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  • Maroc: Choc aérien anti-US?

    Dans cette bataille malsaine que l’axe US/Israël a lancée contre l’Afrique du nord puisque cette zone ultra stratégique se trouve au cœur des grandes routes maritimes tout en reliant le Moyen-Orient à l’Europe, il se produit parfois de parfaits inattendus.

    Il en est ainsi de la présence de l’ex PM tunisien aux Emirats dans un forum où prenait part une délégation sioniste, présence qui a provoqué l’ire et l’indignation des partis, des foules entières des tunisiens.

    Au menu de ces inattendus figure encore ce refus de Moscou de vendre des Su-34 E à l’Algérie qui bien qu’allié stratégique de la Russie semble devoir patienter encore un peu avant que ces bombardiers à longue distance que Moscou vient tout juste de déployer en Syrie où la guerre entre dans une phase totalement nouvelle ne retrouvent le chemin de l’Algérie. Mais qui sait, il se peut même que les Su-34 fraîchement déployés à Hmeimim, base russe en quoi certains voient la future Incirlik russe au Moyen-Orient, fassent le pont entre la Syrie et l’Algérie. Mais le plus inattendu dans l’actualité maghrébine aura été l’information selon laquelle la Chine aura décidé de vendre sa DCA ultre performante au Maroc faute d’une Russie qui refuse de livrer à l’allié marocain des Etats-Unis ses S-400 qu’elle a vendue à l’Algérie ou encore d’une Amérique qui ne juge pas le Royaume bien que « normalisante » assez digne de confiance pour lui livrer ses Patriot.

    Les rapports des médias américains font part donc de la possibilité que le Maroc ait acquis des missiles antiaériens chinois.

    Les médias américains ont révélé que le Maroc pourrait bientôt acquérir un système de défense aérienne équipé des missiles anti-aériens à moyenne portée chinois FD-2000.

    Selon le site web militaire américain, Global Defense Corp, le système de défense aérienne chinois porte dans sa version, qui est vendue hors de Chine, des missiles à moyenne portée de FD-2000, une version du HQ-9 destinée à l’exportation, qui se compose de lanceurs verticaux qui transportent chacun quatre missiles, un radar HT-233 et un radar tridimensionnel 305 A.

    Ce système, fabriqué par la société chinoise « Precision Machinery Import-Export Corporation », est très avancé, car il a une portée verticale de 30 km et une portée horizontale de 200 km, et il se distingue par sa forte capacité de détection grâce à ses radars. L’appareil est également capable d’intercepter divers objets volants tels que des chasseurs, des avions et des missiles sans pilote et balistiques. Rares sont les systèmes de défense qui offrent de telle force de dissuasion.

    La source affirme que le Maroc est le troisième client à acquérir ces équipements militaires à la Chine, après l’Ouzbékistan et le Turkménistan. Le Maroc a acquis ce système de défense après avoir envisagé la possibilité d’achat auprès de la Russie des S-300 et S-400, mais la Russie ne vend pas ses systèmes de défense à des pays qu’elle ne considère pas comme ses alliés.

    La même source a annoncé que l’armée de l’air marocaine recevrait quatre drones de combat de type Reaper ; un accord qui attend d’abord l’approbation du Congrès, car il a été négocié depuis plusieurs mois entre les deux pays. Mais la source n’a pas été en mesure de préciser si ce retard pourrait avoir des liens avec la normalisation relations entre Rabat et Tel-Aviv.

    Mais bien sûr qu’il en existe des liens car un Maroc qui servirait de pont à l’émergence des premiers radars militaires chinois en Afrique du Nord, radars qui troubleraient la fête des Patriot deployées en Libye ou celle des radars israéliens sous l’emprise desquels est placé depuis peu le ciel du Sahel ne peut réellement être « digne de confiance des USA ». D’autant plus que l’histoire de la normalisation avec Tel-Aviv traîne en longueur et en devient plutôt un fardeau qu’un avantage. A ce rythme, il ne serait donc pas impossible de voir un de ces quatre Dakhla accueillir une base navale russe sous les yeux ahuris d’une Amérique et d’une France qui tentent encore d’y multiplier des consulats ! Après tout il y en a des analystes qui disent que l’apparition d’un sous-marin furtif russe la semaine dernière près des zones de manœuvre Maroc-USA n’aurait pas été une totale surprise pour Rabat.

    ParsToday, 20 mars 2021

    Tags : Maroc, Algérie, Etats-Unis, Russie, missiles sol-air, SS-300, SS-400,

  • Les États Unis au Mali, quels enjeux géopolitiques ?

    Par Ezechiel KITA KAMDAR

    Au Sahel, la présence des Etats-Unis se manifeste désormais plus publiquement après de longues années de discrétion. La Libye, surtout la Somalie ( ou ils y sont présents depuis 1997) sont les deux pays du continent africain où les soldats américains seraient susceptibles de mener des opérations qui dépassent le cadre de la formation et de l’appui.

    La présence militaire des États-Unis en Afrique est aussi discrète que tentaculaire. Le pays a établi son unique base permanente à Djibouti, « hub » de ses activités militaires dans la Corne de l’Afrique où sont stationnés environ 4 000 soldats.
    Des documents déclassifiés, émanant du Commandement des opérations spéciales américaines dévoilés en 2016, seulement 1 % des soldats rattachés à ce Commandement, déployés à l’étranger, se trouvaient en Afrique. Ainsi est créé le Commandement des États-Unis pour l’Afrique (en anglais United States Africa Command ou AFRICOM) est un commandement unifié pour l’Afrique, mis en place par le Département de la Défense des États-Unis en 2007 et entré en fonction en 2008. Il coordonne toutes les activités militaires et sécuritaires des États-Unis sur ce continent.

    En 2010, ce nombre est passé à 10 %, bondissant à 17 % en 2016. En volume, cela représente 1 700 militaires disséminés dans une vingtaine de pays où ils mènent une centaine de missions concomitantes. Cette donnée place l’Afrique juste après le Moyen-Orient en matière d’opérations spéciales menées par les États-Unis selon le même document déclassifié.

    Par ailleurs pour le cas précis du Mali et du Sahel, en octobre 2017, la mort de trois soldats américains tués dans une embuscade au Niger a révélé au grand jour la présence de forces armées américaines dans la région, c’est la première fois qu’une présence opérationnelle de soldats américains est reconnue dans la zone sahélo-saharienne.

