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  • La tournée africaine du président français : dépasser le verbe !

    Tags : France, Afrique, Françafrique, Emmanuel Macron, Russie, Chine,

    Archange Bissue Bi-Nze
    Institut des sciences politiques Louvain-Europe

    Le 27 février dernier, lors de son discours sur la politique africaine, le président français affirma que « la France devient le bouc émissaire idéal », responsable des situations de troubles et des problèmes de gouvernance interne dans ses anciennes colonies. Il s’engagea à ne pas laisser une telle perception évoluer. De même, Emmanuel Macron soulignait qu’il ne souhaite pas participer à un défi de puissance en Afrique, « une compétition […] anachronique » selon lui. Or, en examinant sa récente tournée africaine, le masque tombe. L’établissement d’une « nouvelle relation équilibrée, réciproque et responsable » n’est qu’une vue de l’esprit, qui enveloppe la volonté de dynamiser les relations franco-africaines. C’est dans cette perspective qu’il faut inscrire cette deuxième tournée africaine (depuis sa réélection), effectuée du 1er au 5 mars au Gabon, en Angola, au Congo-Brazzaville et au Congo-Kinshasa. Quels enseignements en tirer ?

    Nier la fragilisation des relations franco-africaines 

    Dans La France en Afrique. Le combat des Anciens et des Modernes, Yves Gounin avançait que « le complexe franco-africain est aujourd’hui en crise […] il se fissure à partir de 1994 ». En effet, le génocide rwandais entacha la crédibilité de la coopération franco-africaine. Les changements intervenus en France en 1997, n’ont pas considérablement impacté le comportement à géométrie variable, des implications françaises dans la politique intérieure des pays africains. Pendant les dix-sept premières années de ce siècle, nous avons observé une dégradation continue des relations entre la France et ses ex colonies. L’Élysée n’a pas considéré les sonnettes d’alarme venant d’Afrique. Les présidents qui se succédèrent agirent sans prendre en compte les signes d’essoufflements de cette coopération.

    Devenu président en 2017, Emmanuel Macron trouve les rapports franco-africains dans un état de fragilité abyssale. Par où commencer ? Difficile de le dire, le constat est alarmant. Il faut saisir et/ou créer des opportunités politiques. Le ‘‘One Forest Summit’’ à Libreville en est une. Lors de son séjour au Gabon, le président français dira : « Nous venons à Libreville pour une initiative internationale, pour la biodiversité ». La visite s’est-elle limitée à cet aspect, sachant que le Gabon est l’un des « bons élèves » de la France dans son pré carré en Afrique centrale au même titre que la République du Congo ?

    Il n’est pas prétentieux d’y voir une manœuvre de séduction politique, accompagnée de garanties du soutien français pour le régime gabonais et celui du Congo-Brazzaville, comme elle le fait au Tchad et en Côte d’Ivoire. Si la politique est devenue un spectacle dit Christian Delporte (Une histoire de la séduction politique), la séduction politique a pour but de créer un lien de « domination redoutable » à l’endroit de la personne (physique et/ou morale) séduite. Elle permet de renforcer la relation existante au bénéfice du séducteur, ici la France. Cependant, le président Macron est conscient des critiques des Africains contre son pays.

    Macron devant la notoriété perdue de la France en Afrique

    Macron a connaissance du sentiment anti-français en Afrique. Ce sentiment s’est construit au fil du temps, dû aux décisions controversées d’interventions françaises, du soutien officiel et/ou officieux de Paris dans les situations de déstabilisation internes de certains États africains, etc. De l’Afrique de l’Ouest en Afrique centrale, l’ex puissance coloniale est désavouée. La France devient un acteur dont la présence est indésirable et l’action perçue négativement. Si le Burkina Faso, le Mali, la RCA sont régulièrement cités, ils ne sont pas les seuls pays où les autorités et l’opinion publique rechignent la France.

    Lors de la visite d’Emmanuel Macron en République Démocratique du Congo (RDC), le président Félix Tshiseke questionna son homologue français en ces termes : « pourquoi l’ancien Ministre des Affaires étrangères français, Jacques Yves le Drian, avait pu dire que mon élection fut un compromis pour l’Afrique ? » ; « pourquoi la France ne condamne pas l’agression du Rwanda ? ». Par ces interrogations, le président congolais pointait du doigt à la France. Ce qui entraîna une accusation réciproque, dans la mesure où Macron avança que la RDC ne doit pas « chercher des coupables à l’extérieur », si elle n’a « jamais été capable de restaurer souveraineté » depuis 1994.

    On constate dans les propos de ces présidents, que l’élégance du langage diplomatique empruntant le plus souvent, l’euphémisme et la litote, disparaît peu à peu des échanges officiels. La rhétorique diplomatique se transforme en langue de bois. Dans ce langage, les acteurs choisissent les mots avec une intentionnalité précise (vexer, terrifier, etc.). Si le président français considère l’Angola comme un « partenaire stratégique », le Gabon comme un État « en situation de leadership » environnemental, le Congo-Brazzaville comme un partenaire sûr, le durcissement du langage en RDC met en exergue une perte de notoriété française en Afrique.

    À titre d’illustration, Emmanuel Macron croyant que son pays a des relations amicales avec le Maroc, Jeune Afrique dans sa publication du 1er mars, laissait entendre que « les relations ne sont ni amicales ni bonnes, pas plus entre les deux gouvernements qu’entre le Palais royal et l’Élysée ». L’image avantageuse de la France dans ses rapports avec les pays africains s’est effritée, il est temps de la retrouver et de mobiliser l’ensemble des forces pour y parvenir.

    Le défi macronien face à la présence russe

    La période 2010-2021 fut considérée comme « le temps de la reconquête » par Thomas Borrel et al. dans L’empire qui ne veut pas mourir. Une histoire de la Françafrique. Si l’on évoque la reconquête, c’est qu’il eut soit une stagnation des relations franco-africaines, soit une perte d’influence française en Afrique. Dans la présentation de sa politique africaine, Macron fait ressortir insidieusement, le défi que représente la Russie qui voudrait pousser la France dans une compétition de puissance. Elle y est arrivée, les faits le montrent. D’où une volonté de reconquête française qui résulte de la notoriété russe montante en Afrique. Le relatif désengagement français n’a pas été une perspective bénéfique pour la France. Aujourd’hui, elle en paie les frais.

    C’est pourquoi, pour dynamiser son engagement et sa présence en Afrique, la France estime que tous les pays africains et tous les secteurs d’activités sont essentiels. En Angola, outre le partenariat économique, Macron permit à la société française Airbus de signer un contrat, afin d’aider ce pays à se doter de son premier satellite. En outre, il souhaite que la France et le Congo-Brazzaville s’engagent sur les questions « mémorielles, historiques et culturelles ». Mesurant l’influence de l’univers musical en RDC, Macron et Fally Ipupa ont partagé un verre dans un bistrot de Kinshasa. La reconquête passe aussi par la séduction des cœurs par personne interposée, mieux en se servant des Africains ayant une influence sur les populations, le cas des artistes.

    Somme toute, la tournée africaine du président français a semblé inopportune et fut mal reçue dans l’opinion publique des quatre pays visités. Il est trop tôt pour croire à un partenariat nouveau France-Afrique. La position de l’Élysée est attendue face aux changements constitutionnels, qui auraient lieu cette année dans certains États africains. Seuls les faits comptent et non les discours.

    Cette chronique est réalisée en partenariat rédactionnel avec la revue Recherches internationales à laquelle collaborent de nombreux universitaires ou chercheurs et qui a pour champ d’analyse les grandes questions qui bouleversent le monde aujourd’hui, les enjeux de la mondialisation, les luttes de solidarité qui se nouent et apparaissent de plus en plus indissociables de ce qui se passe dans chaque pays.

    Site : Recherches internationales Mail : recherinter@paul-langevin.fr
    Abonnements 4 numéros par an : 55 Euros, Étranger 75 Euros
    6, av. Mathurin Moreau; 75167 Paris Cedex 19

    #France #Afrique #Macron #Gabon #Congo #Angola #Russie #Chine

  • Macron en Afrique: Tintineries et barbouzes

    Tags : Afrique, France, Emmanuel Macron, Gabon, Congo, Angola, Françafrique,

    Par Amar DJERRAD

    Dans le sillage des bourdes récurrentes de la politique française en Afrique et tout récemment de cette funeste action de barbouzerie relative à l’exfiltration d’une algéro-française dans laquelle sont impliqués deux ambassadeurs et un colonel des ‘‘services’’ français mettant l’Algérie et la Tunisie dans une situation de conflit avec le gouvernement français, le Président français E. Macron – à la veille d’une tournée diplomatique en Afrique qualifiée de cruciale – a cru bon, mais sur le tard, s’expliquer d’une façon pour le moins ambiguë.

    Explication et banalisation de l’acte d’exfiltration

    Selon lui, « Il y a une polémique sur le retour en France d’une franco-algérienne depuis la Tunisie avec beaucoup de choses qui ont été racontées et un discours qui s’est construit. Je pense qu’il y a beaucoup de gens qui ont intérêt à ce que ce qu’on fait depuis des années avec l’Algérie ne réussisse pas … je vais continuer. Ce n’est pas le premier coup de grisou. J’en ai déjà eu » (victime de sa doxa ?). En se gardant d’identifier clairement ceux qui sapent le travail, il dit compter « sur l’amitié et l’engagement du président Abdelmadjid Tebboune pour aller de l’avant ».

    « Polémique » « racontées » « s’est construit » « coup de grisou » ne sont pas les termes adéquats pour qualifier une exfiltration par des méthodes de barbouzes ! Il s’agit d’une grave action que condamne le droit international qu’un pays dit des « droits de l’homme » ne doit jamais laisser passer par seulement des commentaires équivoques, car il est question d’une atteinte à l’intégrité et à la souveraineté de deux pays voisins avec lesquels la France est liée par des relations dans plusieurs domaines.

