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  • Macron a une opportunité historique de régler des dossiers sensibles avec l’Algérie

    Macron a une opportunité historique de régler des dossiers sensibles avec l’Algérie

    Macron a une opportunité historique de régler des dossiers sensibles avec l’Algérie – Mémoire, essais nucléaires, Guerre d’Algérie

    Mohamed Meslem

    Le président français Emmanuel Macron a remporté le second tour des élections présidentielles françaises, en battant sa rivale d’extrême droite, Marine Le Pen, par une marge confortable, réalisant un deuxième mandat, en tant que deuxième président à réaliser cet exploit depuis l’ancien président Jacques Chirac en 2002.
    Macron a remporté une nette victoire sur son adversaire d’extrême droite avec 58 % du total des suffrages exprimés, pour la deuxième fois consécutive, contre environ 42 % pour son rival, le candidat du « Parti républicain », sachant que les deux candidats s’étaient déjà affrontés il y a cinq ans, et Le Pen a perdu la course.
    Le second mandat est le dernier pour Macron à l’Elysée, selon les exigences de la loi électorale française, ce qui signifie que l’ancien cadre de la « Banque Rothschild » s’est davantage affranchi des contraintes des comptes pour préserver son avenir politique, qui en 2027 deviendra son successeur.

    Depuis que le détenu de l’Elysée a annoncé sa candidature à un second mandat, aucune déclaration n’a été publiée par la partie algérienne exprimant son intention de soutenir l’un des candidats. L’Algérie s’est plutôt distanciée de se présenter aux élections avant le premier tour, et cela s’est manifesté par ses réserves à recevoir le Premier ministre français, Jean Castex, pour ne compter sur aucun des candidats à l’Elysée, mais sur les résultats des première étape de la course a décidé, bien qu’implicitement, la position algérienne, en faisant obstacle au candidat d’extrême droite, dans l’intérêt de Macron.

    Cette position a été démontrée par l’appel du doyen de la mosquée de Paris, Shams El-Din Hafeez, à ne pas rester neutre et à voter en faveur de Macron, un appel qui n’est pas sorti de nulle part puisqu’il a été annoncé deux jours seulement après la visite du ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, en Algérie, ainsi qu’un autre indice, qui est que la Mosquée de Paris est affiliée à l’Algérie dans le financement et dans la nomination de son doyen, ce qui responsabilise ses positions d’une manière ou d’une autre à l’Etat algérien.

    Après que Macron a remporté le second mandat, la question sur les lèvres de beaucoup en Algérie est devenue : le président réélu osera-t-il prendre des mesures audacieuses et ouvrir des dossiers sensibles qu’il n’a pas pu ouvrir lors du premier mandat, concernant des questions qui concernent l’Algérie ? ? Ou va-t-il continuer son slogan pour les cinq prochaines années ?
    L’ancien diplomate, Mustapha Zaghlache, estime que la continuité sera le mot d’ordre du président réélu dans son second mandat : ​​« Macron est connu pour avoir été soutenu par certains milieux financiers lors des élections de 2017 comme lors des dernières élections. Je pense qu’il a une marge de manœuvre régie par les lignes tracées par ces cercles pour lui.

    Quant aux relations algéro-françaises, Zaghlache a déclaré, dans une déclaration à Echorouk, que les relations bilatérales sont régies par la continuité en vertu des liens historiques, sociaux, économiques et commerciaux. L’Algérie ne peut pas abandonner ces relations, ni Paris ne peut ignorer ces liens.
    S’agissant de la question de la mémoire, ajoute l’oratrice, il est possible de revenir sur le rapport préparé par l’historien Benjamin Stora, à la demande de la présidence française, alors qu’il parle de résoudre progressivement les arcanes de cet épineux dossier.

    Zaghlache dit : « Je pense que la partie algérienne est consciente de la sensibilité du dossier de la mémoire ramifiée à d’autres dossiers, à savoir les archives, les restes des martyrs et les répercussions des explosions nucléaires… Cependant, la réélection de Macron contribuer à avancer sur cette voie, ce qui est dans l’intérêt de la stabilité des relations bilatérales qui étaient fortement tendues.

    Malgré cela, l’ancien diplomate ne voit pas beaucoup d’avancées dans le domaine de la mémoire, car les positions françaises sur ce dossier ne peuvent franchir certaines lignes, quel que soit le parcours du nouveau président, qu’il soit de gauche, de droite ou d’une autre sensibilité politique.

    Macron, dit Zaghlache, est condamné à travailler pour son parti « La France en avant » pour obtenir une nouvelle victoire aux élections législatives de juin prochain, afin qu’il puisse travailler avec un grand confort loin des pressions de l’extrême droite, et cela nécessite de prendre des positions. qui préservent ses intérêts politiques.

    Une autre question qui reste sujette à anticipation dans la position française est la question sahraouie, et ici l’ancien diplomate s’attend à ce que la continuité prévale, mais l’Algérie insiste pour que la position française soit favorable à la légitimité internationale représentée dans l’autodétermination du peuple sahraoui, dans la réunions du Conseil de sécurité de l’ONU, et contribuer à la décolonisation du territoire pour ne pas perdre la face avec un pays de la taille de l’Algérie.

