Étiquette : femmes

  • Algérie/ Candidates « sans visage » : La peur des unes et l’hypocrisie des uns

    Algérie/ Candidates « sans visage » : La peur des unes et l’hypocrisie des uns

    Revoilà les candidates « sans visages » ! Des dizaines de femmes, qui ont l’intention de se présenter aux élections législatives du 12 juin prochain, dont les photos sont traitées au Photoshop, qui ne laisse apparaitre qu’un profil sombre et « hidjabisé », on en voit partout sur les affiches collées sur les panneaux destinés au grand public et sur les réseaux sociaux. Le « phénomène » n’est pas récent. Et il doit inciter autant les responsables au sommet de l’Etat que les intellectuels à le prendre au sérieux, car il est symptomatique d’une société déréglée, qui a perdu tous ses repères.

    En 2017 déjà, de nombreuses candidates, inscrites dans les listes de partis ou indépendantes, avaient insisté pour que leurs visages n’apparaissent pas sur les affiches, préférant se présenter sous des profils « fantômes » pour des raisons, qui restent à étudier sérieusement. Les candidates qui ont fait le choix de ne pas montrer leurs visages au grand public, sont-elles à blâmer ? Evidemment non, lorsqu’on sait qu’on est une société complètement déstructurée, où les femmes peinent encore à s’imposer comme des adultes responsables et majeurs.

    Si certaines ont agi sûrement par pure conservatisme, d’autres, et elles sont nombreuses, ont été contraintes à appliquer ce procédé « négatif » parce qu’elles ont tout simplement peur de ce qui pourrait leur arriver dans un milieu, où le féminicide a déjà pris une ampleur inquiétante. Les idées rétrogrades véhiculées par un islamisme primaire, sans aucun rapport avec l’islam authentique, pourraient être considérées comme des causes plus ou moins directes à cette « phobie » d’assumer leur féminité au grand jour, mais il n’y a pas que ça. La peur de représailles, la crainte du harcèlement sont aussi à prendre en considération dans une société où le machisme de mauvais aloi, hypocrite et sournois, est en train de se généraliser, notamment au sein des couches populaires conditionnées par des discours religieux hors normes, copiés et collés conformément à un fondamentalisme, qui a dévasté de nombreux pays, y compris l’Algérie, qui a réussi néanmoins à préserver certains aspects modernistes, sans pouvoir toutefois neutraliser les séquelles, qui restent présentes en force.

    Dans un pays comme le nôtre, où les femmes sont considérées comme d’éternelles mineures, le « phénomène » des candidates sans visage n’est ni surprenant, ni étonnant. Car il exprime des tendances lourdes dans une société, où l’exploitation des sentiments religieux à des fins autres que spirituelles, par des formations politiques, qui s’apprêtent aujourd’hui à se lancer dans la course au parlement. Est-ce un hasard, si l’actrice Adila Bendimerad, comme l’a signalé un article publié hier par TSA, n’hésite pas à faire le parallèle entre ces profils sombres et ce qui vient de se passer à Bordj Badji Mokhtar où dix enseignantes ont été la proie à une agression sans nom. Elle a peut-être raison de faire le lien entre ce qui s’est passé à Bordj Badji Mokhtar, mais aussi à Biskra, et ce genre d’affiches » qui « répondent à la même logique », selon elle. « Comment utiliser des femmes pour se satisfaire (ici pour se présenter aux élections tout en respectant les quotas exigés). Comment ensuite les effacer et renier leur existence une fois qu’on a eu ce qu’on voulait. Et on se donne ce droit car la femme n’est pas tout à fait un être humain comme un homme. La preuve, elle n’a pas besoin de visage », écrit-elle sur sa page Facebook.

    « Ce genre d’affiches découle de la même origine et du même processus de penser que les féminicides qui explosent tous les records cette année, les violences physiques et morales que subissent les femmes ici tous les jours, les viols, la chape de plomb mise sur ces sujets au niveau institutionnel comme au niveau de la société. Le féminicide, le viol, c’est le résultat direct de tout cela », conclut-elle.

    Mohamed M.

    L’Est Républicain, 23 mai 2021

    Etiquettes : Algérie, candidates sans visage, élections législatives, femmes,

  • La Pologne et la Hongrie bloquent l’expression « égalité des sexes » lors du sommet social de l’UE

    Les pressions exercées par la Pologne et la Hongrie ont conduit à la suppression de l’expression « égalité des sexes » d’une déclaration faite vendredi sur la promotion de la cohésion sociale dans l’Union européenne, qui s’efforce de se reconstruire après la pandémie du COVID-19.

    Le parti nationaliste polonais au pouvoir, le parti Droit et Justice (PiS), et son allié eurosceptique, le Premier ministre hongrois Viktor Orban, promeuvent ce qu’ils appellent les valeurs sociales traditionnelles dans leur pays et se sont opposés à plusieurs reprises à leurs homologues occidentaux plus libéraux sur les droits des femmes, des homosexuels et des migrants.

    Les deux pays se sont opposés à la mention directe de l’ »égalité des sexes » dans une déclaration des 27 dirigeants nationaux du bloc, qui se réunissent dans la ville portugaise de Porto vendredi et samedi pour chercher des moyens de réduire les inégalités sociales et économiques qui se sont creusées pendant la pandémie.

    Alors qu’une première version indiquait que le bloc allait « promouvoir l’égalité des sexes », la dernière version vue par Reuters évite cette phrase et se lit comme suit : « Nous redoublerons d’efforts pour lutter contre la discrimination et travaillerons activement à combler les écarts entre les sexes… et à promouvoir l’égalité. »

    Les diplomates de l’Union européenne ont déclaré que Varsovie et Budapest avaient cherché à adopter un langage plus souple. Les deux gouvernements soutiennent les valeurs sociales catholiques et conservatrices dans des positions controversées qui sont allées de pair avec un contrôle accru de l’État et une influence politique sur les médias, les tribunaux et les universités.

