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  • Maroc: Le roi constamment absent, qui gouverne le Maroc?

    Maroc: Le roi constamment absent, qui gouverne le Maroc?

    Maroc, Mohammed VI, Frères Azaitar, Fouad Ali El Himma, Abdellatif El Hammouchi,

    Les absences prolongées de Mohamed VI : 3 mois de suite à Paris et six mois hors du Maroc
    Les absences prolongées du monarque, ignorées de la presse et de la société marocaine, posent un problème de gouvernance dans un pays embourbé dans une grave crise économique

    Par Ignacio Cembrero

    Le 1er septembre, Mohamed VI a effectué trois mois de séjour quasi ininterrompu à Paris et ses environs. Si l’on ajoute à ce laps de temps le long mois passé à la fin de l’hiver dans sa résidence de la Pointe Denis (Gabon), le monarque alaouite aura passé la moitié de l’année hors du Maroc, selon les calculs des diplomates qui suivent de près son activité. Si pendant la pandémie le souverain n’a pas voyagé à l’étranger, aujourd’hui, à 59 ans, il montre une fois de plus la même frénésie de voyages qu’au cours de la dernière décennie, lorsqu’il passait parfois la moitié de l’année hors du pays. La différence est qu’avant, il partait rarement en vacances avec sa famille conventionnelle – sa femme Lalla Salma et leurs deux enfants – bien qu’il ait passé du temps avec eux en Turquie, à Cuba et en Floride, entre autres. Maintenant, par contre, les frères Azaitar l’accompagnent fréquemment. Ces trois anciens combattants d’arts martiaux mixtes sont devenus, depuis avril 2018 – un mois après leur divorce – une famille alternative pour le roi.

    Ces absences prolongées posent des problèmes de gouvernance dans un pays dont la Constitution de 2011 accorde d’énormes pouvoirs au chef de l’Etat et dans lequel le gouvernement ne joue qu’un rôle très mineur. Le royaume est en effet entre les mains de Fouad Ali el Himma, ami d’enfance et principal conseiller royal de Mohamed VI, et d’Abdellatif Hammouchi, le chef de la police, chargé de la sécurité dans tous les domaines. Sur un deuxième plan, la prise de décision est également influencée par Yassine Mansouri — compagnon de bureau du roi et chef des services secrets étrangers (DGED) — et Nasser Bourita, le ministre des affaires étrangères le plus influent sous le règne de Mohamed VI. Du point de vue marocain, il a parfaitement négocié la réconciliation avec l’Espagne, dont le gouvernement a accepté de soutenir le Maroc dans le conflit du Sahara occidental en échange uniquement, pour l’instant, d’une réduction de l’immigration irrégulière.

    Le pouvoir que détiennent El Himma et Hammouchi ne les rend pas entièrement heureux, surtout en période de crise économique et de tensions avec leurs voisins africains. Les difficultés de communication avec le monarque – les frères Azaitar l’ont absorbé et contrôlent son agenda – les conduisent à prendre des décisions sans le consulter, raconte un courtisan qui a eu affaire à eux. Tout l’entourage traditionnel du roi, celui qui était là avant le débarquement de la fraterie des combattants allemands d’origine marocaine, considère également que ces amitiés nuisent à la monarchie. Ce sont probablement certains de ces courtisans qui, au printemps 2021 et encore cette année, ont inspiré une campagne de presse brutale dénonçant les abus, l’ostentation et la prétendue corruption des Azaitars. Non seulement des médias officiels tels que « Barlamane » y ont participé, mais aussi d’autres tels que « Hespress » – le journal numérique le plus lu au Maroc – et Chouf TV, une chaîne de télévision « en ligne » considérée comme apparentée aux services secrets. L’objectif était de convaincre le roi de prendre ses distances avec ces amitiés dangereuses – deux des frères ont un casier judiciaire en Allemagne – mais ils n’y parvinrent pas.

    Une frénésie de voyage

    Comme le rapporte ‘Barlamane’, Mohamed VI est arrivé à Paris le 1er juin et, depuis, il partage du temps entre son hôtel particulier près de la Tour Eiffel – qu’il a acquis en pleine pandémie pour environ 80 millions d’euros – et le château familial de Betz, à 75 kilomètres au nord-est de la capitale, qu’il a hérité de son père, Hassan II. Il est brièvement revenu à Rabat à la veille de la fête islamique de l’Aid el Adha, qui tombe cette année le 10 juillet. Le 13 juillet, il préside un conseil des ministres et rentre aussitôt après à Paris. Ses séjours ultérieurs à Rabat furent encore plus courts. Le 30 juillet, il n’a passé qu’environ six heures pour enregistrer son discours à l’occasion de la Fête du Trône, semblable à une fête nationale en Europe, dont il a annulé la célébration en invoquant la pandémie, alors que les restrictions ont déjà été levées. Le 20 août, il resta encore moins de temps — environ trois heures — pour, une nouvelle fois, enregistrer un autre discours à l’occasion de la Fête de la Révolution du Roi et de son Peuple.

    La presse marocaine omet généralement de rendre compte de ces mouvements parisiens, commentés par les youtubeurs exilés et les réseaux sociaux. Pour faire taire ces « commérages », l’hebdomadaire français « Jeune Afrique » — apparenté aux autorités marocaines — justifie la hâte avec laquelle il revient à Paris en voulant voir sa mère malade. Lalla Latifa, 77 ans, souffre d’un cancer du pancréas pour lequel elle est soignée à Paris, même si son état de santé ne l’empêche pas de se rendre à Marrakech, où elle possède une résidence. La santé délicate de sa mère – la veuve de Hassan II – et les examens médicaux après les deux opérations pour troubles du rythme cardiaque auxquelles le roi a été soumis (2018 et 2020) n’expliquent qu’en partie le séjour prolongé de Mohamed VI à Paris. La majeure partie du temps est consacrée au repos et aux loisirs. Il ne se passe guère de semaine sans que son entourage immédiat lui suggère qu’il est temps de rentrer à Rabat, mais il l’ignore.

    Contrairement à ses précédentes visites privées, cette fois le monarque n’a même pas été reçu à l’Elysée par le président Emmanuel Macron. Le président français est probablement encore énervé par la question des 1000 mobiles français, dont le sien, qui avaient été « piratés » par les services secrets marocains avec le malware Pegasus, selon une enquête du consortium journalistique Forbidden Stories. Sa façon d’apprécier la ville a changé ces dernières années. Avant la pandémie, on le voyait déambuler sur l’avenue des Champs-Élysées ou dans le charmant quartier du Marais et il n’hésitait pas à prendre des selfies ou des vidéos avec les immigrés marocains qui l’abordaient. Plus tard, un mystérieux jeune homme, Soufiane el Bahri, qui jouissait de la complicité du palais royal, les a mis en ligne sur les réseaux sociaux, où les Marocains ont pu voir à quel point leur roi était populaire à l’étranger.

    Bahri s’est retrouvé en prison pour ivresse sur la voie publique et insultes à des fonctionnaires, bien que Mohamed VI lui ait pardonné en janvier dernier. Si le roi se promène maintenant à Paris, il n’y a pratiquement aucune preuve graphique de cela. Jusqu’au 24 août dernier, une vidéo compromettante a fait le tour du monde. On y voit le monarque, la nuit, dans la rue, entouré de ses amis —dont l’athlète de Melilla, Yusef Kaddur—, un verre à la main. Il lui est un peu difficile de garder son équilibre. Dans les réseaux sociaux et sur les sites Internet de quelques journaux, il a été affirmé qu’il était ivre, déduction un peu généreuse d’images qui ne durent que cinq secondes.

    La vidéo, en tout cas, a eu un énorme retentissement et la presse officielle marocaine n’a pas pu l’ignorer. Il n’a pas nié dans ses articles qu’elle était authentique, mais il a insisté sur le fait qu’elle avait été manipulée. Dans celle-ci, en réalité, « Mohamed VI discutait avec des membres de la communauté marocaine résidant en France », a assuré le journal ‘Al Ahdat Al Maghrebia’, appartenant au groupe de presse d’Ahmed Charai, un proche collaborateur des services secrets étrangers marocains, selon une décision de justice de 2015. ‘Barlamane’ soutenait, pour sa part, que le roi était « au-dessus de toute insinuation » de se rendre « dans des lieux suspects » car « nous savons tous qu’il est un descendant du prophète et commandeur des croyants », c’est-à-dire chef spirituel des musulmans marocains, raison pour laquelle il ne peut encourir de telles hérésies.

    Derrière la diffusion de la vidéo, des responsables marocains voient la main des services secrets algériens. Ils soulignent que les premiers à l’avoir diffusé ont été un site d’information en espagnol, ECSaharaui (lié au Front Polisario), et des membres éminents de la communauté sahraouie basés en Espagne. Dans la communauté du Renseignement, rappellent-ils, on sait que les autorités d’Alger veulent se venger du « piratage » de quelque 6000 mobiles algériens également dans le complot Pegasus. Ces accusations contre l’Algérie font oublier le vrai débat sur les longues absences du monarque, que le journaliste Ali Anouzla, alors directeur du journal numérique marocain ‘Lakome’, a osé soulever en 2013 dans un éditorial intitulé « Le vrai absentéisme ». « Mohamed VI a-t-il le droit, lui qui a accumulé tant de fonctions royales [commandant des croyants, commandant en chef des Forces armées royales, président du Conseil des ministres, du Conseil supérieur de la magistrature, du Conseil supérieur des oulémas, entre autres] se permettre de s’absenter tant de fois et aussi longtemps sans même annoncer la date de son voyage ni sa durée ? Pour avoir posé ces questions et d’autres, Anouzla s’est retrouvée en prison la même année.

    El Confidencial, 01/09/2022

    #Maroc #Mohammed_VI #Freres_Azaitar

  • La génération M-6 : une équipe de choc pour mener la stratégie de tension

    Tags : Maroc, Mohammed VI, Fouad Ali El Himma, Mohamed Mounir El Majidi, Abdellatif Hammouchi, Yassine Mansouri,

    Les documents confidentiels révélés par le mystérieux hacker Chris Coleman ont mis en évidence une réalité déjà connue de tous : ce sont les copains de collège de Mohammed VI qui tirent les ficelles au Maroc. Une génération qui constitue un pur produit du Makhzen et dont il a hérité les méthodes de répression.

    Fouad Ali El Himma, né le 6 décembre 1962 à Marrakech, ami intime du roi Mohammed VI et son conseiller depuis décembre 2011. C’est lui le Ministre de l’Intérieur dans l’ombre. Grand connaisseur des ruages de la politique interne du Maroc grâce aux nombreuses fonctions qu’il a assumées au sein de ce ministère.

