Étiquette : extrême droite

  • France : La tribune des généraux ou la victoire du “Zemmourisme”

    Par Jacob Cohen
    On peut dater cette doctrine de 1983, l’année où des dizaines de milliers de Maghrébins avaient organisé la « marche des beurs » pour clamer leur amour de la France, leur volonté d’intégration, dans un esprit d’égalité et de fraternité, débarrassé des réminiscences de la colonisation et des tares discriminatoires qui y étaient attachées.

    Mais le lobby judéo-sioniste ne l’entendait pas de cette oreille. Bernard-Henri Lévy et ses acolytes lancèrent immédiatement SOS Racisme, une association placée sous la tutelle de l’Union des étudiants juifs de France, pour monopoliser le combat des beurs et s’accaparer des subventions qui auraient dû leur revenir.

    L’objectif de ces « sayanim » travaillant aux ordres du Mossad était d’empêcher les Maghrébins qualifiés de s’intégrer dans les rouages importants de la République, d’occuper des fonctions d’influence dans les médias, l’édition, la publicité, la finance, la politique, la culture, afin que la France reste ancrée dans le camp occidental et un allié sûr d’Israël.

    Le « Zemmourisme » consistait dès lors à contenir (à l’image du containment contre le bloc communiste) les Maghrébins, à les rendre invisibles, à les harceler pour leur faire prendre conscience qu’ils sont seulement tolérés dans le pays, à ne leur laisser le choix qu’entre la soumission ou la révolte violente, à les pressurer dans le moule de la laïcité, à les humilier en leur imposant d’être représentés par un imam ignare et débile, à imposer à leurs enfants la mémoire de la Shoah au détriment de celle de la Nakba.

    Et lorsque ces Maghrébins se replient forcément pour se protéger, à les accuser de « séparatisme ». Accusation lancée déjà dès 2002 avec le livre « Territoires perdus de la République » écrit par des « sayanim ».
    On doit reconnaître que ceux qui ont lancé cette opération ont grandement réussi.
    Le « Zemmourisme » s’est imposé dans pas mal de médias et surtout dans une bonne partie de la Droite française. L’establishment franchouillard ne s’est jamais vraiment débarrassé de ses préjugés coloniaux et du traumatisme de la défaite algérienne.

    Même le gouvernement se sent obligé de prendre le train en marche et de prendre des mesures contre le « séparatisme » musulman, de plus en plus répressives et humiliantes voire illégales comme d’empêcher les mères voilées d’accompagner les sorties scolaires, mesures pudiquement travesties en dispositions pour la défense de la laïcité.

    Faut-il s’étonner de l’aveuglement de cette classe politique, qui n’a rien compris à la manœuvre de la clique « zemmourienne » ?

    Ce n’est pas la première fois qu’elle passe à côté d’une circonstance historique pour le bien de la France. Obsédée par ses rancœurs historiques et la nostalgie d’une ancienne gloire irrattrapable.
    Elle aurait tout à perdre d’un conflit profond et irréductible avec la très forte minorité musulmane. Tant de talents prêts à travaillés pour le pays, mais qui sont rejetés, dénigrés, humiliés. Mais elle continue à rêver d’une espèce de « purification ethnique » qui la ramènerait à sa grandeur blanche et catho.

    Les généraux qui ont publié leur lettre ouverte tombent malheureusement dans le même panneau. Certes la situation du pays est catastrophique à plusieurs égards. Et les motifs de révolte ne manquent pas. Pensons à la perte de souveraineté de la France à laquelle ils auraient dû être plus sensibles.

    La France a réintégré l’OTAN pour être à la remorque de l’Amérique et faire le sale boulot en Afrique ou au Moyen-Orient pour le compte d’intérêts qui la dépassent. Les généraux auraient pu s’inquiéter du désastre économique qui a ravagé le tissu social, entraînant la fermeture des sites industriels, de centaines de maternités, de dizaines de milliers de lits d’hôpitaux, du réseau ferroviaire et des services publics. Ces galonnés n’ont jamais réagi aussi fortement à la situation matérielle catastrophique de leurs troupes et des matériels militaires. On aurait aimé les entendre sur la gestion erratique et mensongère du Covid et son lot de désastres humains.

    Mais non, ils s’inquiètent de « racialisme », de « haine entre communautés », de « théories décoloniales », de « hordes de banlieue ». Ils veulent remettre de l’ordre dans cette chienlit sans aucune analyse historique de fond, avec une menace à peine voilée d’une intervention hors du cadre constitutionnel. Peut-être est-ce déjà la mise en œuvre de l’opération « Ronces » annoncée il y a quelque temps par Eric Zemmour et qui suggérait d’appliquer dans les banlieues françaises les méthodes répressives de l’armée d’occupation sioniste. Hasard ou pas, des syndicats de police viennent de demander que « dans le cadre de l’état d’urgence, il faut procéder au Bouclage des 600 territoires perdus de la République, y compris avec le renfort de l’Armée, en contrôlant et en limitant les entrées et sorties de ces zones par des Checkpoints sur le modèle israélien de séparation mis en place avec les territoires palestiniens. »

    Il semble que nos généraux veuillent rejouer une nouvelle Bataille d’Alger, à l’échelle de la France. Enfin une bataille qui semble à leur portée. Quelle fut déjà la dernière guerre que l’armée française a remportée sans aide étrangère ? Les généraux oublient que la Bataille d’Alger, si elle fut un succès opérationnel colonial, elle s’est terminée par un flop politique et diplomatique. Mais ces subtilités doivent leur échapper.

    Pendant ce temps, ce sont Zemmour et sa clique judéo-sioniste ainsi que le Mossad qui les dirige, qui se frottent les mains qui sur les décombres de la France.

    Algérie54, 9 mai 2021

    Etiquettes : France, Eric Zemmour, extrémisme, extrême droite, bataille d’Alger, OAS, généraux, armée,

  • Si l’extrême droite arrivait au pouvoir en France

    Par Mohamed Habili

    Il était question hier de la crise dans laquelle plongerait sûrement la France si au lieu du président sortant, c’est la candidate d’extrême droite qui était élue à la présidentielle de l’année prochaine. Le cas échéant, ce ne serait pas non plus sans danger sur nous. C’est d’ailleurs là la raison principale de l’intérêt particulier que nous portons à cette élection. L’extrême droite française est en effet un regroupement de nostalgiques inconsolables de l’Algérie française. Si elle arrivait au pouvoir et qu’une opportunité s’offrait à elle, nul doute qu’elle ne manquerait pas de nous nuire. Déjà que le gouvernement actuel travaillait jusqu’à récemment à nous déstabiliser sans trop s’embarrasser de scrupules, si bien que les autorités algériennes ont menacé d’expulsion son représentant à Alger, lequel semble s’être calmé depuis.

    La prochaine élection présidentielle en France est autant dire une question de vie ou de mort pour ce pays. Pendant la campagne électorale, qui du reste a déjà commencé, il sera à peine question de l’Algérie, mais soyons certains qu’elle sera à tout moment dans les esprits. Elle y sera parce que l’extrême droite y pense sans arrêt pour sa part. C’est même cette hantise du paradis perdu qu’elle représente pour elle qui en fait un cas à part dans la fachosphère européenne.

    Il ne faut jamais perdre de vue ce qui s’est déjà produit, car autrement il se répétera, et sous une forme malgré tout reconnaissable. Toute l’idéologie de l’extrême droite est dans la désignation d’un bouc émissaire comme la cause de tous les maux du présent. C’était le Juif dans les années 1940. C’est l’immigré maghrébin et africain aujourd’hui. L’extrême droite revenue au pouvoir fera ce qu’a fait le régime de Vichy, dont elle procède, à peine celui-ci installé.

    Sa première cible sera ce qu’elle appelle les Français de papiers, qu’elle voudra dépouiller de leur nationalité française pour mieux les expulser ensuite. C’est ce qu’a fait le régime de Vichy avec les Juifs d’Algérie naturalisés dès 1870 de par le décret Crémieux. Non seulement il leur a enlevé la nationalité française, mais il a incité les non-Juifs à s’emparer de leurs biens. Pas un Algérien n’a pris un bien à un Juif. Les Oulémas ont pris les devants d’ailleurs en émettant une fatwa interdisant ce crime.