    M. Macron semble banaliser l’acte abject d’exfiltration ! À notre sens, cela s’apparente à un enfumage pour surpasser le sentiment de honte surtout que sa tournée en Afrique a pour objectif de convaincre de sa « nouvelle relation » avec le continent après avoir exposé, depuis Paris, sa « stratégie africaine pour les quatre ans à venir ». Avec plus de 80 ans de néocolonialisme, de pillage, d’ingérence et de coups d’État, il lui sera difficile de regagner une quelconque confiance suite à cette salauderie qui ne peut être exécutée sans l’approbation des hautes autorités de l’État français ! Que peut donc bien faire le président algérien face à un acte agressif que l’opinion algérienne (et tunisienne) n’admettra jamais. Deux pays respectueux qui n’ont jamais provoqué la France.

    Le moindre reflexe positif, devant ce genre de bévue, aurait été, au moins, de prendre des sanctions et d’instruire les médias publics (en particulier visuels) à dire la vérité au lieu de les instrumentaliser pour encore fustiger ces deux pays victimes en faisant défiler sur les plateaux de leur TV des « opposants aux régimes » espérant faire admettre la validité et la licéité de leurs agissements condamnables par le droit et la morale !

    Deux pantins ‘requis’ à charge contre deux pays

    C’est ainsi que l’on a vu, Mme Bouraoui ressortissante algérienne, gynécologue travestie en politicarde d’occasion – l’exfiltrée depuis la Tunisie alors que sa présence physique sur le territoire national est prescrite par la justice algérienne – devenir l’invitée privilégiée, pour déverser ses insanités sur l’Algérie, ses gouvernants et ses institutions après avoir été présentée comme opposante au « régime », activiste lors du hirak avec son organisation « barakat » (ça suffit) prônant le « regime change » dans le cadre de la stratégie ‘‘printaniste’’ !

    Mme Bouraoui n’a fait en fait que confirmer sa soumission au service des intérêts français ; qu’elle est leur produit « grillé », elle, la ‘patriote’ qui ne cessait de vociférer avec ses ouailles de « barakat », lors des multiples pseudos hirak, des slogans révolutionnaires pour le bien du peuple et surtout pour imposer « phase de transition » inconstitutionnelle suggérée depuis l’étranger ! Citoyenne Algérienne bien publicisée par la presse mainstream française lorsqu’elle faisait de la subversion lors du hirak, elle devient subitement citoyenne française après son exfiltration !

    L’autre invité choisi, pour cette occasion, est Moncef Marzouki l’ex chef d’État de Tunisie désigné, un ami des ‘‘frères musulmans’’, surnommé le « tartour » (pantin) par les Tunisiens. Son intervention était de charger le président élu Kaïs Saïed le qualifiant de « putschiste », d’être responsable d’un « ensemble de catastrophes politiques, économiques, et diplomatiques », de couper la Tunisie de « son milieu africain », d’avoir créé un « division entre Tunis et Rabat », d’avoir ramené la Tunisie « trente ans en arrière ». On retient entre autres de ses livres, « On gagne…ou on gagne. Pour un printemps arabe ».

    Son hostilité à l’Algérie est bien visible par ses positions pro makhzen sur la fermeture des frontières et le blocage par l’Algérie de « l’Union Maghrébine ».


    Dans son article intitulé « Sale temps pour le Tartour de Tunis », le professeur Bensaada met à nu ses errances politiques sulfureuses. Dans sa conclusion, il le qualifie de « Droitdelhommiste dévoyé, politicard raté, va-t-en-guerre invétéré, ‘‘islamawiste’’ haineux, ce Don Quichotte en burnous a fini par se battre contre les moulins de son propre pays. Va-t-il finalement en tirer des leçons et s’évaporer dans la nature pour ne plus continuer à polluer tout ce qu’il touche ? »

    Rappelons qu’à la parution du livre du professeur Bensaada « Qui sont ces ténors autoproclamés du Hirak algérien ? », les premiers à avoir réagi de manière violente et sordide est l’organisation islamiste ‘‘Rachad’’ qui produit précipitamment un livre collectif, en réponse, préfacé par… Moncef Marzouki.

    Au-delà de ces deux ‘‘invités’’ : une France inhibée !

    Au-delà des deux ‘‘invités’’, cette action française viole délibérément les règles et usages des relations internationales au détriment d’États souverains. Les planificateurs de cet acte n’ont cure des conséquences prévisibles sur les relations avec l’Algérie, la Tunisie, au même moment où le Président Macron s’évertue à convaincre des pays africains à rester dans l’espace, économique, politique et culturel français en vertu de sa « « nouvelle relation » avec l’Afrique qui est annoncée plus équilibrée et respectueuse des États. Cette grave méprise constitue la preuve éclatante de sa non crédibilité, malgré tous les narratifs et rhétoriques qu’il pourrait leur débiter !

    La France officielle, embastillée dans son arrogance et sa mentalité néocoloniale ne pourra être digne de confiance en restant figée dans les mêmes travers et systèmes de pensées malsains qui ont prévalu durant la colonisation puis le néocolonialisme qui persistent encore sous des formes et concepts plus sournois.

    A voir le tête-à-tête entre les Présidents F. Tshisekedi et E. Macron face à la presse, on s’aperçoit que le fossé est encore assez large pour espérer des relations de confiances et équilibrées (écouter à partir de 2.24.50, jusqu’à 2.46.00).

    La France gagnerait bien plus en confiance et en crédibilité si ses dirigeants défendaient les intérêts de la France au lieu de ceux des USA au détriment des siens !

    Quand les africains voient cette France devenir depuis quelques années une dépendance américaine, voire un faire-valoir, il n’est pas étonnant qu’ils répondent au moins par l’inconsidération.

    Un twitternaute a jugé qu’avec les propos « la France n’a plus de pré carré en Afrique », il aurait pu rajouter « puisque nous sommes dans le pré carré américain ».

    Spéculer sur le fait que de simples annonces flatteuses telles « l’ère de la Françafrique est révolue », « la France interlocuteur neutre » sur le continent, « adoption d’une posture de modestie et d’écoute », « cogestion des bases militaires » suffisent à inverser le sentiment de haine et de rejet des africains à l’égard des anciens colonisateurs puis néo-colonisateurs, c’est soit se bercer d’illusions soit prendre encore les africains pour des idiots ! Les Africains fondent dorénavant leurs opinions sur la réalité. Ils savent mieux que quiconque ce qu’ont été les anciennes puissances coloniales, leur néocolonialisme actuel, leurs ingérences et manigances. Ils savent choisir leurs partenaires et distinguer le bon grain de l’ivraie ! Ce n’est pas le discours thuriféraire de Macron qui fera de la Russie et la Chine des diables et de la France un ange ! Le fait même de se déplacer en Afrique pour leur réitérer, avec culot, des boniments éculés en croyant toujours les convaincre est déjà une attitude arrogante.

    Les réactions hostiles à cette visite viennent essentiellement de France ! « L’arrogance de Macron est la meilleure chose qui soit arrivée à l’Afrique francophone, depuis les indépendances », a lancé un twitternaute.

    « Qui le croit ? » se demande François Asselineau. « Avec arrogance et n’écoutant personne, Macron annonce que sa « stratégie pour l’Afrique » consiste à « adopter une posture plus claire… de modestie et d’écoute ». C’est aussi crédible que Palmade fustigeant les chauffards et s’indignant des ravages de la drogue ».

    Pour Florian Philippot « La tournée de Macron en Afrique est jugée par Florian Philippot de calamiteuse… des choix curieux… et une stratégie étrange…il multiple les gaffes… il est rabroué et humilié en permanence … (surtout en RDC) ». Selon lui « Macron est bien là pour détruire la France et ses intérêts ! Arrêtons-le d’urgence ! ». Il s’adresse aux africains « ne réduisez la France à Macron ».

    D’autres ont vu dans les propos de Macron autre chose : « Macron veut dire, nous avons besoin des pays africains et des DOM-TOM pour continuer à leur prendre leurs richesses naturelles comme le gaz, pétrole, et les minerais précieux… »

    Selon un média africain, les jeunes (Africains), contestent carrément la présence de la France dans leur pays ! « Pour la jeunesse africaine consciente, il ne s’agit ni de réduire les effectifs militaires français ni de cogérer les bases militaires, mais de les fermer purement et simplement et d’envoyer les soldats français en Ukraine dont la population a plus de ressemblance que les Noirs avec celle de France, de demander pardon et de verser des réparations aux descendants d’esclaves d’Afrique pour l’esclavage (4 siècles), la colonisation et le néocolonialisme subis par les Noirs. » (Jean-Claude Djereke, in Cameroon Voice)

    @cinkanse57

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    Une gabonaise face aux présidents Français et Gabonais leur fait cette proposition :« les chefs d’états et de gouvernements c’est à vous et à nous de protéger notre foret ; on ne va pas attendre les occidentaux pour venir le faire »

    Lavrov n’a pas manqué aussi de donner son avis en déclarant « La voix solidaire de l’Afrique dans les affaires mondiales sonne de plus en plus juste, et nous nous félicitons du processus d’émancipation globale des pays du continent. Cela est observable dans le rétrécissement de la sphère d’influence néocoloniale de la France en Afrique centrale et occidentale, ce qui provoque une réaction plutôt nerveuse à Paris ».

    Conclusion


    Il est clair que la France a perdu considérablement de son influence en Afrique devant la concurrence russe et chinoise et aussi turque. La tournée de Macron est d’essayer de rétablir cette influence perdue, mais que l’arrogance et les tartuferies françaises empêchent de percevoir. La France est bien dans le cas des « Caractères » que décrit La Bruyère « A quelques-uns l’arrogance tient lieu de grandeur; l’inhumanité de fermeté; et la fourberie, d’esprit. ».

