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  • Le président tunisien propose de taxer les citoyens les plus fortunés afin d’éviter les « diktats étrangers » du FMI

    Etiquettes : Tunisie, FMI, Kaïs Saïed, fortune, subventions, produits de première nécessité,

    Le président Kais Saied cherche des moyens d’éviter un plan de sauvetage d’une valeur de près de 2 milliards de dollars, alors que les négociations sont bloquées en raison de demandes de restructuration des organismes publics et de suppression des subventions sur les biens de première nécessité.

    Lors d’une réunion avec le Premier ministre Najla Bouden jeudi, Saeïd a évoqué l’idée de « prendre l’argent excédentaire des riches pour le donner aux pauvres », citant une citation attribuée à Omar Ibn Al-Khattab, le deuxième calife de l’islam.

    « Plutôt que de supprimer les subventions au nom de la rationalisation, il serait possible d’introduire des taxes supplémentaires sur ceux qui en bénéficient sans en avoir besoin », a déclaré Saied, ajoutant qu’il croyait qu’un tel mécanisme permettrait au pays de ne pas se plier aux exigences des prêteurs étrangers.

    La ministre tunisienne des Finances, Siham Nemsieh, a averti que l’incapacité à rembourser les prêts entraînerait la « faillite de l’État ».

    LIRE AUSSI : Meloni appelle à une approche « pragmatique » du FMI pour le sauvetage de la Tunisie

    Pendant ce temps, le parlement tunisien a annoncé jeudi avoir approuvé un accord permettant au pays d’obtenir un prêt d’une valeur d’un demi-milliard de dollars de la Banque africaine d’import-export.

    L’accord a été approuvé avec 126 voix pour sur 154.

    Lors d’un discours pendant la session, Nemsieh a déclaré que l’emprunt était devenu inévitable en raison de facteurs externes tels que la pandémie de COVID-19 et la guerre en Ukraine.

    La dette de la Tunisie a atteint environ 37 milliards de dollars à la fin de 2022, soit 79,9 % du produit intérieur brut, selon les chiffres présentés par le ministère lors de la session.

    Les plus pauvres ont été les plus durement touchés par l’inflation galopante et la hausse mondiale des prix alimentaires.

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    L’agence financière des Nations Unies a appelé à une législation visant à restructurer plus de 100 entreprises publiques, qui détiennent des monopoles sur de nombreux secteurs de l’économie et sont dans de nombreux cas lourdement endettées.

    La Tunisie traverse une crise financière marquée par des pénuries chroniques de produits alimentaires de base, tandis que les tensions politiques sont vives depuis que Saied a lancé une prise de pouvoir radicale en juillet 2021.

    En mai, l’inflation a atteint environ 10,01 %, tandis que le chômage a augmenté au premier trimestre de cette année pour atteindre 16,1 %, contre 15,2 % au quatrième trimestre 2022, selon les chiffres officiels.

    Les Tunisiens endurent une décennie de stagnation économique depuis la révolte qui a renversé le dirigeant de longue date Zine El Abidine Ben Ali début 2011.

    Deux précédents accords de prêt du FMI, pour 1,7 milliard de dollars en 2013 et 2,8 milliards de dollars en 2016, n’ont guère permis de redresser les finances publiques du pays.

    #Tunisie #FMI

  • Roi du Maroc: 12 palais, 600 voitures de luxe et 1100 domestiques

    Roi du Maroc: 12 palais, 600 voitures de luxe et 1100 domestiques

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    12 palais, 600 voitures de luxe et 1100 domestiques : l’immense richesse des rois au Maroc

    Selon HLN.BE, « le roi du Maroc Mohammed VI (58 ans) a connu un bon parcours. Cette semaine, il a annoncé qu’il injectait pas moins de 3 milliards de dirhams (plus de 280 millions d’euros) dans l’économie marocaine, alors qu’une grave sécheresse sévit dans le pays ».

    « L’argent provient d’un fonds royal, bien qu’avec sa fortune personnelle de 7,2 milliards d’euros, le roi ait évidemment beaucoup d’argent à dépenser. Par exemple, il possède pas moins de 12 palais dans son pays et à l’étranger, il a plus de 600 voitures de luxe à son nom et il porte les montres les plus exclusives de tout le continent africain », a indiqué le média belge dans on édition du 19 février 2022.

    Ces informations ont été citées par Sam Van Rooy pour exprimer l’opposition du Vlaams Belang aux aides de la province de Flandre destinées au Maroc. « L’argent des impôts flamands sera utilisé pour subventionner deux projets au Maroc pour un total de 2 millions d’euros. Sur ce montant, 1 million d’euros est destiné à – je cite – « l’augmentation de la capacité de production d’énergie dans les campagnes marocaines » et un autre million d’euros à – je cite – « le développement des PME marocaines dans le cadre de l’économie verte ». Apparemment, le laborieux Flamand doit maintenant aussi payer pour – je cite pour la troisième fois – « la protection de l’environnement, le renforcement de l’économie locale et l’emploi durable au Maroc », a-t-il déclaré dans une séance du parlement flamand. « Savez-vous quelle est la fortune du roi du Maroc ? 6 milliards d’euros ! 6 milliards d’euros ! », a-t-il ajouté.

    Selon le responsable du parti d’extrême droite, le roi du Maroc possède 2 avions privés, 600 voitures – ce qui est beaucoup plus que vous possédez, je l’admets – et un million de montres. Et il y a tout juste deux ans, ce roi a acheté une maison de 1000 mètres carrés à Paris, près de la Tour Eiffel.

    « Deux millions d’euros, Monsieur Jambon, c’est le montant de la subvention que vous accordez au Maroc, c’est donc le montant que le roi du Maroc dépense pour ses 1100 domestiques dans ses 12 palais mégalomanes en deux jours seulement », martèle-t-il.

