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  • Algérie: Victoire silencieuse du Hirak

    Les élections algériennes : une victoire silencieuse pour le mouvement de protestation national « Hirak ».

    Les récentes élections en Algérie ont été présentées par le gouvernement comme une chance pour une « nouvelle Algérie ».

    Les élections législatives du week-end dernier ont permis au principal parti algérien, le Front de libération nationale (FLN), d’obtenir le plus grand nombre de sièges au Parlement, tandis que le Mouvement de la société pour la paix (MSP), parti islamiste, arrive en deuxième position.

    Cependant, avec seulement 105 sièges sur les 407 que compte la chambre, le FLN n’a pas atteint les 204 sièges nécessaires pour obtenir une majorité globale.

    Les négociations doivent maintenant commencer pour former un gouvernement capable d’obtenir une majorité avec les partis d’opposition, dont le MSP, qui a remporté 64 sièges, et les indépendants du pays, qui ont obtenu 78 sièges au total.

    Malgré ses références islamistes et son affiliation aux Frères musulmans, le MSP est loin d’être une exception politique. Jusqu’en 2012, le MSP a gouverné l’Algérie dans le cadre d’un triumvirat politique aux côtés du FLN et du Rassemblement national démocratique (RND) et, du moins parmi les groupes de la société civile, il est largement considéré comme faisant partie du cadre politique établi.

    Les élections législatives algériennes étaient initialement prévues pour 2022. Cependant, suite à la pression exercée par le mouvement de protestation de masse, ou Hirak, qui secoue le pays depuis 2019, elles ont été avancées en février de cette année.

    Les manifestants étaient retournés dans les rues après une interruption de plusieurs mois due à la pandémie de Covid-19.

    Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, avait présenté le vote comme une réaction aux demandes initiales du Hirak sans leader, revendiquant un mandat pour construire une « nouvelle Algérie » après des années de stagnation politique et économique.

    En annonçant les résultats hier soir, le chef de l’organisme électoral, l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE), Mohamed Charfi, a déclaré : « La dynamique de changement pacifique qui a été lancée (avec le Hirak) se renforce. »

    Cependant, toute revendication d’un large mandat démocratique pour le nouveau gouvernement sera probablement minée par un taux de participation de seulement 30,2 %, lui-même sujet à caution après une augmentation inexpliquée du nombre d’électeurs alors que les bureaux de vote étaient sur le point de fermer.

    Néanmoins, indépendamment de l’exactitude du décompte, il s’agit du taux de participation le plus faible à un scrutin législatif depuis vingt ans, la plupart des principaux partis d’opposition du pays ayant boycotté le vote.

    Il s’agit du troisième scrutin national organisé par le président Tebboune depuis son entrée en fonction en décembre 2019, et aucun d’entre eux n’a recueilli la participation espérée.

    La propre élection du président Tebboune a impliqué moins de 40 % de la population, soit le taux de participation le plus bas depuis l’indépendance du pays en 1962. Le référendum qui a suivi en novembre de l’année dernière a attiré moins d’un quart de la population.

    Le Hirak perdure

    Malgré la diminution de ses effectifs, le Hirak reste la force dominante de la politique de la rue en Algérie. En observant le militantisme accru des manifestants, certains observateurs, dont le chef du MSP, Abderrazak Makri, et le président Tebboune, ont pensé que le mouvement était un signe de sympathie croissante envers l’islamisme politique.

    Dans la période précédant l’élection, le président Tebboune, un indépendant, a donné des interviews très remarquées à Al Jazeera et au magazine français Le Point, où il semblait disposé à travailler aux côtés d’un Premier ministre islamiste.

    S’exprimant dimanche, avant d’être contredit par l’ANIE, M. Makri a félicité les électeurs pour leur choix, avant de mettre en garde contre toute tentative d’inverser les résultats, comme cela s’était produit, selon lui, sous le précédent président algérien, Abdelaziz Bouteflika.

    « Je pense que le président Tebboune avait sa propre interprétation de la manière dont les choses allaient se dérouler et a essentiellement parié sur un Premier ministre islamiste », a déclaré Jalel Harchaoui de Global Initiative. « Si cela avait bien fonctionné, Tebboune aurait pu renouveler sa légitimité tout en restant au-dessus de tout en tant que président. »

    Pour M. Harchaoui, tenter de lire les runes du Hirak sans leader était toujours destiné à se révéler un exercice futile.