    Et pourtant, les Américains y étaient présents avant toute autre puissance notamment la France ( l’Operation serval en janvier 2013), Les activités américaines y sont nombreuses depuis le début des années 2000 par le biais de l’initiative Pan Sahel Initiative (PSI) de lutte contre le terrorisme lancée en 2002, renommée en 2004 Trans-Sahara Counter Terrorism Initiative (TSCTI).

    Depuis lors, des programmes de formations, d’entraînement et d’équipement y sont effectués . Et, chaque année, des opérations conjointes d’exercice militaire en l’occurrence l’opération la plus médiatisée Flintlock qui s’est d’ailleurs déroulée à plusieurs reprises au Niger où ils ont une base militaire de drones de surveillance et de frappes. Le Mali, à maintes reprises, admis à participer à l’exercice Flintlock, la dernière en date de 2019 sur plusieurs sites en Mauritanie et au Burkina Faso.

    Les actions des Etats-Unis sur le continent s’accompagnent généralement de programmes d’entraînement des forces locales, (« train and equip », selon la terminologie militaire américaine) l’unité antiterroriste malienne nouvellement créée (les Forces spéciales anti-terroristes, ou FORSAT) a bénéficié plusieurs formations. Malgré les réticences de l’administration Trump sur le Sahel, cette dernière a créé en 2018, un poste d’envoyé spécial au Sahel face à la recrudescence des attaques terroristes et des groupuscules extrémistes.

    L’occasion de rappeler que depuis l’indépendance du Mali, en dépit de son rapprochement idéologique et économique aux soviétiques, a toujours attisé l’intérêt stratégique américain, ainsi les États-Unis organisent des stages de formation pour les parachutistes maliens dès avril 1966 sans toutefois concurrencer la mainmise soviétique. L’assistance technique se résume en 1968 à huit experts en poste au Mali. Et plus loin, une affaire d’espionnage a terni les relations américano-maliennes en février 1966. Les services de renseignements américains via un sous-officier de l’armée malienne récoltaient des informations et des documents de l’État-major. Aussitôt la trahison découverte, le sous-officier fut immédiatement jugé et jeté en prison. S’il ne manque pas de refroidir les relations entre les deux pays, cet incident diplomatique atteste l’intérêt des États-Unis pour les affaires intérieures maliennes.

    Depuis le début de la crise malienne, les forces américaines ont travaillé étroitement avec les Français au Mali, les troupes françaises bénéficient sur le champ de bataille du soutien de drones américains Predators et les services de renseignements américains. Les Etats-Unis ont déployé plusieurs drones au Niger, sur une base de Niamey, d’où ils décolleront pour effectuer des vols de reconnaissance sur le Nord malien. Après avoir suspendu son aide militaire au Mali lors du coup d’État d’août 2020, Washington redémarre effectivement une collaboration plus solide avec les autorités de la transition, et le contexte semble bon du côté des État unis avec l’arrivée de l’administration Biden plus favorable à un engagement accru au Mali et au Sahel.

    Selon plusieurs spécialistes, cette augmentation de présence américaine dans la région peut être motivée par trois grands enjeux géostratégiques, premièrement la sempiternelle lutte contre la terreur ( le terrorisme). Deuxièmement la géopolitique du pétrole, pour sécuriser les approvisionnements américains par le golfe de Guinée afin d’amoindrir la dépendance aux réserves du Moyen-Orient et enfin la compétition économique, visant à contrer par un pré-positionnement militaire des États-Unis la montée en puissance de la Chine sur le continent africain.

    Le commandant des opérations spéciales américaines, Donald Bolduc dit ceci en 2016 dans le document déclassifié “Les défis auxquels est confrontée l’Afrique pourraient créer une menace qui surpasserait celle à laquelle les États-Unis font actuellement face à cause des conflits en Afghanistan, en Irak, et en Syrie ».

    Guindo Issiaka, Correspondant Tachad au Mali

    Tachad.com, 20 mars 2021

    Tags : Etats-Unis, USA, AFRICOM, Sahel, Mali,



  • Les États-Unis et la Chine se livrent à un match d’entraînement peu diplomatique

    La première réunion de haut niveau entre les États-Unis et la Chine de l’administration Biden a démarré sur les chapeaux de roue jeudi à Achorage, les deux parties se lançant dans de vives critiques de la politique de l’autre, dans une rare démonstration publique qui souligne le niveau de tension bilatérale.

    La préparation des pourparlers d’Anchorage, en Alaska, qui ont suivi les visites de responsables américains à leurs alliés, le Japon et la Corée du Sud, a été marquée par une série de mesures de la part de Washington montrant qu’elle adoptait une position dure, et par un discours brutal de la part de Pékin.

    Le secrétaire d’État Antony Blinken et le chef des affaires étrangères du Parti communiste chinois Yang Jiechi se sont attaqués aux politiques de leurs pays respectifs, jeudi, lors de leur rencontre à Anchorage.

    Jiechi a déclaré : « Je pense que nous avions une trop bonne opinion des États-Unis. Nous pensions que la partie américaine suivrait les protocoles diplomatiques nécessaires. Donc pour la Chine, il était nécessaire que nous fassions connaître notre position clairement. »

     »Permettez-moi de dire ici, que face à la partie chinoise, les États-Unis n’ont pas la qualification nécessaire pour dire qu’ils veulent parler à la Chine depuis une position de force. »

    Dans le même temps, le président russe Vladimir Poutine s’est moqué jeudi de Joe Biden pour l’avoir qualifié de  »tueur », affirmant qu’il  »en faut un pour en connaître un », alors que les liens entre Moscou et Washington ont sombré à de nouveaux bas niveaux.

    Les commentaires du président américain Joe Biden ont déclenché la plus grande crise entre la Russie et les États-Unis depuis des années, Moscou rappelant son ambassadeur pour consultations et avertissant que les liens étaient au bord de l’effondrement.

    S’exprimant lors d’un événement marquant le septième anniversaire de l’annexion de la Crimée par la Russie, Vladimir Poutine a toutefois exclu de rompre complètement les liens avec les États-Unis et a lancé une pique au dirigeant américain de 78 ans.