    Les bonimenteurs manipulent par des discours élogieux pour mieux abrutir et mobiliser. De belles formules et d’habiles manipulations – usant parfois de ce que l’on appelle la psychologie inversée – destinées à cacher les véritables objectifs en particulier celui de la subordination des États !

    Pour ce faire, ils usent de tous les moyens de propagande que mènent des organisations manipulatrices dites « non-gouvernementales » en y mettant les moyens financiers nécessaires pour corrompre. Selon Wikipédia, l’ancien directeur de la CIA, William Colby, déclarait en 1982, dans le Washington Post, à propos du programme de la NED : « Il n’est pas nécessaire de faire appel à des méthodes clandestines. Nombre des programmes qui […] étaient menés en sous-main, peuvent désormais l’être au grand jour, et par voie de conséquence, sans controverse ». En 1991, un des fondateurs de la NED, Allen Weinstein, expliquait au Washington Post que « bien des choses qu’ils [à la NED] faisaient maintenant étaient faites clandestinement par la CIA 25 ans auparavant ».

    Ces ONG bénéficient de financements américains, votés par le Congrès, par le biais de la NED (National Endowment for Democracy), l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) l’International Republican Institute (IRI), le National Democratic Institute for International Affairs (NDI), et la Freedom House (FH). D’autres sont financés par des capitaux privés comme l’Open Society Institute (OSI), fondation de George Soros, et également de multinationales américaines, telles que Chevron, Coca-Cola, Goldman Sachs, Google, Microsoft, etc., ainsi que d’institutions publiques comme la Chambre de commerce des États-Unis. Tous ces organismes sont impliqués dans les « révolutions colorées » que décrit le Dr Ahmed Bensaada dans son « Arabesque$: Enquête sur le rôle des USA dans les révoltes arabes ».

    Bien que la France en soit elle-même victime des pressions américaines par le biais de ces « ONG », elle trouve le culot d’user, médiocrement, des mêmes méthodes pour imposer sa politique nuisible en Afrique. Cependant, ses réseaux pour « exporter » sa « démocratie », ses « droits de l’homme » et ses « libertés » ne sont pas assez élaborés que ceux des USA, eux-mêmes non-consistant et en perte de vitesse.

    – La France officielle doit, à notre sens, se débarrasser de ses psychoses qui l’empêchent de discerner le réel de l’irréel, la réflexion de l’émotionnel ; se dégager de sa vision chauvine et manichéenne dans sa politique extérieure globale et africaine en particulier ; sortir de ses rêveries et de son complexe de supériorité paralysant ; rompre avec ses mensonges, manipulations et propagande que sa presse aux ordres perroquetant leurs maitres ; revenir à l’ordre international basé sur le droit international onusien et non un ordre basé sur les « règles » qu’édictent les États-Unis. Il faut aussi qu’elle soit sincère, rationnelle dans ses actions tout en s’abstenant de s’ingérer dans les affaires, d’autres États, qui ne la regardent pas ; apprendre à vivre dans les limites de ses propres moyens et non au-dessus en accaparant indûment les richesses de certains pays.

    – Les Africains ne sont plus ceux que la doxa occidentale assimile encore à leurs parents, grands-parents. Sa jeunesse est plus instruite, consciente, opiniâtre et résistante. Cette jeunesse doit se prendre en main en contribuant au développement de leur pays, de leur Afrique, au lieu de s’aventurer dangereusement à s’exiler clandestinement vers une Europe qui n’est pas celle qu’elle croit. Elle ne doit surtout pas se laisser berner par ceux qui ont vendu leur âme au diable en optant pour la félonie afin d’espérer obtenir des avantages au goût malsain et qui au final demeureront indignes et infâmes, même pour leurs maîtres/employeurs ! Certains dirigeants africains doivent, de leur côté, redoubler d’efforts et de courage pour protéger mordicus les intérêts de leur pays. L’aisance et la sécurité, même à minima, se trouve chez soi. Comme on dit en Algérie (ou Maghreb) « orge de mon pays vaut mieux que blé étranger ». L’Europe ce n’est pas le « paradis », c’est la mer à boire pour les africains !

    A. D.

    #France #Afrique #Macron #Françafrique

  • Comment la France continue de dominer ses anciennes colonies en Afrique

    Tags : France, Afrique, Françafrique, Franc CFA, colonisation, esclavage, pacte colonial,

    UNE ENTREVUE AVEC NDONGO SAMBA SYLLA FANNY PIGEAUD

    Dans les anciennes colonies africaines de la France, les politiques monétaires impérialistes de Paris continuent de paralyser les économies nationales et de saper la démocratie. Le colonialisme en Afrique n’aura pas véritablement pris fin tant que la véritable souveraineté économique ne sera pas autorisée à s’épanouir.

    par Ndongo Samba Sylla – Le Meilleur de Ndongo Samba Sylla
    26 avril 2021

    L’économie de l’Afrique subsaharienne a défrayé la chronique la première semaine de mars. Alors que Ngozi Okonjo-Iweala a pris ses fonctions de première femme africaine directrice générale de l’Organisation mondiale du commerce, des manifestations massives de jeunes ont éclaté au Sénégal contre la détérioration des conditions économiques. La traduction anglaise de Africa’s Last Colonial Currency: The CFA Franc Story de Ndongo Samba Sylla et Fanny Pigeaud a été lancée pour aider tout le monde à comprendre la situation .

    Le livre décrit l’ingérence continue de l’État français en Afrique – une classe de maître dans la méchanceté capitaliste, le blâme des victimes et la polyvalence. Après l’abolition de l’esclavage, d’énormes « réparations » ont été versées aux anciens propriétaires d’esclaves français. Ceux-ci ont été utilisés en partie pour établir des banques coloniales en Afrique, rejointes plus tard par d’autres, qui s’efforceraient d’assurer la pérennité de la domination française après l’esclavage en maintenant « le pacte colonial ». Ce pacte impliquait le sous-développement délibéré des économies des colonies, leur dépendance forcée aux exportations de matières premières et un monopole français sur le transport maritime, les exportations et les importations. Le franc CFA était la monnaie conçue par la France pour assurer que le contrôle français survive à la disparition officielle du colonialisme.

    Pour en savoir plus, Chris Dite de Jacobin s’est assis avec Ndongo Samba Sylla et Fanny Pigeaud pour discuter de leur livre ainsi que des événements récents sur le continent.


    CD | Un récent ministre français des Finances a décrit la France comme étant en Afrique « en tant qu’amie ». En lisant votre livre, je n’ai pas pu m’empêcher de penser que c’est comme décrire la famille Corleone de la série Parrain comme une amie des entreprises sous sa « protection ». Pourriez-vous aider les lecteurs à comprendre comment la relation entre la France et ses anciennes colonies est basée sur les menaces, la violence et l’extorsion ?

    NSS | Les Français savaient que l’indépendance de l’Afrique était inévitable. En 1958, la France organisa un référendum demandant si les pays d’Afrique subsaharienne sous sa domination voulaient devenir indépendants aux conditions françaises. La Guinée – dirigée par l’un des rares dirigeants africains qui était un syndicaliste et non un fidèle allié français formé en France – a voté non à cette indépendance sans indépendance et s’est séparée de la France deux ans avant les autres.

    Pour les autres, c’était l’indépendance sans pleine souveraineté, l’indépendance à condition de signer des « accords de coopération ». L’idée était de créer de nouvelles républiques avec une autonomie limitée sous la tutelle de la France – tous les commandements souverains seraient exercés par Paris.

    Lorsque la Guinée a décidé d’émettre sa propre monnaie nationale en 1960, la France a organisé une opération de sabotage pour déstabiliser le nouveau pays, envoyant à son service des agents secrets, inondant l’économie de faux billets et perturbant tout. Cela a envoyé un message clair aux autres pays : « Si vous voulez emprunter cette voie, vous savez ce qui se passe. Depuis, c’est plus ou moins l’histoire du leadership africain : si on veut rester au pouvoir, il faut être en bons termes avec la France.

    PF | A la veille de l’indépendance, la France gère ses relations avec ces nouveaux pays en choisissant les dirigeants qu’elle préfère à la tête de l’Etat. Vous pouvez voir maintenant que c’est le même système — nous avons des dirigeants africains qui sont très liés et qui n’osent pas agir sans l’accord de Paris. S’ils essaient d’agir différemment, il y aura des représailles.

    La France a conservé des bases militaires dans plusieurs pays depuis l’indépendance – Côte d’Ivoire, Gabon, Sénégal, entre autres – et compte actuellement cinq mille soldats sur le terrain au Sahel. Même si officiellement l’armée est là pour « combattre le terrorisme », on sait qu’elle est aussi là pour maintenir une forme de contrôle sur ces pays.

    La France a utilisé la force militaire pour créer la politique qu’elle voulait en Côte d’Ivoire en 2011, par exemple. Mais une véritable intervention militaire n’est pas nécessaire pour mettre en œuvre l’agenda parisien. Si vous êtes un pays comme le Niger avec beaucoup de problèmes – problèmes de sécurité, problèmes économiques, sociaux et financiers – et que vous avez les services militaires et de renseignement français sur le terrain tout autour de vous, il est difficile de penser que vous êtes libre pour prendre vos propres décisions.

    CD | Et comment le franc CFA s’intègre-t-il dans ce tableau violent ?

    NSS | Le franc CFA, c’est le colonialisme reconditionné. Le Franc des Colonies Françaises d’Afrique (FCFA) à l’époque coloniale est devenu avec l’indépendance le Franc de la Communauté Financière d’Afrique (FCFA) en Afrique de l’Ouest et le Franc de Coopération Financière en Afrique Centrale. Le gouvernement français est un spécialiste du recadrage des structures coloniales en utilisant de nouveaux noms : c’est vraiment l’histoire de la relation de la France avec l’Afrique.