    Echourouk Online, 26/04/2022

    #Algérie #France #Mémoire #Guerredalgérie #Essais_nucléaires



  • France: Harkis indemnisés, victimes de Reggané ignorés

    Tags : Algérie, France, harkis, Reggane, essais nucléaires,

    Les autorités françaises ont alloué 302 millions d’euros pour indemniser et honorer les Harkis, les épouses et les enfants des défunts, dans une opération qui touchera 50 000 personnes, alors que les familles des victimes des essais nucléaires dans le désert algérien attendent une décision équitable depuis 2010, et qu’un seul dossier d’indemnisation a été approuvé.

    Dans ce contexte, le projet de loi portant reconnaissance de la nation française envers les Harkis, leurs familles et les déportés d’Algérie, présenté par le Premier ministre John Castex, Florence Parly, ministre des Armées, et Genoviave Dariusac, ministre déléguée auprès du ministère des Armées, chargée de la mémoire et des anciens combattants, a revu un exemplaire d’ »Al-Shorouk ». Dont, que les autorités ont alloué un budget de 302 millions d’euros (4,832 milliards de centimes) à titre d’indemnisation des Harkis, de leurs enfants et des épouses des défunts.

    Le document, qui a été déposé au niveau de l’Assemblée nationale française (Parlement) le 3 novembre 2021, indique le format de la procédure d’urgence, mais les estimations pour juillet 2021 concernant le nombre de Harkis déportés ou les épouses des défunts sont estimées à 7000 personnes, ce qui signifie que 7000 entre les Harkis ou leurs veuves. Le même document estime le coût financier de ce qu’il appelle la reconnaissance des Harkis par la France à environ 56 millions d’euros (90 milliards de DZD).

    Le nombre d’enfants de Harkis nés en Algérie avant les déportations consécutives à l’accord de cessez-le-feu du 19 mars 1962 et l’indépendance plus tard en juillet 1962 atteint 18.000 personnes, et le coût financier de leur compensation financière est de 126 millions d’euros (200 milliards de DZD).

    Les enfants des Harkis sont nés dans les structures d’hébergement et de transit qui leur ont été attribuées en France après l’indépendance de l’Algérie. Leur nombre, au 20 juillet 2021, atteint 10 000 personnes, alors que le coût financier de l’indemnisation de la reconnaissance s’élève à 90 millions d’euros (144 milliards de DZD).

    Le nombre de Harkis, de leurs épouses et de leurs enfants ayant séjourné moins de 90 jours dans les centres d’hébergement et de transit que la France a désignés pour les accueillir après l’indépendance de l’Algérie s’élève à 15 000 personnes, et le coût financier de leur indemnisation à 30 millions d’euros (480 milliards de DZD).

    Ces mesures françaises urgentes en faveur des traîtres de la révolution de libération, soulèvent des questions et des interrogations sur la politique de deux poids deux mesures des autorités françaises, en termes d’approbation de la reconnaissance en faveur des Harkis et de leurs familles, entraînant une compensation financière estimée à 302 millions d’euros.

    En revanche, les dossiers d’indemnisation des victimes des essais nucléaires français dans le désert algérien sont restés enfermés dans les tiroirs, et un seul dossier a été indemnisé depuis l’adoption de la loi en 2010, et les déchets des essais sont restés sans nettoyage et provoquent toujours, selon les experts, des maladies et des défigurations pour les habitants de ces zones.

    Echourouk Online, 07/11/2021

  • Macron s’est excusé aux Harkis, mais pas aux algériens

    Algérie, France, Emmanuel Macron, Mémoire, Colonialisme, essais nucléaires, torture, massacres, #Algérie, #Macron,

    L’historien Ouddène Boughouflala : « Il faut en finir avec le néocolonialisme masqué»

    Entre Alger et Paris, le  poids de l’histoire demeure toujours présent, alors que pour une certaine classe politique française de gauche ou de droite, la nostalgie de l’Algérie française continue d’animer les ambitions politiques à l’approche des élections. L’historien Ouddène Boughoufala ne cache pas son exacerbation face aux surenchères politiciennes de la France. «Paris a toujours cette nostalgie d’un passé colonial qui l’empêche de saisir le fait que l’Algérie de 2021 n’est ni celle de 1830 ni celle de 1962», assène-t-il.Le chercheur au Laboratoire des études historiques et archéologiques d’Afrique du Nord est des plus explicites  : «Si la France veut établir des relations politiques solides avec l’Algérie, elle doit de prime abord revoir sa présence en Algérie comme pays colonisateur, qui a commis les crimes les plus odieux et barbares.» Ensuite, «comprendre le fait que la diplomatie passe également par l’histoire», poursuit-il, avant de préciser que «l’acharnement de la France de Macron s’explique par des facteurs internes liés à l’approche de l’élection présidentielle et la tentative de gagner l’adhésion de l’électorat de l’extrême droite».

