Étiquette : Etats-Unis

  • Etats-Unis : Le Congrès planche sur les droits de l’Homme au Maroc

    Maroc, Etats-Unis, USA, Congress, droits de l’homme, #Maroc,


    OBJET D’UNE CONFÉRENCE JEUDI PROCHAIN : Le Congrès US planche sur les droits de l’Homme au Maroc
    La Commission Tom Lantos des droits de l’Homme, relevant du Congrès américain, organisera jeudi prochain une conférence en ligne sur la situation » inquiétante » des droits de l’Homme au Maroc.
    Dans un communiqué, rendu public, la Commission Tom Lantos précise que cette réunion virtuelle verra la présence de ses deux coprésidents, James McGovern et Christopher Smith et sera ouverte aux membres du Congrès, au public et aux médias. 
    Il est prévu que des journalistes, universitaires et analystes marocains fassent le point sur la situation des droits de l’Homme au royaume marocain et formulent, à ce titre, « des recommandations au Congrès et à l’administration Biden », selon le communiqué. 
    La Commission rappelle qu’au milieu des grandes manifestations de 2011 et des soulèvements populaires qui ont renversé les gouvernements d’autres pays d’Afrique du Nord, le roi du Maroc, Mohammed VI, a présenté une nouvelle constitution et « promis des réformes mais dix ans après, la société civile et les organisations de défense des droits humains ont exprimé de sérieuses inquiétudes » face, est-il souligné, « aux menaces croissantes contre les libertés civiles ». 
    Citant le Comité pour la protection des journalistes, la Commission Tom Lantos souligne que » depuis 2016, les autorités marocaines ont arrêté et harcelé des journalistes locaux qui assuraient la couverture des manifestations de la région du Rif et ceux qui publiaient des articles sur la corruption et les sujets politiquement sensibles. 
    La Commission du Congrès a cité les cas des journalistes Soulaïman Raïssouni et Omar Radi, connus pour leurs écrits critiques à l’égard du gouvernement marocain, qui ont été condamnés en juillet dernier pour des accusations d’agression sexuelle, motivées par des considérations politiques.
  • Le coup d’État de Trump de plus en plus inquiétant

    Etats-Unis, USA, Donald trump, #EtatsUnis, #USA,

    Opinion : La tentative de coup d’État de Trump devient encore plus inquiétante à mesure que de nouveaux détails apparaissent

    Ce qui s’est passé le 6 janvier était effrayant : une tentative de coup d’État, enflammée par les médias sociaux, incitée par le président défait et télévisée en temps réel. Ce qui s’est passé avant le 6 janvier, nous sommes en train de l’apprendre, était tout aussi horrible : une tentative de coup d’État au ralenti, complotée en secret au sommet du gouvernement et déjouée par la résistance de quelques responsables qui n’ont pas voulu se plier à l’opinion erronée de Donald Trump sur le résultat de l’élection.

    C’est l’image troublante qui commence à peine à émerger de ce qui se passait dans les coulisses alors que Trump, enragé par sa défaite, complotait pour renverser les résultats clairs de l’élection avec la complicité non seulement des principaux assistants de la Maison Blanche, mais aussi de hauts fonctionnaires du ministère de la Justice qui manœuvraient autour de leur chaîne de commandement pour soutenir les efforts de Trump.

    Ce qui soulève la question la plus troublante : Et si ? Et si les hauts fonctionnaires du ministère de la Justice installés par Trump, notamment le procureur général par intérim Jeffrey Rosen, avaient été plus disposés à faire passer la loyauté envers Trump avant l’État de droit ? Que se passera-t-il, si Dieu le veut, la prochaine fois, lorsque le résultat pourrait être encore plus confus en raison de la modification des lois de l’État qui transfèrent le pouvoir des responsables électoraux aux législateurs partisans ?

    J’essaie de ne pas être alarmiste, mais il est difficile de lire les derniers comptes rendus et de ne pas s’alarmer. L’évolution au goutte-à-goutte de cette histoire a servi à masquer la gravité de la menace et la proximité de sa réalisation.

    Nous savons depuis des mois que Trump, sans se soucier des contraintes liées au détournement des opérations du ministère de la Justice à ses propres fins politiques, a pressé des fonctionnaires de la Justice d’intervenir en son nom. Par exemple, il a exhorté Rosen à nommer des conseillers spéciaux pour enquêter sur des allégations infondées de fraude électorale.

    Nous savions que lorsque Rosen a rechigné, Trump a envisagé un plan pour l’évincer et le remplacer par Jeffrey Clark, le chef par intérim de la division civile, qui était plus enclin à pousser les affirmations fantaisistes de fraude de Trump. Nous savions que Trump n’a été dissuadé qu’après des menaces de démissions massives de la part d’autres fonctionnaires.

    Nous savions que Clark avait rédigé une lettre aux législateurs de l’État de Géorgie affirmant que le ministère enquêtait sur des allégations de fraude dans l’État.

    Beaucoup ont fait valoir que les efforts du président Donald Trump équivalaient à une tentative de coup d’État le 6 janvier. Était-ce le cas ? Et en quoi cela est-il important ? (Monica Rodman, Sarah Hashemi/The Washington Post)
    La lettre bidon elle-même est apparue récemment. Datée du 28 décembre 2020, elle indique que le ministère a « identifié des préoccupations importantes qui pourraient avoir eu un impact sur le résultat de l’élection dans de nombreux États, y compris l’État de Géorgie ». Et ce, malgré la conclusion du procureur général William P. Barr, avant qu’il ne démissionne ce mois-là, selon laquelle l’enquête du département n’avait pas découvert de « fraude à une échelle qui aurait pu avoir un impact différent sur le résultat de l’élection. »

    La lettre de Clark n’exhortait pas seulement le gouverneur de Géorgie Brian Kemp (R) à convoquer le corps législatif en session extraordinaire pour examiner « cette question importante et urgente », mais informait également le corps législatif de son « autorité implicite en vertu de la Constitution des États-Unis de se réunir en session extraordinaire dans le but limité d’examiner les questions relatives à la nomination des électeurs présidentiels ». Le document devait être signé par Rosen, le procureur général adjoint par intérim Richard Donoghue et Clark lui-même.

    Clark avait insisté sur le fait que ses relations avec la Maison Blanche étaient « conformes à la loi » et qu’il avait simplement participé à « une discussion franche des options, du pour et du contre avec le président ».

    Ce n’est pas comme cela que les choses sont censées fonctionner. Dans un ministère de la Justice normal, le chef de la division civile, qui se trouve à un échelon inférieur de l’organigramme, ne court-circuite pas le procureur général pour avoir des « discussions franches » avec le président. Dans un ministère de la Justice normal, des garde-fous sont en place pour empêcher ce genre d’ingérence inappropriée du président.