    #Maroc #Belgique #Vlaams_Belang #Flandre #Parlement_flamand #MohammedVI #Fortune

  • Haaretz : Le roi du Maroc est riche, mais son pays est pauvre

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    Mohammed VI n’est pas un monarque dans le moule des pays du golfe Persique, et après 21 ans au pouvoir, le roi du Maroc est considéré comme l’un des dirigeants libéraux du monde arabe.
    En 2016, le roi Mohammed VI du Maroc a offert au président Barack Obama un bel ensemble de cadeaux, comprenant un bracelet en diamant, des boucles d’oreilles en argent et une montre, d’une valeur combinée de plus de 100000 dollars. Environ deux ans plus tard, il s’est avéré qu’ils étaient relativement modestes du point de vue du roi.
    En 2018, le monarque a été vu porter une montre beaucoup plus chère de l’horloger Patek Philippe d’une valeur de 1,2 million de dollars – et ce n’était pas la montre la plus chère de son tiroir. Et puis au début de l’année 2020, 25 personnes dont une femme qui travaillait comme femme de chambre au palais royal de Marrakech ont été jugées pour avoir volé 36 montres, dont la moins chère valait environ 20000 dollars. Au-delà des atteintes au prestige du service de sécurité en charge des palais royaux, la divulgation du vol a suscité un tollé public sur le mode de vie débauché du roi à un moment où environ un quart de ses 35 millions de sujets vivent au niveau ou en dessous du seuil de pauvreté.
    Dans un discours en 2015, le roi s’est demandé où la richesse du pays avait disparu et qui en jouissait. La réponse sarcastique est venue sur les réseaux sociaux: « Où est passée la richesse? Le roi l’a volé ».
    La vérité est que Mohammed VI peut s’autoriser son style de vie en raison de sa richesse personnelle estimée à plus de 8 milliards de dollars, qui s’ajoute au budget de la cour royale, estimé à plusieurs centaines de millions de dollars par an. Cela fait de lui le monarque le plus riche d’Afrique et le cinquième le plus riche du monde.
    Tout cela ne veut même pas dire que, avec la reprise des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël, une nouvelle voie pour les cadeaux s’est ouverte pour la cour royale israélienne à la résidence du Premier ministre à Jérusalem.
    Mais Mohammed VI n’est pas un monarque dans le moule des pays du golfe Persique. Après 21 ans au pouvoir, il est considéré comme l’un des dirigeants libéraux du monde arabe. Il a commencé son règne par une série de réformes économiques et civiles qui ont mis le Maroc sur la voie d’un progrès rapide et du développement de son économie. Cela a rendu le roi populaire parmi plusieurs secteurs de la société marocaine, mais a également fait de lui une cible de critiques dans les cercles religieux.
    Il a donné aux femmes de nouveaux droits de tutelle sur leurs enfants et le droit de divorcer, bien que les dispositions sur le divorce ne leur garantissent pas l’égalité économique dans le partage des biens communs. Le roi a également consenti à limiter ses pouvoirs politiques.
    Contrairement au passé, le Premier ministre marocain est choisi parmi le parti qui reçoit le plus de voix de l’électorat. Pour la première fois, le roi a également autorisé un parti religieux, le Parti de la justice et du développement, à rejoindre le gouvernement et même à le former, après avoir remporté la majorité des voix lors des dernières élections. L’Union européenne, qui est le plus grand partenaire commercial du Maroc, participe à la surveillance de la situation des droits de l’homme dans le pays et, contrairement à la situation avec la Turquie, l’UE a encouragé et parfois même dicté une législation fondée sur les fondements du droit européen coutumier.
    Mais le chemin du Maroc vers le statut de nation développée est encore long. Sa dépendance totale au pétrole étranger, le fait qu’environ la moitié de la population vit de l’agriculture et les aléas du tourisme, qui représente environ 11% du PIB du pays – avec un taux d’analphabétisme d’environ 45% – nécessitent une Réforme économique. Les réformes doivent inclure la structure de l’économie et le système éducatif si le Maroc veut mieux s’intégrer dans l’économie mondiale.
    Selon un sondage réalisé en 2019 par le réseau de recherche Arab Barometer, environ 70% des jeunes marocains âgés de 18 à 29 ans ont exprimé le désir d’émigrer. Ce chiffre n’est pas surprenant compte tenu du taux de chômage de 12% du pays. Chez les jeunes, le taux est à peu près le double. Cette tranche d’âge est également la plus préoccupante en tant que source de troubles et de révoltes, comme on l’a vu en 2015 et 2017, lorsque des milliers de personnes de la région du Rif sont descendues dans la rue pour protester contre la détresse économique et le manque d’aide gouvernementale.
    Haaretz, 15/12/2020
  • Le train de vie du roi du Maroc selon un magazine français

    Sous le titre de « Mohammed VI : yacht et jet privé… Le train de vie du roi du Maroc ne plaît pas à tout le monde… » le magazine Public a révélé que Mohammed VI ferait partie des cinq monarques les plus riches au monde. «  On vous laisse donc imaginer ce que sa fortune représente… Mohammed VI aime le luxe et il faut dire qu’il ne l’a jamais caché », indique-t-il.

    Selon le magazine people français, son amour pour la France a poussé le souverain marocain à « s’accorder une petite folie », à savoir l’achat pour le prix de 80 millions d’euros d’un luxueux palace qui appartenait au prince saoudien Khaled ben Sultan ben Adbelaziz-al-Saoud. Le petit bijoux « d’une superficie de plus de 2 145 m² sur trois niveaux, composé d’un jardin, d’une terrasse et d’une piscine couverte en plein cœur du 7e arrondissement de Paris », se trouve à deux pas de la Tour Eiffel.

    Le caprice royal a du mal à passer auprès d’une population meurtrie par la crise économique et sanitaire. Pour certaines opinions, il s’agit d’une provocation. « Ils sont loin les premiers moments du règne, lorsque le marketing du palais inventait la légende du roi des pauvres », disent-ils.

    Public parle aussi le luxueux cadeau que le roi du Maroc a offert à son fils, le prince héritier Moulay El Hassan : un jet privé Gulfstream, d’une valeur de 60 millions d’euros, sans parler de son yacht à 90 millions d’euros.

    Le média français rappelle aussi l’anecdote de la décision royale d’utiliser un avion cargo de l’armée marocains pour transporter sa voiture Aston Martin pour une révision.

    Citant un journal espagno, Public indique que la fortune de la famille royale « est estimée à 6,97 milliards d’euros, dont 4,85 appartiendraient au roi, ce qui en ferait le cinquième monarque le plus riche du monde, selon diverses publications spécialisées. »

    Public.fr, 14 juin 2021

    Etiquettes : Maroc, Mohammed VI, fortune, yacht, luxe, caprices,

  • Maroc Leaks : Quand « renforcer le partenariant stratégique » veut dire quémander de l’argent

    MOHAMMED VI, UN RICHE MENDIANT PRIS LA MAIN DANS LE SAC

    Contrairement à ce que ses responsables veulent faire croire, le Maroc suffoque économiquement.

    Chris Coleman, le Julian Assange marocain, continue à publier des révélations impressionnantes sur la nature et le fonctionnement du Makhzen. Dans les derniers documents mis en ligne sur sa page facebook, l’on apprend ainsi que le 16 mars 2012, Taïeb Fassi Fihri, conseiller du roi du Maroc, s’est rendu en Arabie Saoudite où il a été reçu par le roi Abdallah Ibn Abdelaziz. La raison de ce déplacement placé sous le sceau du secret ? Une dépêche de l’agence de presse officielle marocaine MAP mentionne ainsi que l’ancien ministre des Affaires étrangères du royaume marocain s’est rendu dans la péninsule arabique pour remettre au souverain saoudien une lettre de Mohammed VI «portant sur le renforcement du partenariat stratégique existant entre les deux pays frères».

    Aujourd’hui, grâce aux révélations du hacker Chris Coleman, l’opinion peut se faire une idée de ce que veut dire l’expression «portant sur le renforcement du partenariat stratégique existant entre les deux pays frères» employée dans la dépêche de la MAP. En effet, parmi les documents publiés par Coleman, une lettre envoyée le 7 mars 2012 par l’ambassadeur du Maroc à Bahreïn et destinée à Fassi Fihri avec un projet de lettre du roi Mohammed VI au roi d’Arabie Saoudite.

    Celle-ci demande une aide économique «pour surmonter la crise, les difficultés conjoncturelles dans le cadre de nos efforts de pour surmonter la crise économique et financière subie par l’économie nationale par des facteurs et des influences internationales et régionales, et les conséquences de conditions climatiques difficiles». «Je suis certain que vous n’allez épargner aucun effort en vue d’être le meilleur et plus fort soutien pour nous pour surmonter cette situation exceptionnelle », ajoute la lettre.

    Contrairement donc à ce que ses responsables veulent faire croire, le Maroc suffoque économiquement. Bref, il lui faut de toute urgence de l’argent frais pour éviter l’asphyxie et les révoltes sociales. Neuf jours après, Fassi Fihri est allé remettre la lettre du roi du Maroc dont le contenu vient d’être révélé par Coleman.

    Cependant, la crise économique n’empêche pas les membres de la famille royale de faire des dépenses extravagantes. La même année, la sœur de Mohammed VI, la princesse Lalla Meryem, a ainsi ordonné à l’ambassadeur du Maroc auprès des Nations unies à Genève, Omar Hilal, de lui acheter «40 flacons» d’un produit spécial pour bain de marque Henri Chenot. Le makhzen n’est également pas regardant sur les dépenses lorsqu’il s’agit de payer des centaines de milliers d’euros pour des vacances de rêve à Marrakech à des personnalités politiques et médiatiques occidentales, tout cela rien que pour acheter leur silence ou leur complicité concernant la colonisation du Sahara occidental.
    Ce n’est pas tout : le Maroc est devenu aussi une terre d’accueil pour des dictateurs déchus. Le dernier à s’être installé dans la capitale marocaine est l’ex-président burkinabé Blaise Compaoré, chassé du pouvoir le 31 octobre dernier après 27 ans de règne. Voilà la réalité crue du Maroc de Mohammed VI.

    El Watan via Maroc Leaks, 26 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, Marocleaks, fortune, Mohammed VI, mendiant,

  • La fortune du roi du Maroc décortiqué par le journal El Pais

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    L’empire commercial prospère de Mohammed VI
    La société holding du roi du Maroc est l’une des plus puissantes d’Afrique, avec des intérêts dans la banque, l’assurance, le tourisme et la téléphonie.

