et ses services espionnent, grâce à un maliciel, des personnalités politiques et des médias à travers le monde. C’est ainsi que le président français Emmanuel Macron et d’autres personnalités en furent les victimes ciblées par un logiciel espion, actionné par le Maroc pour prendre le contrôle des téléphones portables de leurs cibles, en extraire des mails, leur répertoire, les localiser, accéder à leurs photos. Même leurs messageries chiffrées ne lui échappent pas. Et, plus grave, il peut activer leurs micros et leurs caméras. Le royaume marocain n’en est pas à ses premières frasques dans ses relations avec ses « amis français » qui lui permettaient tout ! Même la famille et l’entourage du roi Mohammed VI ne sont pas épargnés. Des numéros de téléphone de plusieurs personnalités politiques du monde ont été sélectionnés pour un éventuel ciblage par le logiciel espion Pegasus, employé par le Maroc pour espionner même les dirigeants de pays dits amis !

    Les nouveaux rapports de la France suite à l’élection présidentielle et l’installation d’un nouveau président en Algérie en 2019, après l’éviction de Bouteflika, une hypothèse, seraient l’une des causes de cet espionnage. Il est désormais établi que le chef de l’État français Emmanuel Macron a été inscrit, en 2019, sur une liste de personnalités à placer sous surveillance, établie par un service de sécurité du royaume marocain. Les informaticiens du Security Lab d’Amnesty International ont pu déterminer que son téléphone portable avait été visé à trois reprises en juillet 2019 par Pegasus. Si l’on venait à énumérer tous les dépassements du royaume marocain de Hassan II à Mohammed VI, il nous faudrait plusieurs volumes.

    Mohammed VI ivre dans les rues de Paris

    La dernière des dernières. Le « Commandeur des croyants » s’est avéré un ivrogne qui titube dans les rues de Paris alors qu’il est censé séjourner à l’Hexagone pour soigner sa maladie dont personne ne connaît la nature. Une vidéo dans laquelle on voit le roi du Maroc Mohammed VI en état d’ébriété dans les rues de Paris circule sur les réseaux sociaux depuis mercredi dernier. Les images, capturées par deux citoyens depuis l’intérieur d’une voiture, montrent le roi trébuchant alors qu’il est accompagné de plusieurs personnes, dont les frères Azaitar .

    « Nom de Dieu, c’est bien Mohammed VI-là ! », dit la personne qui filme la scène. A ce moment, l’un des gardes du corps du roi intervient pour mettre fin à l’enregistraient.

    Il y a lieu de rappeler que l’Islam n’autorise en aucun cas la consommation d’alcool. Sa consommation et sa vente sont pénalisées. A cela s’ajoute le fait que Mohamed VI est le plus haut chef religieux de son pays et détient le titre de Commandeur des Croyants.

    #Maroc #Mohammed_VI #Makhzen #Algérie #Pegasus


  • Le PDG de la société éditrice de Pegasus démissionne

    Le PDG de la société éditrice de Pegasus démissionne

    Israël, NSO Group, Pegasus, logiciels espions, malware, espionnage, Maroc, Shalev Hulio,

    Yaron Shohat, directeur général de l’exploitation, prend temporairement ses fonctions

    Le directeur général de la société israélienne de logiciels espions NSO Group a démissionné, ont rapporté dimanche les médias locaux.

    Le journal Times of Israel a déclaré que Shalev Hulio a démissionné avec effet immédiat et que le directeur général Yaron Shohat prendra le poste jusqu’à ce qu’un successeur soit nommé.

    Un responsable anonyme de l’entreprise a déclaré que le groupe NSO s’est engagé dans une réorganisation et, dans ce cadre, 100 employés seront licenciés.

    En juin, la Haute Cour espagnole a appelé Hulio à témoigner dans le cadre d’une enquête sur un scandale de piratage.

    Le logiciel espion Pegasus de NSO, qui permet aux pirates d’exploiter pratiquement toutes les sources de données sur un téléphone mobile, a été déployé avec succès contre le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez et d’autres ministres.

    La plupart des piratages ont eu lieu pendant le pic des tensions politiques avec le Maroc qui ont été déclenchées par le traitement secret par l’Espagne de Brahim Ghali, l’homme à la tête du Front Polisario dans sa lutte pour l’indépendance du Sahara occidental, pour COVID-19 en avril 2021.

