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  • États-Unis: Augmentation des OVNI dans le ciel

    États-Unis: Augmentation des OVNI dans le ciel

    Etats-Unis, OVNI, US Navy, Pentagone,

    Un «nombre croissant» d’objets non identifiés sont signalés dans le ciel depuis 20 ans, a indiqué mardi un responsable du Pentagone devant des élus américains, sans aller jusqu’à confirmer la présence de vie extraterrestre. Le Congrès américain tenait une audition publique consacrée aux «phénomènes aériens non identifiés», pour la première fois en plus de 50 ans. «Depuis le début des années 2000, nous avons observé un nombre croissant d’objets non autorisés ou non identifiés», a déclaré Scott Bray, le directeur adjoint du renseignement pour l’US Navy.

    Le responsable a attribué cette hausse «aux efforts considérables» de l’armée américaine consacrés à «destigmatiser l’acte de signaler les observations» et au progrès technologique. Il a toutefois indiqué n’avoir rien détecté «qui puisse suggérer une origine non-terrestre» à ces phénomènes. Mais n’a pas non plus définitivement exclu cette possibilité.

    En juin 2021, le renseignement américain avait déjà affirmé dans un rapport très attendu qu’il n’existait pas de preuves d’existence des extraterrestres, tout en reconnaissant que des dizaines de phénomènes constatés par des pilotes militaires ne pouvaient pas être expliquées.

    Certains pourraient s’expliquer par la présence de drones ou d’oiseaux créant la confusion dans les systèmes radars des militaires américains. D’autres pourraient découler de tests d’équipements ou de technologies militaires effectués par d’autres puissances, comme la Chine ou la Russie.

    L’armée américaine et le renseignement cherchent surtout à déterminer si ces «phénomènes aériens non-identifiés» peuvent être liés à des menaces contre les États-Unis. «Les phénomènes aériens non identifiés constituent une menace potentielle pour la sécurité nationale», a alerté l’élu démocrate André Carson, chef de la commission parlementaire à l’origine de l’audition. «Et ils doivent être traités comme tels».

    (AFP)

    LSA, 18 mai 2022

  • Poutine est-il un atout de la CIA ?

    Poutine est-il un atout de la CIA ?

    Poutine est-il un atout de la CIA ? – Russie, URSS, Gorbatchev, Eltsine, Etats-Unis,

    Selon la propagande russe, Gorbatchev et Eltsine étaient des agents de la CIA chargés de détruire l’URSS.

    Ce récit, bien que démystifié par le service des affaires étrangères de l’UE , est toujours valable dans certaines parties de la société russe ; le dernier président de l’URSS et le premier président de la Russie accusés d’avoir nui à la patrie, le premier en se rendant sans combat pendant la guerre froide, et le second pour avoir prétendument permis aux États-Unis d’épuiser la Russie d’une grande partie de ses richesses.

    Suivant une logique aussi douteuse, on pourrait dire que Poutine est peut-être un atout de la CIA parce que sa guerre en Ukraine nuit à la Russie plus que son adversaire le plus puissant ne pourrait jamais rêver d’en infliger (sans utiliser d’armes nucléaires).

    En attaquant l’Ukraine, la Russie de Poutine a causé la mort prématurée de son vaste réseau d’agents d’influence rémunérés à travers l’UE, principalement en Allemagne, mais dans tous les pays. Compte tenu des antécédents de Poutine au sein du KGB en Allemagne et des efforts considérables déployés pour construire un réseau aussi vaste au fil des décennies, une telle déroute ressemble à de la haute trahison.

    La situation est peut-être pire sur le plan militaire. La Russie a rendu son impuissance militaire évidente aux yeux du monde, tandis que l’Occident a massivement renforcé son flanc oriental. L’OTAN, que le français Emmanuel Macron avait qualifié de «mort cérébrale» en 2019 , est bien vivante. Les anciens pays neutres envisagent de rejoindre l’alliance, tandis que les États membres de l’OTAN dépensent des milliards en achats de défense. Une grande partie de cet argent va aux États-Unis, le principal adversaire de la Russie. On peut imaginer le complexe militaro-industriel américain, comme l’appelle la Russie en disant : « Merci, Monsieur Poutine !

    De plus, l’Europe cherche maintenant à mettre fin à sa dépendance au gazoduc russe, en se tournant principalement vers le GNL américain (mais pas seulement parce qu’il n’y en a pas assez pour remplacer les approvisionnements russes). Et c’est la Russie de Poutine qui a fait ce cadeau à son ennemi. Sans la guerre, la Russie aurait continué à recevoir 1 milliard d’euros par jour des pays de l’UE pour son gaz. Maintenant, ce revenu va se tarir.

    Enfin et surtout, les États-Unis semblent disposer d’excellentes informations sur les intentions du Kremlin, ce qui semble indiquer qu’ils utilisent « HUMINT », ou intelligence humaine, en haut lieu à Moscou : peut-être une taupe de haut niveau. Cela n’a jamais été le cas pendant la guerre froide, se souviennent les experts.

    Apparemment, Poutine est obsédé par les traîtres et les assassins de son entourage. Ainsi, la fuite d’informations sensibles du Kremlin est encore plus improbable. Mais les États-Unis étaient capables de prédire l’invasion et vraisemblablement d’anticiper les mouvements dangereux du Kremlin, comme l’utilisation d’armes chimiques.

    Nous ne pensons pas que Poutine soit un atout de la CIA de la même manière que Gorbatchev ou Eltsine n’ont pas trahi leur pays. Mais Gorbatchev et Eltsine resteront dans l’histoire en tant qu’hommes politiques qui ont agi de manière responsable dans des moments difficiles. Poutine, cependant, restera dans les mémoires comme celui qui a ruiné son pays alors que les perspectives de la Russie étaient encore bonnes.

     Georgi Gotev

    Euractiv, 16 mai 2022

    #Russie #UE #EtatsUnis #URSS #Gorbatchev #Eltsine #VladimirPoutine

  • Où va le monde ?

    Où va le monde ?

    Où va le monde ? – OTAN, Russie, Ukraine, Etats-Unis, guerre nucléaire,

    Il se dirige apparemment vers une guerre de tranchées. Les États-Unis d’Amérique voyant perdue la compétition économique et partiellement celle morale qui l’accompagne, ils ne peuvent plus ompter que sur leur supériorité technologique et militaire pour triompher. Quelles dispositions la société algérienne que la guerre de libération a mise dans le camp adverse doit-elle développer pour faire face ? Elle devra renforcer ses arrières probablement, ses contrepouvoirs. Contrepouvoirs dont on a pris l’habitude de parler de ceux internes, mais pas du tout de ceux externes. Les crises économiques et écologiques actuelles et à venir exposent une partie importante des sociétés occidentales au défaitisme et au pessimisme. Leurs mythes les lâchent, leur compétitivité industrielle recule. Elles ont besoin d’un réarmement. Il importe qu’elles rappellent et se rappellent leur supériorité morale, intellectuelle et technologique face aux rivaux qui les menacent de déclassement, aux vagues de populations qui menacent de les submerger. Elles ne le peuvent plus dans que la guerre. Il faut se rappeler que l’on ne gagne plus la guerre militairement, comme lorsque la société vaincue se mettait sous l’autorité de l’armée du vainqueur, mais politiquement, lorsque l’on gagne l’adhésion de la société. L’Ukraine qu’elles arment aujourd’hui contre la Russie est donc un bon champ de bataille, ou demain Taiwan contre la Chine. Pour les sociétés dominées, la défense restera la meilleure stratégie. En engageant peu de forces dans le combat, on assure le moins de pertes. Mais les sociétés dominées ne choisissent pas toujours la défense qu’elles veulent, elles n’en choisissent ni le lieu ni l’heure : quand elles sont prises dans la guerre, comme disent les Chinois, elles l’ont déjà perdue. La guerre n’est pas simplement militaire, il faut savoir où elle commence et où elle finit. La société doit donc développer des dispositions qui lui permettent de passer rapidement d’un état de paix à un état de guerre et inversement. Et cela concerne en particulier la frontière, les échanges entre la société civile, au sens large, et la société militaire.

    Dans un récent livre, Yascha Mounk plaide pour une grande expérience qui conduirait les démocraties dont la plupart ont été fondées autour d’une conception monoethnique et monoculturelle d’elles-mêmes à des démocraties de conception multiculturelles et multiethniques : « Nous voilà partis pour une grande expérience, la construction de démocraties multiethniques très diverses, qui passeront l’épreuve du temps et, espérons-le, traiteront équitablement tous leurs citoyens. Cette grande expérience est l’entreprise la plus importante de notre époque. Elle a démarré sans expérimentateur, en l’absence de toute volonté délibérée. Aucun consensus n’existe sur le genre de règles ou d’institutions qui pourraient la faire aboutir. » Il parie sur une progression du principe de l’égalité dans le prolongement des tendances passées : « L’incroyable différence qu’on constate entre les droits et les possibilités dont jouissent aujourd’hui les Afro-Américains, comparés à leur situation d’il y a cinquante ou cent ans, est le témoin de la faculté des démocraties, même les plus imparfaites, à se réinventer. … En dépit des ombres du passé, la plupart des démocraties font de réels progrès pour intégrer leur diversité dans la conception qu’elles se font d’elles-mêmes ». Aussi fait-il appel aux optimistes de tempérament : « Ignorer que nos démocraties ont désespérément besoin de s’améliorer relèverait de l’optimisme béat, mais nous tenir pour incapables de tirer parti des progrès de ces cinquante dernières années ou condamnés, quoi que nous fassions, à rester à jamais définis par le racisme et l’exclusion, voilà qui relèverait d’un cynisme plus ignorant encore. Le chemin de la grande expérience vers le succès sera cahoteux, mais le coût de l’échec serait bien trop élevé pour que nous nous contentions de demi-mesures ou que nous abandonnions la course à mi-parcours. » [1] À quel coût faut-il penser, du point de vue des Américains du nord, des Européens ou de l’humanité ?

    Histoire fléchée, mais brisée

    En vérité, Yascha Mounk se bat pour que ne meure pas le mythe de l’histoire comme progrès qui a assis la domination de la modernité occidentale. Les USA ne succomberont pas à l’histoire européenne et resteront le modèle pour l’humanité, l’histoire ne cessera pas d’être progrès. J’ai envie de l’associer à cet autre optimiste, Elon Musk qui se bat pour prolonger la trajectoire industrielle actuelle. Deux entrepreneurs, l’un idéologue et l’autre global (idéologique, économique et militaire), l’un qui s’adresse aux terrestres qui sont tentés par le pessimisme face à l’accroissement des inégalités et à la menace d’austérité, l’autre aux terriens qui ont tendance à faire sécession, mais sans franchement regarder l’avenir. L’un porté par un cours des choses actuel qui s’essouffle, qu’il faut vivifier, qui veut lui donner des leaders, l’autre qui doit fournir des troupes, une galerie. Derrière Elon Musk, il y a en vérité le complexe militaro-industriel américain.

