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  • FBI: Peu de preuves que l’attaque du Capitole était coordonnée

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    Le FBI trouve peu de preuves que l’attaque du Capitole était coordonnée – sources

    WASHINGTON, 20 août (Reuters) – Le FBI a trouvé peu de preuves que l’attaque du 6 janvier contre le Capitole des États-Unis était le résultat d’un complot organisé pour renverser le résultat de l’élection présidentielle, selon quatre responsables actuels et anciens des forces de l’ordre.

    Bien que les autorités fédérales aient arrêté plus de 570 participants présumés, le FBI estime à ce stade que les violences n’ont pas été coordonnées de manière centralisée par des groupes d’extrême droite ou des partisans éminents du président de l’époque, Donald Trump, selon les sources, qui ont été soit directement impliquées, soit régulièrement informées sur les enquêtes de grande envergure.

    « Quatre-vingt-dix à quatre-vingt-quinze pour cent de ces cas sont ponctuels », a déclaré un ancien haut responsable des forces de l’ordre ayant connaissance de l’enquête. « Ensuite, vous avez cinq pour cent, peut-être, de ces groupes de miliciens qui étaient plus étroitement organisés. Mais il n’y avait pas de grand plan avec Roger Stone et Alex Jones et tous ces gens pour prendre d’assaut le Capitole et prendre des otages. »

    Stone, un vétéran de l’action républicaine et qui se décrit lui-même comme un « magouilleur », et Jones, fondateur d’une émission de radio et d’un webcast axés sur la conspiration, sont tous deux des alliés de Trump et avaient participé à des événements pro-Trump à Washington le 5 janvier, la veille de l’émeute.

    Les enquêteurs du FBI ont constaté que des cellules de manifestants, dont des adeptes des groupes d’extrême droite Oath Keepers et Proud Boys, avaient cherché à pénétrer dans le Capitole. Mais ils n’ont trouvé aucune preuve que les groupes avaient des plans sérieux sur ce qu’ils feraient s’ils parvenaient à entrer, ont déclaré les sources.

    Scènes poignantes du siège du Capitole des États-Unis

    Les procureurs ont déposé des accusations de complot contre 40 de ces accusés, alléguant qu’ils ont participé à un certain degré de planification avant l’attaque.

    Ils allèguent qu’un leader de Proud Boy a recruté des membres et les a incités à stocker des gilets pare-balles et d’autres équipements de style militaire dans les semaines précédant l’attaque et que, le 6 janvier, il a envoyé des membres avec un plan pour se diviser en groupes et entrer plusieurs fois dans le Capitole.

    Mais jusqu’à présent, les procureurs se sont tenus à l’écart d’accusations plus graves et à forte connotation politique qui, selon les sources, avaient été initialement envisagées par les procureurs, telles que la conspiration séditieuse ou le racket.

    L’évaluation du FBI pourrait s’avérer pertinente pour une enquête du Congrès qui vise également à déterminer comment les événements de cette journée ont été organisés et par qui.

    Des législateurs de haut rang ont été informés en détail des résultats de l’enquête du FBI jusqu’à présent et les trouvent crédibles, a déclaré une source démocrate du Congrès.

    Le chaos du 6 janvier a éclaté alors que le Sénat et la Chambre des représentants des États-Unis se réunissaient pour certifier la victoire de Joe Biden à l’élection présidentielle de novembre.

    C’était l’attaque la plus violente contre le Capitole depuis la guerre de 1812, obligeant les législateurs et le propre vice-président de Trump, Mike Pence, à se précipiter pour se mettre en sécurité.

    Quatre personnes sont mortes et une autre le lendemain, et plus de 100 policiers ont été blessés.

    LE DISCOURS DE TRUMP

    Trump a prononcé un discours incendiaire lors d’un rassemblement à proximité peu avant l’émeute, répétant les fausses affirmations selon lesquelles l’élection de 2020 a été volée et exhortant ses partisans à marcher sur le Capitole pour faire pression sur les législateurs afin qu’ils rejettent la victoire de Biden.

    Dans des commentaires publics adressés le mois dernier à la commission du Congrès dirigée par les démocrates et formée pour enquêter sur la violence, les policiers blessés dans le chaos ont exhorté les législateurs à déterminer si Trump a aidé à l’instiguer. Certains démocrates ont dit qu’ils voulaient qu’il témoigne.

    Trump a prononcé un discours incendiaire lors d’un rassemblement à proximité peu avant l’émeute, répétant de fausses affirmations selon lesquelles l’élection de 2020 a été volée et exhortant ses partisans à marcher sur le Capitole pour faire pression sur les législateurs afin qu’ils rejettent la victoire de Biden.

    Dans des commentaires publics adressés le mois dernier à la commission du Congrès dirigée par les démocrates et formée pour enquêter sur la violence, les policiers blessés dans le chaos ont exhorté les législateurs à déterminer si Trump a aidé à l’instiguer. Certains démocrates ont dit qu’ils voulaient qu’il témoigne.

    Mais le FBI n’a jusqu’à présent trouvé aucune preuve que lui ou des personnes de son entourage direct aient été impliqués dans l’organisation de la violence, selon les quatre responsables actuels et anciens des forces de l’ordre.

    Selon le ministère de la Justice, plus de 170 personnes ont été inculpées jusqu’à présent pour avoir agressé ou entravé le travail d’un policier. La peine maximale encourue est de 20 ans.

    Mais une source a déclaré que les hauts fonctionnaires du ministère de la Justice n’ont pas ou peu discuté récemment de la possibilité de porter des accusations telles que « conspiration séditieuse » pour accuser les défendeurs de vouloir renverser le gouvernement. Ils ont également choisi de ne pas porter d’accusations de racket, souvent utilisées contre les bandes criminelles organisées.

    Des hauts fonctionnaires avaient discuté de la possibilité de porter de telles accusations dans les semaines qui ont suivi l’attentat, ont indiqué les sources.

    Les procureurs n’ont pas non plus retenu d’accusations selon lesquelles un individu ou un groupe aurait joué un rôle central dans l’organisation ou la direction de l’émeute. Des sources des forces de l’ordre ont déclaré à Reuters qu’aucune accusation de ce type ne semblait être en cours.

    Les accusations de conspiration qui ont été déposées allèguent que les défendeurs ont discuté de leurs plans dans les semaines précédant l’attaque et ont travaillé ensemble le jour même. Mais les procureurs n’ont pas allégué que cette activité faisait partie d’un complot plus large.

    Certains juges fédéraux et experts juridiques se sont demandé si le ministère de la Justice ne laissait pas les accusés s’en tirer trop facilement.

    En juillet, la juge Beryl Howell a demandé aux procureurs d’expliquer pourquoi l’un des accusés avait été autorisé à plaider pour un délit mineur passible d’une peine maximale de six mois, plutôt que pour un délit plus grave.

    Les porte-parole du ministère de la Justice et du bureau du procureur des États-Unis à Washington, qui dirige les poursuites du 6 janvier, ont refusé de commenter.

    La commission du Congrès qui enquête sur l’attentat s’entretiendra avec le FBI et d’autres agences dans le cadre de son enquête.

  • Après Kaboul, Biden a-t-il déçu ses alliés européens?

    Après Kaboul, Biden a-t-il déçu ses alliés européens?

    Joe Biden, Etats-Unis, Union Européenne, UE, Afghanistan, OTAN, Talibans,

    Les alliés ont salué Biden. Kaboul a-t-il mis à nu la « grande illusion » ?

    BRUXELLES (AP) – Bien avant que le président américain Joe Biden n’entre en fonction au début de l’année, le responsable de la politique étrangère de l’Union européenne a chanté ses louanges et salué une nouvelle ère de coopération. La quasi-totalité des alliés occidentaux de Washington ont fait de même.

    Josep Borrell, de l’UE, était heureux de voir la fin de l’ère Trump, avec sa politique de l’Amérique d’abord, et parfois de l’Amérique seulement, enthousiasmé par l’affirmation de Biden selon laquelle il allait « diriger, non pas simplement par l’exemple de notre puissance, mais par la puissance de notre exemple. »

    L’effondrement de Kaboul dimanche, déclenché par la décision de Biden de se retirer de l’Afghanistan et une armée américaine incapable de contenir le chaos depuis, a certainement mis un terme à cela. Même certains de ses plus grands fans émettent désormais des critiques.

    M. Borrell en fait partie, cette fois-ci en raison de l’affirmation de M. Biden selon laquelle « notre mission en Afghanistan n’a jamais été censée être la construction d’une nation », dans le sillage des efforts déployés par l’Occident au cours des deux dernières décennies pour semer les graines de l’État de droit et assurer la protection des femmes et des minorités.

    « La construction de l’État n’était pas le but ? C’est discutable », a déclaré M. Borrell, dépité, à propos de la position de M. Biden, qui a été critiquée dans une grande partie de l’Europe.

    Et pour de nombreux Européens rompus à la diplomatie du soft power pour exporter les valeurs démocratiques occidentales, l’affirmation de M. Biden selon laquelle « notre seul intérêt national vital en Afghanistan reste aujourd’hui ce qu’il a toujours été : empêcher une attaque terroriste contre la patrie américaine » aurait pu être tirée d’un discours de M. Trump.

    Le président du Conseil de l’UE, Charles Michel, a souligné les différentes positions en déclarant dans un tweet jeudi que « les droits des Afghans, notamment des femmes et des filles, resteront notre principale préoccupation : tous les instruments de l’UE pour les soutenir doivent être utilisés ».

    La parlementaire française Nathalie Loiseau, ancienne ministre de l’Europe du président Emmanuel Macron, a exprimé plus crûment la déconnexion inattendue entre l’UE et Biden : « Nous avons un peu vécu la grande illusion », a-t-elle déclaré. « Nous pensions que l’Amérique était de retour, alors qu’en fait, l’Amérique se retire ».

    La situation n’était pas meilleure en Allemagne, où un membre éminent du bloc de l’Union de centre-droit de la chancelière allemande Angela Merkel, le gouverneur de Bavière Markus Soeder, a appelé Washington à fournir des fonds et un abri à ceux qui fuient l’Afghanistan, car « les États-Unis d’Amérique portent la principale responsabilité de la situation actuelle. »

    Même au Royaume-Uni, qui s’est toujours enorgueilli de sa « relation spéciale » avec Washington et qui, aujourd’hui plus que jamais, a besoin de la bonne volonté des États-Unis pour surmonter l’impact de sa sortie de l’UE, les critiques fusent de toutes parts.