    Mohamed Mounir El Majidi, né le 19 janvier 1965 à Rabat, homme d’affaires marocain, secrétaire particulier du roi Mohammed VI depuis 2000 et président de la SIGER, la holding royale, depuis 2002. Il est le gardien de la fortune de Mohammed VI et ministre de l’économie dans l’ombre.

    Abdellatif Hammouchi, né à Fès en 1966, actuel directeur général de la Direction général de la sûreté nationale ( DGSN) ainsi que directeur de la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST) 

    Yassine Mansouri, né le 2 avril 1962 à Boujad, directeur du service de contre-espionnage (DGED) et véritable patron de la diplomatie marocaine.

    En 2010, Majidi et El Himma ont été cités par Wikileaks dans des scandales de corruption, un phénomène qui « s’est institutionnalisé sous le règne de Mohammed VI». Un télégramme du consulat américain à Casablanca évoque  » l’avidité consternante de ceux qui sont proches du roi Mohammed VI ». En 2014, le nom de Majidi est cité dans l’affaire de la Banque HSBC appelée Swissleaks et en 2016, dans le Panama Papers.

    El Himma et Majidi ont été aussi visés par le Mouvement 20 Février en 2011. 

    Ils sont intouchables. Ceux qui ont osé s’en prendre aux amis du Roi ont été malmenés par le Makhzen. En 2011, le quotidien arabophone « Al Massae », révèle que Fouad Ali El Himma, serait impliqué dans une affaire de corruption et de violation des règles d’octroi des marchés publics. Son directeur, Rachid Niny a été condamné le 9 juin 2011, par le tribunal de première instance à Casablanca à un an de prison ferme avec une amende de 1000 dirhams (environ 90 euros) pour « atteinte à la sécurité du pays et des citoyens ».

    Le 27 avril 2011, Rachid Niny a été arrêté par la police marocaine après que le procureur général du Roi à Casablanca l’ait accusé « d’atteinte à la sécurité du pays et des citoyens » suite notamment à des publications mettant directement en cause le directeur des services de renseignements marocains, Abdellatif al-Hammouchi, au sujet de l’existence d’un camp de détention et de torture secret basé dans la région de la ville de Témara3. L’existence de cette prison est un tabou pour le régime de Mohammed VI à cause du scandale des tortures perpétrées par la CIA contre des musulmans soupçonnés d’appartenir à Al-Qaida. La CIA a d’ailleurs confirmé l’existence de ce centre de torture dans un rapport de 6 600 pages rendu public en mai 2014.

    En janvier 2014, El Hammouchi, lors d’un séjours à Paris avec le ministre de l’intérieur marocain, est convoqué par la justice française suite à une plainte déposée par le citoyen franco-marocain Zakaria Moumni pour séquestration et torture à la prison secrète de Témara. Parmi ses bourreaux, il a déclaré avoir reconnu El Hammouchi. Pour manifester son mécontentement, le Maroc a convoqué l’ambassadeur de France à Rabat, Charles Fries et suspendu quelques jours plus tard la coopération judiciaire avec la France. 

    Les membres de l’équipe du Roi Mohammed VI sont tous de la génération des années 1960, à l’instar de la nouvelle star de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita, un pur produit des services de Sdi Yassine, comme ils appellent Yassine Mansouri dans les documents confidentiels dévoilés par le dénommé Chris Coleman.

    Nasser Bourita est né le 27 mai 1969 à Taounate. Après avoir exercé depuis 2011 la fonction de secrétaire général du ministère des Affaires étrangères et de la coopération, il a été nommé en février 2016 ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères et de la coopération.

    L’équipe de Mohammed VI a fait du Sahara Occidental une cause sacrée, au détriment de la légalité et de la raison, faisant du Maroc un Etat presque hors-la-loi. 

    Dans le but de s’accaparer des alléchantes ressources naturelles de l’ancienne colonie espagnole, ils vont mener ce qu’un journal marocain se disant indépendant a appelé, non sans fierté, une nouvelle doctrine diplomatique. Pour lui donner un caractère offensif, la nouvelle diplomatie se base sur une stratégie de tension comme arme principale de lutte pour imposer la pseudo-solution d’autonomie pour le conflit du Sahara Occidental. Sa première cible est l’Algérie que Rabat accuse d’être l’obstacle à ses desseins expansionnistes. 

    Dans ce contexte, il y a lieu de citer:

    – Les attaques verbales du roi du Maroc en personne contre l’Algérie dans chacun de ses discours officiels 

    – La profanation du drapeau algérien au Consulat algérien de Casablanca, le 1er novembre 2013, par un nervi aux ordres du palais 

    – La multiplication d’incidents frontaliers 

    – L’agitation de la menace d’une confrontation armée avec l’Algérie pour impressionner la communauté internationale 

    – L’inondation du territoire algérien avec des milliers de tonnes de cannabis produit dans la région marocaine du Rif 

    – La création de sites hostiles tels qu’Algeria Times 

    – La création et financement du mouvement amazigh de Ferhat Mhenni 

    – La manipulation d’un mouvement terroriste (MUJAO) pour attaquer des objectifs algériens et enlever, en 2011, les 3 coopérants étrangers qui travaillaient à Tindouf. 

    – La manipulation des incidents de la communauté Mzab à Ghardaia. 

    – La multiplication des attaques cybernétiques 

    – La dystillation de messages accusant l’Algérie de manipuler Al Qaida en vue de s’attaquer au Maroc (emails envoyés à Hillary Clinton et dévoilés par Wikileaks) 

    – Des publications hostiles apparues aux Etats-Unis via des lobbies financés par le Maroc: le Centre d’études stratégiques et internationales (CSIS), Think Tank Républicain Center for the National Interest, Foreign Policy Research Institute 

    – Financement de lobbies en France : les journalistes Vincent Hervouet, Mireille Duteil, José Garçon, Dominique Lagarde, etc 

    Au niveau régionale:

    – Transmettre à l’opinion publique américaine que le Front Polisario avait des connexions avec le «terrorisme djihadiste. Le journaliste américain Richard Miniter a reçu la faramineuse somme de 60.000 dollars pour un article paru au New York Times. 

    – Les faux reportages de Vincent Hervouet sur TF-1 et iTélé. 

    – Le recrutement de collaborateurs dans les médias mauritaniens pour dénigrer le Front Polisario et l’Algérie. Parmi eux, le nom le plus important est celui de Abdallahy Ould Mohamedi, directeur du groupe mauritanien Sahara Media 

    – Le recrutement de Serge Daniel, correspondant de l’AFP et RFI à Bamako pour accuser le mouvement sahraoui d’accointances avec les terroristes de l’Azawad. 

    – Accuser le Front Polisario de fournir des combattants pour défendre Gadhafi et l’Algérie de leur founir le moyen de transport. 

    – Recrutement d’un ancien policier sahraoui, Moustpha Selma, pour semer la confusion 

    – Accuser le mouvement sahraoui de dévier les aides humanitaires 

    – L’envoi de centaines de resortissants marocains en Lybie pour rejoindre Daech et dont le transit se faisait par l’Algérie 

    – Le financement du terrorisme avec l’argent de la drogue qui provient du Maroc (haschich) et qui transite par le Maroc (cocaine provenant de l’Amérique Latine). 

    – La formation de 5000 jeunes marocains pour mener le cyber-terrorisme contre le Polisario et l’Algérie 

    Au niveau internationale :

    – Recrutement de journalistes et personnalités qui agissent pour donner une fausse image du Maroc 

    – Confrontation directe avec ses anciens alliés : France, Etats-Unis, Union Européenne 

    – Confrontation avec l’ONU : attaques contre le Secrétaire Général de l’ONU et son Envoyè Personnel pour le Sahara Occidental, Christopher Ross. 

    – Manipulation de la communauté marocaine en Europe en vue de s’imposer comme allié indispensable dans la lutte contre le terrorisme. 

    – Presser ses salafistes pour les pousser à rejoindre les rangs de Daech 

    – Corrompre des fonctionnaires de l’ONU dans le but d’empêcher l’ONU de rapporter sur la situation des droits de l’homme au Sahara Occidental et dans les camps des réfugiés sahraouis à Tindouf. 

    – Attaquer les journalistes français Eric Laurent et Catherine Graciet pour empêcher leur nouvelle publication sur le roi du Maroc et venger le régime de leur anciens ouvrages sur le royaume alaouite. 

    Au niveau interne :

    – Maintenir dans le pays une tension basse mais permanente afin de justifier son maintien au pouvoir

    – Sévir contre quelques-uns pour que les autres rentrent dans le rang (Rachid Nini, l’historien et journaliste marocain Maâti Monjib, etc) 

    – Le harcèlement et la punition de ses opposants : De nombreux militants du Mouvement 20 février ont été assassinés. Khalid Gueddar a échappé de justesse à une agression au couteau près de son domicile à Rabat, cambriolage du local de l’AMDH, le lynchage de l’actrice Loubna Abidar, les attaques contre les étudiants sahraouis dans les universités. 

    – La barbouzerie : menaces et insultes téléphoniques en pleine nuit, intimidations, etc 

    – Eliminer tous les supports de la presse réellement indépendante. 

    – Travestir la vérité avec l’adoption de la mythomanie comme stratégie permanente au niveau intérieur et extérieur. 

    #Maroc #MohammedVI #Makhzen

  • El Himma derrière la diplomatie agressive du Maroc (média)

    Selon Africa Intelligence, la stratégie de la tension diplomatique prônée par le roi du Maroc est l’oeuvre de son conseiller et ami d’enfance, Fouad Ali El Himma.

    Dans un articlé diffusé le 07 juin 2021 sous le titre de « Du Sahara occidental à la radiodiffusion, le conseiller royal El Himma est seul aux commandes au Palais« , le média français indique que le ministre des affaires étrangères Nasser Bourita ne fait que mettre en oeuvre cette stratégie. « Mais l’initiative de cette nouvelle doctrine vient du Palais Royal, et plus précisément du conseiller politique du roi, Fouad Ali El Himma, avec l’appui des « sécurocrates » du roi ».

    Africa Intelligence révèle que « il y a maintenant quatre capitales européennes sans représentant officiel du Maroc ». Karima Benyaich, ambassadrice en Espagne a été rappelée « pour protester contre l’hospitalisation du leader du Front POLISARIO, Brahim Ghali, à Logroño, un mois plus tôt ». L’ambassade du Maroc à Berlin se trouve décapitée depuis que le 6 mai, Zohour Alaoui a été rappelée à Rabat. « Le Palais a également retardé le remplacement de son ambassadeur à Paris, Chakib Benmoussa, et de son ambassadeur auprès de l’UE et de la Belgique, Ahmed Rahhou, qui ont tous deux été affectés à de nouvelles fonctions à Rabat ».