    Le chercheur explique, dans le même sillage, que la pression exercée par l’Algérie concernant la question de la mémoire et de la reconnaissance des crimes coloniaux«n’a pas réjoui apparemment les apôtres du néocolonialisme en France». Boughoufala rappelle que «Macron a présenté les excuses de la France aux harkis et non pas aux Algériens victimes de la barbarie des léopards français, ni les victimes de la torture et ni celles des essais nucléaires». Une attitude que l’historien n’hésite pas à qualifier de «pernicieuse qui illustre parfaitement le complexe des acteurs politiques français et leur nostalgie coloniale». En référence aux déclarations du chef de l’Etat, le chercheur fait savoir que «le dossier de la mémoire continue de miner les relations entre les deux pays», en raison, dit-il,«des lobbies exerçant leur influence sur la sphère politique à Paris».

    Le Pr. El Houcine Hammache, spécialiste en psychologie sociale : «Le message de Tebboune a été clair»

    Le spécialiste en psychologie sociale, le Pr El Houcine Hammache, a relevé que, dans son message à l’occasion de la Journée nationale de l’émigration, le président de la République n’a pas fait dans le politiquement correct, dans le sens où il a affirmé que l’Algérie est un état souverain. «Les déclarations du chef de l’Etat ont un effet immédiat à l’encontre d’une impulsivité politique d’un Macron à la recherche d’un électorat supplémentaire.

    Le Pr. Hammache affirme que par son «intransigeance», le président français rappelle aux Français que l’Algérie possède des arguments valables qui fortifient ses positions» et surtout, poursuitil,«son exigence de la réouverture de tous les dossiers concernant la barbarie coloniale». Pour le chercheur, les déclarations du chef de l’Etat sont claires dans le sens où il refuse de faire des concessions et exige la reconnaissance par la France de ses crimes de guerre, qui ont débuté avec le début de leur colonialisme, soit de 1830 à 1962.

    «Le président de la République a réagi tout simplement aux déclarations du président français, en démontrant que nous avons beaucoup d’arguments qui sont justes et valables sur les plans politique, social et psychologique. L’Algérie n’a pas bénéficié de ses droits comme nation victime d’une longue nuit de colonialisme», ajoute-t-il. En effet, le dossier de la mémoire hante les esprits des néocolonialistes français dans leur quête d’un passé qu’ils estiment glorieux, mais qui n’était au final qu’un épisode de terrorisme civilisationnel.

    Samira Azzegag

    Horizons, 18/10/2021

  • Algérie-France/Sahara: les chiens aboient et le nucléaire passe

    Algérie-France/Sahara: les chiens aboient et le nucléaire passe

    Algérie, France, Reggane, essais nucléaires, #Algérie,

    La France de Macron ne semble plutôt pas pressée de livrer aux autorités algériennes les cartes des essais nucléaires du Sahara durant la période coloniale en Algérie. Malgré tous les effets néfastes sur les personnes et l’environnement et bien que ce fût une revendication claire d’Alger, l’ancien colon qui souhaitait normaliser les relations avec la remise des fameux crânes de combattants algériens ne semble pas mesurer l’importance de ce problème en cette proche fin d’année 2021.

    À défaut de se repentir, ce qui n’a jamais été l’exigence des Algériens, mais un mantra électoraliste de la droite française, la France a préféré “reconnaître des massacres” dans une certaine mesure. Une frilosité qui laisse Alger de marbre signifiant à Paris qu’elle regardait ailleurs depuis longtemps tournant ainsi la page historiquement et psychologiquement.

    En effet, Alger n’attend pas de compensations financières et n’a pas l’intention d’arracher des excuses non consenties. Un soulagement pour l’ancien empire colonial qui voyait déjà les plaignants de Haïti à Bamako faire la queue devant le quai d’Orsay pour des dédommagements financiers.

    Mais si Alger regarde ailleurs, alors le partenariat si cher au défunt président Chirac n’aura pas lieu. La Russie et la Chine renforceront leur présence en Afrique avec comme partenaire central l’ancienne colonie française. La diplomatie algérienne active désormais entre l’est et l’ouest et exporte la paix chez son voisin malien ainsi que la stabilité en Tunisie, Libye, Ethiopie, Egypte…

    Une erreur de vision majeure de la France qui n’a pas su et pu gérer la relation avec ses anciennes colonies en dehors du format françafricain. Un format rejeté en bloc en Afrique du Nord en général. Un Commonwealth à la Britannique aurait été plus judicieux, mais pour y arriver la contrition et les dédommagement s’imposent.

    Mieux encore les Américains promettent un partenariat étendu pour éviter que l’Algérie ne tombe dans les pièges de la route de la soie nous dit-on. Fier et peu courageux le coq français lui s’affaire à picorer çà et là sans vraiment se rendre compte qu’il ne se trouve plus dans sa basse-cour, mais dans une jungle où les prédateurs ont de longues dents.

    Au lieu de forcer l’admiration qui la grandirait aux yeux du monde en remettant la carte qui localise précisément les endroits des essais nucléaires et de l’enfouissement sauvage des déchets radioactifs. Ne proposant pas d’apporter une assistance technique ainsi que d’assainissement. La France continue ses atermoiements en soufflant le chaud et le froid comme en Polynésie où elle “consent” à des dédommagements pour des essais similaires.

    L’esprit de conquête anime encore le monde occidental plus que jamais et celui-ci ne présage rien de bon avec l’ascension de la Chine. Un en perte d’influence économiquement et militairement. Une confrontation inévitable avec la Russie et la Chine, sonne-t-elle le glas d’une troisième guerre mondiale instiguée par un oncle Sam aux abois ? L’avenir nous le dira.