    PF | Nous pouvons voir le même comportement maintenant avec les récentes soi-disant réformes. C’est juste du marketing — mais en fait, tout reste pareil. Les Français sont plutôt doués pour ça.

    CD | Une ligne commune des défenseurs du système actuel est que si vous soustrayez l’argent de l’aide fournie par la France de tous les gains qu’elle tire des accords d’exploitation, cela « s’équilibre » ou travaille en faveur de l’Afrique. Pourriez-vous expliquer pourquoi ce n’est tout simplement pas le cas?

    NSS | Dans le système du franc CFA, les banques centrales africaines ont été obligées pendant des décennies de déposer une grande partie de leurs réserves de devises étrangères dans le Trésor français. Ces montants représentent le double du montant de l’aide de la France à l’Afrique subsaharienne. La France restitue essentiellement aux pays africains une fraction de ces dépôts forcés à titre « d’aide ».


    CD | Dans votre livre, vous décrivez les changements récents d’Emmanuel Macron dans la zone franc CFA comme une transition vers un système de contrôle plus indirect. Pourriez-vous expliquer ces réformes ?

    PF | Trois choses devraient changer mais uniquement pour les pays d’Afrique de l’Ouest concernés, pas ceux d’Afrique centrale : la première est le nom de la monnaie (elle s’appelle désormais l’« éco »), la seconde est que les représentants français ne siégeront plus dans les organes de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest, et le troisième est la suppression de l’obligation de déposer 50 % des réserves de change au Trésor français.

    Mais le lien principal restera. Ces pays devront toujours rendre compte quotidiennement à la France en vertu de la «garantie de convertibilité», qui est la promesse de la France de prêter autant d’euros que nécessaire à la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest – une promesse qu’elle ne tient pas.

    CD | Comment ces changements sont-ils encore informés par la logique de domination ?

    NSS | La mentalité du gouvernement français est une mentalité coloniale. Les « réformes » visent à donner un nouveau souffle à la domination monétaire et à élargir la zone franc CFA aux autres pays d’Afrique de l’Ouest comme la Guinée et le Ghana. La France continue de croire en l’empire colonial selon lequel les pays africains doivent accompagner le développement de la France.

    Le gouvernement français ne peut pas rompre les liens. Il trouvera de nouveaux moyens pour maintenir l’empire. Le nouveau nom de « l’éco » vise à saper un groupement régional de quinze pays appelé CEDEAO [Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest]. « Eco » est l’abréviation de CEDEAO et allait être le nom d’une proposition de monnaie unique régionale ouest-africaine. Macron et [Alassane] Ouattara ont volé le nom « éco » et ont fait leur annonce le jour même où la plupart des présidents de la CEDEAO se réunissaient pour décider d’une date de lancement de leur monnaie. Nous n’avons jamais vu les billets ou les pièces « éco ». Cela semble n’avoir été qu’une stratégie pour se débarrasser rapidement de l’ancien nom.

    Macron dit que les représentants français sont partis, mais ils ont signé de nouveaux accords de coopération monétaire stipulant qu’ils peuvent toujours être ramenés. Paris décidera encore avec ses homologues africains quels représentants rendront compte quotidiennement au Trésor français. La France présente la suppression de l’obligation de dépôt comme un cadeau, mais le vrai cadeau a été le financement par l’Afrique du Trésor français. Les Africains ont perdu sur leurs dépôts au Trésor – non seulement parce que les faibles taux d’intérêt et la hausse de l’inflation signifient qu’ils perdent en termes réels, mais parce qu’ils auraient pu utiliser cet argent constituant la moitié de leurs réserves de devises étrangères de manière beaucoup plus productive au fil des ans.

    CD | Pourquoi ces changements se produisent-ils maintenant ?

    NSS | Il y a eu de nombreuses protestations en cours contre certains aspects du franc CFA qui sont vraiment embarrassants pour la France. Paris a voulu y remédier sans mettre fin au franc CFA. Par exemple, les jeunes demandent pourquoi leurs pays sont obligés de remettre leurs réserves de change au Trésor français. En fait, lorsque le gouvernement italien de droite se battait avec la France sur les questions d’immigration en 2019, il a déclaré : « si nous avons des migrants africains qui viennent en Italie, c’est parce que le franc CFA appauvrit l’Afrique. Débarrassez-vous du franc CFA et cela éliminera les migrants africains. C’était démagogique, mais cela a attiré l’attention sur la question du franc CFA plus largement.

    PF | Un officier militaire français anonyme a déclaré il y a quelques semaines que sans l’opération Barkhane (l’intervention militaire française au Sahel), la France deviendrait comme l’Italie. Ils ne veulent pas ça. Les autorités françaises pensent toujours que les pays africains francophones sont nécessaires au développement et à l’économie de la France. Il est clair qu’ils pensent que ces pays font toujours partie de « l’empire français », même s’ils le nient. Avec ces soi-disant réformes, Paris veut faire croire qu’il a compris le message de ceux qui ne veulent plus du franc CFA. Mais en réalité, il essaie de garder le contrôle, de gagner du temps.


    CD | Nul doute que tout pays africain proposant de quitter la zone du franc CFA se verrait présenter des exemples comme le Liban comme preuve des dangers de la monnaie fiduciaire. Est-ce vraiment le choix auquel l’Afrique est confrontée – une « supervision » européenne exorbitante ou le chaos et l’hyperinflation ?

    NSS | Cela a été l’un des principaux arguments défensifs vis-à-vis de quiconque prétendait se dissocier du Trésor français : si vous vous dissociez, vous deviendrez comme le Zimbabwe.

    Mais tout pays souverain veut avoir la capacité de développer ses propres capacités nationales. Vous devez avoir votre propre devise pour cela. Il existe de nombreux exemples de pays africains qui ont leur propre monnaie nationale, mais ce n’est pas vraiment souverain – pourquoi ? Les pays du Sud remplissent rarement la condition majeure pour être souverains monétairement : avoir zéro dette en devises étrangères. Si vous voulez avoir une monnaie souveraine, vous devez développer une stratégie basée avant tout sur la mobilisation de vos propres ressources domestiques, sans quoi vous devrez compter sur la dette en devises, les investissements étrangers et l’aide au développement. Cette stratégie n’est pas durable.

    Toute stratégie de développement basée sur le financement étranger doit fonctionner comme un schéma de Ponzi – vous devez contracter de nouveaux flux de financement étranger pour assurer le service des intérêts sur la dette existante et le rapatriement des flux de bénéfices. Vous ne pouvez donc pas compter sur des financements étrangers pour votre propre développement. Malheureusement, de nombreux pays n’utilisent pas, économiquement parlant, leur potentiel domestique et leur potentiel en tant qu’émetteur souverain de leur propre monnaie.

    CD | Pourriez-vous élaborer un peu plus sur la nature de la relation entre la domination économique française et la corruption des gouvernements africains ?

    NSS | Le système crée son propre type de leadership – tant que nous avons un franc CFA, nous ne pouvons pas nous attendre à avoir des dirigeants engagés dans l’intérêt de leur peuple. Il y a toujours de la concurrence : des leaders africains potentiels prêts à jouer le rôle que la France veut qu’ils jouent.

    De nombreux dirigeants africains savent que parler du franc CFA peut leur causer des ennuis, et ils essaient donc de se taire sur cette question. Le système repose également sur l’arrimage du franc CFA à l’euro ; pour le soutenir, il faut avoir un niveau suffisant de réserves de change. Mais la plupart des pays de la zone ne peuvent pas générer suffisamment de revenus étrangers par le biais du commerce et sont donc obligés d’emprunter et de sous-financer l’économie pour maintenir l’ancrage. La mauvaise gestion publique est enracinée dans la zone franc CFA.

    CD | Ngozi Okonjo-Iweala , qui a négocié l’annulation de la dette en tant que ministre des Finances du Nigeria, est récemment devenue directrice générale de l’OMC. Cela a été salué dans les médias comme le signe d’un avenir meilleur pour l’Afrique. Pourriez-vous expliquer comment même quelque chose d’aussi inoffensif que «l’annulation de la dette» implique la domination économique de l’Afrique?

    NSS | Au cours de la soi-disant période d’ajustement structurel des années 1980 et 1990, le Sud global a transféré l’équivalent de cinquante-six plans Marshall au Nord sous la forme d’un « service de la dette ». C’est complètement fou. Au moins 40 % de la dette extérieure africaine est détenue par des créanciers privés – ils n’accepteront évidemment jamais d’annuler cette dette. Même les acteurs multilatéraux comme la Banque mondiale et le FMI ne veulent pas en tenir compte.

    Je suis moi-même favorable à l’annulation de la dette en devises des pays du Sud, mais ce n’est pas une solution. Ce que nous devons « annuler » — en fait abolir — c’est le système qui produit cette dette. Le système mondial fonctionne structurellement de manière à placer les pays du Sud dans une position perpétuelle d’endettement ; toute dette annulée est reconstituée très rapidement.

    Les pays en développement ne peuvent aspirer à la prospérité de leur population si leur développement repose sur des ressources extérieures. C’est impossible. La question de cette dette extérieure doit donc être formulée selon ces axes : annuler/abolir le mécanisme d’échange inégal aux niveaux mondial et domestique et aider les pays en développement à mobiliser leurs propres ressources domestiques en utilisant leurs pouvoirs monétaires et économiques.