    Maintenant, nous obtenons des comptes rendus de ce qui s’est passé dans ces derniers jours frénétiques de la part de Rosen lui-même. Au cours du week-end, il s’est empressé de témoigner devant l’inspecteur général du ministère de la Justice et la commission judiciaire du Sénat avant que Trump ne puisse chercher à interposer des affirmations de privilège exécutif. L’ancien adjoint de Rosen, Donoghue, a également comparu devant la commission du Sénat. Le témoignage était à huis clos, mais à mesure que nous en apprenons davantage sur ce qui a été dit, je soupçonne qu’il y aura encore plus de raisons de s’inquiéter de ce qui aurait pu être.

    Le sénateur Richard Blumenthal (D-Conn.) a déclaré dimanche à CNN qu’il était « frappé par la façon dont le pays a frôlé la catastrophe totale ».

    « Ce qui se passait au ministère de la Justice était effrayant », a déclaré le président de la commission judiciaire du Sénat, Richard J. Durbin (D-Ill.), dans l’émission State of the Union sur CNN. « Je pense que c’est une bonne chose pour l’Amérique que nous ayons eu une personne comme Rosen à ce poste, qui … a résisté à la pression ».

    Cela sera-t-il toujours le cas ? Le pays sera-t-il capable d’esquiver les futures balles, de Trump ou de ses successeurs ? J’aimerais le croire. Mais s’il y a quelque chose que les cinq dernières années ont montré, c’est l’inconséquence décevante d’un trop grand nombre de personnes au pouvoir face à l’assaut trumpiste.

    The Washington Post, 08/08/2021

  • Sahara Occidental : L'évolution de la position américaine bat en brèche la propagande marocaine

    Sahara Occidental, Maroc, Etats-Unis, Front Polisario, 

    Les signes positifs montrés récemment par l’administration américaine sur le règlement du conflit au Sahara Occidental laissent constater une évolution de la position des Etats-Unis, un progrès qui bat en brèche la propagande marocaine sur ce dossier.
    Pour féliciter la contribution des Etats-Unis dans la lutte contre la pandémie de la Covid-19, le président des Etats Unis, Joe Biden, a publié, mardi soir, un message sur son compte Twitter, illustré par une carte mondiale dans laquelle le Sahara Occidental apparait comme un territoire distinct et séparé du Maroc. Commentant le tweet de Biden, le journaliste et opposant marocain, Ali Lmrabet s’est interrogé « Est-ce une erreur ou un message », d’autant plus que  » le compte officiel du président des Etats-Unis ne fait rien au hasard », a-t-il écrit dans un tweet.
    Auparavant, un porte-parole du département d’état américain a affirmé que Washington soutenait un processus politique « crédible » au Sahara occidental conduit par les Nations-unies en vue de concrétiser la stabilité dans la région. « Nous nous concertons avec les parties sur les meilleures voies à même d’arrêter la violence et de concrétiser un règlement durable », a déclaré ce diplomate américain sous couvert d’anonymat à la chaine Al Hura.
    La déclaration du porte-parole du département d’état vient appuyer en effet celle tenue par Joey Hood, secrétaire d’Etat adjoint américain aux affaires du Proche-Orient, lors de sa visite la semaine passée dans la région. « Notre position claire est: Nous voulons voir un processus dirigé par l’ONU qui aboutit à un accord acceptable par toutes les parties et qui mène à la paix et à la stabilité, c’est ce qu’il y a de mieux pour la région et c’est (l’approche) à laquelle nous allons consacrer notre temps, notre énergie et nos efforts », avait notamment déclaré Joey Hood au terme de sa visite en Algérie.
    Ces derniers jours, le Maroc a essuyé un autre revers diplomatique celui du maintien de l’aval du département d’Etat pour l’utilisation de l’aide américaine au Maroc dans les territoires sahraouis. Cette décision s’inscrit à l’opposé de la décision de l’ancien président américain, Donald Trump de reconnaître la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental, et réaffirme également la position du Congrès américain, notamment du Sénat qui refuse d’accorder à Rabat le statut de la puissance administrante.
    Si le texte relatif à la question a rendu ces financements destinés au Maroc disponibles à l’assistance au Sahara occidental, elle stipule, cependant, que ce feu vert est soumis à l’approbation du département d’Etat. En 2017, la commission du Sénat en charge des dotations budgétaires a consacré à l’aide accordée au Sahara occidental un chapitre séparé de celui du Maroc, pour confirmer que ce territoire est occupé. La commission sénatoriale avait, alors, affirmé que tous les fonds accordés aux territoires sahraouis occupés seront gérés par la mission pour l’organisation d’un référendum d’autodétermination au Sahara occidental (Minurso), en consultation avec le Sénat.
    Sur cet élan, l’administration Biden a décidé de « reconsidérer » la vente de drones et d’autres armes au Maroc en raison de la série interminable de scandales impliquant Rabat, dont l’affaire du logiciel espion Pegasus, et des violations croissantes par l’occupant marocain des droits de l’Homme au Sahara occidental. En juin dernier, le département d’Etat américain avait évoqué un changement d’approche de la part de l’administration du président Joe Biden concernant la question sahraouie. « Je n’ai rien à annoncer pour le moment, mais je pense que si vous regardez le Sahara occidental dans le cadre de l’approche plus large de la région adoptée par l’administration précédente dans le contexte des accords d’Abraham, c’est là que l’on constate une certaine » différence d’approche, avait alors déclaré le porte-parole du département d’Etat, Ned Price en référence à la reconnaissance par l’ancien président Trump de la prétendue souveraineté du Maroc sur ce territoire occupé.
    Le dossier du Sahara occidental est revenu au-devant de la scène, après l’annonce par le gouvernement sahraoui de la fin de son engagement vis-à-vis du cessez-le-feu conclu en 1991, en réponse à l’agression militaire marocaine dans la zone tampon d’El Guerguerat. Depuis l’annonce par Trump de sa décision unilatérale sur le Sahara Occidental, de nombreux appels à travers le monde, et même aux Etats-Unis, ont été lancés, et se poursuivent jusqu’à ce jour, demandant à Joe Biden de l’annuler, étant en contradiction avec la Constitution américaine et le principe du droit à l’autodétermination, reconnu par les Nations unies.
    L’ONU ne cesse de réaffirmer sa position inchangée vis-à-vis de la question sahraouie, et considère le Sahara occidental occupé comme un territoire non-autonome, en attente de décolonisation.
  • Sahara Occidental : Washington décide de reconsidérer la vente de drones et d’autres armes au Maroc