    Tous deux se battent pour une histoire fléchée positivement, laissant croire qu’elle pourrait concerner l’ensemble de la société multiculturelle. La question est : importe-t-il de savoir quelle partie de l’humanité concernera cette histoire fléchée positivement ou pas ? Faudra-t-il préserver une telle flèche du temps quoiqu’il en coûte pour la partie de l’humanité qui en a la capacité ? Qu’en coûtera-t-il pour le reste de l’humanité abandonnée par le progrès technologique ? Une nation imposera-t-elle, par la destruction et la guerre, sa supériorité technologique au reste de l’humanité ? De ce point de vue la Russie, en Syrie et en Ukraine, est une caricature de l’Occident. Car si le cours de l’histoire n’est pas conforme aux dispositions de l’humanité encore sous le règne des mythes des Lumières occidentales (progrès infini, domination de la nature), s’il s’avère fléché négativement au contraire des dispositions humaines, si les individus se retrouvent « ramant » à contre-courant sans y être préparé, les « noyades » risquent d’être nombreuses. La dualisation des sociétés et du monde ne peut que s’aggraver. À moins que l’humanité revienne de l’illusion du progrès infini, refuse de s’engager dans une guerre des riches contre les pauvres.

    Si l’on doit attribuer un mérite à Elon Musk, outre le fait d’être intelligent, juif, d’origine sud-africaine par le père et canadienne par la mère, c’est celui de voir les forces en jeu dans le cours actuel des choses et de travailler à renforcer certaines d’entre elles, lui permettant de « défier la science » pour faire sensation en s’appuyant sur des forces actives, mais discrètes, en conscientisant, mobilisant d’autres insuffisamment conscientes d’elles-mêmes et insuffisamment agressives, mais prêtes à ne regarder qu’en avant parce qu’ayant trop à perdre en ralentissant le pas. Les sociétés aiment ce genre de guerrier. « Si le citoyen Musk aspire à un État minimum, l’entrepreneur Musk, lui, excelle à composer avec les pouvoirs publics. Pour obtenir de l’argent tout d’abord. Le ministère américain de la Défense a été le premier client de SpaceX. La Nasa a sauvé l’entreprise en 2008 avec son premier contrat de ravitaillement de la Station spatiale internationale. Et l’agence publique américaine a ouvert à l’opérateur privé son site de lancement de Cap Canaveral. Pour profiter des règlementations ensuite. … » [2]. J’ai envie de le nommer le Chinois des USA pour son intelligence du monde et l’anti-Chinois pour son libertarianisme. À la différence de la Chine à propos de Jack Ma, les USA sont allés le chercher en Afrique du Sud.

    Dans la « grande expérience » de Yascha Mounk qui devrait permettre aux sociétés démocratiques de se concevoir et de se réaliser comme multiethnique et multiculturelle, où il oppose les pessimistes et les optimistes quant à la progression de l’égalité et de la justice, il s’agit de convaincre ceux qui commencent à douter, mais voudraient croire, soit les membres de la classe moyenne supérieure menacés de déclassement et la classe moyenne inférieure désireuse de progression. Il laisse la classe supérieure qui est attachée au progrès technologique, la classe moyenne supérieure qui persiste à vouloir le rester, à Elon Musk. C’est que l’optimisme que nourrissaient les mythes des Lumières occidentales commence à s’effriter. L’histoire bégaie, elle hésite à confirmer la loi du progrès continu, la soumission de la nature à des lois objectives et du destin des humains à leur volonté[3]. Il se corrompt par le bas, le pessimisme gagne les classes inférieures, qui ne font plus confiance au marché et demandent une répartition autoritaire des ressources qui ne va pas sans conflits.

    Il faut être populistes si nécessaire, aller directement au peuple, mais être enthousiastes, croire au progrès en général à nouveau, pour conquérir le cosmos. On évitera de traiter de « populistes » les entreprises globales qui effacent toutes les intermédiations. On ne traitera pas de même le président français Macron, qui ni de gauche, ni de droite sape les structures de médiations politiques traditionnelles. Il faut aussi défendre plus fermement et plus intelligemment le « solutionnisme technologique»[4] et aller en guerre si nécessaire contre ceux qui se dressent contre le cours de l’histoire dirigé par le progrès technologique. Les USA viennent d’ajouter à la peur occidentale la menace militaire russe à la menace économique chinoise. Il faut maintenant à l’Occident défendre sa position dans le monde, s’attacher à sa suprématie militaire et par conséquent au progrès technologique. La guerre vient au secours du mythe du progrès qui s’effrite. Elle soude l’Occident autour de « sa » valeur de liberté. La lutte pour la liberté, la lutte pour la défense de l’hégémonie occidentale (et la survie de la Russie), surclasse la lutte pour la préservation de l’humanité et de son habitat. Les classes moyennes ont besoin de croire que leur destin est celui des classes supérieures et non celui des classes inférieures et surtout qu’elles n’appartiennent pas à une société déclinante. Elles avaient besoin d’être protégées du déclassement, mais ne voulaient pas de sobriété énergétique, voilà que la guerre qui menace la sécurité de leur mode de vie, ne leur laisse pas le choix. Il n’y a plus à réfléchir. On peut bien décliner, mais non cesser de dominer pour être dominé[5]. Cela pourra se faire (décliner, mais préserver sa position) par la guerre et cela d’une pierre deux coups : d’un côté, imposer la sobriété énergétique aux Européens avec le boycott des exportations d’énergie russe, la décroissance aux Américains avec la stagflation[6], et de l’autre, mettre en place une division du travail industrielle et militaire entre les États-Unis et ses alliés, profitable à la puissance militaire occidentale : aux USA les forces planétaires et aux alliés, les forces locales[7]. Les USA ne se détournent donc pas de l’Europe, de l’Asie ou du Moyen-Orient, ils se construisent comme force planétaire et aident leurs alliés à construire les forces locales d’appoint.

    Il faut se rappeler la violence « sans état d’âme » de l’Occident au cours du XIX° siècle et de la première moitié du XX°, convaincu de son indiscutable différence et supériorité pour ressentir ce que la différence signifie aujourd’hui[8]. Il ne se dira plus que l’on part en guerre pour un coup d’éventail. La distinction entre progressistes, ceux portés par l’histoire, et les réactionnaires, ceux condamnés par l’histoire, commence à se brouiller. Les progressistes partisans du progrès technologique deviennent les réactionnaires du progrès social et humain, les réactionnaires du progrès technologique (tels les luddites du début du XIX° siècle) deviennent les progressistes partisans du progrès social et humain. Le progrès technologique qui ne se diffuse plus suffisamment ne se confond plus avec le progrès matériel ; celui-ci ne se confond plus avec le bien-être et le progrès social, il est mal réparti et sa consommation nuit. Le progrès technologique se dissocie du progrès social. Il reste que de telles dissociations ne sont pas, ne seront pas égales sur toute la planète.

    Les menaces de crises économique et écologique ne suffisent pas à modifier les habitudes des sociétés. Elles ne suffisent pas à les en dégager, à les mettre à l’heure du monde. Les chocs extérieurs, les guerres autorisent des transformations que les sociétés n’auraient pas tolérées autrement. Quand l’état d’une société se détériore, il importe qu’il se dégrade moins que celui de la société voisine. La Russie sera sans aucun doute l’instrument d’une telle politique de transformation autoritaire orchestré par les USA, l’instrument d’une nouvelle victoire du néolibéralisme. Jusqu’à quand ?

    Il faut penser à ce que représente la Russie pour l’Occident : cherchant sa place dans une Europe qui la craint, ses excès mettent à jour les impasses de celle-ci. Elle va à ses extrêmes dans l’espoir de faire sa place. La Russie est européenne, mais rivale. Seulement plus étatiste, encore engoncée dans des propensions impériales. C’est elle qui a adopté le socialisme que l’Europe de l’Ouest a inventé, mais n’a pas su appliqué. Le vaste continent qu’elle représente, riches en ressources naturelles, mais faiblement peuplé sur la plus grande partie de son territoire, a ensuite adopté le marché, pour encore être la victime. La leçon que tirera la Chine du gouvernement de Poutine, pourra-t-elle être dissemblable de celle qu’elle a tirée des gouvernements d’Eltsine et de Gorbatchev ? Le monde n’a pas tort quand il condamne à la fois la Russie et l’Occident, l’agression de l’Ukraine par la Russie et les sanctions économiques occidentales. La Chine se serait attaquée au problème ukrainien à sa naissance s’il en était un, avant 2014 et non en 2022. Comme elle l’a fait avec la place Tian’anmen d’abord, Hong Kong ensuite. Elle fera différemment avec Taiwan. Du point de vue de la Chine, la Russie a encore perdu la guerre que lui mènent les USA. Ils ont divisé l’Europe en fragilisant les rapports de la Russie avec l’Europe et l’Allemagne en particulier et ils ont confirmé une division du travail militaire, et donc industrielle, avec leurs alliés. Mais les USA doivent prendre garde à la défection de leurs fronts arrière.

    On ne parle pas de l’effet des sanctions économiques sur les sociétés occidentales, de la remise en ordre qu’elles peuvent et doivent engager à l’occasion. Pour ce qui apparaît aujourd’hui, l’Europe et la Chine seraient plus affectées que les USA, à moins que la stagflation n’y soit qu’à ses débuts. La sobriété énergétique va-t-elle devenir une opportunité ? La décroissance occidentale sera-t-elle acceptée ? Ce qui est sûr c’est que la guerre ne préfigure pas une croissance mondiale autrement partagée between the West and the Rest.

    Pessimistes et optimistes, opposition et complémentarité

    Il faut distinguer entre opposition négative et opposition positive, autrement dit, l’optimisme accroissant le pessimisme des autres (ils s’excluent, ne s’écoutent plus), le pessimisme des uns accroissant l’optimisme des autres (ils opèrent dans la même direction ; ils se complètent, les optimistes assimilant les pessimistes et contenant leur accroissement).

    Dans cette distinction entre pessimistes et optimistes en général, la pensée dichotomique ne voit pas qu’ils peuvent se compléter et se substituer l’un à l’autre, s’opposer et alterner. Les croyances ont été déconnectées de leurs conditions d’existence, de leur compétition et de leur éventuelle conversion.