    En tant qu’Africains, nous devrions être heureux qu’un de nos compatriotes soit à la tête de l’OMC. C’est important, symboliquement parlant. Mais en même temps, on sait que l’OMC n’est plus pertinente ; il a été bloqué. De nombreux pays du Nord se sont retirés du multilatéralisme de l’OMC après que des questions telles que la libéralisation de l’agriculture se soient heurtées à la résistance des pays en développement. Il est donc ironique qu’à une époque où l’OMC n’a aucune force, nous ayons une directrice générale africaine.

    CD | Il y a eu de grands soulèvements de jeunes au Sénégal récemment. Un commentateur sénégalais a noté que le président pourrait être un dur à cuire lorsqu’il a des soldats armés qui attaquent des enfants armés de pierres, mais il est beaucoup plus soumis face au ministre français des Finances dans la salle de réunion de la Banque centrale. Comment la France répondra-t-elle à ce mécontentement de masse croissant ?

    NSS | La France subit de plus en plus de pressions en Afrique, militairement parlant, car on s’oppose à ses interventions, et comme on le voit au Sénégal, économiquement parlant aussi. De nombreuses propriétés et entreprises françaises ont été détruites. Ce sera une tendance croissante. Beaucoup de gens s’attendent à ce que ce qui s’est passé au Sénégal se produise également en Côte d’Ivoire et aussi en Afrique centrale.

    Ces soulèvements ont été un signal adressé à la France en disant : « on sait ce que vous faites, on sait que vous soutenez des dirigeants illégitimes, on sait que vous imposez des entreprises qui épuisent nos ressources et avec lesquelles nous avons été contraints de signer des accords déloyaux les accords. Nous n’accepterons plus cela. Le gouvernement français parle de « sentiment anti-français » – c’est présenté comme si les Africains avaient cette haine irrationnelle des Français. Mais les entreprises françaises ont entrepris un travail très antidémocratique en Afrique. Il est naturel que les populations commencent à s’opposer à de telles pratiques. Les Africains veulent l’autodétermination, ils veulent lutter contre leurs classes bourgeoises compradores et aussi contre l’impérialisme français. C’est un désir positif de libération.

    PF | Paris est en assez mauvaise posture. Normalement, le gouvernement français fait des déclarations sur des situations comme celle du Sénégal. Cette fois, Paris n’a rien dit. Il est resté silencieux. Cela montre que les responsables français ne savent pas quoi répondre. Ils savent que s’ils disent quelque chose, cela sera mal interprété. C’est une situation incroyablement sensible pour la France.

    NSS | La France n’a pas les moyens financiers de continuer à jouer au gendarme en Afrique. La plupart des opérations militaires françaises se font avec l’aide des États-Unis – si les États-Unis décident de se retirer d’Afrique, cela deviendra beaucoup plus difficile pour la France. Peut-être trouveront-ils un autre moyen d’externaliser leur contrôle militaire de l’Afrique. C’est une situation difficile pour eux. Il y a des rumeurs disant qu’à un moment donné récemment la France envisageait d’envoyer ses soldats au Sénégal pour défendre les intérêts français. Je ne sais pas si c’est exact. Les gens n’accepteraient jamais de voir des soldats français au Sénégal comme ça. Même les Français l’admettent.

    PF | L’exemple de la Côte d’Ivoire en 2011 a eu un grand impact sur la population. Beaucoup de gens ont été choqués par les actions de la France. Ce que la France a fait à Abidjan n’est pas possible aujourd’hui.

    NSS | Les gens n’accepteraient pas cela. Définitivement pas. Des puissances émergentes comme la Russie et l’Inde et des puissances plus petites comme le Nigéria qui veulent une plus grande part de marché tenteront de s’associer à cet état d’esprit anti-impérialiste afin de rendre la vie difficile à la France en Afrique. C’est opportuniste, évidemment, mais en même temps ça veut dire qu’il y a ce cadre de concurrence mondiale où la part de marché française se réduit de plus en plus. Et leur autre instrument – manipuler qui peut devenir président d’un pays africain et le faire chanter – est également de moins en moins disponible. Parce que maintenant les gens sont réveillés. Ils comprennent comment les choses fonctionnent. La jeune génération n’acceptera pas que des despotes de toute une vie décident de leur sort. La France devra donc renoncer à cette logique coloniale du XIXe siècle.

    Quand Samba Syllaest un économiste sénégalais du développement au bureau Afrique de l’Ouest de la Rosa-Luxemburg-Stiftung à Dakar, et co-auteur avec Fanny Pigeaud de Africa’s Last Colonial Currency: The CFA Franc Story (Pluto Press).

    Fanny Pigeaudest un journaliste français qui écrit sur les questions africaines et les relations France-Afrique. Elle est co-auteur avec Ndongo Samba Sylla de Africa’s Last Colonial Currency: The CFA Franc Story (Pluto Press).

    Chris Dite est enseignante et membre d’un syndicat.

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    #Afrique #France #Françafrique #FCFA #Colonisation

  • Macron entame une tournée africaine au milieu des tensions sur la présence française dans les ex-colonies

    Tags : France, Emmanuel Macron, Afrique, Françafrique, Russie, Chine, Rwanda, M23,

    Le président français Emmanuel Macron a déclaré jeudi que l’ère de l’ingérence française en Afrique était révolue, alors qu’il entamait une tournée dans quatre pays du continent. La semaine dernière, Macron s’est engagé à réduire le rôle militaire de la France en Afrique, après les récents retraits du Mali et du Burkina Faso. Les efforts de la France pour endiguer les attaques des insurgés islamistes au Sahel ont largement échoué. Mais Macron a déclaré que la France avait l’intention de maintenir une présence dans ses anciennes colonies « avec une empreinte réduite », au milieu des préoccupations occidentales concernant les liens croissants avec la Russie et la Chine.

    En République démocratique du Congo – une ancienne colonie belge – des manifestants se sont rassemblés devant l’ambassade de France à Kinshasa cette semaine. Ils ont condamné la visite de Macron et ont demandé à la France de faire pression sur le président rwandais Paul Kagame pour qu’il cesse de soutenir les rebelles du M23 en RDC.

    Manifestant : « La France finance des groupes terroristes ici en Afrique, dans plusieurs États africains, au Congo. Alors, récemment, M. Macron est venu nous apaiser, nous les Congolais, mais le peuple congolais n’est pas dupe. Jamais il n’a pointé du doigt M. Kagame. À aucun moment, il n’a condamné M. Kagame.

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    #France #Macron #Afrique #Congo #Gabon #M23 #Rwanda

  • La mission de Macron pour contrer la Russie en Afrique

    Tags : France, Afrique, Françafrique, Emmanuel Macron, Gabon, Congo, Angola, Russie, Wagner, Chine,

    Libreville, Luanda, Brazzaville, Kinshasa – Le président français Emmanuel Macron effectue une tournée éclair des capitales africaines alors qu’il tente de détourner la politique française sur le continent de l’implication militaire.

    On peut difficilement lui reprocher d’ignorer l’Afrique – il s’agit de son 18e voyage présidentiel – mais cela intervient à un moment de concurrence toujours plus forte de la Chine et de la Russie, et de ressentiment croissant à l’égard des liens économiques étroits entre la France et son ancien empire colonial, que certains voient comme une forme d’exploitation continue.

    Et il insiste sur le fait qu’il reviendra encore et encore sur un continent qu’il considère comme un partenaire crucial pour l’Europe dans la résolution des grands problèmes mondiaux des décennies à venir.

    Bien que l’Ukraine domine inévitablement l’agenda diplomatique international, M. Macron estime que Paris et Bruxelles ne peuvent se permettre de négliger l’Afrique. Elle présente des défis et d’énormes opportunités de développement, avec un dynamisme juvénile qui, selon lui, contribuera énormément à la croissance future de l’Europe.

    Le président français est également parfaitement conscient de la façon dont d’autres nations cherchent à étendre leur propre influence au sud du Sahara.

    La Russie, dans l’espoir de reconstruire l’influence qu’elle avait perdue depuis les décennies de guerre froide, offre un soutien en matière de sécurité aux gouvernements qui se sentent menacés ou isolés du courant international : des mercenaires de l’entrepreneur militaire lié au Kremlin, Wagner, opèrent désormais au Mali et en République Centrafricaine, où ils ont été accusés d’atteintes aux droits humains.

    La Chine est un important bailleur de fonds et constructeur d’infrastructures, bien qu’à des conditions qui, selon M. Macron, pourraient piéger certains pays dans une crise de la dette. La Turquie et l’Inde sont également de plus en plus actives.

    Et dans toute la région, le sentiment anti-français populaire est attisé par des messages animés sur les réseaux sociaux auxquels Paris n’a jusqu’à présent trouvé aucune réponse efficace.

    Dans un long discours lundi soir, pour préparer le terrain pour sa dernière tournée, le président a réaffirmé sa propre stratégie pour maintenir un rôle pour la France dans cette arène de plus en plus compétitive. C’était un message adressé à la fois aux Africains et à son propre public national.

    Il ne pense pas que les Français devraient essayer d’égaler l’effort de sécurité russe en réétendant leur propre présence militaire pour correspondre à ce que Moscou offre.

    En tout cas, ce ne serait guère une option alors que Paris a été contraint de retirer ses troupes du Mali et du Burkina Faso, où les juntes militaires désormais en charge cherchent à se distancer de l’ancienne puissance coloniale dans les deux pays.

    Au lieu de cela, il vise à réorienter le soutien français pour se concentrer davantage sur la formation et le soutien technique des forces armées africaines, avec des effectifs réduits et des programmes de collaboration militaire adaptés aux demandes spécifiques de chaque pays.

    Et cette semaine, M. Macron est allé plus loin dans cette politique en annonçant que les bases françaises restantes en Afrique – au Sénégal, en Côte d’Ivoire et au Gabon – seraient désormais cogérées et partagées avec les forces des pays hôtes, et même disponibles pour accueillir d’autres partenaires extérieurs si ces gouvernements le souhaitaient. Seule la base de Djibouti, stratégiquement située à l’embouchure de la mer Rouge restera exclusivement française.