    La fortune du roi Mohammed VI et de sa famille s’accroît chaque fois qu’une personne vivant au Maroc ou dans d’autres pays africains accomplit un simple geste quotidien, comme déposer de l’argent dans la banque Attijariwafa, la plus grande du pays et l’une des plus grandes du continent. Ou lorsqu’une personne souscrit une police auprès de sa filiale Wafa Assurance, le premier assureur du Maroc.

    Le capital du roi augmente également chaque fois qu’une personne fait des achats dans le principal hypermarché du Maroc, le Marjane, qui compte 100 points de vente dans 30 villes ; lorsqu’elle contracte une ligne téléphonique ou Internet avec le deuxième opérateur du pays (Inwi) ; ou lorsqu’elle séjourne dans un hôtel de la chaîne Atlas, présente dans les principales villes du Maroc.

    Le patrimoine du roi et de sa famille peut également bénéficier lorsqu’une municipalité, une entreprise ou un particulier achète du ciment à la filiale marocaine du groupe franco-suisse LafargeHolcim, le plus grand cimentier du monde, auquel est associé le groupe d’affaires du monarque. Ou lorsque quelqu’un commande des matériaux de construction à la société Sonasid (Société Nationale d’Sidérurgie), leader sur le marché marocain de l’acier.

    Toutes ces sociétés appartiennent au groupe Al Mada, du moins jusqu’à mercredi sur son site officiel, après quoi la page est devenue vierge. Ce fonds d’investissement a changé plusieurs fois de nom depuis sa création en 1966, sous Hassan II. À partir de 2018, elle s’est présentée sous le nom d’Al Mada (perspective, en arabe) et a abandonné l’ancienne de SNI. Il prétend être l’un des plus grands fonds d’investissement du continent, déclare son siège à Casablanca et affirme que son identité est, avant tout, africaine.

    Le nom du roi n’apparaît pas sur le site web du groupe. Cependant, le nombre de 24 pays africains dans lesquels elle est présente se distingue par sa grande taille.

    Sept secteurs

    Al Mada se développe dans sept secteurs, avec différentes participations du monarque et de sa famille : les services financiers (Al Mada détient 46% d’Attijariwafa Bank, selon l’hebdomadaire Jeune Afrique en 2020, citant l’agence de notation Fitch), les matériaux de construction, la distribution, les mines (société Managem), l’immobilier et le tourisme, l’énergie (société Nareva) et les télécommunications (Inwi).

    Par ailleurs, Al Mada possède une fondation du même nom à travers laquelle le groupe a fait don en mars 2020 de l’équivalent de 200 millions d’euros pour le fonds spécial dédié au Maroc à la lutte contre le covid-19. Plusieurs médias locaux ont rapporté à l’époque qu’Al Mada avait fait ce don, « sur les instructions de Sa Majesté le Roi ». La fondation a également offert un million de masques FFP2 au personnel de santé du pays et distribué 50 000 paniers alimentaires au cours du mois de mai 2020.

    Le groupe de la famille royale présentera lors de la prochaine assemblée générale prévue le 25 mai prochain à ses actionnaires un résultat historique pour l’exercice 2020 équivalent à 302 millions d’euros, dépassant son précédent record établi en 2018, a publié jeudi le site numérique parisien Africa Intelligence. Ce site, qui suit de près les comptes du roi, assure que la pandémie n’a eu aucun effet sur Al Mada.

    Les origines d’Al Mada remontent à deux autres groupes liés au Palais Royal et cotés à la Bourse de Casablanca : ONA et Société Nationale d’Investissements (SNI). L’actionnaire majoritaire de SNI était un autre groupe personnel du roi, appelé Siger (anagramme de Regis, qui signifie roi en latin), fondé en 2002. ONA et SNI ont fusionné en 2010, ont été renommées SNI et ont été radiées de la bourse. Cette année-là, Ahmed Benchemsi, alors rédacteur en chef de l’hebdomadaire Tel Quel et aujourd’hui responsable du Maghreb et du Moyen-Orient pour Human Rights Watch (HRW), avait prévenu que les Marocains ne pourraient plus suivre l’évolution de la fortune du monarque.

    Un journaliste, qui préfère taire son nom, note :  » La création d’Al Mada en 2018 était avant tout une opération marketing. Le Palais devait changer le nom précédent (SNI), qui était trop étroitement lié à la famille royale. Et c’est tout ce que ça a fait, changer le nom. 60% de la SNI appartenait à Copropar, un groupe qui comprend les avoirs du Roi (à travers les holdings Siger et Ergis), ceux de son frère, Moulay Rachid (à travers Providence Holding) et ceux de ses trois sœurs : Lalla Meryem (Unihold), Lalla Asma (Yano Participation) et Lalla Hasna (Star Finance) ».

    A la page 20 des 330 pages du document correspondant à l’exercice 2019 de la société minière Managem, il est détaillé que 81,4% de Managem appartient à Al Mada. Et la page 21 montre la composition de l’actionnariat d’Al Mada : Copropar apparaît comme le propriétaire de 42% des actions d’Al Mada. Et Siger, en tant que propriétaire de 4,8% d’Al Mada.

    Le journaliste précité précise : « Mohamed VI peut percevoir à travers Siger des bénéfices encore plus importants que ceux qu’il obtient avec sa participation à Al Mada. Parce que Siger lui appartient à 100%. Siger est composé de 70 filiales, qui ne sont pas enregistrées auprès d’Al Mada. Les entreprises de Siger travaillent dans le développement urbain, l’agriculture ou le tourisme, avec des hôtels de luxe… ».

    Plusieurs sources marocaines ont déclaré à ce journal que le roi est le plus grand propriétaire foncier du pays, le plus grand propriétaire de terres urbaines et agricoles. Mais les mêmes sources admettent qu’elles n’ont aucun moyen de le prouver.

    Dans la liste des 500 plus grandes entreprises d’Afrique, publiée en 2020 par l’hebdomadaire Jeune Afrique sur la base des comptes 2018, Al Mada apparaît à la 37e place, derrière l’OCP, la grande entreprise publique marocaine de phosphate, qui n’appartient pas à Al Mada et se classe 14e. La première place revient à la compagnie nationale algérienne d’énergie Sonatrach.

    L’Afrique est le continent où Mohammed VI a effectué le plus de voyages officiels, une cinquantaine en 20 ans. L’objectif du roi sur le continent n’est pas seulement économique mais aussi géostratégique. Le Maroc tente de trouver des alliés en Afrique pour combattre l’influence de l’Algérie, principal protecteur du Front Polisario, une organisation avec laquelle il mène un conflit armé au Sahara occidental.

    Les activistes marocains du printemps arabe de 2011 ont brandi certains slogans visant le roi, tels que « le pouvoir ou la fortune ». En 2007, le magazine Forbes avait classé Mohammed VI comme le septième monarque le plus riche du monde, devant Albert de Monaco (9e) et Elizabeth II d’Angleterre (12e). Plus tard, plusieurs médias ont rapporté que la fortune de Mohamed VI avait été multipliée par cinq au cours de ses neuf premières années sur le trône.

    Le site numérique Le360, proche de Mounir Majidi, secrétaire particulier du roi et, depuis 2001, président de Siger, affirmait dans un article de 2016 que la SNI a versé 4,3 % des recettes fiscales de l’État dans les caisses publiques en 2014. Il a ajouté : « Cela en fait un acteur clé de la croissance du pays et de la lutte contre les inégalités sociales ».

    Au-delà de ses investissements commerciaux, la fortune de Mohammed VI suscite souvent l’intérêt de la presse internationale. Le Monde a publié un article en 2015 dans le cadre des fuites connues sous le nom de SwissLeaks. Il a indiqué que Mohammed VI avait ouvert un compte à son nom auprès de la banque suisse HSBC pour un montant de 7,9 millions d’euros. Le journal a rappelé qu’il est illégal pour les Marocains résidant au Maroc d’ouvrir des comptes à l’étranger. Deux des avocats du monarque ont écrit une lettre au Monde dans laquelle ils assurent que les sommes ont été transférées « en toute transparence » vis-à-vis des autorités marocaines.