    Au sein d’une société, les pessimistes et les optimistes peuvent avoir des fonctions différentes pour un même objectif : la prospérité relative de la société en question.[9] Il pourrait y avoir ceux qui croient à la victoire du plus fort, à la logique des rapports de force en externe, les battants (Elon Musk, les libertariens) qui partent en guerre, et ceux qui croient qu’en interne l’état de droit devrait être la règle, la logique du rapport de force devant être bannie, les pacifistes (Yascha Mounk), … pour renforcer le rapport de force externe. Un peu comme au temps des colonies, certains ne vivaient que des bienfaits du colonialisme. Un peu comme la viande, on aime la consommer, mais on a pitié des bêtes que l’on égorge ou maltraite … quand on y pense. Aussi les optimistes peuvent-ils s’accommoder d’une distribution des rôles, pourvu que ceux qui vivent des méfaits du progrès ne viennent pas troubler la fête de ceux qui vivent de ses bienfaits, pourvu que méfaits et bienfaits soient bien séparés et ne soient pas mêlés. Pourvu par exemple, que le militaire puisse rentrer chez lui et accéder aux bienfaits de ses méfaits. Pourvu que les conquêtes et guerres extérieures puissent nourrir la paix intérieure. L’idéologue doit donc rabattre suffisamment de personnes qui puissent vivre de l’espoir que demain ils pourront s’assoir à la table des bienfaits du progrès ou que de toute façon il n’y a pas d’autre solution, il faut se battre pour y être, pour que la guerre ne se mêle pas à la paix, et qu’en cas d’échec, il ne faudra s’en prendre qu’à soi-même.

    En fait il faut distinguer parmi les optimistes, ceux qui réussiront et ceux qui échoueront, ceux qui seront bien servis par le cours de l’histoire et ceux qui ne le seront pas. Ceux qui auront su en lire les propensions, favoriser celles qui leur sont favorables et annihiler les autres. Et ceux qui seront portés sans savoir où. On pourrait distinguer trois groupes : ceux donc qui font corps avec le cours des choses et tirent avantage de ses propensions, ceux qui réussissent à se maintenir en équilibre sans se préoccuper du reste, tanguent, mais ne se brisent pas, et enfin ceux qui doivent se délester ou sombrer. Car, parmi ceux qui veulent, tous n’ont pas les moyens de leur volonté, les moyens ne se convertissent pas en fin, l’espoir les fait vivre et … périr. Il faut distinguer entre ceux qui se donnent pleinement, à moitié ou insuffisamment les conditions de la réussite.

    Dans le cours des choses actuel, que je caractériserai à la suite d’autres comme une archipélisation du monde[10], on peut distinguer entre trois groupes. Il y a ceux qui se battent pour être du bon côté d’une société d’apartheid (voilà pourquoi la Palestine pourrait annoncer le futur de l’humanité), ce serait comme la partie émergée de la société mondiale. Il y a ceux ensuite qui sont l’autre côté et serait comme la partie immergée, parce qu’ils rêvent d’une société juste et ignorent le sol qui les portent et qui se dérobent sous leurs pieds. Enfin je distinguerai ceux qui se tiennent à la frontière de ces deux mondes, qui ne peuvent pas se faire à l’idée d’une telle division de l’humanité, mais pour qui l’avenir reste indéterminé.

    La structure d’une société peut-être stable, bipolarisée en équilibre ou en déséquilibre : la tendance qui l’anime pouvant être à la progression de bas en haut et/ou de régression de haut en bas de la structure. Il y a problème quand la société est tirée dans deux directions opposées. Elle a alors tendance à se désolidariser et à se diviser en deux sociétés antagoniques, certains voyant leur condition terrestre se dégrader sans espoir de se reclasser, glissant sur une pente négative et d’autres décollant de cette pente, envisageant de survivre à leur condition terrestre, poursuivant le rêve de domination et de conquête du cosmos. Soit lorsque ceux qui descendent refusant le mouvement s’accrochent aux autres et que ceux qui montent décident de faire sécession parce qu’ils refusent de partager le sort des premiers. Les optimistes décident d’abandonner les pessimistes à leur destin, de leur faire la guerre si nécessaire. Le progrès technologique ayant alors besoin de la guerre pour persister et stabiliser sa trajectoire.

    Un clivage particulièrement pertinent opposait dans un passé récent les sociétés : progressistes contre réactionnaires, ceux bénits par l’histoire, et ceux qu’elle condamnait. Le progrès technologique se confondait alors avec le progrès social. L’Occident conquérait le monde, les classes inférieures voyaient leur avenir dans les classes moyennes inférieures, celles-ci dans les classes moyennes supérieures et ces dernières dans les classes supérieures. Les pays retardataires dans celui des pays avancés. La croyance en une loi émancipatrice de l’histoire – toujours plus d’égalité et de justice, était entretenue par une expérience historique fléchée positivement. Bien qu’une telle croyance ne concerna au départ qu’une partie de l’humanité, les croyances des autres mondes ne purent lui résister. L’innovation et la liberté n’étaient plus des péchés. Il fallait en faire l’expérience. La catégorie des gagnants recoupait alors celle des progressistes, celle des perdants coïncidant avec celle des réactionnaires. Il n’y avait alors pas de problèmes, les réactionnaires devaient se résoudre à se convertir, on ne pouvait rien contre la loi de l’histoire, la loi de la domination de l’homme sur la nature, la loi du développement des forces productives. La domination des gagnants, le reclassement des perdants étaient aisés. Aujourd’hui cette croyance tenace, mais mise en doute, est confrontée à des crises sociales et écologiques. La domination de la nature paraît plus destructrice que bienfaisante, le développement technologique creuse les inégalités sociales plutôt qu’il ne les résorbe. Pour les sociétés retardataires, des révolutions qui espéraient raccourcir l’histoire en faisant table rase du passé se sont révélées illusoires.

    Démocraties multiculturelles dans un monde multiculturel

    C’est d’un autre optimisme dont nous avons besoin en vérité, celui d’humains qui ne seraient plus des dieux dans le système Terre, au sein du règne des vivants. Celui d’une humanité qui prenne soin d’elle-même et de l’habitat qui lui est donné. Le bonheur n’est pas dans le consumérisme des uns et la puissance des autres, il est dans la santé, dans la qualité de la vie.

    Il est possible de concevoir et de réaliser de telles sociétés multiethniques et multiculturelles à condition que dans le monde elles renoncent à se faire la guerre, qu’une compétition pacifique fasse que la circulation des individus entre ces sociétés soit possible en fonction de la participation que les individus souhaitent. À condition qu’il puisse y avoir libre circulation et association des individus en nations concurrentielles, mais pacifiques. Ce serait comme vouloir refaire le monde. Y pense-t-on encore ? Il est plus facile de faire confiance aux sociétés de conception monoethnique et monoculturelle à la manière des empires et à leurs traités de paix. Ces derniers ont mieux traité les minorités religieuses et culturelles que les démocraties, n’ignore pas Yascha Mounk. C’est un autre totalitarisme que d’envisager l’humanité entière derrière une loi, plutôt que d’accepter son pluralisme culturel. On ne peut extraire de l’humanité la compétition, mais on peut l’organiser. Une démocratie de conception multiculturelle peut s’organiser en supposant ou pas un monde de conception multiculturel, une compétition pacifique ou violente des cultures, en recherchant ou pas l’hégémonie. Mais une société de conception multiculturelle dans un monde de conception non multiculturel ne peut être stable. Elle n’accorde ses cultures que lorsqu’elle triomphe de la compétition extérieure et assure une paix intérieure, ce qui ne peut être chose éternelle.

    Yascha MONK envisage la « conception multiculturelle » des sociétés seulement à l’intérieur des démocraties sans la considérer au sein du monde. Un peu comme John Rawls qui conçoit sa justice dans le cadre d’une société nationale et non celui des relations internationales. Autrement dit, sans considérer la capacité de ses démocraties à « comprendre » le monde et à être « compris » par lui. Il est toujours possible de réaliser la paix intérieure par des conquêtes extérieures. De séparer une ethnie en l’une qui profite des bienfaits des conquêtes d’une autre qui en souffre. Mais cela n’est pas aisé. Il faut des conquêtes extérieures, à défaut desquelles les « conquêtes intérieures » prendront le pas. Le gâteau qui s’accroit peut accueillir plus de convives, un gâteau qui se réduit fait que certains ne pourront y prendre part. Il reste que l’optimisme ne produira pas les mêmes effets dans des sociétés conquérantes et celles qui ne le sont pas. Il armera les premières et désarmera les secondes.

    En fait il s’est agi de réaliser des connivences, des résonnances entre différentes ethnies au travers de la conquête. Au plan national ou mondial. Il ne s’agit pas de détruire les ethnies pour leur substituer des nations, ce qui n’est autre qu’une manière d’affaiblir la nation face aux inégalités. La France à la différence des pays anglo-saxons. La nation contre l’ethnie à l’image de la société française est la cause des problèmes que l’Afrique a avec l’État et le marché. Il faut que des tribus, des ethnies résonnent autour d’un même objectif. Elles ne se mobiliseront pas séparément et leurs frontières passeront en arrière-plan, quand elles ne seront pas temporairement oubliées. Qu’une coopétition honnête s’établisse entre les différentes ethnies et nations du monde, telle serait une condition plus sérieuse de la paix. La lutte pour l’hégémonie est l’ennemi d’une telle coopétition. L’ennemi, la cause du désordre est le champion qui veut rester l’éternel champion. Les nations d’Afrique ont du mal à s’organiser, on continue de penser pour elles des organisations qui accroissent leur désordre. Pour ce faire, on accuse leur culture d’être la cause. Pourquoi refuser à ces nations le droit d’expérimenter et de comparer leurs expériences pour trancher la question ? Pourquoi croire que les moyens d’organisation d’une société sont supérieurs à ceux d’une autre sans en avoir fait la preuve expérimentale ? Probablement pour perpétuer leurs échecs et préserver l’hégémonie de la Raison occidentale.

    Un exemple, les rapports des Algériens et des Français en France et dans le monde. Pourquoi les Français voudraient-ils dissocier les immigrés algériens de l’Algérie et les Algériens en réaction, s’opposer à une telle dissociation ? La même histoire ne serait plus partagée entre les immigrés d’origine algérienne et les Algériens ? Mais qu’est-ce qui fait vivre une telle histoire commune au lieu de la faire oublier ? N’est-ce pas la vie que ces immigrés mènent en France ? Ils revivent en France la colonisation. Pourquoi ceux qui ne la revivent pas ne pourraient-ils pas appartenir aux deux sociétés, eux deux histoires, à une histoire commune de la France et de l’Algérie ? Pourquoi ne seraient-ils pas le fer-de-lance d’une « réconciliation » des deux sociétés par leur écriture d’une nouvelle histoire et non par une écriture commune de l’histoire passée qui n’aurait pas d’objectif en vérité que de demander aux Algériens de se ranger derrière la France. On ne réconciliera pas les deux sociétés en écrivant l’histoire du passé, mais en « écrivant » l’histoire du futur. Mais prête-t-on suffisamment attention, de part et d’autre, à l’histoire que l’immigration est en train d’écrire aujourd’hui ? Je suis fier des binationaux qui ont réussi, bien que je ne les approuve pas tous, ils prouvent que dans certaines conditions, nous ne valons pas moins que d’autres. Ils nous ont relevé la tête en quelque sorte, mieux que beaucoup des nôtres. Je leur dis soyez fiers de vous !

