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  • Zemmour fait un doigt d’honneur à une passante

    France, Eric Zemmour, extrême droite – Zemmour fait un doigt d’honneur à une passante

    Celui qui prétend faire la leçon aux Français, les ramener vers le « droit chemin », se comporte en somme comme le dernier des roturiers. Une scène surréaliste s’est en effet produite à Marseille où Eric Zemmour était en campagne sous le fallacieux couvert de promotion de son dernier livre intitulé « La France n’a pas dit son dernier mot ». cette scène a été fort heureusement immortalisée par un journaliste de l’AFP au moment des (mé)faits. si la France n’a peut-être pas dit on dernier mot en effet, force est de relever que Zemmour, lui, s’est livré à son « dernier » geste. Au niveau de la ville phocéenne, où il a été gratifié d’un accueil très froid, Zemmour, au sortir d’un restaurant, a commis son geste fatal.

    Une passante marseillaise s’est en effet approchée de sa voiture. En descendant sa vitre, elle le piège en lui faisant un doigt d’honneur. Mais, au lieu de se comporter en homme d’Etat, ou même en écrivain-journaliste, qui veut réapprendre à vivre aux Français, c’est par un autre doigt d’honneur qu’il réplique à cette passante « ébaudie », le tout assorti de cette réplique bien sentie : « et bien profond ».

    Et pour ne pas s’égarer à penser que Zemmour se serait laisser emporter par un geste spontané qu’il aurait regretté immédiatement après, le photographe de presse raconte que Zemmour et sa « compagne et future  directrice de campagne qui l’accompagnait ans son déplacement, se sont laissés aller à de fous éclats de rire. Ah ! cet amour qui procure à tous un indicible bain de jouvence ! car, même pas relevé de cette polémique du doigt d’honneur, que Zemmour vient de se jeter au cœur d’une autre polémique.

    Le magazine people Closer lui a réservé ce vendredi une Une qui l’attaque au cœur de sa  vie privée. Le concerné a eu beau affirmer s’attendre à des attaques de ce genre depuis qu’il occupe la tête des médias, chamboule les sondages et menace carrément de pousser du coude le président Macron afin de prendre sa place, le coup n’en est pas moins dur, terrible, à supporter.

    Carrément mortel pour la carrière et l’avenir politique d’Eric Zemmour. Que l’on en juge : lui qui se taguait de moraliser la vie politique de sa « chère et douce France », le voilà pris la main de le sac, pour ne pas dire autre chose. Le mec, marié et père de famille, entretiendrait une liaison amoureuse avec sa conseillère spéciale, très spéciale, en com et future directrice de campagne, la belle et sulfureuse Sarah Knafo.

    L’homme, effectivement entier dans ses entreprises, aurait même engrossé la malheureuse Knafo. L’avocat de ce couple improbable, invité le même jour de BFMTV, Olivier Pardo, a opté pour une adroite stratégie de défense : jouer les indignés, en refusant de démentir ou de s’expliquer. Mal lui en prit après l’incident marseillais. Du coup, un simple doigt d’honneur aurait suffit à cet avocat, contraint ma foi de défendre l’indéfendable…

    Ali Oussi

    La patrie news, 27/11/2021

    #France #Eric_Zemmour #Extreme_droite #Doigt_honneur

  • Le spectre de l’extrême-droite armée

    Le spectre de l’extrême-droite armée

    France, extrême droite, Recolonisation, Eric Zemmour – Le spectre de l’extrême-droite armée

    Ils sont treize. Treize militants appartenant au mouvement d’extrême-droite « Recolonisation » qui ont été interpellés et placés en garde à vue mardi dans toute la France par les gendarmes de l’Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité, les génocides et les crimes de guerre (OCLCH). Douze hommes et une femme « de profils divers », tous suspectés, selon un communiqué du Parquet de Marseille, « d’avoir accès à des armes et de présenter une menace à l’ordre public par leur participation ou leur projet de participation à des actions violentes. » Tout un programme… Durant les perquisitions, des armes et de l’argent liquide ont été découverts.

    Ainsi va l’actualité hexagonale. Chaque semaine ou presque, on apprend que de tels énergumènes ont été arrêtés. Il y a dix jours, deux hommes qui appelaient à des « actions violentes » via la messagerie cryptée Telegram ont été interpellées. Ils postaient aussi des messages antisémites et islamophobes et se disaient admirateurs de BrentonTarrent, le terroriste auteur de l’attentat de Christchurch en Nouvelle-Zélande (51 morts dans une mosquée en 2019). La même semaine, le gouvernement décidait la dissolution d’une association xénophobe basée dans la ville d’Angers. A cela s’ajoutent des informations concernant tel ou tel groupuscule qui organise des séances d’entraînement de tirs à l’arme automatique dans les forêts ou qui appelle à des actions musclées contre les migrants.

    Cela fait quelques années que la même information inquiétante circule dans les rédactions françaises. Plusieurs factions de l’extrême-droite s’arment et se préparent à passer à l’action contre des musulmans mais aussi des juifs, des personnalités de gauche, des artistes et des acteurs de l’humanitaire. Toutes les tendances sont recensées dans les rangs de ces extrémistes y compris les « accélérationnistes », autrement dit ceux qui pensent que déclencher la violence entre les communautés aboutira rapidement à une guerre civile dont ils sortiront vainqueurs. Tous sont convaincus par la théorie fumeuse du « grand remplacement » que défend Eric Zemmour, le presque-candidat à l’élection présidentielle française. Tous ou presque rêvent de « remigration », c’est-à-dire une grande expulsion d’arabes, de musulmans ou d’autres étrangers « non-blancs », un peu à l’image de ce qui s’est passé au moment de la fin de l’Andalousie musulmane.