    Ce journal a essayé sans succès à plusieurs reprises de contacter un responsable d’Al Mada.

    El Pais, 16 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, Mohammed VI, El Mada, holding royal, fortune,

  • Maroc – La fortune d’un roi riche, l’infortune d’une population pauvre

    Depuis la mort de Hassan II en Juillet 1999, son fils Mohammed VI est devenu en 2020 un des monarques les plus riches du monde, mais cette fortune insolente fait face à une population marocaine qui souffre à cause des profondes inégalités sociales qui prévalent au Maroc, et dont les individus restent soumis à une violente répression politique et policière.
    Mohammed VI, Roi du Maroc
    En effet, avec 8,2 milliards de dollars, le monarque chérifien de 56 ans occupe le 9ème rang du classement établi par le média anglais Love Money en Mars 2020.
    Une richesse qui assure à la famille royale un train de vie indécent aux yeux de la population, comme le démontrent les dépenses de fonctionnement du Palais Royal en 2020, évaluées à plus de 230 Millions d’Euros ce qui représente deux fois plus que celles de l’Elysée qui se sont établies pour la même année à 105,316 Millions de dollars !
    Et quitte à comparer notons que le Produit Intérieur Brut marocain a été évalué en 2019 à 122 Milliard d’€, 22 fois moindre que celui de la France qui dépasse les 2700 Milliards d’€ !
    C’est dire l’incongruité de tels frais, que personne ne peut expliquer et qui pourraient pourtant servir à combler la fracture sociale et la misère dans laquelle survit plus de 10 millions de marocains.
    Beaucoup en effet se demandent à quoi servent la vingtaine de palais, ces milliers d’hectares de terres agricoles pour la plupart confisquées par Hassan II, le Yacht à 90 millions de dollars, la montre d’1,2 millions de dollars ou encore les 5 millions d’euros pour une semaine de vacances que le monarque marocain a passé avec sa famille dans les îles helléniques…
    Un étalement de richesse qui n’est plus défendu aujourd’hui que par les quelques courtisans d’un Roi dont l’avidité pour le luxe n’est plus un secret et n’apporte rien pour la population du Royaume chérifien. Et c’est ainsi que le Maroc enregistre un piètre indice de développement humain, qui classe le pays dans le dernier rapport du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), à la peu reluisante 121ème place sur 189 pays…
    La richesse du Roi du Maroc, qui perçoit tout de même un salaire dépassant les 40.000 Euros mensuels, provient en grande partie des investissements qu’il a entrepris à travers le Holding Al Mada, anciennement Société Nationale d’Investissement (SNI), qui s’est accaparé de plusieurs secteurs porteurs (Banque, Assurance, télécommunications, métallurgie, immobilier, mines, énergies renouvelables, distribution…) aussi bien au Maroc mais également à l’étranger.
    Le Holding Al Mada est chapeauté par deux autres holdings appartenant également à la famille royale: la Siger et la Ergis comme vous pouvez le voir ci-après.
    De même, chacun des frères et sœurs de Mohammed VI dispose de son propre holding d’investissement : Providence holding pour le prince Moulay Rachid, et Unihold, Yano Participation et Star Finance pour, respectivement, les princesses Lalla Meryem, Lalla Asma et Lalla Hasna et qui leur assure plusieurs millions d’Euros de revenus chaque année…
    Cette fulgurante réussite de la famille Royale dans les affaires, le Makhzen la doit à Mou­nir El Majidi.
    Mounir Majidi, né le 19 Janvier 1965 à Rabat, a présidé dans l’ombre pendant dix ans l’association qui gère le fameux festival Mawazine de Rabat, avant d’en transmettre la gestion à Abdeslam Ahizoune, un autre adulateur du palais, l’ex ministre des Postes et des Télécommunications, des Télécommunications, et actuel président de Maroc Telecom…
    Mounir Majidi, cité dans le scandale des Panama Papers, est l’homme de confiance de Mohamed VI. Il est son Secrétaire Particulier depuis 2000 et depuis 2020 Président de la Siger, le principal actionnaire de la holding royale de contrôle et la Société Nationale d’Investissement (SNI), qui avait absorbé l’Omnium Nord Africaine (ONA), devenue en 2018 le holding royal Al Mada .
    C’est Majidi qui a fait d’Al Mada la plus grande holding privée du Maroc et le fer de lance des réformes économiques du Pays.
    Hassan Ouriaghli, un ami de Mounir Majidi a été désigné en 2014 Directeur de Al Mada, celui-ci avait été Président du Directoire de l’Entreprise Optorg, filiale d’El Mada à Paris, et dont l’objet social est la distribution spécialisée incluant l’équipement industriel et la distribution automobile en Afrique. Le roi est également concessionnaire automobile…
    Enfin, notons que c’est Majidi qui est le principal artisan de la politique d’investissement dans les pays du Sahel et à l’échelle du continent africain. C’est lui qui a poussé d’Attijariwafa Bank, pour devenir le premier réseau bancaire en Afrique, avec 4 930 agences et plus d’un milliard de dollars investis sur le continent depuis 2010. Et elle est majoritairement détenue par le fonds Royal Al Mada…
    C’est par elle que le Roi du Maroc a promis ”d’aider” les africains à se développer et a exigé en novembre 2019, de Mohamed El Kettani, PDG de la banque Attijariwafabank de signer un mémorandum d’entente avec le fonds africain African Guarantee Fund dans le but d’encourager le financement des PME africaines… Des investissements qui tardent à se concrétiser avec la crise financière nous dit-on !
    Mais la réussite dans les affaires de la famille royale et d’une caste réduite de nantis proches du Makhzen, n’a pu étouffer les scandales et autres facettes peu reluisantes du trône, que Rabat a toujours essayé d’étouffer. En vain…
    En effet, le site d’investigation marocain Ledesk avait enquêté et publié plusieurs articles sur des sociétés off-shore impliquant le roi Mohammed VI, telle la SMCD Ltd, enregistrée aux îles Vierges et gérée par Mounir Majidi et dont l’ayant droit économique est le roi Mohammed VI. Cette société a été citée comme actionnaire d’une autre société, Alliances Développement Immobilier (ADI), cotée à la Bourse de Casablanca…
    Cela démontre que l’argent du royaume est transféré à l’étranger pour échapper au fisc, déposé dans des paradis fiscaux, puis à nouveau blanchi au Maroc par celui qu’on avait désigné un temps le Roi des pauvres… Mais ce qualificatif n’a pas tenu longtemps.
    En 2015, de nouvelles révélations faisant part de comptes bancaires ouverts le 11 octobre 2006 à la HSBC Private Bank en suisse, codétenus avec son secrétaire particulier, Mounir El-Majidi avaient choqué l’opinion publique au Maroc. Il faut dire qu’il y a de quoi, entre le dernier trimestre 2006 et le 31 mars 2007, le solde maximal de ce compte s’établissait à 7,9 millions d’euros, alors qu’en même temps les Marocains résidant au Maroc, étaient interdits de détenir un compte bancaire à l’étranger…
    Et ces révélations font très mal à la famille Royale tant elles informent l’opinion publique marocaine du décalage entre le faste de la dynastie Alaouite et de ses protégés, contrastant avec les conditions sociales et économiques d’un peuple dont le quotidien ne cesse de dégrader comme l’a précisé le dernier rapport de la Banque Mondiale
    Pour faire face au déferlement d’informations sur l’affairisme inquiétant de la famille royale par une presse libre et indépendante, le Makhzen a, comme à son d’habitude, recours aux seules méthodes qu’il connait et qu’il affectionne particulièrement pour faire taire toute contestation démocratique : le harcèlement judiciaire, la désinformation, la manipulation et le chantage. Un véritable programme !
    En 2012, le journal le Monde avait publié une affaire de corruption concernant équipementier aéronautique américain Baysis impliquant Majidi. Ahmed Benchemsi, chercheur à l’université Stanford (Etats-Unis) et ex-directeur du magazine marocain “TelQuel” était l’auteur de cet excellent article. Il y affirmait que ”M. Majidi, également le premier annonceur publicitaire du pays, a démontré sa capacité à boycotter des journaux jusqu’à les acculer à la faillite.’’
    En effet, est à la tête d’une belle affaire d’affichage public et qui jouit de toutes les facilités dans plusieurs municipalités marocaines…
    Les propos de Benchemsi sont confirmés par le chercheur et professeure en relations internationales Jesùs Garcia Luengos et Laurence Thieux, dans leur rapport sur les Médias en ligne au Maroc :
    ”La presse en ligne a gardé une partie des défauts de la presse écrite dans la mesure où une partie d’entre elle s’aligne sur les partis politiques et alimente la polarisation de la scène politique entre le PJD et le PAM. Ces deux partis ont beaucoup investi dans les nouvelles technologies de l’information (NTI) pour élargir leurs bases d’influence. Ces deux partis politiques ont leur propre réseau médiatique qu’ils contrôlent directement ou indirectement. Selon certains experts, le Parti Authenticité et Modernité (PAM) créé par Fouad Ali Himma, conseiller du Roi et ami d’enfance, a influencé plusieurs médias de façon décisive avec des apports économiques conséquents et dont ils sont devenus dépendants pour assurer leur viabilité financière.’’
    Pour info, Fouad Ali El Himma est le camarade de classe du Roi Mohammed VI, et également camarade d’enfance de Mounir Majidi qui le cotôyait lorsque Majidi avait été ”adopté” par la princesse Lalla Nezha, sœur de Hassan II, pour tenir compagnie à son fils Naoufel Osmani.
    Le gouvernement marocain totalement soumis au Makhzen, à en perdre toute crédibilité populaire, use de tout son pouvoir et de utilise tous les subterfuges pour tenter de protéger le Trône et faire oublier le train de vie fastueux du Roi et de sa cour dans l’esprit d’une tradition ancestrale et archaïque, alors que des millions de citoyens marocains vivent, eux, sous le seuil de pauvreté.
    C’est cette situation qu’avait dénoncé le Hirak marocain, symbolisé en la personne de Nasser Zefzafi, ce natif d’El Hoceima dans le Rif, torturé et jeté en prison pour 20 ans, alors qu’il ne réclamait que l’amélioration de la situation socio-économique de ses concitoyens.
    Pour contrer les incessantes revendications d’un peuple meurtri dont ne se fait écho qu’une presse étrangère, le pouvoir marocain a recours à une presse locale aux ordres, flatteuse et obséquieuse telle un baise-main royal, souvent fabriquée par la police politique zélée du Royaume chérifien.
    En exemple les chaines de TV Medi 1 ou 2M, ainsi que le portail en langues arabe et française le360.ma. Ce média appartient à la société Edit Holding, une société détenue par Mme Aïcha Bouayad-Amor, ex-directrice de la communication de la banque Société Générale au Maroc, et au Galeriste et critique d’art, Aziz Daki, notoirement très proche de Mounir Majidi qui l’a recruté comme directeur artistique et porte-parole du Festival Mawazine, alors qu’il avait entamé sa carrière professionnelle comme simple journaliste au quotidien Aujourd’hui le Maroc, au sein duquel il a travaillé pendant quatre ans. Un journaliste qui n’a jamais fait autre chose que maquiller la vérité à ses concitoyens…
    C’et ainsi que fonctionne le Maroc, un pays de castes et d’intouchables que dédommage une famille royale en fonction des mensonges qu’ils véhiculent, sur la sahara occidental, sur le puissant voisin algérien ou même sur les démocrates qui aspirent à de meilleurs jours…
    Ce système de prédation fait de pressions, d’intrigues courtisanes et de corruption n’est au final avantageux que pour la seule couronne. Il ne tient debout que par sa capacité à réprimer les populations et éviter une révolte contre un royaume entièrement tourné vers le seul développement de la fortune royale au détriment de tout un peuple…
    Quel Dommage !
    Bachir Outaghani
    Algérie Part, 25 avr 2020
    Tags : Maroc, Mohammed VI, fortune, luxe, Fouad Ali El Himma, Mounir El Majidi, Al Mada, SNI,
  • Fortune du roi du Maroc : $ 5,7 milliards (Forbes)