    La stratégie de la Commission européenne en matière d’égalité entre les hommes et les femmes pour la période 2020-2025 fixe comme objectif une « Union dans laquelle les femmes et les hommes, les filles et les garçons, dans toute leur diversité, sont libres de suivre le chemin qu’ils ont choisi dans la vie, ont des chances égales de s’épanouir et peuvent participer de manière égale à la société européenne et la diriger ».

    À son arrivée à Porto, M. Orban a déclaré aux journalistes : « Le fait est que les hommes et les femmes doivent être traités de manière égale ». Il a déclaré qu’il était contre le fait de parler de « genre », qu’il considère comme une « expression motivée par l’idéologie ».

    Le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a également parlé uniquement de la nécessité d’ »éliminer l’écart entre les hommes et les femmes » sur le lieu de travail, plutôt que d’une égalité sociale plus large pour les groupes ayant une orientation sexuelle différente.

    En Pologne, certaines régions se sont proclamées « zones sans LGBT » et ont reçu le soutien du gouvernement après avoir perdu des financements de l’UE en raison de cette discrimination.

    PROGRÈS SOCIAL

    ILGA Europe, un groupe de défense des droits des LGBTI, a déclaré qu’effacer le langage signifiait effacer l’égalité des sexes en tant que principe.

    Attaquer le terme « genre » est une stratégie largement appliquée par les acteurs anti-droits de l’homme pour saper les avancées des droits des femmes, des droits sexuels et reproductifs et des droits des LGBTI », a-t-elle déclaré.

    En dépit de l’agitation autour du langage, les dirigeants s’engageront néanmoins en faveur d’une reprise inclusive de la récession record du bloc, déclenchée par la pandémie, qui a tué près de 700 000 personnes en Europe, fermé les entreprises et les voyages, et confiné des millions de personnes chez elles.

    Les femmes, les jeunes, les travailleurs de la « gig economy » et les victimes de violences domestiques font partie des groupes qui ont été particulièrement touchés par l’aggravation des inégalités préexistantes.

    « La priorité sera de passer de la protection à la création d’emplois et d’améliorer la qualité de l’emploi », indique la déclaration des dirigeants, qui salue une proposition visant à aller au-delà des chiffres du PIB pour mesurer le progrès économique et social.

    Vingt-quatre dirigeants participent à la réunion en personne, la chancelière allemande Angela Merkel et deux autres étant présents pour des discussions qui portent également sur les divergences de vues concernant la renonciation aux brevets pour les vaccins COVID-19 et les relations tendues entre l’UE et la Russie.

    Reuters, 07 mai 2021

    Etiquettes : Union Européenne, UE, Pologne, Hongrie, égalité des sexes, cohésion sociale, femmes, homosexualité, migrants,

  • Deux femmes derrière Biden pour son discours au Congrès, une première

    Pour la première fois aux Etats-Unis, deux femmes étaient assises derrière Joe Biden lors de son grand discours de politique générale au Congrès mercredi soir: sa vice-présidente Kamala Harris et la présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi.

    Une vision inédite qui accompagnait d’autres premières historiques.

    Pour cause de pandémie, ce grand rendez-vous annuel de la politique américaine se faisait devant un auditoire très clairsemé, et masqué.

    Le président des Etats-Unis se tenait dans l’hémicycle qu’avaient tenté de forcer des assaillants pro-Trump le 6 janvier. Un assaut meurtrier, sans précédent, qu’il a évoqué.

    « Alors que nous nous rassemblons ici ce soir, les images d’une horde violente attaquant ce Capitole, souillant notre démocratie, restent vivaces dans tous nos esprits », a lancé Joe Biden aux parlementaires qui avaient dû, ce jour-là, fuir l’hémicycle, protégés par des masques à gaz.

    « L’insurrection fut une crise existentielle, un test pour voir si notre démocratie survivrait. Et elle l’a fait », a-t-il ajouté vers la fin de son discours.

    Il l’avait entamé en soulignant le caractère historique de la soirée:

    « Madame Speaker, Madame la vice-présidente », avait-il lancé en direction de Nancy Pelosi et Kamala Harris, sous les applaudissements de la salle. « Aucun président n’a jamais dit ces mots. Il était temps. »

    A 81 ans, la cheffe des démocrates au Congrès a déjà assisté, depuis le perchoir, à de nombreux discours présidentiels.

    Elle y avait fait des étincelles en février 2020 en déchirant, devant les caméras, le discours sur l’état de l’Union que Donald Trump venait de prononcer.

    Mais avec Kamala Harris pour la première fois à ses côtés, les deux femmes ont marqué les près de 245 ans d’histoire américaine.

    Fille d’immigrés, d’origine indienne et jamaïcaine, l’ex-sénatrice et ancienne procureure de 56 ans est la première femme vice-présidente des Etats-Unis.

    « Comme tellement d’autres femmes, je me sens fière de ce moment, en nous voyant représentées », a tweeté une élue démocrate de la Chambre, Barbara Lee. « Cela aurait dû arriver il y a longtemps ».

    – Abîme de l’insurrection –

    Le ton contenu, posé, de Joe Biden devant quelque 200 parlementaires et rares représentants de l’administration a offert un contraste saisissant avec les discours de son prédécesseur Donald Trump.

    Et plus largement avec l’ambiance de ce grand rendez-vous annuel que sont les discours présidentiels de politique générale, donnés depuis quarante ans devant quelque 1.500 invités qui se pressent d’ordinaire sur les sièges de la Chambre des représentants dans un joyeux bouillonnement à leur arrivée, puis un silence respectueux interrompu par des applaudissements tonitruants.