    L’ancien chef de l’armée britannique Richard Dannatt a déclaré que « la manière et le moment de l’effondrement de l’Afghanistan sont le résultat direct de la décision du président Biden de retirer toutes les forces américaines d’Afghanistan avant le 20e anniversaire du 11 septembre ».

    « D’un seul coup, il a sapé le travail patient et minutieux des cinq, dix, quinze dernières années pour construire la gouvernance en Afghanistan, développer son économie, transformer sa société civile et renforcer ses forces de sécurité », a déclaré Dannatt mercredi au Parlement.

    « Le peuple avait un aperçu d’une vie meilleure – mais cela a été arraché ».

    Biden a pointé du doigt l’accord de l’administration Trump négocié avec les talibans 18 mois plus tôt à Doha, au Qatar, qui, selon lui, l’obligeait à retirer les troupes américaines, comme préparant le terrain pour le chaos qui engloutit maintenant le pays.

    Néanmoins, le fait que M. Biden rejette la plus grande partie de la responsabilité sur les forces afghanes qui ne protègent pas leur pays n’a pas non plus été bien accueilli par les alliés occidentaux.

    Le député conservateur Tom Tugendhat, qui a combattu en Afghanistan, a été l’un des nombreux législateurs britanniques à s’offusquer.

    « Voir leur commandant en chef remettre en question le courage des hommes avec lesquels j’ai combattu, prétendre qu’ils ont fui, c’est honteux », a déclaré Tugendhat.

    Chris Bryant, du parti travailliste d’opposition, a qualifié les remarques de Biden sur les soldats afghans de « commentaires parmi les plus honteux jamais tenus par un président américain. »

    À Prague cette semaine, le président tchèque Milos Zeman a déclaré qu’ »en se retirant d’Afghanistan, les Américains ont perdu leur statut de leader mondial. »

    Mais malgré toutes les critiques, il est impossible de se passer des États-Unis sur la scène mondiale. L’Amérique reste vitale pour les alliés occidentaux dans toute une série d’autres dossiers, notamment celui de l’action contre le réchauffement climatique.

    Après les catastrophes climatiques qui ont frappé une grande partie de la planète cette année, l’Union européenne comptera beaucoup sur M. Biden pour prendre des mesures efficaces lors de la conférence mondiale COP26 qui se tiendra en novembre à Glasgow, en Écosse, afin d’accélérer la lutte contre le réchauffement climatique.

    L’Europe et Washington ont également suffisamment de désaccords commerciaux à régler pour se rendre compte que, malgré la débâcle de l’Afghanistan, il y a beaucoup plus de choses qui les unissent que de choses qui les divisent. La puissance et l’aide américaines restent nécessaires, même en Afghanistan.

    Avant la réunion des ministres des Affaires étrangères de l’OTAN de vendredi, certains pays de l’Alliance ont reconnu qu’ils allaient plaider auprès de Washington pour qu’il reste en Afghanistan encore plus longtemps qu’il ne le faudrait pour ramener tous les citoyens américains chez eux, voulant s’assurer que leurs ressortissants en sortent aussi.

    « Nous, ainsi qu’un certain nombre d’autres pays, allons demander aux Américains de rester aussi longtemps que possible, voire plus longtemps que nécessaire », a déclaré Sigrid Kaag, ministre néerlandaise des Affaires étrangères.

    Associated press, 19/08/2021

  • 20 ans après, débâcle américaine en Afghanistan

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    par Abdelhak Benelhadj

    C’est fini. La première puissance militaire du monde a été boutée hors d’Afghanistan par des combattants d’un pays pauvre, sous-développé, armés seulement et pour l’essentiel de leurs convictions. Une leçon qui sera difficile à digérer par les états-majors des nations développées et moins développées.

    La narco-économie1, désorganisée, profondément pénétrée par la corruption et l’iniquité, minée par des luttes intestines qui s’appuient sur le clientélisme féodal et les liens complexes entre chefs de guerre, chefs de tribus et multiples intervenants publics et privés étrangers, rappelant les « guerres de l’opium (de la Chine contre la GB au milieu du XIXème siècle), la « guerre des Boxers » (1899-1901) et le bourbier vietnamien, a fini par voler en éclats.

    Liz Cheney, élue républicaine, a bien résumé la déroute de son pays, s’inquiétant qu’elle ne dégrade durablement l’image de l’Amérique, n’inspirant plus ni crainte à leurs adversaires ni confiance à leurs « alliés ».

    « C’est inexcusable. C’est catastrophique. Et cela est porteur de conséquences pas seulement pour l’Afghanistan, pas seulement pour la guerre contre le terrorisme, mais de façon globale pour le rôle de l’Amérique dans le monde ». La défaite américaine signifie « que les rivaux de l’Amérique [sous-entendu la Russie et la Chine] savent qu’ils peuvent nous menacer, et nos alliés s’interrogent ce matin sur le fait de savoir s’ils peuvent compter sur nous pour quoi que ce soit » (D. 15 août 2021).

    La portée de cet événement est encore difficile à mesurer. Quoi qu’il en soit, il n’était pas nécessaire d’attendre l’inéluctable retrait des armées américaines d’Afghanistan pour constater et anticiper une redistribution des rapports de forces à l’échelle mondiale, avec les pays occidentaux en difficulté dans des domaines où ils dominaient sans partage.

    La gestion de la pandémie en cours a montré les déficits considérables des Etats-Unis hors d’état de faire face à ce défi. Ordinairement prompts à venir au secours du monde, ils se sont avérés incapables de résoudre leurs propres problèmes.

    D. Trump avait même interdit que le moindre masque, test ou vaccin soit exporté, fût-ce vers un pays allié. Il s’est même permis de détourner vers son pays, sur un tarmac chinois, fin mars 2020, des articles destinés à la France.

    Heureusement, les autorités françaises, alliées fidèles, ne sont pas rancunières…

    En Afghanistan, en ce 16 août 2021, s’est joué plus qu’une défaite militaire occidentale infligée à une coalition dirigée par la première puissance de la planète.

    CHRONOLOGIE D’UNE FAILLITE MORTIFÈRE

    Quelques dates seraient bien insuffisantes pour résumer la guerre la plus longue que les Etats-Unis aient entreprise hors de leur territoire. Ci-après quelques repères.

    11 septembre 2001 : effondrement des twin-tower à Manhattan, abattues par deux avions de ligne, provoquant la mort de 2 977 personnes.

    14 septembre 2001. Les États-Unis et le Royaume-Uni désignent ouvertement Oussama Ben Laden comme responsable. Ils exigent des Talibans son extradition.

    18 septembre 2001. Le Conseil de sécurité des Nations unies demande aux Talibans d’appliquer la résolution no1 333 et d’extrader Oussama Ben Laden devant les autorités compétentes.

    Les Américains nationalisent la guerre contre les Talibans et la placent sous leur contrôle exclusif. Ils refusent ainsi à l’ONU le droit de la diriger et même de la surveiller (notamment grâce à un amendement permettant d’empêcher que des soldats américains puissent être déférés devant la Cour Pénale Internationale à laquelle les Etats-Unis ne reconnaissent aucune aptitude à juger leurs ressortissants qui relèvent de leurs seules lois nationales).

    07 octobre 2001 : Déclenchement de la guerre en Afghanistan. Une armada déferle sur l’Afghanistan par terre, air et mer (ainsi qu’il en sera de l’Irak moins de deux plus tard). Bombardements aériens (par des B1 et B52) et tirs de missiles de croisière (BGM-109 Tomahawk). 4 porte-avions sont mis à contribution avec de nombreux bâtiments accompagnés de sous-marins. Faite de bric et de broc, une alliance du nord disparate dont l’efficacité et la réputation surfaite en Europe, apporte un concours relatif qui n’a qu’une valeur politique. 2

    Une armée de près de 100 000 soldats au plus fort de la présence américaine en 2011.

    13 novembre 2001 : Chute de Kaboul.

    05 décembre 2001 : Conférence internationale à Bonn où sont exposés les buts de guerre. Désormais, l’Afghanistan va subir un programme de modernisation, de démocratisation, de pacification dans le cadre d’un « Nouveau Moyen Orient » que les Etats-Unis et leurs alliés se proposent d’entreprendre. Ce « nation building », dans les cartons depuis longtemps, échafaudé par les « faucons » qui gravitaient autour des décideurs à Washington3, allait enfin prendre forme. Samuel Huntington et sa guerre des civilisations4 retrouvaient là une conception ancienne de la colonisation bienfaitrice et civilisatrice qu’un Jules Ferry n’aurait pas reniée.

    En Irak, deux ans plus tard, le laboratoire allait ouvrir une succursale et de nouvelles horreurs expérimentales allaient être conduites. Les « filiales » allaient se multiplier à Abou Ghraïb, à Guantanamo et dans de nombreux pays qui ferment les yeux sur ce qui se passe chez eux…

    Viendra un jour où tous ces crimes seront jugés. Au moins devant le tribunal de l’histoire.

    11 août 2003 : En prenant le commandement de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF) à Kaboul, l’Otan entame sa première opération hors des frontières européennes en 54 ans d’existence. L’Organisation change de dimension et se place à l’échelle mondiale. Mais l’important ici tient au poids des images et des mots-clé : les Etats-Unis avaient le besoin de construire et de crédibiliser une « communauté internationale » nécessaire à la conduite de sa politique, aussi bien à l’attention de ses ennemis qu’à celle de sa propre opinion publique, toujours rétives aux interventions militaires à l’étranger. La guerre du Vietnam a laissé des traces indélébiles.

    L’écrasante majorité des moyens matériels et humains est américaine. Le reste des figurants est là surtout pour la com’.

    31 décembre 2014. Le retrait des forces de combat de l’Otan s’achève.

    29 février 2020. Après plusieurs mois d’échanges discrets, les talibans signent avec les États-Unis l’Accord de Doha, fixant les conditions du retrait des troupes occidentales dans les quatorze mois (avec des clauses secrètes).

    Les Talibans ont assuré (mais sans aucune garantie) que ceux qui ont travaillé pour le régime et l’occupation étrangère ne seront pas inquiétés. Ils se sont aussi engagés à protéger les étrangers humanitaires et non militaires. Là aussi sans aucune garantie.

    Remarque : J. Biden, lundi 16 août, pour expliquer la défaite de son pays, a mis sur le dos du gouvernement afghan et de son armée (« pourtant soutenue et financée par Washington »), leur inaptitude et leur incapacité de former une autorité capable de faire face aux Talibans.