    La guerre en Ukraine, stratégies américaine, chinoise et russe.

    L’interprétation que je préfère de la guerre en Ukraine est la suivante : les USA ont utilisé l’Ukraine contre la Russie pour faire avorter les plans de la Chine au moment où celle-ci se tourne vers son marché intérieur, mais compte encore sur la technologie occidentale. Les USA ont refusé la compétition loyale que la Chine leur a déclarée. Je ne peux pas dire que c’était la réaction attendue par la Chine, mais cela ne doit pas être exclu. Il faut donc remettre le conflit entre la Russie et l’Ukraine dans le cadre de la « rivalité systémique » sino-américaine. Après les sanctions économiques contre les entreprises technologiques chinoises, les sanctions économiques contre la Russie visent à réduire les ressources de la Chine pour la réalisation de son programme de puissance rivale. L’angle d’attaque de Mounk vise moins à réaliser l’égalité sociale aux USA, que l’objectif d’affronter idéologiquement et technologiquement la concurrence et le modèle chinois.

    Pour le moment, la guerre idéologique menée par l’Occident oppose régimes autoritaires et sociétés démocratiques. On voit bien que cette opposition n’implique pas le reste du monde démocratique ou non. L’Ouest est démocrate chez lui, mais pas en dehors, pas au Conseil de sécurité, ni chez les dictatures ou monarchies alliées. Une bonne part des sociétés démocratiques vivent des bienfaits des dictatures dans le reste du monde. Elles ne vivent pas, ne souffrent pas de leurs méfaits. Elles ne s’en plaignent pas. Ecce homo.

    En fait la guerre en Ukraine, n’est pas sans résonnance avec la guerre civile aux USA : il s’agit de protéger les blancs américains du déclassement en comprenant les Américains d’origine africaine et hispanique dans la lutte pour la liberté. La défense de la supériorité américaine étant confondue avec la lutte contre l’autoritarisme. Mais cela ne changera probablement rien au fait que les conquêtes extérieures de la société de classes ne sont plus là pour acheter la paix sociale. Ils mènent une guerre interne et externe contre la menace des non-héritiers. Voilà pourquoi le sujet d’une démocratie de « conception » multiethnique et multiculturelle importe davantage qu’un combat contre les injustices mondiales et locales. Voilà pourquoi il faut séparer la justice à l’intérieur et à l’extérieur. Parce qu’il faut un combat idéologique qui égare les uns et conduit les autres plutôt qu’une lutte contre l’humainement insupportable, plutôt que des pratiques de transformation. Le monde ne viendra pas à bout de ces luttes, mais il réduira les dégâts, empêchera ceux qui sont irréversibles.

    Et c’est pour cela que la Russie par son intervention militaire provoquée par les USA aurait pour dessein selon les USA de brouiller pour la Chine les données de la compétition avec eux. Elle ajoute de « nouvelles sanctions » économiques contre l’économie chinoise. Mais pourquoi les médias occidentaux s’efforcent de faire croire à l’efficacité des sanctions économiques dans les sociétés dites autoritaires ? Pourquoi devrait-on penser qu’elles permettraient d’affaiblir et de détruire l’autorité des gouvernements autoritaires en accroissant leurs difficultés économiques ? Parce que l’on pense que ces sociétés, n’ont à l’image des sociétés riches, que le souci de leur condition matérielle ? Et partagent avec elles les mêmes croyances ? Même si la Russie se désolidarise de la Chine dans sa lutte pour la suprématie, ce de quoi on ne devrait pas douter, même si elle lui vole un moment la vedette, il ne faut pas s’étonner si la Chine s’efforce de retourner l’arme des sanctions contre ses promoteurs. En ce moment, on décrit le redoublement de son autoritarisme pour imposer sa politique de zéro Covid, on rechigne à parler du mal que l’atelier du monde occasionne à l’industrie occidentale. L’Ouest entre en guerre contre la Russie en lui fournissant des armes pour afficher sa supériorité, qui sait et dira comment la Chine y participe ? L’Ouest ne nous le dira pas, il faut fabriquer des armes contre le rival et non lui en donner, il faut fabriquer de l’optimisme dans le corps social et non du défaitisme. Il s’efforcera d’en souffrir le moins possible, il faut rassurer en ayant l’air d’être toujours le maître du monde.

    L’alternance de la progression et de la régression.

    Une histoire de cycles. Pourquoi épuisons-nous les ressources naturelles ? Parce que nous ne respectons pas les conditions de leur renouvèlement, le cycle de leur reproduction. Il s’avère que notre consommation ne peut plus continuer à croître, elle rencontre des limites en amont, du côté de la production des ressources naturelles et en aval du côté de ses effets sur la biosphère. Ainsi beaucoup d’économistes soutiennent aujourd’hui qu’il faut investir dans la transition écologique et que pour ce faire il faut nécessairement moins consommer, contrairement à la tradition où la consommation était un moteur de la croissance de la production.

    Du reste d’où vient la violence ? Elle vient de ce que nous voulons obtenir des autres plus qu’ils ne peuvent consentir, en d’autres termes pour parler comme les économistes, du fait que la demande d’égalité ne rencontre pas d’offre, que les courbes d’offres et de demandes sont inélastiques. Elles ne peuvent pas s’aligner, l’échange des droits est asymétrique. La violence vient de ce que l’on veut plus d’égalité et que l’on a pour réponse un accroissement des inégalités, de ce que l’on veut plus de pouvoir d’achat et que l’on en a moins. Si les courbes d’offre et de demande d’égalité ont des pentes différentes, l’une croissante et l’autre décroissante, si la société veut des droits qu’elle ne peut s’offrir, leur ajustement se fera au détriment de la demande qui aura tendance à réagir par la violence pour « redonner à l’offre son élasticité », mais que ne pourra contenir qu’une plus grande violence si l’offre rigide risque de se rompre plutôt que de s’ajuster. Ou pour parler comme P. Bourdieu, la violence apparaît au moment où des dispositions qui se sont développées indépendamment du cours des choses se heurtent avec lui et le contestent violemment. Comme depuis le colonialisme, nous continuons à souffrir d’un désajustement de nos dispositions et de leur espace de réalisation, d’une désynchronisation entre ce que nous voulons et ce que nous pouvons.

    On se trompe donc quand on combat pour l’extension du principe de l’égalité dans un contexte de régression, le résultat sera contreproductif. Combattre pour plus d’égalité conduira à plus de dégâts et moins de bénéfices. Vouloir maximiser un profit alors qu’il s’agit de minimiser des pertes aggrave les pertes et ne les réduit pas. L’humanité est toujours possédée par l’espoir d’une vie meilleure. Mais il y a une différence entre objectiver le paradis de notre imagination dans le cours de sa vie et dans une autre, sur terre et au-delà. Les croyants dans le paradis d’un au-delà ont une plus grande force que ceux qui s’en sont passés ou que ceux qui lui ont substitué un paradis sur terre et rêvent d’une cité idéale. Faut-il considérer les martyrs qui ont donné leur vie pour une autre, celle dans l’au-delà ou celle de leurs descendants, qui ont passé le seuil qui sépare les révolutionnaires des réformistes comme le répète souvent Lakhdar Bentobbal[11], comme des fanatiques ? Faut-il leur abandonner le cri de guerre « Dieu est le plus grand » ? En rêvant d’une cité idéale nous avons substitué à l’idée du paradis dans un au-delà un paradis ici et maintenant.

    Ce n’est pas un hasard, si des théoriciens de la justice, tels Amartya Sen, remettent en cause le combat pour une société idéale qui finit par opposer les sociétés en faveur d’un combat contre les inégalités insupportables pour les humains et les non humains. Lorsque l’égalité régresse et se développe l’injustice, ce ne sont pas les principes qu’il faut leur opposer, mais l’examen des conditions qui sont à la base du désajustement des courbes d’offres et de demandes d’égalité et de justice. Rappelons comme dans l’esprit de la langue arabe et beaucoup moins dans celui de la langue française, qu’un droit est au bénéfice d’une partie et à la charge d’une autre. Il y a balance, pas de droit sans devoir. Il faut examiner comment se différencient les courbes d’offres et de demandes ? Pourquoi certaines sont ignorées et d’autres validées ? Il faut rester au plus près des conditions de production de l’offre et de la demande pour les transformer et non pas vouloir les changer en partant de principes abstraits qui ignorent ces conditions. L’Etat n’accorde des droits aux uns que s’il oblige la charge, les devoirs de ces droits, à d’autres.

    Le vrai problème qui est à l’origine de ce désajustement de l’offre et de la demande de justice sociale réside dans une certaine schizophrénie sociale : les gens ne font pas ce qu’ils disent, ne regardent pas ce qu’ils font. Ils veulent des choses, leurs désirs sont sans limites disent les économistes, mais confient à d’autres, les économistes, ce qu’il faut faire pour les obtenir. Ce qui leur permet de regarder ailleurs. Ils ne s’attachent pas à accorder leurs désirs collectifs et leurs capacités. Comme les Français, mais pas comme les Allemands et les Nordiques. Ils refusent de s’associer quand ils sont individuellement impuissants. Tout ne dépend pas de « la » volonté, une volonté abstraite séparée des conditions d’émergence et d’investissement. Il faut aussi le pouvoir. Pour que le vouloir s’accorde avec pouvoir, il faut que le premier reste au plus près du second, n’oublie pas de quoi il dépend, comprenne son sentier de dépendance et les nouvelles conditions qui permettent la transformation de sa trajectoire. Il faut vouloir ce que l’on peut, désirer le meilleur de ce que l’on peut, ce qui suppose une connaissance du champ des possibles, une adéquation des capacités et des ressources. La question n’est pas en général de sincérité ou d’hypocrisie. Nous énonçons des principes à réaliser au lieu de nous attacher aux conditions de production de l’offre et de la demande, nous laissons nos désirs se réfugier dans des principes sans se déployer dans des conditions concrètes, sans les garder solidaires de leurs conditions de production et de transformation. Nos théories ne sont pas la théorisation de nos pratiques réussies, elles sont le moyen qui nous permet de prendre nos désirs pour des réalités.

