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  • Macron zappe les massacres du 8 mai 1945 en Algérie

    Macron zappe les massacres du 8 mai 1945 en Algérie

    Macron zappe les massacres du 8 mai 1945 en Algérie – France, deuxième guerre mondiale, nazis, fascisme, Sétif, Guelma, Kherrata,

    Si Emmanuel Macron soutient que l’Europe était libérée le 8 mai 1945 du fascisme et de souffrances humaines indescriptibles, il occulte en revanche les massacres perpétrés par l’armée coloniale française en cette même date en Algérie.

    “Le 8 mai 1945, l’Europe était libérée du fascisme et de souffrances humaines indescriptibles “, a écrit le président français réélu pour un second mandat sur Twitter sans pour autant dire un mot sur les dizaines de milliers de civils algériens tués par les soldats français a Sétif, Guelma et Kherrata.

    “77 ans plus tard, poursuit-il, la paix sur notre continent est mise en péril par la Russie qui a fait le choix d’agresser et d’envahir un pays souverain, l’Ukraine”.

    Le président de la République Abdelmadjid Tebboune a déclaré que les atrocités subies par les Algériens le 8 mai 1945 “continueront de témoigner d’horribles massacres, qui ne peuvent être oubliés”.

    “Cette date restera gravée avec ses horribles tragédies dans la mémoire nationale, et dans la référence historique sur laquelle a été fondée la lutte de notre peuple authentique contre l’oppression du colonialisme”, a ajouté le chef de l’Etat.

    Investiture: Fabius se trompe sur le nombre de voix obtenues par Macron

    Le président du Conseil constitutionnel français a indiqué, après un moment d’hésitation, que le chef d’Etat réélu avait reçu 18.678.639 voix lors du second tour. Il en a en réalité recueilli 18.768.639.

    Dans le protocole bien rodé de la cérémonie d’investiture d’Emmanuel Macron ce samedi, un grain de sable est venu gripper la mécanique prévue par les services de l’Elysée.

    Le président du Conseil constitutionnel, Laurent Fabius, a commis une erreur alors qu’il proclamait le nombre de voix recueillies par Emmanuel Macron lors du second tour de l’élection présidentielle, selon BFMTV.

    Un écart de 90.000 voix

    La séquence laisse d’ailleurs apercevoir l’hésitation de l’ancien ministre des Affaires étrangères lors de la cérémonie. Face a Emmanuel Macron, il commence son intervention dans la salle des fêtes de l’Elysée, déclarant: “Monsieur le président de la République, au second tour de l’élection présidentielle, vous avez recueilli 18 millions…”, avant de marquer un silence de quelques secondes.

    Il lève alors les yeux au ciel, comme pour réfléchir, puis continue, “678.000 et 639 voix. C’est-a-dire la majorité absolue des suffrages exprimés.”

    Macron fait le “serment de léguer une planète plus vivable” et “une France plus forte” lors de son investiture

    Sauf que Laurent Fabius vient d’inverser deux chiffres. Emmanuel Macron, lors du second tour qui l’a opposé a Marine Le Pen le 24 avril, n’a pas reçu 18.678.639 voix, mais 18.768.639 voix, comme on peut le vérifier sur le site du Conseil constitutionnel. Soit un écart de 90.000 voix.

    VIDEO: A peine réélu, Macron visé par un jet de tomate

    Au cours de sa visite d’un marché a Cergy (région île-de-France), le président français -qui vient d’être réélu- a été visé ce mercredi par un jet de tomates, sans pour autant être directement touché.

    En visite a Cergy pour sa première sortie depuis sa réélection, Emmanuel Macron a été visé par un jet de tomates cerises alors qu’il discutait avec des habitants venus a sa rencontre, selon BFMTV. Le chef de l’Etat n’a toutefois pas été touché.

    L’incident a eu lieu au cours de sa déambulation dans les allées bondées d’un marché de la préfecture du Val-d’Oise, une visite que l’Elysée n’a annoncé que ce mercredi matin. Le service de sécurité a brièvement écarté le président réélu, ouvrant un parapluie au-dessus de sa tête, mais le déplacement a très rapidement repris son cours.