    « Nous voyons toujours dans l’autre nos propres qualités et nous pensons qu’il est comme nous », a déclaré M. Poutine en faisant référence au commentaire « tueur » de M. Biden.

    « Il faut être un pour en connaître un », a ajouté M. Poutine, citant un dicton de son enfance soviétique à Saint-Pétersbourg.

    Il n’est pas rare que les dirigeants du monde s’insultent et se moquent les uns des autres.

    Richard Nixon a un jour qualifié le Canadien Pierre Trudeau de « tête d’œuf pompeuse ». George W. Bush a quant à lui qualifié le Nord-Coréen Kim jong-il de « pygmée ».

    De même, Hugo Chavez a traité Barack Obama de « pauvre ignorant » et le dirigeant français Nicolas Sarkozy a traité Benjamin Netanyahu de « menteur ».

    L’ancien président américain Donald Trump s’est moqué de Biden en déclarant qu’ »il n’était un bon vice-président que parce qu’il avait compris comment lécher le [cul] de Barack Obama ».

    Il a également traité Justin Trudeau de « double visage », qualifié le président syrien Bachar-al-Assad d’ »animal » et le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un de « petit homme-fusée », c’est-à-dire de « crétin ».

    Même si Trump a quitté ses fonctions, son style de politique semble avoir imprégné la diplomatie mondiale et le monde semble s’être transformé en une grande émission de télé-réalité.

    WION, 19 mars 2021

    Tags : Etats-Unis, Chine, USA, Joe Biden, Vladimir Putin, Donald Trump,

  • Comment la France et les États-Unis peuvent travailler à la stabilisation du Sahel

    Après l’indifférence des années Trump, l’administration Biden devrait élargir et approfondir sa coopération avec la France au Sahel.

    Andrew Lebovich

    La gravité de la situation au Sahel a été rappelée une fois de plus. Cette semaine, une explosion de violence contre des soldats et des civils au Mali et au Niger a rappelé de manière brutale les risques considérables auxquels le Sahel est confronté. Pourtant, le mois dernier encore, un air de triomphalisme régnait lors d’un sommet organisé par la communauté internationale et les nations qui composent le groupement G5 Sahel, qui cherche à apporter la stabilité dans la région.

    Alors que la menace militante continue de s’étendre, des acteurs tels que la France et l’Union européenne – parmi les principaux acteurs internationaux de la sécurité et du développement au Sahel – ont besoin d’une aide accrue. Mais le soutien dont ils ont besoin ne se limite pas à une coopération militaire ou financière ; ils ont également besoin d’une assistance politique, d’autant que les pays de la région privilégient de plus en plus les négociations avec les groupes armés, y compris certains mouvements djihadistes.

    Les États-Unis peuvent contribuer à fournir cette aide, et devraient la cibler en particulier sur les questions difficiles de la stabilisation et de la réforme politique. Une telle assistance permettrait de s’appuyer sur un partenariat sécuritaire déjà solide entre la France et les États-Unis, d’approfondir le partenariat transatlantique tout en contribuant à pousser la France, l’UE et leurs partenaires sahéliens à poursuivre des mesures difficiles mais nécessaires axées sur la gouvernance dans la région.

    Rattraper les négligences du passé

    Sous l’administration Trump, la coopération transatlantique sur le Sahel a été l’un des rares domaines de coopération multilatérale à s’en sortir largement indemne, et pourrait même s’être renforcée. Grâce à des efforts concertés nés d’abord de leur expérience commune en Afghanistan, les forces françaises et américaines opèrent de mieux en mieux ensemble, la France étant désormais considérée comme l’un des partenaires de sécurité les plus importants et les plus fiables des États-Unis. En retour, le soutien américain en termes d’approvisionnement, de transport et de renseignement est essentiel aux opérations françaises au Sahel, tant dans le cadre de l’opération Barkhane que de la Special Operations Task Force Sabre. Et, malgré les menaces de l’administration Trump de réduire la présence américaine au Sahel, le coût relativement faible de l’assistance – environ 45 millions de dollars par an – et la relative indifférence de l’ancien président pour l’Afrique signifiaient que le soutien pouvait largement se poursuivre sans relâche. Les dirigeants français ont également salué à plusieurs reprises la coopération américaine en matière de sécurité au Sahel, qui a joué un rôle important dans l’élimination des chefs djihadistes et dans les opérations françaises et du G5 en cours. Les États-Unis siègent également au sein du Comité de suivi de l’Accord d’Alger, aux côtés d’autres représentants de la communauté internationale.

    Cela dit, sous Trump, le soutien de plus haut niveau pour tout ce qui dépasse les initiatives de sécurité dans la région est resté largement absent. Pendant cette période, les États-Unis étaient loin d’être aussi investis dans la région que leurs homologues européens ; lorsque la communauté internationale organisait des conférences de donateurs majeurs pour des initiatives telles que l’Alliance Sahel ou pour soutenir le G5 Sahel, les États-Unis étaient souvent représentés par des fonctionnaires de niveau inférieur à ceux des autres pays présents. Dans l’ensemble, l’administration a peu fait pour donner la priorité à l’Afrique, et encore moins au Sahel.

    Jusqu’à présent, l’administration Biden a donné un ton différent, non seulement en poussant au renforcement des liens transatlantiques, mais aussi en soulignant l’importance de renouveler et de renforcer la politique étrangère américaine en Afrique, y compris au Sahel. Il s’agit notamment d’un langage positif sur la recherche de liens plus profonds avec le continent, le soutien aux institutions africaines, et l’engagement sur une variété de questions au-delà de la politique de sécurité. Le soutien américain aux opérations militaires françaises est également relativement peu controversé à Washington, et la géopolitique de la région favorise une collaboration étroite entre l’Europe et les États-Unis, notamment dans un contexte d’inquiétude des deux côtés de l’Atlantique face à l’influence croissante de la Russie, de la Chine et de la Turquie en Afrique.

    Une alliance qui fonctionne mieux pour tous

    Vers la fin d’une récente discussion avec le Conseil Atlantique, Emmanuel Macron a noté que les Etats-Unis et la France travaillent « main dans la main » dans la région, et que « dans les mois à venir, notre partenariat avec les Etats-Unis au Sahel, à la fois sur la sécurité mais aussi sur les questions de développement, sera absolument crucial ». Mais ce serait une erreur de limiter une telle coopération aux domaines où la France pense avoir le plus besoin d’aide, et où elle a précédemment demandé plus de soutien à ses partenaires européens également.