    On pense qu’ils sont entre 3 000 et 4 000 hommes prêts à agir. Au regard d’une population de plus de 60 millions d’habitants, c’est négligeable mais c’est suffisant pour créer le choc et semer chaos et dévastation. C’est d’autant plus inquiétant que nombre de responsables politiques mais aussi de journalistes nient cette réalité ou tentent de la minimiser. A ce sujet, tout est d’abord affaire de sémantique. A l’expression « extrême-droite », la majorité des observateurs préfèrent celle d’ « ultra-droite » comme s’ils voulaient amoindrir la gravité de la situation et relativiser la menace. D’autres, on pense aux « journalistes » et autres bonimenteurs des chaînes dites d’information, ne sont pas loin de partager les mêmes idées extrémistes des mis en cause et ne veulent pas, pour le moment, du label d’ « extrême-droite ».

    Les attentats du 11 septembre 2001 puis les différentes attaques terroristes en Europe depuis cette date offrent à ces groupuscules des arguments de poids pour recruter. Mais il serait erroné de penser que ceci explique cela. La violence islamiste n’a pas fait naître ces extrémistes, elle leur a juste donné des prétextes d’agir et plus de vigueur. A cela s’ajoute la lente dérive des élites françaises, notamment médiatiques, devenues indulgentes avec une extrême-droite hier abhorrée pour ce qu’elle a commis comme crimes durant la première partie du siècle dernier. La banalisation du Front national, la propagation de ses idées dans la société ont ouvert un espace à la droite de l’extrême-droite traditionnelle. Ajoutez à cela des réseaux sociaux qui favorisent l’entre-soi et la surenchère idéologique et l’on comprendra pourquoi Internet est le meilleur allié de ces groupes.

    A ce stade, le silence désinvolte des autorités est surprenant. Promptes à mettre en cause le « wokisme » des jeunes, à dénoncer la « cancel culture » qui sévirait chez ces mêmes jeunes et dans certaines institutions universitaires, à pousser des cris d’orfraies à propos du pseudo-danger de « l’islamo-gauchisme », à critiquer l’usage du pronom non-genré « iel » ou les repas végétariens à la cantine, elles ne pipent mot face à cette menace armée qui se précise de jour en jour. L’un des plus discret à ce sujet est le ministre de l’intérieur Gérald Moussa Darmanin dont on sait qu’il a eu quelques sympathies à l’égard de « Renaissance nationale », mouvement apparu en 1955 et héritier de l’Action française qui s’était compromise avec le régime de Vichy durant l’occupation allemande.

    La question n’est pas de savoir si ces groupes passeront à l’action mais quand. En attendant, les chaines d’information se passionnent pour des débats tels que « l’armée doit-elle intervenir dans les quartiers populaires ? » ou encore « faut-il tirer sur les réfugiés à la frontière polonaise. » On en est là.

    Akram Belkaïd

    Le Quotidien d’Oran, 27/11/2021

    #France #Extreme_droite #Eric_zemmour #Recolonisation

  • Les mensonges de M. Zemmour

    Tags : France, Eric Zemmour, extrême droite, Algérie, Colonialisme, Histoire, Mémoire,

    Si, durant la colonisation turque, le rythme de croissance de la population algérienne évolua naturellement malgré les expéditions punitives contre les résistants et les tribus réfractaires au paiement des impôts, il en fut autrement lors des premières années de la présence française. Un génocide en règle ! M. Zemmour ment quand il dit que la population algérienne a été multipliée par 10 entre 1830 et 1962. Au contraire, cette population, martyrisée et affamée, n’a jamais connu une courbe naturelle entre ces deux dates. Évaluée à 3 millions d’habitants en 1830, elle n’a augmenté que de 9 millions en presque un siècle et demi !

    Donc : multipliée par quatre et non par dix ! Autre précision pour notre «Berbère juif» : en 1962, l’espérance de vie était de 48 ans. M. Zemmour doit savoir qu’elle est actuellement de 78 ans !
    Encore un «méfait» de l’indépendance !

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    La dernière blague de M. Zemmour : la France a laissé en Algérie des hôpitaux, des routes, des écoles, etc. alors que les Turcs n’ont rien laissé du tout. Sur la seconde partie, je suis entièrement d’accord avec M. Zemmour : hormis prendre les impôts, épouser les belles Algériennes et utiliser le port d’Alger au profit des guerres ottomanes, les Turcs s’en f… royalement des Algériens. Mais nos tribus vivaient sur leurs terres qui n’avaient pas été volées. Car l’occupation turque ne fut pas une colonisation de peuplement ! En plus clair, si la France a construit hôpitaux, routes et écoles, ce n’était pas pour nos gueules ! Dépossédés de leurs terres, ruinés, affamés, massacrés, les Algériens vivaient en marge de la civilisation… Les réalisations françaises qui font la fierté de M. Zemmour étaient destinées aux Français !
    C’est l’indépendance qui donna au peuple algérien, dans son ensemble, l’accès au progrès social et au confort moderne. Pas la colonisation ! Pas du tout !

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    M. Zemmour, qui joue un one man show intitulé : «je suis candidat mais je ne le sais pas encore !», continue de multiplier les fausses vérités. Ainsi, il affirme que les parents des immigrés maghrébins, «venus des gourbis de leur bled, ont bénéficié de logements décents dès leur arrivée en France». Totalement faux ! Cette main-d’œuvre malléable et corvéable à merci, dont usait et abusait la France pour ses chantiers, n’a jamais pu accéder au stade de la dignité humaine. Parqués dans des foyers de triste mémoire, quand ils n’étaient pas entassés dans des bidonvilles aux noms qui sonnent comme une flagrante injustice dans la mémoire collective, ces immigrés n’ont accédé à des cités modernes qu’au cours de la seconde moitié du XXe siècle. Mais leurs problèmes de fond sont loin d’être réglés. Et la solution ne viendra sûrement pas d’un raciste nommé Éric Zemmour !
    Un conseil : rendez visite aux derniers chibanis. Ils vous raconteront…

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    M. Zemmour se considère comme un exemple parfait de l’étranger devenu français qui a su parfaitement s’intégrer dans son nouveau pays. Selon lui, ceux qui tiennent à garder leur identité d’origine seraient de mauvais citoyens. Et il va plus loin : ce semblant de pays d’où il vient (l’Algérie) a été inventé par la France ! Je laisse le soin aux psys d’analyser ce reniement extrême mais j’y lis les dégâts d’une idée fixe, une obsession : je suis tellement français et j’aime d’un amour fou la France et rien d’autre que même le territoire de mes aïeuls n’existe que grâce à… la France !
    À croire que le consul de France, et tous les autres diplomates en mission à Alger, du Moyen-Age jusqu’à 1930, se trouvaient sur une terre inconnue ! J’ai déjà cité Voltaire pour répondre à une bêtise semblable proférée par Macron. Le célèbre penseur français citait les grands philosophes de Madaure qu’il situait dans la régence d’Alger et pas en Papouasie Nouvelle ! Il se désolait que notre pays ne soit connu que par ses corsaires et pas par les lumières de Madaure qui, selon lui, constituèrent la «première école de philosophie après Atlas».

