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  • Algérie/ Crise au FLN : Baâdji vers la porte de sortie?

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    Par Mohamed K.

    La crise ne cesse de s’amplifier au sein du vieux parti. Pourtant sorti victorieux d’une manière inattendue, lors des législatives anticipées du 12 juin dernier, le conflit organique et politique qui oppose la direction actuelle à des membres du comité central persiste toujours. Chaque semaine, de nouveaux rebondissements et des changements surviennent.

    C’est ainsi que ce mardi le secrétaire général du FLN, Abou Fadhl Baâdji, aurait émis le souhait de déposer sa démission devant les membres du bureau politique. Lassé par une opposition persistante et une farouche contestation interne, Baâdji aurait compris qu’il ne pouvait continuer à gérer une formation politique dans des conditions aussi lamentables, sans consensus et sans véritable légitimité.

    Selon des informations émanant du siège du parti, le SG aurait été contacté par certaines personnalités influentes du FLN qui lui auraient suggéré de quitter le navire par la grande porte. D’ailleurs, on estime qu’il aurait reçu des signaux assez parlants de la part d’institutions étatiques. Il faut dire que la contestation est vive contre lui, et ce depuis plusieurs mois. Le groupe qui dirige la révolte a recueilli plus de 300 signatures de membres du comité central, exigeant la tenue d’une session extraordinaire du CC, la mise en place d’une commission de préparation pour la tenue d’un congrès extraordinaire et la nomination d’un nouveau SG sur la base d’un vote démocratique et transparent.

    Le groupe de révolte, mené par un mouhafedh de Blida, est allé jusqu’à déposer un dossier consistant auprès des services compétents du ministère de l’Intérieur, demandant une autorisation pour l’organisation d’une session extraordinaire du CC. A deux reprises, la demande n’a pas reçu de suite. Le groupe a même écrit une lettre explicative au président de la République pour tenter de débloquer l’affaire.

    Pour ces opposants à Baâdji, le SG actuel est un intérimaire dont la mission est allé au-delà de son terme (six mois). Légalement, il ne pouvait être le dépositaire et le signataire de factures de dépense ou d’achat, comme il ne peut décider de nommer un quelconque responsable au sein des appareils du parti, selon leurs assertions.

    Il y a deux semaines, approché lors d’un évènement banal, Baâdji semblait serein et tranchant. Il est passé directement à l’action en prenant de nouvelles décisions en vue de mettre fin à la crise et remettre de l’ordre au sein de son parti, et ce en excluant, via la commission de discipline du parti, dix-huit membres du comité central. Evidemment, il s’agit de membres parmi les plus actifs de la rébellion.

    Les 18 membres définitivement exclus ont été auditionnés devant la commission de discipline pour les accusations liées à «la présentation sur des listes autres que celles du parti, ou d’avoir appuyé des listes autres que celles du parti lors du dernier scrutin législatif anticipé».

    Peine perdue, ces opposants sont revenus à la charge en créant une instance de coordination pilotée par le mouhafedh de Blida, Mohamed Issaâd. Celle-ci s’est réunie à plusieurs reprises, ficelant le dossier juridique. Cette instance, qui se dit référer au CC, structure souveraine et délibérante entre deux congrès, s’appuie sur les statuts du parti et les résolutions de la dernière session du comité central.

    Selon les dernières nouvelles, en cas de démission de Baâdji, le BP devrait se réunir en toute urgence, et ce en mettant en place un comité restreint d’une douzaine de membres, dont la mission serait de préparer rapidement la tenue d’un congrès pour nommer un nouveau SG, juste après la tenue des élections locales et de wilaya.

    Parti majoritaire au sein des deux Chambres du Parlement, le FLN fait face, depuis la démission d’Abdelaziz Belkhadem en 2012, à une fronde politique majeure. Tous les SG qui se sont succédé ont subi les foudres de la critique interne, du volubile Amar Saidani au fantasque Ould Abbès, en passant par d’autres de moindre envergure. Tous sont critiqués, car soit parachutés de cercles externes au parti, soit imposés en foulant tous les règlements et le statut du parti.

    Depuis, le FLN ne semble être qu’un gros navire en quête d’un amiral acceptable par ses matelots et ses marins, charismatique et profondément ancré dans l’idéologie nationaliste, socialiste et révolutionnaire.

    Le Jeune Indépendant, 08/09/2021

  • Elaine Mokhtefi traduit les mémoires de son mari sur l’Algérie

    Elaine Mokhtefi traduit les mémoires de son mari sur l’Algérie

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    Rebelle et combattante de la liberté, Elaine Mokhtefi traduit leur vie remarquable dans les mémoires de son mari
    Par Joseph Hammond | Religion News Service

    (RNS) – De Fidel Castro à Ho Chi Minh, Elaine Mokhtefi a rencontré certains des plus importants révolutionnaires socialistes du 20ème siècle.

    Née dans une famille juive à Hampstead, New York, en 1928, elle a souffert de l’antisémitisme de l’époque et a rapidement nourri un intérêt pour la politique progressiste. À l’âge de 16 ans, elle est acceptée au Wesleyan College en Géorgie. Cependant, après un an dans cette école chrétienne, elle est expulsée en raison de son opposition aux politiques ségrégationnistes de l’époque.