    Aldjazair, 10/09/2021

  • Essais nucléaires: Macron reconnait «la dette» de la France à l’égard de la Polynésie

    Reconnaissant que ce dossier sensible affectait «la confiance» entre Papeete et Paris, le Président Macron a annoncé que les victimes de ces essais, dont certains souffrent de cancer, devaient être mieux indemnisées.

    Emmanuel Macron a affirmé le 27 juillet a Papeete que la France avait «une dette» a l’égard la Polynésie française pour avoir réalisé près de 200 essais nucléaires dans le Pacifique pendant 30 ans, jusqu’en 1996.

    «J’assume et je veux la vérité et la transparence avec vous», a affirmé le chef de l’Etat en s’adressant aux responsables polynésiens au dernier jour de sa première visite dans l’immense archipel.

    Reconnaissant que ce dossier sensible affectait «la confiance» entre Papeete et Paris, il a notamment annoncé que les victimes de ces essais, dont certains souffrent de cancer, devaient être mieux indemnisées.

    «La nation a une dette a l’égard de la Polynésie française. Cette dette est le fait d’avoir abrité ces essais, en particulier ceux entre 1966 et 1974, dont on ne peut absolument pas dire qu’ils étaient propres», a-t-il déclaré, applaudi par l’assistance.

    Après avoir mené 17 essais nucléaires au Sahara, la France avait transféré en 1966 son champ de tir en Polynésie française, sur les atolls de Mururoa et Fangataufa, où elle procéda en 30 ans a 193 nouveaux essais, d’abord atmosphériques, puis souterrains. Le dernier a eu lieu le 27 janvier 1996 après la décision du Président Jacques Chirac de reprendre les tirs malgré le moratoire décidé trois ans plus tôt par son prédécesseur, François Mitterrand.

    «Je veux vous dire clairement que les militaires qui les ont faits ne vous ont pas menti. Ils ont pris les mêmes risques», a estimé Emmanuel Macron.

    Mais, a-t-il ajouté, «je pense que c’est vrai qu’on n’aurait pas fait ces mêmes essais dans la Creuse ou en Bretagne. On l’a fait ici parce que c’était plus loin, parce que c’était perdu au milieu du Pacifique».

    Il a cependant déclaré «assumer pleinement» et défendu le choix fait par le général de Gaulle puis poursuivi par ses successeurs de doter la France de l’arme nucléaire, notamment pour protéger la Polynésie française.

    Dans son discours, le Président n’a pas prononcé le mot de «pardon» qui était réclamé par des associations de victimes ou le chef indépendantiste Oscar Temaru, a l’initiative d’une manifestation ayant réuni plusieurs milliers de personnes dans les rues de Papeete le 18 juillet. «Il n’y a aucune avancée dans ce discours, que de la démagogie (…) Les mensonges d’Etat continuent», a regretté le père Auguste Uebe-Carlson, président de l’association 193, sur la chaîne Polynésie 1ere

    Mais le président de la Polynésie, l’autonomiste Edouard Fritsch, s’est félicité qu’Emmanuel Macron veuille «enfin que la vérité soit mise sur la table» après «25 ans de silence».

    Emmanuel Macron décoré de nombreux colliers de fleurs et de coquillages a son arrivée sur l’atoll de Manihi en Polynésie française

    «Il y a plein de filles ici!»: un Polynésien taquine Macron, venu dans le Pacifique sans son épouse

    Sur la question sensible des indemnisations, Emmanuel Macron a annoncé une amélioration du traitement des dossiers alors que le nombre de personnes indemnisées pour avoir contracté des maladies radio-induites reste «particulièrement faible», selon le ministre des outre-mer Sébastien Lecornu.

    Echourouk online, 28/07/2021

    Etiquettes : France, Polynésie, essais nucléaires, colonisation,

  • France-Algérie: Le Sénat français verrouille les archives

    ESSAIS NUCLÉAIRES DANS LE SUD ALGÉRIEN : Le Sénat français verrouille les archives

    Ainsi, cette fin du mois de juin aura été une confirmation des appréhensions des Algériens, mais aussi celles des historiens, des spécialistes et des universitaires, qui butent sur la récente loi adoptée par le sénat français, laquelle, cousue sur mesure, impose un nouveau blocus à l’accès aux archives militaires, notamment celles se rapportant aux essais nucléaires français opérés dans le sud algérien entre 1960 et 1966. Pourtant, le président Macron en a décidé autrement …

    En effet, le 9 mars dernier, lorsque l’Elysée avait annoncé la décision de déclassifier les archives coloniales « secret défense » de plus de 50 ans concernant la Guerre de libération nationale, comme recommandation contenue dans le rapport Stora, l’opinion publique nationale était réticente à l’idée de croire à une bonne volonté allant réellement dans le sens d’apaiser la mémoire algéro-française. Pour preuve, le Sénat français a récemment introduit un amendement dans le projet loi relatif à la Prévention des actes terroristes et au renseignement (PATR) qui remet en cause la décision du président Macron, laquelle prévoyait la levée de l’embargo sur les archives classées « secret défense » jusqu’à l’année 70.