    Echouroukonline, 09 mai 2022

    #Algérie #France #8mai1945 #Macron #Nazis

  • Si l’extrême droite arrivait au pouvoir en France

    Par Mohamed Habili

    Il était question hier de la crise dans laquelle plongerait sûrement la France si au lieu du président sortant, c’est la candidate d’extrême droite qui était élue à la présidentielle de l’année prochaine. Le cas échéant, ce ne serait pas non plus sans danger sur nous. C’est d’ailleurs là la raison principale de l’intérêt particulier que nous portons à cette élection. L’extrême droite française est en effet un regroupement de nostalgiques inconsolables de l’Algérie française. Si elle arrivait au pouvoir et qu’une opportunité s’offrait à elle, nul doute qu’elle ne manquerait pas de nous nuire. Déjà que le gouvernement actuel travaillait jusqu’à récemment à nous déstabiliser sans trop s’embarrasser de scrupules, si bien que les autorités algériennes ont menacé d’expulsion son représentant à Alger, lequel semble s’être calmé depuis.

    La prochaine élection présidentielle en France est autant dire une question de vie ou de mort pour ce pays. Pendant la campagne électorale, qui du reste a déjà commencé, il sera à peine question de l’Algérie, mais soyons certains qu’elle sera à tout moment dans les esprits. Elle y sera parce que l’extrême droite y pense sans arrêt pour sa part. C’est même cette hantise du paradis perdu qu’elle représente pour elle qui en fait un cas à part dans la fachosphère européenne.

    Il ne faut jamais perdre de vue ce qui s’est déjà produit, car autrement il se répétera, et sous une forme malgré tout reconnaissable. Toute l’idéologie de l’extrême droite est dans la désignation d’un bouc émissaire comme la cause de tous les maux du présent. C’était le Juif dans les années 1940. C’est l’immigré maghrébin et africain aujourd’hui. L’extrême droite revenue au pouvoir fera ce qu’a fait le régime de Vichy, dont elle procède, à peine celui-ci installé.

    Sa première cible sera ce qu’elle appelle les Français de papiers, qu’elle voudra dépouiller de leur nationalité française pour mieux les expulser ensuite. C’est ce qu’a fait le régime de Vichy avec les Juifs d’Algérie naturalisés dès 1870 de par le décret Crémieux. Non seulement il leur a enlevé la nationalité française, mais il a incité les non-Juifs à s’emparer de leurs biens. Pas un Algérien n’a pris un bien à un Juif. Les Oulémas ont pris les devants d’ailleurs en émettant une fatwa interdisant ce crime.

    Les fascistes d’aujourd’hui arrivant au pouvoir en France s’en prendraient aux Arabes, comme à ceux qui pour eux leur sont assimilables. Un fasciste n’est pas un fasciste s’il n’est pas raciste et brutal. S’il n’est pas ennemi du genre humain. La haine du plus faible parce qu’il est le plus faible, tel est son ADN, sa nature profonde, son identité politique. Dans la première tribune des généraux, puisqu’une deuxième serait en préparation, il a été question de “hordes de banlieue” à mater, à réduire. Tout est là : le bouc émissaire et le sort affreux à lui réserver.

    L’extrême droite commettra par les temps qui courent des crimes non moins horribles que ceux du passé si l’occasion s’en présente, dans quelque pays que ce soit, en France ou ailleurs. Il se trouve qu’en France, il y a un précédent. Elle ne sera pas prise au dépourvu, elle en particulier. Nous autres Algériens, Maghrébins et Africains, aurons de bonnes raisons de nous estimer directement menacés par l’extrême droite au pouvoir en France. Il nous sera impossible de garder les mêmes relations avec elle.

    Le Jour d’Algérie, 09 mai 2021

    Etiquettes: France, Algérie, extrême droite, fascisme, racisme, xénophobie, régime de Vichy, haine, arabes, musulmans, noirs,

  • Belgique. En Flandre, un monument à la gloire des Waffen-SS

    Proposée par le Vlaams Belang et inaugurée en 2018, une sculpture rend hommage à la Légion lettonne, une unité nazie auteure de nombreux crimes de guerre. Depuis, elle n’a guère suscité de réactions de la part de la classe politique et des institutions belges.

