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  • Au Gabon, le sentiment anti-français ne se cache plus -vidéo-

    Tags : France, Emmanuel Macron, Afrique, Gabon, Congo, Angola, Françafrique, Total Energies,

    Le président Macron s’est rendu hier au Gabon comme première escale de son périple africain. L’Angola, le Congo et la RDC sont les autres destinations de Macron lors de ce déplacement en Afrique centrale.

    Jeudi, le président français a participé à « One Summit Forest », un sommet environnementaliste sur la préservation des forêts du bassin Congo. La France est accusée, elle-même, de polluer et surexploiter ces forêts, par les activités pétrolières de Total, les mines d’uranium contrôlées par les entreprises françaises et aussi pour le monopole des acteurs français dans l’industrie du bois de cette région.

    Informés à propos de ces malfaisances françaises dans leur pays, les Gabonais ont commencé, depuis quelques semaines, une campagne massive pour demander la suspension de cette visite.

    Le ressentiment anti-français s’enflamme aussi sur les réseaux sociaux, notamment sur Facebook. La population locale ne cache plus sa critique contre les politiques d’ingérence de l’Elysée dans la région de l’Afrique centrale.

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    #France #Macron #Gabon #Françafrique #Congo #Angola #Total

  • Le discours de Macron sur l’Afrique : Des réactions mitigées

    Tags : France, Emmanuel Macron, Afrique, Françafrique, Gabon, Mali, Burkina Faso, Congo,

    Il ne s’agit pas de changer la politique française mais de s’adapter à une nouvelle situation, selon les analystes

    Le président français Emmanuel Macron a exposé sa stratégie pour l’Afrique dans un discours avant d’entreprendre mercredi sa tournée africaine qui le mènera au Gabon, en Angola, en République du Congo et en République démocratique du Congo.

    Le discours de lundi à la présidence a suscité des réactions variées, certains affirmant que Macron avait simplement reconditionné les thèmes d’un discours sur la politique française en Afrique prononcé lors de sa précédente visite sur le continent en 2017.

    Lecture à partir du même script

    Macron a déclaré que la France devait faire preuve d’une « profonde humilité » envers l’Afrique.

    « Nous voyons Macron faire des remarques similaires à Ouagadougou (capitale du Burkina Faso) et dans plusieurs autres pays africains », a déclaré à Anadolu l’analyste politique africain Garba Moussa.

    « Mais cette fois, il y a un certain apaisement quand Macron a souligné que la France devait faire preuve d’humilité envers l’Afrique. On y voit un changement d’attitude après l’arrogance passée de la France envers l’Afrique.

    Macron a déclaré que la France cesserait d’héberger des bases militaires régulières en Afrique et créerait à la place des « académies » qui seraient cogérées par la France et les pays hôtes.

    Moussa, spécialiste de la politique africaine, pense que la France imite la politique américaine en Afrique d’être présente sur le continent mais avec une « réduction notable » de ses effectifs militaires.

    Le philosophe camerounais Hubert Mono Ndjana a salué le discours de Macron sur « l’humilité réclamée depuis longtemps par de nombreux » partis, notamment en Afrique.

    Ndjana a déclaré que le test consiste à suivre les babines et que toutes les parties attendent de voir si c’est « le début d’un véritable changement ».

    Rien d’étonnant

    Raissa Girondin, une analyste politique basée au Togo, s’est montrée critique.

    Elle a décrit le discours de Macron comme « seulement un plat bien préparé au gaz » mais « n’offrant fondamentalement rien de surprenant ».

    « En réalité, il n’y a rien. C’est simplement un discours flatteur avec un seul objectif : reconquérir les cœurs, alors que le cœur de nombreux pays africains est très loin, très loin de la France », a-t-elle déclaré.

    Louis Gitinywa, un analyste politique basé au Rwanda, a déclaré qu’il était assez tôt pour évaluer l’impact de son changement présumé de la politique étrangère de la France en Afrique.