    S’il y a régression possible avec les crises écologiques et économiques, s’il doit y avoir baisse de la consommation pour investir dans la transition écologique, s’il faut faire preuve de sobriété, le point de départ des réformes n’est pas dans des principes abstraits et généraux, mais dans les injustices réelles que l’on ne pourra pas supporter et les moyens de les atténuer ou de les empêcher. Il faudra transformer aussi bien les conditions de l’offre que celles de la demande et que leur ajustement permette leur progression globale. Il faudra être mieux que les autres certes, mais de quel point de vue ? Il faut pour cela faire confiance à l’expérience plutôt qu’à quelque théorie qui on ne sait par quelle magie réalisera ce que nous voulons. La Théorie ne doit pas prendre la place de la Révélation. En vérité nous importons des théories pour le décor, dans la réalité nous bricolons sans esprit de suite. Au lieu de nous poser les bonnes questions, en conduisant des expériences maitrisées à l’aide de théories éprouvables, pour leur donner les bonnes réponses. Qu’est-ce que l’on ne peut pas accepter collectivement et individuellement, comment y remédier concrètement ? Nous sommes d’accord pour qu’il n’y ait pas de chômeurs ? Comment alors nous donner du travail les uns les autres ? Nous sommes d’accord pour l’augmentation du pouvoir d’achat, mais comment obtenir son accroissement sans nous référer d’abord à autre chose qu’à nous-mêmes ? Notre pouvoir d’achat ne nous est pas concédé d’abord par l’État ou la providence, mais par ce que nous concédons au monde et à nous-mêmes. Ce qui compte, c’est de ce qui nous est acquis, ce que nous nous concédons les uns aux autres comme droits.

    Notes :

    [1] La grande expérience. Les démocraties à l’épreuve de la diversité. Éditions de l’Observatoire. 2022. Il est l’auteur d’un best-seller précédent, le peuple contre la démocratie. Humensis, 2018. Dans cet ouvrage qui est comme le second volet du premier, il engage le combat contre les « populismes ».

    [2] « Elon Musk, l’homme qui voulait sauver l’humanité, la planète et la démocratie », les Échos du 03.05.2022.

    [3] La cosmologie occidentale du naturalisme (Ph. Descola) qui sépare nature et société.

    [4] Courant de pensée originaire de la Silicon Valley qui souligne la capacité des nouvelles technologies à résoudre les grands problèmes du monde, comme la maladie, la pollution, la faim ou la criminalité.

    [5] Les deux humeurs qui diviseraient l’humanité selon Machiavel : ceux qui veulent commander et ceux qui refusent d’être commandés. De ce point de vue tout le monde voudrait commander aussi se font-ils continuellement la guerre. On oppose désormais souvent à tort les passions aux intérêts pour expliquer les conflits. Après avoir privilégié les intérêts on privilégie les passions, pourquoi ne les associe-t-on pas parfois au lieu de les opposer toujours ?

    [6] La stagflation est la situation d’une économie qui souffre simultanément d’une croissance économique faible ou nulle et d’une forte inflation (c’est-à-dire une croissance rapide des prix).

    [7] Déjà en 1979, le ministre américain de la Défense n’écartait pas la possibilité de proposer aux partenaires des États-Unis, en matière de sécurité internationale, « un accord visant à instaurer « une division du travail « entre alliés, aux termes duquel « ceux-ci assumeraient une plus grande part du fardeau de notre puissance militaire commune, dans leur propre région, alors que nous nous orienterions davantage vers la constitution de forces militaires de caractère planétaire « ». https://www.lemonde.fr/archives/article/1979/09/13/le-ministre-americain-de-la-defense-suggere-une-division-du-travail-entre-allies-pour-la-protection-des-lignes-de-ravitaillement-maritime_2783768_1819218.html

    [8] Le passage de l’arrogance à la repentance, à la reconnaissance des crimes, aux réparations. L’un des plus grands scandales, qui n’en était pas un il y a encore peu de temps, du colonialisme occidental et de l’histoire du Canada que rapportent les médias occidentaux serait le suivant : pendant un siècle et demi, entre 1831 et 1996, plus de 150 000 enfants autochtones ont été arrachés à leurs parents, placés de force dans des pensionnats, avec interdiction formelle de parler leur langue ou de pratiquer leurs rituels. La politique était de les « sédentariser, civiliser et christianiser ». https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/pensionnats. Mais ne voient-ils pas que les scandales qu’ils dénoncent aujourd’hui chez les autres étaient les leurs il y a peu ?

    [9] Dans un autre registre, on peut rapporter d’Antonio Gramsci, la maxime suivante : « le pessimisme de l’intelligence et l’optimisme de la volonté ».

    [10] Les géographes définissent un archipel comme un ensemble d’îles relativement proches les unes des autres, la proximité se doublant le plus souvent d’une origine géologique commune. Cette image permet de bien rendre compte des processus en cours et au sein de la société française. (L’archipélisation de la société française. Jérôme Fourquet. Commentaire 2019/2).

    [11] In Daho Djerbal, Lakhdar Bentobbal, mémoires de l’intérieur. Chihab éditions. 2021.

    par Arezki Derguini

    Le Quotidien d’Oran, 15 mai 2022

    #OTAN #EtatsUnis #Russie #Ukraine

  • Espagne: moins de gaz algérien et retard du gaz américain

    Espagne: moins de gaz algérien et retard du gaz américain – Maroc, Sahara Occidental, GNL, Etats-Unis, gazoduc Maghreb-Europe, GME,

    Les importations espagnoles de gaz en provenance d’Algérie chutent alors que le produit américain plus coûteux prend du retard
    Madrid se tourne vers le GNL américain dans un contexte de relations tendues avec l’Algérie en raison du soutien espagnol à la position du Maroc sur le Sahara occidental

    L’Espagne se tourne de plus en plus vers les États-Unis et s’éloigne de l’Algérie pour ses approvisionnements en gaz naturel, selon les données publiées cette semaine.

    En avril, le gaz algérien a fourni à l’Espagne environ 9,5 gigawattheures d’électricité, soit environ 37,5 % de moins qu’à la même période l’an dernier, selon Enagas, propriétaire et exploitant du réseau gazier espagnol.

    L’année dernière, la nation nord-africaine a fourni 41% des besoins totaux en gaz de l’Espagne.

    Ce changement est le résultat à la fois d’une relation de plus en plus tendue entre Madrid et Alger et de la fermeture du gazoduc Maghreb/Europe à l’automne dernier.

    L’Algérie a fermé le gazoduc qui traverse le Maroc pour couper son voisin occidental de son gaz.

    C’était après que l’Algérie ait gelé ses relations diplomatiques avec le Maroc en raison du positionnement et du lobbying de Rabat autour de l’autonomie de la région du Sahara occidental, ainsi que d’un vaste scandale d’espionnage.

    Puis, en mars, le gouvernement espagnol a fait un revirement surprenant sur sa position sur le Sahara occidental, se rangeant du côté de Rabat en ce que le territoire devrait être une région autonome au sein de l’État marocain.

    Cela a provoqué la colère du gouvernement algérien, bien que les responsables aient assuré que l’approvisionnement en gaz de l’Espagne se poursuivrait. Cependant, la compagnie pétrolière publique algérienne Sonatrach a publiquement réfléchi à un « recalcul » du prix que l’Espagne paie pour le gaz.

    Lorsqu’il est apparu que l’Espagne fournissait du gaz naturel au Maroc, le ministre algérien de l’énergie a déclaré que cela équivalait à une « rupture de contrat » ​​et a menacé de suspendre l’approvisionnement en gaz de l’Espagne.

    L’approvisionnement se poursuit actuellement grâce à quelques manœuvres diplomatiques, mais l’Espagne semble se sevrer de sa dépendance vis-à-vis de l’Algérie, qui reste son deuxième fournisseur.

    Les États-Unis sont devenus la principale source de gaz naturel de l’Espagne en janvier. En avril, les approvisionnements américains représentaient 31 % de la consommation de gaz de l’Espagne, soit une augmentation de 250 % par rapport à avril 2021.

    Cependant, dans un contexte de prix du gaz naturel déjà en hausse, l’Espagne paie jusqu’à 50 % de plus pour le gaz naturel liquéfié envoyé par bateau depuis les États-Unis.

    « Si l’Algérie arrête les livraisons, l’Espagne peut répondre à sa demande avec des importations de GNL. Mais cela peut faire grimper les prix du gaz dans le pays car c’est beaucoup plus cher que d’obtenir du gaz directement d’Algérie via le gazoduc GNL », a déclaré Ana Maria Jaller-Makarewicz, analyste pour l’Europe à l’Institute for Energy Economics and Financial Analysis (IEEFA).

    Anadolou

    #Espagne #Algérie #Gaz #Maroc #SaharaOccidental #GNL

  • Kadhafi, éliminé pour tuer le rêve des États-Unis d’Afrique

    Kadhafi, éliminé pour tuer le rêve des États-Unis d’Afrique

    Kadhafi, éliminé pour tuer le rêve des États-Unis d’Afrique – Hillary Clinton, OTAN, France, Etats-Unis, Sidney Blumenthal,

    Des courriels d’Hillary Clinton ont révélé que l’OTAN a tué Kadhafi pour empêcher la formation les États-Unis d’Afrique.

    Sur les 3 000 courriels publiés sur le serveur de messagerie privé d’Hillary Clinton fin décembre 2015, environ un tiers provenait de son proche confident Sidney Blumenthal. L’un de ces courriels, daté du 2 avril 2011, se lit en partie comme suit :

     » Le gouvernement de Kadhafi détient 143 tonnes d’or, et une quantité similaire en argent […]. Cet or a été accumulé avant la rébellion actuelle et devait être utilisé pour établir une monnaie panafricaine basée sur le dinar doré libyen.

    Ce plan était destiné à fournir aux pays africains francophones une alternative au franc français (CFA). »

    Dans un « commentaire de la source », l’email original déclassifié ajoute :

    « Selon des personnes bien informées, cette quantité d’or et d’argent est évaluée à plus de 7 milliards de dollars. Les agents des services de renseignement français ont découvert ce plan peu après le début de la rébellion actuelle, et c’est l’un des facteurs qui a influencé la décision du président Nicolas Sarkozy d’engager la France dans l’attaque de la Libye. Selon ces personnes, les plans de Sarkozy sont motivés par les questions suivantes :

    1. Un désir d’obtenir une plus grande part de la production pétrolière libyenne,

    2. Augmenter l’influence française en Afrique du Nord,

    3. Améliorer sa situation politique interne en France,
    4. Fournir à l’armée française une occasion de réaffirmer sa position dans le monde.
    5. Répondre aux préoccupations de ses conseillers concernant les plans à long terme de Kadhafi visant à supplanter la France en tant que puissance dominante en Afrique francophone. »

    Toute mention des préoccupations humanitaires est manifestement absente. Les objectifs étaient de se débarrasser de l’unification de l’Afrique, de l’argent, du pouvoir et du pétrole.