    Il a souligné que la base d’Abidjan, en Côte d’Ivoire, est bien placée pour entraîner les troupes des différents États d’Afrique de l’Ouest qui collaborent désormais aux efforts visant à empêcher les groupes djihadistes du Sahel de pousser vers le sud en direction de la côte.

    Mais il est aussi soucieux de poursuivre la diversification de l’engagement français sur un canevas beaucoup plus large, touchant la culture, l’histoire, l’immigration, le commerce, le développement ou encore la réforme du franc CFA – une monnaie utilisée par 14 pays et arrimée à l’euro sous garantie. fourni par Paris.

    Il y a une opposition croissante à l’utilisation de cette monnaie, que certains considèrent comme une forme de néo-colonialisme, même si ses partisans disent qu’elle contribue à assurer la stabilité financière.

    M. Macron a lancé cette approche pour la première fois dans un discours très médiatisé sur l’Afrique en novembre 2017, devant un public d’étudiants dans un amphithéâtre de l’Université de Ouagadougou au Burkina Faso.

    Et il l’a poursuivi au cours des cinq dernières années, dans le but de transformer les perceptions des deux côtés.

    Les gouvernements précédents à Paris, en particulier dans les années 1990, avaient déjà cherché à s’éloigner de l’ancien réseau de relations spéciales acquises mutuellement complaisantes entre les élites africaines et françaises résumées dans le terme « Françafrique », se déplaçant plutôt vers un soutien plus fort à la démocratie et au développement à la base.

    Cependant, M. Macron est allé plus loin dans la confrontation des épisodes douloureux et parfois honteux du passé, en chargeant des historiens de produire des rapports sans ménagement dans leur examen du bilan de la France dans la guerre d’indépendance de l’Algérie et des événements entourant le génocide rwandais de 1994.

    Un programme de retour des trésors pillés à l’époque coloniale a déjà vu le retour d’une épée sénégalaise totémique et d’une partie d’un trône royal malgache, tandis que des objets pillés dans le royaume du Dahomey ont été renvoyés au Bénin et des dispositions ont été prises pour le retour d’un tambour ivoirien iconique.

    Parallèlement à cet effort de réconciliation avec l’histoire passée, M. Macron a cherché à approfondir les liens culturels et les échanges d’idées d’aujourd’hui. Il a annoncé des programmes pour promouvoir la formation sportive et faciliter l’accès aux visas pour les Africains pour poursuivre des études supérieures en France.

    Cependant, l’impact public de ces initiatives, en particulier aux yeux de l’opinion publique africaine, a été largement perdu au cours des années où la dimension la plus importante de l’engagement français a été la lutte militaire contre les groupes militants au Sahel.

    Une polémique croissante est venue entourer les opérations de la force française Barkhane, finalement retirée du Mali en août dernier. Cela a alimenté une recrudescence du nationalisme populiste dans certains pays et un ressentiment plus généralisé à l’égard de la France dans la majeure partie de l’Afrique occidentale et centrale francophone, en particulier parmi les jeunes urbains.

    Après avoir initié un changement vers une approche militaire plus discrète et plus collaborative, M. Macron tente d’utiliser la tournée de quatre pays de cette semaine pour revigorer ce programme plus large de réforme et de changement.

    Mais même ce voyage sera assailli par des complications politiques familières.

    Des manifestations anti-françaises ont eu lieu en République démocratique du Congo avant sa visite. En outre, les opposants au président gabonais Ali Bongo Ondimba et au président congolais Félix Tshisekedi se sont plaints que la visite de M. Macron pourrait être interprétée comme une ingérence visant à renforcer l’image de ces dirigeants en place en cette année électorale pour les deux pays.

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    #France #Afrique #Françafrique #Gabon #Congo #Angola #Russie #Wagner #Chine #Macron

  • Macron en Afrique: Relations diplomatiques ou intérêts économiques ?

    Tags : France, Emmanuel Macron, Afrique, Françafrique, Chine, Russie, Wagner,

    La visite de Macron en Afrique.. un moyen de renforcer les relations diplomatiques ou de défendre des intérêts économiques ?

    Fini la France qui leur dit quoi faire, disent les Africains

    Pour sa première étape d’une tournée africaine de quatre jours, le président français Emmanuel Macron est arrivé ce mercredi à Libreville, au Gabon.

    Cette visite en ce moment est jugée loin d’être aussi clinquante que celles de ses prédécesseurs, tant Macron y va avec l’idée de redorer l’image de la France sur le continent.

    C’était évident depuis le premier jour, en effet. Des militaires ont salué l’arrivée du président français à la sortie de l’aéroport de Libreville. Cependant, les drapeaux « rouge, blanc bleu » et la foule sur la route étaient absents jusqu’au palais présidentiel.

    Est-ce à dire que les visites « à la Chirac » des présidents français en Afrique sont à reconsidérer ?

    Emmanuel Macron participera avec plusieurs chefs d’Etat centrafricains à un sommet consacré à la protection des forêts tropicales.

    Ce sommet, baptisé « One Forest Summit », et co-organisé par les deux pays, vise à trouver des « solutions concrètes » pour la conservation des forêts et la protection du climat et des espèces dans le contexte du changement climatique.

    Après le Gabon, Emmanuel Macron est attendu en Angola, au Congo et en République démocratique du Congo.

    Et pour son 18e déplacement sur le continent africain, il semble que le président se veut humble.

    Une visite sous forme d’offensive diplomatique, voire d’opération de reconquête, destinée à ouvrir une nouvelle ère dans les relations entre la France et le continent où l’hostilité envers la France ne cesse de grandir, ancienne puissance coloniale dans son ancienne « arrière-cour » en Afrique de l’Ouest .


    « La visite de Macron en Afrique est une bonne étape pour renforcer les liens et les relations avec les pays africains, francophones, dans la sphère d’influence française traditionnelle, qui ont tendance à regarder ailleurs et à se laisser séduire, notamment par la Russie ou la Chine », a déclaré un Parisien. dit Anadolu.

    Mais force est de constater que les Africains n’acceptent plus « le paternalisme de Macron qui vient dire aux Africains ce qu’il faut faire », dit un Ghanéen à Anadolu.

    « Il est temps de réagir, de faire des actes plutôt que des discours paternalistes. C’est ce qui doit se passer maintenant », a-t-il ajouté.

    Afin d’endiguer la très nette perte d’influence française sur le continent, Emmanuel Macron n’est pas venu les mains vides.

    Il a présenté à son homologue gabonais une importante collection de chansons et de contes locaux, compilée par un chercheur français au Gabon dans les années 1950 et 1960.

    Comme un nouveau signe de ce respect qu’il ne cesse de proclamer, dans la lignée des trésors royaux remis au Bénin l’an dernier.

    De plus, Macron veut montrer que le pays européen tourne véritablement la page de la « Françafrique » et rappelle que le continent n’est plus l’arrière-cour de la France quand d’autres prennent sa place, comme l’Inde, la Chine et surtout la Russie.

    « L’Afrique est tout sauf une terre d’angoisse et de résignation. C’est une terre d’optimisme et de volontarisme », a-t-il plaidé lors de son discours sur « l’avenir » du « partenariat Afrique-France » le 27 février dernier à l’Elysée.

    Pourtant, un salarié qui travaille dans une entreprise internationale à la Défense pense que le véritable but de la visite n’est ni diplomatique ni humanitaire.

    « C’est une manière de montrer la vision économique de Macron qui se concentre sur la défense de la présence des grandes industries « pétro-dollar » en Afrique », explique-t-elle.

    Le chef de l’Etat exhorte ainsi les entreprises françaises à se battre pour exister dans la compétition économique en Afrique. La délégation de patrons qui l’accompagne pourra travailler dans les coulisses pendant qu’il tente de reconquérir l’opinion publique. Onze discours sont prévus en trois jours.

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    #France #Afrique #Françafrique #Russie #Chine #Wagner #Macron

  • Macron a raison de vouloir rendre l’art africain en Afrique

    Macron a raison de vouloir rendre l’art africain en Afrique

    Tags : Emmanuel Macron, Afrique, Françafrique, patrimoine culturel,

    Il a juste besoin de le faire plus rapidement.

    Par Ido Vock

    « Je ne peux pas accepter qu’une grande partie du patrimoine culturel de plusieurs pays africains soit conservée en France », a déclaré Emmanuel Macron lors d’une visite officielle en 2017 à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso. S’exprimant à l’Université de Ouagadougou, il a reconnu qu’il n’y a « aucune justification valable, durable et inconditionnelle » pour que des œuvres d’art prises sur le continent pendant la période coloniale soient conservées en Europe de façon permanente. Il a ajouté qu’il souhaitait « que les conditions soient réunies d’ici cinq ans pour le… retour du patrimoine africain en Afrique ».

    Pourtant, au cours des six années qui ont suivi, malgré les demandes de plusieurs pays africains pour que les œuvres d’art prises sur le continent soient restituées, les progrès pour rapatrier les œuvres d’art pillées ont été glacials. On estime que des dizaines de milliers de pièces sont détenues en France, mais seule une poignée a jusqu’à présent été restituée.

    Dans une tentative apparente d’accélérer les choses, le 27 février, Macron a annoncé un projet de loi visant à rationaliser le processus de restitution. Le projet de loi « codifiera la méthodologie et les critères de procédure », a déclaré Macron, avant sa 18e visite en Afrique depuis son entrée en fonction. Il a ajouté qu’il espérait que la loi s’intégrerait dans un effort plus large des pays européens pour restaurer l’art pillé dans leurs lieux d’origine.