    Dans les tribunes, son épouse Jill Biden était cette fois assise à bonne distance, à cause du Covid, de l’époux de Kamala Harris, Douglas Emhoff, dans un balcon vide de tout autre invité.

    Revenant sur une année marquée par la pandémie, la fin tumultueuse de la présidence Trump et le traumatisme de l’assaut du Capitole, Joe Biden a voulu, encore une fois, comme au cours de toute sa campagne, se présenter en rassembleur.

    « Nous avons contemplé l’abîme de l’insurrection et de l’autocratie, de la pandémie et de la souffrance, et +Nous, le peuple+ n’avons pas flanché », a déclaré le démocrate, en hommage au préambule de la Constitution américaine.

    « Nous sommes les Etats-Unis d’Amérique », a-t-il ajouté, en reprenant l’une de ses célèbres phrases de campagne. « Il n’y a rien que nous ne puissions faire, rien (…) si nous le faisons ensemble. »

    AFP

    TV5 Monde, 29 avr 2021

    Etiquettes : Etats-Unis, Joe Biden, Kamala Harris, Nancy Pelosi, femmes,

  • La semaine prochaine au Conseil de Sécurité des Nations Unies

    Le lundi 26 avril, le Conseil de sécurité tiendra une réunion d’information par vidéoconférence (VTC), suivie de consultations par VTC, sur la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies à Abyei (UNISFA). Les intervenants attendus sont le Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, Jean-Pierre Lacroix, et l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Corne de l’Afrique, Parfait Onanga-Anyanga.

    Mardi (27 avril), le Viet Nam devrait organiser un débat ouvert de haut niveau via VTC sur la protection des biens civils indispensables. Le ministre vietnamien des Affaires étrangères, Bùi Thanh Sơn, présidera la réunion. Les intervenants attendus sont le secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, Mark Lowcock, le président du CICR, Peter Maurer, et le président du conseil d’administration de l’Institut international de la paix (IIP), Kevin Rudd. La réunion pourrait déboucher sur une résolution dont le Viet Nam est le fer de lance.

    Un briefing du VTC, suivi de consultations du VTC, sur les développements politiques et la situation humanitaire en Syrie aura lieu mercredi (28 avril). L’envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie, Geir O. Pedersen, et le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, Mark Lowcock, sont les intervenants prévus.

    Cette semaine, les membres du Conseil poursuivront la négociation d’un projet de résolution élargissant le mandat de la Mission de vérification des Nations unies en Colombie pour y inclure le contrôle du respect des peines prononcées par la Juridiction spéciale pour la paix (SJP), le volet judiciaire du système de justice transitionnelle établi par l’accord de paix de 2016.

    Un dialogue interactif informel sur les mercenaires en Libye pourrait avoir lieu cette semaine.

    Toujours cette semaine, le groupe informel d’experts sur les femmes, la paix et la sécurité se réunira virtuellement pour discuter du Mali jeudi (29 avril).

    Au niveau des organes subsidiaires, le Groupe de travail sur les enfants et les conflits armés se réunira à huis clos en VTC le mercredi 28 avril. La réunion comprendra une discussion des conclusions sur le Sud-Soudan avec le représentant permanent du Sud-Soudan auprès de l’ONU et une présentation du rapport du Secrétaire général sur les enfants et les conflits armés en Syrie.

    Une réunion du Comité d’état-major est prévue pour le jeudi (29 avril).

    Etiquettes : ONU, Conseil de Sécurité, agenda, débats, sujets, Force intérimaire de sécurité des Nations Unies à Abyei, UNISFA, protection des biens civils indispensables, Syrie, Mission de vérification des Nations unies en Colombie, Juridiction spéciale pour la paix, SJP, justice transitionnelle, Libye, mercenaires, femmes, Mali, Soudan,

  • Rapport de l’ONU : De nombreuses femmes dans les pays pauvres ne peuvent pas dire « Pas de sexe ».

    Par EDITH M. LEDERER Associated Press

    NATIONS UNIES – Moins de la moitié des femmes de 57 pays en développement n’ont pas le droit de dire « non » aux relations sexuelles avec leur partenaire, de décider d’utiliser des moyens de contraception ou de demander des soins de santé, selon un rapport des Nations Unies publié mercredi.

    Le rapport du Fonds des Nations unies pour la population précise que les données ne couvrent qu’environ un quart des pays du monde, dont plus de la moitié en Afrique. Mais les résultats « dressent un tableau alarmant de l’état de l’autonomie corporelle de millions de femmes et de filles » qui n’ont pas le pouvoir de faire des choix concernant leur corps et leur avenir sans crainte ni violence, indique le rapport.

    Selon le Fonds, 55 % seulement des filles et des femmes de ces 57 pays sont en mesure de décider d’avoir ou non des relations sexuelles, d’utiliser ou non des moyens de contraception et de choisir le moment où elles souhaitent bénéficier de soins de santé tels que des services de santé sexuelle et génésique.

    « Le déni de l’autonomie corporelle est une violation des droits humains fondamentaux des femmes et des filles qui renforce les inégalités et perpétue la violence découlant de la discrimination de genre », a déclaré la directrice exécutive du fonds, le Dr Natalia Kanem. « Le fait que près de la moitié des femmes ne puissent toujours pas décider elles-mêmes d’avoir ou non des relations sexuelles, d’utiliser des moyens de contraception ou de se faire soigner devrait tous nous indigner. »

    Selon le rapport intitulé « Mon corps m’appartient », les pourcentages varient selon les régions.