    Africa archives, 07/05/2022

    #Africa #Kadhafi #OTAN #Sarkozy



  • L’Allemagne place le gaz algérien en tête de ses priorités

    L’Allemagne place le gaz algérien en tête de ses priorités

    L’Allemagne place le gaz algérien en tête de ses priorités – UE, Union Européenne, Espagne, Italie, Russie, Qatar, Etats-Unis, GNL,

    Mohamed Meslem

    Les Européens s’orientent vers un renforcement de leurs relations énergétiques avec l’Algérie, acculés par les pressions de la crise énergétique mondiale, à un moment où les divergences entre l’Algérie et l’Espagne sont croissantes et complexes, et alors que les prix du gaz connaissent une hausse folle soutenue par le boycott des pays du vieux continent de leur principal fournisseur de gaz russe, sous la pression des Etats-Unis d’Amérique.

    Après que l’Algérie ait renforcé ses relations avec la troisième puissance européenne, l’Italie, en concluant de nouveaux accords de fourniture de gaz et en portant ses exportations à plus de trente milliards de mètres cubes par an, le premier géant du vieux continent, l’Allemagne, a décidé de s’intéresser au gaz algérien à partir de l’année 2024, dans la première déclaration d’un responsable allemand à cet égard depuis le déclenchement de la guerre russo-ukrainienne.

    Cette déclaration a été faite par le ministre allemand de l’économie, Robert Habeck, lors d’une réunion avec les industriels allemands, qui se plaignent de la perturbation de leurs intérêts en raison de la question du gaz qui menace l’économie mondiale d’une crise sans précédent.

    Le responsable allemand a évoqué l’entrée du monde dans une nouvelle phase marquée par des prix du gaz élevés en permanence, soulignant au passage la fin du « paradis » de la phase précédente où les prix du gaz étaient bas, ce que le ministre allemand a qualifié de « vérité amère et difficile ».

    Le gouvernement allemand vit entre deux feux, celui de la pression américaine qui l’appelle à cesser d’importer du gaz russe, et celui des industriels de ce pays géant économique, qui refusent fermement de cesser d’importer du gaz russe avant que leur nouvelle ressource ne soit assurée, qui ne sera que le gaz algérien, en raison de plusieurs considérations, dont la première est sa proximité avec le vieux continent, et ensuite la facilité de son transport par gazoducs, qui le rend trois fois moins cher que le gaz liquéfié, qui n’a pas d’autres moyens de transport que les pétroliers géants.

    Dans ce contexte, les médias ont parlé du début des négociations entre les responsables algériens et allemands afin de conclure des accords de fourniture de gaz algérien, avant la fin de ce mois, dans un nouveau fait qui augmentera l’isolement de l’Espagne en Europe, qui s’est empressée de demander de l’aide, par l’intermédiaire de son ministre des Affaires étrangères Jose Manuel Albares, au commissaire à la politique étrangère de l’Union européenne, Josep Borrell, pour servir de médiateur avec l’Algérie afin de rétablir les relations bilatérales, de manière effective et non officielle, depuis le rappel de l’ambassadeur Said Moussa de Madrid le 19 mars dernier.

    Le responsable allemand a évoqué les futurs partenaires de son pays dans le domaine du gaz, et a placé l’Algérie en tête des pays dont Berlin compte importer du gaz, en plus des États-Unis d’Amérique et du Qatar.

    Cependant, la différence entre le gaz algérien et ses homologues venant du Qatar et des Etats-Unis, sera très chère et trois fois plus chère que le gaz algérien, car il faut le convertir en gaz liquéfié pour qu’il puisse être facilement transporté par des tankers géants, et ensuite le reconvertir en gaz pour qu’il soit utilisable.

    Programmer la date d’importation du gaz algérien par l’Allemagne à 2024, en raison du manque d’infrastructures pour stocker le gaz, étant donné qu’elle le consommait en tant que gaz dans son premier cas, puisqu’il lui parvient de Russie par des gazoducs, mais son expédition par des pétroliers géants nécessite sa liquéfaction avant de le convertir en gaz. Cela nécessite des structures qui, selon le gouvernement allemand, seront prêtes dans les trois prochaines années.

    La déclaration du ministre allemand de l’économie intervient alors que rien ne laisse présager l’imminence de la crise du gaz, qui a été exacerbée par un nouveau panier de sanctions contre la Russie, représenté par l’arrêt de l’importation de pétrole russe avant la fin de cette année, une décision qui augmenterait la pression sur le marché de l’énergie. Ses prix sont déjà enflammés.

    Bien que la déclaration des officiels allemands sur l’inévitabilité de recourir au gaz algérien ait été retardée, l’intérêt pour celui-ci est présent et fort depuis l’accord algéro-italien d’avril dernier.

    « Echorouk » a précédemment rapporté une réunion qui a eu lieu à Berlin entre les responsables allemands et leurs homologues italiens immédiatement après la visite du Premier ministre italien Mario Draghi en Algérie le 11 avril dernier, et qui se coordonnait afin d’ »assiéger » la crise énergétique qui s’est imposée aux pays du vieux continent.

    Les résultats de cette réunion de coordination ont laissé aux observateurs l’impression que l’Italie sera le principal distributeur de gaz algérien sur le continent européen, un rôle pour lequel l’Espagne a perdu des milliards d’euros en équipant les infrastructures, en vue de sa conversion, de son stockage et de sa réexportation vers les pays européens à travers ses frontières nord-est avec la France, où des réseaux de canalisations ont été réalisés à cette fin.

    Echouroukonline, 03/05/2022

    #Algérie #Allemagne #Gaz #Espagne #Italie #UE

  • Algérie-Maroc: 60 ans de relation conflictuelle -3 et fin-

    Algérie-Maroc: 60 ans de relation conflictuelle -3 et fin-

    Algérie-Maroc: 60 ans de relation conflictuelle -3 et fin- – Sahara Occidental, Israël, Etats-Unis, Maghreb,

    Par Khadija Mohsen-Finan*

    L’axe Washington-Tel-Aviv-Rabat rebat les cartes

    En décembre 2020, le Maroc et les États-Unis signent un accord qui stipule que Rabat normalise ses relations avec Israël en contrepartie de la reconnaissance par Washington de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. L’appui franc de Washington à Rabat sur un dossier aussi sensible que celui du Sahara occidental déséquilibre la relation entre le Maroc et l’Algérie. Il introduit aussi un acteur nouveau sur la scène politique maghrébine : Israël

    Ce double parrainage, américain et israélien, reconfigure la scène régionale et donne à Rabat une longueur d’avance sur Alger. Désormais, leur rivalité n’a plus pour théâtre le Maghreb, mais l’Afrique, un terrain ancien pour une Algérie qui s’était distinguée par sa diplomatie et son rôle d’intermédiaire sur la scène africaine. Mais ce pays a connu une longue léthargie, notamment due à la maladie du président Abdelaziz Bouteflika à partir de 2013. Une perte d’influence qui a profité au Maroc qui a réintégré l’Union africaine (UA) en 2017, qui a investi massivement dans le secteur économique, et qui a développé une diplomatie religieuse. L’influence acquise ces dernières années par le Maroc en Afrique lui a permis de compter de nombreux Etats africains qui se sont ralliés à sa position sur le Sahara occidental. Elle a aussi permis au Maroc de venir en aide à Israël qui voulait retrouver son statut d’observateur au sein de l’UA, perdu en 2002. L’Algérie avait pourtant essayé de s’opposer à la réintégration d’Israël, rappelant aux membres de l’UA que cette instance a toujours appuyé la cause palestinienne.

    Pour Israël, son statut au sein de cette instance africaine constitue une première étape pour un déploiement géostratégique en Afrique de l’Ouest. En contrepartie de son aide, et plus largement de la normalisation de sa relation avec l’Etat hébreu, le Maroc entend bénéficier d’investissements importants. Rabat souhaite intensifier sa coopération sécuritaire qui existait déjà avant les accords d’Abraham. Les révélations faites sur l’utilisation massive du logiciel espion Pegasus par le Maroc en atteste : 6.000 numéros de téléphone algériens ont été espionnés, dont ceux des acteurs de la classe politique.

    Cette proximité affichée entre Rabat et Tel-Aviv irrite le pouvoir algérien, d’autant que les acteurs politiques israéliens n’hésitent pas à stigmatiser l’ennemi traditionnel de leur allié marocain. En août 2021, et alors qu’il était en visite à Rabat, Yaïr Lapid, le ministre israélien des Affaires étrangères, déclarait, en présence de son homologue marocain Nasser Bourita qu’il était « inquiet du rôle joué par l’Algérie dans la région, du rapprochement d’Alger avec l’Iran et de la campagne menée par Alger contre l’admission d’Israël en tant que membre observateur de l’UA ». RamtaneLaamamra, le ministre algérien des Affaires étrangères, n’a pas manqué de répondre à ces accusations, déclarant que « jamais, depuis 1948, on n’a entendu un membre du gouvernement israélien proférer des menaces contre un pays arabe à partir du territoire d’un autre pays arabe ».

    Il est vrai que les propos de Yaïr Lapid succédaient à ceux de Omar Hilale, ambassadeur du Maroc à l’ONU. Les 13 et 14 juillet 2011, lors d’une réunion des Non-alignés à New York, il avait en effet distribué une note disant que le « vaillant peuple kabyle mérite, plus que tout autre, de jouir pleinement de son droit à l’autodétermination ». La tension est à son comble, d’autant que pour Alger, le Maroc qui soutient ouvertement, voire cautionne le Mouvement pour l’autonomie en Kabylie (MAK), est également impliqué dans les incendies de l’été 2021 en Kabylie.

    Le 17 août, le Haut Conseil de sécurité dirigé par le chef de l’Etat algérien décidait de « revoir » les relations de son pays avec le Maroc, et le 24 août, Alger annonçait la rupture de ses relations diplomatiques avec le Maroc.

    Le gaz algérien comme moyen de pression sur le Maroc

    Alger tente de réagir aux succès diplomatiques de son voisin et rival marocain en usant de l’une des dernières cartes à sa disposition, celle du gaz.