    Une étrange ruche de bronze constellée d’abeilles se dresse dans la commune de Zedelghem (Flandre-Occidentale) : la Ruche lettonne pour la liberté. « De jeunes hommes lettons ont été recrutés par l’armée allemande pour se battre contre l’armée soviétique, explique une plaque commémorative. Près de 12 000 d’entre eux ont été prisonniers à Zedelghem de 1945 à 1946. »

    Élu au sein du conseil communal de Zedelghem sous l’étiquette Vlaams Belang, Pol Denys est l’initiateur de ce monument. Passionnée d’histoire, cette figure de l’extrême droite locale s’intéresse aux milliers de soldats qui, après avoir combattu sous l’uniforme de la Wehrmacht ou de la Waffen-SS, ont été détenus dans le camp de prisonniers de sa commune. « Environ 150 000 prisonniers ont séjourné dans le camp de Zedelghem entre février 1945 et septembre 1946, explique-t-il . Parmi eux, 12 700 Lettons. »

    Les anciens SS touchent même une pension

    Ces hommes appartenaient à la Légion lettonne, une unité de la Waffen-SS. Parmi eux, certains étaient des conscrits enrégimentés par l’occupant allemand. Mais beaucoup d’autres étaient des nationalistes lettons engagés volontaires dans la SS, afin de participer aux combats contre l’Union soviétique ainsi qu’aux opérations d’extermination des juifs de Lettonie. Les crimes de guerre des légionnaires lettons sont bien documentés. À lui seul, le Sonderkommando Arajs est responsable de l’assassinat de plus de 100 000 personnes.

    Depuis plus de vingt ans, les politiciens lettons se relaient afin de réhabiliter ces légionnaires, qu’ils présentent comme des « combattants de l’indépendance lettonne ». Non seulement aucun de ces anciens SS n’a jamais été jugé en Lettonie depuis 1991, mais ils touchent même une pension. En 1998, afin de leur rendre hommage, le gouvernement a décidé d’instaurer la Journée de la Légion lettone , le 16 mars.

    Face au tollé international suscité par cette initiative, elle a été abrogée en 2000. Mais les légionnaires lettons continuent d’être honorés ce jour-là, et des monuments leur sont dressés. Le Conseil de l’Europe affirme que ces hommages sont de nature à « renforcer le racisme et l’antisémitisme » et que « toute tentative pour commémorer les personnes qui ont combattu dans la Waffen-SS et collaboré avec les nazis doit être condamnée ».

    Une unité de « résistance » au communisme

    Pour comprendre pourquoi un monument glorifiant une légion SS a été érigé en Belgique, il faut remonter à 2008. Pol Denys signe cette année-là un article dans lequel il écrit que le camp de prisonniers de Zedelghem a été un berceau du nationalisme letton d’après-guerre. À cette époque, l’élu d’extrême droite tient un site Internet qui attire l’attention d’une institution publique basée à Riga : le musée de l’Occupation de la Lettonie.

    Plaçant sur un pied d’égalité nazisme et communisme, ce musée soutient que « l’occupation soviétique de la Lettonie de 1940 à 1941, l’occupation nazie de 1941 à 1944, et l’occupation soviétique de 1944 à 1991 » ne forme qu’une seule et même « occupation ». Dans ce musée où a été reproduit le baraquement d’un goulag, la Légion lettonne est glorifiée comme une unité de « résistance » au communisme, et ses crimes ont été effacés des annales.