    Il a cependant noté que Macron avait pris la décision audacieuse de reconnaître les lacunes et les échecs de la politique étrangère de la France en Afrique subsaharienne dans un contexte de dynamique changeante.

    « Le continent africain n’est plus le territoire français. A long terme, le statu quo ante n’est plus valable alors que l’on assiste à une nette émancipation des Etats africains. Mais nous devons attendre de voir comment cela sera mis en œuvre sur le terrain », a déclaré Gitinywa.

    Au Bénin, Gille Gohy, politologue, a déclaré que le discours de Macron faisait preuve d’un grand réalisme.

    « Il n’y a plus d’arrogance. Les deux parties doivent avoir le même niveau de dialogue, le même niveau de coopération pour de futurs accords solides. La France et les pays africains sont conscients qu’ils ont chacun leur rôle à jouer pour des relations fructueuses », a déclaré Gohy.

    « C’est un discours positif. Je suis sûr que les pays africains le sentiront. Je vois que la France a vraiment envie de changer d’attitude vis-à-vis de ses partenaires africains.

    Gohy a souligné que la France « joue aussi pour sa survie » en raison de son influence décroissante sur le continent.

    Amir Nourdine Elbachir, un autre analyste politique et géopolitique, n’a pas été impressionné par le fait que Macron « parlait toujours de plans pour l’Afrique sans impliquer les Africains ».

    Dans un tweet, Elbachir a déclaré qu’il était clair que « les intérêts français sont menacés en Afrique », ce qui explique la soudaine réflexion de Macron sur la révision de la politique pour le continent.

    Pour l’homme politique Mamadou Dian Balde en Guinée Conakry, « depuis le discours de Macron dans un amphithéâtre de Ouagadougou en 2017, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts » et « sans que les fruits tiennent la promesse des fleurs car au lieu de resserrer les liens avec les anciennes colonies les relations se sont plutôt affaiblis.

    Balde a accusé la France de penser qu’elle pouvait combattre le terrorisme uniquement au Sahel.

    Macron a voulu remettre les pendules à l’heure en remodelant l’image de la France comme une seule sans aucune condescendance en adoptant une nouvelle approche de partenariats fondés sur l’égalité avec les pays africains, selon Balde.

    « Comme d’autres pays riches le font déjà, clairement, la France doit se débarrasser de son complexe de supériorité vis-à-vis de l’Afrique. Tel semble être le message creux véhiculé dans le discours de Macron. On se demande si l’ère de la Francafrique est révolue.

    En République démocratique du Congo, où Macron est attendu ce week-end, le journal Interkinois a plutôt pointé « l’incohérence entre le discours public pro-Congo et la pratique tacite pro-Rwanda ».

    Le professeur mauritanien Simon Paul Bangbo Ndobo l’a résumé en ces termes : « La France ne change pas, elle s’adapte à la nouvelle situation ».

    Contrer la Chine

    Gille Gohy, un politologue béninois, a quant à lui déclaré que la nouvelle coopération française doit être « égalitaire », et a exhorté les Africains à en profiter pour éviter « la réapparition des souvenirs douloureux du passé ».

    « Le président Macron adopte une approche stratégique parce qu’il se comporte comme un joueur », a-t-il déclaré.

    Gohy a également suggéré que le premier vol de Macron vers l’Afrique cette année est de contrer l’influence chinoise, notant que les pays africains avec lesquels la France entretenait des relations privilégiées ne font pas partie de sa tournée cette semaine.

    Les relations de la France avec ses anciennes colonies du Mali et du Burkina Faso où elle exerçait une grande influence se sont détériorées. Le mois dernier, la France a retiré ses troupes du Burkina Faso comme l’exigeait la junte militaire.

    Paris a également retiré ses forces du Mali l’année dernière après que la junte militaire a choisi de travailler avec un groupe paramilitaire russe Wegner.

