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  • Algérie: Le PLF 2022 tributaire de la rente des hydrocarbures

    Algérie: Le PLF 2022 tributaire de la rente des hydrocarbures – La loi de finances prévisionnelle 2022 se base sur un cours de 45 dollars le baril et un prix du marché de 50 dollars

    La loi de finances prévisionnelle 2022 se base sur un cours de 45 dollars le baril et un prix du marché de 50 dollars, alors que pour le FMI, l’équilibre budgétaire pour 2022 nécessite plus de 150 dollars le baril, contre 141,3 dollars en 2021 et 83,6 pour 2020, rendant urgentes la rationalisation et des actions ciblées de la dépense.

    1.- Le PLF 2022 prévoit des exportations des hydrocarbures de 32,4 mds de dollars fin 2021 et hors hydrocarbures à environ 5 milliards de dollars. Mais le document le plus fiable n’est pas la balance commerciale mais la balance des paiements qui inclut les sorties de devises des services donnant un déficit estimé à -5,3 mds de dollars (3.3% du PIB), contre -16,4 mds de dollars fin 2020, soit un recul de 67,5%. Le PLF 2022 table sur des recettes budgétaires qui s’élèvent à 5.683,22 milliards de dinars. Quant aux dépenses, le PLF 2022 prévoit un budget de fonctionnement de 6.311,53 milliards de dinars et un budget d’équipement de 3.546,90 milliards de dinars. Au total, nous avons des dépenses de 9.858,43 milliards de dinars donnant un déficit budgétaire de 4.175,21 milliards de dinars, soit au cours de 137 dinars un dollar 30,47 milliards de dollars alors que dans la loi de finances 2021, le déficit budgétaire était estimé à 2.784 milliards de dinars, soit 22 milliards de dollars au cours de 2020.

    Pour les subventions, il est prévu 1.942 milliards de dinars, soit 19,7% du budget de l’Etat contre 24% en 2021 et 8,4% du PIB où en plus pour alimenter les caisses de retraite de retenir 3% de la taxe pétrolière, ce qui donne environ 63 milliards de dinars. Pour le gouvernement, ce déficit sera financé en recourant aux mécanismes du Trésor et au Fonds de régulation des recettes (différence entre le prix réel et 45 dollars) et ne recourra pas à la planche à billets ni à l’endettement extérieur, proposant de ne pas toucher au profit de Sonatrach et Sonelgaz afin de leur permettre de relancer l’investissement. Or, Sonelgaz ne fait pas de profit connaissant un déficit structurel d’environ 70 milliards de dinars pour 2020 qui a besoin, selon le rapport officiel du groupe et nécessitant entre 1,5 et 2,2 milliards de dollars/an au cours actuel entre 2021/2030 pour financer ses projets d’investissement et satisfaire la demande croissante en énergie. Quant à Sonatrach, en matière d’exploration et d’exploitation de pétrole et de gaz, ses besoins en investissements pour les cinq prochaines années se situent entre 70/80 milliards de dollars. Mais pour la rentabilité de ces gisements, tout dépendra du vecteur prix au niveau international et du coût, pouvant découvrir des milliers de gisements non rentables, posant le problème de la rentabilité.

    Avec la flambée du prix du gaz, qui connaît avec le coût du transport en Asie un cours dépassant les 30 dollars le MBTU, l’équivalent de 150 dollars le baril de pétrole, et entre 15/20 dollars en Europe et le cours du pétrole à plus de 85 dollars le Brent. A court terme, l’Algérie profite peu de ces hausses puisque selon le rapport de l’OPEP de juillet 2021, les exportations sont passées à plus de 1,2-1,5 million de barils/j, entre 2007/2008 à environ 450.000/500.000 barils/en octobre 2021, et pour le gaz, plus de 65 milliards de mètres cubes gazeux à 40 en 2020, espérant 43/44 pour 2021, du fait de la forte consommation intérieure, près de 40/50% de la production pour le pétrole et le gaz entre 2019/2020 et devant s’accélérer entre 2021/2030, laissant peu pour les exportations. Les études du ministère de l’Energie montrent clairement que la consommation intérieure horizon 2030 dépassera les exportations actuelles, d’où l’importance à la fois de revoir la politique des subventions des carburants, dossier très complexe, de développer les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique pour pouvoir honorer les engagements internationaux. C’est que l’Algérie ne s’est pas adaptée, faute de prévisions, aux nouvelles mutations gazières mondiales avec la percée du marché libre dit spot, ayant privilégié les contrats à moyen et long terme avec un prix fixe qui ne peut être révisé en cas de hausse ou baisse des prix qu’au bout d’une certaine période, après négociations.

    Aussi, la remontée des prix pour 2021, étant prévu un cours moyen entre 70/80 dollars pour 2022) peut permettre une recette de Sonatrach entre 32/33 milliards de dollars, un gain de 6/8 milliards de dollars par rapport aux recettes de 2020, les opérateurs attendant toujours les décrets d’application de la loi des hydrocarbures et le code des investissements. Encore qu’il faille se méfier du juridisme, l’objectif étant de profondes réformes structurelles pour dynamiser l’économie. Aussi, il serait utile, ayant écarté l’endettement extérieur, restant les seules solutions, d’accroître la productivité et puiser dans les réserves de change, via les recettes de Sonatrach (98% des recettes en devises du pays avec les dérivés) en fonction de différents scénarios, d’évaluer les réserves évaluées au 01 janvier 2014 à 194 milliards de dollars, fin 2019 à 62 milliards de dollars, fin 2020, 48 et mai 2021 44 milliards de dollars.