    Depuis 1996, le Maroc est un pays de transit pour le gaz algérien exporté en Espagne et au Portugal, transportant ainsi 10 milliards de mètres cubes de gaz chaque année. Le Maroc couvrait ainsi 97% de ses besoins en prélevant directement du gaz transitant sur son territoire comme droit de passage et en l’achetant à un tarif préférentiel à l’entreprise d’Etat Sonatrach. Le contrat entre Sonatrach et l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (Onee) qui arrivait à échéance le 31 octobre 2021 n’a pas été renouvelé.

    Selon Alger, cette rupture avait pour objet de protester contre des « pratiques à caractère hostile qui portent atteinte à l’unité nationale ». Pour mieux nourrir le conflit qui oppose les deux Etats, le 31 octobre, l’Onee publiait un communiqué pour dire que l’impact de cette décision sur le système politique marocain est « insignifiant » car le pays a pris ses dispositions, et même si les deux centrales électriques qui fonctionnent grâce au gaz algérien venaient à s’arrêter, le consommateur ne s’en rendrait pas compte.

    En dépit de cette affirmation, le Premier ministre marocain Aziz Akhannouch s’est empressé d’entamer des discussions avec Madrid pour envisager les modalités d’approvisionnement du Maroc en gaz naturel. La négociation n’est pas facile car la crise diplomatique du printemps 2021 n’est pas totalement oubliée par les Espagnols. Elle avait été causée par l’accueil par l’Espagne du chef du Front Polisario qui venait pour des soins. La sanction marocaine à cet accueil intervenait un mois plus tard, à la mi-mai, lorsque plus de 10.000 migrants arrivaient à Ceuta, à la faveur d’un relâchement des contrôles par les autorités marocaines. Mais l’Espagne, qui est le premier partenaire économique du Maroc, a dit vouloir « faire un geste pour garantir la sécurité énergétique du Maroc ».

    Le 3 février 2022, le gouvernement espagnol annonçait que le Maroc pourra acheter du gaz naturel liquéfié sur les marchés internationaux, le faire livrer dans une usine de regazéifaction de l’Espagne et utiliser le gazoduc du Maghreb (GEM) pour l’acheminer sur son territoire.

    Pour autant, cette « stratégie du gaz » n’a pas réussi à affaiblir le rival marocain. Le 18 mars 2022, Pedro Sanchez, le chef du gouvernement espagnol, annonçait le rapprochement de son pays avec le Maroc. Il reconnaissait en effet que le plan d’autonomie proposé par Rabat en 2007 pour clore le conflit saharien représentait « la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution du différend ». Pedro Sanchez cédait ainsi à l’intense pression exercée par le Maroc, menaçant notamment l’Espagne de ne plus contrôler les flux de migrants qui débarquent sur son territoire. La menace est réelle puisque depuis le début de l’année 2022, le nombre de migrants arrivés aux Canaries à partir du Sahara occidental contrôlé par le Maroc a augmenté de 115% par rapport à la même période en 2021.

    Ce rapprochement entre Madrid et Rabat, qui a pris les Algériens par surprise, isole un peu plus l’Algérie au plan régional. Désormais, le Maroc souhaite bénéficier de la reconnaissance de sa « marocanité » du Sahara occidental par plus grand nombre de capitales occidentales. Une manière de contourner le droit international et l’ONU, en affaiblissant considérablement l’Algérie, déjà en perte de vitesse au plan régional et international.

    Cette stratégie des alliances mise en place par le Maroc pour venir à bout de ce conflit du Sahara, et inaugurée à Washington en décembre 2021, se développe aujourd’hui dans un contexte différent. En effet, l’invasion russe en Ukraine a dicté un nouvel ordre international et une nouvelle définition de la notion d’alliance.

    Repenser le conflit entre Alger et Rabat dans le nouveau contexte international

    L’invasion de l’Ukraine par la Russie a mis en exergue l’anachronisme du contentieux entre l’Algérie et le Maroc pour le leadership régional. La guerre en Ukraine montre en effet que les classes politiques algérienne et marocaine partagent les vues de Vladimir Poutine sur de nombreux aspects. Comme lui, elles pensent que la puissance est encore territoriale. Elles pensent aussi que la guerre concerne deux Etats, abstraction faite de leurs sociétés. Elles pensent enfin que les alliances sont durables, or, elles sont désormais ponctuelles et portent sur des dossiers précis.

    Le 2 mars 2022, le vote de la résolution de l’Assemblée générale des Nations unies exigeant de la Russie un arrêt immédiat de la guerre a révélé à quel point les Etats votaient en fonction de leurs intérêts nationaux et régionaux. Au Maghreb, seule la Tunisie, soucieuse de relancer les négociations avec le FMI pour un emprunt, a voté en faveur de cette résolution. L’Algérie, alliée de longues date de la Russie, s’est abstenue. Car si la Russie continue de lui fournir pratiquement tout son armement, l’Ukraine représente également un allié stratégique pour Alger. Kiev lui fournit des équipements de son complexe militaro-industriel qui est hérité de l’Urss. Mais l’Algérie, qui entend ménager son ami russe qui lui fournit près de 70% de son armement, exprime aussi sa capacité à approvisionner le marché européen en gaz naturel. Toufic Hakkar, le PDG de la Sonatrach, déclarait que « la Sonatrach est et restera un partenaire et un fournisseur fiable du gaz pour le marché européen et est constamment disponible à soutenir ses partenaires de long terme en cas de situation difficile ». En s’abstenant de voter la résolution onusienne, l’Algérie tente de conserver sa fidélité et sa loyauté à la Russie tout en montrant qu’elle pourrait être disposée à répondre aux sollicitations des pays occidentaux. Une manière d’affirmer qu’elle est susceptible de jouer un rôle au plan international, qui viendrait contredire la thèse de son isolement.

    Quant au Maroc, il était absent le jour du vote. Une absence qui traduit un embarras certain. En effet, Rabat souhaite amener la Russie, membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, à une neutralité positive sur le Sahara occidental. D’où une prudence dans la formulation, le Maroc parlant « d’escalade militaire » et non d’invasion et exprimant des regrets pour les « morts et les souffrances des deux côtés ».

    Mais ce jeu d’équilibrisme a des limites, et c’est finalement l’Ukraine qui a tranché en rappelant son ambassadeur à Rabat.

    Ces quelques exemples montrent à quel point les alliances sont dictées par les intérêts nationaux immédiats, sans qu’il y ait partage de valeurs qui obéissent à la théorie des blocs.

    Alger et Rabat, qui se préoccupent des Etats pouvant leur être utiles dans leur lutte au plan régional, sont encore dans une logique de guerre, et s’arment de manière disproportionnée par rapport à une menace difficile à identifier ou à mesurer.

    Selon le Stockholm International Peaceesearch Institute (Sipri), après l’Egypte, l’Algérie et le Maroc sont les plus importants acheteurs d’armes en Afrique. Entre 2010 et 2020 l’Algérie a consacré 90 milliards de dollars en achat d’armement, tandis que le Maroc en aurait dépensé trois fois moins pour la même période. Mais pour 2022 les budgets militaires des deux Etats ont augmenté. Le Maroc a acheté des drones armés turcs de types Bayraktar TB-2, et l’Algérie négociait encore dernièrement avec Moscou l’achat de missiles aériens S500 et la quatrième génération de l’avion de combat SU-57. Maroc et Algérie achètent du matériel de guerre à la Chine, que ce soit des missiles de défense anti-aérienne pour le Maroc, ou encore un système de guerre électronique pour l’Algérie. Dans un climat de grande tension et de rupture diplomatique entre les deux Etats, l’importance d’un tel armement de guerre fait craindre une guerre sur le terrain.

    Recommandations

    • Il est nécessaire de réfléchir à un nouvel ordre régional. Celui qui a été imposé au Maghreb après les indépendances, opposant Alger à Rabat et se focalisant sur le conflit du Sahara occidental, est aujourd’hui anachronique. Que signifie, dans le contexte actuel, la rivalité entre deux régimes politiques opposés, alors que la guerre froide est terminée et que la théorie des blocs n’existe plus ?

    • La guerre en Ukraine montre que la guerre ne se fait plus uniquement entre Etats. Les sociétés sont concernées et participent à l’élan de guerre et à la résistance. Elles doivent être consultées.

    • La puissance des Etats ne se mesure plus en termes de territoire ou d’arsenal militaire. Alger et Rabat gagneraient à cesser de s’armer de manière inutile et coûteuse. Leur comportement belliqueux pèse sur le développement du Maghreb et sur la coopération en son sein.

    • Il est difficile d’imaginer une victoire totale dans cette guerre qui empoisonne la région. Les classes politiques gagneraient à dépasser ce contentieux et à envisager sérieusement des échanges au plan horizontal.

    • Enfin, l’ONU devrait trouver un règlement au conflit du Sahara occidental, le dernier conflit de décolonisation en Afrique. Seule une solution politique serait acceptable entre les parties, aucune d’entre elles n’ayant perdu le combat. Cette situation de ni paix ni guerre est insupportable pour les Sahraouis. Mais elle est également préjudiciable pour tout le Maghreb.

    (*) Docteure en sciences politiques, historienne et spécialiste du Maghreb et des questions méditerranéennes

    Lapresse.tn, 28/04/2022

    #Algérie #Maroc #SaharaOccidental #FrontPolisario #EtatsUnis #Israël #Maghreb

  • USA-Russie: Pas de gagnants dans une guerre nucléaire

    USA-Russie: Pas de gagnants dans une guerre nucléaire – Ukraine, Etats-Unis, Vladimir Poutine, OTAN,

    Les États-Unis conviennent avec la Russie que la guerre nucléaire ne peut pas être gagnée – Maison Blanche
    Jen Psaki a ajouté que le président américain Joe Biden n’était toujours pas disposé à envoyer des troupes américaines en Ukraine

    WASHINGTON, le 3 mai. /TASS/. Les États-Unis conviennent avec la Russie qu’il ne peut y avoir de gagnants dans une guerre nucléaire, a déclaré lundi la secrétaire de presse de la Maison Blanche, Jen Psaki, lors d’un point de presse régulier.

    « Je dirais que les Russes eux-mêmes ont, au fil du temps, y compris pas plus tard que l’année dernière, indiqué clairement qu’aucune guerre nucléaire – une guerre nucléaire ne pouvait être gagnée. Nous sommes d’accord avec cela. Et il est important que chaque pays réaffirme et chaque élu de redire à travers le pays ici aussi », a-t-elle déclaré.

    Psaki a ajouté que le président américain Joe Biden n’était toujours pas disposé à envoyer des troupes américaines en Ukraine.

    « Je noterais le point de vue du président, et sa position continue d’être que nous n’envoyons pas de troupes américaines sur le terrain pour mener cette guerre. Et c’est quelque chose que nous continuerons à réitérer pour les Américains », a-t-elle déclaré.

