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    Maroc: L’article qui a coûté 20.000 dollars à la DGED

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    L’article est paru dans le Magazine New Yorkais des Affaires « FORBES ». Son auteur est Richard Miniter, un blogueur présenté par Ahmed Charaï comme « Grand journaliste d’investigation ». « C’est l’un des meilleurs article écrit sur SM Le Roi depuis 10 ans, en plus par un Grand journaliste d’investigation comme Richard Miniter!). A mon avis, l’impact aux USA sera certainement fort, au Maroc, on doit le relayer au maximum. Je propose de le traduire, dès sa publication, et de le publier dans Al Ahdate, l’Economiste, sans oublier la presse électronique.

    Suite à la rédaction de cet article, Miniter a demandé à Charaï le prix. « N’oublie pas mon cadeau (20.000 dollars) que tu m’as promis », dit-il dans un email daté du 24 avril 2012. « Je suppose que tu as mon numéro de compte bancaire, a-t-il ajouté.

    Dans un autre mail envoyé le 3 mai 2012, Miniter rappelle qu’il attend toujours son cadeau et fait la publicité à son article. « J’ai reçu de nombreux appels de plusieurs membres du personnel du député à propos de l’article. J’espère que votre roi était très heureux et qu’un jour il me donnera une distinction », a-t-il dit.

    Voici le texte intégral de l’article :

    Le printemps arabe est-il mauvais pour les investisseurs ?

    CASABLANCA – Depuis presque un an, diplomates, experts et journalistes disent aux investisseurs de ne pas s’inquiéter des nouveaux gouvernements islamistes qui émergent dans le sillage du Printemps arabe. Ils ont tort.
    L’argument des optimistes était simple : « Les réalités démocratiques obligeront les islamistes à maintenir la croissance économique afin de remporter les prochaines élections. » Le printemps arabe ne se transformera pas immédiatement en hiver ; la responsabilité rend les politiciens responsables et ainsi de suite.

    Certes, les islamistes ont parlé d’un bon jeu. Dans le programme de leur parti et dans leurs discours, les islamistes marocains ont souligné qu’une économie plus libre attirerait les investisseurs étrangers et stimulerait l’emploi. Ils ont déclaré que la réduction du chômage des jeunes était leur problème numéro un. Ils ont déclaré vouloir ramener la croissance annuelle du PIB à 7 % par an, faisant du Maroc un « tigre asiatique ». Ils ont déclaré vouloir conclure des accords de libre-échange avec leurs voisins. (Le royaume a déjà des accords de libre-échange avec les États-Unis et l’Union européenne). Ils se sont dits favorables à la déréglementation et à la privatisation et ont même proposé une modeste réduction des impôts. Les choses s’annonçaient donc bien.

    Et la peur des électeurs inconstants était censée discipliner les islamistes. Lorsque les partis islamistes ont gagné en novembre dernier, ils ont même remporté Casablanca, le centre commercial du Maroc. Ils ont persuadé les propriétaires de petites entreprises et les professions libérales de passer des partis libéraux et socialistes, qui avaient recueilli leurs voix en 2007, aux islamistes, en novembre 2011. Ces électeurs s’attendaient à des réformes économiques et à des changements sociaux modestes, et non l’inverse. Si les islamistes ne tiennent pas leurs promesses en matière d’économie, ils seront éliminés.

    Pour être sûr, le Maroc n’allait jamais adopter la constitution de la liberté de F.A. Hayek. Les dirigeants islamistes ont déclaré que leurs modèles économiques provenaient de la Turquie et des partis de centre-droit français, et non de Singapour ou du Chili. Mais, surtout, ils ne regardaient pas non plus du côté de l’Iran ou de la Chine. La Turquie était, jusqu’à récemment, un pays à forte croissance qui combinait l’esprit d’entreprise avec une déférence croissante pour l’Islam. (Au cours des 18 derniers mois, cependant, la Turquie a incarné les dangers de l’islamisme en politique ; l’AKP au pouvoir a lancé un djihad contre les généraux laïques de la république et ses dissidents, s’est rapproché de l’Iran sur le plan diplomatique, la croissance économique a stagné et les investisseurs cherchent la sortie).

    Aujourd’hui, après quelques mois au pouvoir, le parti islamiste au pouvoir au Maroc dévoile un nouveau programme, qui effraie déjà les milieux d’affaires locaux et les investisseurs étrangers.
    Un ministre du gouvernement islamiste – dans une série de discussions privées – a suggéré que les agences gouvernementales, et même les entreprises appartenant en partie à l’État, ne devraient plus faire de publicité dans les journaux et les magazines qui font également de la publicité pour l’alcool, un produit légal au Maroc. Cela signifie que la compagnie aérienne d’État, Royal Air Maroc, ne peut plus placer d’annonces dans la plupart des grands quotidiens. Le problème pour les éditeurs : Les compagnies aériennes et l’alcool sont tous deux de gros annonceurs, et la perte de l’un ou de l’autre serait douloureuse. En effet, certaines publications pourraient fermer, quel que soit le camp qu’elles choisissent. Jusqu’à présent, il ne s’agit pas d’une réglementation, mais d’une campagne de chuchotement. Mais les éditeurs locaux reçoivent le message.

    Un autre islamiste, le ministre des communications, a envisagé publiquement de prendre un décret obligeant les chaînes de télévision à interrompre les programmes populaires pour diffuser des sermons à la place, aux heures de grande écoute les soirs de semaine. Cette mesure est fatale pour l’audimat et donc pour les recettes publicitaires. C’est aussi le signe que le Maroc est en train de changer ses habitudes d’accueil, passant philosophiquement de Paris à Riyad. Où un investisseur étranger préférerait-il passer un week-end ?

    Avant même que la règle ne soit finalisée, elle était considérée comme un présage, un signe avant-coureur des idées destructrices des islamistes sur le plan économique. Dans le milieu des affaires, la conversation passe rapidement de l’observation à l’extrapolation. Chaque fois que les hommes politiques s’intéressent davantage aux symboles qu’aux réalités, ils sont séduits par une poésie empoisonnée qui pousse leur peuple dans l’étreinte moite de la pauvreté. Il n’y a pas forcément de conflit entre la mosquée et le marché, mais les islamistes ont appris leur économie des socialistes arabes et d’Europe de l’Est. Beaucoup d’entre eux aiment encore l’idée d’une économie dirigée et aiment l’idée de donner des ordres. Cela ne fonctionne pas mieux en Iran qu’en Biélorussie. Pourquoi l’essayer au Maroc, qui dispose d’une économie moderne diversifiée et relativement libre ? C’est pourquoi les investisseurs et les entrepreneurs locaux sont nerveux.

    Il y a quelques jours, le roi a demandé à voir le chef du gouvernement et le ministre des communications. Il lui a rappelé que le nouveau gouvernement devait respecter la constitution, qui donne aux radiodiffuseurs la liberté de parole, et il a rappelé aux chefs de gouvernement de respecter la diversité des peuples au Maroc. Tous ne sont pas musulmans, a-t-il dit, et ne seraient pas nécessairement servis par un sermon.

    Pour l’instant, les ministres islamistes ont compris le message. Le roi observe et tout geste extrême pourrait être contrôlé par le monarque constitutionnel.
    Seuls deux hommes peuvent sauver le Maroc maintenant – et sauver la promesse du printemps arabe. L’un est le roi du Maroc, l’autre le président des États-Unis.

    Pendant des années, la principale force libéralisatrice était le roi lui-même. Mohammed VI est un dirigeant jeune et poli, aussi à l’aise en français qu’en arabe, dans les sphères européenne et arabe. Cela lui a donné la capacité unique de défendre les cultures traditionnelles et tribales tout en voyant la sagesse de développer une économie diversifiée et moderne basée sur l’accomplissement individuel.