    Elle s’engage dans divers mouvements pour la paix et la justice à la veille de la Seconde Guerre mondiale et, après la guerre, s’installe en France pour travailler comme traductrice pour divers groupes politiques. En 1960, elle fait partie d’un petit groupe qui fait pression sur les Nations unies au nom du Front de libération nationale algérien (FLN).

    « Ils n’ont jamais remis en question ma religion ou mes origines. Cela en dit long sur ces hommes », a déclaré Mme Mokhtefi à Religion News Service. « Je me sentais tout à fait chez moi, et j’étais moi-même un produit de la discrimination, donc il y avait une compréhension très profonde de nos expériences mutuelles. J’étais complètement en phase avec eux. »

    En effet, c’est l’Algérie qui allait devenir le centre de sa vie à bien des égards. Elle finira par épouser Mokhtar Mokhtefi, un combattant algérien de la liberté. La traduction par Mokhtefi des mémoires de son mari, « J’étais un Français musulman », sera publiée en septembre par Other Press.

    « Il était essentiel pour lui de dire la vérité », a déclaré Mme Mokhtefi. « (Ces mémoires) reflètent sa déception à l’égard de l’Algérie indépendante. Il était déçu que l’Algérie ne parvienne pas à défendre les idéaux de démocratie, de justice et de liberté. »

    L’Algérie a obtenu son indépendance de la France en 1962, mais la déception de son mari est apparente dans les derniers passages des mémoires, lorsque l’auteur visite pour la première fois une Algérie libre, contre la volonté de ses supérieurs du FLN. Pourtant, malgré ces premières déceptions, les Mokhtefis vivront en Algérie après l’indépendance, et elle travaillera comme traductrice et facilitatrice pour un certain nombre de groupes rebelles.

    Au cours des années 1960, l’Algérie indépendante a ouvert ses portes à des groupes du monde entier, dont les Black Panthers, avec qui Mokhtefi a eu des contacts personnels.

    « Ils ne se voyaient vraiment que sur un plan romantique », dit Mokhtefi à propos des Black Panthers et du gouvernement algérien. Pour l’essentiel, les opinions des Black Panthers sur l’Algérie ont été forgées par les écrits de Frantz Fanon et le film « La Bataille d’Alger », dit-elle.

    « (Les Panthères noires) n’avaient jamais été à l’étranger et se sont retrouvées dans un pays du tiers-monde qui avait très peu de moyens techniques. De leur côté, les Algériens considéraient les Black Panthers comme les membres d’un autre groupe discriminé. »

    Elle et son mari sont rapidement désillusionnés par le tournant illibéral de l’Algérie indépendante et s’installent à New York. Pourtant, ce n’est qu’après le tournant du millénaire que le couple a commencé à travailler sur des livres séparés concernant la période historique dans laquelle ils ont tous deux joué un rôle clé.

    Mokhtefi a publié son propre livre, « Alger, capitale du tiers monde : Combattants de la liberté, révolutionnaires, panthères noires », en 2018. Trois ans après le décès de son mari, ses mémoires n’étaient toujours pas publiées. Son œuvre est hétérodoxe par rapport aux autres mémoires de l’époque, en partie en raison de sa représentation de la religion et de son portrait des colons européens en tant qu’individus.

    Lorsque Mokhtar Mokhtefi est né en 1935, il y avait environ un million de colons pied-noir, ou européens, vivant en Algérie. L’écrasante majorité d’entre eux étaient favorables au maintien de l’union avec la France, bien qu’une poignée d’entre eux fassent exception. « J’étais un Français musulman » évoque ses rencontres avec des membres du clergé catholique favorables à la cause de l’indépendance algérienne.

    « Ces membres du mouvement des prêtres-ouvriers étaient exceptionnels et offraient un soutien très fort à la cause algérienne, ce qui tempérait ses vues sur la France. Parmi eux, il y avait de très belles personnalités, qui ont pris des risques énormes », a déclaré Mokhtefi.

    Ces prêtres ont même aidé son mari à se rendre en France, où il a rencontré un médecin bosniaque travaillant comme cuisinier et qui espérait rejoindre le FLN. Des décennies plus tard, le flux de combattants étrangers ira dans l’autre sens lorsque de nombreux Algériens combattront pour la Bosnie au début des années 1990.

    Le livre comprend quelques exemples de la façon dont l’islam populaire s’est mélangé à l’idéologie de gauche du FLN. Une histoire souvent racontée est celle d’un camion rempli de guérilleros du FLN qui est arrêté pour inspection à un poste de contrôle français. Pourtant, lorsque les Français ont soulevé le volet à l’arrière du camion, les soldats français n’ont trouvé qu’un camion rempli de moutons.

