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  • Gaz: L’Europe se ravitaille en Afrique « à la sauvette »

    Gaz: L’Europe se ravitaille en Afrique « à la sauvette »

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    Depuis le début de la guerre en Ukraine, les pays européens qui essayent de faire bloc contre la Russie, s’appuyant sur les États Unis et l’Otan, cherchent séparément à se prémunir contre les « dégâts collatéraux » d’une guerre qui tend à s’internationaliser et qui risque de les pénaliser gravement. On a vu comment un pays comme la Bulgarie, maillon faible d’une Europe désunie, a chuté.

    Cette première lézarde dans la Maison Europe est intervenue après que le géant russe de l’énergie Gazprom ait décidé de stopper ses livraisons de gaz à la Pologne et a la Bulgarie, deux pays membres de l’UE et de l’Otan. Dans ce sillage, un véritable coup de tonnerre a résonné dans l’Union européenne et le gouvernement bulgare chute sans avoir eu le temps de faire ses preuves. Composé d’une coalition hétéroclite de partis anti-corruption, le gouvernement de Kiril Petkov a été renversé après la défection de l’un de ses membres, mais en réalité pour l’inflation et les mauvais résultats économiques, dont la nécessité de chercher du gaz ailleurs qu’en Russie aura été certainement le point culminant.

    Mais, il y a pire que la chute de la Bulgarie seule ; la chute du gouvernement bulgare est tombé en préfigurant pourrait que seraient emportées avec lui les chances de voir levé le veto bulgare sur l’adhésion de la Macédoine du Nord à l’Union européenne. L’effet domino de la pièce bulgare est en réalité annonciatrice d’autres chutes politiques.

    Les pays les plus puissants d’Europe, l’Allemagne, la France, l’Italie, etc. l’ont immédiatement compris et se sont dirigés vers l’Afrique pour trouver de nouvelles sources énergétiques ou de nouveaux sites d’approvisionnement, comme au beau vieux temps des Romains et de la Césarée africaine. Mais ils le font avec une discrétion qui en dit long sur la fragmentation actuelle de l’Europe. L’Allemagne prospecte chez les Maliens, l’Italie en Algérie (pour le gaz surtout) et la France préserve ses alliances nord-africaines intactes et les retardataires observent ce ballet diplomatique avec circonspection.

    Et dans ce « sauve-qui-peut » général, c’est, de toute évidence, chacun pour soi et dieu pour tous. Chaque pays tente de trouver les sources et de préserver le garde-manger de sa population. Et plus la guerre en Ukraine va perdurer, plus l’Europe sera fragilisée par ce conflit de sous-traitance. Les Etats Unis tentent, par le biais d’une guerre qui s’opère sur un espace géographique européen, d’affaiblir la Russie, mais ne fait qu’accentuer la fragilité de l’Europe, désormais jetée, tête la première, pieds et mains liés, dans le fond du trou ukrainien.

    Entre temps, le Trésor public de la Russie affiche des profits faramineux, tirés principalement de la hausse des prix du gaz et des nouveaux marchés asiatiques qu’elle s’est ouverts ; pendant ce temps, la Chine profite d’une situation confuse pour acheter toutes les matières premières disponibles sur le marché mondiale, et sera demain, le fournisseur à toutes les autres nations, Etats Unis y compris.

    Le résultat des courses, qu’elle qu’en soit l’issue, sera principalement au préjudice des pays européens. La guerre se déroule à un niveau de stratégie militaire tactique, l’Ukraine a été uniquement le terrain de jeu, ou si l’on veut, le théâtre des opérations. Aux uns et aux autres de considérer de quoi demain sera fait…

    L’Express, 07 jui 2022

    #UE #Gaz #Ukraine #Russie #Afrique

  • Tebboune ordonne l’ouverture de nouvelles lignes aériennes

    Tebboune ordonne l’ouverture de nouvelles lignes aériennes

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    Le président algérien a ordonné lors de la réunion du conseil des ministres le renforcement des flottes aériennes et maritimes nationale. Dans cette optique, il a également appelé a précéder a l’ouverture de nouvelles lignes vers les pays africains et européens.

    La décision a été prise lors du Conseil des ministres consacrée à l’examen et au débat de projets de lois relatifs à plusieurs secteurs, selon un communiqué de la Présidence algérienne.

    Cette réunion a été consacrée à l’examen et au débat de projets de lois relatifs à la liberté syndicale et à l’exercice du droit syndical, au statut général de la fonction publique, et à la protection, au contrôle et à la traçabilité du commerce international et local, outre un exposé sur les projets de développement des mines de baryte », lit-on dans le communiqué.

    #Algérie #Lignesaériennes #Vols #Destinations

  • Gaz : L’Algérie pourra honorer ses nouveaux engagements d’exportation

    Gaz : L’Algérie pourra honorer ses nouveaux engagements d’exportation

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    Au-delà du volume supplémentaire qu’il apporte, le nouveau gisement de gaz naturel découvert à Hassi R’Mel a plusieurs avantages, estiment deux experts : un économiste et un cadre supérieur de Sonatrach. Il peut être rapidement mis en exploitation et apporte davantage de pouvoir de négociation à l’Algérie, selon des intervenants invités, hier, sur les ondes de la radio. Pour Mahmoud Djidjelli, invité à la radio Chaine 3, avec le nouveau gisement gazier, découvert récemment à Hassi R’Mel, « Sonatrach peut mettre 10 milliards de m³ supplémentaires sur le marché mondial d’ici la fin de l’année ». Directeur de la Division pétrolière ‘Engineering développement’, activité Exploration et Production, à Sonatrach, M. Djidjelli précise que la découverte de ce gisement a été « réalisée à100% par le groupe Sonatrach », notant que le « plus important » n’est pas le volume que ce gisement va apporter mais son « emplacement ».

    « Contrairement aux autres gisements, celui-ci peut être développé en 6 mois, vu son emplacement, car tout est fin prêt, à savoir : le planning des travaux, les installations pour le traitement, le réseau de collecte et de production, qui existent déjà», souligne-t-il. Ce gisement, poursuit M. Djidjelli, permettra, aussi, « à l’Algérie d’honorer ses nouveaux engagements d’exportation », ajoutant que d’autres gisements pétroliers et gaziers sont en cours d’exploration et que « 80% de l’activité de Sonatrach est centrée sur l’exploration ». « Nous avons déjà entamé le développement de la zone de Touggourt, qui a un potentiel de 80.000 barils/j », détaille-t-il en ajoutant, que « le gisement de Aïn Tsila va entrer en production, à partir de l’année prochaine, avec une capacité de 12 millions de m³/j. »

    Par ailleurs, selon l’invité de la Chaîne 3, les travaux d’exploration pétrolière en offshore de Sonatrach vont bon train. « Les travaux en offshore ont déjà été entamés. La sismique 3D a déjà été acquise et évaluée au large de Skikda », dit-il à ce sujet, précisant que « ces travaux se poursuivent à Tlemcen, Mostaganem, Béjaïa, Skikda » et qu’« à l’heure actuelle, les potentiels en offshore ne sont pas importants, vu la cherté des coûts d’investissement. »