    Pol Denys entame une collaboration avec le musée de l’Occupation. Après quoi, il propose à la commune de Zedelghem d’ériger un monument aux légionnaires lettons. La commune accepte. Un sculpteur letton, Kristaps Gulbis, réalise alors une allégorie de la Légion lettone prenant la forme d’une ruche. « Cette colonie d’abeilles est une nation, explique-t-il. Les abeilles sont pacifiques, elle s ne piquent que lorsqu’elles se sentent menacées. Alors elles se défendent, se battent et meurent pour leur ruche. »

    Silence de la classe politique

    Le monument est inauguré le 28 septembre 2018, en présence de vétérans de la SS, de l’ambassadrice de la Lettonie en Belgique, des représentants du musée de l’Occupation, de la bourgmestre de Zedelghem, et de Pol Denys, l’élu du Vlaams Belang. Un an plus tard, le 18 novembre 2019, Egils Levits, le président de la Lettonie, décore Pol Denys de la Croix de la reconnaissance – l’équivalent letton de la Légion d’honneur.

    Au cours de la Seconde Guerre mondiale, des dizaines de milliers de régionalistes flamands se sont engagés dans des partis collaborationnistes ou ont rejoint les rangs de la Légion flamande, une unité de volontaires SS ayant combattu sur le front de l’Est. Aujourd’hui, des élus du Vlaams Belang leur rendent hommage. Le 11 novembre 2020, Carrera Neefs, élue du conseil communal de Wuustwezel (province d’Anvers), a par exemple publié une vidéo d’elle-même en train de fleurir la tombe d’un soldat SS.

    Ces hommages ne sont pas de vulgaires provocations mais le fruit d’une stratégie. Ils constituent des mises à l’épreuve de la classe politique et des institutions belges, qui, pour l’heure, se montrent incapables d’y répondre.

    En décembre 2020, le député fédéral André Flahaut (PS) a adressé une question au ministre de la Justice à propos du monument de Zedelghem. À ce jour, sa question est restée sans réponse. Quant à la commune où se dresse la Ruche, dirigée par des chrétiens-démocrates, elle affirme ne pas comprendre qu’un monument représentant des abeilles puisse susciter la colère et l’indignation des associations juives ou patriotiques belges.

    L’Humanité, 1 avr 2021

    Etiquettes : Belgique, Flandre, Vlams Belang, extrême droits, Waffen SS, monument, fascisme,


  • Trump Vs Biden, fascisme à l’ancienne contre fascisme du XXIème siècle

    Je vous propose une analyse de la situation politique aux Etats Unis telle qu’elle est comprise par Glen Ford de Black Agenda Report.

    Black Agenda Report se présente comme un média d’information, d’analyse et de commentaire politique de la gauche noire. L’article est extrait de leur site, Black Agenda Report dispose aussi d’une page Facebook.

    D’après Glen Ford, c’est en tout cas ce que j’ai compris, Donald Trump en tant que figure du passé, d’un fascisme à l’ancienne, est un accident dans le paysage politique des Etats Unis, du moins c’est ainsi que le perçoivent les élites économiques et financières. Ces dernières auraient opté pour un nouveau modèle qui inclut le management de la diversité susceptible de permettre à une infime minorité richissime de maintenir son contrôle de l’État. Ce modèle n’est pas moins fasciste (ou fascistoïde dirait Emmanuel Todd) puisque son principe est le pouvoir de cette minorité d’ultra-riches, le militarisme et la guerre perpétuelle.

    Pendant que cette élite dirige, le reste de la population est lancé dans une course vers le bas, la descente dont parle Emmanuel Todd dans son livre sur les luttes de classes en France au XXIème siècle.

    Glen Ford a-t-il lu Todd où s’agit-il simplement d’une convergence qui résulte de l’analyse,



    Qui est le fasciste le plus dangereux?
    Par Glen Ford, Black Agenda Report (USA) Editor 23 Juillet 2020 traduit de l’anglais par Djazaïri

    La plupart des gauchistes américains sont incohérents dans l’emploi du terme fascisme, et les Démocrates ont complètement détruit le sens de ce mot.

    «Dans leur vison politique caricaturale, fasciste signifie simplement «Trump».