    « Il y avait beaucoup d’histoires comme ça pendant la guerre d’Algérie, et celle-là était l’une des plus célèbres », se souvient Mokhtefi. « Les gens semblaient croire aux miracles pendant la guerre. Pourtant, la victoire était le véritable miracle. Qui aurait cru en 1954, lorsque la lutte armée a commencé, que le peuple algérien, avec ses mains nues, de vieux fusils français rouillés, était capable de vaincre la quatrième puissance militaire de l’époque ? »

    The Washington Post, 07/08/2021

  • Algérie- FLN : Pour qui sonne le glas ?

    par Abdelkrim Zerzouri

    Malgré une victoire lors des dernières législatives anticipées du 12 juin, qu’on peut qualifier d’éclatante, vu les éclaboussures des scandales qui ont touché ses hauts cadres et les contrecoups du hirak, ainsi que la sortie par la petite porte de son président d’honneur, en l’occurrence Abdelaziz Bouteflika, le secrétaire général du parti du Front de libération nationale, Abou El Fadhl Baâdji, n’est pas à l’abri des assauts de militants et cadres du parti qui veulent le débarquer de son poste. Ces derniers jours, ses détracteurs sont revenus à la charge en organisant des rassemblements devant le siège du parti pour exiger la convocation d’une session extraordinaire du Comité central afin de décider de son sort à la tête du parti.

    Les causes qui poussent ces manifestants à exiger la tenue d’une session extraordinaire du CC restent encore floues. Que reproche-t-on à l’actuel SG ? Les arguments ne manqueraient certainement pas dans cette optique, mais personne ne pouvait s’attendre à toute cette pression sur le SG du FLN dans des moments où ce dernier s’attendrait à des congratulations et des encouragements pour conduire le parti vers d’autres victoires lors des prochaines élections locales. Il faut tout juste rappeler, pour mieux fonder tous les questionnements autour de ce mouvement de protestation, qu’Abou El Fadhl Baâdji a été «plébiscité » secrétaire général du parti du Front de libération nationale (FLN) par la majorité des membres du Comité central du parti, lors d’une réunion tenue à la fin du mois de mai 2020 au Centre international des conférences (CIC). C’était du temps où le parti FLN était dirigé par Ali Seddiki, qui assurait l’intérim depuis le mois de septembre 2019, date de la démission de l’ancien SG Mohamed Djemai, poursuivi dans une affaire d’abus de fonction et humiliation d’un journaliste dans l’exercice de ses fonctions, qui a conduit à sa condamnation à deux ans de prison, dont un avec sursis, avant d’être acquitté le 1er février 2021.

    Le concerné, Mohamed Djemai, avait remplacé l’ex-SG du FLN, Mouad Bouchareb, qui a démissionné immédiatement après la démission de l’ex-président Bouteflika. Lui-même intronisé SG du FLN en succession à Djamel Ould Abbes, après avoir été « démissionné » par la présidence. Et, ces quelques lignes ne devraient pas suffire pour faire l’historique des SG qui remplacent d’autres dégommés, qui connaissent fatalement le même sort au bout, durant ces dernières années, voire depuis l’avènement du multipartisme. Car, du temps du parti unique, pour changer de SG du FLN, il fallait changer le président de la République. Intrigues, manœuvres, manipulation, travail de coulisses et mouvements de redressement, le FLN en a connu, donc, des vertes et pas mûres durant ces dernières années. Est-il possible que ce parti arrive un jour à se défaire de ces pratiques ?

    Il devrait pour cela, peut-être, revenir à son premier congrès, le congrès extraordinaire de Tripoli, convoqué du 27 mai au 30 juin 1962, qui est resté ouvert jusqu’à nos jours, en raison de profonds désaccords qui ont marqué ses travaux, qui ne seront jamais menés jusqu’au bout. Autrement, au bout de l’histoire, quiconque nourrirait en l’état actuel de la situation l’ambition de remplacer l’actuel SG du FLN tomberait inévitablement, lui-même, dans le piège où se sont fait prendre ses prédécesseurs. Pour qui sonne le glas ?

    Le Quotidien d’Oran, 13/07/2021

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  • Algérie: La double douche écossaise de l’Alliance présidentielle

    par Mohamed Kebci

    Les partis membres de la toute nouvelle Alliance présidentielle ont dû passer une très mauvaise fin de semaine, privés qu’ils sont, et coup sur coup, d’une présence significative au nouveau gouvernement et du perchoir de la nouvelle Assemblée populaire nationale au sein de laquelle ils détiennent, pourtant, une majorité confortable qui leur aurait permis d’agir et de manœuvrer en toute sérénité.

    A contrario de tout ce qui a été dit et redit, le nouveau gouvernement est frappé du sceau d’une très faible présence partisane, faisant la part belle aux technocrates et autres indépendants.

    Le staff gouvernemental que pilote Aïmen Benabderrahmane, composé de 33 membres dont deux ministres délégués, comporte moins d’une dizaine de ministres issus de partis politiques. Soit moins du tiers, alors que les partis vainqueurs des élections législatives anticipées du 12 juin dernier, ceux qui avaient signifié leur ralliement derrière le président de la République dans une nouvelle alliance présidentielle, tablaient sur un minimum d’une quinzaine de postes ministériels qui leur seraient octroyés. Surtout que le chef de l’Etat avait, lors de ses consultations en vue de la constitution de ce nouvel exécutif, avait demandé aux présidents du FLN, du RND, du MSP, du front el Moustakbal, du mouvement el Binaa des listes de leurs cadres. Ce qui avait fait croire à nombre de ces partis, une présence plus significative dans le futur gouvernement.