    Un pouvoir de négociation supplémentaire

    De son côté, l’expert économique, Dr Ahmed El Haidoussi, qui était l’invité de la radio Chaïne 1, estime que la nouvelle découverte du gisement de gaz à Hassi R’Mel, place Sonatrach, non seulement en tête des « indicateurs arabes et africains en termes de découvertes énergétiques » et « donne à l’Algérie un pouvoir de négociation dans de nombreux dossiers ». L’intervenant relève lui aussi que le nouveau gisement gazier se trouve à proximité des infrastructures de Sonatrach, « ce qui lui permet d’être facilement exploité», « notant qu’il dispose d’une réserve estimée à 3,6 milliards de m³/an, avec une production prévue de 10 millions de m³/jour ». A cela, il faudra ajouter « la qualité du gaz qui a été découvert » qui est « très demandée » sur le marché international, car « utilisée dans la production de dérivés plastiques, ainsi que dans le raffinage du pétrole lourd et de nombreuses autres utilisations de ce type de gaz ». Il a rappelé que Sonatrach a annoncé l’année dernière qu’elle prévoyait d’investir 39 milliards de dollars pour porter la capacité de production de gaz de l’Algérie à plus de 140 milliards de m³/an. Ces découvertes sont également synonymes de « création d’opportunités d’emplois dans les projets de renforcement des infrastructures et de renforcement des secteurs de la Santé, de l’Education, des Transports, du Logement, de la construction de routes et du dessalement d’eau ». Pour M. El Haidoussi, c’est aussi l’opportunité pour l’Algérie de « profiter de cette découverte en ouvrant les portes de l’investissement aux entreprises internationales étrangères, dans le cadre de la nouvelle loi sur les hydrocarbures ».

    Le Quotidien d’Oran, 01/07/2022

    #Algérie #UE #Gaz #Exportations

  • Les relations algéro-espagnoles malades du Sahara occidental

    Les relations algéro-espagnoles malades du Sahara occidental

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    Le 9 juin 2022, l’Algérie a suspendu le traité d’amitié conclu en 2002 entre l’Algérie et l’Espagne. Les tensions entre l’Algérie et l’Espagne se sont aggravées en raison de la nouvelle position de l’Espagne sur le Sahara Occidental. L’Algérie a toujours soutenu le mouvement du Front Polisario au Sahara occidental, qui lutte pour l’indépendance et la souveraineté totales. Le Maroc considère le Sahara Occidental comme sa propriété et sous sa juridiction. En mars, le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez a choisi d’approuver le plan d’autonomie du Maroc pour le Sahara occidental, rédigé en 2007. L’Espagne a depuis accusé l’Algérie de renforcer ses relations avec Moscou et de s’aligner sur la Russie.

    Lundi 13 juin, la ministre espagnole de l’Economie, Nadia Calviño, a réagi à la cessation du traité d’amitié en déclarant : « J’ai vu à l’époque que l’Algérie était de plus en plus alignée sur la Russie, donc cette (décision de suspendre le traité) n’a pas Surprends-moi. » Des représentants algériens, comme le président Abdelmadjid Tebboune, ont affirmé que les contrats commerciaux de fourniture d’énergie seraient rompus à cause du conflit du Sahara occidental. Cependant, l’Algérie a depuis suspendu le commerce extérieur avec l’Espagne. Les responsables espagnols ont lancé l’idée de renoncer formellement à l’Algérie à l’Union européenne dans son ensemble. En réponse, le représentant de Bruxelles a déclaré qu’ils étaient « extrêmement préoccupés » par la situation actuelle et qu’ils allaient « …demander à la partie algérienne de revoir cette décision » (porte-parole des affaires étrangères de l’UE, Nabila Massralio).

    Les États européens, comme l’Italie et l’Espagne, ont eu du mal à trouver des fournisseurs de gaz autres que la Russie. L’Algérie et l’Italie sont en négociations pour augmenter les flux de gaz vers l’Italie via le gazoduc Transmed. Le président algérien Abdelmadjid Tebboune à Rome pour négocier un accord entre la société gazière italienne ENI et la société publique algérienne Sonatrach. Cependant, les critiques ont noté que l’achat de gaz à l’Algérie soutiendra par inadvertance le régime de Poutine en raison des contrats de fourniture d’armes actifs entre Alger et Moscou. Les relations de l’Algérie avec la Russie sont marquées par son histoire de commerce d’armes et de transactions d’armes. En avril 2022, la Russie et l’Algérie ont mené des exercices antiterroristes conjoints à la frontière du Maroc.

    Umberto Profazio, chercheur associé à l’Institut international d’études stratégiques et analyste maghrébin à la Fondation du Collège de défense de l’OTAN, a parlé à Al Jazeera de la position actuelle de l’Algérie dans les relations internationales. Profazio a déclaré que «les racines de cet exercice d’équilibriste doivent être trouvées dans le mouvement de non-alignement, où l’Algérie était à l’avant-garde, qui semble également un choix de politique étrangère sûr pour de nombreux pays du Maghreb et du monde en développement – une troisième voie pour échapper à la spirale et à la polarisation résultant du conflit en Ukraine.

    Riccardo Fabiani, directeur du projet Afrique du Nord pour l’International Crisis Group, a affirmé que «l’Algérie veut être entendue et prise en considération par ses homologues européens, qui subissent des pressions croissantes de la part du Maroc pour renégocier leurs relations et revoir leurs positions sur le Sahara Occidental. En outre, Fabiani affirme que si Alger tentait de tirer parti de sa position de fournisseur d’énergie pour obtenir un soutien à la souveraineté du Sahara occidental, cela « risquerait de compromettre son rôle de fournisseur d’énergie fiable ».

    La relation actuelle entre l’Algérie et l’Espagne est préoccupante, car le statut du Sahara occidental pourrait de manière réaliste entraîner une guerre par procuration entre ces deux États. L’Espagne doit s’employer à rétablir des relations amicales avec l’Algérie. Pour éviter qu’Alger ne s’aligne de plus en plus sur Moscou, les États européens qui achètent de l’énergie algérienne devraient inciter Alger à se tourner vers la France pour l’achat d’armes. Si Alger cessait d’acheter des armes à la Russie et se dirigeait vers la France, alors les États européens pourraient compter sur l’énergie algérienne sans craindre de soutenir l’invasion de l’Ukraine par Moscou.

    OWP, 30 juin 2022

    #Algérie #Espagne #SaharaOccidental

  • De Kaboul à Kiev: quel monde demain?

    De Kaboul à Kiev: quel monde demain?

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    En à peine deux ans les événements se succèdent et affectent notre façon de regarder l’ordre international. De la pandémie du Covid à l’agression de l’Ukraine par la Russie, en passant par la chute de Kaboul et la fin annoncée de l’opération Barkhane, l’actualité nous offre un condensé d’histoire rare en une si brève séquence.

    Égrenons ces événements rapidement et tentons d’en tirer quelques leçons.
    La pandémie mondiale inattendue du Covid qui s’est étendue sans que rien ne puisse l’arrêter a bouleversé profondément les règles de l’interdépendance entre pays et a perturbé la vie économique des États qui ont réagi en ordre dispersé dans les mesures adoptées et les remises en cause de la doxa économique qu’ils appliquaient jusqu’alors. À « la santé d’abord » a succédé le « quoi qu’il en coûte » pour sauver l’économie, le tout pour éviter le confinement et puis le chacun pour soi que la livraison des vaccins a illustré. Et surtout l’extrême puissance des grands groupes pharmaceutiques qui ont préempté le secteur de la santé publique au point de pouvoir imposer des clauses léonines dans les contrats de fourniture à l’Union européenne. Cette crise, dont on ne sait si elle est véritablement jugulée, a rappelé le profond fossé Nord-Sud toujours vivace et mis à nu les fragilités générées par une interdépendance mondiale organisée sur le principe de la multiplication de flux sans stocks de précaution.