    Maroc : comment Mohammed VI a assis vingt ans de règne

    Aziz Chahir*

    La fête du trône, ce mardi 30 juillet, couronne aussi vingt ans de règne pour Mohammed VI. Malgré une situation socioéconomique insoutenable et des vagues de protestations sans précédent, le monarque réussit à se maintenir au pouvoir

    À la question d’un journaliste français sur ses relations avec le prince héritier, Hassan II répondit en ces termes : « Le style, c’est l’homme. Moi, c’est moi, et lui c’est lui ». Une manière de dire que le règne de Mohammed VI serait différent de celui de son père.

    Il va de soi que les deux hommes sont différents. Il ne faut cependant pas perdre de vue que leurs modes de gouvernance émanent de la même filiation idéologique, celle qui privilégie la personnification de l’influence, la concentration des pouvoirs et la domination politique des opposants.

    Ainsi, malgré les réformes annoncées à maintes reprises et les professions de foi sur le changement tant attendu, force est de constater que le règne de Mohammed VI a fini par emprunter la voie d’un « autoritarisme corporatiste » traversé par des tentatives sporadiques de démocratisation.

    À la mort de Hassan II, le trône est revenu à son aîné, Mohammed VI. Né le 21 août 1963 à Rabat, Mohammed VI est le vingt-troisième monarque de la dynastie alaouite et, depuis le 23 juillet 1999, le troisième à porter le titre de roi du Maroc.

    Après deux décennies de règne et à la veille de la célébration de l’ascension du roi au trône, on serait tenté de s’interroger sur le secret derrière le maintien du pouvoir de la monarchie malgré les crises politique et socioéconomique qui déchirent le pays, en particulier dans un contexte régional conflictuel en pleine mutation.

    De nombreux éléments déterminants pourraient contribuer à éclairer ce « mystère » de la pérennité de la dynastie alaouite à l’aube du troisième millénaire. Nous en avons identifié une dizaine – tels les dix commandements – que l’on pourrait interroger ici sans aucune prétention d’exhaustivité.

    1- La patrimonialisation du pouvoir

    La Fête du trône, événement national célébré chaque année le 30 juillet, entrecoupé de plusieurs cérémonies officielles et populaires, est l’anniversaire de l’intronisation du roi et son allégeance officielle. La télévision retransmet notamment les activités publiques et la longue célébration commémorant cet événement.

    En 1999, avant de monter sur le trône, le roi Mohammed VI avait pris le soin d’écarter le puissant ex-ministre de l’Intérieur, Driss Basri, en lui interdisant d’assister à la cérémonie de l’allégeance, dans une volonté affichée de rompre avec le règne autocratique de son père, mais aussi pour asseoir son pouvoir sur l’appareil de l’État.

    Vingt ans après, le roi tente laborieusement de se défaire du poids de cette tradition patrimonialiste qui se manifeste par une ritualisation de l’intronisation du monarque associée à la cérémonie d’allégeance que lui prêtent les sujets qui constituent la communauté des musulmans.

    Dans un communiqué du cabinet royal, mi-juillet, le Palais a déclaré ne pas souhaiter de célébrations « spéciales » pour la fête de trône. Alors que le roi vient d’acquérir un nouveau voilier luxueux, le Badis I, estimé à quelque 88 millions d’euros, difficile de croire que derrière cette déclaration ne se cache pas un exercice de communication publique.

    Difficile aussi de croire que le roi n’adhère pas au mode patrimonialiste de gouvernance imposé par la tradition makhzénienne.

    Depuis 2011, tout particulièrement, jamais les autorités marocaines n’ont été si mobilisées pour rassembler les foules le jour de la cérémonie de l’allégeance, ce qui traduit l’engagement du régime à vouloir perpétuer la tradition néopatrimonialiste qui permet de préserver la légitimité historique du monarque.