    Cependant, 63 politiciens catalans ont également été ciblés par le logiciel espion Pegasus, selon un rapport du groupe de recherche Citizen Lab. L’agence de renseignement espagnole a admis avoir piraté certains des téléphones mais n’a pas confirmé l’utilisation du logiciel espion.

    Selon NSO Group, tous les produits de l’entreprise, y compris les logiciels espions Pegasus « sont utilisés exclusivement par les agences gouvernementales de renseignement et d’application de la loi pour lutter contre le crime et le terrorisme ».

    Anadolou, 22/08/2022

    Lire aussi : Macron va-t-il pardonner à Mohamed VI le scandale Pegasus ?

    Lire aussi : Espagne: Le volte face de Sanchez, lié au scandale Pegasus ?

    Lire aussi : 12 pays de l’UE ont acheté le logiciel espion Pegasus

    #Israël #NSO_Group #Pegasus #Espionnage #Logiciels_espions #Malware

  • 12 pays de l’UE ont acheté le logiciel espion Pegasus

    12 pays de l’UE ont acheté le logiciel espion Pegasus

    Union Européenne, Pegasus, logiciel espion, malware, espionnage,

    Pegasus Spyware Maker NSO Group a des contrats dans 12 pays de l’UE : rapport
    Le logiciel espion Pegasus permet d’infecter le téléphone portable de la victime de la surveillance et permet à l’opérateur d’écouter les conversations et de lire des applications avec des messages cryptés.

    Jérusalem : La société technologique israélienne NSO Group, qui a attiré l’attention mondiale, y compris en Inde, au milieu d’allégations d’utilisation abusive de son logiciel espion controversé Pegasus, a apparemment une présence importante dans l’Union européenne avec au moins 22 contrats couvrant 12 des 27 États membres, selon un rapport des médias publié mercredi.

    Les logiciels espions Pegasus et les produits concurrents permettent d’infecter le téléphone portable de la victime de la surveillance, et permettent ensuite à l’opérateur d’écouter les conversations, de lire des applications avec des messages cryptés et de fournir un accès total aux contacts et aux fichiers sur l’appareil.

    Il permet d’écouter en temps réel ce qui se passe autour du téléphone portable en actionnant la caméra et le microphone.

    Des représentants de la commission d’enquête du Parlement européen sur le logiciel espion Pegasus se sont récemment rendus en Israël et ont appris du personnel de l’ONS que la société avait des contrats actifs avec 12 membres de l’Union européenne, a rapporté le quotidien Ha’aretz.

    Les réponses de la société israélienne de cyberguerre aux questions du comité, qui ont été obtenues par le journal, révèlent que la société travaille désormais avec 22 organisations de sécurité et d’application de la loi dans l’UE, a-t-il ajouté.

    Les représentants de la société dans leurs conversations et échanges avec PTI ont soutenu que leur logiciel espion est utilisé par des « clients gouvernementaux » pour cibler des terroristes et d’autres crimes graves.

    Des membres de la commission d’enquête du Parlement européen venus en Israël auraient été surpris de découvrir des contrats avec leur pays d’origine.

    Les représentants du Comité se sont rendus en Israël ces dernières semaines « pour en savoir plus sur l’industrie locale de la cyberguerre » et ont eu des discussions avec des employés de l’ONS, des représentants du ministère israélien de la Défense et des experts locaux.

    Parmi les membres du comité se trouvait un législateur catalan dont le téléphone portable a été piraté par un client de l’ONS, note le rapport.

    « Le comité a été créé après la publication du projet Pegasus l’année dernière, et son objectif est de créer une réglementation paneuropéenne pour l’acquisition, l’importation et l’utilisation de logiciels de cyberguerre tels que Pegasus », indique le rapport.

    « Mais alors que les membres du comité étaient en Israël, et en particulier depuis leur retour à Bruxelles, il a été révélé que l’Europe a également une industrie de la cyberguerre bien développée et que nombre de ses clients sont des pays européens », a-t-il déclaré.