    On se souvient de la chute de Kaboul dans un chaos indescriptible, mal négociée et mal organisée et sans consultation des alliés. Au point que l’histoire en retient plus le désordre apparent que l’application d’une décision mûrement réfléchie déjà sous l’administration Obama et jamais remise en cause dans son principe par les équipes suivantes de Trump ou de Biden. Le cafouillage en a éclipsé la portée qui clôt la séquence ouverte après le 11 septembre 2001, celle de la « lutte mondiale contre le terrorisme » prônée par Bush Junior et à laquelle nous étions sommés de nous rallier. Elle signale aussi le mirage de l’exportation de la démocratie par les armes, des expéditions guerrières en terres exotiques et des difficultés de la construction d’un État par l’extérieur. Il serait néanmoins prématuré de croire que la tentation ne reviendra pas. L’annonce récente par l’Africom – le commandement militaire américain pour l’Afrique –de l’envoi d’un bataillon de 500 hommes en Somalie pour combattre les Shebab dont l’influence s’étend aujourd’hui jusqu’au Nord-Mozambique, doit nous inquiéter. On sait que ce retrait d’Afghanistan témoigne surtout de la volonté de se donner les moyens de se tourner vers l’Asie et de considérer que l’effort doit s’orienter désormais vers des ennemis systémiques à commencer par la Chine. Et il faut se souvenir que les États-Unis disposent d’un éventail de moyens pour imposer leur hégémonie sur de larges parties du monde, de l’exterritorialité juridique et de l’hégémonie de leur monnaie jusqu’aux politiques de sanctions ou d’embargos.

    Peut-être l’arrêt de l’opération Barkhane et retrait des troupes françaises du Malidoivent-ils beaucoup aux événements de Kaboul. Mais il est certain que ce désengagement marque le recul de l’influence française en Afrique, probablement l’avancée des forces islamistes, et à coup sûr la montée d’un sentimentanti-occidental en Afrique. Le prix payé est celui de principes souvent invoqués et rarement appliqués.

    Enfin l’invasion de l’Ukraine par la Russiea révélé une unité de l’Occident, des divisions de l’Union européenne, le tout sous l’ombre tutélaire d’une perte d’influence auprès du tiers-monde. Les clivages au sein del’Union européenne entre « faucons », partisans d’uneligne dure contre Moscou et d’une guerre prolongée jusqu’au dernier Ukrainien, et « colombes », favorables àun cessez-le-feu négocié au plus vite, pourraient à termeparalyser l’Europe sur la scène internationale. Ces clivages se superposent à un poil près à celui qui avait traversé l’Europe lors de l’invasion de l’Irak par les États-Unis en 2003.Au dernier Forum économique de Davos, le présidentukrainien, Volodymyr Zelensky s’inquiétait de voir « le monde se lasser de la guerre ». Il pourrait rapidement avoir raison. Le Monde relaie une enquête d’un think tank européen traduisant une forme de fatigue et montre que « la cause ukrainienne pourrait donc passer d’une tentative d’union nationale à un sujet politique clivant ». En trois mois, le consensus autour de la condamnation de l’agression a fait place à plus que des nuances sur la nature de l’issue et donc des objectifs de guerre. L’ambition affichée de Zelensky de libérer le territoire – Donbass, Crimée et côte de la mer d’Azov –semble hors de portée militaire aujourd’hui. Le front se transforme en guerre de positions et ne peut en l’état donner lieu à un accord de paix qui acterait pour l’un des pertes territoriales impossibles à assumer et pour l’autre de trop faibles gains eu égard aux moyens déployés et aux fortes pertes subies. De telles situations se terminent par un cessez-le-feu ou un armistice où chacun peut commencer à panser ses plaies et reconstruire, libéré de la menace meurtrière qui tombe du ciel. Cela s’appelle un « conflit gelé » et permet aux protagonistes de continuer à afficher leurs objectifs sans perte de face.

    Cette gerbe d’événements a contribué à remodeler et à éclairer le monde et appelle quelques remarques.

    Même si les formes de la guerre ont pu changer,la vieille formule en vigueur dans les années soixante, « le pouvoir est au bout du fusil »,reste encore d’une étonnante actualité et un continent que l’on en croyait définitivement épargné a fini par rejoindre la zone des tempêtes.

    Le contexte n’est plus celui de l’ancienne guerre froide au-delà d’apparences trompeuses. L’enjeu n’est plus idéologique et social même si certains veulent faussement nous y renvoyer en agitant le spectre d’un affrontement entre démocraties et dictatures. Il s’agit de conquête de l’hégémonie mondiale avec classiquement un tenant du titre et un aspirant à cette position avec toutes les combinaisons qui peuvent en découler : affrontement violent (à l’ère nucléaire), coopération, ou partage d’influence sous forme d’un condominium.

    Cette courte période s’inscrit dans une séquence plus longue qui éclaire sa portée, c’est celle d’un déclin de l’Occident en terme de poids économique mondial (part du PIB du G-7 qui passe de 50 à 31% en quarante années) et conséquemment d’une perte d’influence sur une large partie du monde qui y voit alors des espaces de souveraineté à conquérir et des intérêts propres à faire respecter. Tout ceci confirme une lente désoccidentalisation du monde et un timide renouveau du « non-alignement ».

    La conception d’un monde organisé autour des chaînes de valeurs délocalisées en fonction d’intérêts singuliers propres aux multinationales qui concentrent l’essentiel du commerce mondial pourrait avoir vécu. Cette mondialisation exacerbent les mécanismes d’attractivité et favorise un mode de fonctionnement à flux tendus, sans stock, sans sécurité d’approvisionnement. Ses limites apparaissent très vite lorsque des sanctions économiques et financières viennent en aggraver la fragilité. Tout ceci confirme l’inflexion amorcée après la crise financière mondiale de 2008-2010 d’une lente démondialisation. C’est ce qui explique que la guerre d’Ukraine s’est très vite mondialisée dans ses effets sans pour autant devenir une guerre mondiale.

    Cette séquence nous interpelle sur une question centrale des relations internationales. Dans l’idéal (par ex. Onusien) chaque pays dispose de l’égalité souveraine de ses droits, certes tempérée par un Conseil de sécurité où certains en possèdent plus. Mais ce que confirme cruellement l’actualité de la situation c’est une inégalité géographique qui découle de la proximité d’une grande puissance. Elle vous interdit de tisser des liens avec la grande puissance du camp opposé. Elle soulève l’inégale situation d’États tampons dont les hasards de la cartographie brident l’entière maîtrise de leur souveraineté.

    De cette séquence, les perdants peuvent être désignés d’avance : les pays entrés en guerre qui en sortiront inévitablement affaiblis, la Russie, l’Ukraine, l’Europe. Les gagnants seront ceux qui auront su rester à distance, la Chine et les États-Unis et pourront, forts de l’hégémonie restaurée dans leur camp respectif, reprendre leur grande confrontation du siècle.

    Les événements de la séquence en cours contribuent à façonner les formes qu’empruntera le XXIème siècle.