    L’ampleur du problème est stupéfiante. Selon les estimations, la quasi-totalité – 90 à 95 % – du patrimoine culturel de l’Afrique subsaharienne se situe en dehors de l’Afrique. Les statistiques compilées par l’historienne Bénédicte Savoy et l’universitaire sénégalais Felwine Sarr suggèrent que des centaines de milliers d’œuvres d’art sont détenues dans les collections des musées européens, dont beaucoup ont été créées dans le but de montrer l’entreprise coloniale de leur pays.

    Un étonnant 180 000 pièces d’art africain sont conservées au Musée royal de l’Afrique centrale de Belgique, créé à l’origine pour mettre en valeur la domination brutale du pays sur le Congo. Le British Museum à Londres et le musée du Quai Branly à Paris détiennent tous deux environ 70 000 pièces.

    Alors que certaines pièces et artefacts ont été carrément pillés sous le colonialisme, même les pièces théoriquement achetées par les Européens ont en fait été pillées en raison des relations de pouvoir inégales entre colonisateur et colonisé, selon le rapport historique de Savoy et Sarr sur l’art africain en Europe.

    Depuis le discours de Macron en 2017, la France a restitué quelques dizaines d’œuvres d’art aux pays africains. En 2020, la couronne de Ranavalona III, le dernier souverain à gouverner Madagascar avant la domination française, a été restituée au pays, bien qu’officiellement uniquement en prêt temporaire. Un an plus tard, 26 objets provenant des Palais royaux d’Abomey en 1892 par les troupes françaises et conservés dans la collection du Musée du Quai Branly sont rapatriés au Bénin. Macron a récemment promis que l’énorme tambour Djidji Ayokwe, pris au peuple Tchaman de l’actuelle Côte d’Ivoire en 1916, serait également bientôt restitué.

    Le processus a été ralenti par des obstacles juridiques, notamment les lois françaises qui protègent «l’inviolabilité» des collections nationales, ce qui signifie que les retours doivent être approuvés par le Parlement sur une base individuelle. Les appels à restaurer l’art spolié se sont également heurtés à des objections de principe : en 2020, Stéphane Martin, le président du musée du quai Branly, a défendu « l’universalité » de l’art exposé dans les musées, quel que soit son lieu d’origine.

    Certains conservateurs s’inquiètent des conditions dans lesquelles des objets fragiles pourraient être conservés, parfois dans des pays aux politiques instables et corrompues. Les gouvernements africains rejettent ce point de vue, arguant que les investissements dans des musées à la pointe de la technologie tels que le Musée des civilisations noires du Sénégal ou le futur Musée d’art ouest-africain d’Edo au Nigeria prouvent qu’on peut leur faire confiance pour sauvegarder leurs propres artefacts culturels.

    Pourtant, l’effort de Macron s’inscrit dans un mouvement plus large en Europe pour restituer l’art pillé, une tendance qui prend de l’ampleur, quoique plutôt lentement. L’Allemagne a rapatrié au Nigeria des dizaines de statues en bronze du Bénin à la fin de l’année dernière, initialement pillées par des soldats britanniques en 1897. L’Université d’Aberdeen a restitué un bronze volé lors de la même expédition en 2021.

    Pourtant, de nombreux autres conflits de propriété, certains en dehors de l’Afrique, sont en cours. Les marbres d’Elgin, transportés d’Athènes à Londres par Thomas Bruce au début du 19ème siècle, sont peut-être l’exemple le plus médiatisé d’art pris dans des conditions douteuses se présentant dans une capitale occidentale. La querelle continue d’empoisonner les relations entre la Grèce et le Royaume-Uni.

    Il y a plus qu’un soupçon de géopolitique autour de l’objectif déclaré de Macron de restituer des œuvres d’art en Afrique. L’annonce est intervenue alors qu’il se préparait à une visite sur le continent pour tenter de sauver l’influence des États africains, dont certains se tournent de plus en plus vers la Russie et la Chine au lieu de l’ancienne puissance coloniale. Même ainsi, le président français a raison de rouvrir la question de l’art apporté en Europe sous le colonialisme, bien que le rythme des retours suggère que ses actions ne correspondent pas encore à sa rhétorique ambitieuse.

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    #Macron #Afrique #France #Françafrique #Patrimoine_spolié

  • Emmanuel Macron peut-il en finir avec la « Françafrique » ?

    Tags : France, Afrique, Emmanuel Macron, Françafrique, Russie, Wagner, Chine,

    Le président français a proclamé, jeudi 2 mars, depuis le Gabon, la fin de la « Françafrique ». Peut-on vraiment y croire ? On peut accorder plusieurs choses à Emmanuel Macron sur la question africaine.

    La fin de la « Françafrique ». En visite en Afrique, Emmanuel Macron tente de convaincre ses homologues africains que les intentions de Paris ont bel et bien changé. Non sans difficulté. Pour autant, quelques mesures sont à mettre au crédit du président français.

    C’est lui qui est allé à Kigali et a prononcé un discours pour reconnaître les responsabilités de la France dans le génocide rwandais. C’est lui, aussi, qui a tenté de monter ces commissions d’historiens entre la France et l’Algérie et qui a décidé d’ouvrir les archives sur les exactions de la France au Cameroun. C’est lui, enfin, qui a commencé à restituer des œuvres d’art, au Bénin par exemple, et qui vient d’annoncer une loi pour continuer le mouvement.


    Sur tous ces sujets, dans les mots et dans les actes, oui le président français a fait plus que ces prédécesseurs. Et pourtant. On a l’impression que les tensions n’ont jamais été aussi brûlantes entre Paris et de nombreux pays africains.

    Le Maroc vient de dire que les relations avec la France n’étaient « ni bonnes, ni amicales. En cause, des embrouilles sur la délivrance de visas et sur d’autres dossiers régionaux. Depuis le 2 mars, l’Algérie, qui a déjà rappelé son ambassadeur à Paris, ne délivre plus les laissez-passer consulaires qui sont nécessaires pour accueillir des ressortissants expulsés de France.

    Au Mali et au Burkina Faso, nos militaires ont dû partir, les autorités locales, arrosées par les Russes, y alimentent le sentiment anti-français. D’ailleurs, dans tout le Sahel, le président a confirmé qu’on allait voir beaucoup moins d’uniformes tricolores.

    La France, « un interlocuteur neutre » ?

    Qu’est-ce qui ne va pas dans la méthode Macron avec l’Afrique ? Emmanuel Macron a eu un tort. Il a cru qu’être né après la période coloniale de la France l’exonèrerait de certaines rancœurs, de certaines blessures.

    En 2017, dans un bain de foule à Alger, il avait remis à sa place un jeune homme en lui disant : « Vous n’avez jamais connu la colonisation (…) qu’est-ce que vous venez m’embrouiller avec ça ? ». Il était sincère, mais il a vu que ça ne suffirait pas. Six ans plus tard, la France en Afrique est toujours coincée entre ces rancunes du passé, et la nouvelle donne géopolitique mondiale, avec une concurrence économique forte, concurrence avec nos voisins comme l’Allemagne mais aussi maintenant avec la Chine.

    Dire que « l’âge de la Françafrique est révolu », ou que la France est devenue « un interlocuteur neutre » sur le continent comme l’a fait, jeudi 2 mars, Emmanuel Macron, cela tient toujours du souhait. Le seul fait de devoir encore le formuler montre que ce n’est pas la réalité.

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    #France #Afrique #Macron #Françafrique #Russie #Wagner #Chine

  • Congo: la population partagée par la visite de Macron

    Tags : Congo, Brazzaville, France, Emmanuel Macron, Françafrique, Russie, Chine, Wagner,

    Brazzaville, la capitale congolaise, va constituer la quatrième et avant dernière étape de la visite du président français Emmanuel Macron en Afrique. Ce vendredi 3 mars, quelques heures seront consacrées à des entretiens en tête-à-tête avec Denis Sassou-Nguesso et il doit aussi rencontrer la communauté française installée au Congo. Son très bref séjour d’une durée de cinq heures divise la population.

    Avec notre correspondant à Brazzaville, Loïcia Martial

    Franck Charlin Aubin Tchibinda est un défenseur des droits de l’homme. Dans une tenue impeccable, il sort de son bureau où il vient de publier une déclaration avec ses collègues sur la visite du président Macron. Visiblement, il est mécontent : « Ca nous intrigue parce que la société civile n’aura pas l’occasion de discuter avec lui. On aurait bien souhaité qu’il dispose un peu de son précieux temps pour qu’il discute avec la société civile, parce que nous avons beaucoup de choses sur la table », regrette-t-il.

    « Je n’attends rien de lui »

    Le nez plongé dans son ordinateur Roch Mitho, un citoyen brazzavillois rumine sa colère : « Il passe la nuit ailleurs et une fois au Congo c’est pour quelques heures, il aurait dû passer sans même atterrir par l’aéroport de Brazzaville. Franchement, je suis déçu et je n’attends rien de lui », lâche-t-il.

    A quelques pas du ministère des finances, Alain Amboulou, enseignant, marche rapidement. Pour lui la venue d’Emmanuel Macron est un grand événement : « C’est une bonne chose, vu le contexte actuel : la Russie prend de l’influence sur Afrique. La France doit aussi prendre sa place parce que nous avons quand même une histoire commune. Pour moi la venue du président Macron est une bonne chose. Nous l’attendons à bras ouverts », affirme-t-il.

    La dernière visite remonte à 2009

    La dernière visite d’un chef d’État français au Congo remonte à 2009. Le président Nicolas Sarkozy était venu signer une série d’accords, dont la concession du port de Pointe-Noire à Vincent Bolloré.