    Au contraire, elle devrait également englober des domaines plus délicats tels que la politique régionale et les questions épineuses de gouvernance. Une coopération et une participation américaines plus étroites et plus actives aux efforts déployés au Sahel, plutôt qu’une simple assistance visant à soutenir les efforts de lutte contre le terrorisme, pourraient permettre d’atteindre plusieurs objectifs clés. Elle peut créer une plus grande pression et un élan pour le soutien du Conseil de sécurité de l’ONU aux efforts politiques, ainsi que les réformes politiques nécessaires et une poussée vers des objectifs de longue date tels que la mise en œuvre plus complète de l’accord de paix d’Alger pour le Mali. L’expérience américaine (et les leçons tirées de graves erreurs) dans d’autres zones de conflit peuvent contribuer à informer ces approches politiques au Sahel.

    En outre, dans leur empressement à participer plus activement aux opérations menées par la France, comme la Task Force Takuba, certains responsables européens ont exprimé en privé leur inquiétude d’être entraînés trop loin dans des initiatives ostensiblement « multilatérales » qui restent souvent dominées par la France, ou guidées par le poids de la politique et de l’influence françaises dans la région. Une présence politique américaine plus active pourrait contribuer à apporter non seulement un soutien, mais parfois un contrepoids nécessaire à ces préoccupations. Elle contribuerait également à maintenir l’accent promis sur les solutions politiques, qui est un élément important de la doctrine de stabilisation américaine.

    Dans ses remarques au Conseil atlantique, M. Macron a décrit l’autonomie stratégique comme un moyen d’alléger le fardeau de la politique étrangère des États-Unis, en particulier dans des régions du monde telles que l’Afrique et le Moyen-Orient qui sont « voisines » de l’Europe, plutôt que des États-Unis. Mais, au Sahel, les États-Unis pourraient soulager la France non seulement d’une partie de la charge militaire, mais aussi de la charge politique. Les États-Unis pourraient aider la communauté internationale à définir une nouvelle stratégie indispensable dans la région tout en continuant à approfondir la relation franco-américaine.

    European Council on Foreign Relations, 19 mars 2021

    Tags : Sahel, Union Européenne, France, UE, Mali, Barkhane, Emmanuel Macron, Etats-Unis, USA, AFRICOM,

  • Les interventions militaires américaines se profilent 10 ans après l’attaque d’Obama en Libye

    Cet anniversaire d’une autre guerre américaine devrait nous rappeler que la prochaine fois ne sera probablement pas différente.

    Par Gil Barndollar, chargé de mission à Defense Priorities

    Il y a dix ans aujourd’hui, les États-Unis, sous la direction du président Barack Obama, sont intervenus dans la guerre civile libyenne naissante. Utilisant l’un des outils les plus courants de la politique américaine moderne, le missile Tomahawk, les forces américaines ont mené une coalition de partenaires de l’OTAN et de la Ligue arabe dans une campagne initialement destinée à faire respecter une zone d’exclusion aérienne et à empêcher les massacres perpétrés par le dictateur Moammar Kadhafi. Les fréquentes frappes de décapitation n’ont pas réussi à tuer Kadhafi, mais l’autoproclamé « leader fraternel » a subi une mort publique brutale sept mois plus tard.

    Après que le pays a été à nouveau plongé dans la guerre civile en 2014, les Libyens d’aujourd’hui peuvent enfin avoir des raisons de faire preuve d’un optimisme prudent : Un cessez-le-feu a tenu pendant près de cinq mois et un Conseil présidentiel de transition intérimaire est chargé de préparer une élection nationale libre et transparente en décembre. Mais quelques leçons ressortent de la dernière décennie de conflit dans ce qui était autrefois le pays le plus riche d’Afrique.

    Pour les dirigeants occidentaux qui ont décidé d’intervenir aux côtés de la rébellion, la Libye offrait un mirage alléchant : un pays arabe riche et peu peuplé, proche de l’Europe et aspirant à se défaire du joug d’un dictateur brutal et bizarre. Malgré le désastre de la guerre en Irak et l’impasse sanglante en Afghanistan, il était facile d’adhérer à ce que l’investisseur Sir John Templeton a un jour appelé les quatre mots les plus chers de la langue anglaise : « Cette fois, c’est différent. »

    Intervenir en Libye était différent de l’invasion de l’Irak et de l’Afghanistan, c’est certain. La préoccupation des États-Unis pour la Libye était purement humanitaire et ne pouvait même pas être présentée comme servant un intérêt national vital. Le secrétaire à la défense de l’époque, Robert Gates, a admis par la suite qu’ »il [Kadhafi] n’était pas une menace pour nous, où que ce soit. Il était une menace pour son propre peuple, et c’est à peu près tout ».

    Au contraire, le renversement de Kadhafi a causé un préjudice unique à la sécurité nationale des États-Unis : Il a sapé le meilleur modèle de désarmement d’un dictateur et de retour à la normale. L’un des rares succès de politique étrangère de l’administration de George W. Bush a été le désarmement nucléaire de Kadhafi. Poussé à la fois par la volonté de mettre fin aux sanctions économiques et par le désir de ne pas finir comme le Saddam Hussein déchu, Kadhafi a dévoilé et démantelé son programme d’armes nucléaires à la fin de 2003.

    Huit ans plus tard, il était mort, avec l’aide des avions de guerre de l’OTAN. Il est probable que d’autres dictateurs, de Pyongyang à Téhéran, soient désormais beaucoup moins enclins à remettre leurs arsenaux de protection à des États-Unis qui se feront un plaisir de précipiter leur disparition.

    Comme l’Afghanistan et l’Irak, la Libye est retournée à la corruption et au factionnalisme lorsque le dictateur et son état de sécurité ont été renversés. Kadhafi avait complètement vidé la société civile libyenne, à un degré apparemment imprévu par la plupart des partisans occidentaux fervents et idéalistes de la guerre. La chute de Kadhafi a été suivie d’un retour aux loyautés primaires de la maison et de la lignée.