    Et dire que l’Algérie s’est attelée à un travail de fourmi concernant les sites des essais nucléaires français, à Reggane et In Ecker, qu’il est question de nettoyer des effets radioactifs et de réhabiliter en conséquence. Pour preuve, la mise en place de l’Agence nationale de réhabilitation des anciens sites d’essais et d’explosions nucléaires français dans le Sud algérien, en vigueur depuis juin dernier. Début juin, le président Tebboune avait affirmé au magazine Le Point que l’Algérie a demandé à la France de venir nettoyer les sites des essais nucléaires, estimant que l’opération était « en bonne voie ».

    Adopté le 30 juin dernier par une majorité du Sénat acquise au parti Les Républicains, dont l’hostilité à l’égard de l’Algérie n’est plus à démontrer, cet amendement de la loi, introduit sous l’article 19, établit « quatre nouvelles catégories pour lesquelles il n’est pas possible de fixer par avance un délai au-delà duquel toute sensibilité aurait disparu ». Ceci se rapporte notamment aux archives de l’armée coloniale française. Quant aux dites catégories, elles concernent les documents relatifs à certaines infrastructures militaires ou civiles.

    Plus précisément « la diffusion des plans, tant qu’ils sont en service, affecterait significativement la sécurité nationale ; ceux sur l’emploi des matériels de guerre, jusqu’à la fin de leur usage ; ceux concernant les procédures opérationnelles et les capacités techniques des services de renseignement, tant qu’elles sont en vigueur, et ceux sur la mise en œuvre et les moyens de la dissuasion nucléaire », pouvait-on lire dans le texte qui a suscité une levée de boucliers parmi les chercheurs et historiens, soucieux de lever le voile sur la vérité de ce que la France appelle la Guerre d’Algérie.
    À commencer par les essais nucléaires français opérés dans le sud algérien entre 60 et 66 dont les dommages causés sur les vies humaines et l’environnement sont visibles plus de 55 ans après.


    C’est dire toute l’influence des lobbies anti-Algériens qui semblent avoir le bras long dans le Palais du Luxembourg pour faire tomber dans l’eau une décision qui aurait un tant soit peu ouvert les perspectives d’un apaisement qui a, au demeurant, long cours entre les deux pays.
    Farid Guellil

    Le Courrier d’Algérie, 14/07/2021

    Etiquettes : Algérie, France, essais nucléaires, archives, mémoire, Reggane,

  • Dossiers de la mémoire: Beaucoup reste à faire

    par Abed Chérifi

    La célébration du 59ème anniversaire du recouvrement de l’indépendance nationale, une autre occasion de mettre au-devant de la scène le dossier épineux de la mémoire et la relation avec l’ex-puissance coloniale. Le ministre des Moudjahidine et des Ayants droit, Tayeb Zitouni, a affirmé, dans un entretien accordé à l’agence APS, que les relations algéro-françaises avaient connu, ces derniers temps, «un progrès remarquable» en termes de suivi des dossiers de la mémoire. Tayeb Zitouni a également indiqué que la question de la mémoire, «de tout temps au centre des discussions entre l’Algérie et la France, est traitée avec sérieux et pondération loin des reliquats du colonialisme». «Ces dossiers doivent être traités dans le cadre d’un dialogue d’Etat avec Etat loin des personnes, des groupes et des autre cercles influents», ce qui exige, a-t-il dit, «une véritable lecture objective de l’Histoire sous tous ses volets».

    Le ministre des Moudjahidine a estimé que le dossier Mémoire «étant une démarche permanente ne saurait être divisé en étapes ou haltes de la période de la colonisation française de l’Algérie qui s’étale de 1830 jusqu’au 5 juillet 1962», a-t-il souligné. «Une période marquée par des crimes imprescriptibles et dont les effets de certains subsistent à ce jour à l’instar des explosions nucléaires dans notre Sud et le dossier des disparus ainsi que les stigmates des lignes de Challe et Morice, les mines et les victimes du napalm, et autres crimes», a encore rappelé le ministre, ajoutant qu’à ces crimes «s’ajoutent la question des déportés de la Calédonie et Guyane et autres colonies françaises en sus des lois iniques promulguées par le colonisateur français pour confisquer les biens des Algériens (terres et biens immobiliers) pour les redonner aux colons outre l’argent, les biens et les documents historiques précieux volés de l’Algérie, a détaillé Tayeb Zitouni.

    Ce dernier a assuré que les efforts se poursuivent «pour insuffler un élan aux relations bilatérales entre l’Algérie et la France basées sur des fondements garantissant l’intérêt commun et le respect de la spécificité et la souveraineté des deux pays». «Les dossiers liés à la mémoire sont toujours au cœur des pourparlers entre l’Algérie et la France dans le cadre du Comité intergouvernemental de haut niveau algéro-français (CIHN), des commissions ad hoc et les groupes conjoints regroupant plusieurs secteurs ministériels œuvrent constamment dans une optique globale sur les dossiers de la récupération des archives ainsi que la poursuite de la restitution des crânes de nos chouhada et notre patrimoine gardé en France outre le dossier d’indemnisation des victimes des explosions nucléaires au désert et sa dépollution des déchets nucléaires en sus du dossier des disparus de la révolution nationale», a-t-il indiqué.