    2.-La loi de finances prévisionnelle PLF 2022 prévoit une dépréciation progressive du dinar par rapport au dollar, de 149,3 dinars un dollar en 2022, 156,8 en 2023 et 164,6 qui permet d’atténuer le montant de ce déficit budgétaire car si on avait un dollar à 100 dinars, il faudrait pondérer à la hausse d’au moins 37% le déficit, ce qui donnerait un montant supérieur à 42 milliards de dollars. Cela pose le problème du fait de l’extériorisation de l’économie algérienne dont le taux d’intégration ne dépasse pas 15% des impacts d’actions spéculatives sur les devises, sur le taux d’inflation et de l’opportunité du lancement de projets créateurs de valeur ajoutée dont le retour en capital est à moyen et long terme.

    Cette dépréciation accélère la méfiance du citoyen vis-à-vis du dinar, amplifiant la sphère informelle, servant de soupapes sociales, qui représentent hors hydrocarbures plus de 50% de la superficie économique, idem pour l’emploi, et contrôlant une masse monétaire hors banques, selon les informations données par le président de la République lors de sa conférence de presse, du fait de l’effritement du système d’information, fin 2020 entre 6.100 et 10.000 milliards de dinars, soit au cours de 137 dinars un dollar entre 44,52 et 72,99 milliards de dollars. Les mesures adoptées via la finance islamique ont permis de drainer seulement 100 milliards de dinars, soit à peine 1% si l’on prend le montant de 10.000 milliards de dollars. (Voir étude sous la direction du Pr Abderrahmane Mebtoul pour l’Institut français des relations internationales -IFRI- Paris décembre 2013, les enjeux géostratégiques de la sphère informelle au Maghreb).

    Avec le processus inflationniste interne où la majorité des produits importés, excepté ceux subventionnés, connaissent une hausse entre 50/100%, l’indice officiel de l’ONS non réactualisé depuis 2011, le besoin étant historiquement daté. Sans s’attaquer aux réformes, la vieille recette tant du Fonds de régulation (différence entre le prix du marché réel moyen de l’année et le prix fiscal de 45 dollars) étant un artifice comptable, vision purement monétariste qui n’a fait ses preuves par le passé et la dépréciation du dinar, sans réformes structurelles, il est impossible de dynamiser les exportations hors hydrocarbures. Pour preuve, la cotation du dinar a été de 5 dinars un dollar vers les années 1970, 70/75 dollars vers les années 1980, 90/120 dinars un dollar entre 2000/2018 et le cours le 01 novembre 2021 officiel selon la Banque d’Algérie à 136,884 dinars un dollar et 159,4727 un euro, avec un cours sur le marché parallèle le 31 octobre 2021 à 213 dinars un euro à la vente et 21.500 dinars à l’achat, sans dynamiser les exportations hors rente, le blocage étant d’ordre systémique.

    Contrairement à certaines supputations, ignorant la pratique des relations internationales où n’existent pas de sentiments mais que des intérêts, avec la concurrence internationale, un des marché les plus difficiles à pénétrer supposant des entreprises publiques et privées compétitives en termes de coût/qualité, est l’Afrique où d’ailleurs l’on devra analyser les impacts de l’adhésion de l’Algérie à la zone de libre-échange avec le monde arabe, l’Afrique et pas seulement avec l’Union européenne qui nécessitent des dégrèvements tarifaires, l’adhésion à l’OMC dont les contraintes sont plus dures n’étant pas pour demain. Après analyse sur les 3,1 milliards de dollars hors hydrocarbures, pour les neuf premiers mois de 2021, le constat est que 75/80% sont constituées de dérivés d’hydrocarbures et de produits semi-bruts. L’important est d’avoir la balance devises nettes, devant soustraire les matières importées en devises, les exonérations fiscales, les matières subventionnées par l’Etat et aligner le prix de cession du gaz/pétrole sur le prix international pour voir si les entreprises sont compétitives en termes de coûts/qualité : plus de 85% des entreprises publiques et privées étant selon les données du registre du commerce, des unités personnelles ou petites Sarl peu compétitives.

    3.- Le PLF 2022 prévoit une croissance de 3,3% et hors hydrocarbures de 3,7% à prix courants, un taux de croissance se calculant par rapport à la période précédente, un taux positif en 2021, rapporté à 2020, moins de 6% donnant un taux faible, en termes réels entre 0 et 1% largement inférieur à la croissance démographique. On ne peut tout restreindre, quitte à aller vers une dérive économique, uniquement pour le BTPH plus de 150.000 pertes d’emplois selon les organisations patronales, la majorité des unités fonctionnant à peine à 50% de leurs capacités, 85% des matières premières, entreprises publiques et privées fonctionnent avec des importations en devises. Il faudra tenir compte, avec la faiblesse du taux de croissance d’un indicateur souvent oublié, la pression démographique où la population active dépasse en 2021 12,5 millions sur une population totale résidente de 44,7 millions d’habitants au 1er janvier 2021 et du déficit financier de la Caisse nationale de retraite (CNR) qui devrait atteindre 690 milliards de dinars en 2021, le nombre de retraités dépassant les 3,3 millions, la CNR enregistrant un taux de cotisation de sécurité sociale, estimé à 2,2 travailleurs pour chaque retraité et pour un équilibre, le taux de cotisation devrait atteindre cinq travailleurs pour un retraité. C’est que la situation économique actuelle est complexe devant entre 2022-2025 créer plus de 350.000-400.000 emplois par an, qui s’ajoutent au taux de chômage, impliquant pendant plus de 5 à 7 ans un taux de croissance en termes réels entre 8/9%. Cela influe sur le taux de chômage, qui, selon le FMI, en 2021 serait de 14,1% et 14,7% en 2022 incluant les sureffectifs des administrations, entreprises publiques et l’emploi dans la sphère informelle.