    Les fascistes d’aujourd’hui arrivant au pouvoir en France s’en prendraient aux Arabes, comme à ceux qui pour eux leur sont assimilables. Un fasciste n’est pas un fasciste s’il n’est pas raciste et brutal. S’il n’est pas ennemi du genre humain. La haine du plus faible parce qu’il est le plus faible, tel est son ADN, sa nature profonde, son identité politique. Dans la première tribune des généraux, puisqu’une deuxième serait en préparation, il a été question de “hordes de banlieue” à mater, à réduire. Tout est là : le bouc émissaire et le sort affreux à lui réserver.

    L’extrême droite commettra par les temps qui courent des crimes non moins horribles que ceux du passé si l’occasion s’en présente, dans quelque pays que ce soit, en France ou ailleurs. Il se trouve qu’en France, il y a un précédent. Elle ne sera pas prise au dépourvu, elle en particulier. Nous autres Algériens, Maghrébins et Africains, aurons de bonnes raisons de nous estimer directement menacés par l’extrême droite au pouvoir en France. Il nous sera impossible de garder les mêmes relations avec elle.

    Le Jour d’Algérie, 09 mai 2021

    Etiquettes: France, Algérie, extrême droite, fascisme, racisme, xénophobie, régime de Vichy, haine, arabes, musulmans, noirs,

  • « Raciste, la France n’est pas à toi! »

    Tribune écrite en commémoration de l’assassinat du Jeune Brahim BOUARRAM par des fachos de Génération Identitaire

    On est obligé de le voir, de l’entendre, pour le croire.

    Alors voilà…

    « Nan mais tu comprends, Brahim, faut pas croire.

    C’est juste une minorité.

    Rien à voir avec la France des lumières

    Rien.

    Tu comprends ?

    Des marginaux.

    Des extrémistes.

    Oublie… »

    Non, on n’oubliera pas !

    Indigeste de confier en 2019 comme depuis 1995, à ceux qui ont enfanté les assassins de Brahim Bouaram(*) un 1er Mai 1995, nos lieux de mémoires, nos villes, nos identités régionales, nos histoires communes, notre espace du vivre-ensemble.

    Pas plus que je ne tolère les autres fachos;

    Ceux qui, à quelques mètres de là, bouffaient de l’ »immigré », de l’ »arabe », du « musulman », du « noir » ou du « pédé »…
    Il m’en manque sûrement, désolé, j’ai pas encore l’habitude…

    Pas plus que je ne vais supporter d’écouter longtemps, encore, les gros malins qui nous jouent le grand numéro de la « légalité », bafouée par la « une droite qui s’extrémise » ou un « socialisme qui se renie».

    Et qui, du coup, justifient l’injustifiable et toutes les « provocations »; la provocation, ce mal de l’époque, la liberté d’expression, ce prétexte si commode pour blesser.

    Ce sont des complices d’un assassinat qui défileront, Place Jeanne D’Arc c’est ça ?

    Dans ce cas, je m’incline et je rentre chez moi.

    Mais, au fait, c’est où maintenant, chez moi. Chez nous ?

    Où devons-nous aller, nous claquemurer, pour que nos mômes n’entendent pas et ne voient pas ces attardés ?

    Faut-il jeter sa télévision, fermer la radio, verrouiller Internet, brûler les journaux ?

    Et puis, aussi, pourquoi pas, les sortir de l’école, les mômes, un de ces jours ?

    Baisser les yeux et puis la tête.

    J’exagère ?

    C’est moi qui exagère ?

    Bah non, je ne crois pas.

    Il faut atterrir. Et arrêter de se mentir.

    Tous ceux, autant qu’ils sont, qui ont accepté de défiler dans nos rues derrière ces slogans racistes qui se veulent « dédiabolisés », le sang sur leurs mains, même à distance de ces assassins, sont responsables et comptables de ce que nous avons vu et entendu le 1er Mai 1995.

    Tous ces gens qui sont le magma d’une colère juste et qu’il salissent par l’assassinat d’un être humain, juste parce qu’il est différent, participent du climat infect de notre pays.

    Parce que c’est notre pays.

    Pas seulement le leur.

    Raciste, antisémite, homophobe… la France n’est pas à toi.

    Maintenant, il faut que chacun prenne ses responsabilités et que l’on arrête de tout confondre.

    Qu’au prétexte de la provocation et de la légalité de la bête immonde, on finisse par accepter de laisser filer des actes assassins.

    Non on ne peut pas tout laisser faire

    La colère, la notre, quelque soit notre couleur, quelque soit notre ethnie d’origine à bon dos.

    Il est temps de répondre.

    Et à haute et intelligible voix.

    (*) Brahim Bouarram, un Marocain né en 1965, est poussé le 1er mai 1995 dans la Seine à proximité du pont du Carrousel à Paris, par des militants provenant des rangs de la manifestation annuelle du Front national en l’honneur de Jeanne d’Arc.

    Le fleuve est en crue et le courant assez fort ; ne sachant pas nager, il se noie. Il avait 29 ans et était père de deux enfants.

    Le président de la République François Mitterrand vint alors se recueillir sur les berges de la Seine, à la verticale du pont du Carrousel, à l’endroit précis où Brahim Bouarram a été jeté dans le fleuve, le 3 mai au cours d’une manifestation regroupant 12 000 personnes entre les deux tours de l’élection présidentielle.

    L’accusé principal, âgé de 19 ans au moment des faits, est condamné le 15 mai 1998 par la Cour d’assises de Paris à huit ans de prison ferme.

    En 2003, le maire de Paris Bertrand Delanoë, au nom des citoyens parisiens, a honoré sa mémoire et celle de toutes les victimes du racisme par la pose d’une plaque commémorative sur le quai rive droite, en amont du pont.

    Mohamed BENTAHAR

    Facebook, 01 mai 2021

    Etiquettes : France, racisme, ségrégation raciale, discrimination, fascicme, extrême droite, extrémistes, Génération Identitaire, Brahim Bouarram, Front National,

  • France : Les nouveaux centurions

    par Abdou BENABBOU

    Curieuse et intrigante sortie de la vingtaine de généraux français à la retraite qui dans un communiqué annoncent qu’ils sont à la disposition du sauvetage de la France. Le grand pavé balancé au cœur de la société française suppose des concertations préliminaires poussées et qu’une partie de l’élite militaire dont des généraux de corps d’armée a décidé de se mettre à l’avant-poste de la scène pour, affirme-t-elle, défendre la France et sa civilisation. Le parallèle avec le putsch contre Charles de Gaule avorté du mois d’avril d’il y a soixante ans par les Salan, Challe, Jouhaud et consorts a été inévitablement établi sauf que là il ne s’agit pas de sauver l’Algérie française, mais de sauver la France elle-même. Rétropédalage ahurissant d’une histoire déroutante quand le constat livre des travers cachés des grandes puissances de ce monde toujours prolixes pour donner des leçons de bonne tenue. Quand l’économie suffoque, les aventuriers envahissent un parterre propice à de particulières défections. Les extrêmes se déploient et nourrissent les intégrismes.

    On sait de quoi il retourne et de quoi il s’agit. Malgré le détour pris des mots et l’achalandage exagéré de la prose sur les libertés religieuses, la démocratie française a du mal à vaincre ses vieux démons et il se trouvera toujours quelques flibustiers de mauvaise facture pour se manifester. «Valeurs actuelles» étant l’écusson des va-t-en-guerre et des crânes tatoués et rasés, il se prête volontiers à être le support des philosophies des extrêmes. Il participe avec les Zemmour, les Le Pen et compagnie à larder les croix pensant faussement viser les minarets.