    Sahara Occidental, Maroc, Etats-Unis, armes, drones, #SaharaOccidental #Maroc


    Le scandale Pegasus en est une des raisons : Washington décide de reconsidérer la vente de drones et d’autres armes au Maroc
    L’administration américaine de Joe Biden a décidé de «reconsidérer» la vente de drones et d’autres armes au Maroc en raison de la série interminable de scandales impliquant Rabat dont l’affaire du logiciel espion Pegasus, et des violations croissantes par l’occupant marocain des droits de l’Homme au Sahara occidental, a révélé le journal espagnol «El Confidencial».
    Evoquant des «tensions» dans les relations américano-marocaines, le journal a indiqué dans son édition de lundi que Washington prévoyait de vendre quatre drones MQ-9B Skyguardian et des munitions JDAM au Maroc, mais les récents scandales internationaux impliquant Rabat, ainsi que sa violation croissante des droits de l’Homme au Sahara occidental occupé, poussent l’administration Biden à repenser la vente, qui pour l’instant a été bloquée dans les commissions clés du Congrès et du Sénat.
    Le drone MQ-9B Skyguardian, est un avion sans pilote, mis à jour avec des «matériels» et des «logiciels» de dernière génération, conçus pour résister à toutes sortes d’impacts dans les conditions météorologiques les plus défavorables.
    Il transporte et lance les munitions les plus meurtrières, telles que les bombes de précision JDAM, dont le système GPS leur confère une efficacité maximale, a tenu à préciser El Confidencial.
    Pour le média, Washington s’«inquiète de plus en plus de Rabat», alors que le nouveau président Joe Biden s’est engagé, depuis son investiture, à ramener son pays aux principes du droit international et du soutien aux droits de l’Homme.
    Le journal espagnol est ensuite revenu dans son article pour parler des répercussions de la décision de l’ancien président Donald Trump de reconnaître la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, en échange d’une normalisation des liens entre le régime marocain et l’entité sioniste, une décision qui a généré une sorte d’impunité envers le Maroc qui a conduit à une augmentation des violations de droits de l’Homme dans les territoires sahraouis occupés.
    «La torture, les viols, les coups et les disparitions n’ont jamais cessé, mais maintenant, ils se sont intensifiés depuis que le Maroc a rompu un cessez-le-feu qui durait depuis 1991 en novembre 2020. Il n’y a pas de liberté de la presse ni de liberté de circulation au Sahara occidental, mais les violations finissent par être connues à Washington», avait déclaré récemment Suzanne Scholte, présidente de US Western Sahara Foundation, citée par El Confidencial.
    Revenant sur la vente des armes, le journal espagnol cite Patrick Leahy, démocrate et représentant du Vermont depuis 1975.
    L’homme politique est le père de la «loi Leahy» qui interdit au Département d’Etat et au Département américain de la Défense de fournir une assistance militaire aux armées étrangères qui violent les droits de l’Homme.
    La loi Leahy génère un consensus total entre démocrates et républicains et depuis son approbation en 1997, elle a bloqué l’aide militaire à plusieurs pays, rappelle la même source. Le sénateur Leahy préside désormais la Commission des crédits, qui influence le transfert et la vente possibles d’équipements militaires.
    Sa position initiale pro-sahraouie, commence à être renforcée par les événements récents, a souligné également El Confidencial, ajoutant que «plusieurs dirigeants de commissions clés au Congrès et au Sénat utilisent leur autorité pour bloquer la vente, demandant à l’exécutif de Biden plus d’informations sur les drones.
    La vérité est que le MQ-9B Skyguardian et les bombes JDAM surpassent de loin, en termes de létalité effective, les armes conventionnelles que les Etats-Unis vendent habituellement à Rabat. Son potentiel destructeur élevé exige le niveau de responsabilité que les Américains exigent de leurs alliés de l’OTAN, écrit le média.
    Sauf que le Maroc ne fait pas partie de l’Alliance atlantique et, par ailleurs, la reprise du conflit militaire avec le Front Polisario (depuis la violation du cessez-le-feu en novembre 2020 et l’agression marocaine à El-Guerguerat) fait douter que l’occupant marocain utilise cet armement pour faire avancer ses objectifs militaires, a souligné le journal espagnol.
    Dans ce contexte, poursuit le média, le sous-secrétaire d’Etat aux Affaires politico-militaires doit contrôler si, selon des normes éthiques et juridiques, des drones et des bombes peuvent être vendus au royaume marocain. Probablement, il n’y aura pas de résolution avant 2022.
    Le débat de fond qui circule désormais dans les couloirs du Capitole pourrait se résumer à la dichotomie suivante: Vaut-il la peine de vendre les armes?
    Le «oui» viendrait de son utilité dans la lutte contre le terrorisme, le «non» car ces drones et bombes pourraient être utilisés contre des civils sahraouis, a précisé la même source.
    Par ailleurs, le journal El Confidencial a évoqué dans son article la crise diplomatique-migratoire générée par Rabat à Ceuta, qui a eu de larges répercussions internationales. Cette crise a contribué à «détériorer l’image du Maroc» vis-à-vis de Washington, de l’avis de Jason Poblete, avocat expert en questions de sécurité nationale et président de la Global Liberty Alliance (GLA), une ONG basée à Alexandrie (Virginie), focalisée sur la défense des droits fondamentaux au niveau international.
    S’ajoutant à cela les récentes révélations sur l’utilisation par les services de renseignement marocains, du logiciel Pegasus pour espionner des personnalités internationales. «Ceuta, Pegasus et les droits humains des Sahraouis ont un fort impact sur la confiance de Washington. Cela aura des conséquences», avertit le président de la GLA, cité par El Confidencial.
    APS
  • Selon la CIA, le Maroc allait perdre la guerre contre le Polisario

    Sahara Occidental, Maroc, Algérie, Espagne, Etats-Unis, CIA, #SaharaOccidental #Maroc