    « Les pays que va visiter Macron ont une valeur dont la France peut tirer parti comme le pétrole gabonais ou congolais. Ces pays ont été courtisés dans un passé très récent par la Chine, qui est déjà solidement implantée », a-t-il déclaré. « La France veut aussi en profiter et ne pas tout laisser à la Chine. »

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    #France_Afrique #Macron #Gabon #Congo #Mali #Burkina_faso #Russie #Wagner

  • Macron doit réinitialiser la politique africaine de la France

    Tags : France, Emmanuel Macron, Afrique, Françafrique, Gabon, Mali, Burkina Faso, Russie, Wagner,

    L’ancienne puissance coloniale fait face à une concurrence d’influence sur le continent, notamment de la part de la Chine et de la Russie


    Vingt et un pays africains se sont abstenus ou sont restés à l’écart la semaine dernière du vote de l’Assemblée générale des Nations unies sur une résolution demandant le retrait de la Russie d’Ukraine. Parmi eux, six avaient une pertinence particulière, et qui donne à réfléchir, pour la France.

    Le président Emmanuel Macron avait visité deux d’entre eux, le Cameroun et la Guinée Bissau, en juillet dernier. Trois autres – l’Angola, le Gabon et le Congo – l’accueilleront plus tard cette semaine. Macky Sall, le président du sixième, le Sénégal, est considéré comme un ami et était invité à l’Élysée il y a tout juste un mois.

    Pour ajouter l’insulte à l’injure, le Mali, qui s’était abstenu lors d’un vote similaire en octobre dernier, a décidé de voter contre la résolution cette fois, rejoignant la Russie et des pays comme la Corée du Nord et la Biélorussie. Bien que pas tout à fait inattendue, cette décision a été un rappel douloureux des échecs de la France dans un pays où ses forces armées ont perdu 58 hommes combattant des groupes djihadistes, avant d’être expulsées l’année dernière par une junte militaire pour faire place aux mercenaires russes du groupe Wagner. Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, qui se rend fréquemment en Afrique ces jours-ci, s’est rendu début février à la junte à Bamako pour donner ses instructions de vote.

    Un Macron châtié entame cette semaine son 18e voyage en Afrique en tant que président. Il n’a pas renoncé à son ambition de transformer la relation vieille de plusieurs décennies de la France avec ses anciennes colonies ; au contraire, il la considère comme encore plus nécessaire dans le monde fragmenté d’aujourd’hui. Mais le dirigeant français a dû repenser son approche. Une réinitialisation avec l’Afrique est absolument nécessaire.

    Ce sont des moments différents des premiers jours de son premier mandat lorsque, en novembre 2017, Macron a prononcé un discours passionné devant un auditorium bondé à l’université de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso. En tant que premier président français né après l’ère coloniale, il a déclaré que l’époque de la vieille politique africaine de la France était révolue. Il a promis un nouveau modèle, plus équilibré et respectueux des identités africaines.

    Nul doute qu’il recevrait aujourd’hui un accueil encore moins enthousiaste de la part des étudiants de Ouagadougou. Après le Mali, l’instabilité politique, l’insécurité, le ressentiment anti-français et les campagnes de désinformation russes se sont propagées au Burkina Faso, qui a également demandé aux forces françaises de quitter le pays. Meurtrie mais réticente à se retirer complètement de la région du Sahel alors que la violence et l’insécurité menacent désormais même les États côtiers d’Afrique de l’Ouest, la France redéploie ses forces et adapte sa stratégie à une présence plus discrète. Un responsable de l’Éllysée décrit cette « nouvelle philosophie » comme « la fin d’un cycle où la France s’est mise en première ligne. On passe à un cycle où on va plutôt travailler en arrière-plan. » 

    Cela a été une leçon d’humilité. Le programme de transformation de Macron s’est rapidement heurté aux réalités sur le terrain. Il voulait que la France se débarrasse de son habit colonial ; mais lutter contre le terrorisme, aux côtés des gouvernements locaux, impliquait de maintenir des bases militaires qui étaient, en fait, des vestiges de son passé colonial. Ce n’est pas facile de faire semblant d’être parti alors qu’on est encore là.