    Malheureuse et infortunée France qui vient à l’évidence d’être sérieusement égratignée ! Serait-elle si faible et si mal gouvernée pour que des centurions séniles en mal d’ivresse et d’aventures se croient en droit de bousculer l’aura supposé de leur pays ?

    L’air n’y est pas à la sérénité. Comme dans la majorité des ailleurs le temps est de plus en plus dans le recul des intelligences et des concordes.

    Le Quotidien d’Oran, 29 avr 2021

    Etiquettes : France, généraux, islamophobie, Charles de Gaule, extrémisme, Valeurs Actuelles, extrême droite,


  • Un général français souhaite la mise à la retraite des officiers signataires

    Pour la première fois depuis la retentissante tribune parue dans Valeurs Actuelles, le général François Lecointre, chef d’Etat major des armées, s’exprime. Il nous parle des sanctions venir pour les généraux et pour les soldats d’active signataires.

    Le 21 avril, d’anciens militaires, dont une vingtaine de généraux, dénonçaient dans une tribune au style factieux parue dans « Valeurs actuelles », le « délitement » du pays, suggérant que l’armée pourrait passer l’action. Ce mercredi, 8 000 soldats l’avaient signée. Tollé politique, soutien de Marine Le Pen, opprobre de la gauche… Les mesures l’encontre des meneurs seront sévères, annonce le général François Lecointre.

    Comment avez-vous réagi a cette tribune ?

    Général François Lecointre. Je me suis d’abord dit qu’elle ne présentait pas grand intérêt, et ensuite que ses auteurs savaient très bien qu’ils prenaient un parti pris politique. Cela, je ne peux pas l’accepter, car la neutralité des armées est essentielle. Enfin, j’ai été choqué d’y lire un appel a l’armée d’active : ça me révulse absolument.

    Vous connaissez ces signataires ?

    Certains, oui, en particulier le général en retraite Piquemal (NDLR, ancien général 4 étoiles de la Légion étrangère), connu pour ses engagements politiques. Pour l’essentiel, ce sont des gens qui ont quitté l’armée il y a 20 ou 30 ans, que ma génération d’officiers n’a pas connus.

    «Guerre civile» et tribune d’ex-militaires : qui sont les signataires ?

    Ce texte reflète-t-il quelque chose de l’armée ?

    Il ne reflète en rien l’état d’esprit des armées aujourd’hui. L’armée est républicaine, elle n’est pas politisée, combat tous les jours pour son pays. Elle est a l’image de la société française. Contrairement aux fantasmes que certains entretiennent, elle est très diverse socialement. C’est le billet de gens a la retraite, qui ont une vision décalée de la réalité de nos engagements : je leur dénie le droit de porter un jugement sur ce que nous sommes ! C’est une tentative de manipulation de l’armée inacceptable. Si ces gens veulent s’exprimer, qu’ils le fassent en leur nom, sans mettre en avant leur qualité d’ancien militaire ou leur grade.

    je leur dénie le droit de porter un jugement sur ce que nous sommes ! C’est une tentative de manipulation de l’armée inacceptable. Si ces gens veulent s’exprimer, qu’ils le fassent en leur nom, sans mettre en avant leur qualité d’ancien militaire ou leur grade. Quand on est général en 2e section, on s’engage statutairement a respecter le devoir de réserve.

    La ministre des Armées, Florence Parly, a annoncé un recensement des signataires : y a-t-il des soldats d’active ?

    On est en train de faire ce recensement. Aujourd’hui, on dénombre 18 personnes en activité – dont quatre officiers – parmi les signataires, sur 210 000 militaires en activité.

    Echououk online, 29 avr 2021

    Etiquettes : Généraux, Valeurs Actuelles, signataires, Islamophobie, Islam, extrême droite, armée française,

  • Sarah Halimi-Mohamed el Makouli : il y a des morts qui sont plus égaux que d’autres.Sarah Halimi-Mohamed el Makouli : il y a des morts qui sont plus égaux que d’autres.

    Jacques-Marie BOURGET

    Le 14 janvier 2015, près d’Avignon, Mohamed el Makouli est victime d’un crime raciste. Tué de 17 coups de couteau. Un an plus tard la justice se déclare incapable de juger l’assassin « irresponsable au moment des faits » , (sous l’emprise de la drogue). Chaque français, et c’est tant mieux, a été informé du crime raciste dont est morte Sarah Halimi, martyrisée, elle aussi, par un drogué. Ce drame a été à l’origine de multiples protestations et prise de parole, de projets olitiques. Parfait. Ce qui me tracasse, c’ est de comprendre pourquoi ceux qui, à juste titre, défendent la mémoire de Sarah Halimi ont oublié de célébrer celle de Mohamed el Makouli ? Les hommes sont étranges.

    Le mieux étant l’ami du mieux, je vais reprendre l’entretien accordé au site Internet « al Kanz ». Celle qui parle-là, Nadia el Makouli, a vu son mari être poignardé de dix-sept coups, donnés par deux couteaux. Le crime a eu lieu au Beaucet, village de l’est du Vaucluse qui connait les vraies valeurs puisqu’aux élections régionales de 2015, ses électeurs ont voté à 49,71 % en faveur de Marion Maréchal. Bien sûr qu’en cette période où la chasse à l’islamo-gauchiste ne nécessite pas de permis, je vois les traqueurs de fake news avancer derrière leur masque de sachants. Comme l’incroyable Haoues Seniguer, prêt à tout pour trouver un lambeau de gloire médiatique et qui qualifie « al Kanz » de site faisant partie d’une sphère Internet « islamistes néo-salafiste ». Mais lui, collaborer au sein de « Conspiracy Watch » avec un ancien préposé aux écritures de la ville de Paris, Rudy Reichstadt, pour louer de consert la si douce et juste politique d’Israël, ne le gêne nullement. Donc si jamais des avis du triste sieur Haoues vous viennent jusqu’aux oreilles, jetez-les.

    L’important est d’écouter, trois semaines après ce crime commis le 14 janvier 2015, d’écouter donc Nadia el Makouli. Elle rapporte ce dont elle a été témoin :

    « Après être rentré de chez le médecin chez qui il emmena notre fils malade, Mohamed, comme il avait l’habitude de le faire, passa à peu près une heure au téléphone avec sa sœur qui vit en Vendée. Puis il s’est rendu à la mosquée pour la dernière prière, la prière de l’ichaa. En rentrant, c’est une soirée banale qui s’annonçait, jusqu’à ce que le voisin commence à hurler. Intrigué, Mohamed s’est levé pour ouvrir la porte d’entrée. Lorsqu’il a reconnu le voisin, il ne s’est pas inquiété outre mesure et a refermé la porte à clé. »

    « Quelques minutes plus tard, le voisin défonce la porte de notre appartement, qui donne sur le séjour et l’espace cuisine. Mohamed était debout face à l’évier. Thomas Gambet s’est précipité sur lui en criant : « Je suis ton Dieu, je suis l’islam » en lui donnant un premier coup de couteau dans le cou, qui l’affaiblit immédiatement. Malgré tout, Mohamed a continué à se défendre comme il le put. »

    « Tout est allé très vite. Thomas Gambet lui a immédiatement asséné trois autres coups de couteau. C’est à ce moment-là que je suis intervenue pour tenter d’éloigner l’assassin de mon mari. J’ai pu le pousser contre le canapé et lui retirer le couteau, non sans éviter de me blesser. Mais notre voisin est reparti chez lui en prendre un autre, puis est revenu avec la même détermination. Mohamed, très affaibli, me demanda alors de prendre notre fils et de fuir. Personne ne pouvait nous aider, notre appartement comme je vous l’ai dit est isolé, sans voisins à proximité. »

    « J’ai quitté mon mari complètement affolée, pieds nus, dans un pyjama maculé de sang. Je me suis rendue au poste de police le plus proche, celui de la police municipale de Carpentras. Sur place, plutôt que de réagir immédiatement, les agents m’ont demandé ma pièce d’identité. Je ne comprenais plus rien. J’ai crié ma détresse et je leur ai dit de garder mon fils afin que j’aille moi-même porter secours à mon mari. C’est là qu’ils ont pris conscience de la gravité de la situation et ont alerté les gendarmes.