    Plus important encore, Mohammed VI a été l’un des libéralisateurs les plus agressifs au monde.
    Il a défendu et signé des accords de libre-échange avec les États-Unis et l’Union européenne. Il a encouragé les investissements étrangers par un traitement fiscal favorable et la réduction des formalités administratives. Il a maintenu une monnaie stable et combattu la corruption qui agit comme un impôt caché sur le développement. Il a versé des milliards pour investir dans les régions pauvres du sud de son royaume et a ensuite exploité les infrastructures pour attirer les investissements étrangers dans les hôtels, les fermes et les exploitations touristiques.

    En encourageant les investissements étrangers par la déréglementation et les investissements locaux par un meilleur accès au crédit (le roi a réformé les lois bancaires), le Maroc a connu une croissance économique robuste. Le Maroc a connu une croissance moyenne de 3 % par an en termes de produit intérieur brut par habitant au cours des années précédant l’accession au trône de Mohammed VI (1990-1999). Ce chiffre est passé à une moyenne de 8 % par an sur la base du PIB par habitant pendant le règne de Mohammed VI (1999-2010), selon la Banque mondiale. (Les chiffres ne sont pas encore disponibles pour 2011).
    La libéralisation des marchés et la modernisation des réglementations ont permis d’attirer davantage d’investissements étrangers. La formation brute de capital fixe, qui mesure les efforts d’investissement nationaux par rapport au PIB, a grimpé à 35 % du PIB en 2011. Il s’agit d’une forte augmentation par rapport aux 25 % enregistrés entre 1990 et 1999, selon les recherches de l’OCDE, dont le siège est à Paris.

    En conséquence, l’investissement étranger net moyen a bondi sous le règne de Moahmmed VI à 1 456 millions de dollars par an, contre 213 millions de dollars par an sous le règne de son prédécesseur Hassan II, selon la Banque mondiale.
    Le PIB total du Maroc a presque doublé au cours des onze dernières années, sous le nouveau roi réformateur. Selon un rapport présenté par la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique à Addis-Abeba, le taux de croissance du PIB du Maroc (5,3 %) en 2009, dépasse celui de l’Égypte (4,7 %), de la Tunisie (3 %), de la Mauritanie (2,3 %), de l’Algérie (2,1 %) et de la Libye (1,8 %). Et ce, avant que le « printemps arabe » n’étouffe les taux de croissance partout en Afrique du Nord – partout, sauf au Maroc.

    Le taux de pauvreté a été réduit presque de moitié, selon un rapport du Programme des Nations unies pour le développement. Au début du règne de Mohammed VI, quelque 4,5 millions de Marocains se trouvaient sous le seuil de pauvreté. Aujourd’hui, ils sont moins de 2,6 millions. Le PNUD attribue la réduction massive de la pauvreté à « l’Initiative nationale pour le développement humain que Mohammed VI avait lancée en 2004 ».

    Pour lutter contre la corruption et les violations des droits de l’homme, le roi a créé le Conseil consultatif des droits de l’homme et l’Instance équité et réconciliation. Il s’agit d’organes indépendants qui ont versé des compensations financières aux victimes de brutalités policières et d’emprisonnements injustes pendant le règne des prédécesseurs du roi.

    En outre, il a mis en œuvre de vastes réformes de la police locale et nationale et mis fin à la répression des dissidents politiques. En conséquence, un large éventail de personnes et de partis non conventionnels opèrent ouvertement au Maroc – des radicaux maoïstes aux salafistes. Pour autant qu’ils évitent la violence ou d’autres activités criminelles (trafic de drogue, enlèvement, etc.), ces groupes sont libres de s’exprimer lors de rassemblements, de publier des journaux et même de présenter des candidats aux élections. À bien des égards, le Maroc jouit aujourd’hui de plus grandes libertés politiques et d’une plus grande représentation politique que, par exemple, la Roumanie ou la Moldavie.

    Conscient que les millions de pauvres et de quasi-pauvres constituent une menace pour la stabilité de son royaume, le roi a lancé un programme de soins de santé pour fournir des soins à 8,5 millions de personnes n’ayant pas accès aux soins de santé. Contrairement au National Health Service britannique, le programme RAMED du Maroc n’est pas gratuit pour tous. À l’exception des personnes très pauvres, chacun doit verser un co-paiement en fonction de ses revenus – en moyenne environ 1 dollar par mois. Cette somme n’est pas négligeable dans de nombreuses régions du Maroc, mais elle est abordable. Le principe du co-paiement réduit la demande, qui autrement mettrait le système en faillite en raison de coûts excessifs.
    Il a également libéralisé la politique du Maroc. Les femmes et les minorités religieuses (y compris les juifs et les chrétiens) ont les mêmes droits en vertu de la nouvelle constitution. Il a transféré le pouvoir de lui-même à des gouvernements nationaux et régionaux élus.

    L’administration Obama doit faire plus que des discours. Aussi fulgurant qu’ait été le discours d’Obama au Caire, il n’a pas été suivi de changements significatifs dans la politique. L’administration Obama a continué à travailler avec des partis, des factions et des personnalités qui n’acceptaient pas les valeurs libérales comme point de départ. Un signe révélateur : regardez le processus interne d’un parti pour sélectionner ses dirigeants. Si un parti n’élit pas ses dirigeants dans le cadre d’élections équitables et multi-candidates, il ne sera pas une force démocratique et pacifique s’il arrive au pouvoir. Les Frères musulmans d’Égypte et les islamistes de Tunisie répondent à ce critère. Le Hamas et le Front Polisario ne le font pas.

    Une fois qu’un parti atteint ce seuil, l’administration doit continuer à s’engager afin de l’influencer dans une direction plus libérale, respectueuse de la diversité religieuse, de la propriété privée, de la liberté d’expression et des élections libres. La façon dont un parti traite les chrétiens et les juifs est un bon baromètre, la façon dont il traite les investisseurs étrangers en est un autre.
    La plus grande gaffe historique de ces 30 dernières années a peut-être été celle des années Bush. Le président George H.W. Bush a assisté à la chute du mur de Berlin, à l’émergence d’États embryonnaires plus libres en Europe de l’Est et à une transition en Russie même. Pourtant, à part envoyer des conseillers économiques et des diplomates, Bush n’a pas fait grand-chose pour guider ce processus historique. L’administration pensait que tout conseil serait perçu comme une ingérence. Et certains de ses conseils n’ont pas été utiles. Lorsque les réformateurs ont voulu interdire aux anciens responsables communistes de se présenter aux élections dans les nouvelles nations, le département d’État les a vivement encouragés à ne pas céder à cette tentation. En conséquence, la Bulgarie, la Hongrie et même la Pologne ont été accablées par une décennie de luttes politiques inutiles avec les défenseurs « post-communistes » de l’ancien régime. (Des conseils similaires concernant les responsables baasistes en Irak ont également retardé les progrès dans ce pays). Dans le monde réel, la protection du libéralisme exige parfois des moyens illibéraux. Pour être accepté en tant que parti politique légitime, le parti doit adhérer ouvertement aux valeurs libérales : la liberté de conscience, une presse libre, la propriété privée, le libre échange sur des marchés ouverts. Ces valeurs ont fait de l’Occident la région la plus riche de la planète et elles fonctionnent partout où elles ont été expérimentées.