    Le Front Polisario a pu faire plier l’occupant marocain dans sa guerre d’indépendance n’était-ce l’intervention de la France et de pays arabes tel que son allié l’Arabie Saoudite. C’est ce que révèle un rapport secret de 10 millions de pages sur le conflit du Sahara occidental rendu public récemment par l’Agence de renseignement US, la CIA. L’agence lève le voile, 44 ans après le déclenchement de la lutte armée, sur les dessous des appuis dont a bénéficié le Maroc alors qu’il était en train de perdre la guerre contre le Front Polisario jusqu’à ce que les pays européens et arabes interviennent politiquement et militairement pour soutenir Hassan II. 
    La CIA a donné le feu vert pour faciliter l’accès à plus de 10 millions de pages dont 900.000 sont des documents déclassifiés qui permettent de savoir ce qui s’est passé depuis mars 1979, 4 ans après la sortie précipitée de l’Espagne alors que 300.000 Marocains attendaient dans une petite localité au milieu du désert appelée Taj, situé à proximité de la frontière de l’actuelle RASD. ” L’annexion du Sahara Occidental par le Maroc en 1975 s’est faite par la force et a conduit à la guerre “, souligne la CIA dans ses rapports. 
    La guerre du Sahara est le plus vieux conflit en Afrique qui butte sur les tergiversations marocaines à appliquer les résolutions de l’ONU prévoyant l’autodétermination pour le peuple sahraoui. Les conséquences de la confrontation entre le Front Polisario et le Maroc, et ses conséquences se sont étendues à l’Algérie voisine, indique le document. Les effets collatéraux se sont également étendus à la Mauritanie et aux iles Canaries, qui ont accueilli une bonne partie des Sahraouis qui n’ont pas fui vers les camps algériens de Tindouf. 
    Les attaques sahraouies contre les troupes espagnoles se poursuivaient depuis 1969, faisant des dizaines de blessés et de morts. Même la mort de l’architecte du Polisario, Mohamed Basiri, des mains de l’espionnage espagnol, n’a pas suffi à étouffer la flamme indépendantiste. Le président de la RASD est Brahim Gallique était avec Basiri un combattant et co-fondateur du Front. Gali a également fait partie du premier gouvernement officiel de la RASD en tant que ministre des Affaires étrangères et, plus tard, a été responsable de la Défense. 
    Le rapport fait observer que dans le conflit et l’invasion du Sahara par le Maroc, l’aide que les Marocains ont reçue des USA, de la France, de l’Espagne et de l’Arabie Saoudite a été décisive grâce aux relations entre Hassan II et Henry Kissinger, alors conseiller à la sécurité nationale des USA. Le 21 août 1975, le Département d’Etat US donne le feu vert à un projet stratégique secret de la CIA, financé par l’Arabie Saoudite, visant à arracher l’ancienne province du Sahara (une zone de 270 000 kilomètres carrés) à l’Espagne. 
    Le document de base, intitulé ” Sahara Occidental, le boulet du Maroc ” , a été diffusé par tranches en 2017 mais retrouve aujourd’hui sa notoriété en raison de l’arrêt bilatéral des ébauches de négociations qui ont eu lieu depuis janvier 2019 sous l’instigation de l’ONU entre les représentants du Maroc, du Polisario, avec la supervision de l’Algérie et de la Mauritanie pour jeter les bases d’un accord. 
    Le conflit a duré jusqu’en 1991, après le cessez-le-feu imposé par les Nations Unies avec la promesse institutionnelle d’organiser un référendum d’autodétermination qui n’a jamais eu lieu du fait du boycott constant des négociations par le Maroc. Le processus de décolonisation du Sahara occidental est le plus ancien au monde. 
    La colonie espagnole est considérée comme sensible d’un point de vue géostratégique. La Grande-Bretagne avait été chargée d’effectuer la due diligence (audit préalable) de l’ensemble de la province et avait établi sa richesse en phosphates, en fer, en pétrole et en gaz. Les techniciens britanniques ont identifié et scellé les puits de pétrole susceptibles d’être exploités après plusieurs décennies, afin d’éviter que la guerre du Sahara ne devienne un conflit économique aux yeux de la communauté internationale. 
    Dans ce contexte, les USA n’étaient pas disposés à laisser entre les mains de l’Espagne l’avenir politique et commercial de la région qui allait passer sous le contrôle de la RASD, car ils entretenaient aussi des relations étroites avec l’Algérie, perçue alors comme allié de l’Union soviétique.
  • Affaire Pegasus et Sahara Occidental, symptômes d’une crise géostratégique au sein de l’OTAN

    1) « Au commencement était un tweet »

    Courant décembre dernier, un tweet du président sortant, Donald Trump, annonçait la reconnaissance d’une prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental en échange de la normalisation du royaume avec l’entité sioniste.

    Les réactions ne se firent pas attendre. A commencer par la 1ère puissance européenne.

    L’Allemagne avait, par la voix de son ambassadeur à l’ONU, Christoph Heusgen, déclaré son attachement à une solution conforme aux dispositions du conseil de sécurité et aux intérêts de toutes les parties de la région.

    Il y a peu, l’Espagne boudait l’exercice de l’OTAN, African Lions, qui se déroulait à nos frontières, au motif que certaines opérations incluaient des territoires du Sahara Occidental occupé. Ce qui, toutefois, fut formellement démenti par la partie américaine.

    Nous laisserons, au passage, à l’appréciation du lecteur, les réels objectifs de ces exercices, dont il en aura également un aperçu dans sa version orientale en Mer Noire.

    Pourquoi donc, sont-ce précisément les voix de ces 2 membres de l’UE qui se sont élevées et qui ont exprimé leur plus vive opposition ? Et pourquoi leur position vis à vis de la question sahraoui tend-elle à converger avec celle de l’Algérie?

    2) Comme une odeur de gaz

    Faut-il considérer comme l’effet d’un pur hasard le choix de l’Allemagne comme destination du président Tebboune pour des soins suite à sa contamination au covid ?

    N’y a-t-il été en effet question que bilans de santé du président et n’en a-t-on pas profité pour discuter d’autres diagnostics ? Gardons un instant à l’esprit l’orientation stratégique de l’Allemagne vers l’hydrogène issu du gaz naturel comme principale source d’énergie.

    Autre fait remarquable, le rôle de premier plan joué par l’Algérie dans le dossier libyen à la conférence de Berlin et à laquelle le Maroc avait été royalement ignoré.

    Quant au Mali, où l’accord d’Alger est à la base de toutes discussions pour parvenir à une paix durable, le rôle central de l’Algérie n’est plus à démontrer. A noter l’immense potentiel gazier découvert dans le nord du pays en 2010, soit peu avant l’arrivée de « jihadistes » en 2011…dans le nord du pays.

    Pour ce qui est de l’Espagne, 1er client du gaz algérien, il n’est fait secret pour personne de leur étroite relation dans ce domaine avec notre pays. De même, du reste, que l’Italie.

    Suite à l’affaire Pegasus, la réaction de la France, confinée dans un silence gêné jusqu’ici, traduit un mouvement d’humeur vis à vis de son protectorat et sans doute sonne comme un rappel à l’ordre dans ce qui lui semble une volonté ou du moins une tentative de lui échapper pour les faveurs d’un autre protecteur.

    Nous évoquerons au passage la découverte d’un important gisement offshore que partagent l’Algérie et la Tunisie. Cette dernière est également partie de la stratégie énergétique européenne, ne serait-ce qu’au regard des gazoducs passant par son territoire.

    Ce qui explique sans doute les problèmes politiques, sociaux et économiques qu’elle rencontre.

    Ainsi pour résumer, l’on pourra faire le constat suivant qui se vérifiera infailliblement : les troubles, les conflits que connaissent tous les pays déstabilisés ont la fâcheuse manie de surgir aussitôt que l’on découvre des réserves de pétrole ou de gaz.

    3) Le Nigal

    D’aucuns s’étonnent des gesticulations intempestives du makhzen, qu’ils jugent désordonnées, absurdes.