    Les législateurs de l’UE ont été chargés de connaître l’identité des clients de NSO en Europe à l’heure actuelle et ont été surpris de découvrir que la plupart des pays de l’UE avaient des contrats avec l’entreprise : 14 pays ont fait affaire avec NSO dans le passé et au moins 12 utilisent encore Pegasus pour interception légale d’appels mobiles, conformément à la réponse de NSO aux questions du comité.

    En réponse aux questions des législateurs, la société a expliqué qu’à l’heure actuelle, NSO travaille avec 22 organisations de sécurité et de renseignement « utilisateurs finaux » et les autorités chargées de l’application de la loi dans 12 pays européens.

    Dans certains pays, il y a plus d’un client car ils sont avec des organisations d’exploitation, selon le rapport.

    Dans le passé, selon la soumission de NSO, la société a travaillé avec deux autres pays avec lesquels les liens ont maintenant été rompus. NSO n’a pas révélé quels pays sont des clients actifs et avec quels deux pays le contrat a été gelé, a-t-il déclaré.

    NSO n’aurait pas répondu à la demande de commentaire de Haaretz.

    Israël, plus tôt en janvier de cette année, a pris ses distances avec la controverse déclenchée par l’inscription sur la liste noire du groupe NSO après des allégations d’utilisation illégale de son logiciel espion Pegasus pour cibler des responsables gouvernementaux, des militants et des journalistes dans le monde entier, affirmant qu’il s’agit d’une entreprise privée et qu’elle a rien à voir avec la politique du gouvernement israélien.

    « NSO est une entreprise privée, ce n’est pas un projet gouvernemental et donc même s’il est désigné, cela n’a rien à voir avec la politique du gouvernement israélien », avait déclaré à la presse Yair Lapid, alors ministre israélien des Affaires étrangères et aujourd’hui Premier ministre. jours de conférence après que la société a été mise sur liste noire par le département américain du Commerce.

    NDTV, 10/08/2022

    #UE #Pegasus #Logiciel_espion #NSO_Group

  • Le FBI a saisi des documents top secrets au domicile de Trump

    Le FBI a saisi des documents top secrets au domicile de Trump

    Donald Trump, FBI, documents confidentiels, espionnage,

    Résumé
    -Trump affirme que les documents saisis ont été « tous déclassifiés ».
    -Des agents du FBI ont fouillé la propriété de Mar-a-Lago lundi.
    -Les agents ont saisi plus de 30 objets, dont plus de 20 boîtes.

    12 août (Reuters) – Lors de la perquisition effectuée cette semaine au domicile de l’ancien président américain Donald Trump en Floride, les agents du FBI ont saisi 11 séries de documents classifiés, dont certains étaient classés top secret, a déclaré vendredi le ministère de la Justice, tout en précisant qu’il avait une cause probable pour effectuer la perquisition en raison de possibles violations de l’Espionage Act.

    Ces révélations, qui font l’effet d’une bombe, ont été faites dans un mandat de perquisition approuvé par un magistrat américain et dans des documents d’accompagnement publiés quatre jours après que des agents ont perquisitionné la résidence de M. Trump à Mar-a-Lago, à Palm Beach. L’Espionage Act, l’une des trois lois citées dans la demande de mandat, date de 1917 et fait de la divulgation d’informations susceptibles de nuire à la sécurité nationale un crime.

    Trump, dans une déclaration sur sa plateforme de médias sociaux, a déclaré que les documents ont été « tous déclassifiés » et placés dans un « stockage sécurisé ».

    « Ils n’ont pas eu besoin de ‘saisir’ quoi que ce soit. Ils auraient pu l’avoir quand ils le voulaient sans faire de la politique et entrer par effraction à Mar-a-Lago », a déclaré l’homme d’affaires républicain devenu politicien.

    La perquisition a été effectuée dans le cadre d’une enquête fédérale visant à déterminer si M. Trump a illégalement retiré des documents lorsqu’il a quitté ses fonctions en janvier 2021 après avoir perdu l’élection présidentielle deux mois plus tôt face au démocrate Joe Biden.

    Bien que le FBI ait emporté lundi des documents étiquetés comme étant classifiés, les trois lois citées comme base du mandat font de la manipulation de documents gouvernementaux un crime, qu’ils soient classifiés ou non. Ainsi, les affirmations de M. Trump selon lesquelles il a déclassifié les documents n’auraient aucune incidence sur les violations légales potentielles en cause.