    L’Algérie existe en tant que peuple et État depuis l’Antiquité (Massinissa, Jughurta, Juba, Kahina, etc.) Si Macron et Zemmour font référence au nom «Algérie», il est certain que notre pays ne portait pas cette appellation, comme les territoires des Francs, Alamans, Burgondes, Wisigoths, n’étaient pas encore la France, ni la Lombardie, le Piémont Vénétie et la Sicile, l’Italie !
    Les ancêtres de M. Zemmour, juifs berbères vivant en parfaite harmonie avec les musulmans, doivent se retourner dans leur tombe devant tant de contrevérités historiques.

    On connaissait ceux qui renient leurs origines. Mais quand on nie même l’existence de là d’où l’on vient, allant jusqu’à considérer que c’est une «invention» d’une autre nation, il faut se faire soigner rapidement ! La France ne mérite pas d’avoir à sa tête un si piètre hâbleur !

    Mâamar Farah

    Le Soir d’Algérie, novembre 2021

    #France #Algérie #Elections_présidentiellles #Eric_Zemmour #Extrême_droite #Colonialisme #Histoire #Mémoire #Macron

  • Prix Sakharov: Soutien au candidat de l’extrême droite

    Prix Sakharov: Soutien au candidat de l’extrême droite – L’Espagne est accusée d’apaiser le Maroc après que Sultana Khaya ait été empêché de remporter le prix

    Le gouvernement espagnol et le groupe social-démocrate du Parlement européen sont sous le feu des critiques après qu’il ait été révélé que le bloc a soutenu un candidat d’extrême droite plutôt qu’un militant du Sahara occidental lors du récent vote pour le prix annuel Sakharov pour la liberté de l’esprit, qui a été remporté par le leader de l’opposition russe Alexei Navalny.

    L’Alliance progressiste des socialistes et démocrates de l’UE (S&D) a exhorté ses membres à voter pour l’ancienne présidente par intérim de la Bolivie, Jeanine Anez, proposée par le bloc d’extrême droite du Parlement, plutôt que pour la militante sahraouie Sultana Khaya, désignée par le groupe d’extrême gauche.

    Un courriel interne envoyé par l’eurodéputé croate Tonino Picula demandait aux membres S&D de la commission des affaires étrangères et du développement de voter pour Anez, proposée par le parti d’extrême droite espagnol Vox, membre du groupe des Conservateurs et Réformistes européens (ECR).

    « Pour des raisons tactiques visant à augmenter nos chances lors du vote final, nous vous demandons de bien vouloir soutenir le candidat ECR lors du second tour de scrutin maintenant », lisait-on dans l’e-mail de Picula, selon EUObserver.

    Ce changement est intervenu après que Khaya et Anez se soient retrouvés à égalité lors du premier tour de scrutin, à l’issue duquel un second tour a été organisé pour déterminer lequel des deux serait le troisième candidat de la finale. Le Bolivien a remporté le tie-break et s’est retrouvé finaliste.

    Le soutien du S&D à Anez a fait sourciller certains de ses collègues. La politicienne bolivienne est accusée d’avoir organisé un coup d’État contre son prédécesseur Evo Morales en 2019 et est actuellement emprisonnée pour « terrorisme, sédition et conspiration ». Lorsqu’elle était au pouvoir, Anez a été critiquée pour avoir gouverné d’une main de fer.

    Khaya, quant à elle, est un défenseur acharné de la cause sahraouie et est la présidente de la Ligue pour la défense des droits de l’homme et contre le pillage des ressources naturelles. Depuis novembre 2020, elle et sa famille sont assignées à résidence de facto, sans qu’aucune charge ne soit formellement retenue contre elle.

    « Le bloc socialiste a soutenu une candidate qui est fondamentalement contre nature, car il s’agit d’une proposition de l’extrême droite, et en raison de l’histoire d’Anez », a déclaré à Middle East Eye Miguel Urban, membre du groupe de gauche au Parlement européen.

    « Elle a participé à un coup d’État et, surtout, elle a été impliquée dans des cas de meurtre et de répression, ce qui est très grave. C’est un peu embarrassant pour l’UE et le prix Sakharov lui-même, car c’est un prix pour la liberté de pensée et les droits de l’homme. »

    En tant qu’ancienne puissance coloniale au Sahara, l’Espagne est impliquée depuis longtemps dans la politique du Sahara occidental.

    Des candidats improbables

    Le prix Sakharov est la plus haute distinction de l’UE en matière de droits de l’homme. Le lauréat reçoit 58 000 dollars. Alexei Navalny, opposant russe emprisonné, et un groupe de femmes afghanes et de défenseurs des droits de l’homme complétaient le trio qui se battait pour le prix. Navalny a remporté le prestigieux prix.

    « Nous savions tous que ni Anez ni Khaya n’avaient la capacité de remporter le prix, mais le fait d’être en finale revient à gagner une partie du prix, car cela apporte un certain degré de reconnaissance de la part du Parlement européen ainsi qu’une série d’engagements publics », a déclaré M. Urban, le député européen qui a proposé Sultana Khaya pour le prix.