    Alors que 76 % des adolescentes et des femmes d’Asie de l’Est et du Sud-Est et d’Amérique latine et des Caraïbes peuvent prendre des décisions concernant les rapports sexuels, la contraception et les soins de santé, moins de 50 % le peuvent en Afrique subsaharienne et en Asie centrale et du Sud, indique le rapport.

    Il existe également des différences au sein des régions. Citant un exemple, le rapport indique que dans trois pays d’Afrique subsaharienne – le Mali, le Niger et le Sénégal – moins de 10 % des adolescentes et des femmes contrôlent ces trois décisions.

    Les différences régionales entre les pays sur ces trois décisions sont moins prononcées ailleurs mais varient encore beaucoup, allant de 33% à 77% en Asie centrale et du Sud, de 40% à 81% en Asie de l’Est et du Sud-Est, et de 59% à 87% en Amérique latine et dans les Caraïbes, selon le rapport.

    Le fonds, qui s’appelle désormais l’agence des Nations unies pour la santé sexuelle et reproductive, a également cité des incohérences au sein des pays.

    Au Mali, par exemple, 77 % des femmes prennent des décisions indépendantes ou conjointes en matière de contraception, mais seules 22 % d’entre elles sont en mesure de faire de même en matière de soins de santé, indique le rapport. En Éthiopie, seules 53 % des femmes peuvent dire « non » aux relations sexuelles, alors que 94 % d’entre elles peuvent prendre des décisions indépendantes ou conjointes en matière de contraception.

    Le Kanem a déclaré dans l’avant-propos du rapport que de nombreuses femmes se voient également refuser le droit de choisir la personne qu’elles épousent, ou le bon moment pour avoir un enfant « en raison de leur race, de leur sexe, de leur orientation sexuelle, de leur âge ou de leurs capacités ».

    « Les progrès réels et durables dépendent en grande partie du déracinement de l’inégalité entre les sexes et de toutes les formes de discrimination, et de la transformation des structures sociales et économiques qui les maintiennent », a-t-elle déclaré. « En cela, les hommes doivent devenir des alliés ».

    Star Tribune 14 avr 2021

    Etiquettes : Femmes, contraception, sexe, planification familiale,

  • Femmes africaines, ne soyez pas une mamie pour l’empire

    par Onyesonwu Chatoyer

    La nouvelle tendance de l’empire américain consiste à pousser les femmes africaines sur le devant de la scène afin de faire de nous les visages de la même vieille violence capitaliste-impérialiste. Nous sommes positionnées comme des dames éveillées avec de l’agence – bottant des culs et prenant des noms, apportant l’énergie de la grande tante et ces bonnes tenues au travail quotidien de gestion d’un empire colonial génocidaire. Nous n’avons pas à chercher plus loin que les exemples de l’actuelle ambassadrice des États-Unis auprès des Nations unies et ancienne haute fonctionnaire du département d’État en Afrique, Linda Thomas-Greenfield, ou de l’actuelle tsar de la politique intérieure et co-architecte de l’invasion et de la dévastation de la Libye, Susan Rice. Il y a aussi Stacey Abrams, Condaleeza Rice, et des dizaines d’autres qui ont fait du muling une tendance. Trop souvent, ces jours-ci, nous voyons des femmes africaines petites-bourgeoises prendre volontairement des positions de leadership, de pouvoir et d’influence au sein de l’infrastructure politique et militaire des États-Unis. Des postes qui requièrent, dans le cadre de leur description de poste, des actes de violence extrême et permanente contre les populations les plus opprimées du monde, y compris leur propre peuple.

    Repensez à l’inauguration de Biden, où nous avons vu un tiercé de la féminité africaine petite-bourgeoise centré et célébré pendant le couronnement fleuri d’un ségrégationniste impénitent qui a été accusé de manière crédible, à plusieurs reprises, d’agression sexuelle. Nous avons regardé sur nos écrans de télévision et sur nos fils de médias sociaux, haletant et nous pâmant devant Michelle Obama dans sa presse en soie et sa tenue de super-héros bordeaux, Amanda Gorman dans son expérience Prada jaune canari, et Kamala Harris dans ses chucks et ses perles, soutenus par une bande-son fournie par Lady Gaga et Jennifer Lopez. Ces femmes se sont montrées belles et brillantes pour ce putain de Joe Biden, pour célébrer son ascension à la tête d’un empire construit sur le meurtre, le vol, l’esclavage et l’exploitation permanente des peuples africains et colonisés et de nos patries.

    Un nouveau jour se levait aux États-Unis, nous ont dit les têtes parlantes des chaînes d’information câblées, alors que Biden et Harris juraient solennellement sur une Bible de poursuivre l’œuvre meurtrière de l’empire des colons. Puis Gorman a récité un poème sur son doux et fier espoir d’une version des Etats-Unis qui n’a jamais existé et n’existera jamais, tandis que Michelle Obama regardait depuis la foule aux côtés de son fier mari criminel de guerre, en montrant du doigt et en saluant. Elle dira plus tard au Ellen Show qu’elle était « extatique », « joyeuse » et « soulagée » de voir l’architecte de l’incarcération raciste de masse, qui a contribué à engendrer une crise des réfugiés à l’échelle de l’hémisphère avec son Plan Colombie néocolonial, officiellement assis en tant que nouveau président des États-Unis.