    Malheureusement, une fois sur place, ces derniers ont retrouvé Mohamed mort. Son assassin se trouvait toujours sur les lieux du crime. Il hurlait : « Je suis ton dieu, je suis l’islam », comme le rapportera plus tard un gendarme dans le cadre de l’enquête. »

    « Quant à l’assassin, il n’a jamais été diagnostiqué fragile psychologiquement. On ne lui connaît aucun antécédent ; encore moins schizophrène, comme on tente de le faire croire pour expliquer cet acte barbare. Pour nous, il est clair que c’est la haine de l’islam qui a motivé l’assassinat de Mohamed. » (Entretien réalisé par Nadia E.)

    Plus tard, pas vraiment contrit, Eric Gambet le père de l’assassin a assigné la veuve, Nadia el Makouli, devant le tribunal d’instance de Carpentras pour des « loyers impayés ». Face à l’indignation il a fini par retirer sa plainte. Alors que lui-même, en tant qu’employeur du défunt, n’a jamais déclaré Mohamed el Makouli aux services administratifs et fiscaux.

    Quant à son fils Thomas, diagnostiqué schizophrène, il a été déclaré pénalement irresponsable et ne sera donc jamais jugé. Placé en garde à vue à l’hôpital psychiatrique de Montfavet, une schizophrénie a été diagnostiquée. La première expertise, effectuée par un collège de deux psychiatres, a conclu à une « abolition du discernement au moment des faits », diagnostic confirmé par une deuxième expertise.

    En dehors d’une cohorte d’une quarantaine d’amis, et de quelques indignés, qui ont défilé dans les rues d’Avignon, pour protester contre ce non-lieu, rien, pas d’émotion, de protestation massive. Ce qui reste de la presse -dite abusivement « nationale » -, n’a pas débattue sur le thème d’un crime raciste, puisque commis par un « fou » ? La douleur est restée partagée pas quelques intimes. Protester eut été un acte typiquement « islamo-gauchiste ».

    Je n’ai aucune volonté d’établir une répugnante compétition entre les victimes… Mais je souhaite quand même comprendre pourquoi, sur un même cas de figure, Sarah Halimi-Mohamed el Makouli, une fois l’indignation explose. Alors que confronté à une autre, c’est l’indifférence ou le mépris ? Existe-t-il des morts martyrisés qui sont plus égaux que d’autres ?

    En 2016, quand Thomas Gambet a été déclaré inaccessible au jugement, par exemple, nous n’avons pas vu Jack Broda, juge du Pôle Social du Tribunal de Grande Instance de Nancy, démissionner pour le non-lieu de Kobili Troaré, l’assassin de Sarah Halimi.

    Pas vu non plus Sarah Brugère, patronne des magistrats FO, en appeler à une modification de la loi.

    Nous attendons aussi, la justice française étant trop injuste, que, telle la sœur de Sarah Halimi en Israël, celle de Mohamed Makouli s’en aller porter plainte au Maroc, pays d’origine d’un torturé. Avec un équivalent Goldnadel comme avocat. Si cela existe.

    Maître Patrick Klugman, qui veut juger les drogués, lui non plus n’a pas bougé un pli de sa robe pour Makouli.

    Charlie Hebdo, que Val a fait entrer dans la sacristie de Netanyahou, verse des lignes de sang sur Sarah Halimi. C’est tant mieux : mais rien pour Mohamed.

    Meyer Habib, humanisme hors norme, chevalier de la juste mesure envisage, lui, que le Mossad s’en vienne enlever ou tuer Traoré. Un député français qui prône l’enlèvement ou l’assassinat en France ? C’est bien aussi.

    Madame Hidalgo a-t-elle envisagé de donner le nom d’une petite impasse à Mohamed Makouli ? Sûrement.

    Afin d’être utile, je vais terminer cette digression en rapportant mon expérience, celle vécue à Ramallah en octobre 2000. Victime d’une « tentative d’assassinat », de la part d’un « sniper » israélien armé d’un M16, j’ai alors déposé une plainte très documentée. Et vingt ans plus tard, j’attends que la « justice », celle de la « seule démocratie du Moyen Orient », veuille bien trouver une minute pour instruire mon énigme.

    Jacques-Marie BOURGET

    Le Grand Soir, 29 avr 2021

    Etiquettes : France, Sarah Halimi, Mohamed el Makouli, crime sous l’emprise de la drogue, Beaucet, extrême droite, Nadia el Makouli,



  • Marine Le Pen – troisième fois à l’élection présidentielle française

    Un an avant l’élection présidentielle française, avec un soutien déclinant au président Emmanuel Macron, les sondages suggèrent qu’il pourrait à nouveau affronter la dirigeante d’extrême droite Marine Le Pen au deuxième tour, qui pourrait l’emporter cette fois, même si un électorat majoritairement conservateur de droite peut s’attendre à une lutte féroce, affirment les médias internationaux.

    Un remake des élections passées

    La France sera entre deux tours de l’élection présidentielle à la même époque l’année prochaine, mais la course à l’Elysée ressemble déjà à une bataille entre le fané Emanuel Macron et le leader d’extrême droite Marin Le Pen, écrit The Observer, la sœur du hebdomadaire The Guardian).

    Les sondages d’opinion montrent qu’au premier tour de scrutin, il y aura à nouveau un éventail coloré de candidats de tout l’éventail politique, tandis que le second tour sera une sorte de reprise des élections tenues en 2017 – avec Macron et Le Pen. Mais certains analystes estiment qu’à la différence des élections précédentes, Le Pen a désormais de meilleures chances de gagner.

    Au milieu de la crise sanitaire, que Macron a qualifiée de «guerre», les conseillers du président estiment que ce serait un désastre pour lui de mentionner les élections de l’année prochaine, et encore moins d’annoncer qu’il se présenterait pour un second mandat. Le Pen a été moins contrainte d’annoncer sa troisième candidature à la présidence, souligne le journal, mettant en exergue qu’à la mi-avril, elle a annoncé que son parti, l’Rassemblement Nationale (RN; ancien Front national), avait installé son siège électoral à Paris, au 16e arrondissement et d’avoir un soutien important dans le sud de la France.

    Interrogé sur la possibilité pour Le Pen de gagner, Silvain Crépon, politologue spécialisé dans l’extrême droite à l’Université de Tours, a déclaré que la victoire était « possible mais pas probable ».

    « Il y a six ans, nous pouvions être presque certains que Marin Le Pen ne gagnerait pas les élections. Cela a changé. Elle a de meilleures chances que la dernière fois », a-t-il déclaré, soulignant qu’une élection générale suivra et que lE Rassemblment Nationale en a peu de représentants locaux ou régionaux, peu de représentants élus au parlement, très peu de financement et peu d’électeurs.

    La popularité de Macron, souligne l’Observateur, est actuellement d’environ 37% – faible mais toujours nettement supérieure à celle de ses deux prédécesseurs en même temps – 29% pour Nicolas Sarkozy et 17% pour François Hollande – bien qu’il se soit avéré qu’ils étaient tous les deux présidents en un terme.

    Difficultés en temps de crise sanitaire

    Un sondage réalisé par l’institut de recherche de l’IFOP a montré que la dirigeante d’extrême droite française Marin Le Pen augmente ses chances de remporter le premier tour de l’élection présidentielle de l’année prochaine tout en perdant face à Macron au deuxième tour, écrit Bloomberg.

    Un sondage réalisé début avril a montré que Macron obtiendrait 23 à 28% des voix au premier tour, contre 25 à 27% pour Le Pen, ce qui signifie qu’il serait à la première place en un seul scénario possible, et Le Pen en six des 10.

    Un précédent sondage en octobre de l’année dernière a montré que Macron gagnerait dans la plupart des cas, souligne Bloomberg, expliquant que lors des élections à la présidence de la France, un large éventail de candidats a été réduit aux deux dernières places au second tour.