    L’Express, 23 juin 2022

    #Russie #Ukraine #OTAN #Occident #Europe #Barkhane #Covid19 #Chine #EtatsUnis

  • Le Nigeria va augmenter ses exportations de gaz vers l’Europe

    Le Nigeria va augmenter ses exportations de gaz vers l’Europe

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    La crise énergétique actuelle en Europe, provoquée par la guerre entre la Russie et l’Ukraine, a ouvert la possibilité au Nigeria de stimuler les exportations de gaz vers l’Europe.

    Le ministre d’État aux ressources pétrolières, Timipre Sylva, a déclaré cela lundi à Abuja lors d’une réunion sur la réactivation du projet de gazoduc transsaharien.

    Le projet implique trois pays constitués du Nigeria, de la République du Niger et de l’Algérie.

    La crise énergétique en Europe s’est aggravée lundi alors que le gouvernement autrichien s’est mis d’accord avec le service public Verbund pour convertir une centrale électrique au gaz de réserve afin qu’elle puisse produire de l’électricité avec du charbon.

    Le déménagement est prévu si les approvisionnements restreints en gaz de la Russie entraînent une urgence énergétique.

    L’Autriche obtient 80 % de son gaz de la Russie et depuis le début de la guerre en Ukraine, elle s’efforce de trouver d’autres fournisseurs.

    Les flux de gaz russe vers l’Europe ont été inférieurs à la demande vendredi dernier, coïncidant avec une vague de chaleur précoce qui a saisi son sud et fait grimper les prix de référence déjà soulevés par les craintes que le continent ait du mal à accumuler du stockage à temps pour l’hiver.

    La Russie est le troisième producteur de pétrole derrière les États-Unis et l’Arabie saoudite. Mais la Russie est le plus grand exportateur de pétrole et de produits au monde, et l’Europe dépend de la nation pour ses approvisionnements.

    La dépendance de l’Union européenne au gaz russe et le risque que Moscou puisse couper ses approvisionnements en représailles aux sanctions économiques imposées après son invasion de l’Ukraine ont été un casse-tête pour le bloc, l’incitant à constituer des stocks et à rechercher des approvisionnements alternatifs.

    S’exprimant lors de la réunion, Sylva a chargé les pays africains riches en hydrocarbures d’exploiter de toute urgence leurs énormes réserves de gaz pour combler le fossé énergétique grandissant créé par les hostilités persistantes entre la Russie et l’Ukraine.

    Il a décrit le projet de gaz transsaharien comme très important pour le Nigéria car il contribuerait à augmenter les revenus et servirait de base à une source d’énergie propre.

    Le Nigeria poursuit sa transition énergétique pour favoriser la croissance économique et investit massivement dans le gaz pour réduire les émissions de carbone tout en continuant à exploiter les ressources en hydrocarbures.

    Actuellement, le gaz naturel est le carburant de la transition énergétique du Nigeria et le gouvernement recherche des investissements pour pouvoir livrer cette énergie de la manière la plus durable.

    L’Afrique possède des réserves de gaz naturel de plus de 620 billions de pieds cubes en 2021, car la plupart des pays, dont le Nigéria, ont choisi le gaz comme combustible de transition.

    Le Nigeria possède le plus grand gisement de gaz naturel du continent avec plus de 200 billions de pieds cubes.

    Le ministre a déclaré : « Avec ce qui se passe sur le marché mondial de l’énergie, nous devons acheminer notre gaz vers l’Europe. Le gaz est désormais une arme de guerre entre l’Ukraine et la Russie.

    « Ne perdons pas de temps. Nous devons accélérer le processus. Il devait commencer du sud du Nigéria jusqu’à la fin du Nigéria, qui est le pipeline AKK déjà en construction.

    « Puis du Nigeria à l’Algérie en passant par la République du Niger. En tant qu’Africains, nous pouvons montrer au monde que nous pouvons nous unir pour stimuler l’intégration régionale que le monde souhaite voir. Les bailleurs de fonds de ce projet ont manifesté leur intérêt à y investir. Nous pouvons augmenter nos réserves jusqu’à 600 TCF au Nigeria.

    « L’Algérie est aussi une nation gazière, tout comme le Niger. Nous pouvons exploiter ces ressources et accélérer le projet le plus rapidement possible. »
    S’exprimant également, le ministre algérien de l’Energie et des Mines, M. Mohamed Arkab, a déclaré qu’il était nécessaire d’intensifier la mise en œuvre du projet gazier.

    Il a déclaré : « Le TSGP aura un impact significatif et positif sur le développement socio-économique de nos pays.

    « La réactivation du projet TSGP intervient dans un contexte géopolitique et énergétique particulier, marqué par une forte demande de gaz et de pétrole, d’une part, et par une stagnation de l’offre due à la baisse des investissements pétroliers et gaziers, amorcée en 2015, d’autre part.

    « Cette situation a été induite par les crises financières successives et l’agenda climatique, visant à atteindre la neutralité carbone à court terme, sans tenir compte à terme des spécificités de chaque continent et de chaque pays.
    « Tout en faisant partie intégrante du projet visant à décarboner l’industrie pétrolière et gazière à court terme, et à atteindre la neutralité carbone à plus long terme, nous restons convaincus qu’une transition énergétique globale et efficace ne peut se faire sans l’apport des hydrocarbures.

    The Whistler, 20 juin 2022

    #Nigeria #Gaz #Europe #Exportations #Gazoduc_transaharien



  • Algérie: Texte intégral de l’interview d’Arkab avec Der Spiegel

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    « Pourriez-vous livrer du gaz à l’Allemagne demain, Monsieur Arkab ? »
    Jusqu’à présent, l’Allemagne regardait surtout vers les Etats-Unis et le Qatar pour devenir moins dépendante du gaz russe. Mais l’Algérie dispose elle aussi d’importants gisements. Le ministre de l’Energie Mohamed Arkab explique ce que l’Allemagne doit faire pour obtenir ce gaz.
    Une interview de Monika Bolliger

    Alors que l’Europe se met à la recherche de nouveaux fournisseurs de gaz pour devenir moins dépendante de la Russie, l’Algérie est également au centre de l’attention. Le pays méditerranéen dispose de riches gisements de gaz et fournit déjà l’Europe. Outre les installations de production de gaz naturel liquéfié (GNL), trois gazoducs relient le pays à l’Europe : Un gazoduc livre du gaz à l’Italie via la Tunisie, deux gazoducs mènent à l’Espagne ; un gazoduc directement, l’autre via le Maroc.

    Toutefois, le gazoduc marocain est actuellement hors service en raison d’une crise diplomatique entre les deux rivaux, le Maroc et l’Algérie, qui porte notamment sur le Sahara occidental contesté. A la place, l’Algérie a augmenté les livraisons vers l’Espagne via le pipeline direct, dont les capacités étaient auparavant sous-utilisées.

    Désormais, une crise diplomatique entre l’Algérie et l’Espagne s’est également envenimée après que l’Espagne a changé de manière inattendue sa position sur le conflit du Sahara occidental. L’Algérie, qui soutient un mouvement d’indépendance au Sahara occidental occupé par le Maroc, a toutefois assuré que les livraisons de gaz n’étaient pas concernées.

    L’Algérie est traditionnellement un important fournisseur de gaz pour l’Europe, en premier lieu pour l’Espagne et l’Italie, qui ont respectivement acheté 14,3 et 23 milliards de mètres cubes de gaz à l’Algérie l’année dernière. Une augmentation des livraisons d’environ 40 pour cent jusqu’en 2023 vient d’être décidée avec l’Italie. Parallèlement, l’Algérie entretient des relations étroites avec la Russie, et Moscou devrait observer cette évolution avec scepticisme.