    Finalement, les Abou Elfadhl Baadji, Tayeb Zitouni, Abdelaziz Belaïd et autre Abdelkader Bengrina ont dû subir une véritable douche écossaise à l’annonce, mercredi dernier en fin d’après-midi, de la composante de l’équipe de Aïmen Benabderrahmane. Les quatre partis arrivés respectivement premier, quatrième, cinquième et sixième à l’issue du dernier scrutin législatif, n’ont obtenu que six postes ministériels.

    En effet, le vieux front du pouvoir s’est vu attribuer trois ministères dont celui de l’Industrie, de l’Environnement et, celui de la Pêche et des Productions halieutiques, lui dont le secrétaire général réclamait, à demi-mot, il est vrai, la part du lion.

    Le RND, pour sa part, ne s’est vu accorder que deux postes ministériels dont celui de la jeunesse et des sports qu’il avait sous sa coupe lors du gouvernement que pilotait Abdelaziz Djerrad.

    Quant au front el Moustakbal et au mouvement el Binaa, ils ont été gratifiés d’un seul département ministériel chacun, eux qui tablaient sur un minimum de trois ministères pour chacun d’eux.

    Et la désillusion de ces partis ne s’arrête pas là puisqu’ils ont été privés de la présidence de l’Assemblée populaire nationale. Notamment le FLN et le front el Moustakbal qui ont été, contraints à l’ultime instant, de soutenir le candidat du «consensus» désigné ailleurs parmi les nouveaux parlementaires indépendants. Le parti que préside Belaïd a été contraint de subir un affront de plus en retirant son propre candidat au perchoir de la Chambre basse du Parlement, alors que le FLN a été plus réservé en se retenant de se lancer dans une bataille dont il savait qu’il ne maîtrisait pas les leviers.

    Le Soir d’Algérie, 10/07/2021

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  • Algérie : En attendant le gouvernement

    par Abdelkrim Zerzouri

    Le tour est-il fait sur la question de la formation du prochain gouvernement après les rencontres organisées par le président de la République dans le cadre des consultations politiques avec les représentants des partis et les indépendants, qui ont obtenu le plus grand nombre de sièges à l’Assemblé populaire nationale (APN) à l’issue du vote du 12 juin dernier ? Peu ou pas du tout habitué à ce genre de tractations politiques qui précèdent la constitution d’un nouveau gouvernement, dont les critères de choix des femmes et des hommes qui le composent obéissaient jusque-là à la cooptation, les chefs des partis concernés par ces rencontres étaient très avares sur les discussions qu’ils ont eues avec le président de la République.

    C’est à peine si l’opinion a eu droit à des généralités sur le sujet dans les déclarations des chefs de partis et du représentant des indépendants à leur sortie de la rencontre avec le président de la République. Globalement, loin des résultats décrochés aux dernières législatives, tous semblaient adopter un discours d’humilité qui les prédispose à composer les uns avec les autres dans l’union. Le FLN, qui veut avoir du poids dans le prochain gouvernement, a souligné à l’issue de la rencontre avec le président de la République l’importance de la participation des partis vainqueurs aux législatives du 12 juin pour «l’avenir du pays sur tous les plans».

    Alors que ce dernier parti, qui est arrivé en tête avec 98 sièges, a seulement précisé dans ce cadre qu’il n’exclut aucune partie dans la formation du nouveau gouvernement, le représentant des indépendants a vaguement indiqué que le président de la République était attentif à leurs propositions, le MSP y voit à l’issue de la rencontre en question que le débat a été «bénéfique et riche», le parti El Moustakbal a estimé pour sa part que les défis socioéconomiques exigent l’unité de toutes les forces politiques nationales, le RND veut «un gouvernement de compétences et non pas un gouvernement de partage de butin» et El Bina a carrément évoqué la nécessité de former un gouvernement de «commando politique» dans les plus brefs délais.

    En somme, l’opinion n’est pas plus avancée sur les têtes et leurs couleurs politiques qui vont entrer dans ce nouveau gouvernement. Les concernés n’ont-ils pas essayé d’introduire ou de proposer des noms de leurs députés «ministrables» ? La teneur du débat lors de ces rencontres a-t-elle été, à ce point, superficielle ou cache-t-on le jeu et les ambitions des uns et des autres ? Pourtant, au vu des urgences qui attendent le nouveau gouvernement, il est utile d’aller droit au but dans cette courte période pour aborder les choses plus sérieuses. Mais, dans ce brouillard, on voit bien que le programme du président de la République trouvera écho favorable au sein d’une large majorité des députés. Cela, sans qu’on voit se dessiner une quelconque alliance présidentielle, puisque des partis et les indépendants soutiennent ouvertement ce programme indépendamment les uns des autres, pour le moment. Dans cette logique, on aura un Premier ministre choisi par le président de la République à la tête du gouvernement et non un Chef de gouvernement issu d’une majorité qui aura son propre programme à appliquer, comme le stipule la Constitution. C’est ce qu’on ne sait pas sur ce nouveau gouvernement, dont le choix de sa composante n’arriverait certainement pas à contenter tout le monde. Et de là naîtrait une «opposition» de ceux qui refuserait d’y faire partie, pour ne pas de faire de la «figuration» dans des ministères de moindre importance que leur ambition politique ?