    Les résultats du sondage, selon l’IFOP, reflètent «la forte dynamique de Le Pen, ainsi que les difficultés du président Macron dans le contexte de la crise sanitaire». Federic Dabi (Frédéric), directeur général adjoint de l’IFOP, déclare que « jamais auparavant, avec seulement un an avant le vote, le candidat à l’Assemblée nationale n’avait eu de telles évaluations ».

    Macron a du mal à satisfaire les électeurs alors que le pays fait face à une nouvelle épidémie de COVID-19, portant le nombre de morts de l’épidémie à 100000. Après des semaines de retards, ajoute Bloomberg, Macron a ordonné des mesures de fermeture dans tout le pays depuis le 3 avril. Dans le même temps, sa note a chuté d’un point à 33%, selon le sondage Elabe, qui indique que 63% des personnes interrogées ne font pas confiance à Macron, soit trois points de plus que dans l’enquête précédente.

    ‘Troisième bonheur’

    Juste un an avant que les Français se rendent aux urnes pour élire un nouveau président, ceux qui espèrent remplacer Macron sortent de l’ombre, a rapporté Euronews, soulignant que bien que Macron n’ait pas officiellement rejoint la course, beaucoup attendent sa candidature.

    Macron, 43 ans, est arrivé au pouvoir en 2017 en créant son propre parti – la République en mouvement (La République en marche) – et en promettant de remodeler la politique française. Jusqu’à présent, son mandat a été façonné par des problèmes internes, notamment des mois de manifestations de rue des «gilets jaunes», des réformes planifiées des retraites et la façon dont son gouvernement gère la pandémie. Selon les sondages, seuls 35% des Français déclarent soutenir les décisions du gouvernement dans la lutte contre le COVID-19.

    Si le premier tour de l’élection présidentielle avait lieu maintenant, il serait remporté par Marin Le Pen – qui espère avoir une troisième chance cette fois, après s’être présenté aux dernières élections ainsi qu’à celles de 2012. questions culturelles telles que la laïcité, séparatisme et migration et omettent l’économie, que beaucoup considèrent comme l’un de ses points les plus faibles.

    Xavier Bertrand est le seul autre candidat de droite crédible à annoncer sa candidature, souligne Euronews. Il appartenait autrefois au principal parti républicain de droite (Les Républicains, LR), mais l’a quitté après les élections de 2017, critiquant la direction pour ne pas avoir explicitement soutenu Macron au deuxième tour contre Le Pen. Bien que, selon les estimations, il serait à la troisième place au premier tour, il pourrait battre Le Pen au deuxième tour.

    Un homme politique populiste de gauche, Jean-Luc Mélenchon du parti LFI, a également annoncé sa candidature pour l’année prochaine. Lors de la dernière élection présidentielle, il occupait la quatrième place avec 19,5% des voix. Au cours des quatre dernières années, le parti LFI a envoyé des législateurs aux parlements nationaux et européens, mais a eu un effet plutôt faible lors des élections locales de l’année dernière, a rapporté Euronews.

    Ambitions éparses de la droite

    Lorsque les sondages d’opinion montrent que les deux tiers des électeurs français sont conservateurs, comme c’est le cas actuellement, les dirigeants du mouvement de centre-droit du pays devraient se réjouir de la prochaine élection présidentielle. Au lieu de cela, souligne le Financial Times (The Financial Times), les personnes affiliées au Parti républicain (LR) sont confrontées à la possibilité de luttes fratricides de la part de politiciens ambitieux où tout le monde se bat pour être candidat à la présidentielle 2022.

    Outre Bertrand, qui a déjà annoncé sa candidature, les politiciens de centre-droit envisageant une candidature présidentielle au milieu de la pandémie COVID-19 incluent Valérie Pécresse, chef de file de la région Ile-de-France près de Paris; et Michel Barnier, ancien négociateur de l’Union européenne pour le Brexit et ancien ministre français.

    Selon le journal londonien, LR est la dernière incarnation de la droite républicaine française autrefois puissante – lorsque les présidents Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy étaient au pouvoir. Le parti maintient une forte présence au sein du gouvernement local et du Sénat et devrait bien réussir aux élections régionales de juin. Cependant, elle a mal fait aux élections nationales qui ont porté Macron au pouvoir en 2017, et aux élections européennes de 2019, elle a remporté moins de 9% des voix françaises.

    Dominique Reynie du groupe de réflexion Fondapol estime qu’un candidat comme Bertrand a une chance de se qualifier pour le second tour et de battre Le Pen, à condition que le mouvement de centre droit s’unisse. Bertan a fermement placé son drapeau sur le territoire populiste pour tenter d’aveugler Macron et Le Pen, promettant la «réindustrialisation» de la France, la fin du «centralisme parisien», les quotas d’immigration, le rétablissement de l’ordre public et l’écrasement des islamistes.

    D’autre part, Barnier met davantage l’accent sur la sauvegarde du pays de la crise économique causée par le virus corona. Dans une déclaration au Financial Times, il a déploré la « dispersion des ambitions » au centre-droit, mais a souligné que le mouvement cultive moins de différences idéologiques que la gauche. Le choix de Le Pen et de son parti d’extrême droite, a-t-il prévenu, est une réelle possibilité pour la première fois. « Si la droite républicaine n’est pas ferme, elle continuera de s’effondrer et c’est la meilleure chance pour Marin Le Pen. »

    Possibilité de ‘Frexit’

    La France pourrait quitter l’UE si Macron tire les leçons du Brexit « trop ​​tard », a averti Michel Barnier, qui tente de prendre un rôle de premier plan dans la droite française, écrit The Times, soulignant que le commentaire intervient à un moment où il se trouve à la tête des sondages dans l’opinion publique avant les élections de l’année prochaine.

    Barnier, qui a quitté son rôle de négociateur en chef de l’Europe pour le Brexit le mois dernier, prévient que l’UE et la France ne devraient pas être complaisantes au milieu des «troubles sociaux».

    « Nous pouvons trouver, non seulement au Royaume-Uni, mais aussi en France, dans les régions du nord et de l’est, des citoyens qui veulent quitter l’UE », a déclaré Barnier, soulignant que beaucoup se plaignent que l’UE n’a pas répondu aux souhaits légitimes de citoyens et qu ‘«il y a des troubles sociaux».

    Après le Brexit, souligne le journal, de nombreux membres de l’Union européenne ont rejeté la menace de l’euroscepticisme populaire, en particulier après que l’Assemblée nationale d’extrême droite (RN) Marin Le Pen a adouci sa rhétorique explicitement anti-UE, ou «  Frexit  ».

    Mais les récents sondages d’opinion ont donné à Le Pen des avantages évidents par rapport à Macron, alors que la France se prépare à ce que le Times souligne comme des élections présidentielles difficiles en avril de l’année prochaine.

    Radio Slobodna Europa, 19 avr 2021

    Etiquettes : France, éléctions présidentielles, Emmanuel Macron, Marine Le Pen, droite, extrême droite, sondages,

  • Sécurité : droite et extrême droite accusent Macron d’inaction

    Droite et extrême droite critiquent lundi la nouvelle offensive d’Emmanuel Macron sur la sécurité, n’y voyant que des « slogans électoraux » après quatre années de présidence « du chaos ».

    Avant un déplacement lundi matin à Montpellier sur le thème de la sécurité, le chef de l’Etat a notamment promis dans un entretien au Figaro dimanche soir de tenir son objectif de 10 000 policiers et gendarmes supplémentaires et de mettre l’accent sur la lutte contre les trafics de drogue.

    « Quand vous êtes président de la République, vous n’annoncez pas, vous faites. Il est président depuis 2017 : les effectifs de police et de gendarmerie, ils sont où ? », a réagi lundi matin la maire LR du VIIe arrondissement de Paris et ex-ministre de la Justice Rachida Dati sur RTL.

    Pour le député LR Eric Ciotti, l’interview dans Le Figaro « ne rassemble que des slogans électoraux à un an de la présidentielle alors que depuis quatre ans les actes défaillants ont conduit à l’explosion de la délinquance, à des niveaux d’immigration records et à une montée inédite de l’islamisme », a-t-il estimé dans un tweet dimanche soir.