    Par souci de stabilité, le président français a fini par contredire ses propres idéaux professés. Il a assisté aux funérailles du président tchadien Idriss Déby en 2021, approuvant ainsi implicitement le transfert de pouvoir hautement antidémocratique au fils de Déby. Mais la France n’avait-elle pas besoin de conserver une base aérienne à N’Djamena pour ravitailler ses troupes dans la région ?

    Son soutien au président ivoirien Alassane Ouattara, élu en 2020 pour un troisième mandat que l’opposition considérait comme inconstitutionnel, rappelait aussi les vieilles habitudes françaises. Mais qui voulait faire face à une autre crise dans un pays clé d’Afrique de l’Ouest ?

    Alors que la France s’enlisait dans sa réponse militaire à la propagation des assauts djihadistes, le continent changeait. Avec l’impact de la mondialisation, les pays d’Afrique ont vu le monde différemment et le monde les a vus différemment.

    La France n’est devenue qu’un acteur de plus parmi de nombreuses puissances concurrentes. La Russie, jouant sur les liens étroits que l’Union soviétique entretenait avec les élites africaines, revient en force, ciblant directement l’influence française. La Chine et la Turquie sont de grands acteurs sur le continent, avec des agendas allant bien au-delà de leurs intérêts économiques. Les gouvernements africains ont maintenant toute une gamme de partenaires parmi lesquels choisir et ne prendront pas conseil auprès de leurs anciens « protecteurs ».

    Ainsi, lors du prochain voyage de Macron, attendez-vous à beaucoup d’accent sur la biodiversité, des propositions d’aide à la lutte contre le changement climatique, des offres sur la coopération agricole ainsi que des partenariats culturels. Convaincue que l’Afrique et sa diaspora en Europe sont trop importantes pour être laissées de côté, la France tente à nouveau.

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    #France #Macron #Afrique #Françafrique #Gabon #Mali #Burkina_Faso

  • Macron sur l’Afrique : « nouvelle ère » et présence réduite de la France

    Tags : Afrique, France, Emmanuel Macron, Françafrique,

    La France réduira considérablement sa présence militaire en Afrique, où ses bases seront « co-administrées » avec les forces armées locales, a déclaré le président.

    Le président français Emmanuel Macron a appelé lundi son pays à construire « une nouvelle relation équilibrée » avec l’Afrique, alors que l’ancienne puissance coloniale cherche à réduire sa présence militaire sur le continent.

    « L’objectif de cette nouvelle ère est de déployer notre présence sécuritaire dans une approche basée sur le partenariat », a déclaré Macron dans un discours à Paris, avant une tournée qui le mènera au Gabon, en Angola, en République démocratique du Congo et au Congo plus tard. cette semaine.

    À l’avenir, les bases militaires françaises sur le continent seront « co-administrées » avec du personnel local, a déclaré le président français, tandis qu’il y aura une « diminution visible » du nombre de troupes françaises stationnées en Afrique au cours des prochains mois.

    La nouvelle survient alors que la France fait face à une opposition croissante de la part des gouvernements locaux en raison de sa présence militaire continue dans plusieurs de ses anciennes colonies, et a été forcée de retirer des centaines de soldats du Mali , de la République centrafricaine et du Burkina Faso au cours de l’année écoulée. Environ 5 000 soldats français restent stationnés sur diverses bases à travers le continent.

    Mais la perte d’influence de Paris, notamment dans la région du Sahel, a également permis à la Russie d’ étendre son influence en Afrique , y compris dans la sphère numérique par le biais de campagnes de désinformation, ainsi que sur le terrain avec des mercenaires du groupe Wagner, qui en certains cas ont remplacé les soldats français .

    Le président français a déclaré que son pays s’éloignerait des luttes de pouvoir « anachroniques » en Afrique, affirmant que les pays africains devraient être considérés comme des « partenaires », tant sur le plan militaire qu’économique.

    « L’Afrique n’est pas l’arrière-cour de [personne], encore moins un continent où les Européens et les Français devraient dicter son cadre de développement », a déclaré Macron.