    2- Promesses et vrais-faux espoirs

    « Le changement dans la continuité ». Voilà l’une des maximes politiques phares prônées par le régime de Mohammed VI. Face à cette profession de foi, tous les espoirs étaient permis. En effet, dès l’accession au trône de Mohammed VI, une grande partie des Marocains ont vu en lui l’incarnation d’une rupture avec le régime autocratique de Hassan II.

    Tout le monde ou presque se souvient de cette scène inoubliable, lors des funérailles de Hassan II, quand le jeune roi apparemment terrassé par la disparition de son père, éclate en sanglots devant le roi d’Espagne, Juan Carlos, un ami intime de la famille royale.

    La jeunesse du monarque, son ouverture sur la société civile et sa proximité avec les populations marginalisées, dont les personnes en situation de handicap, laissaient présager un « avenir démocratique » pour le royaume.

    Ce fut d’ailleurs l’époque où de nombreux observateurs, y compris les plus critiques du régime, tablaient sur l’engagement du jeune souverain à propulser un changement « par le haut » à même de favoriser l’émergence d’une transition démocratique.

    Mais après vingt ans de règne, le jeune roi a été rattrapé par l’histoire des sultans alaouites qui se considéraient comme « l’ombre de Dieu sur terre ».

    3- Fortune royale et business

    La richesse du roi, disait-on, est la principale source de son pouvoir. Un dicton qui trouve tout son sens dans les monarchies arabes. La monarchie marocaine n’échappe pas à cette règle, surtout lorsqu’on sait que le roi du Maroc est plus riche que l’émir du Qatar !

    Et pour cause, dès son accession au trône en 1999, Mohammed VI a montré un sens aigu des affaires. Très tôt, il s’engage dans la restructuration du groupe Omnium nord-africain (ONA, ex-premier groupe industriel et financier privé marocain) en commençant par nommer, en 2000, Driss Jettou, ex-patron de la SIGER (holding de la famille royale) à la tête de l’ONA.

    Deux ans après, ce technocrate du sérail fut propulsé à la tête de la primature, au grand dam de l’Union socialiste des forces populaires (USFP) qui remporta les élections législatives de 2002.

    En 2003, Mounir El-Majidi et Hassan Bouhemou permettront à l’ONA de passer sous le contrôle de la Société nationale d’investissement (SNI), elle-même contrôlée à 60 % par la SIGER. En 2010, l’ONA et la SNI fusionnent, sortent de la bourse de Casablanca et deviennent l’acteur économique majeur du royaume.

    En 2018, la SNI devient Al Mada, un fonds d’investissement actuellement présent dans 24 pays d’Afrique.

    Le redéploiement du souverain semble lui avoir permis de faire fructifier sa fortune de manière incommensurable. Selon le magazine Forbes, la fortune du roi du Maroc Mohammed VI est estimée à 5,7 milliards de dollars.

    Dans un discours officiel, le souverain marocain s’est déjà demandé : « Où sont parties les richesses du Maroc ? ». En même temps, la population ne cesse de s’appauvrir comme en témoignent de nombreux rapports internationaux en matière de développement humain.

    Le roi lui-même a reconnu dans un discours que « le modèle de développement du pays est inapte et souffre d’un essoufflement qui rend urgent l’élaboration d’un nouveau modèle développement ».

    4- Le renforcement des institutions sécuritaires et judiciaires

    Le régime de Hassan II s’appuya sur un appareil sécuritaire brutal pour intimider et réduire au silence ses opposants politiques. Cette époque correspond aux « années de plomb » (1970-1999), marquées par une violence inouïe contre les activistes démocrates.

    Manifestant une volonté de couper avec l’héritage de son père, Mohammed VI met en avant, le 12 octobre 1999, ce qu’il a appelé « le nouveau concept de l’autorité qui vise à assurer la protection des libertés et à préserver les droits, selon les exigences de l’État de droit ».

    Mais c’était sans compter sur la pugnacité des sécuritaires qui vont vite renouer avec les vieilles pratiques autoritaires. Après les attentats meurtriers du 16 mai 2003 à Casablanca, par exemple, l’État marocain va procéder à l’arrestation de milliers d’individus qui seront jugés, arbitrairement dans le cadre de la politique de lutte contre le terrorisme.

    La Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) a publié, en février 2004, un rapport critique où elle dénonce, à juste titre, des « violations flagrantes des droits de l’homme au Maroc ».

    Après le Printemps arabe de 2011, le régime de Mohammed VI adopte une approche sécuritaire qui tend, avant tout, à endiguer les protestations populaires. Sous l’égide du conseiller du roi, Fouad Ali Al Himma, l’ascendant sécuritaire du régime s’est renforcé avec la nomination d’Abdellatif Hammouchi à la tête de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN), puis à la tête de la Direction de la sûreté territoriale (DST, renseignement).

    L’homme s’est fait remarquer pour avoir orchestré une répression brutale du hirak, mouvement populaire né dans le Rif après la mort d’un vendeur de poisson. Cette approche a été, à maintes reprises, solennellement saluée par le roi Mohammed VI dans certains de ses discours officiels.

    Dans le même sillage, il suffit de lire le rapport présenté, tout récemment, par le délégué interministériel aux droits de l’homme, Chaouki Benyoub, pour se convaincre de la puissance de l’institution sécuritaire, ce dernier ayant déclaré que face aux actes de violence, les forces de police avaient réagi avec retenue.

    La consolidation de l’institution sécuritaire a été associée au renforcement de l’appareil judiciaire, placé sous l’égide du roi dans la mesure où les jugements aux tribunaux sont prononcés en son nom.

    Loin du principe de la « séparation des pouvoirs », le souverain exerce un contrôle stricto sensu sur l’institution judiciaire : c’est lui qui nomme le ministère public et c’est aussi lui qui désigne le président du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ), installé en 2017. Le roi dispose par ailleurs d’un « droit de grâce » qu’il utilise, parfois arbitrairement et d’une manière sélective, soit pour sanctionner des opposants incarcérés, soit pour libérer des partisans repentis.

    Le principe de séparation des pouvoirs n’est de toutes les manières pas de mise à en juger par les procès inéquitables des activistes du hirak, dont notamment les droits de défense n’ont pas été toujours respectés par le tribunal.

    5- L’instrumentalisation de la religion et la propagande officielle

    La religion constitue l’une des sources de légitimation de la monarchie. Selon l’article 41 de la Constitution, le roi veille, en tant que commandeur des croyants, au respect de l’islam.

    Il préside également le Conseil supérieur des oulémas et exerce des prérogatives juridiques de manière exclusive. De fait, le monarque dispose de pouvoirs extra-institutionnels qui lui permettent d’intervenir dans la sphère publique sans qu’il soit tenu de rendre des comptes ou d’engager sa responsabilité. Il ne serait donc responsable de ses actes que devant Dieu et l’histoire, comme se plaisent à le répéter certains intellectuels.

    Le monarque se présente ainsi comme le descendant du prophète de l’islam et est accrédité d’un « pouvoir divin » qui se traduit par l’acte d’allégeance, un contrat moral qui lie le sultan à ses sujets, lesquels sont censés lui obéir afin de bénéficier de sa protection et sa bénédiction.

    En 2003, après les attentats meurtriers du 16 mai à Casablanca, Mohammed VI a procédé à une réforme du champ religieux visant « la préservation de la sécurité spirituelle des Marocains et la lutte contre l’intolérance et l’intégrisme ».

    Cette manœuvre lui a permis d’avoir les coudées franches pour neutraliser les mouvances islamistes, notamment les salafistes, le Parti justice et développement (PJD) et Al-Adl Wal Ihssan.

    Le monopole de la sphère religieuse n’empêche pas pour autant la monarchie d’entreprendre des tentatives de sécularisation qui permettent au monarque d’abandonner, pour un moment, son habit de chef religieux et de se mettre dans la peau d’un chef politique qui accapare les pleins pouvoirs.

    Cette dimension religieuse du pouvoir de la monarchie est souvent associée à une entreprise propagandiste qui met en avant la dimension moralisatrice inhérente, par exemple, à l’empathie, la bienfaisance et la grandeur d’âme du monarque.