    Les agents du FBI ont pris plus de 30 éléments, dont plus de 20 boîtes, des classeurs de photos, une note manuscrite et l’octroi de la clémence à Roger Stone, allié de M. Trump et conseiller de longue date, selon une liste des éléments retirés. La liste comprend également des informations sur le « Président de la France ».

    Le mandat montre que les agents du FBI ont été invités à fouiller une pièce appelée « le bureau 45 » – Trump est le 45e président des États-Unis – ainsi que toutes les autres pièces et structures ou bâtiments du domaine utilisés par Trump ou son personnel où des boîtes ou des documents pourraient être stockés.

    Le ministère de la justice a déclaré dans la demande de mandat approuvée par le juge d’instance Bruce Reinhart qu’il avait des raisons probables de croire que des violations de la loi sur l’espionnage avaient eu lieu au domicile de M. Trump.

    Cette loi a été initialement promulguée pour lutter contre l’espionnage. Les poursuites engagées en vertu de cette loi étaient relativement rares jusqu’à ce que le ministère de la Justice y ait recours, tant sous la présidence de M. Trump que sous celle de son prédécesseur, Barack Obama, pour poursuivre les auteurs de fuites d’informations relatives à la sécurité nationale, notamment les fuites vers les médias.

    L’article de la loi cité comme base du mandat interdit la possession non autorisée d’informations relatives à la défense nationale. Il ne précise pas les raisons pour lesquelles les enquêteurs ont des raisons de penser qu’une telle violation a eu lieu.

    Ces dernières années, le ministère de la justice a utilisé la loi sur l’espionnage dans des affaires très médiatisées, notamment celles de l’ancien contractant de la National Security Agency Edward Snowden, de l’ancienne analyste du renseignement militaire Chelsea Manning et du fondateur de WikiLeaks Julian Assange.

    La demande fait également état d’une cause probable de violations possibles de deux autres lois qui rendent illégale la dissimulation ou la destruction de documents officiels américains.

    NIVEAUX DE CLASSIFICATION

    Il existe trois principaux niveaux de classification pour les documents gouvernementaux sensibles : Top secret, secret et confidentiel.

    Le « Top secret » est le niveau le plus élevé, réservé aux informations les plus secrètes concernant la sécurité nationale des États-Unis. Ces documents sont généralement conservés dans des installations gouvernementales spéciales car leur divulgation pourrait porter gravement atteinte à la sécurité nationale.

    Les agents du FBI ont collecté lundi quatre séries de documents top secret, trois séries de documents secrets et trois séries de documents confidentiels, a-t-il été révélé vendredi. Il a été révélé que les agents avaient collecté un ensemble de documents étiquetés « documents classifiés/TS/SCI », une référence aux documents top secrets et sensibles compartimentés.

    M. Trump n’a été accusé d’aucun acte répréhensible. Il n’a pas été précisé si des accusations seraient portées.

    UNE ESCALADE

    La perquisition de lundi a marqué une escalade significative dans l’une des nombreuses enquêtes fédérales et étatiques auxquelles il est confronté depuis qu’il est au pouvoir et dans les affaires privées, y compris une enquête distincte du ministère de la Justice sur une tentative ratée des alliés de Trump de renverser l’élection présidentielle de 2020 en soumettant de fausses listes d’électeurs.

    Mercredi, M. Trump a refusé de répondre aux questions lors d’une comparution devant le procureur général de l’État de New York dans le cadre d’une enquête civile sur les pratiques commerciales de sa famille, invoquant son droit constitutionnel de ne pas s’auto-incriminer.

    Le procureur général Merrick Garland a annoncé jeudi que le ministère avait demandé à Reinhart de desceller le mandat. Cette décision fait suite à l’affirmation de M. Trump selon laquelle la perquisition constitue une vengeance politique et à sa suggestion, sans preuve, que le FBI pourrait avoir placé des preuves contre lui.

    Les experts juridiques ont déclaré que l’affirmation de M. Trump selon laquelle il avait déclassifié les documents ne serait pas une défense utile s’il devait faire face à des accusations.