    Selon les experts, une nouvelle augmentation des capacités d’exportation n’est pas facile pour l’Algérie : premièrement, la consommation locale d’énergie augmente ; deuxièmement, des investissements importants sont nécessaires pour des livraisons supplémentaires, de nouveaux champs doivent être exploités et de nouvelles installations doivent être construites. Par le passé, la construction de tels projets en Algérie a souvent pris plus de temps que prévu, et le climat d’investissement est considéré comme très difficile en raison d’une bureaucratie galopante. Le ministre de l’Energie Mohamed Arkab affirme que l’Europe doit d’abord investir en Algérie afin de développer conjointement de nouveaux champs gaziers.

    SPIEGEL : M. Arkab, vous réjouissez-vous du nouvel intérêt européen pour le gaz algérien ?

    Mohammed Arkab : Notre marché traditionnel pour le gaz naturel a toujours été l’Europe. La majeure partie de nos exportations est destinée à l’Espagne et à l’Italie via deux gazoducs. Nous fournissons également du GNL. Nous avons tout intérêt à développer nos activités avec l’Europe et nous pouvons augmenter considérablement la production de gaz naturel en peu de temps. Environ la moitié de nos gisements de gaz ne sont pas encore exploités.

    SPIEGEL : Vous avez récemment convenu de livraisons supplémentaires avec l’Italie, une augmentation de 40 pour cent de la quantité actuelle. Pourriez-vous aussi vendre et livrer du gaz à l’Allemagne demain ?

    « Si l’Allemagne veut nous acheter du gaz, développez de nouveaux gisements avec nous ».

    Arkab : Nous disons : si l’Allemagne veut nous acheter du gaz, alors développez de nouveaux gisements avec nous. Comme les Italiens avec le groupe ENI. Nous avons un programme ambitieux de développement de la production dans le secteur du pétrole et du gaz d’ici 2026, d’un montant de 39 milliards de dollars. Le groupe énergétique public Sonatrach fournira la majeure partie, pour le reste, nous cherchons des partenaires. Nous espérons que les Européens ne changeront pas de cap et nous laisseront seuls face aux investissements. Pendant longtemps, l’Europe a mis l’accent sur la protection de l’environnement et n’a pas fait de distinction entre le pétrole et le gaz. Cela a conduit à une absence d’investissements.

    SPIEGEL : Les entreprises étrangères ont également reculé devant les investissements en raison d’une bureaucratie excessive et de législations peu claires.

    Arkab : En 2020, une nouvelle loi sur la production de pétrole et de gaz naturel est entrée en vigueur. Nous y avons intégré des normes internationales pour la conclusion de contrats, la répartition de la production et les contrats à risque. Auparavant, les investisseurs devaient passer par différents organismes publics, et c’était un peu opaque. Maintenant, ils ont un interlocuteur clair et des procédures simplifiées. Avec notre partenaire italien ENI, nous avons signé les premiers contrats dans le cadre de cette nouvelle loi.

    SPIEGEL : Il existe également un partenariat avec le groupe russe Gazprom. Jusqu’où va la participation de Gazprom aux projets en Algérie ?

    SPIEGEL: Algerien steht in politischem Streit mit Spanien und mit Marokko. Die Gaslieferungen für Marokko haben Sie nach Auslaufen des Vertrages nicht erneuert. Muss auch Spanien so etwas befürchten?

    « Nous ne pouvons pas répondre à toute la demande européenne, mais nous avons des capacités qui restent inexploitées ».

    Arkab : Gazprom est l’une des nombreuses entreprises qui investissent en Algérie. L’entreprise n’est actuellement impliquée dans aucune production, seulement dans des travaux d’exploration.

    SPIEGEL : L’Algérie entretient depuis longtemps des relations étroites avec la Russie. Moscou n’est-elle pas mécontente de voir l’Algérie augmenter ses livraisons pour l’Europe ?

    Arkab : L’Algérie est l’amie de tous. Nous sommes un fournisseur fiable et sûr. Nous sommes libres de conclure des contrats avec des entreprises européennes si c’est dans l’intérêt des deux parties. Bien sûr, nous ne pouvons pas répondre à toute la demande européenne, mais nous avons des capacités qui ne sont pas du tout utilisées. Nous voulons inviter les entreprises européennes à investir dans cette production.

    SPIEGEL : L’ Algérie est en conflit politique avec l’Espagne et le Maroc. Vous n’avez pas renouvelé les fournitures de gaz pour le Maroc après l’expiration du contrat. L’Espagne doit-elle aussi craindre quelque chose comme ça ?

    Arkab : Nous avons prolongé les contrats avec l’Espagne et il n’y a eu aucun problème. L’Algérie honore ses obligations conventionnelles et les honorera toujours. Nous avons toujours été un fournisseur fiable pour l’Europe, même lorsque notre pays était en guerre.

    SPIEGEL : Allez-vous augmenter les prix du gaz pour l’Espagne ?

    Arkab : Les contrats d’approvisionnement sont réévalués tous les trois ans, tant en volume qu’en prix. Nous avons récemment renouvelé les contrats avec l’Italie et augmenté la capacité. C’est maintenant au tour de l’Espagne. Le prix mondial du gaz suit le prix du pétrole, et lorsque le prix du pétrole augmente comme il le fait actuellement, les prix du gaz font de même. Il est donc évident qu’une augmentation est en cours de discussion.

    SPIEGEL : Si l’on parvient à augmenter la production de manière significative, par quelles routes de transport le gaz arriverait-il en Europe ?

    Arkab : Nous avons des capacités pour les exportations de LGN, il y a en outre un projet de deuxième gazoduc vers l’Italie, qui est actuellement en suspens. Pourquoi devrions-nous construire un gazoduc si les Européens achètent leur gaz en Russie ? Le deuxième projet sur lequel nous travaillons actuellement est le gazoduc transsaharien, long de 4000 kilomètres, qui relie le Nigeria à l’Algérie via le Niger. De nombreuses infrastructures ont déjà été mises en place en Algérie. Le gazoduc peut être achevé en trois ans et nous pouvons transporter 20 à 30 milliards de mètres cubes de gaz du Nigeria.

    SPIEGEL : Il existe un projet concurrent de gazoduc depuis le Nigeria via le Maroc. Certains pays européens semblent le préférer – parce qu’ils ne veulent pas dépendre uniquement de l’Algérie ?

    Arkab : Notre pipeline est plus sûr, et il est économiquement viable. L’autre pipeline doit traverser douze pays sur 6000 kilomètres, et une partie passerait par l’Atlantique. C’est infiniment plus compliqué. Et le financement n’est pas clair non plus. L’Algérie, en revanche, a les moyens et est prête à financer une grande partie du gazoduc transsaharien.

    « Nous voulons investir les revenus des ventes de gaz dans la transition énergétique. Pour cela, nous avons besoin de partenaires, de préférence l’Allemagne ».

    SPIEGEL : L’Algérie dispose également des troisièmes plus grands gisements de gaz de schiste au monde, qu’il faudrait toutefois exploiter avec des méthodes risquées comme la fracturation. Allez-vous bientôt exploiter aussi le gaz de schiste pour augmenter la production ?