    L’Algérie possède encore des marges de manœuvre (voir notre interview quotidien gouvernemental Horizon 28/10/2021), mais de plus en en plus étroites, le ratio du service de la dette extérieure rapporté aux exportations de biens et services est estimé à 1% à fin 2020, le ratio du stock de la dette extérieure rapporté aux exportations était de 20% en 2020, contre 14% en 2019 et le ratio du stock de la dette extérieure rapporté au revenu national brut est estimé à 4% en 2020, à 3% en 2019. Mais selon la Banque mondiale, l’Algérie a peu attiré l’investissement étranger avec une baisse de 21,3%, 1,073 milliard de dollars en 2020, contre 1,364 milliard de dollars en 2019. Mais l’on devra éviter des promesses reposant sur l’utopie. Comment ne pas rappeler que l’Algérie a engrangé plus de 1.000 milliards de dollars en devises entre 2000/2019, avec une importation de biens et services toujours en devises de plus de 935 milliards de dollars pour un taux de croissance dérisoire de 2/3% en moyenne alors qu’il aurait dû être entre 9/10% et une sortie de devises de 20 milliards de dollars en 2020 pour une croissance négative selon le FMI de 6%.

    Selon les données officielles du Premier ministère (source APS), l’assainissement du secteur public marchand durant les 25 dernières années a coûté au Trésor l’équivalent de 250 milliards de dollars et le coût des réévaluations entre 2005/2020, 8.900 milliards de dinars, soit au cours moyen de 135 dinars un dollar, environ 66 milliards de dollars : continuer sur cette voie est un suicide collectif. Evitons les utopies par un langage de vérité : si les projets du fer de Gara Djebilet et du phosphate de Tébessa commencent leur production en 2022, l’investissement de ces deux projets étant estimé à environ 15 milliards de dollars ainsi que le projet du gazoduc Algérie dont le coût est estimé par l’Europe, principal client, nécessitant son accord en plus des pays riverains, entre 19/20 milliards de dollars, la rentabilité ne se fera que dans 5/7 ans.

    En conclusion, toutes les dépenses économiques et sociales prévues auront un impact sur les équilibres macroéconomiques de 2022 qui sont fonction des recettes des hydrocarbures qui, directement et indirectement via la dépense publique, irriguent une grande partie de la société. Malgré ses importantes potentialités, après plusieurs décennies d’indépendance politique en ce mois de novembre 2021, tant sur le plan économique que diplomatique, Sonatrach c’est toujours l’Algérie et l’Algérie c’est Sonatrach.

    PR  Abderrahmane MEBTOUL

    Professeur des universités docteur d’Etat en sciences économiques 1974, expert international

  • Le pétrole se maintient au-dessus des 80 dollars

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    Certains experts estiment très possible un baril à 100 dollars d’ici à la fin de l’année. Ce qui serait une excellente nouvelle pour la santé financière de l’Algérie.

    Les prix du pétrole restaient, hier, au-dessus des 80 dollars à la bourse de Londres. Même s’il a connu un léger recul par rapport à la cotation de mardi le baril de Brent tenait la dragée haute et semblait tout à fait stabilisé à un niveau de prix qu’il n’avait pas connu depuis septembre 2018. Ainsi, en milieu de matinée, le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en décembre était en baisse de 0,35% par rapport à la clôture de la veille, à 82,27 dollars à Londres. A New York, le baril de WTI pour le mois de novembre abandonnait 0,44% à 78,58 dollars. Les deux contrats de référence ont cependant atteint en tout début de séance européenne 83,47 dollars et 79,78 dollars le baril, une première pour le Brent depuis octobre 2018 et pour le WTI depuis novembre 2014. C’est dire la force du marché, orientée vers la hausse depuis plusieurs jours déjà. Il faut dire que cette embellie de l’or noir, accompagnée par la fulgurance de la hausse des prix du gaz naturel, constitue une véritable aubaine pour le trésor public qui peut faire face avec aisance aux dépenses de l’Etat. Cet état de fait est susceptible de durer si l’on se fie aux analystes des places boursières qui note les incertitudes concernant les approvisionnements en énergie, qui arrangent les pays producteurs sachant que «les réserves de charbon, de gaz naturel et de brut semblent se resserrer».

    La réunion de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et de leurs alliés via l’accord Opep+ lundi «n’a fait qu’exacerber le problème» suite à sa décision d’ouvrir les vannes d’or noir autant que le marché pouvait l’espérer. Suivant son plan de juillet, l’Opep s’est contenté d’une augmentation de la production globale mensuelle de 400.000 barils par jour pour novembre. L’augmentation de près d’un million de barils des stocks de brut aux Etats-Unis rapportée mardi par l’American Petroleum Institute (API), la fédération qui regroupe les professionnels du secteur pétrolier aux Etats-Unis, contribuait à ralentir l’envolée récente des cours du brut. L’Agence américaine d’information sur l’Energie (EIA), aux estimations jugées plus fiables sur cette évolution hebdomadaire, publiera ses propres chiffres sur les stocks plus tard dans la journée. Les stocks de brut sont scrutés de près par les observateurs et acteurs de marchés, la vitesse à laquelle ils se réduisent aidant à apprécier l’ampleur du déficit entre l’offre, contrainte, et la demande, solide. Le marché du gaz connaissait de son côté une nouvelle séance très active: le marché européen de référence, le TTF (Title Transfer Facility) néerlandais, affichait une hausse de 30,15% à 151,00 euros le mégawattheure (MWh).

    Pour expliquer cette hausse, les analystes évoquent un ensemble de facteurs composés «de prix élevés de l’électricité, de faibles stocks de gaz dans le monde entier, d’une offre limitée en provenance de Russie et la possibilité d’un hiver plus froid».

    Tous ces facteurs entrant dans la fixation du prix de l’or noir à l’international seront, à en croire les observateurs, renforcé dans les semaines et mois à venir. Certains experts estiment très possible un baril à 100 dollars d’ici à la fin de l’année. Ce qui serait une excellente nouvelle pour la santé financière de l’Algérie.