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    #France #Afrique #Macron #Françafrique

  • La stratégie africaine de Macron mise à nu par un média du Niger

    Tags : France, Emmanuel Macron, Afrique, Françafrique,

    Stratégie de Macron pour l’Afrique: la France n’a aucune intention de laisser le continent respirer
    By Sylvère Dossou –

    Alors que tout le monde attendait son discours sur la nouvelle stratégie française pour l’Afrique, le président Emmanuel Macron n’a pas, encore une fois, raté son entrée. L’homme s’est illustré comme ses pères, dans des propos paternalistes, maladroits et dégradants à l’endroit d’un continent qui ne semble plus lui faire confiance.

    «Du défi sécuritaire, climatique au défi démographique avec la jeunesse qui arrive et à laquelle il faut proposer un avenir pour chacun des États africains», ce sont là les propos de Macron sur sa Stratégie pour l’Afrique. Le locataire de l’Elysée n’a pas eu froid aux yeux pour prononcer ces mots paternalistes et dégradants tant pour le continent que pour ses dirigeants, qui sous-entendent que son pays reste toujours attaché aux idéaux de la tristement célèbre Françafrique.

    Pourtant Macron lui-même a estimé que « je n’ai pour ma part aucune nostalgie vis-à-vis de la Françafrique », même s’il s’en mêle les pinceaux quand il soutient cependant que « je ne veux pas laisser une absence ou un vide derrière elle ». La Françafrique ne devrait pas laisser de vestige ni se substituer en autre chose. Sans cette Françafrique, il y a toujours coopération entre chaque pays africains et la France, mais selon leur désire et choix diplomatique et idéologique sans que cela n’engage de groupe de pays africains comme c’est le cas.

    Aussi, en ce qui concerne la présence militaire française sur le continent, Macron veut aller au-delà de la configuration actuelle. Le président Français entend être présent dans plus de pays d’une autre façon que d’installer des bases un peu partout. Il veut influencer des groupes de pays qui se mettent ensemble pour des projets sécuritaires et de défense.

    Macron a évoqué la mise en place d’une sorte de « hub sécuritaire » avec les pays africains. Sachant qu’un hub est une sorte de nœud central d’un réseau, Paris veut, à défaut d’avoir des bases dans quelques pays sur le continent, concentrer ses forces militaires autour d’un réseau de plusieurs pays où elle étendra désormais son influence géostratégique.

    Il va sans dire que, non seulement Macron n’a, à aucun moment évoqué la possibilité de faire partir un jour du continent ses forces militaires, mais plutôt, avec cette idée de hub, d’y renforcer ses effectifs. De toute évidence, la Françafrique est toujours là et du discours de Macron, on comprend que comme il le voulait avec son « amis sincère » Alassane Ouattara pour le franc CFA, la Françafrique a juste changé de dénomination.

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    #France #Macron #Afrique #Françafrique #FCFA

  • Macron : « Nouvelle ère » dans la stratégie économique et militaire en Afrique

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    PARIS (AP) – Le président français Emmanuel Macron s’est engagé à réduire le nombre de troupes françaises en Afrique dans le cadre d’un « nouveau partenariat de sécurité » avec les nations concernées et à déployer des politiques économiques plus ambitieuses, dans le but de renforcer l’influence décroissante de la France sur le continent .

    Macron a appelé à ouvrir une « nouvelle ère » dans un discours à l’Elysée, avant un voyage ambitieux mercredi au Gabon, en Angola, en République du Congo et au Congo.

    Il a déclaré que la France devait s’éloigner de l’ingérence dans certaines parties de l’Afrique qu’elle gouvernait autrefois en tant que puissance coloniale, affirmant que le continent n’était plus son « arrière-cour ».

    « Il y a une autre voie », a-t-il déclaré : « Aborder les pays africains comme des partenaires avec lesquels nous partageons des intérêts et des responsabilités équilibrées, réciproques et responsables.

    Il a promis un « nouveau partenariat de sécurité » avec des effectifs réduits de troupes françaises sur le continent.

    Macron a déclaré que les bases militaires françaises ne seront pas fermées, mais seront transformées en fonction des besoins exprimés par les partenaires africains.