    Ils considèrent le tweet de Trump comme une initiative personnelle, en somme une énième bourde d’un « illuminé » ignorant des usages diplomatiques.

    Or il nous semble que ce fameux tweet n’est en réalité que l’affirmation, la divulgation au grand jour de la guerre du gaz que livre l’Uncle Sam (ou plutôt la faction actuellement aux commandes de l’état profond) aux pays producteurs pour imposer son monopole dans la distribution de cette énergie.

    Nous en avons vu les effets dans le conflit syrien où se sont opposés 2 projets de gazoducs rivaux, l’un porté par l’Iran et l’autre soutenu par le Qatar et l’OTAN. Bachar eut le tort, selon les impérialistes atlantistes, de privilégier la solution iranienne.

    Les faucons étasuniens semblent projeter 2 scénarii pour le cas algérien :

    – soit une redite de la guerre Iran-Irak, avec pour protagonistes l’Algérie et le Maroc. L’armement octroyé par le pentagone à ce dernier a drastiquement augmenté dernièrement.

    – soit une répétition de la guerre civile syrienne.

    Ainsi, se dessine aux portes de l’Algérie, qui se trouve au cœur de cet enjeu géostratégique dans cette partie du monde, une configuration similaire au cas syrien : deux projets de gazoduc antagonistes. L’un prévu de longue date, le Nigal, livrant à l’Europe le gaz du Golfe de Guinée (riche en gaz mais connaissant une instabilité du fait notamment de l’intervention des puissances étrangères) et passant par le Niger et l’Algérie et le second longeant et traversant une dizaine de pays africains par la côte ouest dont le Maroc pour alimenter l’UE.

    Le Maroc, dans la vision du Pentagone, est un pion destiné à renforcer la suprématie étasunienne. Grisé de s’entendre promu au rang « d’allié stratégique » et flatté de se voir intégré dans ce plan américano-sioniste de domination mondiale, il croit avoir acquis un « totem d’immunité » dans ce jeu des grandes puissances.

    Il ose désormais afficher officiellement des positions et des déclarations allant à l’encontre des principes des nations unies, et de sa propre population, allant jusqu’à blesser ses sentiments religieux. Il se sent donc libre de faire publiquement son coming-out.

    Que le royaume prenne garde toutefois de ne pas oublier le sort réservé par l’oncle Sam à ses « alliés » ou « amis » d’un moment et le peu de cas qu’il accorde à ses pactes et à ses accords au gré de ses intérêts. Le cas de Sadam Hussein, pour ne prendre que celui-ci, en est à cet égard un exemple édifiant.

    4) L’Histoire se répète-t-elle sous nos yeux ?

    Bon nombre d’analystes s’inquiètent des multiples tensions et conflits de par le monde, qui n’attendent qu’une étincelle pour finir en conflagration mondiale.

    Et le contexte actuel n’est pas sans rappeler la situation qui prévalait à la veille de la 1ère guerre mondiale, dont l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand a constitué le détonateur.

    C’est ainsi que l’Allemagne et la Turquie (l’Empire Ottoman en ce temps) conclurent un accord pour la construction d’une ligne de chemin de fer Berlin-Baghdad (le fameux Bagdadbahn) financé par la Deutsche Bank et dont le tracé coïncidait avec les champs pétroliers de la région.

    Ainsi le gouvernement allemand, s’étant auparavant immiscé dans le capital de la Turkish Petroleum Company en acquérant 24% des parts, entrait de facto en conflit avec la France et l’Angleterre dans une région qui constituait leur sphère d’influence.

    L’Empire Ottoman céda un moment à la suite de pressions exercées par l’Angleterre qui envoya des bâtiments de guerre au large de la Turquie, plaçant cette dernière sous la menace de leurs bombardements (manœuvred’une extrême gravité qui constituait en soi une déclaration de guerre).

    Les travaux reprirent toutefois, ce qui déclencha, nous en sommes convaincus, la 1ère guerre mondiale, qui opposait les principaux protagonistes avec d’un côté le tandem franco-anglais et de l’autre l’alliance turco-allemande.

    Plus près de nous, la crise de Tanger en 1905 et d’Agadir en 1911 avaient cristallisé les tensions entre puissances impérialistes (France, Espagne, GB et Allemagne) dans cette partie de la région, objet de convoitises. Puis durant la 2ème guerre mondiale, les troupes américaines débarquaient à Casablanca et Marrakech entre autres pour prendre à revers et en étau les forces de l’axe. Ils décident d’y demeurer encore pour « endiguer l’expansion soviétique ».

    Aujourd’hui, se retrouvent à nos portes quasiment les mêmes acteurs avec les mêmes objectifs : le contrôle du gaz et de sa distribution.

    5) Quelle perspective pour l’Algérie ?

    Une situation qui semble à priori menaçante pourrait toutefois constituer une opportunité pour l’Algérie.

    Ainsi de par sa position géographique privilégiée, ses infrastructures gazières existantes, l’Algérie est à même de s’imposer naturellement comme le partenaire logique et évident de la stratégie énergétique européenne.

    Par ailleurs sa neutralité et son attachement au principe de non-ingérencedans les affaires internes, maintes fois (ré)affirmés, privilégiant les solutions politiques, diplomatiques et économiques en font un pays exportateur de paix dans la région et un acteur crédible et sûr, dont la constance ne s’est jamais démentie au cours de son histoire.

    En outre les principaux partenaires européens sont conscients de la non viabilité, de l’inefficience du Gazoduc ouest-africain, qui, plus est, contribuerait à accroître la domination et l’emprise des USA dans un secteur vital comme celui de l’énergie.

    Les Européens qui sont déjà sous la coupe des USA dans le domaine militaire via l’OTAN, voient en effet d’un mauvais œil l’étau étasunien se resserrer autour d’eux au prétexte de la lutte contre l’ogre russe et le dragon chinois, notamment dans le blocage du projet Northstream et en Afrique du Nord dans le verrouillage et le sabotage du projet Nigal. Nous suggérons à l’occasion l’idée de participer au Northstream car ce dernier aboutira vu son importance pour la patience européenne, en premier chef l’Allemagne qui ne ménagera aucun effort pour que ce projet aboutisse.

    L’Europe a donc, on le voit, tout intérêt à s’associer à l’Algérie pour sa sécurité énergétique, un pays reconnu comme un médiateur crédible, susceptible non seulement de prévenir une 3ème guerre mondiale qui gronde à nos portes mais également de contribuer à l’avènement d’un monde apaisé, inaugurant un nouvel âge d’or des relations internationales.