    Comme de nombreux militants sahraouis, Khaya a fait les frais d’une répression et d’un contrôle constants de la part des autorités locales. Les forces marocaines ont été accusées de battre les militants, de les détenir et de les condamner dans le cadre de procédures judiciaires douteuses, de les surveiller, de les intimider, voire de les torturer.

    Des organisations internationales, dont l’ONU, Amnesty International et Human Rights Watch, ont condamné le traitement réservé par le Maroc aux militants sahraouis.

    Le 12 mai, une douzaine de membres masqués des forces de sécurité ont fait irruption au domicile de Khaya, l’ont agressée et ont violé sa sœur. Sa mère, âgée de 84 ans, a également été agressée et frappée à la tête à une autre occasion. Selon le média espagnol Publico, les forces de sécurité marocaines ont également infecté volontairement Khaya avec le Covid-19 en septembre.

    « Tout cela a moins pesé que les intérêts commerciaux et géostratégiques avec le Maroc. Parce qu’un changement de ces caractéristiques ne peut être compris idéologiquement, politiquement et formellement sans certaines pressions extérieures très fortes », a déclaré M. Urban.

    Tensions entre le Maroc, l’UE et l’Espagne

    Le rejet de la candidature de Khaya par le S&D a suscité des inquiétudes quant à d’éventuelles pressions exercées par le Maroc pour empêcher l’activiste sahraoui de participer à la finale.

    « Ils prétendent que la décision a été prise pour des raisons tactiques, mais je ne crois pas que ce soit le cas. Les raisons étaient politiques, ils voulaient empêcher l’élection d’un militant sahraoui pour ne pas contrarier le Maroc », déclare Ignacio Cembrero, le journaliste espagnol et ancien correspondant au Maghreb qui a été le premier à révéler l’histoire.

    Les relations entre le Maroc et l’UE ont été tendues ces derniers mois. En septembre, le Maroc a vu son accord commercial avec l’UE annulé en raison de sa dépendance apparente vis-à-vis des ressources du Sahara occidental, incluses dans l’accord sans leur consentement.

    Le courriel de Picula a été envoyé au nom du vice-président du groupe Pedro Marques, bien que des questions aient été soulevées quant à l’implication possible du gouvernement espagnol dans la décision du groupe, puisque le S&D est dirigé par l’Espagnole Iratxe Garcia, membre du Parti socialiste espagnol.

    Les relations de l’Espagne avec le Maroc sont également devenues de plus en plus tendues ces derniers temps. En juin, l’Espagne a provoqué la colère du Maroc en autorisant le chef du Front Polisario sahraoui à entrer dans le pays afin de recevoir un traitement Covid. En réponse, le Maroc a autorisé plus de 8 000 migrants à entrer dans l’enclave nord-africaine espagnole de Ceuta.

    Il s’en est suivi un conflit diplomatique qui a abouti au limogeage de la ministre espagnole des affaires étrangères de l’époque pour sa mauvaise gestion de la crise.

    Cembrero et Urban estiment que la décision du S&D de soutenir Anez aurait dû être approuvée par le ministère espagnol des affaires étrangères.

    « La décision du bloc socialiste, dirigé par Garcia, de soutenir Anez a très probablement été prise après consultation du ministère espagnol des affaires étrangères, qui s’efforce de normaliser les relations avec le Maroc », écrit Cembrero.

    Marques a nié que les questions diplomatiques avec le Maroc aient influencé la décision du S&D, déclarant à EUObserver que « le vote stratégique signifie seulement que si les votes de gauche ne sont pas divisés au tour final, il y a de bonnes chances que les femmes afghanes gagnent le prix Sakharov. »

    Picula n’était pas disponible pour un commentaire lorsque Middle East Eye l’a contacté. Un porte-parole S&D de Garcia a déclaré à Middle East Eye que le président du groupe n’était « pas au courant ni impliqué » dans la décision de soutenir Anez.

    Néanmoins, le raisonnement du bloc socialiste a suscité quelques doutes parmi les analystes et les eurodéputés.

    « Il n’est pas vraiment possible que la présidente du groupe ne sache pas que son vice-président donnait une instruction de vote aux membres. C’est une excuse donnée pour la presse », a déclaré M. Urban.

    Allégations d’apaisement

    Cembrero pense que cette affaire est le reflet d’un effort plus large de l’Espagne pour apaiser le Maroc.

    « Ce n’est pas un geste particulier, il s’inscrit dans un discours plus large des autorités espagnoles qui refusent de faire quoi que ce soit qui puisse contrarier le Maroc, ne permettant même pas à Khaya d’être nominée alors qu’elle n’aurait pas pu gagner », a-t-il déclaré.

    L’administration espagnole est consciente qu’elle doit faire preuve de prudence afin de rétablir les relations avec le Maroc, et se méfie également des répercussions potentielles sur la renégociation de l’accord commercial entre l’UE et le Maroc.

    « L’Espagne regarde ce qui s’est passé à Ceuta et ne veut pas le répéter, donc le facteur peur est assez important du point de vue de Madrid. L’attitude de l’ELespagne est d’essayer d’éviter les problèmes et de rester à l’écart de toute sorte d’accusations ou de représailles », a déclaré Jalel Harchaoui, chercheur et analyste politique à Global Initiative, qui pense également que le drame qui entoure le prix est davantage lié à l’Espagne.

     » L’Espagne ne veut pas être tenue pour responsable de quoi que ce soit qui pourrait jeter une lumière positive sur la résistance du Polisario au sein de l’UE, car le Maroc leur attribuera tout ce qui se passe concernant les appels potentiels sur l’accord commercial « , a-t-il déclaré à MEE.