    « Ces absences ne sont pas un simple concours de circonstances. Elles font plutôt partie d’une stratégie visant à faire pression sur les principaux États de l’UE, qui, selon Rabat, sont coupables de duplicité en refusant de reconnaître la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, tout en profitant de sa coopération sur les questions de sécurité et en le laissant jouer les gardes-frontières contre les migrants non autorisés. Pour s’assurer que son message est bien compris, le Maroc a laissé entrer des milliers de candidats à l’immigration dans les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla – une tactique utilisée par Mouammar Kadhafi lorsqu’il était au pouvoir et, plus récemment, par le président turc Recep Tayyip Erdogan », signale Africa Intelligence.

    « Rabat estime disposer d’une « fenêtre d’opportunité » historique mais éphémère sur le Sahara occidental, ouverte par la reconnaissance par l’administration Trump de la souveraineté marocaine sur le territoire en décembre et maintenue ouverte depuis par les difficultés internes de l’Algérie voisine, principal soutien du Front POLISARIO. L’empressement du Maroc est également lié aux élections législatives qui doivent avoir lieu dans le royaume en septembre », ajoute-t-il.

    D’après la même source, dans une conversation téléphonique avec Anthony Blinken, Nasser Bourita a fait savoir que « le Maroc n’accepterait jamais de nouvelles négociations avec le Front POLISARIO comme celles qui ont eu lieu à Manhasset de 2007 à 2012 et à Genève en 2018. Le Maroc demande même que le nouveau PSEG soit mandaté pour trouver une solution à la situation sur la base du propre plan d’autonomie du Maroc pour la région. Cette solution est soutenue depuis longtemps par Paris et Madrid et, moins ouvertement, par Washington. Les efforts du Maroc pour en faire le nouveau cadre d’une stratégie de sortie de crise n’ont cependant pratiquement aucune chance d’être approuvés par l’ONU ».

    Etiquettes : Maroc, Espagne, Sahara Occidental, Front Polisario, Union Européenne, UE, ONU, Fouad Ali El Himma, Mohammed VI,

  • Maroc: « Le conseiller du roi, Fouad ALi El Himma, serait en fuite » (fake news)

    La nouvelle est en conditionnelle, puisqu’il s’agit d’une nouvelle manipulation des services secrets marocains visant à discréditer les médias critiques. Il s’agit d’une vieille stratégie de la DGED en vue de rendre le lecteur marocain scéptique par rapport aux écrits de la presse dissidente et les publications de la presse algérienne.

    En effet, le Makhzen a propagé, à travers ses canaux, une information prétendant que le conseiller du Roi du Maroc, Foued ALi El Himma se serair réfugié dans l’ambassade du Canada à Rabat, pour demander l’asile politique.

    Foued ALi El Himma, est considéré comme la boîte noire du monarque marocain Mohamed VI. Il est le plus proche conseiller du roi, dont il est l’ami depuis l’enfance.

    Algérie54, 12 mai 2021

    Etiquettes : Maroc, Mohammed VI, Fouad Ali El Himma,

  • Maroc : Les énigmes de l’ère Mohammed VI (Enquête TelQuel)

    Maroc : Les énigmes de l’ère Mohammed VI (Enquête TelQuel)

    Maroc, Mohammed VI, monarchie, #Maroc,

    TELQUEL 26 Novembre au 2 Dècembre 2011

    De l’assassinat de Hicham Mandari à la cabale montée contre Khalid Oudghiri, en passant par l’incendie du bâtiment de la DST, la démission surprise de Fouad Ali El Himma ou, plus près de nous, le crash du C130 militaire, TelQuel répertorie et jette une nouvelle lumière sur les “affaires” les plus emblématiques, et sans doute les plus mystérieuses, de l’ère Mohammed VI


    La suppression de la liberté de conscience (du texte de la nouvelle Constitution)

    LES FAITS. Dans une version de la Constitution, présentée aux partis politiques en juin dernier, la notion de “liberté de conscience” est inscrite noir sur blanc. Mais une fois que le projet de la loi fondamentale est rendu public (avant son adoption par référendum), cette liberté individuelle a été tout bonnement supprimée. Entre-temps, le secrétaire général du PJD, Abdelilah Benkirane, avait menacé de voter NON à la future Constitution si elle introduisait des nouveautés ayant des “conséquences néfastes sur l’identité islamique du Maroc”.


    LA VERSION OFFICIELLE. Le PJD nie toujours avoir fait pression directement sur la Commission chargée de la révision de la Constitution, présidée par Abdeltif Menouni. Plusieurs cadres du parti islamiste ont par ailleurs affirmé que la Commission était elle-même divisée sur cette question. Sous-entendant ne pas être liberticide, le PJD a argué que dans tous les cas, la référence à la liberté de conscience était formulée de manière restrictive. Il était écrit qu’elle devait s’exercer dans le cadre de la loi et sans porter atteinte à l’ordre public.


    LES ZONES D’OMBRE. Certains observateurs ont accusé le PJD d’avoir orchestré sa levée de boucliers en accord avec le Palais. Ils avancent comme éléments à charge que l’inscription de la liberté de conscience d a n s l a n o u v e l l e Constitution aurait effrité le pilier de l’islam sur lequel s’appuie la monarchie. Le retrait de la liberté de conscience permet aussi à Mohammed VI de garder entier son pouvoir religieux de Commandeur des croyants. Le flou autour du vote de la Commission Menouni a aussi jeté un doute sur le désir réel du Pouvoir de voir inscrire dans la loi fondamentale du royaume cette pierre angulaire des libertés individuelles. Le jour de l’examen de ce point, neuf membres de la Commission auraient voté pour l’inscription de la liberté de conscience dans le nouveau texte et neuf autres contre. Aucune majorité ne s’est dégagée du fait de l’absence inexplicable d’un 19ème membre. Et l’arbitrage aurait finalement eu lieu derrière les impénétrables murailles du Palais.

    L’assassinat de Hicham Mandari


    LES FAITS. L’homme, qui se présentait comme “conseiller spécial de Hassan II”, est exécuté d’une balle dans la nuque, le 4 août 1999, dans le parking souterrain d’un complexe résidentiel près de Malaga. Au moment de sa mort, Hicham Mandari menaçait la monarchie de révélations fracassantes sur la fortune du roi défunt. Il était également mis en examen pour plusieurs affaires dans un trafic de faux dinars bahreïnis, d’un montant de 350 millions d’euros.

    LA VERSION OFFICIELLE. On soupçonne, dans un premier temps, un certain Hamid Boubadi d’être le meurtrier. Boubadi est suspecté d’avoir tendu un piège à Mandari à Malaga, en lui faisant miroiter une affaire de diamants, avant de l’assassiner pour une dette non remboursée. Les soupçons reposent sur une vidéo de caméra de surveillance à l’aéroport de Malaga qui montre le présumé meurtrier en compagnie de Mandari, quelques heures avant l’assassinat. Hamid Boubadi est aujourd’hui lavé de tout soupçon.

    LES ZONES D’OMBRE. Ayant fui le pays en 1998 après avoir dérobé des chèques dans le coffre-fort de Hassan II, Hicham Mandari a toujours affirmé posséder des documents sur la fortune du roi défunt et menaçait de dévoiler beaucoup de secrets de la cour. Il soutenait aussi être le fils de Hassan II et de sa favorite au sein du harem. Familier du sérail, il était le protégé de Mohamed Médiouri, l’ancien patron de la sécurité royale. De quoi donner du crédit à ses menaces. Se présentant comme l’ennemi numéro 1 des Alaouites, Hicham Mandari a endossé un habit de circonstance d’opposant au régime, comme la création du Comité national des Marocains libres. Il a affirmé avoir été à deux reprises l’objet de tentatives d’assassinat, attribuées, selon son avocat, à ses relations passées avec la famille royale. A la même époque, le nom de Hicham Mandari apparaît dans une affaire de trafic de dinars bahreïnis à l’échelle internationale. Il a aussi trempé dans des affaires d’escroquerie et de chantage, dont la plus célèbre a été à l’encontre du banquier marocain Othman Benjelloun. Ce dernier lui avait tendu un piège, permettant à la police française de le prendre en flagrant délit alors qu’il recevait une grosse somme d’argent. Une de ces nombreuses affaires impliquant Mandari dont on ne saura (peut-être) jamais le fin mot de l’histoire.

    Le bug du site elections2002.ma

    LES FAITS. Le 27 septembre 2002. C’était les premières élections sous l’ère Mohammed VI. Et le roi les voulait libres et transparentes. Le département de l’Intérieur, confié à l’époque à Driss Jettou, met alors les gros moyens : un réseau Intranet reliant plus de 300 terminaux au serveur du ministère devait permettre la collecte des résultats du scrutin en temps réel et livrer le verdict des urnes dans les 24 heures. Mais lors de la nuit électorale, un mystérieux bug informatique compromet l’opération.

    LA VERSION OFFICIELLE. Pour expliquer ce couac, le ministère de l’Intérieur tergiverse. Tantôt il invoque une panne de courant due à la saturation du serveur du ministère, tantôt il souligne la mauvaise préparation des personnes censées saisir les données dans ce nouveau dispositif et qui ont finalement préféré procéder manuellement.

    LES ZONES D’OMBRE. Tout se déroulait le plus normalement du monde durant les premières heures de cette nuit du 27 septembre. Au siège du ministère de l’Intérieur, les principaux leaders des formations politiques défilaient pour recueillir les dernières news et répondre aux questions de la presse. Plus tard dans la soirée, les premières fuites sur les résultats parlent d’une tendance qui se dégage: le Parti justice et développement (PJD) est en train de rafler la mise. Allaiton assister au raz-de-marée islamiste tant redouté ? La question taraudait tous les observateurs politiques. Et, curieusement, c’est à ce moment tardif de la nuit que le site elections2002.ma rend l’âme. Les sécuritaires du pays auraient-ils paniqué au point d’abandonner la démarche de transparence totale pour influer partiellement sur les résultats ? S’il s’agissait d’une simple panne technique, ne pouvait-elle pas être réparée ? Certains parlent même d’une visite des hauts sécuritaires de l’époque au back-office du ministère de l’Intérieur où étaient centralisés les résultats. Quoi qu’il en soit, après deux jours de comptage manuel, le verdict est tombé : l’USFP arrive en tête avec 50 sièges, talonné par le Parti de l’Istiqlal avec 48 sièges, mais le PJD triple ses performances par rapport à 1997 en s’adjugeant 42 fauteuils de députés. Le parti islamiste confirme dès lors son statut de force politique avec laquelle il fallait compter.