    « C’est surtout un mouvement spontané animé par des doléances », dit-il, « les islamistes bénéficient d’une forme de sympathie chez certaines franges du Hirak, c’est vrai, mais ils ne sont pas le Hirak. »

    Néanmoins, la victoire relative du FLN a contredit ces espoirs et – entouré d’une clique fermée d’officiers de l’armée, de syndicalistes et d’hommes d’affaires – a mis en évidence la vulnérabilité potentielle du président algérien.

    M. Harchaoui a rappelé la longue période, au début de l’année, pendant laquelle le président Tebboune a été hospitalisé en Allemagne pour un coronavirus.

    « Le président Tebboune a été hors circuit pendant un certain temps et rien ne s’est vraiment passé », a déclaré M. Harchaoui, « donc, cela signifie soit que l’Algérie a un grand système politique qui peut continuer à fonctionner parfaitement sur la base de quelques appels téléphoniques entre un président malade et l’armée, soit que le président Tebboune est en fait politiquement isolé dans le grand schéma des choses. Je veux dire que quelques décisions de politique étrangère ont été retardées, mais c’est à peu près tout. »

    À court terme, cependant, ce sera la voix du Hirak qui rendra son jugement sur les élections législatives du week-end dernier.

    Des questions subsistent quant à la durée de vie d’un mouvement sans leader, galvanisé principalement par des griefs et un sentiment d’injustice. Il reste à voir ce qui pourrait prendre sa place.

    The National, 16 juin 2021

    Etiquettes : Algérie, Hirak, Abdelmadjid Tebboune, FLN, MSP, RND, élections législatives, candidats indépendants, chambre basse, Parlement,

  • Algérie-Legislatives: retour à la case départ

    Par Mohamed Kouini

    S’il est vrai que ces législatives se sont tenues dans un contexte très particulier, accablé par deux crises économique et sanitaire, organisées presque à la hussarde dans un laps de temps assez court, et caractérisées par une forte abstention, attendue du reste, de plus des deux tiers de l’électorat, le fait est là. Têtu, cynique et sans équivoque. La prochaine Assemblée populaire nationale reconduira les mêmes acteurs, les mêmes forces, voire les mêmes profils politiques qui ont accompagné sans coup férir l’ancien régime honni de Bouteflika pendant plus de deux décennies.

    Inutile de relire les chiffres des répartitions des sièges, le FLN et le RND partagent la tarte parlementaire. L’intrusion des indépendants n’y changera rien à nouvelle-ancienne carte de l’échiquier politique compte tenu du fait que de nombreux candidats indépendant sont des transfuges du FLN et RND. Ces deux partis traditionnellement toujours amarrés autour des cercles des pouvoirs décisionnels, peuvent légitimement constituer cette majorité parlementaire qui leur permettra de constituer un gouvernement de coalition, en attirant un autre mouvement qui nage dans les mêmes mers, celui du Moustakbel de Belaid Abdelaziz.

    Donc, on prend les mêmes et on recommence. Phrase qui revient comme un leitmotiv, expliquant d’une manière laconique la situation de statu quo politique qui domine l’actualité nationale. Pour de nombreux analystes, la bouderie des urnes par une large frange de la jeunesse algérienne aura été pour beaucoup dans ces scores, presque incroyables, deux ans après le début d’un vaste mouvement de contestation populaire et citoyenne. Pourquoi une aussi faible participation? S’agit-il d’une démobilisation ou d’une dépolitisation ou d’une rupture définitive entre le gouvernant et le gouverné?

    Certains expliquent que les conditions sociales n’ont guère favorisé le succès de ces élections. Une société fatiguée, exténuée par la pandémie et son stress, au seuil de la pauvreté pour les couches moyennes, un pouvoir d’achat malmené et laminé au gré des saisons, un chômage endémique, une croissance qui patine et une monnaie en perte de vitesse. Trop de facteurs qui s’ajoutent à la déception politique et à la perte de confiance entre le citoyen et son élu.

    A vrai dire, on peut facilement dire qu’il s’agit moins d’une revanche de la part des partis symboles du régime déchu de Bouteflika, que d’un échec patent de la propre démarche du président de la République, Abdelmadjid Tebboune. On se souvient que le chef de l’Etat a construit sa feuille de route électorale, en se basant sur une implication des acteurs de la société civile.