    Après la prise d’une première tête de pont autour des bâtiments fédéraux à Portland, en l’Oregon, Donald Trump menace d’envoyer ses über alles Storm Troopers [Sections d’Assaut] de la sécurité intérieure dans les villes du pays qui, selon lui, sont «dirigés par des démocrates très libéraux [à gauche dans la terminologie américaine]… par la gauche radicale». La prochaine sur la liste est Chicago, où 150 agents fédéraux devraient être déployés dans les prochains jours. Des agents de la sécurité intérieure ont déjà été envoyés à Seattle et à Washington DC, et Trump a évoqué la nécessité de «dominer» le terrain à Philadelphie, Detroit, Baltimore et Oakland. Pendant ce temps, le ministère américain de la Justice prévoit d’étendre son intervention urbaine «Operation Legend», qui vise actuellement la criminalité locale à Kansas City, Missouri.

    Tout comme d’autres présidents américains ont historiquement utilisé l’armée comme instrument pour leur réélection, organisant des attaques contre des pays désignés par les Etats Unis comme «voyous» et «terroristes» pour consolider leur assise électorale, Donald Trump fait campagne en tant que shérif qui fera régner la loi et l’ordre dans les vastes régions du pays occupées le mois dernier par les hordes inspirées de «Black Lives Matter». Bien que l’intervention armée de Trump dans les affaires locales et étatiques semble politiquement en contradiction avec ses sympathies confédérées, son déploiement massif d’agents de la force publique paraît légal.

    Leur comportement dans la rue, cependant, est une autre affaire. «Des agents fédéraux non identifiés dans des véhicules banalisés enlèvent des manifestants pacifiques dans les rues, les transportent vers des lieux inconnus, sans les informer des raisons de leur arrestation, puis les relâchent sans trace de d’une procédure d’arrestation», a déclaré Marjorie Cohn, ancienne présidente de la National Lawyers Guild. «Ces actions rappellent la police secrète des dictatures qui kidnappe e t« fait disparaître» les opposants au régime. Elles sont conçues pour dissuader les gens d’exercer leur droit au premier amendement de protester contre le racisme et la suprématie blanche.»

    Oui, ça «rappelle» la police secrète à d’autres époques et dans d’autres pays, mais les agents de la sécurité intérieure se comportent en fait comme le font les flics locaux un peu partout aux États-Unis. La police de Chicago a fait fonctionner pendant des années un centre de torture pas si secret dans lequel des hommes noirs disparaissaient jusqu’à ce qu’ils avouent des crimes qu’ils n’avaient pas commis. Les villes du pays déploient régulièrement des «escouades» de policiers en civil qui sautent de véhicules banalisés pour enlever des gens dans les rues de leur quartier. Et la plupart des flics locaux chargés de réprimer les manifestations anti-police retirent leurs badges et marques d’identification. Les équipes SWAT (unités d’élite de la police) locales et fédérales portent régulièrement des masques pour cacher leurs identités. Cela aussi «rappelle» le fascisme, mais cela n’a pas commencé avec Trump en janvier 2017.

    De fait Trump est plutôt amateur dans le domaine de l’art sinistre de la répression intérieure, son expérience passée se limitant à terroriser les locataires de ses immeubles d’habitation et les «apprentis» dans les émissions de télé-réalité. Les outils de répression étatique déployés par Trump en tant que The Mad White Avenger étaient déjà beaucoup utilisés par les anciens présidents. Le FBI de Barack Obama a coordonné la répression par la police nationale des sites d’Occupy, il y a près de dix ans – une vaste opération impliquant les actions synchronisées d’un président démocrate noir, de maires principalement démocrates et de leurs chefs de police. La maire noire de Baltimore avait qualifié les personnes qui avaient pris part à la rébellion de Freddie Gray de 2015 de «voyous» – déshumanisant ainsi ses propres électeurs – tout comme Obama, dont les procureurs fédéraux avaient exigé et obtenu des peines sévères pour les accusés de dégradations matérielles.

    Obama a marqué un tournant dans l’histoire de l’État policier quand il a obtenu l’adoption par le Congrès d’une législation autorisant la détention pour une durée indéfinie de citoyens américains sans faire l’objet d’un procès ou d’une accusation – un saut dans l’abîme que même George W. Bush n’avait pas osé faire.




    Les outils de répression étatique déployés par Trump en tant que The Mad White Avenger étaient déjà beaucoup utilisés par les anciens présidents.