    « La loi n’exige même pas strictement que les informations soient classifiées tant qu’elles sont liées à la défense nationale », a déclaré Heidi Kitrosser, professeur de droit à l’université Northwestern, en référence à la loi sur l’espionnage.

    L’enquête sur le retrait des dossiers par Trump a débuté cette année après que la National Archives and Records Administration, une agence chargée de sauvegarder les dossiers présidentiels qui appartiennent au public, a saisi le ministère de la Justice.

    Les membres républicains de la commission du renseignement de la Chambre des représentants ont demandé vendredi à Garland et au directeur du FBI Chris Wray de publier l’affidavit qui sous-tend le mandat, affirmant que le public doit savoir.

    « Étant donné que de nombreuses autres options s’offraient à eux, nous sommes très préoccupés par la méthode utilisée pour la descente à Mar-a-Lago », a déclaré à la presse le représentant Michael Turner, principal républicain de la commission.

    Si l’affidavit reste scellé, « de nombreuses questions resteront sans réponse », a-t-il ajouté.

    La demande du ministère de la Justice de lever les scellés sur le mandat ne comprenait pas de demande de levée des scellés sur l’affidavit qui l’accompagnait, et l’équipe juridique de M. Trump n’a pas non plus présenté publiquement une telle requête.

    Depuis la perquisition de lundi, le ministère a fait l’objet de vives critiques et de menaces en ligne, que Garland a condamnées. Les partisans de M. Trump et certains républicains à Washington ont accusé les démocrates d’utiliser la bureaucratie fédérale pour le cibler, alors même qu’il envisage une nouvelle candidature à la présidence en 2024.

    Reuters

    #Donald_Trump #FBI #Documents_confidentiels #Espionnage

  • Israël dispose de 300 agents au Maroc pour espionner l’Algérie

    Israël dispose de 300 agents au Maroc pour espionner l’Algérie

    Maroc, Algérie, Israël, espionnage, G4S, Amos Yadlin,

    Pour les besoins de l’espionnage de l’Algérie, Israël dispose d’environ 300 espions au Maroc, a révélé cette semaine, l’ancien patron des services de renseignement militaires de l’Etat hébreux, le général Amos Yadlin à la 7e chaîne de télévision israélienne.

    Plusieurs marocains feraient même partie des espions israéliens en poste au Royaume, selon la même source.

    Leur mission principale est d’infiltrer les milieux politiques, économiques, culturels et sociaux du pays. Les agents israéliens basés au Maroc, sont également chargés d’espionner l’Algérie depuis le Royaume.

    Selon le général israélien, ces espions sont capables de déstabiliser un pays si le besoin s’en faisait ressentir, ou de provoquer des conflits tribaux ou confessionnels, l’objectif étant de maintenir ces pays

    ——————————

    Le général israélien Amous Yadlin révèle comment des agents du Mossad espionnent l’Algérie à partir du Maroc

    Les derniers aveux de l’ancien chef des renseignements militaires israéliens, le général Amous Yadlin, ont de quoi inquiéter. Non que ce général à la retraite, qui dirige actuellement l’Institut de cherche de la sécurité nationale, ait reconnu avoir pu placer ses agents d’infiltration et de manipulation dans 11 pays arabes, mais parce qu’il a pu recruter de nombreux «collaborateurs locaux» dans ces mêmes pays. Autrement dit, les «Semeurs de la terreur» du Mossad ont réussi à trouver suffisamment de «traîtres» pour mener à bien leurs opérations subversives aussi bien en Egypte qu’en Libye, en Tunisie, au Soudan, au Yémen, au Liban, en Syrie et en Irak. Le Mossad a également, comme le confirme Amous Yadlin sur la chaîne 7 de l’Etat hébreu, placé ses agents dans le royaume chérifien pour tenter d’atteindre l’Algérie, un pays qui lui reste inaccessible.