    Il oublie que les Etats-Unis ont négocié leur retrait avec les Talibans à Doha à l’insu et en l’absence du gouvernement afghan. Comment pouvait-il espérer mieux, avec un tel mépris pour les fantoches installés à Kaboul.

    Tous les procédés similaires (vietnamisation, irakisation, afghanisation…), cosmétiques à l’usage des opinions publiques, de ce type de conflit ne présentent la moindre alternative à une mauvaise guerre et à une inévitable et piteuse retraite.

    S’il y a deux pays, dans l’histoire des deux ou trois derniers siècles, qui ont subi les plus affreuses guerres que l’Amérique ont engagées contre d’autres pays, si l’on excepte les abominations nucléaires commises contre le Japon en 1945, car elles appartiennent à une autre catégories de monstruosités, ce serait bien le Vietnam (libéré le 30 avril 1975) et l’Afghanistan.

    Il y a bien des différences entre ces conflits, notamment le fait que la guerre du Vietnam et celle de Corée participaient d’une guerre froide opposant deux camps idéologiquement et mondialement antagonistes, mais ils sont identiques sur au moins un point : une seconde défaite humiliante pour la première puissance militaire de l’histoire de l’humanité.

    Un record que Hollywood se gardera de glorifier. Rien d’extraordinaire.

    Aucune nation ne commémore ses déroutes : les Français oublient très vite Azincourt, Aboukir, Trafalgar, Waterloo, Sedan, Mers el Kebir… Les historiens embeded se chargent de trier ce qu’il convient d’enseigner aux enfants.

    Les gagnants et les perdants

    L’Afghanistan, les supplétifs abandonnés à leur sort, l’image de l’Amérique et plus largement de l’Occident vont y laisser, chacun pour ce qui le concerne, des plumes. Cette guerre-là des règlements de comptes n’est évidemment pas achevée.

    Le sort des « fixeurs » n’est pas encore fixé.

    On (sous-) estime à 18 000 les auxiliaires Afghans (53 000 avec leurs familles) au service des occidentaux coalisés à divers titres : milices, traducteurs, administratifs, informateurs, guides…

    L’ex-général David Petraeus5 déclarait dans le Washington Post lundi 28 juin qu’il était du devoir moral des Etats-Unis d’organiser un pont aérien pour leur accorder l’asile. Ce serait le minimum que ces gens, pour la plupart d’entre innocents de tout crime, seraient en droit d’attendre.

    Or, les visas ne sont pas délivrés et le budget a été minoré pour les assister. L’idée de les placer en transit sur l’île de Guam en attendant de régler leur situation administrative reste à l’état de projet et vient buter contre les controverses autour de la politique migratoire des Etats-Unis, entre les promesses électorales de J. Biden et l’intransigeance toujours active de D. Trump.

    Les Français usent d’un « hub » sur une base militaire à Abu Dhabi pour opérer discrètement leur tri.

    Paris accorde 1000 visas pour ceux, déclare la ministre de la défense française sur franceinfo le lundi 16 août, « qui ont rendu d’éminents services à notre pays en nous aidant au quotidien, et par ailleurs faire le maximum pour mettre en protection des personnalités qui ont défendu les droits, les droits de l’Homme, des journalistes, des artistes, tous ceux qui sont engagés pour ces valeurs que nous continuons de défendre partout dans le monde ».

    1000 visas, une goutte d’eau. L’Allemagne annonce dix fois plus. Même si, compte tenu du format de leur engagement, les Etats-Unis se chargent de la plus grande part.

    Abandonnés, jetés après usages. Personne ne s’embarrasse des outils indigènes qui ont épuisé la pertinence et l’opportunité de leur utilité. A l’exception de petits débrouillards et de filous qui réussissent à passer entre les mailles du filet, la plupart de ceux qui ont servi sont livrés à leur sort. Les scènes observées sur les pistes de l’aéroport de Kaboul renvoient à celles de films catastrophe tels « War World Z » (Marc Forster, 2013) et renforce l’imaginaire de barricadés entretenu en Occident, un îlot civilisé entouré d’un océan de barbares, un cliché qui remonte au moins jusqu’à Hérodote.

    La majorité de ceux qui parviennent à rejoindre les rives de la « civilisation », sont parqués comme les harkis en 1962, dans des « camps de transit et de reclassement » dans le sud de la France où ils resteront en transit et reclassement perpétuels.

    Les moins oublieux se souviennent de la fuite éperdue des Américains par la terrasse de leur ambassade via des hélicoptères, alors que les Vietnamiens qui ont servi leur cause tentaient en vain de franchir avec leurs familles les grilles d’une forteresse assiégée.

    Cela permet par la suite de laisser couler quelques larmes de crocodiles sur le sort des supplétifs exécutés par leurs frères ou recyclés dans des camps de « rééducation » et de dénoncer les régimes « terroristes » qui leur ont succédé.

    A l’évidence, tous ceux qui seraient tentés par une carrière d’« auxiliaires » devraient mesurer la confiance très relative que leur témoigneraient leurs employeurs si les affaires tournent mal ou lorsque la « mission » est achevée. Encore une raison qui explique le silence de la fuite.

    Le gouvernement afghan, sous prétexte de pandémie, avant son évaporation, avait fermé le bureau des passeports justement pour éviter un exode massif des Afghans vers l’étranger.

    Le président E. Macron, en campagne pour sa réélection, dans son allocution télévisée du lundi 16 août a très vite souligné le risque migratoire avec les menaces qu’il ferait peser sur la sécurité de l’Europe sur celle des malheureux qui se lanceraient dans cette aventure, comme on l’observe pour les migrants sahéliens ou proche-orientaux qui traversent la Méditerranée.

    La Turquie met une touche finale à son « Mur » et tous les pays de la région se tiennent prêts. Le Pakistan a annoncé très tôt être disposé à fermer ses frontières en cas de mouvement massif de population.

    Les autres supplétifs.

    L’Otan s’est engagée très tôt (août 2003), au nom de l’article V (clause de défense collective) aux côtés des Etats-Unis en Afghanistan. C’est ainsi, au nom de la défense de l’Occident, menacé par le « terrorisme islamiste » que les gouvernements européens ont fait avaler à leurs opinions publiques leur participation à leur campagne afghane. 38 pays ont collaboré à cette guerre américaine en Afghanistan.

    Contrairement à ce qui est affirmé sur tous les médias, ce n’est ni à D. Trump, ni à J. Biden que l’initiative de retrait devrait être attribuée. Dès 2010, B. Obama l’avait projetée. La question alors n’était pas le retrait, mais l’afghanisation du pays après le départ des troupes de l’OTAN (sous commandement américain, est-il besoin de le rappeler).

    22 juin 2011. Obama annonce le retrait de milliers de soldats américains.

    En sorte qu’en 2021, il ne s’agit plus de décision de retrait, mais de décision « d’accélération » de ce retrait.

    Or, les « alliés » de Washington, au même titre d’ailleurs que les Afghans, n’ont été associés ni à cette décision de retrait, ni à son accélération, ni même à son calendrier.

    Ils ont juste été informés après coup… comme d’habitude.

    Il n’y a eu aucun débat à l’Assemblée nationale en France, ni ailleurs.

    Certains auraient peut-être voulu des explications sur ce retrait humiliant. Après tout une centaine de soldats français y ont laissé la vie…

    N’aurait-il pas été pertinent de se demander non pas pourquoi les Occidentaux s’en vont, mais plutôt pourquoi ils y sont allés et guerroyé 20 ans durant ?

    Fut-ce seulement à cause de Ben Laden (au reste exécuté sans jugement au Pakistan) ?

    Le plus cocasse en cette affaire d’« alliés » est qu’au moment de la déclaration de retrait unilatéral américain, les troupes sur le terrain étaient plus américaines mais dans leur majorité, européennes.

    Les Etats-Unis sont aux manettes et contrôlent les opérations (comme ailleurs, en Libye ou au Sahel, par exemple) via les capacités critiques, les clés de la décision stratégique et tactique (la logistique, l’information décisive) qu’ils sont seuls à posséder.

    Les Américains fixent les objectifs, déterminent le chemin à suivre et distribuent les rôles en y mettant (mais pas toujours) la forme qui convient. Les autres exécutent.

    Mais cette guerre n’est pas perdue pour tout le monde. Il y a d’autres comptes à régler.

    Le monde de la finance et le système militaro-industriel poussent régulièrement à la guerre inventant à chaque fois que nécessaire de nouveaux ennemis et un nouvel « empire du mal ».

    En 2010, alors que la pacification du pays et la lutte contre les talibans marquaient le pas, l’USGS (United States Geological Survey) révélait l’existence de ressources minières, pétrolières et gazières d’une valeur minimum de 1000 milliards de dollars, dont près de 1,3 millions de tonnes de terres rares et 3,48 millions de tonnes de minerais de niobium… (https://www.geostrategia.fr, 13 février 2018)

    Selon des chercheurs de l’université Brown, les Etats-Unis ont déboursé 2261 Mds$ entre 2001 et 2021. Les budgets du Département de la Défense et du Département d’État se sont ainsi alourdis de 1435 Mds$. Les dépenses de soin pour les vétérans ont, quant à elle, coûté 296 Mds$. Et les 530 derniers Mds$ ont été nécessaires pour payer les intérêts des emprunts contractés par les Etats-Unis pour financer cette guerre.

    Entre 2001 et 2050, si on élargit aux interventions au Pakistan et en Irak, les Américains devraient verser 6 500 Mds$ d’intérêts sur les sommes empruntées pour les financer. Une montagne de dollars qui semble avoir été investie en pure perte.6

    La Banque Mondiale évalue en 2020 à un peu moins de 20 Mds$ le PIB annuel de l’Afghanistan (36 millions d’habitants), soit un peu plus de 500 dollars par hab. Cela signifie que les Etats-Unis ont dépensé (sans tenir compte des créances à venir) l’équivalent de 113 PIB annuels de ce pays pour tenter officiellement de le pacifier.

    Naturellement, ces sommes ont servi à bien d’autres buts qu’à la quiétude, à la prospérité et à la civilisation des Afghans. Tant d’armements commandés. Tant d’expériences « intéressantes » réalisées dans ce laboratoire in vivo… pour ainsi dire…

    Certes, les Etats-Unis, notamment via le dollar et Wall Street, se débrouillent toujours pour recycler leurs dettes en les faisant endosser par le reste du monde. Il n’en demeure pas moins qu’outre les pertes géopolitiques occasionnées par cette sombre campagne, il reviendra au peuple américain de demander au bénéfice de qui réellement ces dépenses ont été ordonnées en son nom…

    C’est contre ces dérives et ce « système » que naguère le général-président D. Eisenhower (qui parlait d’expérience) prévenait les Américains dans son discours de fin de mandat le 17 janvier 1961. Il ne semble pas que son avertissement ait porté.