    Yahia Bourit

    Ouest Tribune, 07/10/2021

  • Le prix du gaz flambe, le pétrole autour de 70 dollars le baril

    par A. Maktour

    L’Algérie, à l’instar des pays ayant du mal à s’affranchir de la prédominance des hydrocarbures dans leur PIB, entrevoit une petite lueur sur le plan financier et, ainsi, devrait espérer diminuer du mieux qu’elle le pourra dans une certaine mesure ses étouffants déficits budgétaires et en partie financer l’économie nationale puisque la libération vis-à-vis des hydrocarbures n’est pas envisageable en ce moment ni à moyen terme.

    C’est donc une petite lueur qu’entrevoient les pays qui ne peuvent envisager leur présent et leur futur sans les hydrocarbures. Une embellie qui survient en ces temps mêmes où la pandémie est en train de non pas remettre en cause le redémarrage de la machine économique mondiale mais altère tout de même dans une certaine mesure l’activité. Toutefois, ceci ne semble pas remettre en cause les projections et les perspectives immédiates des analystes des deux singuliers marchés mondiaux du pétrole et du gaz.

    Le marché du gaz d’abord. Selon le Financial Times, les prix du gaz naturel augmentent en Europe et en Asie en raison d’un approvisionnement plus restreint, d’une production plus faible en Europe et d’une baisse des exportations de la Russie, le tout en assurant que la crise de l’offre pourrait s’intensifier dans les semaines à venir. L’Europe est en train, toujours selon la publication, d’assister à une montée des prix telle que le mégawatheure atteint les 40 euros pour la première fois alors qu’en Grande-Bretagne les prix n’ont jamais été aussi élevés depuis 16 années tandis qu’en Asie, le million de Btu (MMBtu) vaut 15 dollars. Une situation qui pourrait s’aggraver, selon les analystes du marché du gaz qui attestent que la demande a fortement rebondi dans le monde, citant le cas du Brésil, dont la terrible sécheresse a obligé le pays à se tourner vers l’électrification au GNL, et de l’Europe où le long hiver a vidé les stockages de gaz sans qu’ils soient jusque-là réapprovisionnés, alors qu’en Asie, après un hiver très rude qui a induit une consommation record notamment en Chine, la forte reprise économique s’est accompagnée d’un pic saisonnier de la demande durant l’été pour pousser les prix encore plus haut. Ceci alors qu’en Europe, la reprise économique implique une forte demande, entraînant les prix vers le haut. De quoi donner des idées aux producteurs de GNL à l’instar de l’Algérie, donc, à condition que les problèmes de production soient enfin surmontés et que les traders de la compagnie nationale se montrent un peu plus agressifs, sur le marché spot notamment.

    Le marché pétrolier, quant à lui, même s’il a dû subir ce que d’aucuns parmi les analystes ont qualifié de «la semaine la plus faible depuis mars 2021», il n’en demeure pas moins que les perspectives s’annoncent plutôt sous de bons auspices pour les pays producteurs. Les prix du pétrole ont en effet dû enregistrer leur pire semaine depuis mars sous le double coup de l’offre supplémentaire de l’Opep arrivant sur les marchés, après l’accord difficilement conclu dans le cadre de l’Opep+, et des données défavorables sur les stocks de carburant en provenance des États-Unis. Une zone trouble plutôt bien dépassée, la semaine qui vient de s’écouler ayant été marquée par une stabilité du marché plus ou moins retrouvée. Un calme qui fait dire à des analystes et des économistes consultés par Reuters, pour les besoins de son sondage mensuel, que le baril à 70 dollars est une perspective plus réaliste pour les prix du brut Brent pour le reste de l’année qu’un baril à 80 dollars, prix suggéré par les analystes de la banque Goldman Sachs, il y a une dizaine de jours. Un baril à 70 dollars «car les variants du Covid et la géopolitique du pétrole continueront d’être une source de volatilité sur le marché», ont affirmé les 38 spécialistes consultés pour le sondage de Reuters qui estiment que le prix moyen du baril de Brent sera de 68,76 dollars au bout de cette année. Dans les prévisions de fin juillet, le prix moyen du baril de Brent (68,76 dollars) est plus élevé que l’estimation de juin, lorsque les analystes consultés par Reuters avaient prédit que le prix du Brent brut serait en moyenne de 67,48 dollars le baril en 2021.

    Par ailleurs, les analystes n’excluent pas que les prix du Brent dépassent 80 dollars et plus dans les prochains mois, selon le sondage Reuters. Mais ils ne pensent pas que ce prix serait soutenable car il ralentirait la reprise de la demande des importateurs de pétrole sensibles aux prix. Cela provoquerait également une réaction du groupe de producteurs Opep+, qui ne veut pas que les prix du pétrole soient si élevés que cela découragerait les acheteurs. Les analystes sondés par Reuters, et dont les propos ont été repris par Oil Price, estiment que la reprise économique mondiale et le retour des barils iraniens, probablement reporté à 2022, voire pas du tout, soutiendront les prix du pétrole. Cependant, la résurgence des variants du Covid devrait plafonner les gains, même si les gouvernements ne devraient pas imposer des blocages de l’activité économique à la même échelle qu’au printemps 2020.

    Azedine Maktour

    Le Soir d’Algérie, 01/08/2021

    Etiquettes : Algérie, Gaz, Pétrole, prix, économie, finances, #Algérie #Gaz #Pétrole #Prix

  • Algérie : Défis et attentes

    Investi mercredi par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, le nouveau Premier ministre, Aymen Benabderrahmane, doit vite se mettre au travail, pour d’abord former son gouvernement et ensuite mettre en musique le plan d’action de la nouvelle équipe exécutive.