    L’incendie du bâtiment de la DST

    LES FAITS. Le 29 octobre 1999, aux premières heures, un incendie se déclare dans une dépendance de l’ancien siège de la Direction de la surveillance du territoire (DST) sur la Route des Zaërs, l’un des quartiers les plus surveillés de la capitale. Le local parti en fumée abrite les archives de ce service de renseignement, retraçant le travail de la “firme” depuis son époque CAB1.

    LA VERSION OFFICIELLE. Une enquête a été ouverte pour élucider les circonstances de l’incendie, mais ses résultats n’ont jamais été communiqués. De même que l’Etat n’a jamais communiqué sur la nature des dégâts et le volume des archives perdues lors du sinistre. Tout ce qui filtre de l’enquête est que l’incendie est d’origine criminelle et que la matière utilisée pour le déclencher était “hautement inflammable”.

    LES ZONES D’OMBRE. Le mystère reste entier puisque le dossier est clos sans la moindre poursuite en justice. Sauf que le contexte dans lequel est intervenu cet incendie criminel a nourri les spéculations au sujet de la personne à qui profitait le crime. Quelques semaines auparavant, Mohammed VI avait confié la direction de la DST au général Hamidou Laânigri, alors que jusque-là elle était chapeautée par Driss Basri, toutpuissant ministre de l’Intérieur de l’ère Hassan II. Basri est d’ailleurs limogé de ce poste qu’il a occupé pendant des décennies une dizaine de jours seulement après les faits. Aurait-il donc commandité cet incendie, sentant le vent tourner ? Se serait-il appuyé pour cela sur ses fidèles parmi les éléments de la DST pour éliminer les dossiers les plus compromettants de son passage à la tête de ce service de renseignement ? Ce n’est pas impossible. D’ailleurs, pendantquelques semaines, une dizaines de sécuritaires et anciens cadres de la boîte auraient été interdits de quitter le territoire. Sur la nature des dossiers perdus, les versions ne manquent pas non plus : affaires en relation avec le Palais, aux dossiers impliquant des hommes forts du royaume… Même le Polisario s’y était mis en parlant de dossiers relatifs aux sommes dépensées par Rabat pour soudoyer les notables sahraouis et les cadres de la RASD qui ont rallié le Maroc.

    La démission d’El Himma de l’Intérieur

    LES FAITS. Mardi 7 août 2007. L’information tombe tel un couperet : Fouad Ali El Himma, ministre délégué (mais véritable patron) de l’Intérieur démissionne de ses fonctions. La décision prend de court tout le landerneau politique. Compagnon de classe de Mohammed VI et chef de son cabinet, El Himma a été nommé au poste en 1999. Depuis, il est devenu l’homme fort de la “mère des ministères” et l’interlocuteur incontournable de la classe politique. “Départ voulu ou forcé ? Pour quelles raisons ?…”, s’interrogeait à l’époque la classe politique.

    LA VERSION OFFICIELLE. C’est l’agence officielle MAP qui met fin aux spéculations au sujet du retrait d’El Himma : “Le souverain a donné sa haute bénédiction à la demande de M. Fouad Ali El Himma de voir mettre fin à ses fonctions de ministre délégué à l’Intérieur et a bien voulu accéder à son souhait de se présenter aux prochaines élections législatives”. Par la suite, El Himma multiplie les sorties médiatiques pour rassurer les acteurs politiques, qui ne voyaient pas d’un bon oeil cette intrusion. “Ma démarche ne répond à aucun agenda politique”, répétait-il.

    LES ZONES D’OMBRE. Au départ, on le disait en disgrâce. Mais, très vite, on va se rendre compte qu’El Himma n’a rien perdu de son influence. Pour sa première séance parlementaire à l’ouverture de l’année législative, le député de Rhamna quitte l’hémicycle à bord du cabriolet royal conduit par… Mohammed VI lui-même. Avant même de constituer son parti, il ne trouve aucun mal à constituer un groupe parlementaire et prendre la tête d’une commission stratégique de l’hémicycle. Plus tard, ce sera la création du Parti authenticité et modernité (PAM), qui devient rapidement la première force politique du royaume : carton plein aux communales de 2009 avec six présidences de région (sur 16) et le perchoir de la Chambre des conseillers. Créer une formation politique capable de prendre le pouvoir était-il prévu avant même la démission d’El Himma ? Le scénario a-t-il été approuvé par Mohammed VI lui-même ? Quoi qu’il en soit, avec le Printemps arabe, le plan (s’il y en a un) a quelque part capoté. Le PAM devient la cible des manifestants du M20 qui demandent la tête d’El Himma. Mais l’ingénieur en chef des premières échéances électorales de Mohammed VI (2002 et 2003) a plus d’un tour dans son chapeau. Nombreux sont les observateurs qui voient sa main secrète derrière les grandes manoeuvres préélectorales à la veille des législatives.

    Le retrait du projet de Loi de Finances 2012

    LES FAITS. Quelques minutes après son dépôt au parlement, le projet de Loi de Finances est retiré en catastrophe par le Secrétariat général du gouvernement dans la nuit du 21 septembre 2011. Conséquence : le grand oral de l’argentier du royaume devant les élus de la nation, prévu pour le lendemain, est reporté sine die. Les parlementaires sont prévenus tard dans la nuit, par sms, de ce cafouillage.

    LA VERSION OFFICIELLE. Dans ce genre d’affaires, c’est au porte-parole du gouvernement de s’y coller. Khalid Naciri déclare alors que “la décision (de retirer la Loi de Finances) est justifiée par l’agenda chargé des deux chambres qui planchent toujours sur les lois électorales”. Pour l’opposition, cet argument ne tient pas la route.

    ZONES D’OMBRE. Les membres du gouvernement se seraient-ils soudainement aperçus que l’agenda du parlement était surbooké ? Cela leur a-t-il complètement échappé lors du Conseil des ministres qui a validé la mouture de la Loi de Finances ? Et puis, dans l’hémicycle, la commission de législation qui traite des lois électorales n’est-elle pas complètement séparée de la commission des finances qui planche sur le projet de budget ? Difficile donc de donner du crédit à la version du gouvernement selon laquelle on n’a pas voulu encombrer les parlementaires. Une thèse plus cohérente apparaîtra avec le dépôt de la version “remaniée” du projet de Loi de Finances. Entre la première mouture et la dernière, des mesures ont tout bonnement sauté. Le très attendu fonds de solidarité sociale, présenté au départ comme l’innovation majeure du budget 2012, a ainsi été supprimé. Ce mécanisme de redistribution de richesses devait être financé à hauteur de 2 milliards de dirhams par une contribution des banques, des assurances, des organismes de crédit et des opérateurs télécoms. Le lobby de la bancassurance et des opérateurs télécoms aurait-il fait plier le gouvernement ? Abbas El Fassi lui-même va l’admettre devant les membres du comité exécutif de son parti. “Je n’étais pas au courant du retrait du texte de Loi de Finances du parlement”, leur a confié le chef des Istiqlaliens, qui a évoqué un fort lobby qui a su plaider sa cause en haut lieu. Comment cela s’est-il passé concrètement ? On ne le saura peut-être jamais.

    L’existence d’une prison secrète à Témara

    LES FAITS. Depuis 2001, plusieurs associations marocaines et internationales de défense des droits de l’homme dénoncent l’existence, au siège de la DST à Témara, d’une prison secrète. Plusieurs détenus salafistes affirment y avoir été torturés pendant plusieurs semaines en dehors de tout contrôle judiciaire. Selon les rapports d’organisations internationales, ce centre de détention aurait également accueilli des pensionnaires étrangers, poursuivis pour terrorisme international.

    LA VERSION OFFICIELLE. Devenu une des cibles préférées des manifestants du Mouvement du 20 février qui avaient même tenté de s’y rendre, le centre de Témara a exceptionnellement ouvert ses portes, le mercredi 18 mai 2011, à des magistrats, des parlementaires et aux dirigeants du Conseil national des droits de l’homme (CNDH). Résultat : tous ont affirmé n’avoir constaté l’existence d’aucune prison secrète. “Le bâtiment de Témara accueille le siège administratif de la DGST”, ont-ils conclu.

    LES ZONES D’OMBRE. Après leur visite à Témara, le président et le secrétaire général du CNDH (tous deux d’anciens militants des droits humains) ont tenu à nuancer que, durant leur visite, ils n’ont relevé “aucun indice laissant supposer que ce lieu est réservé à une quelconque détention illégale”. La précision est de taille. Le communiqué rédigé par Driss El Yazami et Mohamed Sebbar pourrait laisser croire qu’une telle prison a effectivement existé par le passé. “C’est possible, mais je vous mets au défi de me sortir un cas de détention secrète à Témara depuis l’installation du CNDH”, nous avait déclaré le SG du CNDH. Le Maroc semble ainsi avoir tourné la page sans prendre la peine de la lire et de déterminer

    les responsabilités de chacun dans les exactions qui ont pu être commises au centre de Témara. Pourtant, ce centre revient souvent dans des affaires judiciaires aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne où d’anciens détenus de Guantanamo affirment avoir été torturés au Maroc.

    Le putsch de Mezouar à la tête du RNI

    LES FAITS. Le 23 janvier 2010, le ministre de l’Economie est couronné chef du RNI à la suite d’un véritable plébiscite. Le président sortant, Mustapha Mansouri, est quant à lui désavoué par une écrasante majorité des membres du parti des Bleus. Ce vote à double tranchant est l’épilogue d’une bataille rangée qui oppose Mezouar et Mansouri depuis octobre 2009. Le premier est à la tête d’une armée de réformateurs alors que le second compte sur les doigts d’une main les caciques du parti qui le soutiennent encore.

    LA VERSION OFFICIELLE.

    Salaheddine Mezouar a justifié sa fronde par le désir de moderniser le RNI, accusant son président de mauvaise gestion et d’avoir sclérosé le parti en étant trop dirigiste. Mezouar a affirmé vouloir faire souffler le vent du renouveau en faisant de la “politique autrement”, un slogan des spécialistes de la com’ qu’il a engagés pour moderniser l’image du parti. Il veut ouvrir sa formation aux jeunes, aux femmes et aux élites avec pour objectif d’atteindre les 200 000 adhérents.

    LES ZONES D’OMBRE.

    Fouad Ali El Himma est-il derrière l’accession de Mezouar à la tête du RNI ? La question s’est posée très vite après l’intronisation du ministre de l’Economie. Car Mezouar, dès sa prise de pouvoir, a évoqué une alliance possible avec le PAM, alors que son prédécesseur fustigeait ce parti, affirmant qu’il “ramène le Maroc en arrière, aux années de plomb”. Mezouar s’est d’ailleurs appuyé, pour prendre le pouvoir au RNI, sur un groupe de réformateurs ayant un pied dans le parti des Bleus et l’autre au sein du Mouvement pour tous les démocrates (MTD), la matrice du PAM. L’alliance du G8, qui a réuni récemment le RNI et le PAM dans un front anti-PJD, n’a fait que confirmer les inquiétudes des observateurs de la chose publique.
    La bipolarisation du champ politique prônée par Mezouar servirait un autre dessein. Pressenti comme futur Premier ministre à l’issue des législatives, Mezouar serait-il le Cheval de Troie du parti d’El Himma ?