    Au Maroc, l’administration Obama semble prête à répéter les erreurs des années Bush. Envoyer quelques professionnels, s’asseoir et espérer le meilleur. Après tout, c’est leur pays.
    Jusqu’à présent, l’approche décontractée ne fonctionne pas. Il est temps pour Obama de rencontrer Mohammed VI. Ce sommet enverrait un signal aux réformateurs du monde arabe : Vous n’êtes pas seuls. La religion est une grande source de moralité, mais le meilleur moyen de lutter contre la pauvreté, c’est l’ouverture des marchés et la croissance économique. Les partis religieux qui cherchent à moderniser les nations doivent d’abord moderniser leur propre pensée économique.

    Si les réformateurs arabes cherchent un modèle, Obama pourrait dire qu’ils en ont un en Mohammed VI. Son bilan en matière d’ »espoir et de changement » devrait être copié.
    Si Obama décide de rester chez lui, les historiens le classeront dans la catégorie des Bush : Un observateur de l’histoire, pas un leader des transformations.

    Richard Miniter

    Forbes, 25/04/2012 (traduction non officielle)

    #Maroc #Printemps_arabe #Richard_Miniter #Etats_Unis #Lobbying #Forbes

  • Le « côté sauvage du Maroc », selon Forbes

    Le « côté sauvage du Maroc », selon Forbes – Explorez le côté sauvage du Maroc dans cet avant-poste luxueux dans le désert.

    Le Maroc a été largement acclamé pour ses villes historiques – Marrakech, Casablanca et Fès, pour n’en citer que quelques-unes – mais cette nation d’Afrique du Nord ne se résume pas à ses noyaux urbains. Situé à seulement quarante minutes au sud-ouest de la médina de Marrakech, le désert aride d’Agafay est l’endroit idéal pour voyager hors des sentiers battus sans avoir à s’éloigner de la civilisation.

    Cette vaste étendue offre non seulement des vues spectaculaires sur les montagnes de l’Atlas et de nombreuses possibilités d’observer la faune indigène du désert, mais elle abrite également le camp Inara, un avant-poste de 24 acres qui propose un hébergement luxueux, agrémenté de la riche culture et de l’abondante beauté naturelle de l’arrière-pays marocain.

    Bien que certains visiteurs potentiels puissent ressentir une certaine appréhension à l’idée de passer leurs nuits dans les zones reculées du désert, les logements luxueux du camp Inara sont sûrs de vous offrir un sommeil réparateur sous les étoiles. Vous avez le choix entre trois catégories de tentes, chacune offrant une vue unique sur le désert environnant. Que vous optiez pour la suite Discovery, Emotion ou Inara, toutes les options ont une qualité en commun, à savoir une vue spectaculaire sur le ciel nocturne. Pour un résultat optimal, réglez le réveil à 3 heures du matin, puis faites quelques pas à l’extérieur pour vous immerger dans l’ambiance tranquille de l’Agafay tout en vous prélassant sous la lueur du cosmos.

    Pour ceux qui cherchent à s’éloigner de l’agitation de la vie urbaine, le désert d’Agafay offre de nombreuses possibilités de déconnexion et de déstressage. Le soleil peut devenir un peu intense pendant la journée, mais heureusement, l’Inara Camp est équipé de deux piscines pour combattre la chaleur du désert. Le Desert Lagoon a été conçu pour se fondre parfaitement dans le paysage naturel du désert, tandis que la piscine à débordement de la propriété, située à proximité, constitue un point de vue spectaculaire sur les montagnes de l’Atlas.

    L’Inara Camp est peut-être situé au milieu d’un vaste désert, mais en ce qui concerne la nourriture, les visiteurs auront l’impression de se trouver au cœur de la médina de Marrakech. Doté d’un menu élaboré par le chef local Mustafa, le camp Inara offre aux visiteurs l’occasion de goûter un menu entièrement marocain. Outre les plats traditionnels tels que le tajine et la pastilla, les visiteurs sont également invités à déguster une gamme variée de vins marocains provenant des contreforts des montagnes de l’Atlas, un secteur auquel on prête peu d’attention en dehors de son Afrique du Nord natale.

    Bien sûr, aucun voyage dans le désert n’est complet sans une petite aventure en plein air et, heureusement, le camp Inara propose une multitude d’activités aux visiteurs impatients. Pour les amoureux des animaux, rien de tel qu’une randonnée matinale sur l’un des grands chameaux de la propriété. Installés à quelques pas du Desert Lagoon, les visiteurs peuvent se rendre dans leur enclos pour une brève rencontre, puis se lever le lendemain à l’aube pour une randonnée au lever du soleil sur les sables d’Agafay.

    Si monter à dos de chameau vous semble un peu trop ambitieux, le camp met également à votre disposition une multitude d’autres véhicules pour explorer les environs. Pour les amateurs de sensations fortes, la croisière en VTT est une option particulièrement intéressante. Au cours de cette excursion de deux heures, les clients exploreront les pentes sablonneuses de l’Agafay, s’arrêtant en chemin pour admirer des vues imprenables sur les montagnes de l’Atlas. Outre les VTT, l’Inara Camp propose également des expéditions en buggys tout-terrain ou même à cheval.

    Après quelques jours passés à explorer les rues en forme de labyrinthe de la médina de Marrakech, rien n’est plus ressourçant qu’une excursion dans la campagne marocaine. Que vous passiez vos journées à explorer la région à dos de chameau ou à vous prélasser au bord d’une piscine avec une bouteille de vin marocain, la beauté tranquille et le ciel nocturne éblouissant vous laisseront certainement une impression durable.

    Jared Ranahan

    Forbes, 31/10/2021

  • Forbes: Akhannouch cache ses comptes annuels depuis 2016

    Forbes: Akhannouch cache ses comptes annuels depuis 2016

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    Qui est Aziz Akhannouch, le milliardaire appelé à devenir le prochain Premier ministre du Maroc ?

    Le milliardaire marocain de l’énergie naturelle Aziz Akhannouch deviendra le prochain Premier ministre du Maroc, a-t-il été confirmé, après que le pays d’Afrique du Nord se soit rendu aux urnes la semaine dernière.

    Vendredi, les comptes sociaux diplomatiques du pays ont confirmé que le roi du Maroc, Mohammed VI, avait reçu Akhannouch, président du parti libéral mais royaliste Rassemblement national des indépendants, au Palais royal de Fès, où il a été invité à former un nouveau gouvernement.

    Après avoir remporté de justesse les élections, remportant 102 sièges parlementaires sur les 395 disponibles, Akhannouch a poussé le parti islamiste conservateur PJD hors du pouvoir, après que le parti – qui a dirigé diverses coalitions pendant une décennie – ait perdu la faveur des électeurs au milieu des performances économiques à la traîne du Maroc au cours de la pandémie.

    Le principal parti du gouvernement de coalition en place n’a remporté que 13 sièges, selon le ministère marocain de l’Intérieur la semaine dernière. Les résultats reflètent les inquiétudes de la Banque mondiale selon lesquelles l’économie du pays (mesurée par le produit intérieur brut réel) s’est contractée de 7% en 2020, tandis que dans son dernier rapport en 2020, le Fonds monétaire international a critiqué la croissance « inférieure à 3% » du Maroc et le taux de chômage élevé. chez les jeunes et les femmes. Selon un rapport de la Brookings Institution en 2019, le Maroc avait un taux de chômage des jeunes (âgés de 15 à 24 ans) de 22% à l’échelle nationale et de 40,3% dans les zones urbaines – un nombre qui s’est probablement aggravé pendant la pandémie.

    Akhannouch a précédemment déclaré, selon l’ Agence France-Presse , que « l’engagement principal du parti est de travailler sérieusement tant que nous bénéficions de la confiance des citoyens, d’améliorer leur quotidien, de réaliser leurs aspirations et de regagner confiance en leurs représentants. .  » Akhannouch n’est pas étranger à la politique marocaine, ayant été ministre de l’Agriculture du pays de 2007 à 2021.