    Elle a également nié que la situation autour de l’Ukraine se soit transformée en un conflit indirect entre l’OTAN et la Russie.

    « <…> Ce n’est pas une guerre par procuration. C’est une guerre entre la Russie et l’Ukraine. L’OTAN n’est pas impliquée. Les États-Unis ne mènent pas cette guerre. Donc, je pense qu’il est important et vital pour nous tous de ne pas répéter le points de discussion du Kremlin sur ce front », a-t-elle déclaré.

    Le 24 février, le président russe Vladimir Poutine a annoncé une opération militaire spéciale en réponse à une demande d’aide des chefs des républiques du Donbass. Il a souligné que Moscou n’avait pas l’intention d’occuper les territoires ukrainiens, mais visait à démilitariser et à dénazifier le pays. Le 16 mars, le président Poutine a déclaré que la politique occidentale de sanctions contre Moscou présentait tous les signes d’une agression. En outre, Poutine a souligné que la politique d’endiguement de la Russie est une stratégie à long terme pour l’Occident.

    TASS, 02/05/2022

    #EtatsUnis #Russie #Ukraine #Guerre_nucléaire

  • Israël offre son soutien au Maroc sur le Sahara occidental

    Israël offre son soutien au Maroc sur le Sahara occidental

    Israël offre son soutien au Maroc sur le Sahara occidental – Bahreïn, EAU, Emirats Arabes Unis, Egypte, normalisation, Etats-Unis, Anthony Blinken,

    Le 27 mars, Israël a accueilli un sommet historique au cours duquel les ministres des Affaires étrangères du Maroc, de Bahreïn, d’Égypte, des Émirats arabes unis et des États-Unis se sont rencontrés pour discuter d’une myriade de questions internationales. Ils se sont également rencontrés pour illustrer les étapes réussies vers la normalisation des relations entre Israël et les pays arabes du Moyen-Orient. Au cours de cette retraite de deux jours à Sde Boker, le Maroc a abordé le sujet de la région longtemps disputée du Sahara occidental, où Israël a ensuite exprimé son soutien à la proposition d’autonomie du pays pour le désert situé sur la côte nord-ouest de l’Afrique.

    En fin de compte, le Maroc considère le Sahara occidental comme le sien, tandis que le Front Polisario exige qu’il soit un État souverain. Ainsi, le Sahara occidental a fait l’objet d’un conflit territorial prolongé entre le Maroc et son peuple autochtone sahraoui, dirigé par le Front Polisario, qui est un groupe indépendant soutenu par l’Algérie rivale du royaume. Ancienne colonie espagnole, le territoire du Sahara occidental a été illégalement annexé par l’invasion et l’occupation par les militaires marocain et mauritanien en 1975 après le retrait de l’Espagne.

    Aujourd’hui, comme le détaillent les Nations Unies, le Sahara Occidental est le seul territoire africain encore sous occupation coloniale. De plus, par cet événement, le Maroc et la Mauritanie ont violé la déclaration de la CIJ de 1975 selon laquelle aucune nation n’a de souveraineté territoriale sur le Sahara occidental. Un an plus tard, le Front Polisario, reconnu par l’ONU comme « le seul représentant légitime du peuple sahraoui », annonce la création de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) en tant qu’Etat indépendant. Suite à cela, une lutte armée de 16 ans entre le royaume et le mouvement indépendant a duré jusqu’à ce qu’un cessez-le-feu soit conclu en 1991. Cependant, le Polisario a déclaré le cessez-le-feu nul en 2020 et a depuis lancé de nouvelles attaques contre les forces marocaines.

    Dans cette proposition, soumise pour la première fois en 2006 à l’ONU, le Maroc accorderait l’autonomie au peuple du Sahara occidental, et les sahraouis dirigeraient leur gouvernement sous souveraineté marocaine. En outre, il est à noter que le Maroc contrôlerait la défense et les affaires étrangères du territoire. Bien que les États-Unis et Israël aient annoncé un ferme soutien au plan d’autonomie du Maroc afin de régler le conflit de longue date, ainsi que le soutien signalé de l’Espagne, de nombreuses organisations internationales, y compris l’ONU, ne reconnaissent pas le contrôle marocain, appelant plutôt l’Occident à Le Sahara un « territoire non autonome ». En outre, en vertu du droit international, le Sahara occidental n’est pas une partie légale du Maroc, et il reste sous le droit international de l’occupation militaire.

    Avec l’aide de l’administration Trump, Israël a réussi à nouer des relations diplomatiques et à nouer de nouveaux liens pacifiques avec quatre pays de la Ligue arabe, dont Bahreïn, les Émirats arabes unis, le Soudan et le Maroc depuis 2020 . note qu’il est supposé que ces accords de normalisation étaient motivés par des intérêts personnels, tels que des faveurs et une proximité plus étroite avec les États-Unis. Ainsi, on peut supposer que le récent soutien d’Israël aux plans du Maroc pour le Sahara occidental sert de contrepartie. En outre, le sommet a principalement abordé les préoccupations concernant l’accord nucléaire iranien. Par conséquent, il est dans l’intérêt d’Israël et du Maroc de renforcer leurs relations, par des moyens tels que la proposition, afin de faciliter un front unifié contre la menace iranienne. En outre, le Maroc a officiellement rompu ses relations diplomatiques avec l’Iran en 2018 parce que ce dernier pays a financé le Front Polisario, a déclaré Al Jazeera.

    Le Maroc et le Front Polisario sont toujours incapables de parvenir à un accord, les référendums et les compromis n’ayant pas abouti grâce à la médiation des organisations internationales. La désintégration du cessez-le-feu de 30 ans organisé par l’ONU et la récente escalade violente se sont produites principalement lorsque l’ONU n’a pas mis en œuvre le référendum, créant ainsi une stagnation politique de longue durée de la situation ; où la frustration et les perspectives négatives concernant le Sahara occidental ont maintenant éclaté au-dessus de la surface. Comme l’a annoncé Antonio Guterres, le conflit s’est « considérablement détérioré » et la « reprise des hostilités entre le Maroc et le Front Polisario est un revers majeur vers la réalisation d’une solution politique ». C’est une situation assez décevante, où en cas de succès.

    À présent, il est crucial que les organisations internationales s’attèlent à la tâche de trouver une solution pacifique qui fonctionne pour toutes les parties concernées. L’UE, Amnesty International, l’ONU, l’Union africaine et les principales nations qui ont été historiquement et actuellement engagées dans le conflit doivent mettre de côté leurs divergences passées et collaborer pour parvenir à un plan solide. Cela réduira la violence observée sur le territoire et créera un espace pour un changement positif. Il est important de se rappeler que bien que cette question puisse apparaître comme un différend isolé, elle a des conséquences considérables : pour les pays directement touchés, la région en général et la communauté internationale au sens large.

    De plus, le conflit a des impacts humains, politiques et économiques en raison de la violence et de l’instabilité à l’intérieur et autour du territoire, faisant de nombreuses victimes. De plus, l’actuelle mission de maintien de la paix de l’ONU, la MINURSO, doit mener le référendum au Sahara occidental avec plus de pression, car cela a exacerbé l’inaction diplomatique. Supposons que l’ONU et les organisations et nations similaires soient véritablement passionnées par la résolution du conflit du Sahara occidental et la fin de la violence, de la douleur et des déplacements que les civils ont dû endurer. Dans ce cas, il doit y avoir un dévouement à mettre plus de ressources dans ce conflit. Alors que la crise ne fait qu’empirer et que de plus en plus de nations brisent la diplomatie pour former des camps directs, des mesures réelles doivent être prises pour investir davantage de ressources dans les pourparlers de paix entre le Maroc et le Front Polisario.

    Grace O’Neill, stagiaire correspondante à l’Organisation pour la paix mondiale. Elle est actuellement étudiante de premier cycle à l’Université de Georgetown, étudiant la politique internationale avec une concentration en droit international et une mineure en italien. Grace concentre ses intérêts sur des sujets concernant les violations des droits de l’homme, la défense des réfugiés, la politique environnementale et la région du Moyen-Orient.

    The Organization of world peace, 30/04/2022

    #Maroc #SaharaOccidental #FrontPolisario #Israël #EtatsUnis #EAU #Bahreïn #Normalisation



  • Europe supplétive

    Europe supplétive

    Europe supplétive – OTAN, Etats-Unis, Ramstein, Europe, UE, Russie, Ukraine, armes,

    Les États-Unis réunissent 40 ministres de la défense « alliés » (des pays de l’OTAN plus Japon, Australie…) pour les « inviter » à augmenter leur soutien militaire à l’Ukraine et à suivre leur exemple. Les Etats-Unis en sont à 3.7 Mds$ de matériels fournis à l’Ukraine avec les 700 millions supplémentaires votés la semaine dernière.

    Les États-Unis sont « chez eux » en Allemagne. Désormais, il n’y a plus de doute que :

    1.- La guerre en cours est une guerre à la Russie. C’était clair depuis au moins 2014.

    2.- C’est une guerre américaine.

    3.- L’Ukraine est un prétexte, un terrain parmi d’autres et les pays européens ne sont que des supplétifs au mieux aptes à exécuter les ordres qu’on leur donne.

    Alors que le conflit se déroule sur le sol européen et que si ce conflit prenait une dimension plus vaste, plus dangereuse et plus mortifère, ce seront les Européens qui en seraient les premières victimes.

    Si l’Europe avait été maîtresse de son destin, ce serait à Bruxelles que les chefs d’Etat de l’Union se seraient réunis pour décider de la paix et de la guerre sur leur continent.

    L’Europe n’a ni représentant, ni destin. Un ectoplasme conforme au projet du général Marshall forgé en 1945.

    Demain la guerre que l’Amérique a décidé emportera l’Union et ses dirigeants apparaîtront pour ce qu’ils sont : des bavards inconsistants et des escrocs politiques qui auront vendu une fable à leurs concitoyens.

    Si les députés européens avaient la moindre dignité, ils devraient donner leur démission, ainsi d’ailleurs que les pantins qui leurs servent de commissionnaires chargés de fabriquer des “lois” (directives) pour contourner discrètement les parlements nationaux, abusant les opinions qui croient encore à la “démocratie”… Pour une raison très simple : ces marionnettes sont hors d’état de penser en toute liberté et de décider de quoi que ce soit.

    A l’évidence, le plus humilié de tous c’est le peuple allemand qui subit son état depuis près de 80 ans.
    Rien ne laisse penser qu’il en sera différemment demain. Berlin résiste mais, à reculons, finit par consentir.
    La sujétion produit des habitudes difficiles à extirper…

    Bel Abbès Info, 27 avril 2022

    #OTAN #UnionEuropéenne #UE #Europe #Ramstein #EtatsUnis #Russie #Ukraine