    « Notre modèle ne doit plus être des bases militaires comme celles que nous avons maintenant », a-t-il déclaré. « Demain, notre présence (militaire) passera par des bases, des écoles, des académies, qui seront gérées conjointement » par des personnels français et africains.

    « Et je le dis très clairement : le rôle de la France n’est pas de régler tous les problèmes en Afrique », a-t-il ajouté.

    Le discours de lundi est intervenu à un moment où l’influence de la France sur le continent est confrontée à ses plus grands défis depuis des décennies. Le sentiment anti-français croissant a conduit à des manifestations de rue dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest et du Nord.

    De plus, les liens économiques historiques que la France entretenait avec la région sont sous la pression de la présence commerciale croissante de la Russie, de la Chine et de la Turquie.

    Macron a reconnu que l’Afrique est désormais un « terrain de compétition » et a exhorté les entreprises françaises à « se réveiller » et à s’impliquer dans la lutte.

    L’année dernière, les troupes françaises ont dû se retirer du Mali, qui s’est plutôt tourné vers des entrepreneurs militaires russes privés du groupe Wagner, et plus récemment du Burkina Faso, qui semble également de plus en plus tourné vers Moscou.

    Macron a dénoncé Wagner comme des « mercenaires criminels » dont le rôle est de « protéger les régimes défaillants et putschistes ». Il les a accusés de « précéder » les ressources naturelles et « d’avoir commis des violences contre les populations (locales) », y compris des viols.

    L’année dernière, Macron a annoncé la fin officielle de la force militaire dite de Barkhane après que la France a retiré ses troupes du Mali. Les opérations françaises d’aide à la lutte contre les extrémistes islamiques dans la région du Sahel se concentrent désormais principalement sur le Niger et le Tchad, où le pays compte encore environ 3 000 soldats.

    Au Burkina Faso, Boubacari Dicko, l’émir – ou chef traditionnel – de la ville septentrionale de Djibo, près de la frontière malienne, a déclaré qu’une relation renouvelée entre la France et les pays africains pourrait être basée sur un partenariat gagnant-gagnant.

    « Le changement est bon » et « nécessaire » car la politique française de ces dernières années a été critiquée pour ne pas avoir restauré la sécurité dans la région, a-t-il dit, ajoutant : « L’armée française était là, mais cela n’a pas empêché les djihadistes d’entrer dans la région ». pays et s’étendant dans le pays chaque jour.

    Macron, 45 ans, est le premier président français né après la fin de l’ère coloniale. Il a précédemment cherché à étendre la coopération de la France avec des pays anglophones, comme le Ghana et le Kenya, et à accroître les investissements français dans le secteur privé africain.

    Au cours de la tournée de cette semaine, il visitera également l’Angola lusophone, dans le but de développer des liens notamment dans l’agriculture et l’industrie alimentaire, et l’énergie, y compris le pétrole et le gaz.

    Pourtant, le voyage de Macron en Afrique centrale suscite déjà des interrogations.

    Certains militants de l’opposition au Gabon ont dénoncé sa visite, qu’ils perçoivent comme une offre de soutien au président Ali Bongo Ondimba – dont la famille est au pouvoir depuis les années 1960 – avant une élection présidentielle plus tard cette année.

    Des questions similaires ont été soulevées au Congo, qui fait face à une élection présidentielle en décembre.

    Le bureau de Macron a déclaré que tous les responsables français resteraient neutres concernant ces élections.

    L’Elysée a souligné que Macron se rendait au Gabon principalement pour assister à un grand sommet climatique sur la préservation des forêts.

    Il cherchera également à montrer l’engagement de la France à améliorer les relations économiques et culturelles avec deux pays francophones – la République du Congo et le Congo voisins – à travers des entretiens avec les autorités ainsi qu’avec des citoyens ordinaires, des entrepreneurs, des artistes et des militants, selon l’Elysée.