    Les conséquences de la guerre en Libye ne se sont pas limitées à la côte peuplée du pays. Les estimations du nombre de victimes des deux guerres civiles varient énormément, mais se chiffrent probablement en dizaines de milliers. La Libye est devenue le site de véritables marchés aux esclaves et sa route pour les migrants tentant de rejoindre l’Europe s’est transformée en une autoroute, bouleversant la politique du continent.

    La Libye est également devenue une guerre par procuration, la scission du Conseil de coopération du Golfe (récemment réparée) ayant conduit les Émirats arabes unis et le Qatar à soutenir des camps opposés en Libye. L’antipathie turco-égyptienne a également alimenté le conflit, tandis que la Russie a fourni des mercenaires à l’armée nationale libyenne.

    Malgré son prétendu réalisme, Obama a choisi de ne pas ignorer les supplications de ses alliés et l’attrait d’une intervention humanitaire et d’un changement de régime en Libye. Bien qu’il ait gagné les élections de 2008 en dénonçant l’invasion de l’Irak, il n’a pas été suffisamment châtié par les échecs de l’Amérique pour résister au chant des sirènes d’une croisade en Libye.

    Obama a ignoré la célèbre admonestation (empruntée) de l’ancien secrétaire d’État Colin Powell, la « règle de la grange de poterie » pour les interventions militaires : « Vous le cassez, vous l’achetez ». L’Amérique et l’OTAN ont décidé que cela ne devait pas s’appliquer à la Libye, et ont limité leur implication après le renversement de Kadhafi.

    M. Obama a fini par reconnaître que la catastrophe libyenne était son plus grand échec dans l’exercice de ses fonctions, en particulier l’absence de planification des conséquences. Comme il l’a dit sans ambages en 2016, selon Jeffrey Goldberg de The Atlantic, la Libye était « un spectacle de merde ».

    Les quelques défenseurs restants de la guerre ont raison de dire que nous ne savons pas comment la guerre civile libyenne originale aurait tourné en l’absence d’intervention occidentale. Peut-être Kadhafi et les rebelles seraient-ils encore en train de s’affronter, et la Libye ressemblerait-elle davantage au charnier de la Syrie. Peut-être qu’un engagement plus profond de l’OTAN aurait pu empêcher la deuxième guerre civile libyenne, bien que l’appétit occidental pour dépenser beaucoup de sang et de trésor en Libye ait été presque inexistant.

    Mais les contrefactuels n’ont qu’une utilité limitée. La Libye dans laquelle nous nous sommes retrouvés est en ruines et meurtrie, avec seulement la possibilité d’une lumière au bout du tunnel. La guerre en Libye n’a été ni la campagne la plus destructrice de l’Amérique après le 11 septembre (ce serait l’Irak, de loin) ni la plus chimérique (l’Afghanistan).

    Mais la Libye, qui ne représentait aucune menace pour l’Amérique, est peut-être l’intervention récente la plus gratuite des États-Unis. Malgré les aléas du climat, du lieu et de la culture, cet anniversaire d’une autre guerre américaine devrait nous rappeler que la prochaine fois ne sera probablement pas différente.

    NBC News, 19 mars 2021

    Tags : Libye, Etats-Unis, ONU, intervention militaire,

  • Ventes d’armes: Les puissances occidentales renforcent leur domination

    Selon le dernier rapport de l’institut SIPRI, les exportations d’armements se seraient pour la première fois stabilisées sur la planète.

    Pas d’emballement ceci dit, le phénomène étant principalement dû aux contre-performances russes et chinoises, largement contrebalancées par le bond des exportations occidentales. Analyse. Les États-Unis, la France et l’Allemagne ont le vent en poupe. En tout cas, sur le marché des armements. Selon les derniers chiffres du SIPRI (Stockholm International Peace Research Institute), publiés le 15 mars, les trois puissances occidentales ont vu leurs exportations bondir entre 2016 et 2020. Une hausse compensée au niveau global par la baisse des exportations russes et chinoises. L’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm souligne ainsi que «le volume des livraisons d’armes majeures entre les pays n’a pas augmenté entre 2011-15 et 2016-20»: une «première» depuis le début du siècle. Loin devant, à l’image de leur budget militaire mirobolant, les États-Unis conservent jalousement leur titre de plus gros pourvoyeur d’armes de la planète. Leurs exportations progressent de 15% en cinq ans. L’Oncle Sam voit ainsi sa part du marché mondial rehaussée de cinq points, pour atteindre les 37%! Les industriels américains «ont fourni des armes majeures à 96 États entre 2016-20, bien plus que tout autre fournisseur», souligne l’institution suédoise.

    Arabie saoudite/États-Unis: le duo client-fournisseur parfait

    Face au premier exportateur d’armements, on retrouve sans surprise leur premier importateur: l’Arabie saoudite. Sur cette même période, près d’une arme américaine sur quatre a été achetée par Riyad. En d’autres termes, les Saoudiens ont acheté une arme sur dix dans le monde ces derniers années. Principale raison à cette explosion de la demande de la monarchie wahhabite: la guerre qu’elle mène au Yémen, où elle s’est enlisée. Malgré les récentes prises de position de Washington sur ce conflit, les réticences des Européens à honorer leurs contrats d’armement avec Riyad, voire les pressions qu’ils subissent pour y mettre un terme, ont clairement fait le jeu des vendeurs d’armes américains. Fin octobre 2018, suite au meurtre du journaliste Jamal Kashoggi en plein consulat saoudien à Ankara, Berlin avait gelé ses ventes d’armes à destination du royaume. Cette décision allemande a eu pour conséquence de bloquer les exportations de matériels développés par des entreprises où l’Allemagne est impliquée (le missile air-air Meteor de MBDA, l’Eurofighter Typhoon, dont Airbus détient 46% du consortium). Plus directement, des ONG ont multiplié les actions afin de perturber les approvisionnements français à l’Arabie saoudite.

    Les Français s’affirment face aux Allemands

    Au premier rang de ces Européens, cibles des ONG, on retrouve ainsi la France. Dopée par les commandes indiennes, égyptiennes et qataries, les exportations d’armes de Paris s’envolent de 44% et permettent à la France de consolider sa place de numéro 3 au classement (8,4% des parts). «Une exception dans le paysage désolé du grand export français», tacle même Challenges à la vue de tels résultats.