    Le Quotidien d’Oran, 30 juin 2021

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  • Algérie : Le profil bas du FLN

    Le parti du FLN ne semble pas avoir la grosse tête, loin s’en faut. En effet, malgré sa victoire lors des élections législatives anticipées du 12 juin dernier puisqu’il est arrivé en tête en obtenant 98 sièges à la future APN devançant ainsi tous ses rivaux, l’ex-parti unique fait profil bas en ne criant pas victoire sur tous les toits.

    Il ne se montre pas ambitieux outre mesure, non plus. Ainsi, alors qu’il a tout a fait le droit de revendiquer le poste de Premier ministre du fait de la première place décrochée aux législatives, le parti du FLN se montre plutôt modeste. Au sortir de l’audience accordée par le président de la République avant-hier samedi dans le cadre des consultations en vue de former le prochain gouvernement, le secrétaire général de l’ex-parti unique, Abou El Fadl Baadjhi, n’a pas en effet revendiqué le poste de Premier ministre pour son parti. Dans une déclaration à la presse il dit n’avoir proposé aucun nom pour ce poste. Par contre il a bien souligné que son parti compte avoir le plus grand nombre de ministres au sein du futur cabinet. « Le Président nous a fait la proposition de participer au prochain gouvernement (…) Nous avons présenté la nôtre pour participer au gouvernement. Les contacts entre nous et le Président sont maintenus dans les prochains jours en vue de participer », a indiqué Abou Fadl Baadji.

    « La désignation du poste de chef de l’exécutif est une prérogative du président de la République, la Constitution ne l’oblige pas à choisir tel ou tel autre parti. Le président de la République a sa vision, et ses prérogatives sont définies par la Constitution », a précisé Baadji lorsque il a été interrogé sur l’ambition du FLN d’occuper le palais du Docteur-Saâdane. Cette posture est somme toute logique, estiment de nombreux observateurs eu égard, à l’évidence, au contexte politique général que traverse le pays. Le parti du FLN, que d’aucuns veulent bannir totalement de la scène politique nationale en le « mettant au musée » étant donné qu’il représente un patrimoine pour tous les Algériens, a été vertement honni par les manifestants durant le hirak, au même titre d’ailleurs que son frère ennemi le RND. D’aucuns le croyaient totalement discrédité, ce d’autant que son ex-secrétaire général, Djamal Ould Abbès, est en prison, condamné pour des faits liés à la corruption. Or, après avoir attendu que passe l’orage, le FLN a surpris tout ce monde en obtenant la première place lors des législatives anticipées du 12 juin. Le RND, qui est arrivé en quatrième position avec 58 sièges, a lui aussi sauvé la mise.

    Ces deux partis ont confirmé qu’ils « disposent d’une base sociale qui leur est fidèle. Mais cette donne est à même de fausser les calculs de ceux qui voulaient donner une autre image du pays ». Un pays totalement rivé vers le changement réclamé à cor et à cris par le hirak. Certains pensent que même le Président Tebboune est quelque peu embarrassé par ces résultats. Et c’est pourquoi aussi il serait très réticent à l’idée de nommer un Premier ministre issu du FLN et ce serait le même scénario pour le poste de président de l’APN. On comprend dès lors mieux pourquoi les élus indépendants ont manifesté l’ambition d’avoir le poste de Premier ministre. Et ce sont toutes ces données qui expliqueraient aussi ce profil bas du FLN.

    Par : PAR KAMEL HAMED

    Le Midi Libre, 28 juin 2021

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  • Algérie : Le choix du roi pour le président Tebboune

    L’issue de l’élection législative anticipée du 12 juin dernier a donné au pays une cartographie politique inédite : contrairement aux scrutins précédents, la future Assemblée populaire nationale (APN) sera quasiment à sens unique. Aucun parti d’opposition ne siégera dans la chambre basse du parlement. Les résultats de cette élection législative, que devait confirmer hier soir le Conseil constitutionnel, sont en faveur du chef de l’Etat. Abdelmadjid Tebboune aura tout le loisir de constituer une majorité présidentielle, donc de nommer un premier ministre de son choix sans se sentir obligé de prendre en compte les positions de chacun des partis politiques en compétition. Résultat : en dehors du Mouvement de la Société pour la paix (MSP) qui attend un signal de la présidence de la République, les autres groupes et formations politiques ont fait leur allégeance au président de la République.

    Après le FLN et les indépendants, le Rassemblement national démocratique, RND, a fait connaître lui aussi son camp. Tayeb Zitouni, qui s’exprimait hier à Alger, a indiqué que pour lui, après les législatives du 12 juin, « les contours de la nouvelle Assemblée populaire nationale (APN) se dessinent de façon claire », et il s’est avéré que le RND « est un des acteurs dans le pôle national qui constitue, aujourd’hui, la nouvelle carte politique de l’Algérie ».