     » Si Khaya avait gagné, cela leur aurait retombé dessus et ils ne veulent pas que le Maroc s’en prenne à eux car cela n’en vaut pas la peine. Ce n’est pas l’itinéraire le plus courageux, mais il capture l’humeur actuelle. « 

    Inigo Alexander

    Middle East Eye, 01/11/2021

  • Zemmour et consorts, mensonges et dérapages

    Zemmour et consorts, mensonges et dérapages – France, extrême droite, Eric Zemmour, Marine Le Pen, Emmanuel Macron, élections présidentielles, islamophobie, xénophobie,

    L’étranger est la cause. En fait celui qu’on classe comme étranger, en se basant non plus sur sa carte d’identité (française) mais sur sa culture d’origine. Et pour le prénommé Zemmour et tous les médias qui lui ouvrent grandes leurs portes, c’est l’islam la source depuis mille ans des dérapages, des maux qui affectent la France. En fait cette thèse est ancienne et relève de l’histoire événementielle qui monte en épingle des faits, vrais ou faux, pour en faire des causes profondes. Il en fut ainsi, avant l’islam, des Barbares qui auraient détruit l’empire romain, alors que l’histoire sociale a montré que l’empire s’est désagrégé sous le poids de ses contradictions internes, parce qu’il n’était plus compétitif et que l’esclavage qui était son ressort productif avait un coût qui imposait de passer à un autre mode de production (le servage).

    Les invasions barbares ont dans les faits apporté non seulement des techniques nouvelles avec elles, mais permis la mise en place de nouvelles institutions qui allaient faire par la suite le meilleur du moyen-âge européen. Dans l’idéologie occidentale l’islam a pris après la relève des barbares comme source de maux alors que tous les sauts et soubresauts ont des causes internes. En plus on a mis entre parenthèses l’épisode d’Alandalus, et toute la chaîne de transmission des lumières qu’ont constitué les travaux des savants arabes.

    Aujourd’hui on ressort la même rengaine oubliant que la France souffre d’un appareil productif défaillant qui la relègue loin dans la hiérarchie des pays développés. Alors la tête de turc qui se prête le mieux à la vindicte parce que le populaire apprécie ce discours, est celle de l’immigré.

    Le plus grave est que ceux qui savent se taisent et laissent cet individu et ses compères inoculer à un pays, qui fut, ce poison mortel de la haine.

    Mohammed Ennaji

    Source: Facebook

  • Un naufrage printanier

    Un naufrage printanier. L’approche de l’élection présidentielle d’avril 2022 aiguise les positions

    Pour une France tourmentée par les débats sur l’immigration, l’insécurité, les inégalités et les retombées de la crise du Covid-19, l’approche de l’élection présidentielle d’avril 2022 aiguise les positions. Il n’en va pas de même, selon qu’on se situe à droite ou à gauche, et même l’extrême droite découvre, avec effroi, qu’elle a, elle aussi, son âme damnée, avec un Eric Zemmour, devenu la mouche du coche.

    La cheffe du Rassemblement national a, désormais, le regard sur le rétroviseur car elle n’est plus aussi sûre de figurer au second tour, face à un Emmanuel Macron, donné favori du scrutin malgré une large désaffection de l’électorat, à la fois au centre-gauche et au centre-droit qui constituent, l’un et l’autre, son principal vivier. Mais c’est surtout le sort du Parti socialiste qui semble préoccuper les observateurs, la candidate Anne Hidalgo, maire de Paris, étant toujours à la peine pour convaincre les troupes, traditionnellement inscrites dans ce camp. Sa candidature, constatent-ils, ne «soulève pas les foules» et nombreux sont les socialistes qui font la moue à son sujet, dès lors qu’elle représente le centre-gauche du parti.

    Son aura politique est, d’ailleurs, circonscrite à la seule capitale et, dans tous les autres fiefs, on tarde à se positionner en sa faveur, au risque d’infliger au PS une nouvelle déconvenue, comme lors de la présidentielle de 2017, lorsqu’il s’est réveillé groggy, avec un score désastreux de 6% dont le candidat Benoît Hamon ne s’est jamais remis. L’échec consommé, malgré la promesse du revenu universel, il a quitté la vie politique et refusé, récemment, une invitation de la chaîne tv favorite d’Eric Zemmour.

    Dans un tel contexte, la tentation est grande pour beaucoup de basculer chez les Verts, voire carrément la France insoumise, en dépit du caractère fantasque de son chef de file, Jean-Louis Mélenchon. Il faut dire que les sondages ne laissent pas de marge à l’enthousiasme puisqu’ils créditent Anne Hidalgo d’un gain entre 4 et 7% qui montre combien son «projet de reconquête sociale, écologique et démocratique» reste méconnu.

    Son message à l’adresse des enseignants auxquels elle promet un doublement des salaires n’a pas encore fait tilt. Preuve que la barre fatidique des 5%, en-deçà desquels les frais de campagne ne sont pas remboursés par l’Etat, est loin d’être acquise. Le PS ayant dû vendre son siège historique, après la débâcle de 2017, survivra-t-il à un nouveau naufrage? Telle est la question pour laquelle nombreux sont ceux qui se frottent, déjà, les mains.

    Sans une identité politique forte et un projet viable, le parti de Mitterrand est, assurément, mal parti pour 2022.

    Chaabane BENSACI

    L’Expression, 28/10/2021

  • Pour Gérard Larcher, Zemmour est « un phénomène électoral »

    Pour Gérard Larcher, Zemmour est « un phénomène électoral ». « C’est un miroir que nous tendent des millions de Français, qui nous reprochent nos renoncements, notamment sur la question migratoire, l’insécurité et l’identité », dit-il»

    Il y a quelques semaines, les dirigeants de la droite française n’avaient pas de mots assez durs pour qualifier Éric Zemmour, qui attire un large public issu des Républicains. Surtout, il a été clarifié qu’il était hors de question que le journaliste puisse participer au Congrès LR qui se tiendra le 4 décembre prochain pour désigner le candidat officiel de la droite à la prochaine élection présidentielle. L’un des détracteurs les plus tranchants à l’égard de Zemmour était alors Gérard Larcher qui traitait le polémiste de «taliban».