    Macron a dénoncé lundi l’offensive dans l’est du Congo par le groupe rebelle M23 lié au Rwanda voisin comme une « régression inacceptable ». Les combats se sont intensifiés ces derniers jours , avec des « conséquences terribles » pour la population, a déclaré Macron. « L’unité, la souveraineté et l’intégrité territoriale du Congo ne peuvent être remises en cause », a-t-il déclaré.

    AP

    #France #Afrique #Macron #Françafrique

  • Macron dévoile sa nouvelle stratégie pour l’Afrique

    Macron dévoile sa nouvelle stratégie pour l’Afrique

    Tags : France, Afrique, Emmanuel Macron, Maroc, Algérie, Françafrique, patrimoine, colonisation, pillage,

    Le président appelle à de nouvelles relations équilibrées et envisage de réduire le nombre de soldats français sur le sol africain

    Le président français a annoncé lundi son plan de réduction du nombre de soldats français en Afrique.

    Avant sa visite en Afrique qui doit commencer mercredi, Emmanuel Macron a présenté lors d’une conférence de presse sa nouvelle stratégie pour l’Afrique, y compris un nouveau modèle de partenariat dans lequel les Africains devraient jouer un plus grand rôle.

    « Le changement commencera dans les mois à venir », a-t-il dit, et promis une intensification des efforts français dans la formation et l’équipement des bases militaires, en faveur de leurs partenaires africains.

    Le président a également appelé à une « relation nouvelle, équilibrée, réciproque et responsable » avec l’Afrique.

    Relations avec les pays du Maghreb

    Macron a également souligné qu’il continuerait à progresser afin de renforcer les relations avec les pays du Maghreb nord-africain que sont l’Algérie et le Maroc.

    « Ce n’est pas le meilleur moment mais cela ne m’arrêtera pas », a-t-il juré.

    Restitution des objets pillés

    En outre, M. Macron a annoncé un art cadre pour rendre les artefacts aux pays africains qui cherchent à rapatrier leur patrimoine.

    « Le ministre de la culture soumettra la loi au Parlement dans les prochaines semaines », a-t-il déclaré, avant d’ajouter : « Cela déterminera les méthodes et les critères du processus. »

    Anadolou, 28/02/2023

    #France #Macron #Afrique #Algérie #Maroc #Colonisation #Pillage

  • La France se cherche en Afrique

    La France se cherche en Afrique

    Tags : France, Sahel, Mali, Burkina Faso,Niger, Afrique, Françafrique,

    par Abdelkrim Zerzouri


    Le président français Macron ne s’avoue pas vaincu sur le continent africain. Après le retrait des troupes militaires françaises du Mali et du Burkina Faso, accompagné d’un sentiment antifrançais au sein des populations locales, qui a influé négativement sur la relation et le rôle de la France en Afrique, Macron revient à la charge avec une nouvelle stratégie pour l’Afrique, du moins pour le temps qui lui reste de son second mandat. Il fera étalage de cette nouvelle stratégie dans un discours annoncé par l’Elysée pour le 27 février, qui sera suivi par une conférence de presse avec des journalistes français et africains. Mais selon les gros titres de ce discours, livrés par un conseiller du président français, on parle d’une « vision du partenariat » avec les pays africains qui sera expliquée lors de discours. La nouvelle stratégie du président Macron est basée sur l’approfondissement de ce partenariat entre la France, l’Europe et le continent.

    Notons que ce discours sera prononcé deux jours avant le début d’une tournée qui le mènera au Gabon, en Angola, au Congo et en République démocratique du Congo. Une tournée qui ne s’avère pas de bon repos pour le président français sur plusieurs plans, dont celui de l’hostilité de la société civile dans ces pays à l’égard de sa visite, notamment dans les pays qui se préparent à organiser des élections présidentielles et qui croient que l’arrivée du président français en pareille période est toute faite pour apporter son soutien à un candidat aux dépens d’autres en lice. Pourra-t-il vraiment regagner la confiance des populations locales, guérir les maux profonds causés par la France coloniale, et par la suite par les politiques suivies par de précédents gouvernements en Afrique ? Le président Macron est déterminé à reconquérir la place de la France en Afrique, avec l’Europe. Malgré la concurrence avec les Chinois et les Russes, qui se sont implantés en Afrique, le président Macron est loin de s’avouer vaincu.