    « Dans les assemblées du gouvernement, nous devons nous garder de toute influence injustifiée, qu’elle ait ou non été sollicitée, exercée par le complexe militaro-industriel. Le risque d’une désastreuse ascension d’un pouvoir illégitime existe et persistera. Nous ne devons jamais laisser le poids de cette combinaison mettre en danger nos libertés et nos processus démocratiques. Nous ne devrions jamais rien prendre pour argent comptant. Seule une communauté de citoyens prompts à la réaction et bien informés pourra imposer un véritable entrelacement de l’énorme machinerie industrielle et militaire de la défense avec nos méthodes et nos buts pacifiques, de telle sorte que sécurité et liberté puissent prospérer ensemble. »

    Nouveau contexte géostratégique régional : l’axe du monde bascule.

    Croire que le retour des Talibans aux affaires est un retour aux conditions initiales, serait une grave erreur. Il arrive à l’histoire de bégayer, mais c’est seulement pour permettre aux vaincus de relancer une guerre perdue (déjà la « femme afghane opprimée » devient l’objet principal des tabloïds et des « une ») ou pour couvrir l’ignorance de ceux qui ont besoin d’analogies commodes pour paraître savants.

    Les Etats-Unis, en l’espace de deux interventions militaires en moins de deux ans, ont rendu un immense service à l’Iran, le débarrassant de deux irréductibles ennemis : le régime de Saddam Hussein à l’ouest (ainsi fabriqué pour faire front à la Révolution de 1979) et celui des Talibans à l’est.

    Le nouveau régime victorieux de l’Amérique qui triomphe à Kaboul ne sera sûrement pas dans les mêmes dispositions que celui que les Américains ont chassé en 2001. Téhéran en a pris la mesure dès le 16 août par la voix de son président tout nouvellement élu. Les Russes et les Chinois ont, depuis longtemps, pris leurs dispositions en vue l’inévitable défaite de Washington.

    Désormais, il n’y a plus d’alliés de l’Occident autour de l’Afghanistan, à l’exception peut-être des ambiguës anciennes républiques socialistes soviétiques (Ouzbékistan et le Tadjikistan) qui tentent de se ménager des libertés de manoeuvre sur tous les tableaux.

    Autour, il y a l’Iran, la Russie, la Chine, le Pakistan. Entre les quatre pays une coopération et des liens de plus en plus denses se tissent. Un peu plus loin, Ankara cogite et compute.

    La Chine continue de tisser sa toile et de tracer ses « routes »…

    En 2007, deux entreprises d’État chinoises, Metallurgical Corporation of China (MCC) et Jiangxi Copper Corporation (JCCL) ont investi 4,4 milliards de dollars dans le gisement de cuivre d’Aynak. MCC aurait proposé des investissements à hauteur de 10 Mds$ pour mettre en valeur le gisement. En plus de cela, China National Petroleum Corporation (CNPC) a sécurisé trois blocs pétroliers du champ de pétrole d’Amu Darya. À la suite de cet investissement, un accord de faisabilité a été signé avec le gouvernement afghan en 2012 pour la construction du segment afghan d’un pipeline allant d’Iran en Chine et passant par l’Afghanistan et le Turkménistan. (https://www.geostrategia.fr, 13 février 2018)

    15 novembre 2020. Pékin célèbre en fanfare la conclusion du Partenariat régional économique global (RCEP), établissant sous son égide la zone de libre-échange la plus imposante de la planète, face à l’Europe et aux États-Unis toujours englués dans la pandémie. Le premier ministre Li Keqiang et 14 dirigeants des principales économies d’Asie-Pacifique ont signé, par vidéo interposée, un accord douanier spectaculaire facilitant les échanges entre plus de 2 milliards d’habitants, pesant un tiers du PIB mondial.7

    La Chine a maintenant les mains plus libres pour exploiter l’amitié « proclamée » entre les deux pays à peine les troupes américaines parties. Il ne fait pas de doute que Chinois et Talibans étaient en contacts et en transactions approfondies bien avant la chute de Kaboul.

    L’Inde est affaiblie, perturbée par ses désordres politiques internes, aggravés par la pandémie du Covid-19 où la dernière souche très contagieuse est née et avait pris son nom avant de devenir le « variant delta ». Acteur virtuellement majeur, sans dépourvue de moyens, elle est pour le moment écartée de l’essentiel.

    L’autre nerf de la guerre.

    Ne reste plus à l’Amérique que les leviers traditionnels en attendant…

    Les Talibans ne pourront pas mettre la main sur les milliards de dollars de réserves de l’Afghanistan, largement détenus à l’étranger.

    « Les actifs de la Banque centrale que le gouvernement afghan possède aux États-Unis ne seront pas mis à la disposition des Talibans», assurait lundi 16 août un responsable de l’administration Biden.

    Au total, les réserves brutes de la Banque centrale afghane s’élevaient à 9,4 milliards de dollars fin avril, selon le Fonds monétaire international (FMI). La majorité de ces fonds sont détenus en dehors de l’Afghanistan.

    Cet acte de brigandage est coutumier des pirates qui se paient sur la bête. Personne ne sait ce que sont devenus les capitaux irakiens à l’étranger après la chute de Baghdad en 2003 ou des milliards de dollars libyens après l’assassinat de M. Kadhafi en 2011. Combien ? Où ? Qui ?… « mystère et boule de gomme ».

    Les États-Unis, qui dominaient l’Afghanistan militairement et financièrement depuis 20 ans, pourraient aussi tenter de bloquer l’aide prévue par le FMI et la Banque mondiale, comme ils l’ont fait avec d’autres pays dont ils cherchent à faire capituler les gouvernements, tel le Venezuela.

    Réduire l’aide de façon drastique pour tenter de mettre à genoux le régime, est une tentation si… tentante. Et dire que les pays occidentaux critiquent la Chine l’accusant d’user des mêmes procédés destinés à fabriquer des obligés : endetter pour mieux astreindre…

    Le FMI avait approuvé le 06 novembre 2020 un programme d’aide de 370 millions de dollars pour l’Afghanistan devant alors s’étaler sur 42 mois (trois ans et demi), avec un décaissement immédiat de 115 millions de dollars. Une seconde tranche d’aide d’un montant de 149,4 millions de dollars a été versée début juin. Il reste donc quelque 105,6 millions de dollars à verser dans le cadre de ce plan d’aide. (AFP, mardi 17 août 2021)

    Chacun sait que le FMI et la Banque mondiale sont des instruments entre les mains du bellicisme américain, est un propos de complotiste.

    Ce sont des institutions professionnelles, apolitiques et honorables, hors de toute inclination idéologique et qui s’acquitteront scrupuleusement de leurs obligations contractuelles…

    Cette guerre a fait un peu plus de 3000 morts dans la coalition dirigée par les Etats-Unis et quelques dizaines de milliers de blessés. C’est surtout le contingent américain, en proportion de son engagement, qui en a été le plus affecté.8

    Il a fait un nombre incalculable de victimes afghanes, des centaines de milliers de morts, comme d’habitude surtout parmi des civils.

    En Irak, en Syrie, en Libye, au Yémen, en Somalie, au Soudan… en Palestine…

    Tout ça pour ça…

    Notes :

    1- Juillet 2000. Les Talibans avaient tenté d’éradiquer les champs de pavot en édictant une fatwa en ce sens. La production avait alors chuté de 90%. Vingt ans plus tard, l’Afghanistan est redevenu un pays totalement gangrené par la drogue. En 2020, le pays comptait 224.000 hectares de pavot, soit une hausse de 37% par rapport à 2019, selon l’Office des Nations unies contre les drogues et le crime (UNODC).

    2- Le « commandant Massoud » figure de proue de cette coalition hétéroclite (le « Lion du Panshir ») a été éliminé dès le 09 septembre 2001. Aujourd’hui, son fils, Ahmed, reprend du service et lance un appel ce 16 août à la résistance (https://laregledujeu.org), faisant référence à l’Europe de 1940… Le 15 août il envoyait au Journal du dimanche une lettre adressée à « son ami Bernard-Henri Lévy », suppliant la France de soutenir l’armée afghane…

    3- Cf. Lettre ouverte à B. Clinton du 26 janvier 1998 signée par 18 faucons poussant au renversement de S. Hussein.

    4- Samuel P. Huntington (1996) : Le choc des civilisations. Traduction O. Jacob, 2000, 545 p.

    5- Ex-commandant de la « Force internationale d’assistance et de sécurité » en Afghanistan entre 2010 et 2011 et directeur de la Central Intelligence Agency de 2011 à 2012. Il démissionne cette année-là pour une affaire d’adultère et, accessoirement, pour avoir détenu et transmis des informations secrètes.

    6- L’Expansion-Express, le mardi 17/08/2021

    7- Une gigantesque zone de libre-échange entre les 10 États de l’Asean – Indonésie, Thaïlande, Singapour, Malaisie, Philippines, Vietnam, Birmanie, Cambodge, Laos et Brunei – et la Chine, le Japon, la Corée du Sud, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Cela, malgré les difficultés crées par les Etats-Unis par l’entremise de l’Australie.

    8- Pour éviter les « émotions » qui ont bouleversé l’Amérique lors de la guerre du Vietnam la rendant totalement impopulaire, Washington a pris deux décisions stratégiques : premièrement, l’armée sera composée de « professionnels » tarifés. Il ne s’agira plus que de soldats contractuels qui savent à quoi s’en tenir. Deuxièmement, aucun reporter « indépendants » n’accèdera au front s’il n’est pas scrupuleusement labellisé. Désormais, les guerres seront « clean », sans mort et sans images, sinon celles strictement triées par les « services compétents ».

    Le Quotidien d’Oran, 19/08/2021

  • Afghanistan : La débâcle américaine

    Afghanistan : La débâcle américaine

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    L’anti-Saïgon

    Par Mohamed Habili

    Beaucoup d’Américains, et d’abord leur président, disent après la chute de Kaboul avoir été surpris non que le pouvoir et l’armée afghane créée de toutes pièces par eux se soient effondrés, à l’approche des Talibans, mais qu’ils l’aient fait aussi vite. On n’aurait vu aucune de ses scènes de chaos et de panique sur les pistes de l’aéroport international de Kaboul, où de désespoir des Afghans se sont accrochés à des avions en train de prendre leur envol, pour ensuite s’écraser au sol, si, à les en croire, les Afghans avaient voulu se battre.