    Le décès de Moul Sebbat

    LES FAITS. Abdelhak Bentassir, alias “Moul Sebbat”, décède après son arrestation au lendemain du 16 mai 2003. Ce fabricant de chaussures (ce qui lui vaut son surnom) a été présenté comme la tête pensante des attentats terroristes qui avaient secoué Casablanca. Moul Sebbat aurait été l’émir de la cellule kamikaze qui est passée à l’acte et aurait lui-même désignés les endroits ciblés.

    LA VERSION OFFICIELLE. Moul Sebbat serait mort, lors de son transfert à l’hôpital, des suites d’un malaise cardiaque, mais aussi de problèmes au foie survenus alors qu’il était entre les mains de la police. Le Parquet de Casablanca, chargé de l’affaire, affirme qu’une autopsie menée par quatre légistes a conclu au décès d’une malaise cardiaque de Moul Sebbat, le 26 mai, soit un jour seulement après son arrestation.

    LES ZONES D’OMBRE. D’abord Abdelhak Bentassir est arrêté le 21 et non le 25 mai. Il aurait été interpellé près de son domicile par une petite armée de policiers en civil. Et puis, à en croire sa famille, la victime, père de deux enfants, était un sportif qui n’avait aucun souci de santé et ne prenait aucun médicament. Toujours selon ses proches, qui ont eu l’autorisation d’identifier son corps à la morgue de Casablanca, la dépouille de Abdelhak Bentassir était méconnaissable vu les marques de torture qu’elle portait. Pourtant, les requêtes présentées par des ONG pour demander une contre-autopsie et une contre-enquête judiciaire sont restées lettre morte. Enfin, lors du procès des kamikazes de réserve, il n’a jamais été question des procès-verbaux des interrogatoires de Moul Sebbat. Le contenu des livres et documents saisis chez lui n’a jamais été révélé non plus. Les secrets de Moul Sebbat (s’il en détenait vraiment), il les a emportés dans sa tombe.

    Le crash du C130 militaire

    LES FAITS. Un avion militaire marocain s’écrase près de Guelmim dans la matinée du 26 juillet 2011. Le C130 effectuait un vol de routine reliant Dakhla à Kénitra, avec des escales à Laâyoune, Guelmim et Agadir. 81 personnes, civiles et militaires, étaient à bord. Aucune n’a survécu. Trois jours de deuil national ont été décrétés suite à ce qui reste comme l’une des catastrophes aériennes les plus meurtrières dans l’histoire du pays.

    LA VERSION OFFICIELLE. La boîte noire de l’appareil a bien été récupérée par les enquêteurs. Ces derniers ont également procédé à l’audition des responsables de la tour de contrôle de l’aéroport de Guelmim, mais rien n’a filtré concernant les détails de l’accident. Officiellement, le drame est attribué aux mauvaises conditions étéorologiques dans la région.

    LES ZONES D’OMBRE. Vu qu’il s’agit d’une investigation militaire, il y a très peu de chances que les FAR communiquent, un jour, sur les résultats officiels de l’enquête. Cela aurait pourtant aidé à résoudre plusieurs énigmes liées à cette catastrophe aérienne. La première a trait à la nature même de l’appareil. Le C130 a en effet la réputation d’être quasi indestructible. Capable de se poser sur tous les terrains (même les plus accidentés), il est doté de radars assez sophistiqués qui lui permettent de se poser ou de décoller en toutes circonstances. C’est, ensuite, un vol assez routinier qu’effectuent plusieurs fois par semaine les pilotes de l’armée de l’air marocaine. Ils connaissent donc très bien la région et sont habitués au brouillard épais qui enveloppe, tous les matins, cette partie de la côte atlantique sud. Qu’est-ce qui a donc fait défaut cette fois ? Comment expliquer le crash du C130, à quelques kilomètres seulement de l’aéroport de Guelmim ? Est-ce vrai que la flotte aérienne militaire souffrirait d’une négligence au niveau de la maintenance ? On n’en saura jamais rien. Sauf que quelques semaines après le crash, de hauts gradés de l’armée de l’air auraient été mis à la retraite. Est-ce lié aux premiers résultats de l’enquête ?

    Les morts d’Al Hoceïma

    LES FAITS. Le 20 février 2011, c’était la toute première marche organisée par le M20. A l’issue des rassemblements qui ont réuni des milliers de personnes dans plusieurs grandes villes du royaume, des actes de vandalisme sont signalés. Mais à Al Hoceïma, c’est encore plus grave. Dès le début de soirée, on évoque la découverte d’un cadavre calciné dans une agence bancaire incendiée. Le lendemain, le nombre de cadavres est finalement de cinq : des jeunes âgés de 17 à 25 ans que rien ne rassemble. A priori, ils ne se connaissaient pas, n’avaient pas d’antécédents judiciaires et venaient de différents quartiers.

    LA VERSION OFFICIELLE. Le Parquet de la Cour d’appel d’Al Hoceïma parle d’un incendie provoqué par des casseurs au moment où les cinq jeunes hommes s’étaient introduits à l’intérieur de l’agence bancaire avec l’intention de la piller. Deux autopsies, ordonnées par la justice, sont là pour appuyer les dires du Parquet et attester que les cinq dépouilles ne portaient pas de traces de violences ou de torture.

    LES ZONES D’OMBRE. Les familles et des membres du M20 à Al Hoceïma émettent des doutes sur les conditions réelles du décès des cinq jeunes hommes. Certains affirment les avoir vus, pourchassés dans la rue ou dans le commissariat de police, en début de soirée. Soit bien après le déclenchement du premier incendie vers 19 h. Les familles des victimes soutiennent ainsi que leurs proches seraient tombés sous la torture puis emmenés dans cette agence bancaire, où un incendie aurait été provoqué pour maquiller le tout… Pour ne rien arranger, le procureur de la ville a toujours refusé de permettre aux familles d’accéder au contenu des enregistrements des caméras de surveillance de l’agence bancaire et ceux de trois autres agences qui se trouvent sur la même avenue Mohammed V. D’ailleurs, trois jours après le drame, l’agence fait peau neuve, ne permettant plus aucune contre-expertise sur le départ d’incendie. Et dix mois après les faits, l’enquête est au point mort.

    Le procès des “satanistes”

    LES FAITS. Le 16 février 2003, une chasse aux sorcières ubuesque prend place à Casablanca. Quatorze musiciens, âgés de 22 à 35 ans, sont accusés de satanisme par les autorités. Les “pièces à conviction” saisies lors des différentes perquisitions aux domiciles des prévenus sont d’une légèreté accablante pour le Parquet : des Tshirts noirs, un recueil de poésie, des cendriers en forme de crâne… En gros, l’unique “tort” de ces musiciens est d’aimer jouer du hardrock et du metal.

    LA VERSION OFFICIELLE. “Atteinte à la religion musulmane”, “dégradation des moeurs, incitation à la débauche et actes attentatoires à la religion musulmane” sont les chefs d’inculpation mis en avant par le juge. Au bûcher dressé par le tribunal de Casablanca, le 6 mars 2003, les 14 musiciens sont condamnés à des peines allant d’un mois à un an fermes. Néanmoins, une immense mobilisation menée par un collectif de soutien a permis de libérer les 14 musiciens quelques jours seulement après le verdict.


    LES ZONES D’OMBRE. Aujourd’hui encore, personne ne sait exactement ce qui a poussé à une telle bavure judiciaire, ni qui a donné l’ordre de giboyer des innocents. Les théories vont bon train : pour certains, c’est un malheureux excès de zèle de la part des policiers, qui ont profité d’un déplacement du roi pour faire ce qu’ils voulaient. Pour d’autres, c’était, au contraire, une manière de faire montre de la clémence de Mohammed VI, qui a repris les choses en main à son retour. D’autres encore parlent d’une princesse qui aurait vécu en face du café où les métalleux avaient pour habitude de se réunir et qui se serait plainte du bruit… Ce qui est sûr, c’est que l’affaire des 14, comme on l’appelle aujourd’hui, a souffert énormément de la mauvaise foi et de l’ignorance des autorités. “Aash dakom l’shi hard rogen ?”, avait demandé un policier aux accusés lors des interrogatoires. Au procès, parmi les questions posées aux musiciens par le juge, on retient celle dont on rit aujourd’hui : “Pourquoi n’écoutez-vous pas Fatna Bent Lhoucine ?”.

    Le meurtre du garde du corps du roi

    LES FAITS. Abdellah Salim Saïdi, garde du corps de Mohammed VI, est attaqué chez lui en plein centre de Rabat, à deux pas de la préfecture de police de la capitale. Dans cette nuit du 8 au 9 juillet 2011, les voisins entendent des coups de feu, mais personne ne pouvait deviner que c’était un man in black du roi qui était au tapis. Transféré à l’hôpital, Saïdi décède le 12 juillet à l’âge de 47 ans.

    LA VERSION OFFICIELLE. La DGSN s’empresse de diffuser un communiqué censé restituer le cours des événements : deux cambrioleurs se seraient introduits dans le domicile du commissaire Saïdi. Quand ce dernier les surprend, une fusillade éclate où le garde du corps et un de ses assaillants sont blessés. Le présumé cambrioleur, arrêté sur place avant d’être hospitalisé, est présenté comme un individu au casier judiciaire bien garni. Le deuxième, en fuite, est “activement” recherché.

    LES ZONES D’OMBRE. Les conclusions de l’enquête n’ont jamais été rendues publiques. Pourtant, nombreuses sont les questions qui restent en suspens. Exemple : les balles ayant blessé mortellement le commissaire Saïdi et son agresseur provenaient-elles de la même arme ? On ne sait rien non plus sur la véritable identité des agresseurs si ce n’est que l’individu arrêté est un habitant de Rabat répondant au surnom de Bidaoui. Et puis, qu’est-il advenu de ce fameux Bidaoui ? A-t-il seulement survécu à sa blessure ? Dans quelle prison est-il en train de croupir ? Le deuxième agresseur court-il toujours ou a-t-il été interpellé ? La police se refuse à toute déclaration et, quatre mois après les faits, aucun procès n’est en vue. Dans la rue r’batie en revanche, les versions au sujet de ce fait divers pas comme les autres sont nombreuses. La plus répandue (et à la fois la plus soft) soutient que les trois hommes se connaissaient bien et qu’il aurait été question d’une nuit entre amis où les choses ont dégénéré. Abdellah Saïdi était d’ailleurs une figure publique de la capitale, chose assez rare pour les gardes du corps de Mohammed VI.