    Bien qu’Akhannouch ait qualifié son élection de « victoire pour la démocratie » dans un discours télévisé, le pouvoir exécutif au Maroc reste largement entre les mains du roi Mohammed VI, qui a fêté ses 22 ans sur le trône en juillet. Bien que le roi Mohammed ait introduit un certain nombre de réformes clés, notamment l’octroi de plus de droits aux femmes en 2004, la dynastie alaouite reste le véritable centre du pouvoir du Maroc, avec une influence significative sur la politique étrangère, l’armée et la justice, même après le printemps arabe de 2010. Le Roi est également un acteur incontournable des affaires marocaines. En 2015, Forbes a estimé sa fortune à 5,7 milliards de dollars .

    Des milliardaires au pouvoir

    Akhannouch, quant à lui, a une valeur nette de 2 milliards de dollars, estime Forbes , en grande partie grâce à sa participation dans Akwa Group, un conglomérat marocain basé à Casablanca et un acteur majeur de l’industrie pétrolière et gazière du pays. Akhannouch a hérité sa part d’Akwa de son père, qui a fondé la société en 1932, et il reste aujourd’hui un actionnaire important. Akhannouch détient également des participations dans les sociétés cotées en bourse Afriquia Gas (en hausse de 22 % sur l’année à ce jour) et Maghreb Oxygene (en hausse de 8 %), ainsi que dans le groupe Caractères Media, et un complexe touristique de luxe et de golf à Taghazout Bay, entre autres. projets.

    Forbes Moyen-Orient a nommé l’épouse d’Akhannouch, Salwa Idrissi Akhannouch, au 19e rang sur sa liste Power Businesswomen 2021. Salwa Idrissi a fondé le groupe de vente au détail AKSAL en 2004, apportant Fendi, Gucci, Ralph Lauren, Zara, Banana Republic, Massimo Dutti, Pull & Bear et Gap sur le marché marocain.

    Akhannouch, qui n’a pas offert beaucoup de transparence sur sa fortune par le biais de rapports annuels ou de dossiers d’entreprise, a repoussé les estimations de Forbes . En octobre de l’année dernière, Afriquia Gaz Said Baghdadi a qualifié l’estimation de « fausse nouvelle, qui défie toute logique », publiant sur LinkedIn qu’une branche de son entreprise avait vu ses revenus chuter de 50 % pendant la pandémie.

    Akhannouch suit les traces de Donald Trump aux États-Unis et d’ Andrej Babis en République tchèque en tant que dirigeants qui ont récemment mis à profit leurs compétences en affaires pour prendre le pouvoir dans des pays où l’amélioration des conditions économiques pour les travailleurs est un message clé sur la voie des élections.

    Parmi les autres milliardaires au pouvoir, citons le président et investisseur chilien Sebastián Piñera , qui a entamé son deuxième mandat de quatre ans en tant que président du Chili en 2018, après avoir occupé ce poste de 2010 à 2014. La fortune estimée de 2,8 milliards de dollars de Piñera provient de la société de cartes de crédit Bancard, qui il a fondé dans les années 1970. Après les élections de 2010, il a déchargé sa participation de 26% dans la compagnie aérienne chilienne LAN pour 1,5 milliard de dollars.

    Le Liban a eu deux dirigeants milliardaires ces dernières années : Saad Hariri , dont la valeur est estimée à 1,4 milliard de dollars en 2016, année où il est devenu Premier ministre. Saad est le fils du défunt milliardaire Rafik Hariri, qui a été assassiné en 2005 alors qu’il était Premier ministre. Hariri a quitté les rangs des milliardaires en 2019. Il avait auparavant été Premier ministre du Liban de 2009 à 2011, date à laquelle il a été remplacé par Najib Mikati , un milliardaire des télécommunications qui a dirigé le gouvernement jusqu’en 2014.

    En Europe, le milliardaire italien Silvio Berlusconi a été élu pour la première fois Premier ministre italien en 1994, les derniers jours de son tumultueux leadership se terminant en 2011. Sa valeur nette est estimée par Forbes à 8,1 milliards de dollars.

    David Dawkins

    Forbes, 13/09/2021

  • Forbes : Kahina Bahloul dans le top 40 des Femmes

    Forbes : Kahina Bahloul dans le top 40 des Femmes

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    La Franco-Algérienne Kahina Bahloul dans le top 40 des Femmes Forbes

    Kahina Bahloul, islamologue franco-algérienne, figure au classement des 40 Femmes Forbes paru dans l’édition du mois de septembre. La théologienne de 42 ans est devenue en 2019 la première femme à occuper le poste d’imam de France.

    Comme chaque année, un jury constitué de personnalités influentes est réuni par la rédaction du magazine Forbes France pour étudier les parcours de 40 femmes créatives, intellectuelles, inspirantes, et qui ont su briser le plafond de verre.

    Qui est Kahina Bahloul ?

    Kahina Bahloul tient son prénom d’une reine berbère, « La Kahina ». Cette guerrière, qui vécut au VIIe siècle, a notamment organisé la résistance berbère face aux Omeyyades, lors de la conquête musulmane du Maghreb. La Kahina, de son vrai nom Dihya, est aujourd’hui considérée comme le symbole de la femme amazighe héroïque et rebelle.

    Née en France d’un père kabyle et d’une mère française, Kahina Bahloul a confié avoir de la gratitude pour son père qui lui donné ce prénom. Selon elle, cet ancrage historique, culturel et identitaire, lui permet de se sentir assez libre pour s’ouvrir au monde.

    Elle a grandi en Algérie où elle a vécu la montée de l’intégrisme sur la pratique de la religion musulmane. À son retour en France, elle poursuit un doctorat sur la pensée d’Ibn Arabi à la prestigieuse École pratique des hautes études.

    Une vision d’un Islam spirituel et progressiste

    Première femme à occuper la fonction d’imam en France, cofondatrice du projet d’association cultuelle « La Mosquée Fatima », qui promeut un islam libéral, Kahina Bahloul est aussi conférencière sur des thèmes islamiques.

    Elle affirme à Euronews qu’« une crise profonde de sens dans l’islam » l’a poussé à s’engager. « Nous vivons encore sur une pensée qui a été produite au Moyen Âge. Toute la partie normative de la religion musulmane émane d’une pensée médiévale. Aujourd’hui, ce n’est plus possible », explique la brillante islamologue.

    Pour dénouer cette crise, la théologienne incite « les musulmans à se réapproprier leurs textes et se donner la permission de les lire pour les interpréter avec les outils dont nous disposons aujourd’hui au 21ème siècle ».

    Algérie.expat, 09/09/2021

  • Forbes : Classement des familles les plus riches du Maghreb

    Les familles les plus riches en Algérie, Maroc et Tunisie (Forbes)

    Maghreb – Retrouvez, dans les lignes qui suivent, le classement, établi par le magazine américain Forbes, des dynasties familiales les plus fortunées en Algérie, au Maroc ou encore en Tunisie.

    Pour établir son palmarès des plus fortes entreprises familiales de l’an 2021 dans le monde arabe, le magazine américain s’est appuyé sur plusieurs critères. Parmi ces derniers figure le volume des investissements des familles propriétaires, le nombre du personnel, ainsi que la diversité ou encore la portée géographique des firmes qu’elles détiennent. Voici sans tarder le top des tops des dynasties les plus florissantes en Algérie, Maroc et Tunisie.