    Quant aux dossiers des archives nationales et des disparus, Tayeb Zitouni a indiqué qu’ils «n’ont pas connu d’évolution, ce qui requiert de la partie française de s’engager et de répondre à la demande de l’Algérie, en lui permettant de récupérer ses archives nationales et de fournir les informations suffisantes relatives aux disparus algériens et aux lieux où ils se trouvent». Il a également rappelé que les services de son secteur, en coordination avec plusieurs départements ministériels chargés de ce dossier, «ont entamé un examen approfondi de tout ce qui est disponible comme données à ce propos», sachant «qu’il a été procédé au recensement de plus de 2.000 martyrs disparus, dont le lieu de leur enterrement n’est pas connu».

    Déchets nucléaires : la France refuse de remettre les cartes topographiques

    Au sujet des explosions nucléaires dans le Sahara algérien, le ministre des Moudjahidine a affirmé que la partie française «refuse de remettre les cartes topographiques qui permettent de déterminer les lieux d’enfouissement des déchets polluants, radioactifs ou chimiques non découverts à ce jour», a-t-il déclaré. «La partie française n’a mené techniquement aucune initiative en vue de dépolluer les sites et la France n’a fait aucun acte humanitaire en vue de dédommager les victimes», a encore indiqué le ministre, ajoutant que ce dossier est «le plus sensible de ceux de la mémoire qui font l’objet de consultations au sein des commissions compétentes, ce qui nécessite des mesures pratiques urgentes et un règlement et un débat autour de ce dossier en toute objectivité». Avec la parution du décret exécutif portant création de l’Agence de réhabilitation des anciens sites d’essais nucléaires et d’explosions nucléaires français dans le Sud algérien, ajoute Tayeb Zitouni, l’Algérie «aura renouvelé son engagement permanent en matière d’interdiction des armes nucléaires, en tant qu’acteur actif sur la scène diplomatique internationale, ainsi que ses efforts visant à empêcher la prolifération des armes nucléaires dans le monde».

    S’agissant de l’indemnisation des victimes d’explosions nucléaires, le même responsable a précisé que les conditions «rédhibitoires prévues dans la loi Morin du 5 juillet 2010 n’avaient permis aux Algériens de bénéficier d’aucune indemnisation jusqu’à ce jour, malgré le fait que ces essais nucléaires français constituent une catastrophe environnementale et humanitaire qui, après 55 ans, causent des maladies cancéreuses et des malformations physiques», a-t-il souligné. Le ministre a enfin réaffirmé que les autorités françaises «insistent encore sur le fait de traiter le dossier des essais nucléaires dans le plus grand secret, en dépit des nombreuses tentatives de juristes et d’associations de victimes des essais nucléaires français en Algérie, qui ont œuvré à ouvrir l’archive, propriété des deux pays, au moins pour déterminer les sites et le champ d’essais».

    Le Quotidien d’Oran, 05/07/2021

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  • Le long héritage des essais nucléaires français en Algérie

    Les habitants veulent au moins savoir où la France a enterré ses déchets nucléaires.

    Abdelkrim Touhami était encore un adolescent lorsque, le 1er mai 1962, les autorités françaises en Algérie lui ont demandé, ainsi qu’à ses voisins, de quitter leur maison dans la ville de Tamanrasset, dans le sud du pays. Il s’agissait d’une simple précaution. La France est sur le point de faire exploser une bombe atomique, appelée Béryl, dans le désert, à quelque 150 km de là. L’explosion sera contenue sous terre. Deux ministres français sont présents pour assister à l’essai.

    Mais les choses ne se passent pas comme prévu. Le puits souterrain du site de l’explosion n’est pas correctement scellé. La montagne qui surplombe le site s’est fissurée et de la fumée noire s’est répandue partout, raconte M. Touhami. Les ministres (et tous ceux qui se trouvaient à proximité) se sont mis à courir en voyant les particules radioactives s’échapper dans l’air. Néanmoins, dans les mois et les années qui ont suivi, les habitants se rendaient dans la région pour récupérer la ferraille de l’explosion afin de l’utiliser dans leurs maisons.

    La France a effectué 17 essais nucléaires en Algérie entre 1960 et 1966. Nombre d’entre eux ont eu lieu après l’indépendance de l’Algérie vis-à-vis de la France en 1962, en vertu d’un accord entre les deux pays. Il n’existe pas de données fiables sur les effets des explosions sur la santé publique et l’environnement, mais les habitants notent que certaines personnes vivant près des sites d’essai ont souffert de cancers et de malformations congénitales généralement causés par les radiations. Selon les militants, les sites sont toujours contaminés.

    Ils affirment également que les Français n’ont pas partagé les informations. En 2011, M. Touhami a fondé Taourirt, un groupe chargé d’identifier l’emplacement des déchets nucléaires laissés par la France. Tout ce qui existe dans le domaine public est un inventaire des matériaux contaminés enterrés quelque part dans le désert. (Les sites d’essai connus sont mal sécurisés par le gouvernement algérien). D’autres personnes font pression sur la France pour qu’elle nettoie les sites et indemnise les victimes. Des progrès ont été réalisés dans ce sens, mais pas suffisamment, selon les militants.