    Pour lui, il fallait renouveler complètement la composante humaine des institutions élues, particulièrement le Parlement, socle de tout changement démocratique.
    Indépendant lors de sa candidature aux présidentielles de 2019, c’est tout à fait naturel qu’il a été pour beaucoup dans l’élaboration d’un code électoral, avantageant les listes indépendantes, allant jusqu’à les octroyer des aides financières substantielles, puisées du Trésor public. Ces listes incrustées par des noms d’activistes, de meneurs et de figures emblématiques du mouvement associatif et intellectuel, n’ont pas réussi à bousculer l’ancienne et traditionnelle hiérarchie politique. Les indépendants n’ont obtenu qu’un maigre butin, qui ne leur permettra pas de jouer un rôle prépondérant dans les prochaines joutes parlementaires. Ils ne seront d’aucun secours pour Tebboune, quand il s’agira d’engager ses délicates réformes économiques et sociales.

    Tebboune croyait dur comme fer que le hirak du 22 février signifiait la faillite des partis et des organisations, telles que le FLN, le RND, Taj et autre MPA. D’après ses discours antérieurs, ces appareils trainaient un fort déficit de légitimité, notamment au sein de cette APN, largement contestée et contestable par les agissements de ses membres et députés. Tout le monde connaissait les scandales du FLN, dont deux SG ont connu la prison, et se ventes des têtes de listes” à coup de milliards, dont le procès est en cours. Tout le monde savait comment lors des marches hebdomadaires , les manifestants réclamaient la mise au musée du sigle FLN, en raison des pratiques de ses dirigeants. Le RND n’échappaient pas à la vindicte populaire, tout comme Taj et le MPA dont leurs patrons croupissent en prison et poursuivis pour plusieurs affaires.

    Que va faire Tebboune maintenant? Face aux résultats qui seront validés par le Conseil constitutionnel dans quelques jours, il ne pourrait que se résigner à accepter une cohabitation avec des partis qu’ils ne voulaient pas pour poursuivre son mandat. Dans son entourage, on est sûr d’une chose: le prochain gouvernement sera constitué de ses quatre ou cinq partis, en plus d’une intrusion d’un ou deux indépendants. Une alliance présidentielle sera le prochain chantier des nouveaux députés.

    En 2004 et jusqu’au 2012, le FLN, le RND et le MSP ont crée une coalition pour soutenir l’ex président Bouteflika. Après le retrait du MSP, c’est un dissident de ce parti islamiste qui prend le relais avec son TAJ, rejoint plus tard par le MPA, aujourd’hui disparu. Il est clair qu’on va vers la même configuration. Alliance présidentielle? Un scénario qui rappelle de mauvais souvenirs.

    Le Jeune Indépendant, 16 juin 2021

    Etiquettes : Algérie, élections législatives, FLN, RND, MSP, gouvernement de coalition, taux de participation, démobilisation, dépolitisation, Front El Moustakbal, majorité parlementaire, APN,

  • Algérie-Elections: Les partis traditionnels en tête

    Résultats provisoires des législatives : Les partis traditionnels en tête

    Par Mohamed Mecelti

    Les résultats provisoires des élections législatives du 12 juin annoncés ce lundi par les délégués de l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE) dans plusieurs wilayas ont mis en tête de ce scrutin les partis du RND, FLN, MSP, Mouvement Al-Bina et le Front El Moustakbal.

    Dans l’attente de la cartographie électorale définitive, les cinq partis vainqueurs des législatives anticipées ont réussi à arracher la majorité des sièges dans plusieurs wilayas telles que Sétif, Annaba, Médéa, Mostaganem, Laghouat, Béchar Ouargla Tamanrasset et Skikda. A l’évidence, les voix obtenues par ces partis sont issues de leurs militants et partisans.

    Les résultats provisoires indiquent que lesdits partis ont partagé entre eux 153 sièges dans 29 wilayas. Le Front de libération nationale (FLN), en tête avec 47 sièges, poursuivi du Mouvement de la société pour la paix (MSP) avec 42 sièges, en troisième position vient le Rassemblement national démocratique (RND) avec 35 sièges, Front El Moustakbal (FM) 22 sièges et en cinquième place, le mouvement Al-Bina Al-Watani avec 07 sièges.

    Quant aux 1200 listes indépendantes, elles n’ont pu arracher que 25 sièges dans ces 29 wilayas.