    C’est de là que naît l’idée, en particulier, de mettre en scène l’engagement du roi à investir le champ social et associatif. Avec l’avènement du nouveau règne, cela s’est traduit par la propagation de l’idée que le monarque est un roi « normal » et proche de ses sujets.

    Appelé communément, dans les médias officiels, le « roi des pauvres », Mohammed VI s’est donné en spectacle soigneusement préparé lors de bains de foule loin des cordons de sécurité et du protocole officiel.

    En 2005, le roi a lancé l’Initiative nationale de développement humain (INDH) visant à « mettre en place des programmes destinés à améliorer les conditions de vie de la population par l’incitation à la création de petits projets générateurs de revenus au profit notamment des jeunes et des femmes ».

    Sauf qu’en réalité, l’INDH a été conçu pour contrecarrer, principalement, le déploiement massif d’Al Adl Wal Ihssan dans le domaine social et caritatif. Quatorze ans après son lancement, l’INDH semble être un échec cuisant, même s’il a plus ou moins contribué à redorer le blason du régime.

    Pour preuve, le royaume figure au 123e rang au classement du développement humain publié par le PNUD en 2018. Avec un indice de 0,667 sur 1, le Maroc se range derrière l’Algérie, la Libye ou encore l’Irak.

    6- Identité nationale et intégrité territoriale

    Le roi du Maroc s’est toujours présenté comme le catalyseur de l’identité nationale. Après l’indépendance, la monarchie s’est imposée face aux leaders du mouvement national de manière à ce que le roi devienne l’acteur central de la vie politique.

    Dans l’article 42 de la Constitution, le roi est érigé en symbole de l’unité nationale et garant de l’intégrité territoriale du royaume. Soucieux de la question de l’unité nationale autour de la monarchie, il a mis en place, en avril 2004, l’Instance équité et réconciliation (IER) pour « réconcilier le peuple marocain avec son passé durant les ‘’années de plomb’’ sous le règne du roi Hassan II ».

    Mais le rapport de cette commission est resté en deçà des espérances. Il n’a, par exemple, pas engagé la responsabilité de l’État dans les crimes commis contre les opposants au régime.

    Par ailleurs, deux grands dossiers – et pas des moindres – n’ont pas été traités par les membres de la commission : l’affaire Ben Barka (un des principaux opposants socialistes au roi Hassan II qui disparut en France en 1965 et dont le corps n’a jamais été retrouvé) et la répression sanguinaire des soulèvements du Rif (1958-1959).

    Soixante ans après ces événements, à en juger par l’éclatement du hirak à Al Hoceima en 2017, un « malaise identitaire » persiste encore.

    Les protestations populaires ont été brutalement étouffées et les leaders du mouvement croupissent en prison, condamnés à des peines excessives allant parfois jusqu’à vingt ans de réclusion.

    Secouée par les évènements du Rif, la monarchie s’est vite rétractée derrière un « discours unanimiste » dénonçant, par le biais du gouvernement, « les dérives séparatistes des activistes rifains ». Une manœuvre risquée qui tente d’associer, dans l’imaginaire populaire, les protestations du Rif avec des menaces « séparatistes » susceptibles de saper l’unité nationale autour de l’islam, la monarchie et l’intégrité territoriale.

    Par ce positionnement politique, le roi tente, une fois de plus, d’agiter la menace extérieure sur la souveraineté territoriale du royaume. En pointant du doigt un « ennemi extérieur », en l’occurrence le Front Polisario, soutenu par l’Algérie, Mohammed VI vise implicitement à préserver l’« unité nationale » dont le garant n’est autre que le roi.

    En 2011, Mohammed VI avait réagi de manière proactive aux protestations en proposant une révision « royale » de la Constitution, qui, malgré quelques concessions indéniables, garantit toujours au roi les pleins pouvoirs.

    En brandissant l’éventail du chaos et la dérive de la guerre civile, le régime avait rallié le PJD pour endiguer le mouvement du 20 février. À l’époque, les partisans du régime se sont évertués à mettre en avant le fameux mythe de « l’exception marocaine ». Des années après, les populations se sont rendu compte que les promesses mielleuses de changement étaient restées hors de portée.

    En 2017, l’avènement du hirak du Rif annonçait la fin du mythe de « l’exception marocaine ». Le régime allait renouer, à l’instar de nombreux régimes arabes autoritaires, avec l’usage de la violence policière et la répression judiciaire pour mater les activistes rifains et dissuader d’éventuels protestataires en herbe.

    7- La neutralisation des partis politiques

    La monarchie a toujours considéré les partis politiques comme une menace pour la pérennité du régime. Sans remonter loin dans l’histoire conflictuelle entre le Palais et les partis nationalistes, Mohammed VI s’est toujours méfié des partis politiques, notamment ceux issus des partis de gauche.

    Nous avons tous en mémoire la décision du monarque, en 2002, d’écarter Abderrahmane Al Youssoufi de la course à la primature, alors que l’USFP avait remporté les élections législatives.

    En 2008, Mohammed VI ne s’est pas opposé à la proposition de son ami et conseiller, Fouad Ali Al Himma, de créer le Parti de l’authenticité et la modernité (PAM). Le but déclaré de cette entreprise étant apparemment de contrer la montée des forces islamistes.

    Après le Printemps arabe, alors que le pouvoir soutenait vigoureusement le PAM afin qu’il puisse accéder aux affaires gouvernementales, Mohammed VI a été contraint de composer avec le parti de la Justice et du Développement (PJD) afin d’endiguer la vague de protestations conduites par le mouvement du 20 février.

    Mais c’était sans compter sur l’obstination du monarque à vouloir contrecarrer les partis politiques à fort ancrage populaire, hier l’USFP et aujourd’hui le PJD.

    La méfiance de la monarchie à l’égard des partis politiques s’est accompagnée d’une stratégie de manipulation des élites politiques. Au début du nouveau règne, les partis de l’ex-opposition ont contribué à assurer la succession du régime de Hassan II avant de sombrer dans des calculs électoralistes en l’absence d’un leadership partisan digne de celui de la gauche d’antan.

    Actuellement, c’est le PJD, défenseur d’un projet islamiste, qui s’est imposé comme un allié incontournable à même de soutenir la monarchie face à la montée des protestations et les crises qui déchirent le royaume. Mais, encore une fois, c’est sans compter sur les stratégies du Palais qui pourrait, à tout moment, renouer avec ses adversaires d’hier.

    L’USFP a vu certains de ses membres influents propulsés à des postes à responsabilités : Amina Bouayach, présidente du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), Chaouki Benyoub à la Délégation interministérielle aux droits de l’Homme (DIDH) et tout récemment Mounir Bensaleh, membre du mouvement du 20 février, au poste de secrétaire général du CNDH. Sans compter la nomination de l’ancien député socialiste Hassan Tarik au poste… d’ambassadeur du Maroc en Tunisie.

    Afin de garder la main sur le jeu politique, le monarque est capable de réactiver de vieilles alliances afin d’affaiblir de nouveaux alliés. Aziz Akhannouch s’est vu propulsé à la tête du parti du Rassemblement national indépendant (RNI) avant de provoquer un « blocage politique » qui a duré plus de six mois.

    Ce qui a empêché la constitution du gouvernement en 2017 et accéléré la décision royale d’évincer son chef de gouvernement, le trublion Abdelilah Benkirane.

    Fort de son alliance avec le milliardaire soussi, qui se voit déjà chef du gouvernement en 2021, Mohammed VI s’est même laissé tenter de « politiser » la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), passée désormais sous la coupe d’un président issu du RNI.

    8- La cooptation des élites intellectuelles et médiatiques

    Si la monarchie s’est toujours évertuée à coopter les élites politiques, Mohammed VI s’est aussi entouré d’une armada de fidèles, notamment parmi des journalistes, des intellectuels et des militants associatifs.

    Malgré une certaine ouverture du régime, la liberté d’expression n’est pas toujours acquise, surtout dans un monde journalistique contrôlé en grande partie soit par le pouvoir, soit par des hommes d’affaires proches du roi. Aziz Akhannouch, président du RNI et ministre de l’Agriculture et la Pêche maritime, est ainsi à la tête du groupe de presse Caractère et fut sur le point d’acheter le groupe Ecomédia à la veille des élections de 2021.