    En 2010, le Parlement français a adopté la loi Morin, qui vise à indemniser les personnes souffrant de problèmes de santé résultant de l’exposition aux essais nucléaires. (La France a également effectué près de 200 essais en Polynésie française). Mais la loi ne concerne que certaines maladies et exige que les demandeurs prouvent qu’ils vivaient à proximité des essais lorsqu’ils ont eu lieu. C’est déjà difficile pour les Algériens qui ont travaillé pour les forces armées françaises : peu d’entre eux avaient des contrats officiels. C’est presque impossible pour tous les autres. Seule une petite partie des demandes déposées proviennent d’Algérie.

    En mai, des responsables français et algériens, membres d’un groupe de travail créé en 2008, se sont réunis à Paris pour discuter du nettoyage des sites d’essai. Ces discussions ont donné peu de résultats. Mais plus tôt cette année, Emmanuel Macron, le président français, a décidé de lancer une commission « Mémoire et vérité » sur le rôle de son pays en Algérie. Benjamin Stora, l’historien qui la dirigera, souhaite se pencher sur les essais nucléaires et leurs conséquences.

    En Algérie, la question nucléaire a été éclipsée ces dernières années par les inquiétudes suscitées par la fracturation hydraulique, ou « fracking », pour extraire le gaz emprisonné dans les roches imperméables du Sahara. Certains habitants craignent que cette technique n’affecte leur santé (bien que les données recueillies aux États-Unis, où elle est largement répandue, indiquent qu’elle est raisonnablement sûre). D’autres craignent que cela n’endommage l’environnement, ou s’opposent à l’implication des étrangers, ou au manque de transparence de leur propre gouvernement. De grandes manifestations ont eu lieu. De nombreux habitants du Sahara ont le sentiment d’être encore traités comme des cobayes, dit M. Touhami. ■

    The Economist, 24 juin 2021

    Etiquettes : Algérie, France, essais nucléaires, contamination,

  • Algérie : Le  » Hirak  » a choisi la voie de la raison (Tebboune)

    Dans une interview avec le magazine français  » Le Point  » : Le  » Hirak  » a choisi la voie de la raison en se rendant aux élections présidentielles

    Par : Med Wali

    Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a accordé un long entretien au magazine français  » Le Point « , au cours duquel, le chef de l’Etat a abordé de nombreux dossiers, dont le Hirak, les élections présidentielles du 12 décembre 2019, et la classification des mouvements Rachad et le MAK comme organisations terroristes.

    Dans son interview au magazine français, le président de la République a déclaré que les mouvements Rachad et le MAK ont choisi d’être des terroristes, et que Rachad a donné des instructions pour affronter les services de la sécurité et de l’Armée nationale, tandis que le MAK tentait de faire exploser des voitures piégées lors des marches pacifiques des vendredis.

    Au cours de son intervention, le président de la République a dit que  » le véritable  » Hirak  » a choisi la voie de la raison, en allant aux élections présidentielles, et que le seul mouvement auquel il croit est le véritable  » Hirak « . Dans ses déclarations, le président Tebboune a indiqué que le Hirak de tous les Algériens a refusé d’aller vers une période de transition. »

    Dans ce sillage, le président Tebboune a souligné que  » le groupe ayant rejeté les élections présidentielles du 12 décembre 2019 était minoritaire « , soulignant que  » tout le monde a le droit à l’expression, mais je rejette les diktats de la minorité « , a-t-il fait savoir.

    Dans une autre affaire, le président de la République a affirmé que  » les Algériens attendent que la France reconnaisse tous ses crimes, et nous demandons à la France de nettoyer les sites d’essais nucléaires, et nous espérons qu’elle soignera et prendra en charge les victimes des essais nucléaires.  » Concernant la situation sanitaire dans le pays, le président Tebboune a affirmé que  » la décision de fermer des frontières vise à protéger les Algériens de la pandémie, et malgré cela 80 000 Algériens ont été évacués depuis la fermeture de nos frontières « , tout en soulignant que « les vaccins du corona sont disponibles, et ils ne seront pas imposés au peuple.  » Au passage, le chef de l’Etat assure que la réouverture des frontières dépendra de l’évolution de la situation épidémiologique en Algérie.

    M.W.

    Le Maghreb, 03 juin 2021

    Etiquettes : Algérie, Hirak, élections législatives, Abdelmadjid Tebboune, Rachad, MAK, France, mémoire, crimes coloniaux, Reggane, essais nucléaires,

  • France-Algérie/ De Reggane à Hiroshima

    Par Dr Slimane Arradj

    Les villes de Reggane et d’Hiroshima sont victimes en vertu des dispositions du Droit international humanitaire, notamment l’Algérie, sachant que la question de la responsabilité concernant les crimes commis ne s’efface pas avec la prescription des faits. Ici, il convient de noter que si le Japon est arrivé à un accord de règlement de la question avec les Etats-Unis, l’Algérie continue hélas à se débattre contre l’entêtement de la France qui persiste à ignorer ce dossier.