    Arkab : Pour le gaz de schiste, nous n’en sommes qu’à la phase d’évaluation. Pour l’instant, nous travaillons encore sur le gaz conventionnel, 50 pour cent de nos gisements sont vierges. Il y a encore beaucoup de gisements de gaz conventionnel inexploités dans l’ouest de l’Algérie, jusqu’à présent nous avons travaillé presque uniquement à l’est. Et nous avons deux grands gisements inexploités en offshore.

    SPIEGEL : L’Algérie a également une stratégie pour la transition énergétique. Les tentatives précédentes de s’éloigner des combustibles fossiles n’ont pas avancé. La hausse des prix du pétrole et du gaz va-t-elle à nouveau retarder ce plan ?

    Arkab : Nous ne ferons pas l’erreur que nous avons déjà commise il y a dix ou quinze ans. Nous voulons investir les revenus des ventes de gaz dans la transition énergétique, c’est une priorité pour nous. Mais pour les technologies les plus récentes, nous avons besoin de partenaires, de préférence l’Allemagne. Nous avons construit la première installation photovoltaïque avec la participation de l’Allemagne dans le sud de l’Algérie. Et nous aimerions travailler avec l’Allemagne sur la production d’hydrogène vert. Nous pouvons devenir un partenaire en matière d’énergie renouvelable. L’Algérie a un ensoleillement de 3000 heures par an, et nous avons l’espace nécessaire pour le photovoltaïque. Avec des lignes électriques sous-marines à travers la Méditerranée, nous pourrions approvisionner l’Europe en énergie propre et renouvelable.

    Der Spiegel, 19.06.2022

    #Algérie #Europe #Espagne #Maroc #SaharaOccidental #Gaz #Italie

  • La guerre en Ukraine livre de nouveaux paradigmes

    La guerre en Ukraine livre de nouveaux paradigmes

    Ukraine, Russie, OTAN, Chine, Etats-Unis, Europe,

    Les États Unis, l’Otan, la Russie, la Chine, semblent être aujourd’hui les puissances qui font les événements du monde. En ne faisant rien, la Chine fait tout : dans un contexte de récession planétaire, elle rachète tout ce qu’elle trouve sur le marché comme matières premières. Elle en revendra une partie au prix fort aux pays développés, surtout aux États Unis et aux Européens. En même temps, elle profite des succès des Russes pour imposer son tempo à Taïwan. Donc, elle a marqué des points précieux dans la géostratégie du monde en mouvement.

    La Russie continue d’avancer selon un schéma tactique qui prend tout le monde au dépourvu. Et les médias occidentaux qui font de la propagande stérile n’y pourront rien, car sur le terrain, l’Ukraine elle-même est en train de demander secours et de compter, publiquement, ses pertes. L’aboutissement, on s’y rapproche laborieusement. L’objectif pour les Russes est de changer un ordre imposé par l’Occident ; et elle est en train d’arriver à le renverser.

    Les États Unis, en perte de vitesse, certes, mais qui demeurent une superpuissance mondiale sur laquelle il faudrait encore compter, n’a plus toutes les cartes en main pour imposer son rythme. La sous-traitance de la guerre contre les Russes via l’Europe n’a pas fonctionné au quart de tour. L’Ukraine est dévastée depuis longtemps, et les pays européens hésitent à jouer le jeu à fond, à l’image de la France, qui multiplie les effets d’annonce, sans rien de concret, et de l’Allemagne, qui tente de gagner du temps pour apprécier sur quelle position se tenir.

    L’Europe, grand perdant de ce bras-de-fer Amérique-Russie, en sortira meurtrie, comme après la Seconde Guerre mondiale. Elle le sait, et tente de résister aux effets d’entraînement de l’Otan, qui reste le bras armé des seuls Etats Unis.

    L’Afrique, pour une fois, se donne le droit de regarder la guerre de loin. A plusieurs reprises, elle a fait savoir au monde entier que ce ne sont pas les Russes, mais les Européens qui ont colonisé, meurtri et dévasté le continent africain. La Conférence de Berlin qui a présenté l’Afrique en une grosse tarte à manger, c’était le fait des Européens, pas des Russes, la colonisation, l’esclavagisme, la fabrication des barbouzes et des Chefs d’Etats, également furent le fait des Européens.

    Nous l’avons déjà dit à plusieurs reprises, la guerre en Ukraine livrera des paradigmes nouveaux, qui ne seront certainement pas au bénéfice des puissances d’hier.

    L’Expression, 16 juin 2022

    #Ukraine #Russie #Chine #EtatsUnis #OTAN

  • Sánchez, Europe and Western Sahara

    Sánchez, Europe and Western Sahara

    Western Sahara, Spain, Morocco, Algeria, France, USA, Europe, NATO, neo-colonialism,


    Jesus L. Garay
    Member of Asociación de Amigos y Amigas de la RASD (Association of Friends of SADR)

    We need all the strength of solidarity and all the democratic political will to stop this neo-colonialist coup, to dismantle the fallacious arguments of political expediency and false humanitarian compassion deployed by the PSOE and to launch an effective social and political mobilisation.

    Three months after Morocco leaked Pedro Sánchez’s letter in which the Spanish government modified its formal position on the Western Sahara issue, the echoes of the reactions provoked by this turnaround, far from abating, continue to be at the forefront of political and media statements, this time in the wake of Algeria’s suspension of the friendship and cooperation treaty with Spain.

    The Spanish government’s decision undoubtedly has many implications that would be impossible to cover briefly, just as it is impossible to deal with the multitude of blunders that have been and are being made in commenting on the various aspects of this issue.

    Above all, the implications of the government’s position on the internal politics of the state have been commented on; but beyond generic statements and motions, if anything has become clear on this issue it is that the parties that make up or support this government are incapable – or perhaps simply have no real will – of reversing the decision to implicitly recognise Moroccan sovereignty over the Spanish colony. Equally, it seems that social organisations have not been able to channel the sympathy and solidarity that the Sahrawi cause arouses in the vast majority of the population into a clear expression of rejection or indignation. However, as Algeria’s decision shows, it is never too late to take the initiative.

    However, Algeria’s latest decisions highlight a dimension that has been almost silenced by the noise caused by the forms and timing of the government’s decision. Indeed, at the international level, the declarations of support for the Moroccan occupation reveal that the decision is not the result of a simple ‘hot flash’ by Mr Sánchez, as some media outlets are trying to describe it – although there is clearly some improvisation – nor, as is being done especially on social networks, a simple surrender to Morocco’s brutal blackmail – which is also the case.

    The Spanish government’s current position is the result of a far-reaching strategic effort to consolidate a balance of power in the Arab Maghreb that is definitely favourable to the neo-colonial interests of the capitalist West. This effort, initially led by the United States, as befits its status as a hegemonic power, found its ultimate expression in the declaration of an outgoing president, Donald Trump, accepting Morocco’s sovereignty over Western Sahara in exchange for the full restoration of relations between the Kingdom of Morocco and the state of Israel.

    In the current international order, however, geopolitical control of this area of North Africa does not lie directly with the US, but with Europe. Not the Europe of rights and democratic values that they want to sell us, but the Europe of migratory necropolitics, a subsidiary of NATO and heir to the most recent colonialism, which in recent years has been sliding towards the ideological far right.