    Aujourd’hui, un mois plus tard, et certainement du fait de la folle popularité de Zemmour au sein des militants et sympathisants LR, Larcher, comme d’autres, met de l’eau dans son vin. Le président LR du Sénat estime désormais que l’auteur d’«un suicide français» s’il «hystérise le débat» n’est pas raciste et est la conséquence des «renoncements» de la droite sur l’immigration et la sécurité, dans un entretien au Journal du dimanche. Interrogé sur le fait de savoir si Éric Zemmour était raciste, Gérard Larcher répond : «Non, mais je n’aime pas sa façon de réécrire l’Histoire. Il hystérise le débat. Il divise, il fracture, alors qu’il faut rassembler». Selon le sénateur, «il abîme la nation alors qu’il prétend la réhabiliter», or «la France, ça ne peut pas être : haïssez-vous les uns les autres». Par ailleurs, Gérard Larcher juge qu’Eric Zemmour «aborde de vraies questions». Par exemple, «nos capacités d’intégration et d’assimilation sont saturées», clame le parlementaire.

    Alors qu’Eric Zemmour n’est pas déclaré candidat à la présidentielle mais est donné par certains sondages au coude-à-coude avec Marine Le Pen pour rallier le second tour, Gérard Larcher reconnaît qu’il constitue «un phénomène électoral». «C’est un miroir que nous tendent des millions de Français, qui nous reprochent nos renoncements, notamment sur la question migratoire, l’insécurité et l’identité», explique-t-il. A ses yeux, «il n’y aurait ni phénomène Le Pen ni phénomène Zemmour si nous avions mieux traité ces questions». Gérard Larcher rend hommage au dernier président de la droite classique en date : «Quand Nicolas Sarkozy avait voulu ouvrir le débat sur l’identité nationale, on s’interrogeait, moi le premier. Mais il avait raison». Reste à voir si les cadres de la droite seront plus indulgents face à Zemmour pour ne pas heurter leur électorat qui est inexorablement attiré par le discours du journaliste, ou si au contraire, du fait de sa popularité parmi l’électorat LR, il sera combattu autant plus ardemment pour éviter que la base des électeurs du candidat officiel LR ne se fasse dévorer par le (probable) candidat Zemmour.

    Fouzia Mahmoudi

    Le Jour d’Algérie, 25/10/2021

  • La popularité de Macron en chute libre

    La popularité de Macron en chute libre. Il est rattrapé par les questions brûlantes inquiétant la société française en général et les électeurs en particulier.

    En retrouvant le niveau de sa cote de popularité au début de la pandémie sanitaire, après avoir perdu quatre points, selon un dernier sondage, le président Emmanuel Macron est rattrapé par les questions brûlantes inquiétant la société française en général et les électeurs en particulier, lui qui ces derniers mois s’est focalisé sur les questions intéressant l’électorat de l’extrême droite, pour s’assurer des voix, à la présidentielle.

    La chute de la cote de popularité du locataire de l’Elysée dont fait part le récent sondage de BVA pour Orange et RTL révèle selon des réactions et les lectures faites sur les résultats du dit sondage, la dégradation inquiétante des conditions socio-économiques des français, qui s’est manifestée bien avant la pandémie de la covid19, avec le mouvement des gilets jaunes, et que la situation sanitaire a aggravé davantage. Si pour certains experts qui se sont exprimés sur le sondage qui explique le recul de la popularité de Macron et de son Premier ministre, en raison des reproches qui leur sont faits, dont le non traitement des questions brûlante de la vie sociale, à l’origine de la « paupérisation des classes moyennes » et de l’appauvrissement davantage des couches déjà pauvres ou en difficultés, d’autres indiquent que l’abstention à la prochaine présidentielle sera le candidat difficile à dépasser. Alors que le sondage fait état de 74% de Français qui estiment que leur pouvoir d’achat a baissé ces dernières années, 43% pensent qu’il a beaucoup chuté ce qui met à mal la mise en avant du bilan sur les questions sociales et économiques du locataire de l’Elysée, Emmanuel Macron, s’il venait à se présenter pour la présidentielle prévue au printemps prochain.

    Autres statistiques qui révèlent le décalage entre ce qui intéresse les espaces politico-médiatiques et les préoccupations de la majorité des citoyens, celles indiquant que 73% des sondés ne veulent pas voir celui sur lequel les médias se focalisent, en l’occurrence Eric Zemmour, se présenter à la présidentielle 2022, ce qui est aussi un message au locataire de l’Elysée qui a endossé les questions de l’extrême droits, pensant donner un souffle à sa cote, qui après ses dernières sorties médiatiques, sur des questions ne figurant pas au premier plan des préoccupations des français, lui a encore fait perdre quatre points, selon le sondage en question.

    Pour des observateurs de la scène politique française, la présidentielle française en vue sera porteuse de surprises, non seulement en ce qui concerne ceux ou celles fait sont ou vont être de la course, mais sur ce qu’elle aura à révéler notamment sur le déphasage existant entre la classe politique et les français, particulièrement les jeunes, qui ne reconnaissent pas ni dans le discours politique ambiant ni dans l’offre politique. Le sondage qui fiat état que 45% des français, affiche fermement son opposition de voir, Eric Zemmour, produit du monde politico-médiatique, pour occuper et distraire la galerie, en vue de l’occultation des questions préoccupant la société française, la retraite, le chômage, la hausse des prix de l’électricité, la perte d’emploi, la précarité de l’emploi, les licenciements, ect…

    Des questions auxquelles les plateaux des chaînes privés françaises esquivent, en faveur des questions de l’agenda politique de l’extrême droite, sécurité, l’immigration, ect, reprises fortement aussi par la droite, dont le président Emmanuel Macron, sur fond de son bilan à l’Elysée, non satisfaisant pour ceux et celles qui l’ont élu sur ses engagements d’amélioration de la vie socio-économique des français et les question environnementales, ces dernières figurent faut-il le noter en tête de liste des attentes de la jeunesse française.

    Les mouvements de grèves annoncés ou observés, dont celui du secteur de la SNTF, l’augmentation des prix du carburant, point déclencheur, avant la pandémie du Covid19, le mouvement des gilets jaunes et des retraités .. Le pouvoir d’achat qui n’a cessé de dégringoler, depuis notamment 2017, fait partie des trois thèmes qui compteront le plus dans l’élection à venir.