    Des images qui n’ont pas été sans rappeler la débâcle de 1975 dans Saigon libéré. On se souvient peut-être qu’au moment où l’offensive talibane commençait, en mai dernier, le renseignement américain était d’avis que le collapse se produirait sans doute, mais pas tout de suite, au bout de six mois, un délai suffisant pour permettre un retrait digne et des troupes, et des ressortissants américains et des alliés afghans.

    Interrogé plus d’une fois sur l’éventualité de l’effondrement, Joe Biden l’avait estimé des plus improbables, alléguant notamment la supériorité de l’équipement mais également la longue préparation des troupes régulières afghanes dans la perspective du choc à venir.

    S’il n’avait pas carrément dit qu’elles remporteraient la victoire, ses propos autant que l’air dont il les avait accompagnés le laissaient néanmoins clairement entendre. On sait maintenant qu’il n’y croyait rien, et que tout ce qu’il attendait des alliés afghans, c’est seulement qu’ils aient assez envie de se défendre pour que son retrait à lui se fasse sinon sans encombre, du moins sans rien qui ressemble à une débâcle.

    Cela bien sûr n’a pas échappé aux amis afghans, certains que leur sort était scellé dès lors qu’ils n’avaient pas été admis aux pourparlers de Doha, censés pourtant déboucher sur un accord de paix en Afghanistan. Une négociation dont une partie essentielle est exclue se fait nécessairement au détriment de celle-ci.

    Américains et Talibans se sont entendus à Doha pour une passation de pouvoir entre eux qui sur le terrain paraîtrait une guerre bien réelle, avec des pertes humaines et matérielles de part et d’autre. Dans ce premier scénario, l’acte final, la bataille de Kaboul, devait avoir lieu, à la suite de plusieurs autres, mais une fois que les Américains auraient vidé les lieux.

    Pour qu’il y ait effondrement, encore faut-il qu’il y ait au départ une réelle volonté de se battre, chez ceux-là même qui sont condamnés à perdre. L’armée afghane ne s’est pas effondrée, elle a refusé le combat, elle a pactisé avec les Talibans, de même que l’ami américain a passé un deal de non-agression avec eux. Elle se serait sans doute battue si les Américains n’avaient pas commencé par faire la paix avec les Talibans, qui pour ce qui les concerne avaient parfaitement compris que les Américains n’avaient qu’une seule envie : s’extirper de l’Afghanistan, leur pays, «le cimetière des empires», une réputation que Joe Biden a tenu à rappeler dans ses dernières «remarques sur l’Afghanistan», faites lundi sous forme d’adresse à ses compatriotes.

    En l’espèce se battre pour les Afghans aurait seulement signifié acheter au prix de leur sang du temps pour que les Américains puisent s’offrir un retrait de première classe. Un anti-Saigon. Une revanche sur Saigon. Ils ont préféré ne pas leur faire ce cadeau-là, mais plutôt les associer à leur débâcle. Ils ont été trahis, ils ont trahi à leur tour.

    « Morts pour rien »

    Fouzia Mahmoudi

    La situation en Afghanistan préoccupe aujourd’hui l’ensemble de la planète, plus particulièrement les pays qui furent militairement engagés lors de la guerre menée par l’armée américaine et ses alliés en octobre 2001, moins d’un mois après les attaques du 11 septembre. La France a quant à elle perdu 89 soldats qui semblent pour certains, au vu de la situation actuelle de l’Afghanistan, être «morts pour rien», des mots même du père d’un militaire français décédé.

    Lundi soir, Emmanuel Macron donnait dans un discours solennel sa vision de la situation afghane et a choqué une partie de la gauche française. Plusieurs responsables de gauche se sont en effet indignés hier des propos d’Emmanuel Macron qui a affirmé lundi, dans son intervention sur l’Afghanistan : «Nous devons anticiper et nous protéger contre des flux migratoires irréguliers importants».

    Le député européen EELV Yannick Jadot, candidat à la primaire écologiste pour la présidentielle de 2022, s’est dit sur Twitter «sidéré d’écouter Emmanuel Macron déclarant que les femmes, les hommes et les enfants qui fuient l’enfer des talibans sont d’abord une menace, des migrants irréguliers, avant d’être des victimes et potentiellement des réfugiés». «Et l’asile ? Et ces enfants, ces femmes, ces hommes qui fuient l’horreur ?», a lancé le secrétaire national d’EELV, Julien Bayou.

    «Macron fait honte à la France», a affirmé le maire écologiste de Grenoble, Éric Piolle, autre candidat à la primaire. Lors d’une allocution télévisée lundi à 20 heures, le chef de l’État avait déclaré : «La France fait et continuera de faire son devoir pour protéger celles et ceux qui sont les plus menacés. (…) Mais l’Afghanistan aura aussi besoin dans les temps qui viennent de ses forces vives et l’Europe ne peut pas à elle seule assumer les conséquences de la situation actuelle. Nous devons anticiper et nous protéger contre les flux migratoires irréguliers importants qui mettraient en danger ceux qui les empruntent et nourriraient les trafics de toute nature».

    «Flux migratoires irréguliers, c’est donc ce terme que les femmes et les hommes qui s’accrochent aux ailes des avions à Kaboul auront inspiré à Emmanuel Macron», a regretté le député ex-LREM Aurélien Taché, que le gouvernement avait chargé en 2017 d’un rapport sur l’intégration avant qu’il ne prenne ses distances avec la majorité. «Quel cynisme ! Quelle honte !», s’est indignée la sénatrice socialiste Laurence Rossignol, tandis que son collègue Rémi Féraud jugeait cette intervention «digne d’un mauvais président de droite». Il faut «protéger toutes celles et tous ceux qui relèvent désormais du droit d’asile», a affirmé le patron du PS, Olivier Faure.

    Devant le début de polémique, et alors que ses propos avaient été raillés par le lanceur d’alerte Edward Snowden d’un tweet lapidaire, «Emmanuel Le Pen !», le chef de l’État avait précisé lundi peu avant minuit sur Twitter, à propos de ses déclarations, «que certains veulent détourner», que «la France fait et continuera de faire son devoir pour protéger celles et ceux qui sont les plus menacés». Mais la gauche française semble oublier, comme à son habitude, que les milliers de migrants qu’elle appelle de ses vœux, doivent aussi être accueillis dans des conditions dignes et avec l’argent des contribuables, qui sont déjà nombreux, comme l’a démontré le mouvement des «gilets jaunes» à ne pas être capables de joindre les deux bouts et qui se voient depuis trente ans sommés malgré eux de financer les programmes utopistes de leurs politiques.