    Le blocage des licences télé

    LES FAITS. Lundi 23 avril 2009, la Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA) prend tout le monde de court et annonce qu’aucune licence télé ne sera accordée. Parmi les recalés, on compte de prestigieux candidats : Mounir Majidi, Othman Benjelloun, Fouad Ali El Himma, Aziz Akhannouch… La libéralisation du paysage audiovisuel marocain, tant promise par l’Etat, n’a pas eu lieu.

    LA VERSION OFFICIELLE. Le CSA (Conseil supérieur de l’audiovisuel, organe de la HACA) avance dans un communiqué laconique que, “compte tenu de facteurs conjoncturels et sectoriels intervenus depuis le mois de septembre 2008, notamment la dégradation de la situation du marché publicitaire, ainsi que la crise traversée par Medi1 Sat et le risque encouru pour le secteur dans son ensemble pouvant compromettre l’équilibre et la viabilité des opérateurs audiovisuels publics et privés existants”, le conseil des sages a décidé de mettre en veille l’octroi de toute licence télé, en attendant d’y voir plus clair dans le secteur.


    LES ZONES D’OMBRE. C’est un secret de polichinelle. A l’époque de la course aux licences, seules deux fréquences hertziennes étaient disponibles. Or, une de ces fréquences allait être occupée à court terme par Medi 1 Sat, devenue depuis Medi1 TV. Présageant cela, les sages de la HACA ont pu se retrouver face à un dilemme cornélien : qui choisir parmi les deux amis du roi en lice, Fouad Ali El Himma ou Mounir Majidi ? L ’argument de contraction du marché publicitaire n’était-il pas pris en compte dans les business plans des soumissionnaires ? A qui est revenue la décision de désavouer tous les candidats ? A Mohammed VI en personne, comme avancent certains ? Ce blocage du processus de libéralisation ne serait-il pas motivé par la seule volonté politique de garder le paysage audiovisuel verrouillé et de faire écran à la concurrence ? Car, en définitive, depuis le début du règne de Mohammed VI, une seule chaîne (Medi1 TV) s’est vu délivrer le précieux sésame. Et, depuis, des investisseurs publics sont venus squatter le tour de table de la chaîne tangéroise. Résultat, l’Etat préserve son monopole et son contrôle sur le champ médiatique, alors que de nombreux discours de Mohammed VI ont laissé entendre (et espérer) une libéralisation de l’audiovisuel.

    Les milliards de Mawazine

    LES FAITS. 11 janvier 2011. En conflit judiciaire avec ses ex-employeurs du groupe émirati Taqa, maison-mère de la centrale électrique de Jorf Lasfar (Jlec), l’ancien directeur général du groupe, Peter Barker, envoie par l’intermédiaire de ses avocats une lettre à l’autorité du marché américain (la SEC). Il y dénonce les pratiques douteuses du groupe émirati coté à la Bourse de New York. L’homme affirme, entre autres, avoir reçu l’ordre de son patron de “verser 5 millions
    de dollars par an à Hassan Bouhemou (PDG du holding royal SNI), pour financer un festival de musique (…) afin que Taqa décroche le feu vert pour procéder à l’extension de la centrale électrique de Jorf Lasfar”.

    LA VERSION OFFICIELLE. Ces accusations, portées par Peter Barker, n’ont été ni démenties ni confirmées par les patrons du groupe Taqa. Côté Maroc, c’est le manager du business royal, Hassan Bouhemou, qui est monté au front pour dénoncer ces “allégations”. Il s’est par la suite fendu d’un communiqué de presse où il annonce avoir décidé de porter l’affaire en justice pour “que la vérité soit établie sur les soubassements de cette opération de diffamation”.


    LES ZONES D’OMBRE. Filiale du groupe Taqa, Jlec n’est pas une entreprise ordinaire. Titulaire depuis 2007 d’une concession d’exploitation des centrales thermiques de Jorf Lasfar, elle produit environ la moitié des besoins du Maroc en électricité… Et a un seul client : l’ONE, qui est obligé de par le contrat de concession d’acheter toute la production de la firme, sur une durée de 30 ans à un prix réglementé ! Ce n’est pas tout. Deux ans après son entrée en jeu dans le royaume chérifien, la société obtient, dans une cérémonie présidée par Mohamed VI lui-même dans son palais de Fès, l’autorisation de construire deux nouvelles centrales thermiques pour doubler sa production. Et c’est depuis ce momentlà que l’entreprise est devenue le sponsor majeur du festival Mawazine, présidé depuis 2007 par le secrétaire particulier du roi, Mounir Majidi, et patron de Hassan Bouhemou. Hasard du calendrier ? Et pourquoi donc une entreprise qui n’a qu’un seul client (l’Etat) irait-elle sponsoriser un festival grand public à coups de millions de dirhams ? Détentrice d’un contrat juteux dans le royaume chérifien, Jlec aurait-elle voulu renvoyer l’ascenseur en finançant le festival royal ? La réponse viendra peut-être du Michigan, où le procès de Peter Barker contre Taqa est toujours en cours. En attendant, on se contentera de cette explication du porte-parole de Mawazine : “Jlec est une société privée qui fait ce qu’elle veut de son argent”. Oui, bien sûr.

    L’affaire du TGV

    LES FAITS. Septembre 2011. Le président français Nicolas Sarkozy se déplace à Tanger pour lancer officiellement, avec Mohammed VI, les travaux de la première ligne de train à grande vitesse reliant Tanger à Casablanca. Un véritable bijou de technologie qui réduira de 2 heures la durée du voyage entre les deux pôles économiques du royaume. Coût du projet : 20 milliards de dirhams, dont une moitié sera couverte par des financements et des dons français et l’autre par le budget de l’Etat et des financements de pays du Golfe.

    LA VERSION OFFICIELLE : Selon nos décideurs, ce projet pharaonique a été concrétisé pour doter le pays d’une nouvelle infrastructure ferroviaire et pour accélérer le développement du “Maroc régional”, en réduisant les temps de voyage. Choix stratégique pour le développement du Maroc, le projet TGV devra être prolongé plus au sud vers Marrakech, puis Agadir à l’horizon 2035. Une autre ligne, dite “maghrébine”, sera lancée dans la foulée, pour relier la capitale de l’Oriental, Oujda, à Casablanca, en passant par Fès.


    LES ZONES D’OMBRE. C’est en octobre 2007 que l’on a entendu, pour la première fois, parler du TGV marocain, en marge de la première visite au Maroc de Nicolas Sarkozy. Dans le temps, les relations franco-marocaines étaient très tendues. Fraîchement élu, Sarkozy apprend que Rabat renonce à l’achat de 20 avions de chasse Rafale préférant une offre américaine plus compétitive : 24 chasseurs F16 pour 500 millions d’euros en moins. “Après cette date, les fils sont coupés : les interlocuteurs marocains des Français ne les prennent même plus au téléphone”, raconte le journaliste français Jean Guisnel dans son livre Armes de corruption massives. En juillet de la même année, Mohammed VI exige le report de la visite de Sarkozy au Maroc après avoir appris que le nouveau président français allait d’abord passer par Alger avant d’atterrir à Rabat. Rien ne va plus, jusqu’à ce que, trois mois plus tard, Sarkozy arrive finalement au royaume, pour remettre les relations avec son ami sur les rails. Dans ses bagages, il repartira avec le contrat TGV, qui a tout d’un cadeau royal offert au nouveau VRP de France, en compensation de l’échec de la transaction de Rafale. D’ailleurs, le contrat du TGV est passé sans appel d’offres et sans consultation préalable des parlementaires. Mais, depuis, les relations entre le Maroc et la France ont repris leur train-train habituel.

    La méga-fusion ONA–SNI

    LES FAITS. Le 26 mars 2010, un big-bang secoue la place casablancaise. Le holding royal annonce une méga-opération séquencée en trois phases : retrait de la Bourse de Casablanca des titres ONA et SNI, fusion de ces deux gigantesques holdings et revente d’un paquet de filiales.
    Avant la fin de l’année, les deux premières phases sont bouclées : les deux holdings ne font plus qu’un, il s’appelle SNI.

    LA VERSION OFFICIELLE. Dans un dossier de presse distribué aux médias, les managers des affaires royales ont tenté, comme ils ont pu, de donner du sens à ce chamboulement capitalistique, le plus important que le Maroc ait jamais connu. On parle de “nouvelle vocation du groupe”, de “volonté de se conformer aux standards internationaux puisqu’il est de plus en plus rare de par le monde de voir des holdings cotés qui sont essentiellement constitués d’actifs eux-mêmes cotés, ce qui est le cas de SNI et ONA”. Une couleuvre difficile à avaler vu le coût stratosphérique de l’opération.


    LES ZONES D’OMBRE. C’est bien trop cher payé pour croire en la simple volonté de se conformer aux standards internationaux. Majidi et Bouhemou sont de vrais professionnels de la finance et ont toujours fait preuve d’ingéniosité pour profiter des brèches réglementaires, de manière à optimiser les investissements de leur patron, la famille royale en l’occurrence. Tout dans le déroulement de l’opération laisse croire que c’est une première réfléchie à long terme et que son véritable objectif est d’éloigner le business royal des radars du marché financier, avec toutes ses contraintes de transparence. Elle est intervenue alors que la Loi de Finances venait d’accorder un cadeau fiscal aux opérations de fusion, les banques ont ouvert les vannes du crédit sans discuter, pour financer l’achat des actions auprès du grand public, les partenaires étrangers du groupe royal ont mis la main à la poche et les investisseurs institutionnels marocains conservent leurs titres de manière à ne pas rendre plus chère l’opération, qui a coûté au final 10 milliards de dirhams.

    Depuis, le groupe, même s’il n’a pas encore réalisé de nouvelles acquisitions ou même réalisé les cessions promises, évolue dans l’ombre. Ne serait-ce que pour publier sommairement ses comptes, l’autorité du marché doit régulièrement lui administrer des piqûres de rappel.

    La rupture avec l’Iran

    LES FAITS. Le vendredi 6 mars 2009, un communiqué du ministère des Affaires étrangères annonce le rappel du chargé d’affaires marocain en Iran. Quelques jours plus tard, l’ambassadeur iranien au royaume est également rappelé chez lui. Entre Rabat et Téhéran, rien ne va plus.