    Ces législatives, marquées par une abstention record avec une moyenne de participation de 30.20%, consacrent la même configuration politique dans l’hémicycle de Zighoud-Youcef, qui ne risque pas de voir les équilibres du pouvoir exécutif modifiés.

    Ce sont les partis traditionnels, le FLN et le RND, vainqueurs des dernières législatives (2017), forts d’une longue expérience dans la gestion des événements électoraux, et appuyés par leurs bases, notamment des cadres de l’administration qui ont participé à l’encadrement de ce rendez-vous crucial dans le processus de renouvellement des institutions du pays, qui ont raflé la mise.

    L’abstention massive de la population, a aidé ces partis à obtenir facilement des sièges dans des wilayas qui ont enregistré un taux de participation ne dépassant pas 1%. La majorité de leurs élus ont remporté leurs sièges par des voix n’excédant pas dix, à l’instar de la wilaya de Tizi-Ouzou, où le FLN a obtenu huit sièges alors que le taux de participation n’a pas dépassé 0.80%.

    Plusieurs analystes assurent que la future Assemblée populaire nationale (APN), avec cette configuration politique, sera dans un état d’éclatement et de manque de légitimité. Les futurs députés siégeront, selon eux, dans un contexte marqué par un grand déficit de confiance et la difficulté de former une majorité parlementaire.

    A rappeler que quelque 24 millions d’électeurs étaient appelés à élire les 407 députés de l’Assemblée populaire nationale pour cinq ans. Ils devaient choisir parmi 2.288 listes, dont plus de 1.200 s’affichent comme indépendantes.

    Le Jeune Indépendant, 14 juin 2021

    Etiquettes : Algérie, élections législatives, RND, FLN, MSP, Mouvement Al-Bina, Front El Moustakbal,

  • Législatives : courte avance pour le FLN à Alger

    Selon les premiers résultats partiels des élections législatives, le Front de libération nationale (FLN) est arrivé premier à Alger. Sur les trente-quatre sièges représentatifs de la capitale à l’Assemblée populaire nationale (APN), l’ex parti unique en a obtenu dix.

    Le FLN est talonné par le Front el Moustakbal, le mouvement El-Bina et le Mouvement de la société pour la paix (MSP). Les trois partis ont obtenu huit sièges chacun.

    Dans une déclaration accordée à Algérie Maintenant, Abou El Fadl Baâdji, secrétaire général du FLN, a revendiqué, hier dimanche, la victoire de son parti aux législatives. « Tous les indicateurs confirment la victoire du Front de libération nationale partout en Algérie, mais aussi à l’étranger. Nous sommes confortablement en tête », a-t-il notamment déclaré avant de se raviser ce lundi.

    Avant lui, Abderrazak Makri, président du MSN, a revendiqué la victoire de son parti dans la majorité des wilayas se plaignant, dans la foulée, de tentatives de « fraude ». Quelques heures plus tard, l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE) lui a répondu.

    L’instance, présidée par Mohamed Charfi, a remis en cause la crédibilité des allégations du MSP. Elle a accusé le parti islamiste d’inciter à semer le chaos et le septecisme.

    Skander Boutaiba

    La Patrie News, 14 juin 2021

    Etiquettes : Algérie, FLN, MSP, El Bina, Front el Moustakbal, Abou El Fadl Baâdji, élections législatives,

  • Algérie : Et maintenant !

    Les élections législatives qui se sont déroulées hier sont, sans aucun doute, le premier véritable test des urnes depuis le 22 février 2019. Un rendez-vous qui arrive près de deux ans et quatre mois plus tard. Certes, entre-temps, il y a eu l’élection présidentielle de décembre de la même année (2019) et le référendum du 1er novembre dernier, mais la conjoncture est bien différente.

    Reste à savoir si la «différence» va se «matérialiser» concrètement dès l’annonce des résultats. Il s’agit en premier lieu du primordial paramètre qu’est le taux de participation. Le 12 décembre 2019, il était aux environs de 40%. Onze mois et 12 jours après, le référendum enregistrait un taux de participation bien moindre. Il n’avait pas atteint les 24%.

    Evidemment, ces élections législatives seront très attendues pour d’autres aspects, aussi bien importants. Qui seront les nouveaux députés, les premiers de «l’Algérie nouvelle» ? Quels seront les partis politiques qui vont se «distinguer» à travers les urnes ? Et bien d’autres interrogations se sont imposées depuis la dissolution de l’ancienne législature.