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    #France #Macron #Congo #Françafrique

  • Macron entame sa délicate « tournée » pour ne pas « perdre l’Afrique »

    Tags : France, Emmanuel Macron, Russie, Wagner, Chine, Françafrique,

    Influence russe en Afrique : Emmanuel Macron entame sa délicate « tournée » pour ne pas « perdre l’Afrique »

    « Cet âge de la Françafrique est bien révolu. » Voilà la phrase à retenir du premier discours d’Emmanuel Macron en Afrique.

    Emmanuel Macron participe, aujourd’hui, à Libreville avec plusieurs chefs d’Etats d’Afrique centrale à un sommet consacré à la protection des forêts tropicales. Mais tout le monde s’attendait à ce qu’il parle « politique ».

    « J’ai parfois le sentiment que les mentalités n’évoluent pas au même rythme que nous quand je lis, j’entends, je vois qu’on prête encore à la France des intentions qu’elle n’a pas, quelle n’a plus », a-t-il dit devant la communauté française au Gabon.

    « On semble encore aussi attendre d’elle des positionnements qu’elle se refuse à prendre et je l’assume totalement. Au Gabon comme ailleurs, la France est un interlocuteur neutre qui parle à tout le monde et dont le rôle n’est pas d’interférer dans des échanges politique intérieure », a-t-il martelé.

    18ème déplacement d’Emmanuel Macron en Afrique
    Une visite au Gabon. Le point de départ d’une tournée de quatre jours dans la région. La capitale gabonaise est la première étape d’un périple qui conduira ensuite le chef de l’État français en Angola, au Congo et en République démocratique du Congo.

    Il effectue son dix-huitième déplacement en Afrique depuis le début de son premier quinquennat en 2017. Il s’y rend surtout deux jours après avoir exposé depuis Paris sa stratégie africaine pour les quatre années à venir.

    Une tournée diplomatique cruciale en Afrique centrale alors que l’influence française ne cesse de reculer sur le continent. « Je crois qu’Emmanuel Macron a compris deux choses, » explique Pierre Mathiot, directeur de SciencesPo Lille. « D’une part, il a compris qu’il était extrêmement important pour la France, et donc pour l’Europe, de ne pas » perdre l’Afrique « pour des raisons géopolitiques et économiques, notamment l’accès aux minerais rares qui sont très importants. De l’autre, il a compris que pour ne pas « perdre l’Afrique », il fallait adopter une attitude différente de l’attitude traditionnelle qui a tendance à considérer que l’Afrique est un pré carré sur laquelle la France aurait une forme de  » droit « lié à l’époque coloniale. ». Il poursuit : « On a pu voir qu’Emmanuel Macron a changé la méthode. En début de semaine, il a fait un discours, depuis Paris, bien différent de ce que l’on a pu connaitre de l’époque « post-gaulliste » qui a perduré jusqu’à Nicolas Sarkozy. »

    Dans son discours, Emmanuel Macron a prôné « l’humilité » et encouragé un nouveau partenariat « équilibré » et « responsable » avec les pays africains. Pour Pierre Mathiot, « le Président sait qu’il marche sur des œufs. »

    Influence décroissante

    Car depuis plusieurs années, l’influence de la France, et de l’Europe, est décroissante en Afrique. Lors de sa « tournée africaine », le Président français va rencontrer d’autres chefs d’Etats dont Denis Sassou-Nguesso (Congo-Brazzaville), Faustin Archange Touadéra (Centrafrique), Mahamat Idriss Déby Itno (Tchad) ou encore Teodoro Obiang Nguema Mbasogo (Guinée équatoriale) qui feront aussi le déplacement.

    Depuis 2022, l’armée française a été poussée hors du Mali et du Burkina Faso par les juntes au pouvoir dans ces deux pays. Le Burkina vient aussi de dénoncer un « accord d’assistance militaire » signé en 1961 avec la France, au lendemain de l’indépendance du pays.

    La Russie et le groupe Wagner

    Forte des mercenaires du groupe Wagner et de campagnes de désinformation qui alimentent le sentiment antifrançais, la Russie dame de plus en plus le pion à Paris dans cette sphère d’influence française historique. Une présence qui inquiète la France. « Pour le moment, mais je pense que ce n’est qu’à court terme, le succès russe en Afrique est énorme », explique Patrick Verhaagen, professeur à l’ULB et spécialiste de l’Afrique. « La Russie est parvenue à mettre la France hors de son pré carré. Ils ont dû plier bagage au Mali et au Burkina Faso. A l’inverse, la Russie occupe le terrain au nom de la coopération militaire et en sous-main via la société privée de mercenaires de Wagner. C’est le plus grand succès politique. Qui aurait pu imaginer, il y a 5 ans encore, que l’armée française doive plier bagage d’Afrique face à la diplomatie russe et face au bras armé russe ? Personne. »

    Pour le directeur de SciencesPo Lille : « L’influence russe dans sur le continent ne date pas d’hier. Cela a commencé il y a déjà quelques années avec la République Centrafricaine où le groupe Wagner est présent depuis déjà plusieurs années. Donc, je pense que la France est inquiète. » Mais il insiste sur le fait que plusieurs dirigeants ont parfois la mémoire courte : « Les forces françaises ont quitté le Mali. Mais il ne faut quand même pas oublier que c’est l’intervention française qui a permis d’éviter que le pays ne soit conquis par les Islamistes. On l’a parfois un peu oublié. » Il rajoute : « On voit bien, au Mali par exemple, que le départ des Français, remplacé par le groupe russe Wagner, n’a aucun effet sur sa capacité à empêcher les attaques et les Islamistes de progresser. Au Burkina Faso, il y a encore eu 80 soldats qui sont morts. »

    Sergueï Lavrov et ses nombreux déplacements en Russie

    Ces derniers mois, la Russie tente nombre d’approche de pays africains. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a multiplié les visites et les déplacements sur le continent africain. Début de ce mois, il a même promis son aide « à la région sahélo-saharienne et même aux pays riverains du Golfe de Guinée ». Sergueï Lavrov a vanté la nouvelle alliance entre le Mali et la Russie contre le djihadisme qui ensanglante la région, lors d’une visite à Bamako présentée par les deux parties comme une première « historique » de la part d’un chef de la diplomatie russe.

    En juillet 2022, déjà, la visite du ministre russe des affaires étrangères, Sergeï Lavrov, en Égypte, en République du Congo, en Ouganda et en Éthiopie avait pour but de montrer que Moscou avait encore des amis sur la scène mondiale.

    Le récit et le discours russes

    Drapeaux russes, présence militaire, la Russie a aussi aidé certains pays en livrant des tonnes de céréales ces derniers mois. Cela participe, aussi, à rejeter la présence européenne pour mieux embrasser celle de la Russie. « Rien ne plaide pour l’Europe. Quand on voit le non-succès des opérations militaires françaises et qu’on a entre 14 et 18 ans, c’est logique qu’on puisse être tenté par autre chose. C’est difficile de contrer cette propagande russe », explique Patrick Verhaagen, professeur à l’ULB. Il rajoute : « Alors que l’Europe donne plusieurs milliards d’euros d’aides publiques chaque année, les résultats ne sont pas là. Les conditions d’existence de la population en se sont pas améliorées en 60 ans. Et sur le plan militaire, la situation empire. Il est donc très compliqué pour l’Europe d’obtenir des résultats. La seule réponse doit être diplomatique avec des chefs d’Etat au courant de cette situation. Mais certains pays, parfois poussés par le peuple, sont tentés d’ouvrir les bras à d’éventuels sauveurs. »

    Pour Pierre Mathiot, « Je pense qu’Emmanuel Macron va tenir un discours en indiquant que la France, en tant qu’ancienne puissance coloniale, n’est peut-être pas tout à fait irréprochable. Mais il avertira sur les dangers russes en expliquant qu’ils sont en train de capter toutes les ressources minières en Centrafrique. Donc, il a tout intérêt à expliquer que sous le prétexte de se débarrasser des Européens qui ont été colonialistes, sous le prétexte de les aider à s’échapper de la chappe de plomb post-coloniale, les Russes sont en train de reconstituer une stratégie colonialiste. Ça, c’est la stratégie du Président français. Après, elle sera appréciée en fonction de la situation politique et géopolitique des pays qu’il sera amené à visiter. »

    L’Europe a quelques « armes » en main

    Pourtant, tout n’est pas perdu pour l’Europe. « D’un point de vue géopolitique, c’est un coup de semonce. Personne au sein du groupe européen n’aurait pu s’imaginer un tel scénario. Il faut maintenant rester réaliste. L’Europe a d’autres armes, comme les échanges commerciaux et les aides publiques au développement », argumente Patrick Verhaagen, spécialiste de l’Afrique. « Les échanges commerciaux entre la Russie et l’ensemble du continent africain, c’est un peu moins de 15 milliards d’euros. Ceux entre l’Union européenne et les pays africains sont de 300 milliards d’euros. C’est vingt fois plus. Sans compter l’aide publique au développement de plusieurs milliards d’euros. Ces échanges commerciaux entre la Russie et l’Afrique se font au préjudice de l’Afrique. C’est-à-dire que ces 15 milliards d’euros sont quasi totalement des importations africaines de la Russie notamment de blé, de carburant et de charbon. Par contre, c’est la moitié pour l’Europe. C’est une donnée dont tout le monde est conscient. Et c’est donc un levier important face à la Russie. »

    Emmanuel Macron conclura sa tournée en République démocratique du Congo (RDC), ex-colonie belge mais aussi plus grand pays francophone du monde, où le président Félix Tshisekedi, au pouvoir depuis janvier 2019, se prépare à une échéance électorale cette année.

    Cette étape peut également s’avérer délicate alors que la France est accusée en RDC de soutenir le Rwanda plutôt que Kinshasa, confronté à une rébellion dans l’est du pays.

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    #France #Afrique #Macron #Russie #Wagner #Chine #Françafrique