    Le jour d’Algérie, 17/08/2021

  • Ted Cruz, et les vilaines attaques contre Clarissa Ward de CNN

    Afghanistan, Etats-Unis, Kaboul, CNN, Clarissa Ward, #Afghanistan, #CNN,

    La droite politique a beaucoup à faire en ce moment sur l’Afghanistan. Le retrait de ce pays s’est mal passé – bien plus mal que ce que l’administration Biden avait prévu – légitimant les arguments de longue date du GOP selon lesquels le président Biden n’est pas à la hauteur du poste de commandant en chef.
    Mais s’il y a une chose pour laquelle la droite est douée aujourd’hui, c’est bien de prendre les questions légitimes de gouvernement et de les écarter, préférant la dopamine des guerres culturelles et des attaques contre les médias.
    On en a eu un exemple lundi, au moment de la chute de Kaboul, lorsque des personnalités et des médias conservateurs de premier plan ont cherché à déformer les propos d’un journaliste de CNN qui résumait avec précision la situation dans les rues de la capitale afghane. Ils ont essayé d’en faire quelque chose qui équivaut à une approbation des talibans par les médias d’entreprise.
    Le problème est un rapport publié lundi par Clarissa Ward de CNN. Dans ce reportage, Ward a noté les scènes discordantes dont elle était témoin :
    C’est un spectacle que je pensais honnêtement ne jamais voir : Des dizaines de combattants talibans et juste derrière nous, le complexe de l’ambassade américaine. Certains portent des armes américaines. Ils nous disent qu’ils sont ici pour maintenir la loi et l’ordre. Tout est sous contrôle. Tout ira bien, dit le commandant. Personne ne doit s’inquiéter.
    Quel est votre message à l’Amérique en ce moment ? L’Amérique a déjà passé assez de temps en Afghanistan. Ils doivent partir, nous dit-il. Ils ont déjà perdu beaucoup de vies et beaucoup d’argent.
    Les gens viennent vers eux pour poser pour des photos. Ils scandent « Mort à l’Amérique », mais ils ont l’air sympathiques en même temps. C’est tout à fait bizarre.
    Si vous pouvez relever la partie que certaines personnes ont trouvé choquante dans tout ça, félicitations. C’est ça : « Ils chantent juste la mort de l’Amérique, mais ils semblent amicaux en même temps. »
    Les médias conservateurs et les comptes de médias sociaux ont rapidement publié la citation et la vidéo, tout en omettant commodément la partie « C’est complètement bizarre ». Et rapidement, elle a été reprise par des républicains très en vue.
    L’objectif de la citation tronquée, au cas où ce ne serait pas clair, était de faire un parallèle avec les scènes des manifestations « Black Lives Matter » de l’année dernière. À l’époque, les conservateurs avaient accusé les médias d’occulter le degré de violence de ces manifestations. À un moment donné, un journaliste de CNN se tenait devant des feux allumés à Kenosha, dans le Wisconsin, et affichait le texte suivant : « Manifestations enflammées mais surtout pacifiques après une fusillade avec la police. » (Brian Stelter, journaliste de CNN, a déclaré que le chyron était « probablement une erreur »).
    Le représentant Byron Donalds (R-Fla.) a rendu la comparaison explicite.
    L’animateur de Fox News Sean Hannity a fait la promotion de la citation tronquée, comme beaucoup d’autres.
    Le sénateur Ted Cruz (R-Tex.), qui a intensifié le trolling sur son compte Twitter au cours des mois qui ont suivi l’éviction de Donald Trump de la Maison Blanche, est allé plus loin que la plupart des personnes d’envergure, accusant CNN de se ranger du côté des Talibans.
    « Y a-t-il un ennemi de l’Amérique pour lequel @CNN n’est pas prêt à applaudir ? a déclaré Cruz.
    Il a ajouté : « (Dans des burqas obligatoires, pas moins.) » Ward portait un hijab, pas une burqa, qui couvre le visage. La représentante Vicky Hartzler (R-Mo.), qui se présente au Sénat, a également attaqué Ward pour avoir couvert sa tête.
    Les médias s’exposent aux critiques lorsqu’ils couvrent de nombreux sujets, y compris des questions sociales brûlantes comme la justice raciale. Mais là, les choses passent à un tout autre niveau. L’accusation n’est apparemment pas seulement que CNN sympathise avec ceux qui sont devenus violents lors des manifestations américaines mais aussi … avec les Talibans ? Nous pensons vraiment qu’un journaliste de CNN soutient – ou même simplement excuse – les Talibans ? C’est ça l’argument ? A quel point notre dialogue est-il devenu peu sérieux quand c’est une allégation réelle d’un sénateur américain ?
    C’est aussi un mensonge total et transparent.
    D’abord, dire que les gens « semblent amicaux » ne signifie pas que vous croyez qu’ils le sont. La référence de Ward était clairement à des scènes qui n’avaient aucun sens. Les Talibans ont essayé de suggérer qu’ils gouverneraient de manière plus modérée sur des questions telles que les droits des femmes que ce à quoi on s’attend. Parfois, le travail d’un journaliste est de, eh bien, de rapporter ce qu’il voit. Si des radicaux violents font un spectacle qui n’a pas de sens logique, vous rendez compte de la déconnexion.
    Le reste du rapport de Ward est également tout sauf élogieux. A savoir, voici ce qui vient juste après la partie « semble amical » :
    WARD : Au palais présidentiel, les talibans gardent maintenant la porte. Ils disent qu’ils sont ici pour combler le vide laissé par la fuite du gouvernement. Mais l’esprit d’accueil ne va pas plus loin et ma présence crée bientôt des tensions.
    C’est à cause de vous.
    Ils m’ont juste dit de rester sur le côté parce que je suis une femme.
    Et ceci plus tard :
    WARD : Et ce profond sentiment d’anxiété, je pense que vous ne le voyez peut-être pas dans les rues, mais ce sont les gens qui ne sont pas dans les rues aujourd’hui qui, d’une certaine manière, sont la véritable histoire – les gens qui se cachent dans leurs maisons, qui sont pétrifiés de sortir, qui ont peur d’être pris pour cible, qui craignent pour leur vie, qui ont trop peur de raconter leurs histoires. Mais leurs histoires doivent être racontées parce qu’en ce moment, leur peur et leur désespoir sont si réels, comme nous l’avons vu avec ces images extraordinaires venant de l’aéroport, que je pense qu’aucun d’entre nous ne sera capable d’oublier de sitôt.
    Mme Ward a ensuite fait remarquer qu’elle avait revêtu un hijab en raison de l’environnement qui l’entourait et qu’elle voyait de nombreuses femmes – beaucoup moins nombreuses au total que celles qu’elle avait l’habitude de voir en public – faire de même.
    « De toute évidence, je suis habillée d’une manière très différente de celle dont je m’habillerais normalement pour marcher dans les rues de Kaboul », a-t-elle déclaré.
    Les couvre-chefs sont relativement courants pour les femmes reporters qui couvrent des régions comme l’Afghanistan, en particulier lorsque des extrémistes religieux sont aux commandes. Vous faites ce que vous pouvez pour obtenir l’histoire et pour éviter de vous mettre davantage en danger lors d’une mission déjà périlleuse. De plus, Ward a noté qu’elle a toujours porté un foulard dans les rues d’Afghanistan.
    Même si vous mettez de côté le fait que Cruz l’accuse spécieusement de soutenir les Talibans, le fait que lui et d’autres l’attaquent pour cela dévoile le jeu. En fait, pour emprunter une expression, c’est tout à fait bizarre.
    Fazelminallah Qazizai, un journaliste indépendant afghan, a vu des combattants talibans armés parcourir les rues de Kaboul pour la première fois en 20 ans. (Jon Gerberg/The Washington Post)
    The Washington Post, 16/08/2021
  • La queue entre les jambes, les USA quittent l’Afghanistan

    La queue entre les jambes, les USA quittent l’Afghanistan

    Afghanistant, Talibans, #Afghanistant, #Talibans, Etats-Unis, #USA,

    Les talibans ont le contrôle de l’ensemble du territoire du pays où s’est déroulée une guerre ratée pendant deux décennies, déclenchée sur la fausse prémisse du « terrorisme ».

    Par Manuel ‘Beam’ Ibarra

    Deux décennies, des « trillions » de dollars (milliards, selon le système utilisé au Mexique et dans le monde) dépensés en armements, pots-de-vin et d’innombrables dépenses et plus d’un quart de million de personnes sont mortes plus tard, la guerre des États-Unis et leurs alliés en Afghanistan, avec la victoire complète des talibans sur les forces occidentales.

    A titre de comparaison, le gouvernement fantoche du Sud-Vietnam a tenu le coup 2 ans après le départ des troupes américaines de son territoire. Le gouvernement dirigé par Achraf ghani, qui a tenté de s’enfuir avec une valise pleine de cinq millions de dollars, n’a pas résisté pendant trois mois à l’avancée des talibans, qui ont pris la capitale de son pays pratiquement sans tirer une seule balle.

    La question ici est de savoir quel était le but de cette guerre de 20 ans ? Le premier objectif stratégique, la lutte contre la « terreur » et contre les talibans, n’a pas été atteint. La plupart des terroristes impliqués dans l’attentat contre les tours jumelles du 11 septembre 2001 étaient d’origine saoudienne.

    Les talibans contrôlaient à nouveau tout le territoire que la ridiculement nommée « Coalition de la volonté » des États-Unis, des pays de l’OTAN et d’autres gouvernements fantoches leur a pris pendant quelques années. Il faut regarder au-delà du superficiel et analyser que le contrôle de l’ Afghanistan par les États Unis et ses alliés se sont également concentrés sur trois axes : l’enrichissement des élites nord-américaines à travers les compagnies d’armement du «complexe militaro-industriel», du nom du général et président nord-américain Dwight Eishenhower ; le contrôle du principal producteur d’opium au monde et la frontière de l’Afghanistan avec la République populaire de Chine, un point stratégique pour ce que le journaliste John Pilger appelle « La guerre future contre la Chine ».

    Au-delà des scènes d’horreur dont nous avons été témoins à l’aéroport de Kaboul, où des personnes d’origine afghane tentent désespérément d’entrer dans des avions militaires américains pour fuir le pays où leur vie est en danger pour avoir collaboré avec l’armée d’invasion, il faut analyser ce que signifie ce coup dur pour le « prestige » militaire américain, un fiasco et un effondrement bien pire que celui du Vietnam il y a près d’un demi-siècle.

    L’armée des États Unis n’est pas invincible et elle fait de moins en moins peur. Que ceux qui doivent le faire en prennent note et se préparent à une nouvelle réalité dans cette décennie et dans le reste de cet encore jeune 21e siècle.

    SDP Noticias, 16 août 2021

  • Kaboul ou l’écroulement de l’Occident

    Afghanistan, Etats-Unis, Talibans, Occident, #Afghanistan, #Talibans

    Par Abdel Boudemagh

    A la différence des États-Unis, la Chine n’accroît pas son influence par les armes en détruisant des États comme l’Irak ou par des soutiens aux coups d’États militaires comme au Chili ni par le soutien à des États voyous, arrogants qui pratiquent l’apartheid comme Israël mais par une approche le plus souvent dédiée au développement de pays du tiers-monde comme en Afrique .

    La Chine n’avance pas avec des idées colonisatrices ou d’hégémonie sur les peuples car elle croit au progrès des peuples non par une attitude altruiste mais parce que son marché est centré vers le reste du Monde avec une main d’œuvre très bon marché qui a besoin de s’accroître en équilibre avec le développement et les progrès économiques des pays du tiers-monde.

    Elle participe ainsi à une redistribution des richesses sur un modèle gagnant-gagnant en respectant les choix politiques et culturels des pays.

    La pandémie du CoVid19 a été un révélateur puissant sur la gestion catastrophique des pays occidentaux vieillissants et leur manque de solidarité et d’unité entre eux, quand la Chine à l’heure d’aujourd’hui contrôle aisément la pandémie dans une sérénité à toute épreuve.

    Enfin la chute de Kaboul le 15 août 2021 a fini par achever cette vanité occidentale qui se voulait être dans le « tout prévoir »le « tout contrôler » pour finir à quitter l’Afghanistan dans un chaos indescriptible.

    Les ambassades occidentales s’expatrient sur le tarmac de l’aéroport de Kaboul quand celle de la Chine s’engage à préparer la reconstruction de l’Afghanistan et de l’aider à entrer dans une ère de développement et progrès.

    Oui Monsieur Anthony Blinken, secrétaire d’État des États-Unis d’Amérique, la chute de Kaboul est pire que la chute de Saïgon, elle signifie l’écroulement de l’Occident.

    Algérie54, 16/08/2021

  • Afghanistan: Les souvenirs du retrait américain du Vietnam

    Afghanistan, Vietnam, Etats-Unis, Talibans, #Afghanistan, #Talibans,

    Le Vietnam d’alors, l’Afghanistan d’aujourd’hui : L’évacuation tendue de Kaboul ravive le souvenir d’une autre retraite américaine

    L’opération au Vietnam, baptisée « Frequent Wind », a vu plus de 7 000 civils vietnamiens évacués de Saigon par hélicoptère les 29 et 30 avril 1975.

    L’avancée inexorable des talibans sur Kaboul et les efforts déployés par les États-Unis pour évacuer leur personnel d’ambassade de la capitale afghane ont ravivé les souvenirs de la chute de Saigon (aujourd’hui Ho Chi Minh-Ville) et du retrait précipité des États-Unis du Vietnam en 1975.

    Une photo immortalisant l’humiliation américaine au Viêt Nam – on y voit des évacués embarquer dans un hélicoptère sur le toit d’un immeuble – s’est rapidement répandue sur les réseaux sociaux alors que les talibans se rapprochaient de Kaboul et que les États-Unis renforçaient le déploiement de leurs troupes sur place pour superviser l’évacuation de leur personnel. Finalement, dimanche, les talibans sont entrés dans Kaboul alors même que les États-Unis poursuivaient leur mission de sauvetage.

    L’opération au Vietnam, baptisée « Frequent Wind », a vu plus de 7 000 civils vietnamiens évacués de Saigon par hélicoptère les 29 et 30 avril 1975.