    Miloud Boumaza

    La Patrie News, 02/08/2021

    Etiquettes : Algérie, Maroc, Sahara Occidental, Pegasus, espionnage, Etats-Unis, Union Européenne, UE, Allemagne, gaz, OTAN,

  • Maroc : Un discours pour contenter les américains et calmer l'opinion interne


    Maroc, Mohammed VI, discours, Fête du Trône, Algérie,

    Lors de son passage au Maroc, le sous-secrétaire d’Etat américain Joey Hood a demandé aux autorités marocaines d’atténuer la tension avec ses voisins, notamment l’Algérie et l’Espagne. Pour cela, il a souligné la nécessité de résoudre le conflit du Sahara Occidental à travers « un processus politique crédible dirigé par l’ONU pour stabiliser la situation et garantir la cessation de toute hostilité ».

    Le texte du dernier discours royal vise essentiellement à répondre aux exigences américaines exprimées lors de la visite du responsable américain et donner l’impression que le Maroc fait tout pour améliorer les relations avec son voisin de l’Est.

    Selon un expert algérien, les problèmes des deux pays ne peuvent pas se résumer à la seule question de l’ouverture des frontières, car il y a beaucoup d’autres problèmes en suspens qui doivent être mis sur la table à travers les canaux diplomatiques officiels et non pas via les médias et les discours occasionnels.

    Etiquettes : Maroc, Algérie, Sahara Occidental,Fête du trône, frontières, Etats-Unis, Joey hood, #Maroc #Algérie

  • Washington suspend la vente au Maroc des drones MQ-9B

    CEUTA, SAHARAWIS ET « PEGASUS ».

    Les Etats-Unis, mal à l’aise avec Rabat : ils arrêtent la vente de leurs drones de dernière génération au Maroc

    Le drone MQ-9B Skyguardian est l’un des fleurons de l’US Air Force, et sa vente au Maroc, autorisée par Trump, est bloquée au Congrès.

    Le drone MQ-9B Skyguardian est l’un des joyaux de la couronne de l’US Air Force. Cet aéronef sans pilote, doté de matériel et de logiciels de pointe, conçu pour survivre à toutes sortes d’impacts dans les conditions météorologiques les plus défavorables, est en quelque sorte le drone parfait. Il transporte et livre les munitions les plus meurtrières, comme les bombes à guidage de précision JDAM, dont le système GPS leur confère une efficacité maximale. Washington avait l’intention de vendre quatre de ces drones et des munitions JDAM au Maroc, un allié traditionnel des États-Unis dans la région, mais les récents scandales internationaux impliquant Rabat et sa violation croissante des droits de l’homme au Sahara occidental ont conduit l’administration Biden à reconsidérer la vente, qui a été bloquée pour le moment dans des commissions clés du Congrès et du Sénat. L’establishment de Washington, tant démocrate que républicain, est de plus en plus mal à l’aise avec son allié à Rabat.

    Un truisme : Biden n’est pas Trump. Depuis son investiture, le nouveau président a souligné que son pays revenait aux principes du droit international et au soutien des droits de l’homme. Bien que les Sahraouis n’aient jamais figuré en bonne place dans l’agenda des États-Unis, qui apprécient la stabilité pro-occidentale facilitée par la monarchie alaouite à l’entrée de la Méditerranée, ils ne passent pas non plus inaperçus : ils suscitent une sympathie lointaine. Fin 2020, Donald Trump a scellé, en échange d’une normalisation des liens maroco-israéliens et dans un de ses gestes de diplomatie sur Twitter, la pleine souveraineté du royaume alaouite sur le Sahara occidental. La reconnaissance dans les arrêts de jeu a généré un sentiment d’impunité à Rabat, ce qui a conduit à une augmentation des violations des droits de l’homme dans le territoire sahraoui contrôlé par le Maroc. « Les tortures, les viols, les passages à tabac et les disparitions n’ont jamais cessé, mais se sont maintenant intensifiés depuis que le Maroc a rompu en novembre 2020 un cessez-le-feu qui durait depuis 1991. Il n’y a pas de liberté de la presse ou de liberté de mouvement au Sahara occidental, mais ces violations des droits de l’homme finissent par être connues à Washington », affirme Suzanne Scholte, présidente de la Defense Forum Foundation, une organisation basée à Washington qui se concentre sur la protection des droits de l’homme dans des endroits comme la Corée du Nord et le Sahara occidental lui-même. Ce nouveau scénario laissé par Trump commence à être un casse-tête pour l’administration Biden, qui cherche à se sortir du pétrin. C’est également à cette époque, dans le compte à rebours de l’ère Trump, que Washington a décidé de vendre au Maroc les drones MQ-9B Skyguardian et les bombes JDAM, une technologie militaire réservée presque exclusivement à l’usage de l’OTAN ou de proches alliés comme l’Australie.

    L’impasse dans les commissions clés

    C’est dans ce contexte qu’entre en scène Patrick Leahy, un démocrate qui représente le Vermont depuis 1975. Ce politicien est le père de la loi Leahy, une législation qui interdit essentiellement aux départements d’État et de la défense des États-Unis de fournir une assistance militaire aux armées étrangères qui violent les droits de l’homme. La loi Leahy génère un consensus total entre les démocrates et les républicains et, depuis son adoption en 1997, elle a bloqué l’aide militaire à des pays tels que le Bangladesh, le Nigeria, l’Indonésie et le Guatemala. Le sénateur Leahy préside actuellement la commission des crédits, qui influence les éventuels transferts et ventes d’équipements militaires. Sa position initiale, que l’on pourrait qualifier de pro-Saharawi, commence à être renforcée par les récents développements. À l’heure où nous écrivons ces lignes, plusieurs responsables de commissions clés du Congrès et du Sénat usent de leur autorité pour bloquer la vente ; ils ont donc demandé à l’exécutif de Biden de leur fournir davantage d’informations sur les drones.

    La vérité est que le MQ-9B Skyguardian et les bombes JDAM sont bien plus meurtriers que l’armement conventionnel que les États-Unis vendent généralement à Rabat. Leur potentiel destructeur élevé exige le niveau de responsabilité que les Américains exigent de leurs alliés de l’OTAN. Le Maroc ne fait pas partie de l’Alliance atlantique et, de plus, la reprise du conflit militaire avec le Front Polisario sahraoui (en  » état de guerre  » depuis la violation du cessez-le-feu en novembre 2020), fait douter de l’utilisation réelle que le Maroc pourrait faire de cet armement pour poursuivre ses objectifs militaires.

    Les drones turcs : bons, pas chers et sans complication

    La vente a été interrompue. C’est peut-être la raison pour laquelle le dernier achat de drones de Rabat – une douzaine de Bayraktar TB2 d’une valeur de 70 millions de dollars, qui doivent arriver à Rabat dans deux mois – a été effectué avec la Turquie. Ankara maîtrise cette technologie militaire et offre au Maroc deux avantages : ses drones sont moins chers que les drones américains, et ses procédures de ventes militaires sont moins restrictives que celles des États-Unis ou d’Israël. Mais l’achat par le Maroc de drones à la Turquie pourrait être la goutte d’eau qui fait déborder le vase de la patience américaine. La législation américaine ne se contente pas de contrôler ses exportations de défense, mais surveille également l’éventuel double usage de la technologie militaire par les acheteurs potentiels, que les États-Unis leur aient ou non vendu cette technologie.