    Dans les jours qui ont suivi, la réaction du public et des médias a été prévisible pour un pays aussi raciste et dysfonctionnel que les États-Unis. Chacun a vu dans ces femmes quelque chose qu’il pouvait projeter et centrer dans sa consommation personnelle de propagande américaine hyper-nationaliste. Nous avons vu ces femmes transformées dans la presse, dans nos tweets et nos tiktoks en tantes nationales, en petites sœurs et en meilleures amies de rêve – des mères aimantes mais fermes de l’empire. Les femmes et les filles africaines et colonisées ont vu en elles quelque chose à quoi elles pouvaient s’identifier, une façon de se voir dans ce « nouveau jour », et quelque chose à quoi aspirer. Les non-africains et les Européens y ont vu une étreinte, une absolution et un confort vaguement sexualisé. Un caricaturiste est même allé jusqu’à dessiner une image de la jeune Amanda Gorman, volant et portant une cape, portant un vieil Oncle Sam à l’apparence fragile et peu caractéristique. L’image visait à montrer que nous, jeunes femmes africaines, sauvions l’empire – le réhabilitant à la force de nos bras et de nos dos, avec un sourire sur le visage. De nombreuses femmes africaines ont protesté en ligne contre ces images, mais la représentation n’était pas inexacte.

    Les féministes africaines libérales et petites-bourgeoises disent aux femmes africaines et aux genres marginalisés que nous devrions être fières de cette représentation au sein de ces structures. On nous dit que lorsque nous voyons une ancienne « super flic » et procureur s’élever à un niveau de leadership politique où sa capacité de nuisance augmente considérablement en termes d’échelle et de portée, nous devons le célébrer comme une victoire pour nous tous. Mais alors que le symbolisme, l’émotion et l’imagerie autour de ces femmes sont élevés et célébrés, mimés et discutés dans le grand public, nous, les masses de femmes et de mages africaines pauvres et de la classe ouvrière, nous nous retrouvons à l’arrière-plan, vivant toujours avec leur violence. Contrairement à nos homologues petits-bourgeois qui dominent tant de plateformes et donc le discours à ce sujet, nous ne sommes pas en mesure de nous détourner aussi facilement de la réalité de la façon dont ces femmes sont arrivées là où elles sont.

    Dans le cas d’un Harris, d’un Abrams, d’un Rice ou d’un Greenfield, ils ne sont arrivés là où ils sont aujourd’hui qu’en acceptant une série de positions qui n’exigeaient d’eux rien de moins qu’un rejet total non seulement de leur propre peuple, mais de tous les peuples pauvres et opprimés. Ils doivent, en échange de plus en plus de pouvoir au sein de ce système, accepter de soutenir et de mettre en œuvre la privation de droits, la criminalisation, le terrorisme policier, l’invasion et la néo-colonisation. Ils doivent défendre l’emprisonnement des mères célibataires, la fermeture des écoles et le largage de bombes. Ils doivent jeter les femmes transgenres dans des prisons d’hommes, ils doivent poursuivre les travailleurs du sexe aux mains des abuseurs institutionnels, ils doivent mentir sur les dirigeants africains libres et les diaboliser, ils doivent s’engager dans la tentative de destruction des États socialistes libres et l’expansion continue de l’Empire. Ce n’est qu’en renonçant et en nuisant aux peuples africains, pauvres et opprimés, à l’intérieur et à l’extérieur des frontières, que ces femmes sont capables de gravir les échelons jusqu’au sommet. Et elles le font volontiers.

    Bien que l’on nous dise que ces femmes devraient être au centre de la façon dont nous nous voyons et nous comprenons, nous ne sommes pas obligés de les accepter comme le seul modèle de ce que nous sommes ou de ce que nous devrions être. Nous n’avons pas à accepter une représentation et des aspirations construites sur une base de mort et de compromis injustifiables. Nous pouvons dire que nous refusons d’accepter toute définition du succès qui exige de tourner le dos à l’Afrique et aux Africains et de leur nuire. Nous pouvons dire que le seul succès que nous reconnaîtrons est celui qui fait progresser la libération collective. Nous pouvons refuser d’être utilisés pour réhabiliter un empire. Et si nous choisissons de faire cela, nous avons de nombreuses femmes africaines révolutionnaires dans notre histoire de lutte que nous pouvons regarder pour nous guider et nous inspirer.

    Il y a Carlotta, héroïne de Cuba, qui a aidé à diriger un soulèvement organisé d’un an dans la région de Matanzas à Cuba à la fin des années 1800, pendant une période de résistance africaine massive à l’esclavage connue sous le nom de La Escalera.
    Il y a Teodora Gomes, leader de l’Union générale des femmes de Guinée-Bissau (UDEMU), la branche féminine du PAIGC, qui a combattu sur les lignes de front de la lutte africaine contre le colonialisme portugais en Guinée-Bissau.
    Il y a aussi Elma Francois, une remarquable organisatrice syndicale et travailleuse domestique qui a mené de multiples grèves et mouvements syndicaux, et qui a contesté les politiques coloniales britanniques à Trinidad et Tobago.

    L’histoire de la lutte pour la libération de notre peuple est truffée d’histoires de femmes qui ont refusé de se compromettre ou de trouver leur place dans un système capitaliste-impérialiste construit sur la destruction et l’exploitation. Des femmes qui, au contraire, se sont engagées à libérer les personnes opprimées de ce système. Si nous devions aspirer à être quelqu’un, ce serait ces femmes. Si nous devons chercher à construire une nouvelle femme africaine révolutionnaire ou un genre marginalisé, c’est de leur exemple que nous devons nous inspirer. Nous devons affirmer définitivement que le pouvoir et la libération des femmes africaines et des genres marginalisés ne peuvent jamais se faire aux dépens des Africains ou de tout autre peuple opprimé. Nous devons rejeter de tout cœur toute conception du féminisme qui trouve la libération dans le capitalisme et l’impérialisme. Nous pouvons dire que la seule représentation dont nous avons besoin est la représentation révolutionnaire. Et nous pouvons nous inspirer de cette représentation révolutionnaire pour construire la prochaine phase de notre lutte pour la libération depuis les lignes de front de ce combat.