    Mais à première vue la mission du nouvel exécutif est claire et précise puisque sa priorité première est de donner plus de tonus, de vitalité et de performance au domaine économique. D’ailleurs dès sa première rencontre avec le chef de l’État, le nouveau Premier ministre a compris ce qui était attendu de lui. Le président lui a clairement répété que ce qui vient est économique et social et donc financier. La finance qui est, pour rappel, l’atout majeur de ce technocrate. Pour le président Tebboune le nouveau Premier ministre ne peut donc que reussir car il a déjà prouvé ses qualités de grand financier, qui a déjà dessiné les dernières lois de finance du pays, et qui connaît donc, au sou près, ce que chaque département a eu, et ce qui est attendu de lui.

    Le nouveau chef de l’exécutif n’a pas beaucoup de temps et il doit former son équipe dans un délai court d’une semaine ou juste un peu plus. Avec cette autre difficulté qui veut que ce gouvernement ne sera pas fait uniquement que de technocrates, mais avec des ministres issus des rangs des partis vainqueurs des dernières Législatives.

    Une difficulté de plus pour ce technocrate qui a une courte expérience de ministre d’une année, mais qui reste plus importante que celle de son prédécesseur, Abdelaziz Djerad, qui n’en avait aucune et qui a du découvrir et faire avec la gestion d’une équipe qu’il devait maîtriser et lui donner une homogénéité et une obligation de résultat qui n’a pas toujours été au rendez-vous, comme on a eu à le vivre lors du ramadhan où le gouvernement donnait l’impression de ne rien contrôler. Et même avant cela, le président Tebboune n’a pas caché son insatisfaction du travail de l’exécutif de Djerad, juste avant son départ pour l’Allemagne pour des soins.

    Cette fois, les choses doivent manifestement changer, et les importants objectifs assignés au nouveau gouvernement exigent des compétences et des hommes et des femmes capables d’être à la hauteur des grands défis, mais aussi des grandes ambitions d’une nation qui est foncièrement et totalement tournée vers des horizons meilleurs sur tous les plans.

    La composition du nouveau gouvernement que présentera très prochainement le Premier ministre Aymen Benabderrahmane sera déjà une première lecture sur les priorités, les ambitions et les capacités de cette équipe qui devra, déjà et très vite, imprimer un rythme à la hauteur des attentes des Algériens.

    Par Abdelmadjid Blidi

    Ouest Tribune, 03/07/2021

    Etiquettes : Algérie, Abdelmadjid Tebboune, Aymen Benabderrahmane, technocrate, finances, économie,

  • Algérie : «Le chef de l’Etat a fait un très bon choix»

    NABIL DJEMAÂ, économiste et spécialiste en finances «Le chef de l’Etat a fait un très bon choix»

    La désignation d’Aïmen Benababderrahmane comme Premier ministre a été qualifiée de logique et d’opportune par l’économiste et spécialiste en finances Nabil Djemaâ. Selon lui, le choix du président Abdelmadjid Tebboune s’est porté sur un «technocrate opérationnel», qui arrive au bon moment en cette période de crise économique.

    «Le chef de l’Etat a eu la clairvoyance de désigner Aïmen Benabderrahmane comme Premier ministre. Ce qui est très logique en cette conjoncture», estime l’économiste avant de rappeler le parcours professionnel du nouveau Premier ministre, un ancien de l’Inspection générale des finances (IGF) avant d’être désigné responsable du contrôle et de la comptabilité de la Banque d’Algérie.

    Pour Djemaâ, l’Algérie a besoin d’un technocrate qui connaît et maîtrise parfaitement son secteur. «Le plan de la relance économique du Président ne peut être réalisé qu’avec un cadre d’Etat comme Aïmen Benabderrahmane. Ce dernier connaît parfaitement le tableau de bord des finances de l’Algérie. C’est un aspect important que Djerad ignorait», observe-t-il.

    Dans ce sillage, l’économiste estime que si la mission du nouveau Premier ministre est très difficile, elle n’est pas impossible même si le pays traverse une crise économique. «Un Etat peut faire face à toutes sortes de crises politiques mais il peut s’effondrer en cas d’une crise économique majeure. Le président Teboune est conscient de la situation économique du pays et c’est pour cette raison qu’il s’appuie sur l’expérience d’Aïmen Benabderrahmane», soutient-il.

    A une question sur les priorités du nouveau Premier ministre, Djemaâ estime que l’urgence repose sur la relance des PMI-PME avec une répartition équitable du budget de plus de mille milliards de dinars alloué à la relance économique. «Je pense que le nouveau Premier ministre est le premier à être au courant de la situation financière du pays. Il saura trouver l’argent nécessaire pour concrétiser les différents projets», souligne l’expert, expliquant que sa désignation à la tête du gouvernement va lui permettre de rectifier certaines lacunes enregistrées dans la loi des finances 2020-2021.

    De ce fait, il rappelle que la réforme du secteur financier est l’un des dossiers urgents que Benabderrahmane doit lancer pour stabiliser et rééquilibrer le marché financier «victime de la saignée provoquée par le marché informel».

    Toutefois, l’économiste note que la réussite du Premier ministre est tributaire de la valeur de son staff gouvernemental. «Il faut des ministres opérationnels qui sortent de leurs bureaux», dit-il, ajoutant que «le choix des ministres doit être basé sur un seul critère : la compétence».

    M. Benkeddada

    Horizons, 01/07/2021

    Etiquettes : Algérie, Aymen Benabderrahmane, économie, gouvernement, finances, compétence, technocrates,

  • Algérie: Benabderrahmane, l’argentier aux commandes

    Nommé hier par le chef de l’Etat, le ministre des Finances succède à Abdelaziz Djerrad à la tête de l’Exécutif. L’argentier du pays aura la lourde tâche de «poursuivre les consultations» pour former «d’ici une semaine» le nouveau gouvernement post-législatives, mais surtout de relancer la machine économique frappée de plein fouet par le double choc sanitaire et pétrolier.

    Par Nazim Brahimi

    Une semaine après la démission d’Abdelaziz Djerad, c’est Aïmen Benabderrahmane, jusque-là ministre des Finances dans le même gouvernement, qui a été nommé au poste de Premier ministre à la suite de la tenue des élections législatives anticipées du 12 juin.