    Le quotidien généraliste Echorouk rapporte l’information dans un article paru ce mercredi 19 mai 2021. Commençons tout d’abord par notre pays. Occupant la 32e place sur 100 entreprises du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, Cevital est le groupe familier le plus riche en Algérie. Son fondateur, le magnat Issad Rebrab, père de cinq enfants qui vont héritier ce bijou familier, possède une gigantesque fortune.

    Estimée à 4.8 milliards de dollars, sa fortune ne cesse de croître. En plein temps de coronavirus, Rebrab a pu ajouter à son compte 3.3 milliards de dollars. Créé en 1998, son conglomérat commercialise ses produits, dont le sucre, l’huile de table et autres, vers l’international. La même source cite, à titre d’exemple, des importations vers la France, l’Ukraine ou encore la Russie.

    Algérie et Maroc : Qui sont les Benjelloun qui dépassent les Rebrab ?

    Le groupe industriel et financier marocain fondé par Othman Benjelloun se positionne à la 23e place dudit classement. Ainsi, il dépasse de très loin Cevital de Rebrab. Il sied de noter que FinanceCom a été absorbé il y a quelques jours par Holding Benjelloun Mezian, pour devenir ainsi O Capital Group.

    En diversifiant ses champs d’investissement, le groupe susmentionné a avancé aux devants du podium laissant derrière lui 15 autres entreprises familiales, qui le dépassaient avant 2020. Ses revenus ont été estimés, en 2019, à 2.2 milliards de dollars.

    Une autre famille s’est distinguée avec son capital astronomique. Il s’agit du groupe Holmarcom qui a été fondé par Abdelkader Bensalah. Il se classe à la 89e place. Et son credo alors ? En fait, les activités dudit groupe sont très diversifiées. Il possède, entre autres, un pôle de finance, d’agro-industrie et d’immobilier.

    En Tunisie, c’est le groupe Loukil qui excelle. À la 97e place du classement, devancé par Cevital de Rebrab, Halmarcom et FinanceCom, le groupe en question, fondé par Mohamed Loukil en 1976, s’active dans plusieurs domaines. Parmi ces derniers, la même source a alors cité les nouvelles technologies et les voitures. Son capital est estimé à 5.6 milliards de dollars.

    Dzair Daily, 19 mai 2021

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  • Fortune du roi du Maroc : $ 5,7 milliards (Forbes)

    Maroc : comment Mohammed VI a assis vingt ans de règne

    Aziz Chahir*

    La fête du trône, ce mardi 30 juillet, couronne aussi vingt ans de règne pour Mohammed VI. Malgré une situation socioéconomique insoutenable et des vagues de protestations sans précédent, le monarque réussit à se maintenir au pouvoir

    À la question d’un journaliste français sur ses relations avec le prince héritier, Hassan II répondit en ces termes : « Le style, c’est l’homme. Moi, c’est moi, et lui c’est lui ». Une manière de dire que le règne de Mohammed VI serait différent de celui de son père.

    Il va de soi que les deux hommes sont différents. Il ne faut cependant pas perdre de vue que leurs modes de gouvernance émanent de la même filiation idéologique, celle qui privilégie la personnification de l’influence, la concentration des pouvoirs et la domination politique des opposants.

    Ainsi, malgré les réformes annoncées à maintes reprises et les professions de foi sur le changement tant attendu, force est de constater que le règne de Mohammed VI a fini par emprunter la voie d’un « autoritarisme corporatiste » traversé par des tentatives sporadiques de démocratisation.

    À la mort de Hassan II, le trône est revenu à son aîné, Mohammed VI. Né le 21 août 1963 à Rabat, Mohammed VI est le vingt-troisième monarque de la dynastie alaouite et, depuis le 23 juillet 1999, le troisième à porter le titre de roi du Maroc.

    Après deux décennies de règne et à la veille de la célébration de l’ascension du roi au trône, on serait tenté de s’interroger sur le secret derrière le maintien du pouvoir de la monarchie malgré les crises politique et socioéconomique qui déchirent le pays, en particulier dans un contexte régional conflictuel en pleine mutation.

    De nombreux éléments déterminants pourraient contribuer à éclairer ce « mystère » de la pérennité de la dynastie alaouite à l’aube du troisième millénaire. Nous en avons identifié une dizaine – tels les dix commandements – que l’on pourrait interroger ici sans aucune prétention d’exhaustivité.

    1- La patrimonialisation du pouvoir

    La Fête du trône, événement national célébré chaque année le 30 juillet, entrecoupé de plusieurs cérémonies officielles et populaires, est l’anniversaire de l’intronisation du roi et son allégeance officielle. La télévision retransmet notamment les activités publiques et la longue célébration commémorant cet événement.

    En 1999, avant de monter sur le trône, le roi Mohammed VI avait pris le soin d’écarter le puissant ex-ministre de l’Intérieur, Driss Basri, en lui interdisant d’assister à la cérémonie de l’allégeance, dans une volonté affichée de rompre avec le règne autocratique de son père, mais aussi pour asseoir son pouvoir sur l’appareil de l’État.

    Vingt ans après, le roi tente laborieusement de se défaire du poids de cette tradition patrimonialiste qui se manifeste par une ritualisation de l’intronisation du monarque associée à la cérémonie d’allégeance que lui prêtent les sujets qui constituent la communauté des musulmans.

    Dans un communiqué du cabinet royal, mi-juillet, le Palais a déclaré ne pas souhaiter de célébrations « spéciales » pour la fête de trône. Alors que le roi vient d’acquérir un nouveau voilier luxueux, le Badis I, estimé à quelque 88 millions d’euros, difficile de croire que derrière cette déclaration ne se cache pas un exercice de communication publique.

    Difficile aussi de croire que le roi n’adhère pas au mode patrimonialiste de gouvernance imposé par la tradition makhzénienne.

    Depuis 2011, tout particulièrement, jamais les autorités marocaines n’ont été si mobilisées pour rassembler les foules le jour de la cérémonie de l’allégeance, ce qui traduit l’engagement du régime à vouloir perpétuer la tradition néopatrimonialiste qui permet de préserver la légitimité historique du monarque.

    2- Promesses et vrais-faux espoirs

    « Le changement dans la continuité ». Voilà l’une des maximes politiques phares prônées par le régime de Mohammed VI. Face à cette profession de foi, tous les espoirs étaient permis. En effet, dès l’accession au trône de Mohammed VI, une grande partie des Marocains ont vu en lui l’incarnation d’une rupture avec le régime autocratique de Hassan II.

    Tout le monde ou presque se souvient de cette scène inoubliable, lors des funérailles de Hassan II, quand le jeune roi apparemment terrassé par la disparition de son père, éclate en sanglots devant le roi d’Espagne, Juan Carlos, un ami intime de la famille royale.

    La jeunesse du monarque, son ouverture sur la société civile et sa proximité avec les populations marginalisées, dont les personnes en situation de handicap, laissaient présager un « avenir démocratique » pour le royaume.

    Ce fut d’ailleurs l’époque où de nombreux observateurs, y compris les plus critiques du régime, tablaient sur l’engagement du jeune souverain à propulser un changement « par le haut » à même de favoriser l’émergence d’une transition démocratique.

    Mais après vingt ans de règne, le jeune roi a été rattrapé par l’histoire des sultans alaouites qui se considéraient comme « l’ombre de Dieu sur terre ».

    3- Fortune royale et business

    La richesse du roi, disait-on, est la principale source de son pouvoir. Un dicton qui trouve tout son sens dans les monarchies arabes. La monarchie marocaine n’échappe pas à cette règle, surtout lorsqu’on sait que le roi du Maroc est plus riche que l’émir du Qatar !