    La guerre du Vietnam, qui s’est déroulée dans l’ombre de la guerre froide qui s’intensifiait rapidement, a vu le gouvernement communiste du Nord-Vietnam affronter le Sud-Vietnam et son allié, les États-Unis. Le président John F. Kennedy avait déjà fourni une aide au Sud-Vietnam, mais ne voulait pas s’engager dans une intervention militaire. Puis, Kennedy a été assassiné en 1963. Deux ans plus tard, alors que le Sud-Vietnam était sur un terrain politique instable, le successeur de Kennedy, Lyndon B. Johnson, a pris la décision fatidique d’envoyer des troupes au combat au Vietnam.

    L’intervention qui avait commencé en juillet 1950 par un petit groupe d’assistance et de conseil militaire avait atteint plus d’un demi-million de soldats au plus fort de la guerre en 1968. La guerre du Viêt Nam s’est poursuivie sous la présidence de Richard Nixon, qui a entamé un retrait progressif des 550 000 soldats américains du Viêt Nam en 1969 – qui a culminé quatre ans plus tard, le 27 janvier 1973, avec la signature de l’accord de paix de Paris entre les États-Unis et le Nord-Viêt Nam dans la salle de bal de l’ancien hôtel Majestic à Paris.

    Aux termes de cet accord, le Nord-Vietnam libère 591 prisonniers de guerre américains et les États-Unis retirent leurs 23 000 derniers soldats.

    La chute de Saigon

    Un peu plus de deux ans après la signature de l’accord de Paris, en mars 1975, la Chambre des représentants rejette le projet de loi d’aide militaire supplémentaire de 300 millions de dollars du président Gerald Ford pour le Sud-Vietnam. L’armée et le gouvernement sud-vietnamiens commencent à s’effondrer. Un général sud-vietnamien de haut rang admet qu’aucune aide américaine n’aurait pu sauver les forces découragées et paniquées.

    Les troupes nord-vietnamiennes mettent en déroute les forces de Saigon dans tout le pays. Le président Nguyen Van Thieu fuit le Sud-Vietnam le 21 avril 1975. Dans un discours d’adieu amer et larmoyant, Thieu a déclaré que les États-Unis n’avaient pas tenu leur promesse d’intervenir si le Nord-Vietnam violait l’accord de 1973, et qu’ils avaient ″laissé mourir le peuple sud-vietnamien.″

    Les forces nord-vietnamiennes ont encerclé Saigon, et le mardi 29 avril 1975, ont fait pleuvoir des roquettes et des obus d’artillerie sans relâche sur la base aérienne de Tan Son Nhut. Les caporaux Marines Charles McMahon Jr, 21 ans, de Woburn, Massachusetts, et Darwin Judge, 19 ans, de Marshalltown, Iowa, montaient la garde lorsque les premiers obus ont frappé.Ils ont été les derniers Américains à mourir au Vietnam.

    L’attaque a forcé l’évacuation paniquée de l’ambassade américaine et des Américains restants.

    Le gros titre du New York Times disait : « LES ETATS-UNIS RETIRENT LES AMERICAINS DE SAIGON PAR HELICOPTERE SOUS LA PROTECTION DE LA MARINE ; L’ATTAQUE VIETCONG SUR L’AEROPORT FORCE LE DEPLACEMENT ».

    Opération Frequent Wind

    Comme l’indique le site Web du département d’État, environ 5 000 Américains, dont des diplomates, travaillaient encore à l’ambassade des États-Unis à Saigon.

    C’est l’ambassadeur américain Graham Martin qui a ordonné l’évacuation de Saigon. La radio des forces armées commence à jouer « White Christmas » en boucle pour signaler aux Américains que l’évacuation a commencé.

    Désormais, les voies maritimes sont bloquées et les avions ne peuvent pas atterrir à Saigon, ce qui ne laisse qu’une seule option pour une évacuation : un transport aérien par hélicoptère.

    Après l’attaque du complexe de l’attaché de défense, l’ambassade américaine devient le seul point de départ des hélicoptères. Les plans initiaux prévoyaient de n’évacuer que des Américains, mais l’ambassadeur Martin a insisté pour évacuer les fonctionnaires du gouvernement sud-vietnamien et le personnel local de l’ambassade.

    Pendant ce temps, 10 000 Sud-Vietnamiens attendaient aux portes de l’ambassade, dans l’espoir de monter dans un hélicoptère.

    Du 29 au 30 avril, les hélicoptères ont atterri toutes les 10 minutes dans l’ambassade, y compris sur le toit de l’ambassade. Certains pilotes ayant volé pendant 19 heures d’affilée, plus de 7 000 personnes ont été évacuées, dont 5 500 Vietnamiens, en moins de 24 heures.

    Le mercredi 30 avril 1975, les Marines américains ont tiré une grenade fumigène rouge pour guider un hélicoptère CH-46 vers un atterrissage sur le toit de l’ambassade. Onze Marines, l’arrière-garde, se sont précipités à bord et ont décollé en quatre minutes. Ils furent les derniers Américains à sortir. Quelques heures plus tard, le Sud-Vietnam se rendait sans condition.

    Les Américains étaient partis.

    Saigon s’appelle maintenant Ho Chi Minh Ville et le 30 avril est un jour férié appelé « Jour de la réunification » au Vietnam.

    Ironiquement, en juillet, le président Joe Biden, interrogé sur d’éventuels parallèles entre l’Afghanistan et ce qui s’est passé à Saigon, a déclaré : « Aucun, quel qu’il soit. Aucun. Ce que vous avez eu, c’est – vous avez eu des brigades entières qui ont forcé les portes de notre ambassade – six, si je ne me trompe pas. »

    Biden a poursuivi : « Les talibans ne sont pas l’armée nord-vietnamienne. Ils ne sont pas comparables, même de loin, en termes de capacité. Il n’y aura aucune circonstance où vous verrez des gens être soulevés du toit de l’ambassade [américaine] depuis l’Afghanistan. »

    C’est ainsi que la guerre du Vietnam s’est terminée pour moi aujourd’hui ».

    Peter Arnett, qui a remporté un prix Pulitzer en 1966 pour sa couverture de la guerre du Vietnam pour l’Associated Press et a ensuite acquis une certaine notoriété en tant que correspondant de CNN, dans ses mémoires, Saigon Has Fallen, décrit ainsi la fin de la journée : « Je commence à perforer une bande télex et elle s’enroule sur le sol pendant que j’écris. J’introduis la bande dans l’émetteur et elle se fraye un chemin dans la machine. « En 13 ans de couverture de la guerre du Vietnam, je n’ai jamais rêvé qu’elle se terminerait comme elle l’a fait aujourd’hui à midi. Je pensais qu’elle pourrait se terminer par un accord politique comme au Laos. Même une bataille de type Armageddon avec la ville laissée en ruines. Mais une reddition totale suivie, à peine deux heures plus tard, d’une rencontre cordiale dans les bureaux de l’AP à Saigon avec un officier nord-vietnamien armé et armé jusqu’aux dents avec son assistant, le tout autour d’un coca chaud et d’un gâteau rassis ? C’est ainsi que la guerre du Vietnam s’est terminée pour moi aujourd’hui. »

    « La bande s’arrête de tourner. Je tape sur quelques touches, mais la machine ne fait que tousser deux ou trois fois. Je réessaie la touche, pas de réponse. Le câble AP de Saigon à New York est hors service. Les nouvelles autorités ont finalement débranché la prise. »

    « J’appelle Esper, « Ça y est, George. C’est fini. » »

    First Post, 15/08/2021

  • Joe Biden, de Saïgon à Kaboul

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    De Saïgon à Kaboul : la réponse de Biden au Vietnam trouve un écho dans sa vision du retrait d’Afghanistan

    Par Annie Linskey

    Deux semaines avant la chute de Saigon en avril 1975, Joe Biden, âgé de 32 ans, faisait partie des sénateurs convoqués à la Maison-Blanche pour un briefing top secret sur la crise au Vietnam.

    Bien qu’il ne soit qu’en première année, Biden a transmis un message clair au président : La situation au Viêt Nam était désespérée et les États-Unis devaient partir le plus rapidement possible, selon une chronique de Rowland Evans et Robert Novak de l’époque qui décrivait les interactions de Biden avec le président de l’époque, Gerald Ford.

    D’autres sénateurs qui soutenaient Biden à l’époque ont été décontenancés par la « performance didactique » de leur jeune collègue, écrivent les chroniqueurs.

    Près d’un demi-siècle plus tard, l’attitude de Biden à l’égard du retrait des États-Unis d’Afghanistan est étonnamment similaire – même si les événements font écho à l’évacuation frénétique des Américains et de ceux qui les ont aidés au Sud-Vietnam.

    À l’instar du Viêt-cong qui s’emparait des villes les unes après les autres avec une rapidité qui surprenait les planificateurs de guerre américains, Kaboul a été assiégée ce week-end après des avancées fulgurantes des combattants talibans.

    Dimanche, les images d’hélicoptères transportant des fonctionnaires de l’ancienne ambassade américaine à l’aéroport principal de la ville ont rappelé l’évacuation paniquée des Américains de Saigon et les longues files d’attente des Vietnamiens qui espéraient trouver une issue.

    Les questions d’aujourd’hui sur le sort des citoyens américains, des militaires et des habitants qui ont soutenu l’effort alors que le gouvernement soutenu par les États-Unis s’effondre étaient également des questions clés dans les derniers jours avant la chute de Saigon.

    Et la réponse de Biden a été remarquablement cohérente.

    À l’époque, comme aujourd’hui, Biden n’a pas été impressionné par les arguments des militaires selon lesquels plus de temps et d’argent pourraient changer la dynamique sur le terrain ou du moins retarder le résultat. À l’époque, comme aujourd’hui, il s’est interrogé sur l’utilité de poursuivre un conflit qu’il jugeait perdu. Et à l’époque, comme aujourd’hui, il n’était prêt à augmenter l’aide américaine que pour assurer la sécurité d’un retrait.

    D’autre part, l’approche globale de Biden en matière d’intervention militaire a beaucoup varié au cours de sa longue carrière à Washington. Biden n’a pas soutenu le premier conflit américain avec l’Irak mais a soutenu le second, pour dire ensuite qu’il regrettait ce vote. Il a parfois demandé l’envoi de troupes supplémentaires en Afghanistan, mais s’est ensuite prononcé contre leur envoi.

    Il y a dix ans, M. Biden a suggéré qu’un retrait d’Afghanistan laissant aux alliés le sentiment d’avoir été trahis était une issue raisonnable, en établissant une comparaison avec la fin du Viêt Nam.

    Lors d’une conversation privée avec Richard Holbrooke, qui était l’envoyé spécial du président Barack Obama en Afghanistan et au Pakistan, M. Biden a soutenu que les États-Unis n’avaient pas d’obligation envers les Afghans qui avaient fait confiance aux États-Unis, selon « Our Man », une biographie de Holbrooke par George Packer.