    LA VERSION OFFICIELLE. Selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères, la décision de rappeler le représentant diplomatique au pays de Khomeïni intervenait suite à une déclaration de Téhéran, considérant l’Etat de Bahreïn comme la quatorzième province iranienne. Cette proclamation a suscité une contestation par le Maroc au plus haut niveau : le roi avait émis un message de soutien au royaume de Bahreïn. Mais le divorce avec l’Iran se justifie aussi par la chasse au chiisme. Téhéran est accusé de soutenir un activisme visant à altérer les fondamentaux religieux du royaume, à s’attaquer aux fondements de l’identité ancestrale du peuple marocain et à tenter de menacer l’unicité du culte musulman et le rite malékite sunnite au Maroc.


    LES ZONES D’OMBRE. Plusieurs câbles diplomatiques révélés par Wikileaks relèvent l’implication de l’Arabie Saoudite, l’autre monarchie du Golfe, dans cette rupture, et placent le conflit dans le cadre de la bataille pour l’hégémonie dans la région. Dans une correspondance entre le diplomate américain au Caire et son collègue à Rabat, le premier a expliqué que “les Saoudiens ont sensibilisé personnellement le roi Mohammed VI, et non le gouvernement marocain qui a été tout aussi surpris que le reste du monde par cette rupture des relations diplomatiques”.

    Le câble Wikileaks évoque également l’inquiétude du Maroc quant à “l’éventuelle acquisition par l’Iran d’armes atomiques”. En prenant la décision de rompre avec Téhéran, le roi a donc fait d’une pierre deux coups : plaire aux Etats-Unis, très hostiles au régime d’Ahmadinejad, et maintenir ses excellentes relations avec l’Arabie Saoudite. Pour quelle contrepartie ? On n’en sait rien.



    Les poursuites contre Khalid Oudghiri

    LES FAITS. Le 1er août 2008, Abdelkrim Boufettas, membre d’un richissime clan soussi, dépose plainte pour une affaire de corruption impliquant Khalid Oudghiri. L’ancien patron d’Attijariwafa bank (filiale du holding royal), “démissionné” en 2007. Selon l’accusation, il aurait touché, par l’intermédiaire d’un notaire, un pot-de-vin de 35 millions de dirhams dans une transaction immobilière. Un mandat de recherche international est émis contre Oudghiri. Exilé entre le Canada et la France, celui-ci ne s’est jamais présenté au procès.

    LA VERSION OFFICIELLE. Boufettas avait du mal à rembourser son crédit bancaire de 175 millions de dirhams. En 2004, la banque enclenche alors la procédure de recouvrement et met aux enchères une parcelle de 53 hectares du terrain en hypothèque. Mais, au dernier moment, un nouveau protocole de remboursement est négocié. C’est à ce moment-là que Oudghiri et son complice de notaire auraient touché une commission de 20 MDH et auraient récidivé un an plus tard (15 MDH de plus) pour pousser l’homme d’affaires à vendre son terrain. Pour ces actes, l’ancien banquier numéro 1 du royaume a été condamné par contumace à 10 ans de prison pour complicité de corruption.


    LES ZONES D’OMBRE. Plusieurs questions s’imposent quand on entreprend de faire le tri dans cette affaire aux innombrables ramifications. Première interrogation : pourquoi Boufettas a-t-il mis 4 ans avant de décider de tout déballer ? Son argumentaire, selon lequel il manquait “de preuves matérielles”, ne tient pas la route puisque lesdites preuves reposent d’abord sur de simples témoignages. Autre question : pourquoi certains témoins-clés (principaux dirigeants de la banque et les autres membres de la famille Boufettas) n’ont pas été auditionnés ? Nombreux sont les observateurs qui voient cette affaire comme un règlement de compte. C’est un secret de polichinelle : Oudghiri ne s’entendait pas du tout avec ses employeurs, les gestionnaires des affaires royales. Ne serait-il donc in fine coupable que de “sale caractère et d’excès de confiance” ? Lui ne s’est en tout cas jamais exprimé sur cette affaire, ni devant la justice ni devant les médias.
    Un jour peut-être.


    La crise de l’îlot Leila



    LES FAITS. Le 10 juillet 2002, six membres des Forces auxiliaires marocaines débarquent sur l’îlot Leila, situé à 200 mètres des côtes marocaines. La réaction espagnole est immédiate. Le voisin ibérique y voit “une invasion d’un territoire espagnol” et dépêche une véritable armada. En tout, six bateaux de guerre et 24 éléments du groupe des actions spéciales ont été mobilisés pour faire prisonniers les six militaires marocains qui sont livrés dans des conditions humiliantes aux autorités marocaines.

    LA VERSION OFFICIELLE. En débarquant sur l’îlot à la souveraineté contestée, les six membres des Forces auxiliaires comptaient établir, selon les autorités marocaines, un poste de contrôle dans le cadre de la lutte du royaume contre le trafic de drogue et l’immigration clandestine.

    LES ZONES D’OMBRE. En dépêchant ses militaires sur place, le Maroc savait que la réaction de l’Espagne serait vigoureuse. Les deux voisins se sont en effet mis d’accord, au début des années 90, pour maintenir le statu quo sur ce petit rocher, qui ne devait porter aucun “symbole représentatif d’une appartenance nationale”. Qu’est-ce qui a donc poussé le Maroc à rompre cet accord de manière subite et unilatérale ? Pour éviter l’escalade militaire en tout cas, la ministre des Affaires étrangères espagnole de l’époque, Ana Palacio, affirme avoir demandé à parler au roi Mohammed VI. En vain. Le Maroc n’a-t-il pas pris au sérieux cet ultimatum lancé par Madrid ? Par la suite, c’est une médiation américaine, menée par le secrétaire d’Etat à la Défense, Colin Powell en personne, qui a permis de rétablir le statu quo au sujet de “ce stupide bout de rocher”, pour reprendre l’expression de l’ancien responsable américain.

    Source : Osservatore Internazionale per i diritti 

    Tags : Maroc, Mohammed VI, DST, Prison de Témara, îlot Leïla, îlot Persil, Hicham Mandari, Fouad Ali El Himma, Mawazine, TGV, El Bouraq, ONA, SNI, Al Mada, Iran, Polisario, Khalid Oudghiri, 