    Many of the reactions of policy-makers to Algeria’s severing of relations with Spain demonstrate that, at bottom, Europe’s view of Africa has hardly changed since the Berlin conference of 1885 and, like the US with Latin America, it continues to treat the African continent as its backyard: a kind of huge estate from which to extract the resources necessary for its economic and social development and where African inhabitants and leaders should confine themselves to doing that job effectively.

    The list of assassinations, coups d’état and military interventions to control independence movements or simply to « moderate » policies deemed potentially dangerous to Europe’s interests is not closed. France, the UK and Germany openly and clandestinely strive to condition the political and economic life of the peoples of Africa, because the direction of the European economy they lead largely depends on it.

    Certainly, European neo-colonial practice is in open contradiction with the legal framework created after the Second World War, the so-called international legality, which is why, to a large extent, the interventions are of a « covert » type or simply silenced from public opinion. And yes, Spain, although it is the only European country that still has a recognised colony in Africa, Western Sahara, plays a marginal role in this endeavour. Like remaining in NATO, this is part of the price it had to pay in exchange for EU membership.

    In this context, the Arab Maghreb has become one of the most obvious theatres of confrontation between neo-colonial interests and the rights of African peoples, with Western Sahara probably the most decisive battleground in this respect. If Morocco finally succeeds in appropriating the strategic territory of Western Sahara and controlling its assets, the West will have largely succeeded in balancing the main power in the region, which is currently Algeria.

    The only problem is the resistance put up by the small Sahrawi people, using international law in their favour. Indeed, the Saharawi people, at least since the creation of the Polisario Front, have based the legitimacy of their struggle on international law. This has been an important asset in confronting colonialism and reaffirming their will to achieve the right to self-determination and independence. Thus, every time the neo-colonial forces have tried to justify or perpetuate their misdeeds, each and every international body and court has ratified the legitimacy of the Saharawi resistance and condemned colonial practices.

    So-called international legality is, curiously enough, a creation of those who support the occupation of the territory, the plundering of its resources, and the attempt to annihilate the original population. That is, the political-economic group of governments and companies that finance and provide the means and weapons for the occupation of Western Sahara. In this lobby of death and plunder, Spanish governments and companies do have, for historical and geographical reasons, a prominent role.

    It has been 50 years of an unstable balance between legitimacy and economic and geopolitical interests. It is a struggle in which neither side can be considered the definitive winner. Neo-colonialism has tried to make the Saharawi people surrender by bombing civilian refugees, mass disappearances, the invasion of settlers, the massive plundering of resources, all kinds of tactics to delay the implementation of UN resolutions, lies and silence, and the blatant support of Spain, France and the USA for the genocidal regime of Mohamed VI, but the Saharawi resistance continues, supported by international law. The sale of arms, the gigantic theft of phosphates and fish, the agricultural business with the King of Morocco, the fossil and green energy from Western Sahara exploited by companies such as Siemens-Gamesa, thus appear as facts that have been fulfilled but are impossible to justify or legalise.

    The key to breaking this cruel stalemate could lie in a series of rulings by the European Court of Justice which, since 2016, have been narrowing the margin for these colonial practices to be carried out, by declaring the economic agreements with Morocco on which they are based to be null and void. Throughout 2023, it is expected that the highest European judicial instance will definitively resolve the dispute in favour of the Polisario Front’s arguments, which should lead the EU to rethink its relations with Morocco as a whole. Not only trade relations, but all issues affecting the territory of Western Sahara, which Morocco considers its own and which constitutes not only the Alawi kingdom’s main source of wealth, but, as we have explained, the only hope, both for Morocco and for Europe, of being able to confront its main rival on the Maghreb chessboard.

    The Spanish government’s decision, therefore, would be part of a plan to impose the reality of the occupation through international political consensus, whatever the decision of the European courts. Building such a consensus in the European case requires the direct involvement of the two main governments, France and Germany, and, in the case of Western Sahara, the colonial power of reference, Spain – as would be Belgium in the case of the Republic of Congo or Portugal in the case of Mozambique. Once this « realpolitik » consensus has been built, it would be easy to bring together the majority of European governments – although perhaps not as easy as it has been in the case of the war in Ukraine – and, together with the United States, impose the law of the strongest in this corner of the world.

    That is why we need all the strength of solidarity and all the democratic political will to stop this neo-colonialist coup, to dismantle the fallacious arguments of political expediency and false humanitarian compassion that the PSOE has deployed, and to launch an effective social and political mobilisation. Because it is not only the freedom and rights of an African people that are at stake, but also whether or not governments and companies can impose their will above the law, which they themselves claim to promote.

    NAIZ, 10 juin 2022

    #WesternSahara #Morocco #Spain #NATO #France #USA #Neocolonialism #Maghreb

  • Sánchez, l’Europe et le Sahara occidental

    Sánchez, l’Europe et le Sahara occidental

    Sahara Occidental, Maroc, Algérie, Espagne, Europe, OTAN, Etats-Unis, néocolonialisme, France, Maghreb,


    Jesus L. Garay
    Membre de l’Asociación de Amigos y Amigas de la RASD (Association des amis de la RASD)

    Nous avons besoin de toute la force de la solidarité et de toute la volonté politique démocratique pour arrêter ce coup néocolonialiste, pour démonter les arguments fallacieux d’opportunité politique et de fausse compassion humanitaire que le PSOE a déployés, et pour lancer une mobilisation sociale et politique efficace.

    Trois mois après la divulgation par le Maroc de la lettre de Pedro Sánchez dans laquelle le gouvernement espagnol modifie sa position officielle sur la question du Sahara occidental, les échos des réactions provoquées par ce revirement, loin de s’apaiser, continuent d’occuper le devant de la scène politique et médiatique, cette fois dans le sillage de la suspension par l’Algérie du traité d’amitié et de coopération avec l’Espagne.

    La décision du gouvernement espagnol a sans aucun doute de nombreuses implications qu’il serait impossible d’aborder brièvement, tout comme il est impossible de traiter la multitude d’erreurs qui ont été et sont commises en commentant les différents aspects de cette question.

    Les implications de la position du gouvernement sur la politique interne de l’État ont surtout été discutées ; mais au-delà des déclarations et des motions génériques, si quelque chose est devenu clair sur cette question, c’est que les partis qui composent ou soutiennent ce gouvernement sont incapables – ou peut-être manquent-ils simplement de volonté réelle – de revenir sur la décision de reconnaître implicitement la souveraineté marocaine sur la colonie espagnole. De même, il semble que les organisations sociales n’aient pas été en mesure de canaliser la sympathie et la solidarité que la cause sahraouie suscite dans la grande majorité de la population en une expression claire de rejet ou d’indignation. Toutefois, comme le montre la décision de l’Algérie, il n’est jamais trop tard pour prendre l’initiative.

    Cependant, les dernières décisions de l’Algérie mettent en lumière une dimension qui a été presque étouffée par le bruit causé par les formes et le timing de la décision du gouvernement. En effet, au niveau international, les déclarations de soutien à l’occupation marocaine révèlent que la décision n’est pas le résultat d’un simple  » coup de chaud  » de M. Sánchez, comme certains médias tentent de le décrire – bien qu’il y ait clairement une part d’improvisation – ni, comme cela se fait notamment sur les réseaux sociaux, une simple capitulation devant le chantage brutal du Maroc – ce qui est également le cas.