    M. Zitouni a également souligné que le groupe parlementaire issu des dernières élections législatives « dira son dernier mot et aura des positions importantes qui refléteront le débat politique conscient adopté par les militants du parti lors de la campagne électorale». Pour lui, le groupe parlementaire du RND « orientera ses premiers intérêts vers la concrétisation des objectifs du parti, des intérêts qui se rencontrent dans beaucoup de points, avec le projet du président de la République et des groupes politiques au sein du Parlement». Lundi dernier, le groupe des indépendants s’est réuni à Alger. «Nous sommes les élus des listes indépendantes aux législatives du 12 juin.

    Nous serons des membres actifs au sein d’un bloc et d’une classe large plus cohérente et efficace, en vue de soutenir et appuyer le programme du Président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, visant à édifier une Algérie Nouvelle aux contours clairs avec des fondements politiques et une pratique démocratique qui prônent le développement dans tous les domaines», lit-on dans un communiqué sanctionnant cette réunion. Les indépendants seront très probablement la locomotive de la future alliance présidentielle.

    Auparavant, le FLN avait lui aussi annoncé son soutien au chef de l’Etat. Mais comme le RND, le chef de cette formation, Abou El-Fadhl Baadji, sait que son parti ne sera pas mis en avant par le chef de l’Etat lors de la composition du gouvernement. Les deux partis se contenteront de quelques ministères. Ce sera aussi le cas d’El-Moustakbal et d’El-Bina qui entreront certainement au gouvernement. Il reste désormais à scruter la position du MSP. Le parti de Abderrazak Makri pour intégrer « un gouvernement d’union nationale ». Mais si le chef de l’Etat ne fait pas appel à ses services, il va jouer le rôle de l’opposition !

    Akli Ouali

    L’Est Républicain, 24 juin 2021

    Etiquettes : Algérie, Abdelmadjid Tebboune, élections législatives, résultats, élus, partis politiques, indépendants, FLN, RND, MSP, Front El Moustakbal,

  • Algérie : Le FLN est mort, vive le FLN !

    par Noureddine Khelassi

    Dans la mythologie éthiopienne, égyptienne, grecque, romaine, musulmane, persane ou indochinoise, le phénix est un oiseau de feu qui renaît de ses cendres. Tous les cinq cents ans, il doit se régénérer par les flammes. De ces restes, jaillit alors un nouveau phénix. Il était chez les Romains le symbole de la force vitale éternelle de l’Empire. Au moyen-âge, il est l’un des emblèmes du Christ, mort puis ressuscité. Au Japon, il est l’esprit élémentaire du feu. Dans tous les cas et toutes les contrées, cette créature unique est le symbole de la résurrection et de l’immortalité. En extrapolant sur le terrain de la politique en Algérie, le phénix, c’est le FLN qui renaît de ses cendres électorales tous les cinq ans !
    Ultime reviviscence électorale à l’occasion du dernier scrutin législatif du 12 juin dernier. Une ressuscitation qui voit l’ancien parti unique et historique déjouer tous les pronostics, y compris les prévisions optimistes du pouvoir qui a manifestement misé sur les «indépendants» qui se placent certes au second rang en termes de sièges cumulés (78). Mais, comme on le sait, dans le cas de ces candidats encouragés en sous-main, une addition électorale ne fait pas forcément la force parlementaire, encore moins être une parfaite traduction d’un ancrage populaire ou d’une influence politique réelle. On croyait l’ex-Alliance présidentielle composée du FLN, de sa réincarnation organique, le RND, et de la mouture algérienne des Frères musulmans, le MSP, six pieds sous terre du fait du Hirak, et la voilà électoralement revivifiée !

    Une résurgence certes favorisée par le taux d’abstention record (23,03 %), mais qui n’est pas en soi si surprenante que ça. Malgré l’émergence significative des «indépendants», la nouvelle configuration parlementaire de l’Assemblée populaire nationale (APN) est finalement conforme à la sociologie politique algérienne, traduisant clairement la culture du vote légaliste dans le pays, en majeure partie au bénéfice du FLN. Depuis l’indépendance, on vote en Algérie, peu ou prou, pour les forces et les candidats qui symbolisent le pouvoir établi, à l’exception de la parenthèse ouverte par l’expérience du Front islamique du salut (FIS) dont le succès électoral fut largement favorisé par le vote-sanction. C’est une vérité historique, une réalité politique et un phénomène électoral.

    La renaissance du FLN intervient donc dans un contexte nettement défavorable. A la tradition de l’abstention qui s’amplifie au fil des consultations électorales, s’ajoutent le fait que le vieux parti est assimilé, non sans raison, à la kleptocratie qui a pillé les richesses nationales et désarmé l’Etat depuis 1999. Sans compter le discrédit total des partis et le désintérêt quasi général pour la chose publique. De même que la sempiternelle idée que tout serait joué d’avance, la forte présomption de culpabilité en matière de fraude électorale et le désaveu cinglant des élites du pays exprimé par le Hirak du 22 février 2019. En dépit de ces facteurs négatifs, l’ancien parti unique obtient donc 105 des 407 sièges de l’APN, avec une partie non connue encore des voix des 5,6 millions de votants sur les 24 millions d’électeurs inscrits. A bout de souffle, le FLN court toujours pour se placer en tête, comme en 2017, 2012, 2007 et 2002.
    De manière objective, le FLN, qui n’a jamais été un parti au pouvoir mais un parti du pouvoir, sa vitrine partidaire privilégiée et le cadre ultime de la mise en scène électorale de ses choix de représentation et d’incarnation politiques, est, avec son produit dérivé le RND et le MSP de la petite bourgeoisie commerçante islamiste, le seul parti d’implantation nationale. Et c’est la seule formation dotée d’une machine électorale réelle et bénéficiant de relais dans l’opinion, souvent des notables locaux. Sans oublier que son statut d’ex-parti unique du pouvoir lui permettait de bénéficier globalement des faveurs ou de la neutralité bienveillante de l’Administration. Face à lui, et à quelques exceptions près, les autres formations politiques apparaissent comme des proto-partis, des structures embryonnaires, des coquilles vides. En dehors des échéances électorales, ils sont quasiment absents de la scène politique. Inaudibles et presque invisibles.