    Et pour cause, dès son accession au trône en 1999, Mohammed VI a montré un sens aigu des affaires. Très tôt, il s’engage dans la restructuration du groupe Omnium nord-africain (ONA, ex-premier groupe industriel et financier privé marocain) en commençant par nommer, en 2000, Driss Jettou, ex-patron de la SIGER (holding de la famille royale) à la tête de l’ONA.

    Deux ans après, ce technocrate du sérail fut propulsé à la tête de la primature, au grand dam de l’Union socialiste des forces populaires (USFP) qui remporta les élections législatives de 2002.

    En 2003, Mounir El-Majidi et Hassan Bouhemou permettront à l’ONA de passer sous le contrôle de la Société nationale d’investissement (SNI), elle-même contrôlée à 60 % par la SIGER. En 2010, l’ONA et la SNI fusionnent, sortent de la bourse de Casablanca et deviennent l’acteur économique majeur du royaume.

    En 2018, la SNI devient Al Mada, un fonds d’investissement actuellement présent dans 24 pays d’Afrique.

    Le redéploiement du souverain semble lui avoir permis de faire fructifier sa fortune de manière incommensurable. Selon le magazine Forbes, la fortune du roi du Maroc Mohammed VI est estimée à 5,7 milliards de dollars.

    Dans un discours officiel, le souverain marocain s’est déjà demandé : « Où sont parties les richesses du Maroc ? ». En même temps, la population ne cesse de s’appauvrir comme en témoignent de nombreux rapports internationaux en matière de développement humain.

    Le roi lui-même a reconnu dans un discours que « le modèle de développement du pays est inapte et souffre d’un essoufflement qui rend urgent l’élaboration d’un nouveau modèle développement ».

    4- Le renforcement des institutions sécuritaires et judiciaires

    Le régime de Hassan II s’appuya sur un appareil sécuritaire brutal pour intimider et réduire au silence ses opposants politiques. Cette époque correspond aux « années de plomb » (1970-1999), marquées par une violence inouïe contre les activistes démocrates.

    Manifestant une volonté de couper avec l’héritage de son père, Mohammed VI met en avant, le 12 octobre 1999, ce qu’il a appelé « le nouveau concept de l’autorité qui vise à assurer la protection des libertés et à préserver les droits, selon les exigences de l’État de droit ».

    Mais c’était sans compter sur la pugnacité des sécuritaires qui vont vite renouer avec les vieilles pratiques autoritaires. Après les attentats meurtriers du 16 mai 2003 à Casablanca, par exemple, l’État marocain va procéder à l’arrestation de milliers d’individus qui seront jugés, arbitrairement dans le cadre de la politique de lutte contre le terrorisme.

    La Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) a publié, en février 2004, un rapport critique où elle dénonce, à juste titre, des « violations flagrantes des droits de l’homme au Maroc ».

    Après le Printemps arabe de 2011, le régime de Mohammed VI adopte une approche sécuritaire qui tend, avant tout, à endiguer les protestations populaires. Sous l’égide du conseiller du roi, Fouad Ali Al Himma, l’ascendant sécuritaire du régime s’est renforcé avec la nomination d’Abdellatif Hammouchi à la tête de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN), puis à la tête de la Direction de la sûreté territoriale (DST, renseignement).

    L’homme s’est fait remarquer pour avoir orchestré une répression brutale du hirak, mouvement populaire né dans le Rif après la mort d’un vendeur de poisson. Cette approche a été, à maintes reprises, solennellement saluée par le roi Mohammed VI dans certains de ses discours officiels.

    Dans le même sillage, il suffit de lire le rapport présenté, tout récemment, par le délégué interministériel aux droits de l’homme, Chaouki Benyoub, pour se convaincre de la puissance de l’institution sécuritaire, ce dernier ayant déclaré que face aux actes de violence, les forces de police avaient réagi avec retenue.

    La consolidation de l’institution sécuritaire a été associée au renforcement de l’appareil judiciaire, placé sous l’égide du roi dans la mesure où les jugements aux tribunaux sont prononcés en son nom.

    Loin du principe de la « séparation des pouvoirs », le souverain exerce un contrôle stricto sensu sur l’institution judiciaire : c’est lui qui nomme le ministère public et c’est aussi lui qui désigne le président du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ), installé en 2017. Le roi dispose par ailleurs d’un « droit de grâce » qu’il utilise, parfois arbitrairement et d’une manière sélective, soit pour sanctionner des opposants incarcérés, soit pour libérer des partisans repentis.

    Le principe de séparation des pouvoirs n’est de toutes les manières pas de mise à en juger par les procès inéquitables des activistes du hirak, dont notamment les droits de défense n’ont pas été toujours respectés par le tribunal.

    5- L’instrumentalisation de la religion et la propagande officielle

    La religion constitue l’une des sources de légitimation de la monarchie. Selon l’article 41 de la Constitution, le roi veille, en tant que commandeur des croyants, au respect de l’islam.

    Il préside également le Conseil supérieur des oulémas et exerce des prérogatives juridiques de manière exclusive. De fait, le monarque dispose de pouvoirs extra-institutionnels qui lui permettent d’intervenir dans la sphère publique sans qu’il soit tenu de rendre des comptes ou d’engager sa responsabilité. Il ne serait donc responsable de ses actes que devant Dieu et l’histoire, comme se plaisent à le répéter certains intellectuels.

    Le monarque se présente ainsi comme le descendant du prophète de l’islam et est accrédité d’un « pouvoir divin » qui se traduit par l’acte d’allégeance, un contrat moral qui lie le sultan à ses sujets, lesquels sont censés lui obéir afin de bénéficier de sa protection et sa bénédiction.

    En 2003, après les attentats meurtriers du 16 mai à Casablanca, Mohammed VI a procédé à une réforme du champ religieux visant « la préservation de la sécurité spirituelle des Marocains et la lutte contre l’intolérance et l’intégrisme ».

    Cette manœuvre lui a permis d’avoir les coudées franches pour neutraliser les mouvances islamistes, notamment les salafistes, le Parti justice et développement (PJD) et Al-Adl Wal Ihssan.

    Le monopole de la sphère religieuse n’empêche pas pour autant la monarchie d’entreprendre des tentatives de sécularisation qui permettent au monarque d’abandonner, pour un moment, son habit de chef religieux et de se mettre dans la peau d’un chef politique qui accapare les pleins pouvoirs.

    Cette dimension religieuse du pouvoir de la monarchie est souvent associée à une entreprise propagandiste qui met en avant la dimension moralisatrice inhérente, par exemple, à l’empathie, la bienfaisance et la grandeur d’âme du monarque.

    C’est de là que naît l’idée, en particulier, de mettre en scène l’engagement du roi à investir le champ social et associatif. Avec l’avènement du nouveau règne, cela s’est traduit par la propagation de l’idée que le monarque est un roi « normal » et proche de ses sujets.

    Appelé communément, dans les médias officiels, le « roi des pauvres », Mohammed VI s’est donné en spectacle soigneusement préparé lors de bains de foule loin des cordons de sécurité et du protocole officiel.

    En 2005, le roi a lancé l’Initiative nationale de développement humain (INDH) visant à « mettre en place des programmes destinés à améliorer les conditions de vie de la population par l’incitation à la création de petits projets générateurs de revenus au profit notamment des jeunes et des femmes ».

    Sauf qu’en réalité, l’INDH a été conçu pour contrecarrer, principalement, le déploiement massif d’Al Adl Wal Ihssan dans le domaine social et caritatif. Quatorze ans après son lancement, l’INDH semble être un échec cuisant, même s’il a plus ou moins contribué à redorer le blason du régime.