    La position actuelle du gouvernement espagnol est le résultat d’un effort stratégique de grande envergure visant à consolider un équilibre des forces au Maghreb arabe qui soit définitivement favorable aux intérêts néocoloniaux de l’Occident capitaliste. Cet effort, mené initialement par les États-Unis, comme il sied à leur statut de puissance hégémonique, a trouvé son expression ultime dans la déclaration d’un président sortant, Donald Trump, acceptant la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental en échange de la restauration complète des relations entre le Royaume du Maroc et l’État d’Israël.

    Dans l’ordre international actuel, cependant, le contrôle géopolitique de cette région d’Afrique du Nord ne relève pas directement des États-Unis, mais de l’Europe. Non pas l’Europe des droits et des valeurs démocratiques qu’on veut nous vendre, mais l’Europe de la nécropolitique migratoire, filiale de l’OTAN et héritière du colonialisme le plus récent, qui a glissé ces dernières années vers l’extrême droite idéologique.

    Bon nombre des réactions des décideurs politiques à la rupture des relations entre l’Algérie et l’Espagne démontrent qu’au fond, le point de vue de l’Europe sur l’Afrique n’a guère changé depuis la conférence de Berlin de 1885 et que, comme les États-Unis avec l’Amérique latine, elle continue de traiter le continent africain comme son arrière-cour : une sorte d’immense domaine d’où extraire les ressources nécessaires à son développement économique et social et où les habitants et les dirigeants africains devraient se contenter de faire ce travail efficacement.

    La liste des assassinats, des coups d’État et des interventions militaires pour contrôler les mouvements indépendantistes ou simplement pour « modérer » des politiques jugées potentiellement dangereuses pour les intérêts de l’Europe n’est pas close. La France, le Royaume-Uni et l’Allemagne s’efforcent ouvertement et clandestinement de conditionner la vie politique et économique des peuples d’Afrique, car l’orientation de l’économie européenne qu’ils dirigent en dépend largement.

    Certes, la pratique néocoloniale européenne est en contradiction ouverte avec le cadre juridique créé après la Seconde Guerre mondiale, la soi-disant légalité internationale, ce qui explique pourquoi, dans une large mesure, les interventions sont de type « secret » ou simplement passées sous silence par l’opinion publique. Et oui, l’Espagne, bien qu’elle soit le seul pays européen qui possède encore une colonie reconnue en Afrique, le Sahara occidental, joue un rôle marginal dans cette entreprise. Comme le maintien dans l’OTAN, cela fait partie du prix qu’elle a dû payer en échange de son adhésion à l’UE.

    Dans ce contexte, le Maghreb arabe est devenu l’un des théâtres les plus évidents de la confrontation entre les intérêts néocoloniaux et les droits des peuples africains, le Sahara occidental étant probablement le champ de bataille le plus décisif à cet égard. Si le Maroc parvient finalement à s’approprier le territoire stratégique du Sahara occidental et à contrôler ses actifs, l’Occident aura largement réussi à équilibrer la principale puissance de la région, qui est actuellement l’Algérie.

    Le seul problème est la résistance opposée par le petit peuple sahraoui, qui utilise le droit international en sa faveur. En effet, le peuple sahraoui, au moins depuis la création du Front Polisario, a fondé la légitimité de sa lutte sur le droit international. Cela a été un atout important pour affronter le colonialisme et réaffirmer leur volonté de réaliser le droit à l’autodétermination et à l’indépendance. Ainsi, chaque fois que les forces néocoloniales ont tenté de justifier ou de perpétuer leurs méfaits, chaque organisme et tribunal international a ratifié la légitimité de la résistance sahraouie et condamné les pratiques coloniales.

    La soi-disant légalité internationale est, curieusement, une création de ceux qui soutiennent l’occupation du territoire, le pillage de ses ressources et la tentative d’anéantir la population d’origine. C’est-à-dire, le groupe politico-économique de gouvernements et de sociétés qui financent et fournissent les moyens et les armes pour l’occupation du Sahara Occidental. Dans ce lobby de la mort et du pillage, les gouvernements et les entreprises espagnols ont, pour des raisons historiques et géographiques, un rôle de premier plan.

    Cela fait 50 ans que l’équilibre est instable entre la légitimité et les intérêts économiques et géopolitiques. C’est une lutte dans laquelle aucun des deux camps ne peut être considéré comme le vainqueur définitif. Le néocolonialisme a tenté de faire capituler le peuple sahraoui par des bombardements de réfugiés civils, des disparitions massives, l’invasion de colons, le pillage massif des ressources, toutes sortes de tactiques pour retarder l’application des résolutions de l’ONU, les mensonges et le silence, et le soutien flagrant de l’Espagne, de la France et des États-Unis au régime génocidaire de Mohamed VI, mais la résistance sahraouie continue, soutenue par le droit international. La vente d’armes, le vol gigantesque de phosphates et de poissons, le business agricole avec le roi du Maroc, l’énergie fossile et verte du Sahara occidental exploitée par des entreprises comme Siemens-Gamesa, apparaissent ainsi comme des faits accomplis mais impossibles à justifier ou à légaliser.

    La clé pour sortir de cette cruelle impasse pourrait résider dans une série d’arrêts de la Cour de justice de l’Union européenne qui, depuis 2016, réduisent la marge de manœuvre de ces pratiques coloniales, en déclarant nuls et non avenus les accords économiques avec le Maroc sur lesquels elles reposent. Tout au long de l’année 2023, il est prévu que la plus haute instance judiciaire européenne tranche définitivement le litige en faveur des arguments du Front Polisario, ce qui devrait amener l’UE à repenser ses relations avec le Maroc dans son ensemble. Non seulement les relations commerciales, mais toutes les questions touchant au territoire du Sahara occidental, que le Maroc considère comme sien et qui constitue non seulement la principale source de richesse du royaume alaouite, mais, comme nous l’avons expliqué, le seul espoir, tant pour le Maroc que pour l’Europe, de pouvoir affronter son principal rival sur l’échiquier du Maghreb.

    La décision du gouvernement espagnol s’inscrirait donc dans un plan visant à imposer la réalité de l’occupation par un consensus politique international, quelle que soit la décision des tribunaux européens. La construction d’un tel consensus dans le cas européen nécessite l’implication directe des deux principaux gouvernements, la France et l’Allemagne, et, dans le cas du Sahara occidental, de la puissance coloniale de référence, l’Espagne – comme le serait la Belgique dans le cas de la République du Congo ou le Portugal dans le cas du Mozambique. Une fois ce consensus de « realpolitik » construit, il serait facile de réunir la majorité des gouvernements européens – même si ce n’est peut-être pas aussi facile que dans le cas de la guerre en Ukraine – et, avec les États-Unis, d’imposer la loi du plus fort dans ce coin du monde.

    C’est pourquoi nous avons besoin de toute la force de la solidarité et de toute la volonté politique démocratique pour arrêter ce coup néocolonialiste, pour démonter les arguments fallacieux d’opportunité politique et de fausse compassion humanitaire déployés par le PSOE et pour lancer une mobilisation sociale et politique efficace. Car ce ne sont pas seulement la liberté et les droits d’un peuple africain qui sont en jeu, mais aussi la possibilité pour les gouvernements et les entreprises d’imposer leur volonté au-dessus de la loi, qu’ils prétendent eux-mêmes promouvoir.

    NAIZ, 10 juin 2022

    #SaharaOccidental #Maroc #Algérie #Espagne #Europe #OTAN #EtatsUnis #France #Néocolonialisme #Maghreb