    Les libertariens en matière de droits civiques sont à juste titre préoccupés par le fait que le ministère de la Justice de Trump se coordonne avec la police locale pour se servir de Facebook pour accuser ceux qui protestent contre l’assassinat de George Floyd de crimes graves – un autre signe avant-coureur du fascisme. Mais les polices locales utilisent depuis des années Facebook comme outil d’enquête de premier ordre. Et les groupes de travail de la police fédérale- police de New-York sous le titre «Operation Crew Cut» s’étaient grandement appuyés sur des déclarations faites sur Facebook pour inculper plus de 100 jeunes dans deux quartiers HLM de Harlem en 2014 et 120 autres jeunes noirs et à la peau bronzée du Bronx en 2016– un raid présenté comme la plus grande opération de «répression des gangs» de l’histoire de New York. Est-il fasciste d’utiliser Facebook contre des dissidents politiques, mais normal quand il s’agit d’expédier les «suspects habituels» (jeunes de couleur ) dans le goulag de l’incarcération de masse? Ou est-cet fasciste seulement quand Trump le fait?




    Si la plupart des gauchistes américains sont incohérents dans l’emploi du terme fascisme,les Démocrates ont complètement détruit le sens de ce mot.




    Comme je l’ai écrit dans des articles précédents (voir «91ll Legacy: Two Contending Fascisms », 15 septembre 2018), le système Jim Crow du sud des États-Unis a servi de modèle à l’État racial d’Adolph Hitler. Le Sud ségrégationniste entièrement sous les lois Jim Crow, correspondait en fait plus étroitement à la définition largement répandue du fascisme que la plupart des fascismes européens du XXe siècle:

    * Nationalisme poussé à l’extrême

    * Recours fréquent au pouvoir de la foule

    * Oppression d’un «Autre» interne comme principe organisateur

    * Militarisme

    * La domination politique des éléments les plus réactionnaires de la bourgeoisie

    “ le système Jim Crow du sud des États-Unisa servi de modèleà l’État racial d’Adolph Hitler”

    Donald Trump est un fasciste américain à l’ancienne, du genre Jim Crow – mais qui est également désireux d’utiliser tous les outils modernes de répression politique et raciale pour préserver un système capitaliste dans sa phase de déclin final. La politique ouvertement raciste de Trump (avec l’oppression d’un «Autre»interne comme principe organisateur») le rend incompatible avec la doctrine de la «diversité» managériale adoptée par nécessité par les multinationales. Il entre donc en tension avec le régime capitaliste au 21e siècle – mais est extrêmement utile comme repoussoir, c’est pourquoi il a été l’adversaire préféré des démocrates liés au monde des affaires en 2016 et 2020. N’ayant rien à offrir à leur base si ce n’est une austérité sans fin («la course vers le bas ”) et la guerre, les démocrates liés au monde du business ont fait de Trump le seul enjeu de leurs campagnes.

    Le capital multinational et l’État sécuritaire (CIA, etc.) trouvent Trump totalement indigne de confiance en tant que gestionnaire de l’empire américain – c’est pourquoi ils ont concocté le Russiagate en collaboration avec les démocrates.

    Les républicains sont depuis plusieurs générations les vassaux des grandes compagnies pétrolières, tandis que les démocrates sont le parti privilégié du capitalisme financier qui domine désormais tous les secteurs capitalistes, y compris les médias et la haute technologie. Au sein du duopole électoral, les Noirs n’ont d’autre choix que les Démocrates, tandis qu’environ la moitié des Blancs choisissent les Républicains, ouvertement le parti des Blancs bien avant l’avènement de Trump, l’intrus impulsif. Cependant, le duopole institutionnel fonctionne mieux pour tous les secteurs du capital lorsque les partis du duopole jouent en «tag team» [en collusion], échangeant périodiquement les rênes du pouvoir exécutif avec le moins de perturbations possible pour l’ordre capitaliste. {C’est ce qu’ils appelaient le «génie» du système. ) L’humiliation de l’establishment corporatif républicain par Donald Trump en 2016 – avec l’aide décisive des démocrates et des grands médias – a déstabilisé le duopole politique, le mécanisme institutionnel qui, avec les médias liés au monde des affaires, médiatise les divergences entre les secteurs capitalistes et construit un récit politique commun ( mensonges) pour la consommation populaire. Le résultat a été une scission ouverte et destructrice de la classe dirigeante, les instruments étatiques de la sécurité nationale (CIA, etc.) collaborant ouvertement avec les démocrates pour rendre politiquement illégitime un président en exercice.