    La nouvelle APN qui naîtra de ces élections est, quels que soient les résultats définitifs, d’avance inédite. La prédominance des listes d’indépendants suggère qu’ils seront probablement très nombreux au sein de l’Assemblée. Il est même probable qu’ils seront majoritaires.

    C’est la notion de «vote-sanction» qui va peut-être avoir une nouvelle forme cette fois. Après tout ce qui s’est passé depuis février 2019, les partis politiques de l’ex-«Alliance» vont probablement se retrouver (au moins) minoritaires. La disparition latente du FLN et du RND pourrait s’annoncer dès maintenant.

    Il y a également la place que prendra la mouvance islamiste dans l’Hémicycle qui suscite de nombreuses spéculations. Et comment oublier Jil Jadid et ce qu’il compte apporter comme plus-value à la prochaine assemblée ? Et qu’est-ce qui changera dans le gouvernement avec cette nouvelle configuration ? D’innombrables questions pour des réponses encore «floues». Ah oui, il reste aussi à évoquer les «forces» du boycott ! Mais cela est une autre histoire…

    Reporters, 13 juin 2021

    Etiquettes : Algérie, élections législatives, FLN, RND, résultats, APN, listes indépendantes,

  • Algérie : Déconcertante platitude de la campagne électorale : Le FLN, les islamistes et les électeurs

    Par : M. Rahmani

    C’est une campagne électorale qui n’arrive pas vraiment à intéresser les citoyens et encore moins mobiliser et ce, plus d’une semaine après son lancement officiel malgré les interventions des candidats, les soi-disant contacts de proximité et les meetings qui ne drainent plus les foules comme avant.

    En effet, on est loin de ces foules qui se bousculaient pour assister à telle ou telle intervention d’un homme politique en vue ou une personnalité nationale mobilisée pour l’occasion. Ces fêtes qu’on avait l’habitude de voir et ces rassemblements hauts en couleur ont disparu du paysage laissant la place à une morosité et une indifférence sans précédent, surtout qu’il s’agit d’élections cruciales pour l’avenir du pays du fait d’une législature dont l’importance est vitale en ces temps de double crise sanitaire et économique.

    Désaffection et désintérêt des citoyens

    Ce désintérêt et cette désaffection pour la chose politique n’est pas fortuit et est l’expression d’un désaveu de tous ceux qui prétendent à la fonction de député siégeant au sein de l’auguste assemblée. Le citoyen échaudé et blasé parce qu’ayant été dupé à plusieurs reprises par des discours encenseurs et mirobolants faisant miroiter un avenir brillant pour les populations démunies et pour ceux qui croient vraiment en ce pays, n’y croit plus et met tout le monde sans exception aucune dans le même « panier ».

    Le vieux parti se rebiffe et passe à l’attaque

    L’on se remémore, il n’y a pas si longtemps, Abou El Fadl Baadji, nouveau patron du FLN, toute honte bue, discourant dans une des localités du Sud du pays promettant de transformer la région à l’image de Dubaï. Ce qui avait alors amené la réaction d’un citoyen qui avait rétorqué que le FLN est aux commandes depuis l’indépendance, il avait plus de 50 ans pour le faire et il ne l’a pas fait, comment cela se fait-il qu’il peut être en mesure de le faire en 5 ans ? Une remarque qui avait cloué le bec à tous ceux qui soutiennent le vieux parti.

    Le patron du FLN qui est en perte de vitesse récidive et veut mettre en avant sa formation en s’attaquant aux autres partis, c’est le cas notamment d’El Bina et son chef Bengrina qui a essuyé le courroux de Baadji. En effet, ce dernier a rapporté que les candidats de ce parti ont été des cadres du FLN et que cette formation n’a pas de programme, c’est un parti satellite qui gravite autour de l’internationale islamiste, représentée par les Frères Musulmans.

    Un électorat blasé et difficile à convaincre

    Mais ces querelles de clocher n’intéressent pas le citoyen algérien qui n’est plus aussi malléable et manipulable à souhait comme il l’avait été avant, bien au contraire, il est devenu plus difficile à convaincre car ne croyant plus en personne et n’est pas près de se faire avoir comme cela avait été le cas durant les précédentes législatives. La chute du régime Bouteflika a mis à nu toutes les pratiques mafieuses de certains hommes politiques et de personnalités qui soutenaient cette gestion catastrophique du pays qui a abouti à une déliquescence de l’Etat algérien malmené pendant des décennies, a fini par achever le semblant de confiance du citoyen qui subsistait encore.