    En l’état actuel des choses, le débat à Washington sur la question marocaine prend de l’ampleur. La sous-secrétaire d’État aux affaires politico-militaires doit vérifier si, selon ses normes juridico-éthiques, les drones et les bombes peuvent être vendus au royaume alaouite. Une résolution n’interviendra probablement pas avant 2022. Le débat de fond qui circule actuellement dans les couloirs du Capitole pourrait se résumer à la dichotomie suivante : vaut-il la peine de leur vendre l’armement ? Le « oui » serait en raison de leur utilité dans la lutte contre le terrorisme, le « non » parce que ces drones et bombes pourraient être utilisés contre des civils sahraouis. Les préoccupations concernant le Maroc suscitent un certain consensus bipartisan parmi les républicains et les démocrates. La Global Liberty Alliance (GLA), une ONG basée à Alexandria (Virginie), à 10 kilomètres du Capitole, qui se concentre sur la défense des droits fondamentaux au niveau international, a beaucoup à voir avec cette entente naissante entre progressistes et conservateurs. La GLA encourage une coalition internationale de fondations et de personnalités de la société civile à exiger la transparence tant sur la vente de drones au royaume alaouite que sur ce à quoi les États-Unis ont réellement souscrit dans les accords d’Abraham, qui ont parrainé la normalisation des relations entre Israël et d’autres États arabes tels que les Émirats arabes unis, le Bahreïn et le Soudan. Un récent manifeste publié sur le site web de la fondation exhorte le président de la commission des affaires étrangères du Sénat, Bob Menendez (D-New Jersey), et le président de la commission des forces armées, Jack Reed (D-R.I.), à bloquer la vente de cet armement au Maroc. Parmi les signataires du manifeste figurent le membre du Congrès Gregory Meeks (D-Illinois), président de la commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants, et son homologue Michael McCaul (R-Texas), ainsi que d’autres dirigeants des deux grands partis américains.

    La crise diplomatico-migratoire générée par Rabat à Ceuta, qui a eu de larges répercussions internationales, a contribué, selon Jason Poblete, avocat expert des questions de sécurité nationale et président du GLA, à la détérioration de l’image du Maroc auprès de l’establishment de Washington. Cela s’ajoute aux récentes révélations sur l’utilisation par les services de renseignement marocains du logiciel Pegasus pour espionner des personnalités internationales, y compris des alliés. « Ceuta, Pegasus et les droits de l’homme des Sahraouis frappent durement la confiance de Washington. Cela aura des conséquences, car un allié supposé des États-Unis ne se comporte pas de la sorte », déclare le président de GLA. Poblete considère qu’il existe un large éventail de motivations, y compris géopolitiques (« vendre des armes aussi sophistiquées au Maroc pourrait déclencher une course aux armements avec l’Algérie »), qui défavorisent la vente à Rabat. L’avenir dira quelle position l’emportera dans cette partie de l’échiquier mondial.

    El Confidencial, 01/08/2021

    Etiquettes : Maroc, Etats-Unis, Sahara Occidental, drones MQ-9B, #Maroc #SaharaOccidental #Drones

  • Sahara occidental: Des personnalités américaines appellent Blinken à enquêter sur les violations des droits de l’homme

    D’anciens diplomates et des militants des droits humains aux Etats-Unis ont lancé jeudi un appel au chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, en vue d’ouvrir une enquête sur les violations des droits de l’homme perpétrées par le Maroc au Sahara Occidental occupé.

    Dans une lettre adressée jeudi au secrétaire d’Etat américain, les signataires ont demandé au département d’Etat de dénoncer l’agression marocaine contre la population sahraouie et d’ouvrir immédiatement une enquête sur les violations continues des droits de l’homme commises par le Maroc. 
    Dans leur missive, les signataires relèvent que la décision prise par l’ancien président américain Donald Trump de reconnaître la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental viole le droit international qui constitue la pierre angulaire de la politique américaine depuis la création des Etats-Unis, et révoque le respect du droit international et des droits de l’homme que le président Biden s’est engagé à respecter. 
    Et émettent le souhait que le président Biden annule cette décision qui a fait l’objet d’une condamnation bipartisane » aux Etats-Unis. 
    Parmi les signataires de la missive, figurent Suzanne Scholte, lauréate du prix de la paix de Seoul et présidente de Defense Forum foundation, Gare Smith président de la firme Global Business and Human Rights Practice-Foley Hoag, Katlyn Thomas, ancienne responsable des affaires juridiques à la Minurso, Katrina Lantos Swett, fille du défunt Congressman Tom Lantos, et présidente de la Fondation Lantos pour les droits de l’homme et la justice. 
    Figurent également Bill Fletcher, co-président de la campagne pour mettre fin à l’occupation marocaine au Sahara Occidental, Jason Poblete président de Global Liberty Alliance, et Chadwick Gore, ancien sous-secrétaire d’Etat adjoint par intérim au Bureau des affaires internationales de stupéfiants et d’application de la loi.
    Etiquettes : Sahara Occidental, Maroc, Etats-Unis, Anthony Blinken, droits de l’homme #SaharaOccidental #Maroc
  • «Les USA ont mis au point une stratégie soigneusement étudiée pour remplacer la France au Sahel»