    Pour preuve, le royaume figure au 123e rang au classement du développement humain publié par le PNUD en 2018. Avec un indice de 0,667 sur 1, le Maroc se range derrière l’Algérie, la Libye ou encore l’Irak.

    6- Identité nationale et intégrité territoriale

    Le roi du Maroc s’est toujours présenté comme le catalyseur de l’identité nationale. Après l’indépendance, la monarchie s’est imposée face aux leaders du mouvement national de manière à ce que le roi devienne l’acteur central de la vie politique.

    Dans l’article 42 de la Constitution, le roi est érigé en symbole de l’unité nationale et garant de l’intégrité territoriale du royaume. Soucieux de la question de l’unité nationale autour de la monarchie, il a mis en place, en avril 2004, l’Instance équité et réconciliation (IER) pour « réconcilier le peuple marocain avec son passé durant les ‘’années de plomb’’ sous le règne du roi Hassan II ».

    Mais le rapport de cette commission est resté en deçà des espérances. Il n’a, par exemple, pas engagé la responsabilité de l’État dans les crimes commis contre les opposants au régime.

    Par ailleurs, deux grands dossiers – et pas des moindres – n’ont pas été traités par les membres de la commission : l’affaire Ben Barka (un des principaux opposants socialistes au roi Hassan II qui disparut en France en 1965 et dont le corps n’a jamais été retrouvé) et la répression sanguinaire des soulèvements du Rif (1958-1959).

    Soixante ans après ces événements, à en juger par l’éclatement du hirak à Al Hoceima en 2017, un « malaise identitaire » persiste encore.

    Les protestations populaires ont été brutalement étouffées et les leaders du mouvement croupissent en prison, condamnés à des peines excessives allant parfois jusqu’à vingt ans de réclusion.

    Secouée par les évènements du Rif, la monarchie s’est vite rétractée derrière un « discours unanimiste » dénonçant, par le biais du gouvernement, « les dérives séparatistes des activistes rifains ». Une manœuvre risquée qui tente d’associer, dans l’imaginaire populaire, les protestations du Rif avec des menaces « séparatistes » susceptibles de saper l’unité nationale autour de l’islam, la monarchie et l’intégrité territoriale.

    Par ce positionnement politique, le roi tente, une fois de plus, d’agiter la menace extérieure sur la souveraineté territoriale du royaume. En pointant du doigt un « ennemi extérieur », en l’occurrence le Front Polisario, soutenu par l’Algérie, Mohammed VI vise implicitement à préserver l’« unité nationale » dont le garant n’est autre que le roi.

    En 2011, Mohammed VI avait réagi de manière proactive aux protestations en proposant une révision « royale » de la Constitution, qui, malgré quelques concessions indéniables, garantit toujours au roi les pleins pouvoirs.

    En brandissant l’éventail du chaos et la dérive de la guerre civile, le régime avait rallié le PJD pour endiguer le mouvement du 20 février. À l’époque, les partisans du régime se sont évertués à mettre en avant le fameux mythe de « l’exception marocaine ». Des années après, les populations se sont rendu compte que les promesses mielleuses de changement étaient restées hors de portée.

    En 2017, l’avènement du hirak du Rif annonçait la fin du mythe de « l’exception marocaine ». Le régime allait renouer, à l’instar de nombreux régimes arabes autoritaires, avec l’usage de la violence policière et la répression judiciaire pour mater les activistes rifains et dissuader d’éventuels protestataires en herbe.

    7- La neutralisation des partis politiques

    La monarchie a toujours considéré les partis politiques comme une menace pour la pérennité du régime. Sans remonter loin dans l’histoire conflictuelle entre le Palais et les partis nationalistes, Mohammed VI s’est toujours méfié des partis politiques, notamment ceux issus des partis de gauche.

    Nous avons tous en mémoire la décision du monarque, en 2002, d’écarter Abderrahmane Al Youssoufi de la course à la primature, alors que l’USFP avait remporté les élections législatives.

    En 2008, Mohammed VI ne s’est pas opposé à la proposition de son ami et conseiller, Fouad Ali Al Himma, de créer le Parti de l’authenticité et la modernité (PAM). Le but déclaré de cette entreprise étant apparemment de contrer la montée des forces islamistes.

    Après le Printemps arabe, alors que le pouvoir soutenait vigoureusement le PAM afin qu’il puisse accéder aux affaires gouvernementales, Mohammed VI a été contraint de composer avec le parti de la Justice et du Développement (PJD) afin d’endiguer la vague de protestations conduites par le mouvement du 20 février.

    Mais c’était sans compter sur l’obstination du monarque à vouloir contrecarrer les partis politiques à fort ancrage populaire, hier l’USFP et aujourd’hui le PJD.

    La méfiance de la monarchie à l’égard des partis politiques s’est accompagnée d’une stratégie de manipulation des élites politiques. Au début du nouveau règne, les partis de l’ex-opposition ont contribué à assurer la succession du régime de Hassan II avant de sombrer dans des calculs électoralistes en l’absence d’un leadership partisan digne de celui de la gauche d’antan.

    Actuellement, c’est le PJD, défenseur d’un projet islamiste, qui s’est imposé comme un allié incontournable à même de soutenir la monarchie face à la montée des protestations et les crises qui déchirent le royaume. Mais, encore une fois, c’est sans compter sur les stratégies du Palais qui pourrait, à tout moment, renouer avec ses adversaires d’hier.

    L’USFP a vu certains de ses membres influents propulsés à des postes à responsabilités : Amina Bouayach, présidente du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), Chaouki Benyoub à la Délégation interministérielle aux droits de l’Homme (DIDH) et tout récemment Mounir Bensaleh, membre du mouvement du 20 février, au poste de secrétaire général du CNDH. Sans compter la nomination de l’ancien député socialiste Hassan Tarik au poste… d’ambassadeur du Maroc en Tunisie.

    Afin de garder la main sur le jeu politique, le monarque est capable de réactiver de vieilles alliances afin d’affaiblir de nouveaux alliés. Aziz Akhannouch s’est vu propulsé à la tête du parti du Rassemblement national indépendant (RNI) avant de provoquer un « blocage politique » qui a duré plus de six mois.

    Ce qui a empêché la constitution du gouvernement en 2017 et accéléré la décision royale d’évincer son chef de gouvernement, le trublion Abdelilah Benkirane.

    Fort de son alliance avec le milliardaire soussi, qui se voit déjà chef du gouvernement en 2021, Mohammed VI s’est même laissé tenter de « politiser » la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), passée désormais sous la coupe d’un président issu du RNI.

    8- La cooptation des élites intellectuelles et médiatiques

    Si la monarchie s’est toujours évertuée à coopter les élites politiques, Mohammed VI s’est aussi entouré d’une armada de fidèles, notamment parmi des journalistes, des intellectuels et des militants associatifs.

    Malgré une certaine ouverture du régime, la liberté d’expression n’est pas toujours acquise, surtout dans un monde journalistique contrôlé en grande partie soit par le pouvoir, soit par des hommes d’affaires proches du roi. Aziz Akhannouch, président du RNI et ministre de l’Agriculture et la Pêche maritime, est ainsi à la tête du groupe de presse Caractère et fut sur le point d’acheter le groupe Ecomédia à la veille des élections de 2021.

    Par ailleurs, la propagande médiatique qui se cache parfois derrière la dénomination de « presse indépendante » est souvent soutenue par les autorités. Celles-ci n’hésitent pas à faire profiter des organes de presse « fidèles » de subventions publiques juteuses ou bien de la manne publicitaire. En revanche, le régime se montre intraitable avec des journalistes critiques.