  • Maroc – La fortune d’un roi riche, l’infortune d’une population pauvre

    Depuis la mort de Hassan II en Juillet 1999, son fils Mohammed VI est devenu en 2020 un des monarques les plus riches du monde, mais cette fortune insolente fait face à une population marocaine qui souffre à cause des profondes inégalités sociales qui prévalent au Maroc, et dont les individus restent soumis à une violente répression politique et policière.
    Mohammed VI, Roi du Maroc
    En effet, avec 8,2 milliards de dollars, le monarque chérifien de 56 ans occupe le 9ème rang du classement établi par le média anglais Love Money en Mars 2020.
    Une richesse qui assure à la famille royale un train de vie indécent aux yeux de la population, comme le démontrent les dépenses de fonctionnement du Palais Royal en 2020, évaluées à plus de 230 Millions d’Euros ce qui représente deux fois plus que celles de l’Elysée qui se sont établies pour la même année à 105,316 Millions de dollars !
    Et quitte à comparer notons que le Produit Intérieur Brut marocain a été évalué en 2019 à 122 Milliard d’€, 22 fois moindre que celui de la France qui dépasse les 2700 Milliards d’€ !
    C’est dire l’incongruité de tels frais, que personne ne peut expliquer et qui pourraient pourtant servir à combler la fracture sociale et la misère dans laquelle survit plus de 10 millions de marocains.
    Beaucoup en effet se demandent à quoi servent la vingtaine de palais, ces milliers d’hectares de terres agricoles pour la plupart confisquées par Hassan II, le Yacht à 90 millions de dollars, la montre d’1,2 millions de dollars ou encore les 5 millions d’euros pour une semaine de vacances que le monarque marocain a passé avec sa famille dans les îles helléniques…
    Un étalement de richesse qui n’est plus défendu aujourd’hui que par les quelques courtisans d’un Roi dont l’avidité pour le luxe n’est plus un secret et n’apporte rien pour la population du Royaume chérifien. Et c’est ainsi que le Maroc enregistre un piètre indice de développement humain, qui classe le pays dans le dernier rapport du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), à la peu reluisante 121ème place sur 189 pays…
    La richesse du Roi du Maroc, qui perçoit tout de même un salaire dépassant les 40.000 Euros mensuels, provient en grande partie des investissements qu’il a entrepris à travers le Holding Al Mada, anciennement Société Nationale d’Investissement (SNI), qui s’est accaparé de plusieurs secteurs porteurs (Banque, Assurance, télécommunications, métallurgie, immobilier, mines, énergies renouvelables, distribution…) aussi bien au Maroc mais également à l’étranger.
    Le Holding Al Mada est chapeauté par deux autres holdings appartenant également à la famille royale: la Siger et la Ergis comme vous pouvez le voir ci-après.
    De même, chacun des frères et sœurs de Mohammed VI dispose de son propre holding d’investissement : Providence holding pour le prince Moulay Rachid, et Unihold, Yano Participation et Star Finance pour, respectivement, les princesses Lalla Meryem, Lalla Asma et Lalla Hasna et qui leur assure plusieurs millions d’Euros de revenus chaque année…
    Cette fulgurante réussite de la famille Royale dans les affaires, le Makhzen la doit à Mou­nir El Majidi.
    Mounir Majidi, né le 19 Janvier 1965 à Rabat, a présidé dans l’ombre pendant dix ans l’association qui gère le fameux festival Mawazine de Rabat, avant d’en transmettre la gestion à Abdeslam Ahizoune, un autre adulateur du palais, l’ex ministre des Postes et des Télécommunications, des Télécommunications, et actuel président de Maroc Telecom…
    Mounir Majidi, cité dans le scandale des Panama Papers, est l’homme de confiance de Mohamed VI. Il est son Secrétaire Particulier depuis 2000 et depuis 2020 Président de la Siger, le principal actionnaire de la holding royale de contrôle et la Société Nationale d’Investissement (SNI), qui avait absorbé l’Omnium Nord Africaine (ONA), devenue en 2018 le holding royal Al Mada .
    C’est Majidi qui a fait d’Al Mada la plus grande holding privée du Maroc et le fer de lance des réformes économiques du Pays.
    Hassan Ouriaghli, un ami de Mounir Majidi a été désigné en 2014 Directeur de Al Mada, celui-ci avait été Président du Directoire de l’Entreprise Optorg, filiale d’El Mada à Paris, et dont l’objet social est la distribution spécialisée incluant l’équipement industriel et la distribution automobile en Afrique. Le roi est également concessionnaire automobile…
    Enfin, notons que c’est Majidi qui est le principal artisan de la politique d’investissement dans les pays du Sahel et à l’échelle du continent africain. C’est lui qui a poussé d’Attijariwafa Bank, pour devenir le premier réseau bancaire en Afrique, avec 4 930 agences et plus d’un milliard de dollars investis sur le continent depuis 2010. Et elle est majoritairement détenue par le fonds Royal Al Mada…
    C’est par elle que le Roi du Maroc a promis ”d’aider” les africains à se développer et a exigé en novembre 2019, de Mohamed El Kettani, PDG de la banque Attijariwafabank de signer un mémorandum d’entente avec le fonds africain African Guarantee Fund dans le but d’encourager le financement des PME africaines… Des investissements qui tardent à se concrétiser avec la crise financière nous dit-on !
    Mais la réussite dans les affaires de la famille royale et d’une caste réduite de nantis proches du Makhzen, n’a pu étouffer les scandales et autres facettes peu reluisantes du trône, que Rabat a toujours essayé d’étouffer. En vain…
    En effet, le site d’investigation marocain Ledesk avait enquêté et publié plusieurs articles sur des sociétés off-shore impliquant le roi Mohammed VI, telle la SMCD Ltd, enregistrée aux îles Vierges et gérée par Mounir Majidi et dont l’ayant droit économique est le roi Mohammed VI. Cette société a été citée comme actionnaire d’une autre société, Alliances Développement Immobilier (ADI), cotée à la Bourse de Casablanca…
    Cela démontre que l’argent du royaume est transféré à l’étranger pour échapper au fisc, déposé dans des paradis fiscaux, puis à nouveau blanchi au Maroc par celui qu’on avait désigné un temps le Roi des pauvres… Mais ce qualificatif n’a pas tenu longtemps.
    En 2015, de nouvelles révélations faisant part de comptes bancaires ouverts le 11 octobre 2006 à la HSBC Private Bank en suisse, codétenus avec son secrétaire particulier, Mounir El-Majidi avaient choqué l’opinion publique au Maroc. Il faut dire qu’il y a de quoi, entre le dernier trimestre 2006 et le 31 mars 2007, le solde maximal de ce compte s’établissait à 7,9 millions d’euros, alors qu’en même temps les Marocains résidant au Maroc, étaient interdits de détenir un compte bancaire à l’étranger…
    Et ces révélations font très mal à la famille Royale tant elles informent l’opinion publique marocaine du décalage entre le faste de la dynastie Alaouite et de ses protégés, contrastant avec les conditions sociales et économiques d’un peuple dont le quotidien ne cesse de dégrader comme l’a précisé le dernier rapport de la Banque Mondiale
    Pour faire face au déferlement d’informations sur l’affairisme inquiétant de la famille royale par une presse libre et indépendante, le Makhzen a, comme à son d’habitude, recours aux seules méthodes qu’il connait et qu’il affectionne particulièrement pour faire taire toute contestation démocratique : le harcèlement judiciaire, la désinformation, la manipulation et le chantage. Un véritable programme !
    En 2012, le journal le Monde avait publié une affaire de corruption concernant équipementier aéronautique américain Baysis impliquant Majidi. Ahmed Benchemsi, chercheur à l’université Stanford (Etats-Unis) et ex-directeur du magazine marocain “TelQuel” était l’auteur de cet excellent article. Il y affirmait que ”M. Majidi, également le premier annonceur publicitaire du pays, a démontré sa capacité à boycotter des journaux jusqu’à les acculer à la faillite.’’
    En effet, est à la tête d’une belle affaire d’affichage public et qui jouit de toutes les facilités dans plusieurs municipalités marocaines…
    Les propos de Benchemsi sont confirmés par le chercheur et professeure en relations internationales Jesùs Garcia Luengos et Laurence Thieux, dans leur rapport sur les Médias en ligne au Maroc :
    ”La presse en ligne a gardé une partie des défauts de la presse écrite dans la mesure où une partie d’entre elle s’aligne sur les partis politiques et alimente la polarisation de la scène politique entre le PJD et le PAM. Ces deux partis ont beaucoup investi dans les nouvelles technologies de l’information (NTI) pour élargir leurs bases d’influence. Ces deux partis politiques ont leur propre réseau médiatique qu’ils contrôlent directement ou indirectement. Selon certains experts, le Parti Authenticité et Modernité (PAM) créé par Fouad Ali Himma, conseiller du Roi et ami d’enfance, a influencé plusieurs médias de façon décisive avec des apports économiques conséquents et dont ils sont devenus dépendants pour assurer leur viabilité financière.’’
    Pour info, Fouad Ali El Himma est le camarade de classe du Roi Mohammed VI, et également camarade d’enfance de Mounir Majidi qui le cotôyait lorsque Majidi avait été ”adopté” par la princesse Lalla Nezha, sœur de Hassan II, pour tenir compagnie à son fils Naoufel Osmani.
    Le gouvernement marocain totalement soumis au Makhzen, à en perdre toute crédibilité populaire, use de tout son pouvoir et de utilise tous les subterfuges pour tenter de protéger le Trône et faire oublier le train de vie fastueux du Roi et de sa cour dans l’esprit d’une tradition ancestrale et archaïque, alors que des millions de citoyens marocains vivent, eux, sous le seuil de pauvreté.
    C’est cette situation qu’avait dénoncé le Hirak marocain, symbolisé en la personne de Nasser Zefzafi, ce natif d’El Hoceima dans le Rif, torturé et jeté en prison pour 20 ans, alors qu’il ne réclamait que l’amélioration de la situation socio-économique de ses concitoyens.
    Pour contrer les incessantes revendications d’un peuple meurtri dont ne se fait écho qu’une presse étrangère, le pouvoir marocain a recours à une presse locale aux ordres, flatteuse et obséquieuse telle un baise-main royal, souvent fabriquée par la police politique zélée du Royaume chérifien.
    En exemple les chaines de TV Medi 1 ou 2M, ainsi que le portail en langues arabe et française le360.ma. Ce média appartient à la société Edit Holding, une société détenue par Mme Aïcha Bouayad-Amor, ex-directrice de la communication de la banque Société Générale au Maroc, et au Galeriste et critique d’art, Aziz Daki, notoirement très proche de Mounir Majidi qui l’a recruté comme directeur artistique et porte-parole du Festival Mawazine, alors qu’il avait entamé sa carrière professionnelle comme simple journaliste au quotidien Aujourd’hui le Maroc, au sein duquel il a travaillé pendant quatre ans. Un journaliste qui n’a jamais fait autre chose que maquiller la vérité à ses concitoyens…
    C’et ainsi que fonctionne le Maroc, un pays de castes et d’intouchables que dédommage une famille royale en fonction des mensonges qu’ils véhiculent, sur la sahara occidental, sur le puissant voisin algérien ou même sur les démocrates qui aspirent à de meilleurs jours…
    Ce système de prédation fait de pressions, d’intrigues courtisanes et de corruption n’est au final avantageux que pour la seule couronne. Il ne tient debout que par sa capacité à réprimer les populations et éviter une révolte contre un royaume entièrement tourné vers le seul développement de la fortune royale au détriment de tout un peuple…
    Quel Dommage !
    Bachir Outaghani
    Algérie Part, 25 avr 2020
    Tags : Maroc, Mohammed VI, fortune, luxe, Fouad Ali El Himma, Mounir El Majidi, Al Mada, SNI,
  • Maroc : Les américains n’aiment pas le couscous ni le thé à la menthe

    Les américains mettent de la menthe au tabou

    Si Mohamed VI et son Majzén pensaient que, contrairement à certains journalistes espagnols et français, l’ambassade des États-Unis à Rabat et son consulat à Casablanca avaient envoyé à Washington des reportages sur la beauté naturelle et historique du royaume, la variété des couleurs et les odeurs de ses marchés, les délices du couscous et du thé à la menthe, l’humour et l’hospitalité de ses habitants, le luxe et le confort de ses grands hôtels, son engagement sans faille à la combinaison de la tradition et de la modernité, si c’est ce qu’ils pensaient, ils auront connu une déception monumentale en lisant les textes datés de 2008 et 2009 obtenus par Wikileaks et publiés par EL PAÍS et quatre autres journaux internationaux.

    Il s’avère que l’ambassade et le consulat d’un pays aussi ami, d’un protecteur aussi indispensable, d’un pouvoir si amoureux de l’ordre, d’un promoteur aussi vigoureux des affaires, ont été envoyés à la ville de Potomac, faisant état de corruption, de bureaucratie et d’inefficacité. Tout comme ces fichus journalistes. En fait, ces deux câbles ressemblaient à des chroniques journalistiques qui essayaient même d’imiter leur style et comprenaient des titres tels que Tous les hommes du roi (All the King’s Men) et Un conte de proportions royales (A tale of royal proportions).

    Car oui, et c’est cela qui fait mal, les diplomates américains au Maroc ont parlé dans leurs câbles du tabou: le roi en personne. Ils ont osé dire, et avec des exemples concrets, que le monarque et son peuple avaient une « honteuse gourmandise » – oui, tels étaient ses mots – lorsqu’il s’agissait de prendre des commissions pour des projets immobiliers dans le royaume. Non, les diplomates yankees ne se sont pas livrés à des discours ds guides et des vendeurs de tapis des souks. Ils ne se sont pas bornés à racompter des choses aussi connues que le trafic de haschisch double même les revenus du tourisme. Même pas pour signaler le méfait de cet officier de la police qui était dédié à importer des motos BMW alors qu’il savait que ce sont ceux-là qui allaient équiper les forces de sécurité. Sans oublier que pour obtenir des permis de construire à Casablanca, il fallait donner un bon coup de pouce aux fonctionnaires plus ou moins haut. Les diplomates américains, ces gens qui avaient été invités tant de fois au couscous et au mechui, ont pointé leur doigt sur le roi et ses grands amis, Fouad Ali l’Himma et Mounir Majidi.

    En faisant preuve d’irrespect pour le plus sacré, l’Ambassadeur Riley a envoyé en août 2008 une dépêche à Washington décrivant l’état des Forces armées royales comme étant en voie de modernisation, bien sûr, mais accablé de corruption, oui encore l’inefficacité bureaucratique, le faible niveau d’éducation et le risque élevé de radicalisme.

    Les diplomates américains sont-ils devenus communistes? C’en a tout l’air, Majesté. Parce que, sinon, comment expliquer qu’en mai 2008, le consulat de Casablanca ait envoyé à Washington un câble dans lequel, après avoir reconnu le réveil urbain et économique de cette métropole, ajoutait l’observation selon laquelle il serait nécessaire que la prospérité soit  » partagés plus largement « au profit de « tous les segments de la société ».

    Le Palais royal, le gouvernement et la presse accro à ces révélations réagiront-ils avec la même sensibilité que les articles publiés dans certains journaux à Madrid et à Paris? Ou, déjà mis aux résolutions du Congrès espagnol. Affaire à suivre.

    Tags : Maroc, Mohammed VI, Makhzen, palais, royal, wikileaks, Fouad Ali El Himma, Mounir El Majidi,