    La première mission pour le désormais nouveau Premier ministre, qui a pris ses fonctions le jour même, consiste à poursuivre les consultations en cours pour la formation du staff gouvernemental, selon le communiqué rendu public hier par la Présidence de la République.

    «En vertu des dispositions de la Constitution, notamment l’article 91, les alinéas 5 et 7, le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune a nommé aujourd’hui M. Aïmen Benabderrahmane, Premier ministre, en le chargeant de poursuivre les consultations avec les partis politiques et la société civile pour la formation du gouvernement dans les meilleurs délais», a précisé la Présidence.

    En attendant, bien entendu, ce que donneront les consultations en cours en vue de la formation du nouvel Exécutif, le profil du successeur de Djerad suggère la lecture selon laquelle la priorité de l’heure pour le premier magistrat du pays est plutôt financière et économique.

    Le natif de Mostaganem en 1960 a fait des études à l’Ecole des impôts de Clermont-Ferrand (France), après un cycle de licence en droit en Algérie et avait pris les destinées de la Direction générale des impôts, avant d’atterrir à la Banque d’Algérie dont il prendra les rênes en 2019. Il y a une année, le 23 juin 2020, il devient ministre des Finances dans le gouvernement Djerad auquel il succède avec la difficile mission de redresser la barre dans un contexte peu favorable à la relance et à la croissance. Le chef de l’Exécutif sortant avait alerté, une semaine avant son départ, quant à la problématique de mobiliser des ressources financières pour l’investissement et le déficit budgétaire.
    Hier, à l’occasion de sa prise de fonction, M. Benabderrahmane a évoqué davantage «les défis économiques» que le pays doit relever, estimant que «le programme du président Tebboune permettra à l’Algérie de traverser cette étape sereinement et d’amorcer le développement économique escompté». Cependant, et bien que le gouvernement Djerad n’avait pas convaincu, y compris parmi ceux qui ne sont pas forcément dans des postures d’opposition, son successeur s’inscrit dans la poursuite «des résultats du travail assidu du Gouvernement (qui) commencent à voir le jour. L’Algérie arrive graduellement à bon port grâce aux efforts déployés par le Gouvernement 18 mois durant».

    Benabderrahmane hérite, sans l’ombre d’un doute, d’une situation économique, financière et sociale difficile qui avait contraint le gouvernement, en 2020, à recourir au financement monétaire à travers la mobilisation des dividendes de la Banque centrale ainsi que la dépréciation de la monnaie nationale pour augmenter artificiellement les revenus libellés en dinars de la fiscalité pétrolière.

    Cependant, le regain du prix du pétrole et les prévisions optimistes pour le court terme peuvent vraisemblablement constituer une bouffée d’oxygène pouvant accorder quelques marges de manœuvre pour le gouvernement, attendu, également, sur la question de la révision de la politique des subventions publiques annoncée justement il y a quelques mois par… Benabderrahmane, en qualité de ministre des Finances. Pour ce dernier, il s’agit de «cibler les catégories sociales qui en ont le plus besoin», faisant savoir qu’un «calendrier de la mise en œuvre de cette réforme a déjà été arrêté».

    Par ailleurs, et au-delà du contexte dominé par les priorités économiques qui semblent avoir recommandé un profil économique pour le gouvernement, les formations politiques qui misaient sur un gouvernement politique ont été contrariées dans leurs calculs. C’est le cas, notamment du FLN qui, par la voix de son secrétaire général, a soutenu que le Premier ministre «doit être politique pour refléter le poids de chaque parti à l’APN».

    Reporters, 1 juillet 2021

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  • Algérie : Un expert financier à la tête du gouvernement

    Le président Abdelmadjid Tebboune vient de nommer Aymen Benabderrahmane nouveau premier ministre, en remplacement de Abdelaziz Djerad.

    C’est ce qu’indique un communiqué de la présidence qui précisera , en outre, que Tebboune a chargé le nouveau premier ministre de poursuivre les consultations avec les partis politiques en vue de constituer son gouvernement.

    Lors de son accueil, le président Tebboune lui a indiqué que le gouvernement doit être prêt la semaine prochaine. « Vous êtes habilité pour cette mission parce que l’avenir est plutôt économique et social, et, par conséquence, financier. Et vous êtes un expert du dossier financier. Je vous souhaite plein le même succès que vous avez eu à la tête du ministère des finances », a-t-il ajouté.

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  • Algérie/ Le déficit budgétaire se creuse de plus en plus : La facture sera lourde à payer

    Faire face au déficit qu’enregistre le budget de l’Etat durant cette année et qui est estimé à plus de 3310 milliards de dinars, n’est pas une tâche facile pour l’Exécutif, notamment avec la crise économique qui rend les ressources de la trésorerie très rares et les dépenses de plus en plus insupportables.

    Le ministre des Finances, Aymen Benabderrahmane, avait expliqué lors de la présentation de la loi des finances que le déficit budgétaire prévu dans la LF 2021 sera financé à travers l’application des mécanismes de la politique monétaire, stipulés dans la loi, en concertation avec la Banque d’Algérie. Le ministre faisait référence à l’utilisation d’une partie des réserves et affectations constituées par la Banque centrale.

    Il a expliqué que dans le cadre de ces mécanismes, «il sera procédé également au placement d’une partie des fonds propres de la Banque d’Algérie en bons du Trésor, conformément à l’article 53 de l’ordonnance n° 03-11 relative à la monnaie et au crédit, en sus de la dynamisation du marché des bons du Trésor, à travers le rachat d’importants crédits bancaires communs et le refinancement des bons du Trésor émis en contrepartie du rachat de ces crédits bancaires communs».