    Ce général israélien affirme que le Mossad dispose dans les pays sus-cités de plus de 3 000 mercenaires, lesquels ont joué, ajoute-t-il, un «rôle capital» dans la déstabilisation de la Tunisie, de la Libye et de l’Egypte, et dans ce qui se passe actuellement en Syrie. Sa présence renforcée au Maroc, près de 300 hommes (entre agents et collabos marocains), cible en premier lieu l’Algérie, bien que le général Yadlin a parlé seulement des actions passées, mais jamais d’«opérations ou projets» de ce service de renseignement connu pour ses coups perfides partout dans le monde. Mais jamais sans des complicités internes, soit au niveau de certains Etats quand ses actions sont dirigées contre un autre pays, soit en infiltrant le système politique et économique du pays qu’il veut abattre.

    La collaboration entre le Mossad et le Maroc ne date pas d’aujourd’hui. Des voix, notamment celles d’animateurs d’ONG marocaines, ont déjà dénoncé les facilitations accordées par le royaume à Israël afin qu’il installe ses agents par le biais de sociétés de sécurité privées et pouvoir ainsi mener des actions contre des pays de la région. L’Algérie, qui n’a jamais voulu normaliser ses relations avec l’Etat hébreu qui colonise toujours la Palestine, est en tête de ces pays. Parmi ces sociétés de sécurité, il y a «G4S» dont la mission principale est la constitution d’organisations terroristes à l’image du Mujao (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest). Officiellement une entreprise de droit privé, «G4S» agit en réalité pour le compte des services de renseignement israéliens.

    Bien entendu, le Maroc cache son jeu et continue à espérer, malgré tout, que l’Algérie rouvre ses frontières. Il n’hésite pourtant pas à rapprocher les positions de l’ennemi de notre sol. Heureusement que les services de sécurité algériens redoublent de vigilance… Car s’il y a bien actuellement un pays au Maghreb qui est ciblé par Israël, c’est bien l’Algérie.
    Sonia B.

    Algérie patriotique, 06/10/2013

    #Maroc #Algérie #Israël #Espionnage #G4S

  • Affaire Pegasus : La justice française enquête

    Maroc, France, espionnage, Pegasus, justice française,

    La justice française enquête sur l’espionnage par Pégase de 25 journalistes, dont un espagnol.
    Un tribunal d’instruction français a ouvert une procédure le 1er juillet à la demande du ministère public pour déterminer si un État était responsable de l’interception des téléphones d’Ignacio Cembrero et du reste des journalistes.

    Une chambre d’instruction française a ouvert une procédure sur l’espionnage de 25 journalistes, dont un Espagnol, par le programme Pegasus, après avoir accepté la plainte déposée le 1er juillet par le parquet français, selon l’Agence France-Presse (AFP).

    L’enquête sur ces événements a débuté le 20 juillet 2021 après que le parquet français a reçu une plainte déposée par Reporters sans frontières au nom de deux journalistes franco-marocains qui affirmaient que leurs téléphones avaient fait l’objet d’un espionnage présumé au moyen d’un logiciel fourni par la société israélienne NSO Group.

    Ces actions en justice ont ensuite été rejointes par 16 journalistes de sept pays, dont Ignacio Cembrero, rédacteur en chef d’El Confidencial. Deux autres reporters ont déposé d’autres plaintes, portant à 25 le nombre total de journalistes de dix pays, qui ne désignent pour l’instant aucun auteur connu.

    Trojans dans les terminaux
    Selon les informations recueillies par El Periódico de España, l’enquête judiciaire française a été ouverte pour déterminer s’il y a eu un accès frauduleux aux téléphones des journalistes, notamment pour déterminer si ces terminaux ont reçu des chevaux de Troie informatiques.

    Le ministère public considère qu’il existe des indices permettant de penser que les délits présumés d’organisation criminelle, d’interception de la correspondance numérique, d’obtention illégale d’informations informatiques privées et de vente de matériel pour réaliser l’interception de communications, entre autres, ont pu être commis. L’enquête française évoque la possibilité que cet accès frauduleux ait pu être réalisé par un État, sans désigner un État en particulier.

    Cependant, les journalistes eux-mêmes et d’autres experts ont évoqué la possibilité que le Maroc soit responsable des attaques de Pegasus, un pays qui a nié toute responsabilité dans ces événements. En effet, début juillet, les autorités marocaines ont dénoncé le journaliste espagnol Ignacio Cembrero, spécialiste de l’information sur le Maghreb, et victime d’espionnage.