    Nicolas Dupont-Aignan (Debout La France) a déploré lundi sur France 2 qu’il n’y ait « rien sur la justice des mineurs, rien sur des peines planchers pour les récidivistes, rien sur les rappels à la loi (…), rien sur l’expulsion des délinquants étrangers ».

    A l’extrême droite, la présidente du RN Marine Le Pen a jugé que « le Président du chaos, de la violence partout, tout le temps, de la division, de l’injustice sociale, fiscale, territoriale, nous vend aujourd’hui ‘la vie paisible’. Rien ne nous sera épargné », a-t-elle déploré sur Twitter dimanche.

    De l’autre côté de l’échiquier politique, l’ex-LREM Aurélien Taché est aussi critique, mais pour d’autres raisons : « Emmanuel Macron fait ce qu’a toujours fait la droite quand elle est en difficulté, ce que Nicolas Sarkozy a fait 10 ans avant lui. Passer sur la sécurité, la laïcité et l’immigration quitte à stigmatiser toute une partie des Français. C’est un début de campagne à droite toute ! », a-t-il jugé dans un tweet.

    La Provence, 19 avr 2021

    Etiquettes : France, droite, extrême droite, Emmanuel Macron, sécurité, inaction,

  • Les difficultés d’Emmanuel Macron ouvrent un espace pour Marine Le Pen

    Mais ils entraînent aussi une plus grande surveillance

    Marion Anne Perrine Le Pen n’a jamais vraiment voulu faire de la politique. C’est sa sœur aînée, Marie-Caroline, que l’on croyait destinée à suivre les traces de leur père, Jean-Marie, cofondateur en 1972 du Front national, parti d’extrême droite français. Marine, comme on l’appelait dans son enfance, était le bébé de la famille, la troisième fille blonde, qui se destinait à une carrière d’avocate. Pourtant, depuis dix ans, pour des raisons de hasard et de ruse, c’est Marine Le Pen qui dirige le parti qu’elle a rebaptisé Rassemblement national. Et dans douze mois, c’est son nom qui figurera sur le bulletin de vote de la prochaine élection présidentielle française, pour la troisième fois consécutive. Est-il temps de penser l’impensable ?

    S’attarder sur la possibilité, aussi infime soit-elle, que Mme Le Pen s’empare de la présidence déstabilise les esprits libéraux. Le simple fait d’en parler lui donne de l’oxygène et confère une légitimité à une candidate qui a déjà comparé les musulmans priant dans la rue en France à l’occupation nazie. Pourtant, les chances d’une victoire de Mme Le Pen ne sont plus proches de zéro. Avec une nouvelle flambée des infections au covid-19 et une campagne de vaccination qui ne fait que commencer, la cote de popularité d’Emmanuel Macron est en baisse. Après un président de droite (Nicolas Sarkozy), de gauche (François Hollande) et du centre (M. Macron), un électorat désabusé pourrait être tenté d’essayer quelque chose de différent. La principale raison pour laquelle les électeurs ont tendance à soutenir son parti est qu’ils en ont assez de tous les autres.

    En outre, Mme Le Pen est désormais une militante chevronnée, qui connaît les conséquences d’une élection présidentielle à deux tours et les cicatrices laissées par la défaite. Elle est passée maître dans l’art de la phrase choc, en qualifiant de « vaccin de Waterloo » la décision de M. Macron, le 31 mars, de mettre la France en état d’urgence. « Confinement, déconfinement, reconfinement », chante Mme Le Pen, se moquant de la stratégie changeante du gouvernement. Les sondages suggèrent que, si un second tour devait avoir lieu aujourd’hui, elle pourrait obtenir 47-48% contre 52-53% pour M. Macron, une marge effrayante. Autrefois, on supposait que les électeurs modérés de gauche et de droite se lèveraient, choqués et honteux, dans tout le pays pour empêcher une Le Pen d’accéder à la fonction suprême. Aujourd’hui, les électeurs désabusés par M. Macron, notamment à gauche, jurent simplement de s’abstenir.

    Si les problèmes de M. Macron ouvrent un espace pour Mme Le Pen, ils entraînent également une surveillance accrue. Certains types peu recommandables se cachent toujours dans son ombre. On s’interrogera sur son approche de l’exercice démocratique du pouvoir. Une inspection plus étroite impliquera également ce que l’on pourrait appeler le défi de la compétence. Dans le passé, lorsque le Front national était un parti de contestation, cela importait peu. Son père cherchait à hurler, pas à gouverner. Elle cherche le pouvoir.

    Il y a quatre ans, son discours politique était distinctif. Elle était une Frexiteer, qui a juré de sortir la France de l’euro, de fermer ses frontières aux immigrants, de réprimer l’islamisme et d’obliger les usines à fabriquer des produits et à conserver les emplois dans le pays. Elle a opposé son approche « patriotique » à ce qu’elle a appelé la vision « mondialiste » de M. Macron : la dérégulation et l’européanisme post-national.

    Aujourd’hui, cependant, Mme Le Pen a abandonné le Frexit, conserverait l’euro et promet de forger une « Europe des nations » en réformant de l’intérieur. La candidate n’a plus le monopole des questions de souveraineté nationale ; tous les partis jurent de fabriquer davantage de masques, de vaccins et de médicaments en France. Quant au projet de loi sur les « valeurs républicaines » de M. Macron, que ses détracteurs considèrent comme une chasse au vote d’extrême droite de Mme Le Pen, il est également destiné à endiguer l’islamisme. D’ailleurs, Gérald Darmanin, son ministre de l’Intérieur, l’a fait sursauter lors d’un débat en l’accusant d’être trop douce sur ces questions. Aujourd’hui, Mme Le Pen, populaire parmi les anti-vaxxers, soutient la vaccination.

    De nombreux électeurs verront toujours le nom de famille, ne tiendront pas compte du nouvel emballage et rejetteront le message sous-jacent, jugé diviseur et toxique. Environ un quart des électeurs se disent prêts à soutenir Mme Le Pen au premier tour, mais ce n’est pas plus qu’un an avant le précédent scrutin présidentiel. Pourtant, elle a la possibilité d’aller plus loin. Certaines de ses politiques sont désormais difficiles à distinguer de celles de la droite conservatrice ou nationaliste dominante. En effet, ses promesses de restreindre les droits de citoyenneté et de réduire l’immigration sont adoptées par les partis conservateurs à travers l’Europe, y compris en Grande-Bretagne. Lorsque Mme Le Pen promet de mieux gérer les choses, il s’agit de savoir si les électeurs pensent qu’elle est suffisamment compétente pour le faire.

    Ce qui, paradoxalement, offre un certain confort aux macronistes. Personne n’a oublié le débat sauvage de second tour de Mme Le Pen contre M. Macron en 2017, lorsqu’il lui a calmement rappelé qu’elle avait confondu une entreprise qui fabrique des téléphones avec une autre qui fabrique des turbines industrielles. Il pourrait être endommagé par sa gestion de la troisième vague de covid-19. Mais, avec la reprise des vaccinations, M. Macron pourrait encore se rétablir. Il est moins mal aimé que M. Sarkozy ou M. Hollande à ce stade de leur mandat. Si les prochaines élections se jouent sur l’expertise technique, M. Macron aura un avantage considérable.

    Venez tous, venez tous

    Cependant, les inquiétudes concernant l’aptitude de Mme Le Pen à gouverner pourraient également aider ses rivaux potentiels de droite. L’un d’entre eux, Xavier Bertrand, chef de la région Hauts-de-France, a déjà déclaré qu’il se présenterait. Un autre, Valérie Pécresse, chef de la région parisienne, pourrait le faire. Un autre encore, Edouard Philippe, l’ex-premier ministre de M. Macron, reste en retrait en tant que maire du Havre, se décrivant dans une tournée publicitaire pour un nouveau livre comme « loyal » mais aussi « libre ». Pour lequel, probablement, lire : Je ne me présenterai pas contre M. Macron, mais je n’hésiterai pas à me déclarer si le président décide qu’il ne peut pas le faire. Même Michel Barnier, l’ancien négociateur de l’UE pour le Brexit, pourrait tenter sa chance.