    Dans sa dernière annonce lors du Conseil de Bruxelles, e 22 octobre dernier, relative à l’ «indemnité inflation » de 100 euros à plus de 56% de français, qui gagnent moins le 2000 euros mensuellement, visant selon le locataire de l’Elysée à réduire l’impact de la chute du pouvoir d’achat davantage, suite à l’augmentation du carburant, Macron a déclaré que « si on veut accompagner le pouvoir d’achat, mieux vaut avoir un instrument plus ciblé qu’un instrument général », mesure qui a suscité de vives réactions de l’opinion française, ne voyant pas cette mesure comme solution au problème de la chute du pouvoir d’achat qui ne cesse de se dégrader.

    Aussi l’opposition et certains spécialistes critiquent la mesure. Les salariés devront attendre décembre pour la toucher de la part des employeurs, alors que les retraités, les indépendants, les apprentis, les étudiants boursiers et ceux fiscalement autonomes touchant moins de 2.000 euros, la recevront entre janvier et février.

    Karima Bennour

    Le Courrier d’Algérie, 25/10/2021

  • La Trumpisation de la France

    La Trumpisation de la France. Selon un nouveau sondage, Éric Zemmour obtiendrait 17 % des voix s’il se présentait à la prochaine élection présidentielle.

    Selon un nouveau sondage qui a provoqué une onde de choc en France, Éric Zemmour, essayiste d’extrême-droite et présentateur de télévision, obtiendrait 17 % des voix s’il se présentait à la prochaine élection présidentielle. Cela le place en deuxième position, devant Marine Le Pen du Rassemblement national d’extrême droite.

    Connu depuis le début des années 2000 pour ses apparitions télévisées populaires et sa chronique régulière dans le journal conservateur Le Figaro, M. Zemmour est devenu un acteur important dans un jeu politique qu’il espère déstabiliser – bien qu’il reste vague quant à sa propre candidature éventuelle à la présidence. Son mégaphone politique est CNews, une chaîne de télévision influente soutenue par le milliardaire Vincent Bolloré, l’un des principaux propriétaires du groupe Vivendi. Bien que ses programmes les mieux notés n’attirent généralement pas plus de 800 000 téléspectateurs, CNews a doublé son audience en quatre ans, ce qui la place en deuxième position parmi les quatre chaînes d’information en continu de France.

    Le modèle économique de l’entreprise combine la couverture de l’actualité avec des commentaires et des débats qui simplifient des questions complexes, avec souvent des positions extrêmes. La clé du succès récent de CNews et de Zemmour est qu’ils ont bien appris une leçon de Donald Trump : soyez extrêmes et provocateurs. Le dernier coup d’éclat de Zemmour, par exemple, a été d’appeler à l’interdiction des noms « étrangers » comme Mohammed.

    Alors que l’extrême droite française fait une fixation depuis 30 ans sur l’islam, l’immigration, les échecs scolaires et le prétendu déclin de la civilisation française, la rhétorique extrémiste de Zemmour a mis ces questions au premier plan. « Extrémiste » n’est pas un euphémisme : ces dernières années, Zemmour a été condamné à deux reprises pour discours de haine et incitation à la violence raciale.

    Zemmour insiste sur les mêmes sujets incendiaires dans son nouveau livre, La France n’a pas dit son dernier mot. En faisant l’amalgame entre l’islam et l’islamisme, il espère stigmatiser l’ensemble de la religion et attiser l’opposition à l’immigration. Il affirme que les immigrants musulmans vont « envahir » et submerger les habitants natifs de l’Europe, et que « l’islamisation des rues des villes » par les nouveaux « colonisateurs » menace la survie de la nation française. « Aucune petite ville, aucun petit village de France n’est à l’abri de groupes sauvages de gangs tchétchènes, kosovars, maghrébins ou africains qui volent, violent, pillent, torturent et tuent », écrit-il.

    Il n’est pas surprenant que Zemmour déforme l’histoire de manière flagrante. Le régime de Vichy, allié des nazis, a, selon lui, « protégé les Juifs français » pendant la Seconde Guerre mondiale. Sa misogynie et son homophobie agressives sont également de rigueur.

    Zemmour souhaite que ces thèmes soient au centre du débat lors de l’élection présidentielle du printemps prochain. Le Conseil supérieur de l’audiovisuel a déjà décidé de le traiter comme un candidat, en contrôlant son temps d’antenne afin qu’il ne puisse pas prétendre à plus que les autres candidats.

    Le phénomène Zemmour inquiète les partis politiques français de tout le spectre politique, mais pas pour les mêmes raisons. Il concerne Le Pen parce qu’elle espère être la candidate représentant l’extrême droite. Traditionnellement, le vote protestataire en France est divisé entre les populistes et les abstentionnistes, et au moins jusqu’à l’élection de 2017, cette tendance favorisait principalement son parti.

    Pour se présenter comme une candidate légitime à l’élection présidentielle de 2017, Mme Le Pen a modéré le message du parti et s’est distancée de son père (le fondateur et ancien dirigeant du parti) et de sa rhétorique réactionnaire, raciste et antisémite. L’année suivante, elle a même changé le nom du parti. Mais la modération n’a pas été bien accueillie par une grande partie de sa base, dont une part importante a fui vers Zemmour. Un sondage publié le 28 septembre indique que le soutien à Le Pen se situe autour de 16 %, contre 28 % au premier tour de l’élection présidentielle de 2017.

    Zemmour inquiète également le parti traditionnel de centre-droit, Les Républicains. Alors que de nombreux conservateurs français seraient gênés de voter pour le Rassemblement national à la lumière de son passé antisémite, ils pourraient considérer Zemmour, un juif sépharade, comme un porte-parole acceptable de la position de la droite contemporaine sur l’immigration.