    Forte de sa visibilité historique sur la scène internationale, ainsi que de l’excellence de ses acteurs industriels, la France devance ainsi son grand «partenaire» européen: l’Allemagne, quatrième au classement. Cette dernière voit ses exportations progresser à un rythme deux fois moins soutenu que la France (21%). La Corée du Sud, l’Algérie et l’Égypte font figure de principaux clients de l’industrie d’armement outre-Rhin, qui tient 5,5% du marché mondial. Pas trop mal pour un pays où l’armement est un sujet tabou. Derrière l’Allemagne, l’Empire du Milieu. La Chine voit ses exportations baisser de 7,8%. Un revers que subit également la Russie, dont les ventes d’armes ont reculé de 22%, principalement du fait de la chute de ses ventes à l’Inde. Et ce, malgré le fait que les transferts d’armement russes vers la Chine, l’Algérie et l’Égypte aient «considérablement augmenté», selon Alexandra Kuimova, chercheuse au programme Armes et Dépenses militaires du SIPRI.

    Les exportations russes et chinoises en perte de vitesse

    Cependant, en matière de recul, c’est le Royaume-Uni qui bat des records, avec 27% d’exportations d’armes en moins sur cinq ans. Londres termine à la sixième place et clôt ainsi le top de ce classement. Tout de suite après, en septième position: Israël, avec 3% des parts de marché. L’État hébreu marque la plus forte augmentation d’exportations d’armement du tableau (+59%). Face à cette offre, la demande de l’Azerbaïdjan. 69% des achats d’armes de cet État pétrolifère du Caucase auraient été, selon le SIPRI, contractés auprès de l’industrie militaire israélienne. Leurs adversaires arméniens se sont quant à eux quasi exclusivement armés auprès des industriels russes. Côté turc, les choses évoluent également. Si tout le monde sait qu’Ankara s’est procuré des systèmes antiaériens S-400 auprès de la Russie, la Turquie est pourtant l’un des pays qui a le plus réduit ses achats d’armes étrangères, selon le rapport du SIPRI.

    Des chiffres à interpréter avec précaution

    Une part importante de cette chute de 59% des importations turques s’explique par les sanctions de Washington qui, pour punir Erdogan de s’être fourni auprès des Russes, l’a expulsé du programme F-35. Autre raison: le fait que les Trucs comptent de plus en plus sur leur propre industrie de Défense. C’est là une des limites du rapport du SIPRI: moins d’importations d’armes ne signifient pas forcément qu’un pays renonce à s’armer ou à être agressif. On peut ainsi opposer le cas d’une Arabie saoudite surarmée par les puissances occidentales, partie en guerre chez son voisin, à celui du Japon. Les Forces japonaises d’autodéfense pointent en effet au cinquième rang des armées les plus puissantes au monde et la crainte d’un conflit avec l’imposant voisin chinois a fait exploser (+146%) les achats d’armes de Tokyo. Des commandes quasi-exclusivement effectuées auprès de son ancien protecteur: les États-Unis. Sa commande au printemps 2019 de 105 avions F-35 a clairement contribué à doper ce chiffre. Et pourtant, le Japon n’a engagé ses forces dans aucun conflit depuis 1945.

    Le Maghreb, 18 mars 2021

    Tags : Armes, armement, Etats-Unis, Russiem Chine, France, Allemagne,

  • Provocation ou négligence ? Manœuvres militaires américaines dans l’espace aérien des îles Canaries

    Une opération conjointe des militaires américains et marocains a dévié et traversé le territoire espagnol, sans avertissement. Une pratique inhabituelle que les Sahraouis ont considérée comme de la « propagande ».
    Au cours des premiers jours de mars, à Las Palmas de Gran Canaria (capitale de l’archipel espagnol), des vols étranges ont commencé à être observés dans les environs. Les pilotes ou les contrôleurs aériens ont rencontré, sans avertissement préalable ni coordination, une constellation d’avions émergeant au milieu de l’océan Atlantique, traversant l’espace national. À environ 80 kilomètres au nord de l’île de La Palma, un porte-avions traverse d’ouest en est en direction du Maroc.
    C’était l’USS Dwight D. Eisenhower (et le groupe de combat Ike Carrier). Porte-avions à propulsion nucléaire pesant 100 tonnes et capable d’emporter 90 avions, il transportait deux croiseurs et quatre destroyers à missiles. Au total, 5 000 militaires. Sa route passait par les eaux internationales vers le pays africain, mais il a traversé l’espace aérien espagnol. Et cela a tiré la sonnette d’alarme et surpris les responsables de Gran Canaria.

    « Ce n’est pas habituel. La chose normale est qu’un communiqué est fait pour avertir des manœuvres, avec l’heure et l’altitude prévue », a déclaré Jose Luis Feliu à Sputnik. Le porte-parole de l’Union des contrôleurs aériens (USCA) des îles Canaries estime que cet « avis aux aviateurs » (connu sous le nom de Notam) fait partie de la pratique générale et que cela n’a pas été fait. C’est pourquoi le secteur s’est agité et la communication entre eux est devenue impossible.

    Selon les sources consultées par El País, deux des avions américains ont envahi par erreur l’espace aérien espagnol, qui s’étend sur 12 miles (environ 20 kilomètres) depuis la côte des îles Canaries. Une raison de suspicion : ils étaient préoccupés par le manque de coordination et d’information le premier jour, ce qui s’est produit plus tard lors des manœuvres suivantes. Ce groupement tactique participait à une mission appelée Lightning Handshake, qui s’est déroulée sur plusieurs jours au cours de la première semaine de mars.

    Réalisé en collaboration avec la marine et l’armée marocaines, qui ont fourni une frégate, quatre avions de combat F-16 et F-5 et un hélicoptère, ainsi que leur centre d’opérations maritimes et aériennes, l’objectif était d’améliorer la coordination des armées américaines et marocaines et de renforcer les capacités de ces dernières en matière de ravitaillement en vol, d’attaque au sol (sur le champ de tir de Tan-Tan, à la frontière avec les territoires du Sahara occidental, à quelque 300 kilomètres des îles Canaries), de lutte anti-sous-marine et d’interdiction maritime.

    L’ambassade des États-Unis à Rabat a qualifié ce déploiement de signe du « partenariat fort et durable » des deux pays en matière de sécurité. Et la marine américaine a parlé de « soutien à la sécurité maritime dans les eaux internationales » dans le cadre de la « collaboration continue » de la nation avec « ses alliés, amis et partenaires marocains ».