    Plus que tous les autres partis, le FLN semble bénéficier de la culture beylicale qui imprègne encore le pays profond, notamment le monde rural caractérisé par la culture légitimiste et le réflexe du vote légaliste subséquent. Et c’est là d’ailleurs que le « Front » réalise ses meilleurs scores. Dans ces contrées comme dans les villes, là même où l’on vote systématiquement, le bulletin n’a généralement d’autre signification que de faire allégeance, cautionner des choix et des décisions déjà prises au plus haut niveau de l’État, ou encore prétendre à des dividendes personnels. Le vote est alors vidé de son sens politique et répond plus à des logiques clientélistes et unanimistes. Une carte d’électeur barrée d’un tampon officiel peut éviter des tracas administratifs. Une carte au FLN, hier parti unique et aujourd’hui organisation unique en son genre, constitue dans l’esprit des uns et des autres une condition nécessaire quoique insuffisante pour accéder à des postes de responsabilité, ou obtenir des avantages matériels ou symboliques, comme de l’influence.

    Aussi paradoxal que cela puisse paraître, le FLN est le parti le moins marqué par le néopatriarcat, et est celui qui renouvelle le plus sa direction. A l’opposé, au sein des organisations de l’opposition, le pouvoir y est monopolisé, souvent depuis leur naissance, par le ou la zaïm qui considère le parti comme sa propriété personnelle. Tel est le cas du RCD de Saïd Sadi, du FFS de Hocine Aït Ahmed et du PT de Louisa Hanoune. Quant au MSP, c’est la mort de son leader historique Mahfoud Nahnah qui l’a amené à un changement de direction. En revanche, le FLN, tout comme le RND d’ailleurs, connaît une rotation de son leadership et semble faire exception. Depuis 1962, il a tenu dix congrès, chiffre important à apprécier du fait que de 1965 à 1977, le Président Boumediène avait pratiquement liquéfié sa vie organique en le réduisant à l’état de simple « appareil du parti ». Un instrument qui n’aura connu, durant cette période de gel, que deux secrétaires généraux et intérimaires de surcroît. Au total, dix-sept SG auront été portés à sa tête, dont cinq par intérim.

    Aucun parti algérien n’a fait mieux. Alors, au musée de l’Histoire le FLN, comme certaines voix récurrentes l’y invitent ? Comparativement, ce sont, après tout, les autres partis qui apparaissent comme des curiosités de musée !
    N. K.

    Le Soir d’Algérie, 22 juin 2021

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  • Algérie : Contours d’une majorité présidentielle

    Quelle majorité à l’APN ? Cette question a été posée avant même l’organisation des législatives anticipées du 12 juin dernier. Elle s’est posée aussi avec acuité au lendemain de l’annonce des résultats provisoires du scrutin qui ont donné une composante mosaïque de la future Assemblée, où aucune majorité ne se dégage malgré la victoire du FLN qui s’est adjugé 105 sièges. Depuis mercredi dernier, on commence à connaître la réponse. La majorité sera, à moins d’une surprise de dernière minute, « présidentielle’’ .

    Une initiative vient d’être lancée dans ce sens. Elle est l’œuvre de certains indépendants. Ces futurs députés ont, avant même la confirmation officielle de leurs résultats par le Conseil constitutionnel (Cour constitutionnelle en vertu du dernier amendement de la Constitution), lancé des appels au soutien du programme du chef de l’Etat. A titre individuel ou par groupe, ces « indépendants » commencent, depuis mercredi dernier, à rendre publics des communiqués appelant les nouveaux élus non partisans « à rejoindre l’initiative ». « Nous appelons tous les indépendants à rejoindre cette initiative pour préserver la stabilité du pays et participer à son développement », précisent par exemple trois députés de la wilaya de Bordj Bou Arreridj dans un communiqué signé, le 16 juin dernier.

    Un autre élu de Tindouf abonde dans le même sens. « J’annonce ma participation à l’initiative lancée dans le cadre de la coalition des listes indépendantes pour soutenir le programme du président de la République pour des réformes globales qui consolideront la nouvelle Algérie », écrit-il dans un autre communiqué. Ce n’est que le début. La course au soutien du chef de l’Etat fera sans doute rage dans les prochains jours.

    Selon certaines sources, d’autres élus sur des listes indépendantes s’apprêtent à leur emboîter le pas dans les jours à venir. Pour rappel, 78 sièges dans la future APN sont revenus aux indépendants qui deviennent ainsi la deuxième force à l’Assemblée. Mais de nombreux élus sur les listes indépendantes sont des militants des partis politiques qui siègeront aussi à l’APN.