    Par ailleurs, la propagande médiatique qui se cache parfois derrière la dénomination de « presse indépendante » est souvent soutenue par les autorités. Celles-ci n’hésitent pas à faire profiter des organes de presse « fidèles » de subventions publiques juteuses ou bien de la manne publicitaire. En revanche, le régime se montre intraitable avec des journalistes critiques.

    Enfin, certains universitaires, journalistes et associatifs n’hésitent pas à défendre les positions du régime, réduisant à une peau de chagrin l’espace de liberté et du débat contradictoire nécessaire à tout exercice démocratique. Tout ce beau monde qui travaille souvent à la solde d’officiels ou d’entrepreneurs puissants constitue une « élite médiatrice » ou ce que certains préfèrent appeler des « agents de mission », encensant le régime, louant son histoire ancestrale ou ses réalisations ou encore sa vision !

    9- Multilatéralisme et pragmatisme diplomatique

    « L’avenir de la jeunesse marocaine se trouve en Afrique ». Cette phrase, prononcée par Mohammed VI lors d’un discours officiel en 2018, en dit long sur la politique étrangère tournée vers le continent africain.

    En 2005, le chef de la diplomatie marocaine avait déjà commencé par opérer un revirement économique stratégique en transformant l’ONA en fonds d’investissement panafricain. Ce choix s’est traduit par un déploiement massif des investisseurs marocains dans 25 pays africains, à l’image du groupe Attijari Wafa Bank, devenu premier groupe bancaire africain, selon le Financial Afrik.

    La stratégie royale consiste à opérer une ouverture socioéconomique régionale sur le continent africain afin de baliser le terrain pour un retour politique à l’institution panafricaine.

    Après trente ans d’absence, le régime passe à l’action et décide, le 30 janvier 2017, de réintégrer l’Union africaine (UA). Il était d’ailleurs temps pour le monarque de rattraper le retard accusé suite à la décision de son père de quitter l’UA et de repositionner le royaume sur la scène politique africaine. L’objectif étant de pallier la gestion cafouilleuse du dossier du Sahara occidental tout en défendant la solution marocaine de « l’autonomie élargie ».

    Sur un plan politique interne, dans le sillage de la volonté royale de séduire les chefs d’État africains, et pendant que l’Algérie chasse les migrants Subsahariens, les autorités marocaines ont procédé, entre 2014 et 2018, à la régularisation de 47 096 personnes de 113 nationalités.

    Sur le plan international, le roi a toujours adhéré à une diplomatie fondée sur un multilatéralisme pragmatique. Fidèle à son alliance avec la France, qui a toujours soutenu le royaume, notamment dans le dossier du Sahara occidental, Mohammed VI s’est trouvé parfois acculé à solliciter le soutien d’autres puissances mondiales.

    Ainsi, lorsqu’il n’a pas pu être reçu par le président américain, Donald Trump, iI n’a pas hésité à se rendre en Russie, puis à visiter la Chine où il a signé plusieurs accords de coopération. Et profitant de la crise provoquée par le meurtre sanglant du journaliste Jamal Khashoggi en Arabie saoudite, le roi va mettre en avant son statut de « commandeur des croyants » et sa fonction de président du Comité al-Qods pour inviter le Pape et tenter, avec son allié le roi Abdallah de Jordanie, de s’accaparer un leadership religieux.

    Cette manœuvre dûment réfléchie cadre parfaitement avec la politique américaine qui tend à contenir la montée du chiisme dans la région du Moyen-Orient.

    D’ailleurs, le royaume n’est pas à son premier essai. Le Maroc a déjà décidé d’interrompre ses relations diplomatiques avec l’Iran. Il a même décidé de suspendre ses relations avec le Venezuela dans un geste de « solidarité » à peine voilé à l’égard d’Israël, allié historique du royaume.

    Passée inaperçue, la représentation du Maroc, lors de la dernière réunion de Bahreïn, concernant l’« accord du siècle », a été marquée par la participation de l’ambassadeur du Maroc à Bahreïn et des hommes d’affaires marocains de premier plan.

    Malgré l’absence d’André Azoulay, un ami proche des Américains, notamment Kushner, il faut reconnaître que Mohammed VI a su mettre à profit les choix stratégiques de son père. Pour mémoire, lors de la visite non annoncée de Shimon Perez au Maroc, en 1986, Hassan II évoquait, déjà à l’époque, les opportunités politiques incommensurables que pourrait offrir « une normalisation économique » des pays arabes avec Israël.

    Trente-trois ans après cette rencontre inédite, l’« accord du siècle » reprend à peu près la même idée selon laquelle « la paix au Moyen-Orient passe par la voie de la prospérité inhérente au développement économique de la région ». Une philosophie qui cadre justement avec les convictions de Mohammed VI pour qui le développement d’un pays passe par un progrès socioéconomique. Pour le roi, l’idéologie ou la politique doivent être relégués au second plan.

    10- « Dar al-makhzen » : ultime refuge du roi

    Les rares fois qu’il est vu en public, soit seul, soit accompagné de son fils Moulay Hassan, héritier du trône, Mohammed VI reste un roi très attaché à sa famille, surtout après son divorce, non déclaré, de la princesse Lalla Salma.

    Des proches collaborateurs du monarque affirment qu’il accorde un intérêt particulier à ses sœurs et nièces avec lesquelles il entretient un contact permanent. Si la famille prodigue au roi un sentiment de réconfort, de quiétude et de sécurité, malgré les tumultes de la cour, c’est surtout dans le monde des affaires que le roi trouve vraisemblablement sa vocation et sa complétude.

    En bon manager, il a toujours su choisir les bons placements d’argent, malgré des transactions financières subreptices (fusion ONA-SNI), voire même délictueuses (Panama Papers).

    Le plus important, c’est qu’il a su fructifier sa fortune (5,7 milliards de dollars) même en période de crise financière internationale.

    La cinquième fortune du monde, un chef d’État qui réussit dans les affaires, ne parvient malheureusement pas à relancer le développement social et économique du pays et encore moins à parachever le processus de transition démocratique.

    Deux décennies se sont écoulées depuis la montée de Mohammed VI sur le trône. La crise socioéconomique s’aggrave inéluctablement et les protestations s’accentuent, allant même parfois jusqu’à pointer du doigt la responsabilité du régime.

    Le risque de voir la popularité du roi ébranlée malgré son ancrage historique n’est pas à écarter.

    Le roi pourrait certes multiplier les manœuvres visant à redorer l’image de la monarchie. Il pourrait aller jusqu’à gracier les leaders du hirak du Rif, espérant ainsi pouvoir contenir le mécontentement des populations. Est-ce que cela serait suffisant pour faire oublier aux Marocains les actes de torture de certains activistes rifains ou encore les procès de justice rocambolesques à l’encontre des leaders du hirak ?

    Le monarque aurait-il la clairvoyance de rompre avec l’héritage makhzénien ? Serait-il disposé à amorcer une réforme politique du régime susceptible de favoriser l’émergence d’une « alternative de changement » ?

    Car, en réalité, c’est incontestablement là où se trouve l’ultime voie (ou refuge) qui pourrait garantir au roi un maintien au pouvoir dans un contexte démocratique fondé sur la citoyenneté et l’État de droit.

    Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leur auteur et ne reflètent pas nécessairement la politique éditoriale de Middle East Eye.

    *Aziz Chahir est docteur en sciences politiques et enseignant-chercheur à Salé, au Maroc. Il travaille notamment sur les questions relatives au leadership, à la formation des élites politiques et à la gouvernabilité. Il s’intéresse aussi aux processus de démocratisation et de sécularisation dans les sociétés arabo-islamiques, aux conflits identitaires (le mouvement culturel amazigh) et aux questions liées aux migrations forcées. Consultant international et chercheur associé au Centre Jacques-Berque à Rabat, et secrétaire général du Centre marocain des études sur les réfugiés (CMER), il est l’auteur de Qui gouverne le Maroc : étude sociologique sur le leadership politique (L’Harmattan, 2015).

    Source : Middle East Eye, 30 jui 2019

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