    L’histoire est liée à la géographie, dans un binôme cohérent qui nous transmet une image des événements et des faits cruciaux vécus par les peuples, les Etats et les sociétés. Il s’agit d’un référent sur lequel se construisent, à la fois, la conscience et l’avenir, compte tenu du fait que ces deux éléments sont la base de tout changement. Ces conditions réunies contribuent à la création des exigences et des impératifs qui garantissent la renaissance civilisationnelle. pour cela, la valeur civilisationnelle et symbolique des espaces géographiques ou des villes augmente en fonction de leur vécu et ce qu’ils conservent comme photos qui imprègnent l’Histoire et qui transmettent les moments phares et décisifs dans la mémoire des peuples, selon la situation de chaque pays.

    L’Histoire nous informe que malgré la distance qui les sépare, les villes de Reggane, en Algérie, et d’Hiroshima, au Japon, partagent des dénominateurs communs conservés par le temps et dans la mémoire et l’Histoire des deux pays.

    Reggane et Hiroshima, villes de la mémoire et de l’Histoire, demeurent témoins des crimes contre l’humanité dont elles ont été victimes et des violations commises à l’encontre de simples innocents qui ont perdu le droit à la vie. L’Histoire des deux villes nous renseigne sur l’absence d’humanisme et de conscience de pays dont l’Histoire sera entachée à jamais et dont l’avenir sera marqué par les erreurs du passé.

    La ville de Reggane, située dans la partie sud-ouest de l’Algérie, nous raconte qu’un certain 13 février 1960, ses habitants se sont réveillés sur l’explosion d’une bombe nucléaire, d’une puissance de 60 kilowatts, un acte qui reflète la monstruosité du colonisateur et son irrespect de la vie. Les historiens et les experts soulignent que la France a effectué 17 essais nucléaires en Algérie, entre 1960 et 1966, transformant la ville de Reggane, par ses crimes nucléaires, en un cimetière pour les vivants.

    La région souffre jusqu’à nos jours des séquelles de ces essais nucléaires réalisés par la France coloniale en Algérie et les zones d’enfouissement des déchets nucléaires restent à ce jour inconnues. Non loin de ce scénario macabre, Hiroshima laisse parler sa souffrance et garde des souvenirs de ce jour fatidique du 6 août 1945. Une bombe de 45 tonnes a été larguée au-dessus du ciel de la ville nippone, un crime qui demeure inscrit dans le registre des autres «erreurs» commises par son auteur. Le musée d’Hiroshima pour la paix en conserve les détails et les faits catastrophiques.

    Il est possible d’avancer que la question des droits de l’homme s’était posée lors des crimes commis dans les deux villes d’Hiroshima et de Reggane ainsi que celle de la violation du droit des deux populations à la vie, ce qui fait de l’Algérie et du Japon, les deux pays les plus aptes à mener un plaidoyer international pour un monde sans armes nucléaires. Ils ont le droit de rappeler les autres pays du monde au respect de leurs engagements, tels qu’énoncés dans la Déclaration universelle des droits de l’homme.

    Par ailleurs, les villes de Reggane et d’Hiroshima sont victimes en vertu des dispositions du Droit international humanitaire (DIH), notamment l’Algérie, sachant que la question de la responsabilité concernant les crimes commis ne s’efface pas avec la prescription des faits. Ici, il convient de noter que si le Japon est arrivé à un accord de règlement de la question avec les Etats-Unis, l’Algérie continue hélas à se débattre contre l’entêtement de la France qui persiste à ignorer ce dossier. Il est donc du devoir des organisations des droits de l’homme et des organismes de l’environnement d’intervenir et de prendre en charge immédiatement ce dossier dont la gravité et la sauvagerie des crimes peuvent être comparées aisément aux séquelles causées par les crimes terroristes commis aujourd’hui à travers le monde.

    Parler de Reggane et d’Hiroshima nous amène à évoquer les relations algéro-nippones, qui fêtent leur 60e anniversaire, soit 60 années d’amitié et de respect mutuel. par ailleurs, le dossier des victimes des essais nucléaires ouvre davantage la voie à la coopération algéro-nippone, dans le cadre d’un renforcement des relations bilatérales. Ainsi, il est possible de parler de projets communs dans les domaines de la santé, de la technologie et de l’environnement, en plus des échanges d’expertises dans le domaine du traitement des séquelles et des effets des essais nucléaires, surtout que, comme nous l’avons déjà mentionné, la ville de Reggane et sa population continue de souffrir des effets causés par cette forte explosion nucléaire qui avait secoué toute la région. selon des estimations d’experts, l’explosion de reggane a été quatre fois supérieure de celle d’Hiroshima. Cette dernière, a fortiori, a réussi à surmonter et à vaincre les effets néfastes de la catastrophe nucléaire. Aujourd’hui, elle respire la vie et l’espoir et constitue l’une des destinations touristiques privilégiées du Japon.

    D’après ce qui vient d’être énoncé, Reggane et Hiroshima sont deux villes de paix et peuvent ainsi instaurer une coopération et des échanges qui viendraient consolider les relations algéro-nippones, avec une approche de développement et une démarche diplomatique contribuant à instaurer un partenariat dans la campagne universelle qui soutient les efforts des Nations unies visant à bâtir enfin un monde sans armes.

    El Djeïch n° 694, mai 2021

    Etiquettes : Algérie, France, essais nucléaires, Reggane, Hisroshima, Japon, Etats-Unis,