    En fin de compte, Mme Le Pen pourrait encore être jugée, du moins au premier tour, non pas sur des calculs cérébraux concernant la compétence, mais sur l’identité, l’émotion et la colère anti-élite dans la France rurale et industrielle. Le défi de la compétence s’appliquera davantage au second tour. Qui, à ce stade, est toujours le plus susceptible de voir M. Macron affronter, et battre de justesse, Mme Le Pen. Mais la politique reste très fluide. Les partis traditionnels sont creux. Les Français rebelles aiment créer la surprise. Personne n’est mieux placé que M. Macron pour le savoir. ■

    The Economist, 9 avr 2021

    Etiquettes : France, élections présidentielles, Emmanuel Macron, Marine Le Pen, LREM, Rassemblement National, extrême droite,

  • Sciences Po change

    Le prestigieux institut français d’études politiques a été accusé d’ »islamo-gauchisme », notamment parce qu’il a commencé à traiter différemment les questions liées à la race et au sexe.

    Sciences Po, le prestigieux institut français d’études politiques où sont sélectionnées, formées et promues les élites dirigeantes du pays, est en train de changer. Ses étudiants font depuis longtemps preuve d’un militantisme politique plus actif que par le passé, notamment sur les questions liées à la race, au genre et au post-colonialisme, qui font désormais partie du programme de l’institut.

    C’est précisément pour cette raison que Sciences Po a été accusé – ainsi que le monde universitaire français en général – d’islamo-gauchisme, la prétendue et indéfinie proximité des intellectuels et des partis de la gauche radicale avec les milieux islamistes (gauche signifie « gauche »). Les critiques proviennent non seulement de la droite et de ses différentes branches dans la sphère universitaire, mais aussi du gouvernement du président Emmanuel Macron.

    Pourquoi ils en parlent

    En février dernier, Frédéric Mion, directeur du prestigieux Institut d’études politiques de Sciences Po à Paris, a démissionné à la suite d’un scandale d’abus sexuels impliquant l’ancien président de la Fondation qui contrôle Sciences Po, Olivier Duhamel. Mion avait nié avoir eu connaissance des allégations d’abus portées contre Duhamel par sa belle-fille, l’avocate Camille Kouchner, qui en avait parlé dans un livre publié début janvier. Il avait alors été révélé que Mion était au courant des abus depuis 2018.

    A partir de cette histoire, explique Le Monde, il ne s’est pas passé une semaine sans que l’institut – qui compte dix antennes dans autant de villes françaises – ne fasse parler de lui.

    Le 22 mars dernier, le collectif féministe de Sciences Po Lyon Pamplemousse et le syndicat Solidaires-Etudiantes ont demandé l’exclusion de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA) du partenariat avec leur institut en raison des « nombreuses ambiguïtés » de l’organisation en matière d’ »islamophobie » et de « laïcité ». La LICRA est une organisation non gouvernementale basée à Paris ; les critiques du collectif et du syndicat de Sciences Po font notamment référence à un débat qui avait été organisé en décembre 2020 dans un lycée de Besançon, à l’est de Dijon, à l’occasion de la Journée de la laïcité.

    La réunion avait été critiquée par les parents et les enseignants, qui avaient envoyé une lettre très dure au directeur de l’école dans laquelle ils demandaient l’exclusion de la LICRA des futures initiatives de l’école, l’organisation d’une nouvelle Journée de la laïcité et la publication d’un communiqué officiel par l’école pour se distancer de certains concepts exprimés par les représentants de la LICRA pendant la conférence.

    Par exemple, les représentants de la LICRA ont expliqué que l’organisation « combat toutes les formes de racisme (y compris le racisme contre les Blancs) et d’antisémitisme (y compris l’antisionisme). Nous combattons ce qui met en danger notre République, l’extrême droite identitaire, l’islamisme et l’extrême gauche. » Et encore, « (…) on peut aussi bien avoir peur de l’islam que des araignées ».

    Ce n’est pas la première fois que la LICRA est accusée de ne pas être une organisation laïque et de propager au contraire les idées qu’elle prétend combattre.

    Dans leur communiqué, les étudiants de Sciences Po soutiennent que la lutte contre l’islamophobie, l’antisémitisme et toute forme de racisme doit être une priorité et que les institutions comme celle dans laquelle ils étudient « doivent s’entourer de collectifs et d’associations dont le travail est à la hauteur de la lutte ». La LICRA n’en fait pas partie. »

    Un autre épisode très discuté remonte au 18 mars et concerne le bâtiment de Sciences Po à Strasbourg. Ce jour-là, le syndicat étudiant de droite UNI a critiqué la direction de l’institut pour avoir exclu le nom de Samuel Paty de la liste finale pour le « nom de promotion ». Paty est le professeur français décapité le 16 octobre dernier dans une attaque terroriste parce qu’il était accusé d’avoir montré à ses étudiants des caricatures du prophète Mahomet, ce qui n’avait pas eu lieu.

    C’est une tradition à Sciences Po : après quelques mois de vie commune, les étudiants de première année organisent un vote pour baptiser symboliquement leur classe pour les quatre prochaines années. Le choix doit répondre à deux conditions : la personne doit être décédée, et il ne doit pas s’agir d’une personnalité « clivante ». Un autre critère est l’alternance des genres, et la classe précédente avait choisi le nom de l’écrivain et illustrateur Tomi Ungerer. Les personnalités proposées lors du premier tour de scrutin étaient majoritairement des femmes, mais quelques noms masculins figuraient également sur la liste, dont celui de Samuel Paty. Des noms qui, comme ceux des femmes déjà choisies les années précédentes, ont cependant été exclus de la liste finale par décision unilatérale de l’institut, pour suivre la règle de l’alternance. Au final, le nom le plus voté a été celui de Gisèle Halimi, avocate féministe d’origine tunisienne décédée l’année dernière.

    UNI a dénoncé ce qui s’était passé comme étant « révélateur de ce qui se passe depuis des années à Sciences Po à Strasbourg » : « L’idéologie et les militants de l’extrême gauche dictent la loi et n’hésitent pas à piétiner la mémoire d’un martyr de la liberté ». UNI a contesté le fait que l’alternance du genre dans le choix des noms est une pratique, et non une obligation, donc s’ils l’avaient voulu le choix aurait pu tomber aussi sur Paty.

    Ces deux épisodes sont survenus après deux autres événements qui avaient eu beaucoup plus de résonance.

    La première a été la naissance du mouvement #sciencesporcs, le 7 février, à l’initiative d’une ancienne étudiante de Sciences Po Toulouse, la blogueuse féministe Anna Toumazoff. Toumazoff voulait dénoncer la « culture du viol » et la « complicité » des administrations des différentes institutions de Sciences Po dans la couverture systématique et la non sanction des auteurs de violences sexistes. La seconde a été l’apposition d’affiches à Sciences Po Grenoble, le 4 mars, avec les noms de deux professeurs accusés de « fascisme » et d’ »islamophobie ». Le syndicat étudiant US, d’extrême gauche, avait demandé la suspension d’un cours de l’un de ces deux professeurs.

    Tous ces épisodes, conclut Le Monde, montrent une évolution de Sciences Po, ou du moins une évolution de la part de ceux qui fréquentent l’institut vers une plus grande conscience politique. Ses détracteurs, en revanche, parlent de « politisation ».

    Militantisme

    « Je vois la formation de vrais militants dont les objectifs ont changé. C’est un marqueur générationnel qui n’est pas spécifique à notre éducation », a par exemple déclaré Jean-Philippe Heurtin, directeur de Sciences Po à Strasbourg. Anthonin Minier, étudiant en première année à Sciences Po à Paris et représentant des écologistes, a déclaré que parmi les étudiants, le pourcentage de ceux qui se disent proches ou engagés dans un parti ou un syndicat traditionnel est très faible.