    « Nous n’avons pas à nous inquiéter de cela », a dit Biden à Holbrooke, selon le livre. « Nous l’avons fait au Vietnam. Nixon et Kissinger s’en sont sortis « , a-t-il dit, faisant référence au président Richard Nixon et à Henry Kissinger, qui était secrétaire d’État de Nixon et de Ford.

    Au cours de la même conversation, Biden aurait également repoussé l’argument selon lequel l’Amérique avait une obligation morale envers les femmes en Afghanistan.

    « Je ne vais pas envoyer mon garçon là-bas pour qu’il risque sa vie au nom des droits des femmes ! ». Biden a dit, selon le récit du livre. « Cela ne marchera tout simplement pas – ce n’est pas pour cela qu’ils sont là ».

    Biden a adopté une vision tout aussi realpolitik de l’Asie du Sud-Est.

    « Je suis peut-être le fils de fusil le plus immoral de cette pièce », a déclaré Biden lors d’un caucus démocrate au début de 1975 alors qu’il plaidait contre l’aide au Cambodge, selon le Wilmington Morning News. « J’en ai assez d’entendre parler de moralité, de notre obligation morale. Il y a un moment où l’on est incapable de répondre aux obligations morales qui existent dans le monde entier. »

    Au début de 1975, Biden avait initialement accepté de participer à une mission d’enquête du Congrès au Sud-Vietnam.

    Les organisateurs du voyage voulaient faire valoir qu’une aide supplémentaire des États-Unis serait utile, et Biden a été critiqué par certains experts conservateurs qui lui reprochaient d’avoir des opinions trop arrêtées.

    Biden, se plaignent-ils, a clairement indiqué qu’il voulait que l’aide militaire américaine prenne fin, quoi qu’il puisse voir sur le terrain. Ils ont noté qu’il avait déclaré au sujet du voyage qu’il « ne peut pas imaginer ce qui pourrait me faire changer d’avis, à moins que ce ne soit la preuve de représailles communistes contre les Sud-Vietnamiens après un effondrement militaire ». Il a rapidement ajouté : « Je doute que je le ferais même dans ce cas. » (Le voyage a été annulé après qu’un certain nombre de législateurs ont supplié, selon les rapports de presse).

    Trois semaines avant la chute de Saigon, de hauts responsables de l’administration Ford ont plaidé auprès de Biden et d’autres sénateurs en faveur d’une aide militaire américaine accrue, selon les comptes rendus des journaux.

    Lors d’une réunion à huis clos, des hauts fonctionnaires des départements d’État et de la Défense ont dit à Biden et à d’autres sénateurs de la commission sénatoriale des affaires étrangères que l’armée sud-vietnamienne avait « une chance » de défendre Saigon et la région du delta du Mékong avec une aide militaire américaine accrue, selon les comptes rendus des journaux.

    « Je suis convaincu qu’il n’y a absolument aucune chance », a déclaré Biden aux journalistes après le briefing, selon un article du Memphis Commercial Appeal.

    Mais Biden était prêt à dépenser l’argent des contribuables dans un effort étroitement adapté pour extraire les Américains.

    Quelques jours avant la chute de Saigon, le Sénat a approuvé une mesure autorisant Ford à utiliser des dizaines de millions de dollars pour aider à une évacuation.

    « Il s’agit simplement d’une rançon « , a déclaré M. Biden, rejoignant ainsi d’autres sénateurs qui s’opposaient à l’aide militaire au Viêt Nam, mais qui soutenaient le financement d’urgence parce qu’ils craignaient que certains Sud-Vietnamiens ne soient furieux d’avoir été abandonnés par leur allié et qu’il faille les  » acheter  » pour permettre aux Américains de partir en toute sécurité, selon les comptes rendus de l’époque.

    Lorsque Saigon est tombée, Biden était réfléchi et a adopté un ton d’espoir.

     » Il semble que nous soyons enfin sortis du Viêt Nam « , a déclaré Biden au Seattle Daily Times. « Il me semble que nous avons appris une leçon importante sur l’engagement militaire imprudent à l’étranger. »

    The Washington Post, 16/08/2021

  • Les détails sur le coup de Trump commencent à émerger

    Etats-Unis, Donald Trump, USA,

    Le tableau complet de la tentative de coup d’État de Trump commence seulement à émerger

    Analyse de Zachary B. Wolf, CNN

    (CNN)Le président Donald Trump – dans les derniers jours de sa présidence – n’a pas vraiment fait mystère de ses efforts pour renverser l’élection qu’il venait de perdre et il est donc très facile de se lasser d’y penser, maintenant qu’il n’est plus en fonction et que ses pouvoirs officiels ont été réduits.

    Mais en plus des mensonges qu’il répandait depuis le début, nous continuons à apprendre de nouveaux détails troublants sur ses efforts obstinés et pernicieux pour empoisonner le système de l’intérieur, notamment une confrontation de type « Apprentice » entre deux hauts fonctionnaires du ministère de la justice à la Maison Blanche et des menaces de démission.

    Entrelacés ensemble, ils montrent que l’assaut de Trump contre la démocratie, qui ressemble de plus en plus à une tentative de coup d’État, était encore plus téméraire et insistant qu’on ne le pensait.

    Les nouvelles récentes comprennent les éléments suivants :

    Trump a fait pression sur des responsables du DOJ par intérim, comme le procureur général par intérim Jeffrey Rosen, le 27 décembre, pour qu’ils  » disent simplement que l’élection était corrompue + laissent le reste à moi et aux membres du Congrès R. « , selon les notes du procureur général adjoint par intérim Richard Donoghue, partagées avec les enquêteurs de la Chambre.

    Un jour plus tard, le 28 décembre, au moins un fonctionnaire intérimaire du DOJ, Jeffrey Clark, qui était en charge de la division civile, a apparemment cru aux mensonges de Trump, ou a voulu l’apaiser, et a rédigé une lettre suggérant qu’il y avait des irrégularités dans l’élection (il n’y en avait pas), mais elle a été rejetée par d’autres hauts fonctionnaires intérimaires.

    Des fonctionnaires comme le chef de cabinet de Rosen, Patrick Hovakimian, ont rédigé des lettres de démission au cas où son patron serait évincé en faveur de Clark.

    Marshall Cohen, Jason Morris, Christopher Hickey et Will Mullery de CNN ont rassemblé une chronologie détaillée des efforts de Trump pour corrompre le gouvernement américain et le gouvernement de Géorgie. C’est exhaustif et choquant.

    C’est la menace d’un bloc de démissions du DOJ parmi les fonctionnaires intérimaires (ces personnes, en tant que fonctionnaires intérimaires, étaient censées être des loyalistes de Trump) qui a peut-être empêché Trump de procéder à un licenciement de dernière minute des fonctionnaires de la Justice.

    N’oubliez pas que la pression exercée par Trump sur Rosen et Donoghue est intervenue exactement un jour après la démission définitive de l’ancien procureur général William Barr.

    Barr a quitté l’administration au cours de son dernier mois, peu de temps après avoir dit la vérité à un journaliste, à savoir qu’il n’y avait aucune preuve de fraude électorale généralisée susceptible de changer le résultat de l’élection.
    Trump a explosé à la suite de ce qu’il a perçu comme une trahison de la part de Barr lors d’une réunion à la Maison Blanche, documentée par Jonathan Karl dans un livre à paraître.

    Le dernier jour de Barr, Trump était au téléphone avec des fonctionnaires en Géorgie, les encourageant à « trouver » des votes. Ils n’ont pas voulu le faire.

    Ces détails apparaîtront dans un récit plus complet maintenant que les enquêteurs de la Chambre interrogent d’anciens responsables de Trump.

    Ce compte-rendu officiel complétera les détails que nous connaissions déjà, comme la confrontation de style « Apprentice », qui a duré des heures, où Rosen et Clark ont chacun présenté des arguments à Trump sur la façon de procéder dans ses derniers jours.

    Cela s’est passé le 3 janvier. Trois jours plus tard, les partisans de Trump ont attaqué le Capitole pour empêcher le comptage des votes des grands électeurs.

    La pression exercée par les efforts de Trump pour saper l’élection n’était pas isolée au ministère de la Justice. Plus tôt cette année, un autre livre nous a appris que le président des chefs d’état-major interarmées, le général Mark Milley, était activement engagé dans la lutte contre tout effort de Trump visant à utiliser le gouvernement pour prendre le pouvoir.

    C’est une bonne nouvelle que même des fonctionnaires autrefois perçus comme des loyalistes de Trump ne l’aideraient pas à renverser l’élection. Mais tout cela doit être considéré dans son contexte et en sachant que Trump pourrait très bien se présenter à nouveau à la Maison Blanche.

    Il convient également de se demander s’il a enfreint la loi en exerçant des pressions pour briser le processus démocratique américain.

    « Oubliez un crime. Je vois plusieurs crimes fédéraux ici », a déclaré l’ancien procureur fédéral et analyste de CNN Elie Honig, qui a récemment publié un livre qui est un acte d’accusation du temps passé par Barr dans l’administration Trump.

    Voici plus de détails de Honig, qui a fait ces commentaires à Erin Burnett de CNN :

    « Je vais être précis. C’est un crime fédéral de priver un État d’une élection équitable.

    C’est un crime fédéral de solliciter un faux comptage des bulletins de vote, une fausse certification d’une élection.
    C’est un crime fédéral de conspirer contre les États-Unis.

    Maintenant, est-ce qu’un bon avocat de la défense pourrait venir et ergoter sur ce point ou essayer d’y faire des trous ? Bien sûr. J’accepte volontiers ce combat. »

    M. Honig a déclaré qu’il existe de nombreuses preuves pour une enquête criminelle et que l’actuel procureur général Merrick Garland devrait en lancer une, même si le ministère de la Justice ne l’a pas fait : « C’est extrêmement grave et il doit y avoir des conséquences. Imaginez qu’il n’y ait aucune conséquence à tout cela. Quel genre de message cela envoie-t-il ? »

    Trump a déjà échappé à la destitution, même si ces derniers détails n’étaient pas connus au moment du vote. Il a fait pression sur les républicains du Capitole pour qu’ils empêchent un examen complet et non partisan de l’insurrection. Il a fait valoir que le comité que les démocrates ont mis en place est partisan.

    Il essaie de corrompre notre connaissance des événements tout comme il a essayé de corrompre le résultat de l’élection.

    CNN, 05/08/2021