    Hood Communist, 25 mars 2021

    Tags : Afrique, Femmes, Libye,  Susan Rice, Stacey Abrams , Condaleeza Rice, Michelle Obama, Joe Biden,

  • Mauritanie : 16 femmes meurent à l’accouchement chaque semaine, dit Mint Dah

    16 femmes meurent chaque semaine à l’accouchement en donnant la vie, soit 582 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes, a affirmé le mardi 23 mars courant, la Première Dame, Marieme Mint Dah, à l’occasion de sa participation par vidéoconférence depuis Nouakchott, à la réunion de l’initiative pour l’élimination des fistules obstétricales en Afrique de l’Ouest et du Centre.

    La Mauritanie a développé et mis en œuvre, depuis le lancement de la campagne nationale en 2003, plusieurs programmes et stratégies pour lutter contre la fistule obstétricale et l’laboration d’une stratégie nationale d’élimination de la fistule obstétricale (2020-2025); en -de la création d’un centre régional d’excellence (ENSSS) pour le mentorat clinique des sages-femmes afin de renforcer la formation continue et favoriser l’offre de service santé de la reproduction de qualité; a-t-elle affirmé.

    Malgré ces progrès, il faut noter que la fistule obstétricale reste un défi en Mauritanie, a-t-elle précisé, soulignant que chaque année un nombre additionnel de 150 à 300 femmes viennent accroitre le nombre de porteuses de fistule obstétricale, avec un GAP cumulé (2003 à 2021) de 2700 à 5400 cas.

    Essahraa

    Tags : Mauritanie, femmes, accouchement, Marieme Mint Dah, fistules obstétricales,



  • France Inter : Au Maroc, porter plainte pour viol c’est risquer la prison

    Cette semaine sur la planète LGBT, une websérie marocaine dans la lignée de #MeToo, des violences envers les femmes en hausse en Belgique, les Japonais qui sont de plus en plus favorables au mariage gay, et une image choc sur les réseaux sociaux : des aisselles non épilées !

    #TaAnaMeToo, « moi aussi je suis MeToo » : c’est le titre de la websérie de la semaine. Elle est évidemment produite et diffusée par le studio Jaw Jab, à la fois pépinière de talents et laboratoire à idées du réalisateur Nabil Ayouch. Autrement dit : c’est là que se retrouve l’essentiel de la créativité marocaine sur le web aujourd’hui.

    Dernier exemple en date donc, la série #TaAnaMeToo que l’on doit à une jeune journaliste, Zaina Aboulfaraj. Pendant des mois, elle est allée à la rencontre d’associations pour convaincre des femmes de témoigner sur les violences sexuelles qu’elles ont subies. Cela donne lieu à une parole rare, inédite même, au Maroc ; un dessin, un graphisme aussi pudique qu’affirmé ; et des histoires comme celles-ci.

    Au Maroc, une femme sur deux a été victime d’agression sexuelle – un peu comme en France, en fait. Dans 30% des cas, il s’agit d’un viol. Mais la plupart du temps, elles n’en parlent pas. Pourquoi ? Le poids de la culture et de la religion bien sûr, et cela, c’est le cas à peu près partout dans le monde.

    Mais dans celui du Maroc, il y a cette petite spécificité qui vient encore compliquer la donne : le fameux article 490 du Code pénal, qui punit de prison les relations sexuelles hors mariage. Techniquement, il concerne les hommes comme les femmes, mais je vous le donne en mille, qui finit derrière les barreaux à votre avis ?

    Dans ce contexte, celles qui oseraient venir porter plainte pour viol courent le risque, non négligeable, que la démarche se retourne contre elles et que, de victimes, elles en deviennent coupables, accusées d’avoir eu des relations adultères. Les associations féministes militent depuis de longs mois pour l’abrogation de cet article.

    Réunion de crise à Bruxelles

    La secrétaire d’État à l’égalité des genres, Sarah Schlitz, a convoqué d’urgence ses collègues de l’intérieur et de la justice. Le nombre d’infanticides et de féminicides flambe en Belgique avec la seconde vague de Covid-19.

    Au 21 mars, 8 femmes et 6 enfants ont été tués, soit deux fois plus que l’an dernier à la même époque… Le phénomène va bien au delà de la Belgique : au total, depuis le début de la pandémie, le nombre d’appels d’urgence de victimes de violences conjugales a augmenté de 60% dans toute Europe.

    Une première juridique au Japon

    Un tribunal de Saporo déclare la non-reconnaissance des couples homosexuels contraire à la Constitution… et à son article 14 notamment, qui stipule que tous les citoyens sont égaux devant la loi. Le Japon est le dernier pays du G7 à ne pas autoriser le mariage entre personnes du même sexe. Mais ça pourrait changer… En tous cas, les mentalités bougent : plus de 60% des Japonais y sont désormais favorables.

    Des aisselles poilues, l’image de la semaine

    Cest une très belle femme, noire, en brassière, Stella Mac Cartney qui enflamme les réseaux. Elle, c’est Leila Davis, chorégraphe, danseuse de pole dance, égérie Adidas, posant devant l’objectif bras relevés et, -oh mon dieu ! – aisselles non épilées. Le cliché est immédiatement devenu viral, aussi viral que clivant.

    D’un côté, une génération de jeunes femmes enthousiastes applaudissent l’équipementier allemand : oui, le droit de disposer de son corps c’est aussi celui d’en finir avec une série de contraintes qui pèse sur celui des femmes, et des femmes seulement d’ailleurs – les poils des hommes n’ayant jamais posé problème, bien au contraire… Exactement ce qu’on appelle un double standard.

