Étiquette : formation professionnelle

  • Algérie : La bataille intérieure

    Par Ammar Zitouni

    Il est clair qu’aujourd’hui l’essentiel des problèmes de la société algérienne en manque de mutation, d’ordre politique, économique et social pendant les vingt ans du régime défunt sont d’actualités. Il s’agit toutes affaires cessantes, dans un pays continent où plus de 75 % de la population sont jeunes, de répondre convenablement aux questions d’urgentes de l’emploi, du logement, de l’éducation-formation professionnelle et de la santé. Il s’agit aussi dans le contexte actuel d’incertitude de l’économie mondiale, en particulier la persistance de la chute des prix du baril de pétrole et qui a eu un impact sur l’économie nationale, de développer une approche qui s’attaque à ces défis de la nouvelle réalité économique nationale et internationale.

    La stratégie qui s’impose surtout avec la régression de l’activité économique, l’aggravation de la situation sanitaire caractérisée par le rebond des contaminations à la Covid-19, l’instabilité sécuritaire aux frontières du pays, devrait prendre en charge ces contraintes. Face à ces contraintes, une bataille intérieure est plus que jamais nécessaire afin de procurer des revenus décents aux familles, une solidarité et justice sociale plus élargie. La bataille intérieure en question suppose un renforcement du secteur public et privé pour favoriser le développement socio-économique, l’accélération de la diversification de l’économique nationale et bien sûr le renforcement des plans sociaux.

    Ceci dit, et là aussi c’est un point d’unanimité, si le volet économique du programme politique du président de la République, reste la source de référence, le nouveau gouvernement à désormais la lourde tâche de prendre de prendre résolument en charge les préoccupations légitimes et malheureusement impossible à différer le plus souvent de la société et d’une jeunesse entendue dans ses aspirations démocratiques, émancipée échappant ainsi au chant des sirènes des pseudo-démocrates et islamistes qui gangrènent au quotidien le climat socio-politique. Un camp d’adverses à la quiétude de la société algérienne qui n’attend que cela pour parachever un agenda de division, d’atomisation déjà plus sensible dans un paysage politique qui se veut désormais pluraliste, les nouvelles règles de jeu font qu’ici est là pointent déjà des discours et des campagnes teintés de surenchères, de propagande et de démagogie tirant habilement profit des problèmes sociaux et économiques qui agitent la société algérienne.

    La bataille actuelle et décisive et donc intérieure, comme l’a fait remarquer au mois de février, le président de la République, Monsieur Abdelmadjid Tebboune dans une discours adressé à la Nation à travers lequel il a affirmé qu’à présent le temps est venu de se lancer dans « l’édification de l’économie et de l’investissement » en parallèle avec « la bataille institutionnelle ».

    A prendre en compte les propos du Chef de l’Etat cela signifie affiner un plan de sortie de crise et cibler une assise solide à savoir mener de front réformes économiques, sociales et politiques ; Il ne fait pas de doute que l’avenir de la société dépendra pour une large part de la capacité du futur gouvernement à apporter des solutions crédibles pour juguler les difficultés actuelles.

    L’examen de la situation économique et sociale relève donc d’une priorité absolue pour le nouvel Exécutif gouvernemental dans un souci urgent de prendre en charge un des volets les plus décisifs dans son action future au titre d’une bataille de stratégie à moyen et long termes et de plan d’action pour gérer un actuel brûlant.

    A.Z

    Le Maghreb.dz, 08/07/2021

    Etiquettes : Algérie, gouvernement, emploi, logement, éducation, formation professionnelle, santé, chute des prix du baril de pétrole, développement socio-économique, climat socio-politique,

  • Algérie/ Le parcours du combattant

    par Kamal Guerroua


    Quelle est l’utilité d’un diplôme universitaire en Algérie ? Une formation à la fac permet-elle des débouchés sérieux pour les jeunes «instruits» en quête d’emploi ? Ou est-ce quasiment le contraire ? Selon une enquête réalisée, entre novembre 2018 et mars 2019, par l’ONG «Education For Employment», dans le cadre du projet «Building Algerian Youth’s Future», à laquelle ont participé près de 2.160 personnes, la perspective de l’emploi reste minime, voire dure pour les jeunes Algériens. Cette étude du marché ayant ciblé des villes du Sud, telles que Aïn Salah, Béchar, Ghardaïa, Illizi, Ouargla, Tamanrasset ainsi que deux villes du Nord, Bou Arréridj et Oran, a consisté en des entretiens individuels avec les parties représentatives du secteur privé, institutionnel et académique, avec la distribution d’enquêtes quantitatives auprès de 1.475 demandeurs d’emploi.

    En effet, le recours à l’intelligence artificielle a permis de recueillir et d’analyser plus de 30.000 offres d’emploi dont 4.824 dans les wilayas ciblées par l’étude, en termes de répartition géographique, métiers, professions, compétences demandées et niveau d’éducation requis. Ainsi, apprend-on de l’enquête, que pas moins de 75% des chômeurs de sexe masculin recourent au marché informel pour trouver du travail ! Chiffre qui donne froid dans le dos. Puis, dans une ville stratégique (deuxième du pays), comme Oran par exemple, 61% des jeunes chômeurs cherchent à faire des formations de court cycle dans l’enseignement supérieur pour bénéficier davantage d’opportunités professionnelles.

    Sachant que ces formations-là ne permettent pas «vraiment» à ces derniers d’espérer un avenir meilleur puisque le métier qui leur échoit généralement dans le marché n’est autre que «vendeur dans un magasin» ou «serveur dans un restaurant» ! La même source indique, de surcroît, que pas moins de 69% des chômeurs de sexe féminin recourent aux parents, amis ou au «piston» comme on dit, pour espérer trouver du boulot. Pareil constat a été, aussi, dressé dans la wilaya de Bordj Bou Arréridj, où, environ 46% des chômeurs cherchent une formation de cycle court à l’université. Mais, curieusement, il paraît également que le métier qui permet facilement des débouchés à ces derniers, n’est autre que celui du «manutentionnaire» !

    En gros, les débouchés pour les jeunes chômeurs diplômés de la région sont rares, pour ne pas dire presque introuvables. Aussi, l’enquête précise que, comme à Oran, les chômeurs de B. B. Arréridj préfèrent le secteur informel, plus accessible et moins bureaucratisé à celui du privé ou de l’Etat. D’ailleurs, pas moins de 59% de chômeurs de sexe masculin y recourent alors que 93% des chômeurs de l’autre sexe comptent sur les connaissances personnelles, parents ou amis dans leur recherche d’emploi.

    Cela dit, les critères «compétence» «qualification» et «diplôme» ne sont plus pris en compte, du moins dans ces deux wilayas, pour décrocher un poste d’emploi. Au demeurant, ces amers résultats dressés à Oran et à Bordj Bou Arréridj ne diffèrent pas énormément, d’après l’ONG chargée de cette enquête, de celui du reste du pays.

    Le Quotidien d’Oran, 06 mai 2021

    Etiquettes : Algérie, diplômes, chômage, jeunesse, formation professionnelle, université, compétence,