    Des questions telles que les discriminations sociales, de genre et raciales sont entrées dans les débats entre étudiants, mais aussi dans les filières, et des collectifs se sont créés : « Les instituts d’études politiques ne sont plus des clubs d’hommes » et le pourcentage d’étudiantes est très élevé, explique Vincent Tiberj, maître de conférences à Sciences Po Bordeaux. « Le genre, maintenant, est quelque chose de significatif (…) C’est aussi démontré par #sciencesporcs. »

    Pour Francis Vérillaud, qui a dirigé les relations internationales de l’institut parisien pendant vingt-cinq ans, l’année à l’étranger, obligatoire depuis le début des années 2000, peut en partie expliquer cette nouvelle attitude : « Sciences Po a été interpellé par ses propres étudiants, qui se sont beaucoup internationalisés. Lorsqu’ils reviennent d’une année passée au Canada, aux États-Unis, aux Pays-Bas ou en Allemagne, où les questions de violence sexuelle et sexiste sont abordées dans les universités, ils apportent leur propre contribution. »

    Depuis, Sciences Po a modifié ses critères d’admission pour en démocratiser l’accès, augmenté ses bourses, les instituts se sont adaptés aux standards internationaux, et les formations principales (histoire, sociologie, sciences politiques et droit) se sont enrichies de nouvelles matières : « Penser faire Sciences Po uniquement pour passer le concours de l’École nationale d’administration (l’ENA, chargée de former la fonction publique française, ndlr) est un faux mythe », explique Yves Déloye, directeur de Sciences Po Bordeaux. « Les concours administratifs, qui ont été au cœur de la création des instituts après la guerre, n’attirent plus qu’un tiers de nos étudiants. Les autres aspirent à des carrières de plus en plus diversifiées : en entreprise, dans les ONG, dans l’économie sociale et solidaire. »

    A Sciences Po, le profil des enseignants a également évolué, et ils sont de plus en plus recrutés parmi les universitaires et les chercheurs plutôt que parmi les personnalités politiques et économiques :  » Je me souviens du grand cours d’économie de deuxième année de Michel Pébereau (président de la Banque Nationale de Paris, ndlr). Il distribuait une conférence de 1986. Mais nous sommes en 1993 et, entre-temps, le mur de Berlin est tombé. Mais dans ce monde d’élite, le temps semblait suspendu », a déclaré un ancien élève.

    Les accusations

    En janvier dernier, Il Foglio a repris une enquête publiée dans Le Figaro, le principal journal de la droite française.

    L’enquête, selon Il Foglio, « lève le voile sur l’incursion inquiétante de l’idéologie décoloniale et de la pensée indigéniste au sein de Sciences Po. » Brice Couturier, journaliste à France Culture, avait déclaré à Il Foglio que « la mode américaine de la culture de l’annulation et de la gauche ‘woke’ nous pénètre aussi, dans les centres de l’élite ». Nous sommes confrontés à quelque chose de terrifiant. (…) Imposer la victimisation à l’américaine dans nos cultures et nos pays est une aberration historique, mais cela fonctionne, car c’est à la mode. Le comportement des « réveillés » rappelle celui des gardes rouges de la révolution culturelle maoïste. Ils remettent en question leurs professeurs, créent des groupes de pression, imposent une idéologie fondée sur la race et sont hostiles à la méritocratie. Ils ne sont pas nombreux, mais ils terrorisent la masse des étudiants. »

    Ce sont plus ou moins les accusations portées contre Sciences Po, et l’ensemble du monde universitaire français.

    En février, la ministre française de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal, a déclaré que l’islamo-gauchisme « est une gangrène pour l’université (…) Non, en fait c’est une gangrène pour toute la société », et a annoncé qu’elle voulait lancer une enquête sur le phénomène en demandant au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) « une évaluation de toutes les recherches » et sur la présence de professeurs islamo-gauchistes dans les universités ; « essentiellement des professeurs qui travaillent sur les questions postcoloniales, de genre et de race », a expliqué la journaliste et chercheuse Catherine Cornet sur Internazionale, ajoutant comment, à partir des attentats islamistes survenus en France et de la propagande de l’extrême droite sur le rapport entre terrorisme et religion, certains arguments ont « commencé à faire leur chemin dans le parti La République en marche du président Macron. »

    La proposition du ministre a été très critiquée par le monde universitaire français, et pas seulement : dans un communiqué, la Conférence des chanceliers d’université (Cpu) a écrit que l’islamo-gauchisme n’est pas un concept, mais « une pseudo-notion dont on chercherait en vain un début de définition scientifique, et qu’il serait opportun de laisser (…) à l’extrême droite qui l’a popularisée ». La déclaration indique également : « La Cpu demande au gouvernement d’élever le niveau du débat. Si elle a besoin d’analyses, de thèses différentes et de discours scientifiques étayés pour dépasser les représentations caricaturales et les discussions de salon, les universités sont à sa disposition. Même si le débat politique n’est pas scientifique par nature, cela ne veut pas dire qu’il ne peut rien dire. »

    A son tour, le CNRS a déclaré que l’expression islamo-gauchisme ne correspond à aucune réalité scientifique, a condamné « fermement ceux qui tentent d’en profiter pour remettre en cause la liberté académique ou stigmatiser certaines communautés scientifiques » et a condamné en particulier la tentative de délégitimer divers domaines de recherche, tels que les études postcoloniales, les études intersectionnelles ou les travaux sur le terme « race ».

    Cependant, le CNRS a accepté la proposition de Vidal de réaliser une étude scientifique sur l’islamo-gauchisme. Catherine Cornet a résumé les résultats : « Grâce au Politoscope, un outil développé par le CNRS pour étudier le militantisme politique en ligne, plus de 290 millions de messages politiques postés de 2016 à aujourd’hui par plus de onze millions de comptes Twitter ont été analysés. Et c’est finalement le gouvernement qui se retrouve sur le banc des accusés : l’étude du CNRS l’accuse en effet de donner de l’espace aux thèmes les plus agressifs de l’extrême droite ».

    Selon le CNRS, le terme a été utilisé comme une « arme idéologique » pour frapper et discréditer un groupe social particulier, tout en transmettant à l’opinion publique un sentiment d’anxiété associé à un danger imminent : « Son utilisation vise à polariser l’opinion publique autour de deux camps déclarés incompatibles et entre lesquels il faudrait choisir : d’un côté les défenseurs de la loi et des valeurs républicaines, de l’autre les traîtres aux valeurs françaises et les alliés d’un ennemi sanglant. La construction même du terme reflète cette ambition. »

    Le Cnrs cite également la pratique de l’alt-right (l’extrême droite américaine) qui consiste à créer un ennemi imaginaire contre lequel l’extrême droite elle-même peut agir comme un rempart, justifiant ainsi ses actions souvent violentes.

    De l’étude du CNRS, il ressort que le principal parti accusé d’islamo-gauchisme est la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon, de la gauche radicale, et juste après le leader du Parti socialiste, Benoît Hamon. L’étude indique que « les comptes les plus impliqués dans la diffusion des accusations d’islamo-gauchisme, de 2016 à aujourd’hui, sont idéologiquement d’extrême droite », et ayant utilisé le terme désormais même dans le milieu universitaire, plusieurs membres du gouvernement Macron l’ont, de fait, légitimé.

    La conclusion du CNRS est qu’il faut « veiller à ce qu’aucune forme d’extrémisme ne se développe dans le milieu universitaire ou de la recherche (…) : pour cela, il faut être conscient que l’efficacité de leur élimination dépend de la manière dont on les nomme ».

    Il Post, 3 avr 2021

    Etiquettes : Sciences Po, France, université, élite, islamo-gauchisme, militantisme, race, sexe, postcolonialisme, droite, extrême droite, migration, discrimination, islamophobie, Emmanuel Macron, Frédéric Mion, Camille Kouchner, Olivier Duhamel, Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme, LICRA, Samuel Paty,