    “ le duopole institutionnel fonctionne mieux pour tous les secteurs du capital lorsque les partis du duopole jouent en «tag team» [en collusion]’”




    La bonne nouvelle, c’est que la guerre civile interne à la classe dirigeante a délégitimé non seulement Trump mais l’ordre impérial US lui-même. Une fois perdue, la légitimité politique peut rarement être intégralement recouvrée – et certainement pas par un ordre capitaliste en bout de course en proie à un écheveau de contradictions accumulées en son stade terminal, et dont le domaine impérial se réduit progressivement.

    La mauvaise nouvelle est que la gauche US est si faible qu’elle a été incapable de proposer un discours qui explique les crises multiples qui ont été si dévastatrices pour le peuple américain, ou même d’accomplir a minima nos obligations de solidarité avec les victimes de l’impérialisme US dans le monde. Imaginant le fascisme dans les termes d’une caricature personnifiée par Trump, les gauchistes américains semblent croire que anti-Trump égale antifascisme, alors qu’en fait Trump représente un avatar de Jim Crow que les champions du capital cherchent à écarter depuis un demi-siècle afin d’exercer leur pouvoir plus efficacement. Ces champions du capital ont, par contre, construit un ordre fasciste du 21ème siècle dans lequel un tout petit nombre de milliardaires peut exercer le pouvoir sans réelle opposition, tandis qu’une bonne partie du monde est enfermé et contraint à une «course vers le bas» et que la moitié de l’humanité vit dans la terreur d’interminables guerres américaines.

    Le président Obama était un agent de ce fascisme – qui n’est pas une caricature de presse, et tue des millions de gens. Il en est ainsi de tous les Démocrates du jeu institutionnel. Ils sont les plus dangereux parce que si peu de gens les considèrent comme des fascistes, en dépit de leur servilité abjecte à l’égard de la dictature du monde des affaires, de l’État carcéral et des guerres sans fin. Nous battrons Trump pour la simple raison qu’il ne représente pas la véritable classe dirigeante capitaliste. L’oligarchie veut qu’il soit battu – et elle veut que nous la remerciions d’oeuvrer pour ses propres intérêts et se débarrasser de son propre problème: le genre de service que rend l’oligarque Michael Bloomberg quand il achète le contrôle de l’infrastructure du Parti Démocrate ainsi que la loyauté d’une partie substantielle de la (pseudo) classe politique noire.

    Certains gauchistes américains, incapables de sortir de leur vision caricaturale craignent que Donald Trump refuse de quitter la Maison Blanche si le scrutin lui est défavorable en novembre. Ils imaginent que les généraux de l’armée américaine soutiendront un coup de force de Trump dans un scénario de «Sept jours en mai» à l’envers. Complètement ridicule! Un coup de force militaire ne pourrait venir que du J-SOC, le Joint Special Operations Command qui supervise les forces d’opérations spéciales de toutes les branches de l’armée, comme les Bérets Verts (armée de terre) et les SEALS (marine). Les unités d’opérations spéciales ont toujours travaillé main dans la main avec la CIA – de fait, les Bérets Verts sont souvent appelés «l’armée de la CIA». Donald Trump, le candidat de «l’arrêt des des changements de régimes» [no more regime changes] en 2016 s’est ainsi gagné un ennemi implacable dans la CIA.

    Si un coup de force quelconque devait se produire en novembre, ce serait en faveur des Démocrates. Et beaucoup de gens qui se présentent comme de gauche applaudiront, se figurant la CIA comme un allié dans la lutte contre le «fascisme.»

    Source : Mounadil Al Djazaïri

    Tags : Etats-Unis, USA, Donald Trump, Joe Biden, fascisme, impérialisme, racisme,