    Visiblement, cette nuance là échappe toujours à une partie du public qui pousse des cris d’orfraie à la moindre aisselle féminine non épilée. Leila Davis a donc eu droit au lot habituel de vomi qui attend toujours celles qui osent jeter le rasoir à la poubelle. Elles sont de plus en plus nombreuses, alors il faudrait peut-être s’y habituer, voire – attention audace – à leur laisser le choix.

    France Inter, 23 mars 2021

    Tags : Maroc, viol, femmes, abus, justice, machisme, genre,

  • Amnesty Internationa : MENA: la violence sexiste continue de dévaster la vie des femmes dans toute la région

    Source : Amnesty International, 8 mars 2021

    À travers le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord (MENA), malgré quelques réformes limitées, les femmes continuent d’être confrontées à une discrimination et à des violences quotidiennes enracinées dans un pays où les gouvernements n’ont pas réussi à éradiquer les arrestations arbitraires, les enlèvements, les assassinats, les meurtres dits «d’honneur» et autres. formes de violence sexiste, a déclaré Amnesty International, à l’occasion de la Journée internationale de la femme.

    Plus récemment, le début de la pandémie de COVID-19 a conduit certains pays à signaler une augmentation des cas de violence domestique et des appels aux lignes d’assistance en raison de la détention prolongée à domicile pendant les périodes de verrouillage et de couvre-feu.

    «Dans la région MENA, la vie de nombreuses femmes et filles continue d’être gâchée par la réalité quotidienne de la violence à la maison ou dans la rue. La violence sexiste est déjà une préoccupation omniprésente en matière de droits humains dans la région MENA et la flambée de violence domestique pendant les verrouillages de COVID-19 a eu des conséquences catastrophiques », a déclaré Heba Morayef, directrice régionale d’Amnesty International pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.

    «Ces dernières années, alors que les défenseurs des droits des femmes de toute la région ont remporté d’importantes batailles qui ont apporté des progrès limités dans le domaine des droits des femmes, en particulier grâce à des réformes législatives abrogeant les lois discriminatoires, ces progrès ont été éclipsés par les gouvernements qui s’engagent ou, à tout le moins, acceptent le genre. la violence qui continue d’avoir un impact dévastateur sur la vie des femmes. »

    La pandémie du COVID-19 en 2020 a accru les risques déjà graves auxquels sont confrontées les femmes de la région, avec des organisations de défense des droits des femmes, des lignes d’assistance et des abris pour les survivantes de la violence domestique dans certains pays de la région MENA, notamment l’Algérie, l’Irak, la Jordanie, le Maroc et la Tunisie faisant état d’un augmentation des appels au soutien ou enregistrement d’une augmentation des cas de violence sexiste.

    En Algérie, au moins 39 cas de meurtre ou «d’agression intentionnelle et de voies de fait» entraînant la mort ont été enregistrés par le Centre d’information sur les droits des femmes et des enfants pendant le verrouillage du COVID-19, les groupes de défense des droits des femmes avertissant que le nombre réel de les cas sont probablement plus élevés.

    La violence sexiste reste endémique

    Ces dernières années, plusieurs pays de la région MENA ont fait des progrès limités sur les droits des femmes au niveau législatif et institutionnel. Il s’agit notamment de réformes attendues depuis longtemps du système de tutelle masculine discriminatoire en Arabie saoudite et de la levée de l’interdiction des femmes conductrices, de la mise en place d’un mécanisme de plainte pour les survivantes de violence domestique en Tunisie et d’un refuge pour les femmes exposées au risque de «crimes d’honneur» en Jordanie. .

    Dans tout le Maghreb, des dispositions légales pour lutter contre la violence à l’égard des femmes ont été introduites, y compris une loi historique de 2017 en Tunisie pour protéger les femmes de toutes les formes de violence sexiste.

    Pourtant, ces progrès ont été éclipsés par la violence et la discrimination persistantes auxquelles les femmes sont confrontées, en particulier en matière de mariage, d’héritage et de garde des enfants, et ont été sapés par la faible mise en œuvre des réformes et le refus continu du libre arbitre des femmes.

    Des meurtres dits «d’honneur» ont continué d’être enregistrés en Iraq, en Iran, en Jordanie, au Koweït et dans les communautés palestiniennes d’Israël et de Palestine, où les autorités n’ont pas pris de mesures pour poursuivre les auteurs ou s’attaquer aux lois discriminatoires sous-jacentes ou aux normes sexospécifiques qui permettent de tels actes. violence pour prospérer. Dans plusieurs pays, les femmes défenseurs des droits humains ont été menacées – y compris des menaces de viol – d’intimidation, d’interdictions de voyager ou même d’attaques violentes et de meurtres, de la part d’acteurs étatiques et non étatiques cherchant à les faire taire.

    En Libye, des femmes et des filles ont été victimes d’agressions physiques, d’enlèvements, d’assassinats et de violences sexuelles , ainsi que de campagnes de dénigrement et d’abus en ligne de la part de milices et de groupes armés. Plus récemment, en novembre 2020, l’avocat libyen Hanan al-Barassi a été abattu à Benghazi après avoir critiqué la corruption d’individus affiliés à des groupes armés dans l’est de la Libye.

    De même, en Irak, des hommes armés ont abattu Reham Yacoub, un activiste connu pour avoir organisé des manifestations locales à Bassorah en août 2020.

    En Égypte, une campagne en ligne contre le harcèlement sexuel et la violence des jeunes féministes a conduit à l’arrestation de plusieurs hommes accusés de viol en août 2020. Pourtant, malgré l’approbation par les autorités égyptiennes d’une disposition légale permettant aux procureurs d’accorder l’anonymat aux survivantes de violences sexuelles, les survivants et les témoins qui ont témoigné dans de tels cas ou dénoncé des violences sexuelles ont continué à faire l’objet d’arrestations et de poursuites.