    Sommes-nous dans la même configuration aujourd’hui alors que l’on sait que cette procédure n’est pas suffisante pour combler un aussi important déficit, sachant qu’il a été décidé de ne plus faire appel au financement non conventionnel (planche à billets), qui a été mis en place en 2017. Selon des économistes, le recours à cette dernière option n’est pas écarté, et risque même de «s’imposer», a estimé Ferouk Nemouchi, docteur en économie à l’université de Constantine.

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    M. Nemouchi a considéré que la question du déficit engage directement l’avenir du pays, et que le gouvernement actuel «se retrouve face à une impasse, notamment avec le manque de recettes». Selon ses explications, il n’est pas possible d’avoir plus de recettes en ce moment, particulièrement avec le recul de la croissance économique.

    Affichant son étonnement quant au taux de croissance de 4% mentionné dans l’avant-projet de la loi de finances complémentaire de 2021, notre interlocuteur soutient que le recours à l’augmentation des recettes fiscales est «une utopie». «Nous nous dirigeons inéluctablement vers la réactivation de la planche à billets», a encore estimé M. Nemouchi, pour qui l’option de «la dépréciation du dinar que nous remarquons actuellement ne suffit pas pour combler le déficit». «Nous sommes condamnés à vivre avec pour une bonne période», dit-il.

    Pour l’économiste Smaïn Lalmas, le gouvernement n’a pas beaucoup de solutions pour faire face au déficit budgétaire. «Il fera appel aux vieilles méthodes», a-t-il souligné. M. Lalmas a expliqué que le gouvernement procédera à «l’augmentation des impôts pour avoir plus de recettes fiscales, et à la dépréciation de la valeur du dinar ainsi que le recours à la planche à billets.» «Toutefois, il y aura une forte restriction sur les importations», prévoit l’économiste qui affirme que les conséquences de ces démarches seront «très lourdes sur le pouvoir d’achat des citoyens qui va se détériorer avec la hausse de l’inflation dont nous n’avons pas les chiffres réels jusqu’à présent». M. Lalmas a fait savoir aussi que le recours à un endettement extérieur «n’est pas possible actuellement».

    La raison en est que «le pays est instable politiquement et juridiquement». Il ne faut pas oublier que «tous les pays ont besoin d’argent avec la crise sanitaire et économique que connaît le monde». Notre interlocuteur a tenu à souligner que la solution réside en premier lieu «dans la résolution de la crise politique que traverse le pays».

    Sans cela, dit-il, «les investisseurs ne vont pas s’aventurer pas manque de confiance». «No trust no business», estime Smaïl Lalmas. La marge de manœuvre se rétrécit davantage pour le gouvernement qui est au pied du mur. La crise financière est en train de s’aggraver avec une crise sociale qui commence à s’installer chez la classe moyenne et défavorisée.

    El Watan, 11 mai 2021

    Etiquettes : Algérie, finances, budget, déficit, loi des finances,

  • La pandémie de la COVID-19 et la dévaluation du dinar provoquent de nouvelles dépenses de 2,6 milliards de dollars en Algérie

    En 2021, l’Etat algérien sera obligé d’augmenter encore son budget de fonctionnement d’au moins 2,6 milliards de dollars en raison principalement des dépenses nécessaires à la lutte contre la pandémie de la COVID-19 et l’ajustement financier indispensable face à la dévaluation du dinar algérien, voire la chute brutale de sa valeur face au Dollar et à l’Euro.

    Le Rapport de présentation de l’Avant-Projet de la Loi de Finances Complémentaire (APLFC) pour 2021 dont Algérie Part a obtenu une copie au cours de ses investigations, indique à ce propos qu’une rallonge budgétaire de 350,0 Milliards de DA, soit l’équivalent de 2,6 milliards de dollars, est nécessaire pour que l’Etat algérien puisse faire face en 2021 à des dépenses stratégiques comme, par exemple, la prise en charge des indemnités exceptionnelles au profit des personnels de la santé (03 derniers mois) et de l’intérieur (06 mois) qui devra coûter à l’Etat algérien pas moins de 35 Mrds DA, soit l’équivalent de 260 millions de dollars.

    D’autre part, la couverture des opérations d’acquisition des vaccins anti-COVID-19 nécessitera de nouvelles dépenses de l’Etat algérien estimées à 8,25 Mrds DA, soit l’équivalent de 62 millions de dollars. L’Etat algérien devra aussi dépenser en 2021 l’équivalent de 21 Mrds DA, soit l’équivalent de 160 millions de dollars, pour soutenir financièrement les opérateurs publics de l’eau (ADE, ONID, ONA et ANBT) qui doivent multiplier les investissements pour mobiliser des nouvelles ressources en eau afin de répondre à la demande nationale de plus en plus croissante.

    Enfin, la dévaluation du dinar algérien, ou la chute de sa valeur, oblige l’Etat algérien à sortir de ses caisses 60 milliards de Da, soit l’équivalent de 450 millions de dollars, pour rembourser les créances justifiées de l’Office Algérienne Interprofessionnel des Céréales (OAIC) au titre du dispositif de soutien des prix des céréales fortement perturbés par la chute de la valeur monnaie algérienne face au dollar et à l’Euro.

    L’Etat algérien doit dépenser aussi 8 milliards de Da, soit l’équivalent de 60 millions de dollars, pour financer une contribution supplémentaire au profit de l’ONIL pour la couverture de l’incidence financière induite par les effets conjugués de l’augmentation des cours mondiaux de la poudre de lait et de la chute de la valeur dinar algérien.

    Algérie Part, 11 mai 2021

    Etiquettes : Algérie, budget, finances, coronavirus, covid 19, pandémie, dépenses,

  • Le Maroc peut-il vraiment dépasser l’Algérie en termes du PIB, comme le prédit le FMI?