    Enfin, certains universitaires, journalistes et associatifs n’hésitent pas à défendre les positions du régime, réduisant à une peau de chagrin l’espace de liberté et du débat contradictoire nécessaire à tout exercice démocratique. Tout ce beau monde qui travaille souvent à la solde d’officiels ou d’entrepreneurs puissants constitue une « élite médiatrice » ou ce que certains préfèrent appeler des « agents de mission », encensant le régime, louant son histoire ancestrale ou ses réalisations ou encore sa vision !

    9- Multilatéralisme et pragmatisme diplomatique

    « L’avenir de la jeunesse marocaine se trouve en Afrique ». Cette phrase, prononcée par Mohammed VI lors d’un discours officiel en 2018, en dit long sur la politique étrangère tournée vers le continent africain.

    En 2005, le chef de la diplomatie marocaine avait déjà commencé par opérer un revirement économique stratégique en transformant l’ONA en fonds d’investissement panafricain. Ce choix s’est traduit par un déploiement massif des investisseurs marocains dans 25 pays africains, à l’image du groupe Attijari Wafa Bank, devenu premier groupe bancaire africain, selon le Financial Afrik.

    La stratégie royale consiste à opérer une ouverture socioéconomique régionale sur le continent africain afin de baliser le terrain pour un retour politique à l’institution panafricaine.

    Après trente ans d’absence, le régime passe à l’action et décide, le 30 janvier 2017, de réintégrer l’Union africaine (UA). Il était d’ailleurs temps pour le monarque de rattraper le retard accusé suite à la décision de son père de quitter l’UA et de repositionner le royaume sur la scène politique africaine. L’objectif étant de pallier la gestion cafouilleuse du dossier du Sahara occidental tout en défendant la solution marocaine de « l’autonomie élargie ».

    Sur un plan politique interne, dans le sillage de la volonté royale de séduire les chefs d’État africains, et pendant que l’Algérie chasse les migrants Subsahariens, les autorités marocaines ont procédé, entre 2014 et 2018, à la régularisation de 47 096 personnes de 113 nationalités.

    Sur le plan international, le roi a toujours adhéré à une diplomatie fondée sur un multilatéralisme pragmatique. Fidèle à son alliance avec la France, qui a toujours soutenu le royaume, notamment dans le dossier du Sahara occidental, Mohammed VI s’est trouvé parfois acculé à solliciter le soutien d’autres puissances mondiales.

    Ainsi, lorsqu’il n’a pas pu être reçu par le président américain, Donald Trump, iI n’a pas hésité à se rendre en Russie, puis à visiter la Chine où il a signé plusieurs accords de coopération. Et profitant de la crise provoquée par le meurtre sanglant du journaliste Jamal Khashoggi en Arabie saoudite, le roi va mettre en avant son statut de « commandeur des croyants » et sa fonction de président du Comité al-Qods pour inviter le Pape et tenter, avec son allié le roi Abdallah de Jordanie, de s’accaparer un leadership religieux.

    Cette manœuvre dûment réfléchie cadre parfaitement avec la politique américaine qui tend à contenir la montée du chiisme dans la région du Moyen-Orient.

    D’ailleurs, le royaume n’est pas à son premier essai. Le Maroc a déjà décidé d’interrompre ses relations diplomatiques avec l’Iran. Il a même décidé de suspendre ses relations avec le Venezuela dans un geste de « solidarité » à peine voilé à l’égard d’Israël, allié historique du royaume.

    Passée inaperçue, la représentation du Maroc, lors de la dernière réunion de Bahreïn, concernant l’« accord du siècle », a été marquée par la participation de l’ambassadeur du Maroc à Bahreïn et des hommes d’affaires marocains de premier plan.

    Malgré l’absence d’André Azoulay, un ami proche des Américains, notamment Kushner, il faut reconnaître que Mohammed VI a su mettre à profit les choix stratégiques de son père. Pour mémoire, lors de la visite non annoncée de Shimon Perez au Maroc, en 1986, Hassan II évoquait, déjà à l’époque, les opportunités politiques incommensurables que pourrait offrir « une normalisation économique » des pays arabes avec Israël.

    Trente-trois ans après cette rencontre inédite, l’« accord du siècle » reprend à peu près la même idée selon laquelle « la paix au Moyen-Orient passe par la voie de la prospérité inhérente au développement économique de la région ». Une philosophie qui cadre justement avec les convictions de Mohammed VI pour qui le développement d’un pays passe par un progrès socioéconomique. Pour le roi, l’idéologie ou la politique doivent être relégués au second plan.

    10- « Dar al-makhzen » : ultime refuge du roi

    Les rares fois qu’il est vu en public, soit seul, soit accompagné de son fils Moulay Hassan, héritier du trône, Mohammed VI reste un roi très attaché à sa famille, surtout après son divorce, non déclaré, de la princesse Lalla Salma.

    Des proches collaborateurs du monarque affirment qu’il accorde un intérêt particulier à ses sœurs et nièces avec lesquelles il entretient un contact permanent. Si la famille prodigue au roi un sentiment de réconfort, de quiétude et de sécurité, malgré les tumultes de la cour, c’est surtout dans le monde des affaires que le roi trouve vraisemblablement sa vocation et sa complétude.

    En bon manager, il a toujours su choisir les bons placements d’argent, malgré des transactions financières subreptices (fusion ONA-SNI), voire même délictueuses (Panama Papers).

    Le plus important, c’est qu’il a su fructifier sa fortune (5,7 milliards de dollars) même en période de crise financière internationale.

    La cinquième fortune du monde, un chef d’État qui réussit dans les affaires, ne parvient malheureusement pas à relancer le développement social et économique du pays et encore moins à parachever le processus de transition démocratique.

    Deux décennies se sont écoulées depuis la montée de Mohammed VI sur le trône. La crise socioéconomique s’aggrave inéluctablement et les protestations s’accentuent, allant même parfois jusqu’à pointer du doigt la responsabilité du régime.

    Le risque de voir la popularité du roi ébranlée malgré son ancrage historique n’est pas à écarter.

    Le roi pourrait certes multiplier les manœuvres visant à redorer l’image de la monarchie. Il pourrait aller jusqu’à gracier les leaders du hirak du Rif, espérant ainsi pouvoir contenir le mécontentement des populations. Est-ce que cela serait suffisant pour faire oublier aux Marocains les actes de torture de certains activistes rifains ou encore les procès de justice rocambolesques à l’encontre des leaders du hirak ?

    Le monarque aurait-il la clairvoyance de rompre avec l’héritage makhzénien ? Serait-il disposé à amorcer une réforme politique du régime susceptible de favoriser l’émergence d’une « alternative de changement » ?

    Car, en réalité, c’est incontestablement là où se trouve l’ultime voie (ou refuge) qui pourrait garantir au roi un maintien au pouvoir dans un contexte démocratique fondé sur la citoyenneté et l’État de droit.

    Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leur auteur et ne reflètent pas nécessairement la politique éditoriale de Middle East Eye.

    *Aziz Chahir est docteur en sciences politiques et enseignant-chercheur à Salé, au Maroc. Il travaille notamment sur les questions relatives au leadership, à la formation des élites politiques et à la gouvernabilité. Il s’intéresse aussi aux processus de démocratisation et de sécularisation dans les sociétés arabo-islamiques, aux conflits identitaires (le mouvement culturel amazigh) et aux questions liées aux migrations forcées. Consultant international et chercheur associé au Centre Jacques-Berque à Rabat, et secrétaire général du Centre marocain des études sur les réfugiés (CMER), il est l’auteur de Qui gouverne le Maroc : étude sociologique sur le leadership politique (L’Harmattan, 2015).

    Source : Middle East Eye, 30 jui 2019

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