    Consortium de journalistes
    La plainte a été déposée en Espagne après que M. Cembrero a donné son avis après avoir été interrogé par la presse sur l’enquête menée par un consortium de médias, dont « The Guardian », « Le Monde », « Süddeutsche Zeitung » et « The Washington Post », qui l’a identifié comme l’un des 180 journalistes qui auraient été espionnés par Pegasus. L’enquête révèle également qu’en plus des reporters, environ 600 hommes politiques, 85 militants des droits de l’homme et 65 cadres d’entreprises ont été pris pour cible.

    Cependant, aucun État suspect n’a été identifié dans les enquêtes ouvertes par la France ou dans les investigations menées par le magistrat José Luis Calama à l’Audiencia Nacional sur l’espionnage contre le président Pedro Sánchez et les ministres de la défense, Margarita Robles et de l’intérieur, Fernando Grande-Marlaska.

    L’Association de la presse de Madrid a publié une déclaration le 22 juillet dans laquelle elle a souligné que, selon le plaignant, Reporters sans frontières, les actions en justice menées en France dans le cadre de l’espionnage de journalistes sont « la seule possibilité qui existe pour que les responsables soient identifiés, inculpés et condamnés ».

    La provincia, 02/08/2022

    #Maroc #France #Espionnage #Pegasus #Journalistes


  • Logiciels espions : Le vrai visage de l’Union Européenne

    Union Européenne, UE, Maroc, Migration, espionnage, Pegasus, Disclose, Der Spîegel,

    Le scandale concernant la surveillance par le Maroc de militants, figures politiques et journalistes de nombreux pays via le logiciel Pegasus n’a pas encore connu son épilogue, qu’un autre scandale de même acabit vient d’éclater et d’être révélé au grand jour par le site d’investigation français «Disclose » et le journal allemand « Der Spiegel ».

    Selon ces deux médias, l’Union européenne a fourni au royaume marocain deux puissants logiciels espions capables de déverrouiller tous types de Smartphones et d’y extraire toutes les informations qui y sont stockées. Si officiellement la livraison au Maroc de ces deux systèmes de surveillance numérique financés sur le budget du « programme de gestion des frontières pour la région Maghreb » de l’UE, a pour finalité de lutter contre l’immigration irrégulière et le trafic d’êtres humains aux portes de l’Union européenne, on sait qu’il n’existe aucune garantie que ce matériel soit exclusivement utilisé dans la vocation à laquelle il est destinée officiellement.

    Le précédent du système Pegasus qui a été employé massivement par les services de sécurité marocains afin d’espionner des journalistes, des défenseurs des droits humains au Maroc et des responsables politiques algériens, français, espagnols et autres, comme l’a révélé en 2021 le consortium de journalistes Forbidden Stories, est suffisant pour comprendre le véritable usage que fait le Maroc de ces technologies de surveillance.

    Le Maroc, comme le démontre si bien la tragédie de Méllila, n’a cure du contrôle des migrants et du trafic d’êtres humains. Son unique souci est d’espionner les journalistes, les avocats, les chefs d’entreprises, les militants des droits humains marocains et des responsables politiques et militaires de nombreux pays.

    Si on ne peut pas s’étonner qu’Israël ait livré au Maroc le logiciel Pégasus, du fait de la nature du régime sioniste qui ignore royalement le droit international et qui viole quotidiennement les droits humains, que dire du vieux continent pourtant tatillon sur la question des droits de l’homme et du respect de la vie privée.

    Ce nouveau scandale qu’on va tenter de noyer avec des justifications liées à l’immigration clandestine, épingle, et en grand format, l’Union européenne et montre qu’elle a une vision alambiquée sur le respect des droits humains.

    L’Union européenne perd de plus en plus son Nord en s’engageant dans des entreprises en totale contradiction avec ses principes. Aider un État quel qu’il soit à espionner sa population et des responsables politiques d’autres pays est une insulte aux principes qui ont fondé l’Europe et une violation flagrante au droit international. Mais, c’est connu, comme pour le cas Pegasus, ce scandale va rapidement être étouffé.

    L’Express, 30/07/2022

    #Maroc #Union_européenne #UE #Espionnage #Pegasus #Disclose #DerSpiegel