    Un sabordage et une sorte de hara-kiri à l’Algérienne qui se sont manifestés par un rejet total de la classe politique qui s’est donnée à fond au plus fort du moment et prête encore à servir celui ou ceux qui prendront la relève quelle que soit leur appartenance ou obédience, l’essentiel est qu’ils restent toujours dans le giron du pouvoir non pas pour servir mais plutôt pour se servir comme d’habitude.

    Et donc, cette désaffection des citoyens pour ces élections n’est pas le fait d’une colère passagère ou d’une quelconque décision politique qui n’a pas été digérée et qui a été rejetée par la majorité de la population, c’est plutôt l’accumulation de toutes ces manipulations, ces mensonges et ces discours spécieux, ces détournements et ces vols, ces corruptions qui ont gangréné l’Etat et qui ont manqué de le terrasser, n’était ce sursaut salvateur qui a évacué toute cette racaille.

    Les risques et les dangers du boycott

    Mais cette désaffection, ce désintérêt et ce boycott qui pourraient s’exprimer le jour des élections n’est pas sans risques et peut avoir un effet boomerang qui plongerait encore le pays dans une instabilité politique et une zone de turbulences dont l’issue est incertaine.

    En effet, les partis islamistes à l’instar d’El Bina de Bengrina, d’El Adala de Djaballah et du MSP de Makri se sont sentis pousser des ailes et se sont investis pleinement dans cette bataille sans réel adversaire, car les quelques petits partis font juste semblant et les indépendants sans expérience et sans moyens ne suscitent aucune crainte.

    Ces partis se voient déjà au pouvoir, présidant aux destinées de ce pays en partant à l’assaut de l’hémicycle qu’ils comptent conquérir coûte que coûte.

    Makri se sent pousser des ailes

    Ainsi, Makri, dopé par l’absence de partis pouvant lui barrer la route, se dit prêt à diriger le gouvernement ! Rien que cela !

    La nature ayant horreur du vide, il fallait bien que quelqu’un prenne cette place et lui se voit déjà l’occupant officiant au gouvernement et soutenu par une assemblée d’obédience islamiste.

    Il faut dire que Makri n’a pas tout à fait tort car cette désaffection et cette indifférence jouent le jeu des islamistes qui, eux, mobilisent leurs militants et sympathisants pour gagner ces élections qu’on dit propres et honnêtes pour une fois.

    Ce scénario peut se réaliser au vu de la situation actuelle et les islamistes pourront dans ce cas accéder au pouvoir en ayant la majorité dans l’auguste assemblée. Ce qui aura certainement de lourdes conséquences sur les libertés individuelles et collectives avec un projet de société des plus restrictifs.

    Un sursaut citoyen est-il possible ?

    Et donc, à moins d’un sursaut salvateur qui verrait les citoyens se déplacer en masse, voter pour les indépendants et les autres formations en lice et ainsi barrer la route aux islamistes, le pays ne verra pas le bout du tunnel et s’enfoncera encore plus.

    Le Provincial, 29 mai 2021

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  • Algérie : Les législatives 2021 à l’aune d’une nouvelle carte politique

    Sans conteste, l’échéance électorale pour le renouvellement de l’APN, prévu le 12 juin 2021, promet de lever une nouvelle configuration du paysage politique.

    Principalement, l’aspect inédit réside dans la profusion des listes indépendantes, puisées dans le vivier de la société civile.

    Mais pas seulement. Les partis traditionnellement incontournables, à l’instar du FLN et du RND, et même s’ils s’engagent dans la course, n’en n’affichent pas moins profil bas, compte tenu des gros boulets qu’ils trainent à la patte.
    Le reste, tel le FFS et le RCD, a opté pour le boycott, soit par une stratégie de fond, soit par de petits calculs ; le système des quotas semblant banni.

    Au-delà, bon nombre de formations ont littéralement disparu des radars. En tête, le Mouvement Populaire Algérien de l’ancien ministre du Commerce sous Bouteflika, Benyounes Amara.