    Maroc, Algérie, PIB, économie, FMI, Maghreb, croissance, budget, finances, #Maroc, #Algérie

    Par Kamal Louadj

    Dans un entretien à Sputnik, le Pr Najib Akesbi, expert marocain en économie, estime que contrairement aux prévisions du FMI, le maître mot actuellement concernant la prospective est «incertitude». Il analyse également l’économie du Maroc et dresse un comparatif avec celle de l’Algérie.

    Dans son rapport d’avril relatif aux prévisions et projections sur la richesse mondiale mesurée par le PIB au prix courant du dollar, le Fonds monétaire international (FMI) informe qu’à l’horizon 2026, le PIB total des dix premières économies africaines s’établira à 2.877 milliards de dollars, contre 1.739 milliards en 2020, soit une progression de plus de 65%.

    Concernant les pays du Maghreb, le Maroc arrive en tête avec des PIB de 154 et 162 milliards de dollars respectivement pour 2025 et 2026, dépassant ainsi pour la première fois l’Algérie qui, selon le même rapport, enregistrera des PIB de 152 et 153 milliards de dollars pour la même période.

    Les projections du FMI à l’horizon 2026 sont-elles réalistes? Quelle est la marge d’erreur?

    L’Algérie ayant officiellement dépensé 1.000 milliards de dollars durant les 20 années de pouvoir de l’ex-Président déchu Abdelaziz Bouteflika, comment expliquer le recul de sa richesse (selon le FMI) face au Maroc qui n’a pas eu les mêmes moyens financiers? Enfin, sur quelle base comparer l’évolution des économies de ces deux pays?

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    Pour répondre à ces questions, Sputnik a sollicité le professeur Najib Akesbi, enseignant-chercheur en économie.


    «Prévoir l’évolution de la situation»?

    «Avant de juger les prévisions des experts du FMI, il faut d’abord dire un mot sur la méthodologie utilisée dans la production de telles études», souligne le Pr Akesbi, car «les résultats sont forcément conditionnés par les hypothèses de départ qui les fondent».

    À ce titre, «le premier paramètre à prendre sérieusement en considération est celui lié à la pandémie de Covid-19», explique l’expert, rappelant qu’«à ce jour, nous ne pouvons pas dire que cette maladie qui a plombé toute l’économie mondiale est prête à être vaincue […]. Tout dépendra de la capacité des pays à vaincre ou non cette pandémie».

    Et de poursuivre: «le manque en quantités de vaccins, le doute sur leur efficacité et leurs effets secondaires, la lenteur des campagnes de vaccination et l’apparition de nouveaux variants agressifs du virus – comme c’est le cas actuellement en Inde où l’on évoque une troisième vague – nous font dire que les prévisions annoncées par le FMI sont plutôt optimistes».

    «Elles sont basées sur l’hypothèse que la pandémie sera vaincue et que les dégâts qu’elle aura occasionnés à l’économie mondiale ne paralyseront pas la reprise».
    Dans ce sens, le Pr Akesbi estime qu’«actuellement, nous sommes dans une période où le maître mot est « incertitude ». Aucun expert ni aucune institution nationale ou internationale, dont le FMI et la Banque mondiale (BM), ne peut prévoir l’évolution de la situation même sur une année, que dire alors d’une durée de cinq ans, ce n’est pas possible!».

    L’économie marocaine

    Le modèle de développement de l’économie marocaine s’est articulé autour de deux piliers. En effet, selon le Pr Akesbi, «le premier consiste à faire du secteur privé le véritable moteur du développement en termes d’initiative, de création et d’innovation, d’investissement, etc. Le second mise sur les vertus d’une bonne insertion dans l’économie mondiale et sur sa capacité à tirer les taux de croissance vers le haut».

    Il ajoute que malheureusement, «ce modèle a échoué». «Le roi en a fait le constat dans des discours officiels en 2014 et 2017, lors desquels il a fait le constat que ce modèle s’est avéré « inapte à satisfaire les demandes pressantes et les besoins croissants des citoyens, à réduire les disparités catégorielles et les écarts territoriaux et à réaliser la justice sociale »».

    Dans le contexte de la pandémie de Covid-19, «le Maroc a opté pour une réponse par un confinement sanitaire, introduit le 20 mars 2020», rappelle Najib Akesbi.

    «Cet arrêt brutal de toute activité a provoqué une chute massive de la production, étendue aux secteurs de l’industrie, du commerce, en passant par le transport, le tourisme, la restauration, les spectacles et loisirs», avance-t-il. «Les autorités ont mis en place un système de soutien aux plus démunis en leur octroyant entre 800 et 1.200 dirhams selon la taille des ménages».
    «Pas moins de 5,5 millions de chefs de famille s’étaient enregistrés. Si l’on prend la moyenne de 4,6 personnes par ménage, selon le recensement de la population de 2014, on atteint le chiffre de 25,5 millions de personnes, soit près de 70% de la population», déplore-t-il.

    Comparaison et conclusion

    Concernant la question de la production de voitures, de pièces pour l’aéronautique et d’autres industries en place au Maroc dans le cadre de partenariats avec des étrangers, le Pr Akesbi indique que «ces investissements ont été accomplis dans une logique qui relève uniquement des opérateurs étrangers et non d’une vision stratégique de l’État marocain […]. Demain, si ces partenaires décident de quitter le Maroc, tous ces secteurs tomberont en ruine dans les semaines qui suivront leur départ».

    Enfin, le spécialiste juge que «les deux pays ont beaucoup à faire sur les plans de la gouvernance, des réformes structurelles et de la rénovation de leur système politique. Entre l’Algérie, qui a une économie rentière dépendante du pétrole, et le Maroc, dont la croissance dépend de la pluviométrie et où la valeur ajoutée des secteurs dits productifs est insuffisante et dépend pour plus de la moitié de l’importation, chaque pays doit affronter ses propres difficultés souvent aigues».

    «En termes de modèle de développement économique, tout reste à faire dans les deux pays», conclut-il.Sputnik France, 30 avr 2021

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