    Cependant, ce déploiement coïncide avec les derniers épisodes du conflit du Sahara : l’armée marocaine a rapproché ses troupes du territoire revendiqué par les Sahraouis en novembre, Donald Trump (ancien président de la Maison Blanche) a reconnu la souveraineté marocaine peu après (10 décembre) et le Front Polisario a déclaré l’état de guerre. De plus, elle est mêlée à la vague d’émigration africaine vers l’archipel espagnol.

    Abdulah Arabi, délégué du Front Polisario en Espagne, a commenté sur le programme radio Hoy por Hoy El Drago sur Cadena Ser Las Palmas que ces procès étaient « une fois de plus » une « provocation » au peuple sahraoui. Le Maroc, a-t-il dit, a « tout à fait le droit de mener des manœuvres conjointes avec n’importe quel pays », mais « il doit respecter le droit international et les frontières des pays voisins et des pays qu’il occupe illégalement ». Il a également affirmé que le Royaume Alaouite faisait ainsi de la « propagande ».

    Mohamed Abdelaziz, ancien président de la République arabe sahraouie démocratique, a déclaré à Sputnik que ce type d’activité militaire est courant, « des exercices de routine dans le cadre de conventions militaires », mais que dans ce cas, il s’agit plutôt d’une provocation car ils s’approchent du territoire du Sahara et entrent dans les îles Canaries. Ce que le consul général du Maroc à Las Palmas de Gran Canaria a démenti, selon le quotidien régional La Provincia : « S’ils le disent, je suppose qu’ils veulent vendre une autre fake news », a-t-il déclaré, qualifiant la « stabilité » dans la région.

    Après les exercices, le groupe de combat a traversé le détroit de Gibraltar et s’est dirigé vers la Méditerranée. Deux des destroyers, l’USS Labbon et l’USS Mahan, ont fait escale à la base de Rota, rapporte El País. Les deux pays reprendront leurs opérations conjointes en juin prochain sous le nom d’African Lion, indique le journal des Canaries. Elles se dérouleront entre les villes de Tan-Tan, Dakhla et Mahbas. Plus de 10 000 soldats de neuf armées seront présents.

    L’Espagne a participé à une activité similaire en 2018 (et devait le faire en 2020, mais elle a été reportée en raison de la pandémie de COVID-19). Le général Carlos Palacios Zaforteza notait alors, dans le magazine Hespérides Mando de Canarias, qu’il s’agissait « d’une activité importante en termes de renforcement des relations avec nos amis de l’armée marocaine ».


    Sputnik, 16 mars 2021

    Tags : Maroc, Espagne, Etats-Unis, exercices militaires, Iles Canaries,

  • Les États-Unis ont réitéré la nécessité du retrait des forces étrangères de Libye

    Washington a réitéré son appel aux pays étrangers, dont la Turquie et la Russie, à se retirer de la Libye.

    «La logique vide de sens de l’escalade militaire a échoué. Il est plus que temps que les pays étrangers envoient des mercenaires et des armes qui nuisent à des Libyens innocents », a déclaré vendredi le conseiller à la sécurité nationale du président américain Joe Biden, Jake Sullivan .

    Les parties belligérantes de la Libye ont signé un accord de cessez-le-feu permanent dans toutes les régions du pays le 23 octobre, mettant un terme à une bataille d’un an pour la capitale Tripoli. Selon l’accord de cessez-le-feu soutenu par l’ONU, les troupes étrangères et les mercenaires devaient se retirer de Libye dans les trois mois.

    Les États-Unis ont initialement appelé fin janvier au retrait immédiat des forces russes et turques de Libye, après que la date limite pour leur départ ait été ignorée. Plus tard en février, dans une réponse à Washington, le président turc Tayyip Erdoğan a déclaré que le retrait des forces turques de Libye ne serait discuté que si d’autres troupes étrangères sont retirées du pays.

    Sullivan, dans une déclaration écrite, a demandé aux pays étrangers de respecter une transition politique pacifique en Libye.

    Au nom du président Biden, Sullivan a également félicité le peuple libyen pour la mise en place d’un gouvernement d’unité nationale qui guidera la Libye vers les élections nationales du 24 décembre 2021.

    «Les États-Unis soutiennent tous ceux qui sont engagés dans les élections et soutiennent la médiation des Nations Unies et, avec nos partenaires internationaux, nous encouragerons la responsabilité de toutes les parties qui cherchent à saper la feuille de route électorale que les Libyens ont établie», a déclaré Sullivan.

    «C’est maintenant l’occasion pour les Libyens de déposer les armes, de résoudre pacifiquement leurs différends, de souscrire à une nouvelle ère de maintien de l’ordre et d’écrire pour eux-mêmes un chapitre plus stable et plus prospère de leur histoire.»

    La guerre civile en Libye se poursuit depuis 2011, lorsqu’une intervention dirigée par l’OTAN a renversé le régime de Mouammar al-Kadhafi, plongeant le pays dans le chaos. L’État nord-africain s’est scindé en deux factions: les Nations Unies ont reconnu le gouvernement des accords nationaux (GNA) à Tripoli et l’Armée nationale libyenne (ANL) du général rebelle Khalifa Haftar.

    La Turquie soutient fermement le GNA basé à Tripoli, dirigé par le Premier ministre Fayez al-Sarraj, dans sa lutte contre les soi-disant forces de l’ANL du général Haftar, soutenues par la Russie, les Émirats arabes unis et l’Égypte, entre autres.

    L’implication militaire accrue de la Turquie en Libye depuis décembre 2019 – à travers le déploiement de personnel militaire et de renseignement, la livraison de drones et l’envoi de centaines de mercenaires de Syrie – a fait pencher la balance du conflit en faveur du GNA.

    Selon les rapports de l’ONU, il y a une dizaine de bases étrangères sur le sol libyen et des milliers de mercenaires envoyés par la Turquie, la Russie et d’autres pays.