    En 2020, au moins neuf femmes influenceuses des médias sociaux ont été poursuivies pour «violation des principes de la famille » pour des vidéos publiées sur TikTok. Les médias p ro-gouvernementaux se sont également lancés dans une vicieuse campagne de dénigrement contre les femmes survivantes de violences sexuelles et leurs partisans.

    En Iran, la police «morale» continue d’appliquer des lois discriminatoires et dégradantes sur le voile forcé, soumettant les femmes et les filles au harcèlement quotidien et aux attaques violentes.

    Les droits des survivants bafoués

    Les femmes qui se manifestent pour signaler des abus font face à de sérieux obstacles pour accéder à la justice. En Libye, ils risquent d’être arrêtés pour «adultère» et dans le cas des réfugiés et des migrants, les survivants n’osent pas s’approcher de la police de peur d’être arrêtés et expulsés. Des femmes en Jordanie ont déclaré craindre d’être détenues dans des centres d’hébergement pour avoir dénoncé des actes de violence commis à leur encontre. Malgré les réformes, le système de tutelle masculine en Arabie saoudite continue de permettre aux tuteurs masculins de perpétuer la violence contre les femmes et ne parvient pas à les protéger contre la violence sexuelle et physique. Par exemple, les femmes qui souffrent de violence domestique ont toujours besoin de l’autorisation d’un tuteur masculin pour quitter les refuges.

    Alors que de nombreux pays ont abrogé les dispositions légales permettant aux violeurs d’échapper aux poursuites en épousant leur victime, la loi persiste dans un certain nombre de pays de la région MENA.

    «Une action gouvernementale inadéquate pour protéger les femmes contre la violence sexiste et lutter contre l’impunité perpétue depuis longtemps cette forme d’abus. Dans un premier temps, les autorités doivent condamner publiquement toutes les formes de violence sexiste et démanteler les structures discriminatoires qui facilitent de tels abus – comme la tutelle masculine », a déclaré Heba Morayef.

    « Ils doivent également veiller à ce que les droits des survivants soient protégés, à ce que les survivants puissent accéder en toute sécurité à la justice et à ce que les auteurs soient tenus de rendre des comptes. Les survivants doivent pouvoir accéder à un abri adéquat, à un soutien psychosocial ainsi qu’à des services juridiques et autres. »

    Tags : Algérie, Tunisie, Maroc, violence sexuel, violence de genre, maltraitance, femmes, Amnesty International,

  • Le Conseil de sécurité échoue à adopter une résolution « commémorative » sur les femmes, la paix et la sécurité

    Cet après-midi, le Conseil de sécurité n’a pas réussi à s’entendre sur l’adoption d’une résolution destinée à commémorer le vingtième anniversaire de la première résolution du Conseil sur « Les femmes et la paix et la sécurité », à savoir la résolution 1325 (2000).

    Le projet de résolution présenté par la Fédération de Russie a recueilli 10  abstentions (Allemagne, Belgique, Estonie, États-Unis, France, Niger, République dominicaine, Royaume-Uni, Saint-Vincent-et-les Grenadines, Tunisie) et seulement 5 voix en sa faveur (Afrique du Sud, Chine, Fédération de Russie, Indonésie, Viet Nam).

    En raison de la pandémie de COVID-19, le Conseil de sécurité s’était déjà réuni hier par visioconférence pour son débat public annuel sur la question. Il a procédé au vote par voie de correspondance électronique. Les votes ont été envoyés au Directeur de la Division des affaires du Conseil de sécurité qui les a transmis au Président du Conseil. Le représentant de la Fédération de Russie, Président pour le mois d’octobre, a donc convoqué les membres du Conseil par visioconférence pour annoncer le résultat du vote.

    Après des négociations difficiles, il semblerait que la majorité des délégations aient renoncé à appuyer un texte qui reprenait essentiellement les termes des résolutions précédentes, sans répondre à certaines de leurs préoccupations, notamment en ce qui concerne le rôle de la société civile, les violences sexuelles à l’égard des femmes en période de conflit ou encore leurs droits à la santé sexuelle et reproductive.

    Tant qu’à commémorer le vingtième anniversaire de la première résolution sur la question des femmes et de la paix et de la sécurité, ces délégations auraient en outre penché pour un format plus percutant, l’essentiel étant la mise en œuvre du programme y relatif.

    Par ce projet de résolution, le Conseil de sécurité aurait commémoré le vingtième anniversaire de l’adoption de la résolution 1325 (2000), « occasion unique de faire le bilan des progrès accomplis à ce jour ainsi que de s’engager à faire appliquer plus avant le programme pour les femmes et la paix et la sécurité », sachant que l’année  2020 coïncide aussi avec le vingt-cinquième anniversaire de l’adoption de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing sur les femmes.

    Conscient qu’il doit accorder une attention plus systématique au respect des engagements pris à ce sujet dans son propre travail, le Conseil aurait exhorté les États Membres « à s’engager à appliquer le programme pour les femmes et la paix et la sécurité et les priorités qui y sont fixées en assurant et en facilitant la participation pleine et véritable des femmes, sur un pied d’égalité, à toutes les étapes des processus de paix, notamment en prenant systématiquement en considération les questions de genre ».

    À l’entame de ce projet, le Conseil aurait exprimé « sa profonde inquiétude » quant à l’impact négatif disproportionné de la pandémie de COVID-19, notamment du point de vue socioéconomique, sur les femmes dans le monde, en particulier celles qui vivent dans des pays ravagés par des conflits armés ou dans des situations postconflit, et celles qui sont touchées par des crises humanitaires.

    UN Press release, 30 oct 2020

    Tags : UN, ONU, Conseil de Sécurité, femmes, paix, sécurité,