    En effet, des partis dits du pouvoir, en l’occurrence le FLN et le RND et ceux qui gravitent dans sa mouvance, à l’image du front El Moustakbel et El Bina, doivent s’inscrire dans ce sillage. Les dernières déclarations de leurs responsables le confirment. Ils ont même l’intention d’intégrer le prochain gouvernement. Même scénario pour le parti islamiste, le MSP, dont le président Abderrazak Makri avait fait des clins d’œil au chef de l’Etat, mercredi dernier. Il faut donc attendre la position de Jil Jadid de Sofiane Djilali qui a été laminé lors de cette élection, puisqu’il n’a obtenu qu’un seul siège.

    Samir Rabah

    L’Est Républicain, 19 juin 2021

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  • Algérie : Coudées franches pour Tebboune

    par Mohamed Kebci

    Visiblement, le président de la République aura toute la latitude de composer son gouvernement sur la base d’une majorité parlementaire à la lumière des résultats préliminaires du scrutin législatif anticipé de samedi dernier.

    M. Kebci – Alger (Le Soir) – Abdelmadjid Tebboune a les coudées franches pour composer l’exécutif qui aura à poursuivre sa feuille de route. La configuration de la Chambre basse du Parlement issue des élections législatives anticipées de samedi dernier lui donne, en effet, toute la latitude de composer son gouvernement sans trop d’encombres. Les partis sortis grands vainqueurs de ce scrutin ont tous, ou presque, signifié bien avant ces élections, et viennent de la réitérer, leur disponibilité à accompagner le chef de l’État dans son chantier de la nouvelle Algérie.
    Ainsi, le parti du Front de la libération nationale, premier à l’issue de ces élections avec 105 sièges parlementaires, le Rassemblement national démocratique avec 57 sièges et le Front el Moustakbal avec 48 sièges, qui, à eux seuls, peuvent constituer une majorité parlementaire d’appui au chef de l’État, ont d’ores et déjà signifié leur disponibilité pour ce faire.

    «Nous l’avons clairement dit bien avant ces élections et nous l’avons réitéré maintes fois durant la campagne électorale et nous le répéterons encore aujourd’hui : nous sommes partie intégrante de l’Alliance présidentielle», a, en effet, répondu le secrétaire général du RND, hier mercredi, dans une conférence de presse au lendemain de la proclamation des résultats préliminaires des législatives anticipées de samedi dernier, à une question sur la probabilité de voir le parti prendre part au prochain gouvernement. Pour Tayeb Zitouni, «l’urgence de lancer de grands chantiers pour la relance de la machine économique dicte de ne pas trop perdre de temps, le pays étant presque paralysé». Pour sa part, Abdelaziz Bélaïd s’inscrit dans la même démarche.

    Le président du Front el Moustakbal, arrivé en quatrième position derrière le FLN, le RND et le MSP avec 48 sièges, a rappelé, hier, lors d’une conférence de presse, que son parti «s’inscrit pleinement dans la démarche du président de la République en apportant son soutien à sa feuille de route marquée par la révision de la Constitution, les législatives, en attendant les élections locales pour, a-t-il dit, parachever l’édifice institutionnel».

    Ceci dit, Bélaïd fait part de discussions en vue, une fois la nouvelle Assemblée populaire nationale installée, «entre les différents partis représentés à l’APN et une concertation avec le président de la République en prévision de la formation du gouvernement pour aller vite dans l’enclenchement des réformes économiques et sociales qui urgent».
    Du côté du MSP, arrivé en troisième position avec 64 sièges parlementaires, on dit «ne pas précipiter les choses et que la question sera abordée au moment opportun». Mais les lauriers que le président du Mouvement de la société pour la paix ne cesse de tresser au chef de l’État, ne laissent point de doute quant à la probabilité forte de voir le MSP reprendre sa place au sein d’une nouvelle alliance présidentielle.

    Hier, mercredi, encore à l’occasion d’une conférence de presse, Abderrezak Makri s’est dit disposé à soutenir et à appuyer le président de la République dans sa «lutte implacable contre la corruption». Mais pas que cela, puisqu’il soutient que les priorités de l’heure sont une «réforme profonde de l’économie, la défense de l’identité du pays, sa souveraineté et son unité, le renforcement des libertés démocratiques, la liberté de réunion, l’indépendance de la justice».

    Quant au Mouvement el Binaa, arrivé en cinquième position avec 40 sièges parlementaires, son président a clairement signifié, lors de la campagne électorale pour ces législatives anticipées, que le parti se «rangerait derrière le président de la République juste après les élections législatives».

    Quant au FLN, le grand vainqueur de ces élections avec 105 sièges, sa disponibilité à appuyer le chef de l’État ne date pas d’aujourd’hui.

    Autant de données favorables qui indiquent que le chef de l’État n’aura pas de difficultés à nommer son Premier ministre, et ce, conformément à l’article 103 de la Constitution, certain de se constituer une plus que confortable majorité présidentielle.
    M. K.

    Le Soir d’Algérie, 17 juin 2021

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