    Plus trompeur encore, Zemmour s’est également posé en champion du gaullisme, reprenant trois des thèmes favoris de Charles de Gaulle : l’indépendance nationale, la politique sociale et l’idée d’une France chrétienne. En jouant sur les frontières fluides entre la droite et l’extrême droite, il prend des voix aux Républicains que Le Pen n’aurait jamais pu espérer gagner.

    Mais si une candidature de Zemmour pourrait nuire à la droite, elle pourrait aussi la servir. Si Zemmour fait reculer Le Pen, un autre candidat de droite, tel que Xavier Bertrand, actuellement favori des sondages, pourrait l’emporter en tant que challenger du président Emmanuel Macron au second tour de l’élection. Macron aurait beaucoup plus à craindre dans un second tour contre Bertrand, un candidat qui pourrait revendiquer un large soutien, y compris de la part des électeurs de gauche et centristes qui veulent à tout prix empêcher un second mandat de Macron.

    Macron pourrait également souffrir de l’effet négatif que les thèmes d’extrême droite auront sur l’ensemble du débat. Il voudra mettre en avant ses réalisations économiques et sociales, ses mesures en matière d’éducation et ses convictions pro-européennes. Mais cela ne sera pas facile lorsqu’il fera campagne contre un adversaire qui n’a que  » l’islam  » et  » l’immigration  » à la bouche.

    Reste à savoir si Zemmour se présentera. Certains analystes doutent qu’il puisse réunir les soutiens nécessaires d’au moins 500 maires. Mais les 17 % d’électeurs français qui soutiennent sa candidature ne peuvent être ignorés. Une part importante de l’opinion publique est clairement désabusée par les élites politiques actuelles.

    Quelle que soit la décision de Zemmour, il a, avec CNews et d’autres médias de droite, modifié le débat, obligeant tous les candidats à se concentrer sur l’immigration et la criminalité. Macron, lui aussi, a dû s’adapter, comme en témoigne sa décision d’imposer des restrictions strictes aux autorisations de visa pour les ressortissants marocains, algériens et tunisiens. Sans être encore candidat, Zemmour est déjà une force dans l’élection de l’année prochaine.

    Bénédicte Berner, politologue qui a donné des conférences sur les médias et la démocratie à l’Université de Harvard et à Sciences Po.

    Project Syndicate, 20-Oct-2021

  • Macron a perdu les Français et n’a pas conquis les Algériens

    Macron a perdu les Français et n’a pas conquis les Algériens. La crise provoquée par Macron a uni les visions des milieux politiques et médiatiques en Algérie contre la France.

    L’un des avantages de la crise provoquée par le président français Emmanuel Macron, au niveau des relations algéro-françaises, est qu’elle a unifié les visions des milieux politiques et médiatiques en Algérie dans le traitement de l’ancienne puissance coloniale, contrairement à ce qui se passe sur la rive nord de la Méditerranée, qui connaît une grave rupture dans le traitement de ce dossier brûlant.

    Alors que les Algériens se sont rangés derrière une position unifiée, car ce qui a été émis par le président français est une déviation inacceptable qui appelle à revoir la nature des relations bilatérales et à les reconstruire sur la base de l’égalité. Ses positions ne sont pas calculées.

    L’expression la plus éloquente de la scène française est ce qu’écrit le journal d’investigation MediaPart, qui s’en prend à Macron : « Après avoir été trompé par son aveuglement sur la réalité du régime, et sa déception de voir des obstacles inattendus se dresser contre sa volonté de tourner la page de la mémoire, égaré par les conseils d’une cellule diplomatique éparpillée partout, le président a déclenché avec « l’Algérie une crise diplomatique sans précédent ».

    La radio « France Inter » a qualifié de « terrible » ce qui se passe entre les partis politiques notamment à propos des rapports de la France avec l’Algérie. » « La gauche anticoloniale refuse la fausseté de la vérité historique sur la répression, et la droite refuse ce qu’elle appelle une politique de repentance qui nous affaiblirait », écrit-elle sur son site internet, tout en commentant la position de Macron sur le passé colonial de son pays.

    C’est l’approche dessinée par « France Inter » à propos de la démarche du président français concernant les événements sanglants du 17 octobre 1961 à Paris. Quant au quotidien « Le Figaro », connu pour ses tendances de droite, il estime que la meilleure solution pour surmonter la tension au niveau de l’axe Alger-Paris est d’établir « des relations équilibrées basées sur la réciprocité ».

    Les ennuis de Macron ne se sont pas arrêtés aux critiques des différents médias français, mais ont également fait l’objet d’une violente attaque de la part des politiciens français, notamment les personnalités qui ont décidé de se présenter aux élections présidentielles qui devraient être organisées en avril prochain.
    La chef de file de l’extrême droite, Marine Le Pen, candidate vétéran à la présidence française, n’est pas passée à côté des récentes déclarations de Macron, qui ont été reprises dans le communiqué publié par l’Élysée, tout comme les candidats potentiels du « Parti républicain », la droite, Michel Barnier et Valérie Pecresse, qui ont exprimé leur rejet de ce qu’ils appellent « une excuse constante » du président français pour l’Algérie sur le sombre passé colonial de son pays.

    Ils estiment qu’Emmanuel Macron « est allé trop loin », en parlant de crimes « injustifiés pour la République française », en référence aux horribles exactions commises par la police française sous l’autorité du préfet criminel Maurice Papon, et ils pensent qu’il faut mettre fin à ce que Marine Le Pen appelle « la repentance répétée », qu’elle considère comme « des insultes répétées de l’Algérie à son pays ».

    Les critiques de la politique et des positions de Macron insistent pour souligner que les victimes étaient des deux côtés, et cette introduction n’était rien d’autre qu’une tentative des candidats de droite d’établir la conviction que si des excuses sont nécessaires, elles doivent venir des deux côtés, ce qui est rejeté par la gauche française, ou ce que certains appellent la « gauche éduquée », qui reconnaît l’entière responsabilité de l’État français dans les crimes hideux qui ont eu lieu dans l’ancienne colonie.

    Mohamed Mouslim

    Echourouk online, 20/10/2021