    Par Kamal Louadj


    Dans un entretien à Sputnik, le Dr Cheikh Hamdi, expert sécuritaire mauritanien, évoque le rôle de son pays dans la lutte antiterroriste au Sahel. Il explique l’apport de la Mauritanie à la force G5 Sahel et sa coopération avec les États-Unis dans le contexte de la fin de l’opération Barkhane. Pour lui, sans développement, il n’y aura pas de paix.
    Mardi 27 juillet, une source gouvernementale mauritanienne a indiqué à l’agence France-Presse (AFP) que les deux Mauritaniens enlevés samedi 17 juillet avec trois ressortissants chinois par des terroristes avaient été libérés. Ils travaillent tous pour un consortium sino-mauritanien chargé du bitumage de routes et de la construction de ponts, sur un site de travaux à quelque 55 kilomètres de la ville de Kwala, dans la région malienne de Nara, située non loin de la frontière mauritanienne.
    En tant que membre de la force G5 Sahel, quelle est la situation politique, économique et sécuritaire en Mauritanie, dans le contexte des changements régionaux? Quelle est la position et le rôle de ce pays concernant la crise sécuritaire au Sahel à l’aune de la fin de l’opération militaire française Barkhane? Comment se positionne ce pays quant aux luttes d’influence des différentes puissances mondiales agissant dans la région?
    Pour répondre à ces questions, Sputnik a sollicité le docteur Soulaimane Cheikh Hamdi, expert mauritanien en sécurité régionale et internationale, et chercheur en politiques de défense.
    Un pays stable
    «La Mauritanie a une superficie de plus d’un million de kilomètres carrés et une population de près de quatre millions de personnes», indique le docteur Cheikh Hamdi, soulignant que le pays «a plusieurs richesses minières, dont l’or et le fer, et dispose de côtes considérées parmi les plus riches dans le monde en ressources halieutiques».
    Et d’ajouter que «la Mauritanie a un système politique démocratique depuis trois décennies qui connaît des élections libres et des passations de pouvoirs pacifiques. Ceci, en dépit de trois tentatives de coup d’État, dont la dernière en 2008, qui ont été très vite circonscrites pour laisser à nouveau la place aux élections libres au suffrage universel».
    Dans le même sens, il souligne que «la stabilité politique de la Mauritanie, la clarté de son approche sécuritaire et ses succès dans la lutte contre le terrorisme lui ont conféré un rôle important dans le groupe des pays du G5 Sahel [Mali, Mauritanie, Niger, Burkina Faso et Tchad, ndlr]».
    Un leader dans la formation des militaires
    Outre le fait que la Mauritanie n’a pas envoyé de soldats pour participer directement aux opérations militaires de la Force G5 Sahel sous commandement de la France, notamment au nord du Mali, «ce qui a perturbé, à un certain degré, les relations franco-mauritaniennes, il n’en demeure pas moins que le pays apporte une aide précieuse en termes de formation des officiers supérieurs des écoles d’état-major et de guerre», informe l’expert.
    À ce titre, il rappelle que «le collège de défense du G5 Sahel se trouve dans la capitale mauritanienne Nouakchott. Cette importante institution militaire, créée en 2013 par l’armée mauritanienne, une année avant le début de l’opération Barkhane et la création de la force G5 Sahel, joue un rôle important en termes de préparation des officiers face à la montée des organisations terroristes dans la région. Cette activité djihadiste a commencé au Sahel dans les années 1990, avec l’arrivée des combattants d’Afghanistan et le repli vers la région subsaharienne des terroristes qui ont ensanglanté l’Algérie durant la décennie noire, forcés par l’armée algérienne qui les a chassés du territoire national. En ce moment, il y a 13 organisations terroristes dans le Sahel, qui se renforcent avec l’arrivée de milliers de combattants d’Irak et de Syrie aidés par la situation instable en Libye et dans la région des trois frontières [entre le Mali, le Niger et Burkina Faso, ndlr]».
    Ainsi, «partant de son expérience dans la lutte anti-terroriste depuis les années 1990, il a été décidé de mettre les moyens et les compétences de ce collège à la disposition du G5 Sahel, étant donné que tous ces pays font face au même environnement et aux mêmes menaces terroristes», ponctue-t-il, précisant qu’«en trois ans de fonctionnement actif, plus de 100 officiers y ont été formés. Le collège de défense du G5 Sahel, actuellement reconnu comme une institution transnationale, va également former des hauts gradés d’Arabie saoudite, des Émirats arabes unis et du Cameroun».
    Quid de la lutte d’influence des grandes puissances?
    Avec le changement de cap décidé par la France concernant l’opération Barkhane et le début du retrait d’une partie de ses soldats du Mali, «une nouvelle approche stratégique était nécessaire pour combler le vide qui sera laissé par le départ de ces derniers», explique le docteur Cheikh Hamdi, soulignant que «c’est ainsi qu’est apparu le rôle américain».
    «Les États-Unis ont mis au point une stratégie soigneusement étudiée pour remplacer la France au Sahel, craignant une présence russe et chinoise de plus en plus importante dans la région, notamment après les deux coups d’État au Mali», précise-t-il, soutenant qu’«à la lumière de cette nouvelle donne, l’approche américaine était claire: mettre le paquet sur la Mauritanie en faisant d’elle son premier partenaire».
    En effet, selon lui, «le pays accueille la plus grande base américaine de forces spéciales, qui a englouti pas moins de 500 millions de dollars d’investissements pour sa construction, avec l’objectif d’améliorer les capacités des cinq pays du Sahel dans le cadre d’une coopération directe avec la Mauritanie, devenue tête de pont du rôle américain dans la région». Dans ce cadre, «Nouakchott a connu des visites successives du commandant adjoint du Commandement des États-Unis pour l’Afrique (AFRICOM) et de personnalités militaires de premier plan, en plus des manœuvres qui ont lieu de temps en temps, dont la dernière s’est déroulée en 2020, sur le sol mauritanien, et qui avait été considérée comme la plus importante en Afrique».
    La paix et la sécurité par le développement
    Enfin, l’interlocuteur de Sputnik affirme que, quels que soient les résultats qui seront obtenus en termes de lutte antiterroriste, «il est évident que l’approche sécuritaire à elle seule ne peut en aucun cas venir à bout des mouvements djihadistes qui exploitent la pauvreté des populations locales pour recruter de nouveaux combattants. Sans un développement soutenu intégrant dans une même dynamique tous les pays du Sahel, il ne pourrait y avoir de stabilité et de sécurité pérennes et résilientes».
    Dans ce cadre, Soulaimane Cheikh Hamdi rappelle que «les pays du Sahel et d’Afrique en général manquent cruellement d’eau potable et d’énergie, les deux piliers incontournables de toute politique de développement. Il faudrait faire du dessalement de l’eau de mer à très grande échelle afin de revitaliser tous les lacs secs dans ces régions désertiques, en particulier le lac Tchad, chose qui permettra d’endiguer d’énormes problèmes de pauvreté, de tensions et d’immigration clandestine par le développement d’une agriculture massive et d’une industrie de transformation agroalimentaire».
    Par ailleurs, «il est nécessaire d’aider les pays africains avec du matériel agricole tout en envisageant une fabrication locale via un transfert de technologies, mais aussi de développer les TIC [technologies de l’information et de la communication, ndlr], l’industrie pharmaceutique, les équipements médicaux, les nanosciences et les nanotechnologies, l’industrie aéronautique et spatiale, la formation universitaire, la recherche et le développement, et la coopération culturelle, afin de diminuer la dépendance aux ex-puissances coloniales».
    Pour se faire et afin d’abréger les souffrances des peuples subsahariens, «il est impératif que les États-Unis, l’Union européenne, dont en particulier la France, l’Italie, l’Espagne et l’Allemagne, la Russie, la Chine, la Turquie et l’Inde créent des espaces d’entente, de détente et de coopération dans la région, où les intérêts de tout un chacun seront préservés à même de permettre et d’assurer un développement équitable et viable aux pays africains dans la paix et la sérénité», conclut-il.
    Sputnik, 29/07/2021
    Etiquettes : Etats-Unis, Sahel, Mauritanie, G5, #Sahel #Mauritanie