    Ahval, 13 mars 2021

    Tags : Libye, Etats-Unis, USA, mercenaires,

  • Menace pour la sécurité nationale des Etats-Unis

    Par Mohamed Habili

    Un mois et demi après son arrivée aux affaires, l’administration Biden, qu’on attendait certes sur ce sujet mais sans présumer chez elle forcément un changement de cap, a reconduit telles quelles les sanctions contre le Venezuela et renouvelé la reconnaissance de Juan Guaido comme président par intérim de ce pays. Le nouveau secrétaire d’Etat, Antony Blinken, a au tournant du mois appelé ce dernier pour le rassurer sur la reconduction de son statut et sans doute aussi sur les privilèges qui y sont attachés. Il faut dire que sans ce geste Juan Guaido risquait gros. En fait, rien d’autre que l’arrestation, lui qui n’est plus ni député, ni par conséquent chef de la majorité, un titre que semble ne plus lui concéder l’Union européenne après la tenue des dernières élections législatives, auxquelles lui-même n’avait pas participé mais que nombre de partis de l’opposition n’avaient pas boycottées comme il leur avait demandé.

    L’un des indices les plus fiables que la crise se résorbe au Venezuela, c’est justement que le pseudo président par intérim est arrêté, à moins que sachant qu’il va l’être, il s’en soit prémuni, en quittant le Venezuela par exemple. A l’inverse, tant que Guaido est au Venezuela, et qu’il est libre d’en sortir et d’y retourner, cela voudrait dire que ce pays est toujours sous la menace directe d’une invasion militaire extérieure, que ce soit par l’armée des Etats-Unis elle-même ou par une coalition de forces à leur dévotion.

    Ainsi donc le renversement du régime bolivarien au Venezuela est une priorité de politique extérieure pour la nouvelle administration, ce qu’elle était déjà pour l’administration Trump, de même que pour celle qui l’avait précédé. Elle est la troisième à poursuivre ce but. Les premières sanctions avaient été prises du temps de Barack Obama. Aujourd’hui démocrates et républicains américains sont opposés à peu près sur tout, au plan interne comme au plan externe, mais ils sont d’accord pour voir dans le Venezuela de Maduro une menace pesant sur leur sécurité nationale. A croire que ce pays sud-américain est en possession de quelque arme de destruction massive, et qu’il songe sérieusement à s’en servir contre les Etats-Unis. La réalité, c’est que le Venezuela ne demande qu’à être dans les meilleurs termes avec ces derniers. Il a même formé l’espoir que l’arrivée d’une nouvelle administration permette la normalisation de leurs relations. Il faut dire que cet espoir s’est beaucoup amenuisé avant même l’élection de Biden, qui au cours de la campagne électorale avait en effet eu des propos empreints d’une grande hostilité envers le président Maduro. L’idée a quand même prévalu alors qu’il fallait se garder de prendre pour argent comptant des propos de campagne, que leur auteur y avait recouru pour des motifs avant tout électoralistes, qu’il était possible donc qu’il revienne à de meilleurs sentiments une fois élu.

    Cette façon de voir n’était pas si naïve, comme on peut le voir aujourd’hui sur un autre exemple, celui de la Corée du Nord. Envers le président de ce pays, Biden ne s’était pas montré moins virulent, qu’il n’avait pas craint de traiter de voyou. Pourtant, pas plus tard qu’il y a deux jours, le monde a appris que le chef de la diplomatie américaine avait cherché à prendre langue avec les Nord-Coréens mais sans y parvenir. Il faut croire que pour ces derniers, il n’y a pas un temps pour les insultes et un autre pour la négociation qui soient séparés par un abîme. Qu’il est possible de passer de l’un à l’autre au contraire, à la condition de jeter un pont entre eux. Un pont qui s’appelle faire ses excuses. Une fois que les Américains l’auront franchi, ils pourront peut-être trouver à qui parler à Pyongyang.

    Le Jour d’Algérie, 14 mars 2021

    Tags : Etats-Unis, USA, Joe Biden, Venezuela,

  • Mosaic : Le Maroc et la Russie soumis à des droits d’importation d’engrais phosphatés

    TAMPA, FL / ACCESSWIRE / 11 mars 2021 / Aujourd’hui, la Commission du commerce international des États-Unis a annoncé qu’elle avait terminé son enquête et déterminé que les importations subventionnées d’engrais phosphatés en provenance du Maroc et de la Russie avaient causé un préjudice important à l’industrie américaine du phosphate.

    À la suite de cette décision, le ministère américain du commerce émettra des ordonnances de droits compensatoires sur les engrais phosphatés en provenance de Russie et du Maroc, qui resteront en vigueur pendant au moins cinq ans. Les taux de dépôt en espèces pour ces importations devraient être d’environ 20 % pour le producteur marocain OCP, de 9 % et 47 % pour les producteurs russes PhosAgro et EuroChem, respectivement, et de 17 % pour tous les autres producteurs russes.

    Les employés de Mosaic sont fiers de soutenir les agriculteurs américains en produisant des engrais fiables et de haute qualité », a déclaré Joc O’Rourke, président-directeur général de Mosaic. La décision d’aujourd’hui confirme notre conviction que le commerce équitable est la pierre angulaire d’une économie américaine saine, et que les agriculteurs américains bénéficieront d’une industrie des engrais américaine plus compétitive ».

    À propos de The Mosaic Company

    The Mosaic Company est l’un des principaux producteurs et distributeurs mondiaux d’engrais concentrés à base de phosphate et de potasse. Mosaic est un fournisseur unique d’engrais phosphatés et potassiques et d’ingrédients d’aliments pour animaux pour l’industrie agricole mondiale. Pour plus d’informations sur l’entreprise, consultez le site www.mosaicco.com.

    Le présent communiqué contient des énoncés prospectifs au sens de la Private Securities Litigation Reform Act de 1995. Ces déclarations comprennent, sans s’y limiter, des déclarations sur les taux de dépôt prévus et les avantages anticipés ou les plans stratégiques pour nos produits. Ces déclarations sont basées sur les croyances et les attentes actuelles de la direction de The Mosaic Company et sont soumises à des risques et des incertitudes significatifs, comme indiqué de temps à autre dans les rapports de The Mosaic Company déposés auprès de la Securities and Exchange Commission.

    Médias

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    The Mosaic Company
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    Investisseurs

    Laura Gagnon
    The Mosaic Company
    763-577-8213
    investor@mosaicco.com

    SOURCE : The Mosaic Company

    Market Screener, 11 mars 2021

    Tags : Etats-Unis, Maroc, Russie, Phosphates, fertilisants, engrais,