    Ce cas précis ne manque pas d’attiser la curiosité. De troisième force politique lors de la dernière mandature en date sous Bouteflika, il a été, à priori, réduit en cendres. La disgrâce traduite par l’incarcération de son leader pour des faits de corruption tiendrait-elle comme explication ?

    D’évidence, non car des partis comme TAJ, le FLN ou encore le RND qui ont eu à connaitre les mêmes infortunes sont présents sur la scène, bon gré, mal gré.

    En vérité, c’est l’assurance perdue de bénéficier du fameux système des quotas contre l’allégeance voilée ou en plein jour au pouvoir en place, de formations sans réel ancrage populaire dans le fond et qui a dicté les postures hérissées d’aujourd’hui du parti des Benyounes, Belkacem Sahli e autre Naima Salhi.

    A présent que les dès sont jetés, il serait, par ailleurs, utile de s’interroger sur la volonté réel de changement dans les pratiques, us et coutumes politiques des formations rescapées de la purge naturelle qui s’est opérée.

    Surtout, quelle sera leur attitude à l’Hémicycle à l’égard des jeunes loups sans l’inexpérience politique desquels on spécule d’ores et déjà.

    Au demeurant et pour peu que les indépendants émergent avec force, l’on aura droit à un véritable ‘’melting- pot’’ à l’APN et dont on ne peut anticiper, pour l’heure, les conséquences.

    A.K.

    Algeria Times, 22 mai 2021

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  • Algérie/ La hantise historique !

    On se rappellera toujours cette image du président Bouteflika serrant le cou d’un professeur de l’université d’Oran, alors qu’à Alger, des universitaires se faisaient savamment tabasser devant le Palais du gouvernement où ils avaient osé poser pied pour exposer leurs revendications au chef de l’Exécutif. Cette hantise (qu’assimileront certains à une haine) de l’instruit, perçu de facto comme un intellectuel et suspect de pouvoir avec ses idées échafauder des coups tordus ou sous-entendre des coups d’État, remonterait jusqu’au traumatisant épisode de la Bleuite : des étudiants sacrifiés sur de simples soupçons de prédispositions à l’antipatriotisme. Depuis, c’est devenu une sorte de syndrome que cultivent les dirigeants algériens, qui, depuis l’indépendance, s’affairent à mater, à dompter ou à exiler tout intellectuel non convertible ou non domesticable.

    Ils ne savent pas qu’un intellectuel est avant tout le symptôme de la liberté qui, malheureusement, ne s’enseigne pas dans les zaouïas, seul repaire culturel où ont été abreuvés les premiers responsables du pouvoir en Algérie. Sauf qu’avec Bouteflika, on a droit à cette sorte d’élégance post-acte “regrettable” où il se rattrape avec des excuses… discrètes. Mais l’histoire ne s’arrête pas à un cas “accidentel”, il sera réédité sous différentes formes pour le même objectif. Mettre, symboliquement et politiquement, l’intellectuel, l’universitaire “hors d’état de nuire”.

    Et avant, on recourra souvent à l’article 120 de l’exclusion. Les victimes de l’État-FLN en ont peut-être moins souffert que les victimes actuelles de ce système (qui est son prolongement naturel) dont on ne déchiffre ni la tête ni la vision. Et c’est tout naturellement que des universitaires sont réprimés et mis en détention.

    Seraient-ils tous de la graine de Gramsci ? Les régimes autoritaires répondront, sans hésitation, par l’affirmative. Ce qui se confirme avec l’affaire du Dr Djabelkhir qui, dans un pays démocratique, serait inscrite comme une honteuse séquence d’atteinte à la pensée. Et encore plus proche, le sort réservé au professeur Mimouni de Constantine. Et ce seront encore les concepteurs de la gestion par la matraque qui viendront vociférer leurs regrettables constats de la fuite des cerveaux. Le pays fuite pourtant de partout.

    Liberté, 17 mai 2021

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  • Algérie/ La fin de Baâdji ? – Des membres du CC se mobilisent contre le SG du FLN

    par Karim Aimeur

    Le parti FLN traverse l’une des zones de turbulences les plus graves de ces dernières années, risquant de lui coûter très cher. Son secrétaire général se trouve dans une situation peu enviable : après le rejet de sa candidature aux élections législatives, plusieurs membres du comité central se liguent contre lui, exigeant son départ.

    Karim Aimeur – Alger ( Le Soir) – Remis sur les rail par Abdelaziz Bouteflika après sa prise du pouvoir en 1999, le parti FLN risque de sombrer à nouveau. Les observateurs s’attendent à le voir laminé lors des élections législatives du 12 juin prochain et de perdre ainsi la majorité au sein de l’APN qu’il conserve depuis le scrutin de 2002.

    Mais pas seulement. À ce risque de débâcle électorale s’ajoute une crise organique difficile, en plus d’être l’une des cibles majeures du mouvement populaire.

    En effet, après le rejet de son dossier de candidature aux prochaines élections par l’Autorité indépendante des élections, le secrétaire général du parti, Abou El Fadel Baâdji est désormais ciblé par une fronde menée par plusieurs membres du comité central, instance souveraine entre deux congrès.

    Réunis à Blida à la veille de l’Aïd, ces derniers se sont attaqués de manière virulente à leur secrétaire général, lui reprochant «les dérives» de leur formation et le rejet de plusieurs candidatures du parti au scrutin du 12 juin. Il faut, en effet, savoir que des dizaines de dossiers de candidature présentés par le parti ont été rejetés. La direction du parti avait dénoncé des rejets massif de ses candidats.

    Les membres du comité central réunis à Blida ont dénoncé, dans un communiqué, la gestion unilatérale et autoritaire de leur parti par le SG ainsi que l’exclusion de leur instance de la prise de décision, comme celle inhérente aux élections législatives.

    «Baâdji s’est érigé en premier et dernier décideur du parti, en ce qui concerne son organisation et sa gestion, utilisant quelques éléments en prétendant qu’ils sont membres du comité central», ont-ils écrit en l’accusant d’avoir violé et transgressé les textes du parti. Baâdji est également accusé d’avoir fait appel à des personnes sans lien organique avec le FLN, à des corrompus et à d’autres qui ne réunissent pas les conditions de candidature pour les présenter aux législatives. Ce qui explique, pour eux, les nombreux rejets par les délégués de l’Anie que les signataires du communiqué ont tenu à saluer.

    Aussi, et plus grave encore, ces derniers accusent Baâdji d’être un insoumis du service national. Ils lui reprochent aussi la purge opérée au sein du parti depuis son arrivée à sa tête, lui endossant toute responsabilité quant aux conséquences de sa gestion.

    Après avoir dressé tous ces «chefs d’accusation», les signataires ont appelé les cadres du parti et leurs collègues dans la même instance à serrer les rangs pour que le parti «reprenne sa crédibilité».

    Et d’appeler les militants du parti à un sit-in devant son siège national à Alger dans les prochains jours, sans en fixer la date. Selon certaines sources, ces derniers multiplient les contacts avec d’autres membres du comité central dans l’objectif de pouvoir convoquer une réunion de cette instance afin de procéder au retrait de confiance à Baâdji et élire un nouveau secrétaire général.

    Les problèmes du parti FLN sont loin de voir le bout du tunnel depuis l’émergence du mouvement populaire. Deux secrétaires généraux (Djamel Ould Abbès et Mohamed Djemaï) et plusieurs députés ont été incarcérés, un autre SG en fuite au Maroc (Ammar Saâdani) et l’actuel en pleine tempête.

    Il faut dire que jamais le parti n’a connu autant de bouleversements en un temps si court…
    K. A.

    Le Soir d’Algérie, 15 mai 2021

    Etiquettes : Algérie, FLN, Abou El Fadel Baâdji, comité central, éléctions législatives, candidatures,

  • Algérie / Les listes des partis de l’ex-alliance présidentielle laminées

    ÉLECTIONS LÉGISLATIVES À DJELFA

    Les informations contenues dans le radar publié dans notre édition d’hier et relatives aux listes de candidatures dans la wilaya de Djelfa se sont confirmées avec le rejet par l’Autorité nationale indépendante des élections (Anie) des dossiers de plusieurs postulants qui se recrutent dans les rangs des partis de l’ancienne alliance présidentielle sous Bouteflika.

    Selon nos sources, tous les postulants ayant siégé dans les différentes assemblées locales et nationales ont été écartés de la course. Ainsi, plusieurs candidats du FLN, du RND et du TAJ faisant l’objet d’enquêtes des services de sécurité et de la justice ont vu leurs dossiers rejetés.

    Liberté, 3 mai 202

    Etiquettes : Algérie, élections législatives, FLN, RCD, TAJ, listes électorales, candidatures,