    Lors de son discours le 27 février, et à l’occasion de sa tournée africaine, il va présenter les nouveaux contours de la présence militaire française sur le continent. Son conseiller parle d’une « philosophie » et de « coopérer autrement » à propos de ces nouveaux contours de la présence militaire française en Afrique. « On sort d’un cycle où la France a eu besoin ou tendance à se mettre en première ligne. Nous rentrons dans un cycle où nous allons travailler en deuxième rideau », a déclaré la même source à un média français. Que veut dire « travailler en deuxième rideau » ? Pour le moment, on n’en sait pas plus que ce qu’a voulu divulguer le conseiller du président français à propos de cette nouvelle stratégie de la France sur le continent, mais on est sûr d’une chose, rien ne sera plus comme avant pour la France en Afrique.

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    #France #Afrique #Françafrique #Mali #Burkina_Faso #Sahel #Niger

  • Les gabonais promettent à Macron un concert aux casseroles

    Tags : Gabon, France, Françafrique, Emmanuel Macron,

    Dans un communiqué rendu public ce jeudi 23 février, la présidence française annonce que le président français Emmanuel Macron se rend la semaine prochaine au Gabon, en Angola, au Congo et il finira sa tournée en République démocratique du Congo.

    Au Gabon comme en France, les gabonais se préparent à réserver un concert aux casseroles et une grève générales dans la quasi totalité des villes gabonaises pour exprimer leur refus de ce voyage et leur opposition au soutien indéfectible de Paris au président gabonais Ali Bongo, à quelques encablures de la tenue de la présidentielle dans ce pays de l’Ouest du continent africain, connu pour être l’un des pays aux avant-postes de la Françafrique, depuis le règne d’Omar Bongo, père de l’actuel homme fort de Libreville.

    Un sit-in de protestation est déjà prévu ce vendredi 24 février, devant le Quai d’Orsay à Paris, suivi de concert de casseroles les 27 , 28 février durant 30 minutes et les 1er et 2 mars, jours de l’arrivée du locataire de l’Elysée au Gabon avec en plus une grève générale illustrant des villes mortes.

    Cette opposition exprimée à l’égard de la visite d’Emmanuel Macron survient au moment ou le sentiment anti(français ne cesse d’augmenter, ayant comme résultat déjà, le retrait de la France du Mali, Burkina Faso et la RCA, sous la pression des gouvernements et populations de ces pays de la région du Sahel. D’ailleurs; il n’est pas exclu que le sentiment anti-français gagne les pays de l’Afrique de l’Ouest comme le Gabon, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, en plus des pays comme la Guinée, le Tchad, le Niger et le Togo.

    Dans une conjoncture géopolitique internationale annonciatrice d’un nouvel ordre mondial multipolaire, la France qui poursuit sa politique néocoloniale avec le maintien de la monnaie coloniale le CFA, et sa mainmise sur les richesses naturelles des pays africains, devra s’affronter au sursaut des africains désireux de se libérer du joug de l’ancien colonisateur.

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    #France #Françafrique #Gabon #Macron

  • La francophonie, un dispositif néocolonial

    La francophonie, un dispositif néocolonial

    Tags : Afrique, France, OIF, colonialisme, colonisation, Françafrique, spoliation, ressources naturelles,

    par Khadim Ndiaye*

    Francophonie : quand la France déploie son empire linguistique
    par Khadim Ndiaye
    Extrait de L’empire qui ne veut pas mourir. Une histoire de la Françafrique, (2021), pages 945 à 955.
    Publié par Afrique XXI, le 22 novembre 2022.

    Une histoire coloniale

    « Je veux une francophonie forte, rayonnante, qui illumine, qui conquiert [!], tambourine le président Emmanuel Macron lors de son discours de Ouagadougou, en novembre 2017. [Le] français d’Afrique, des Caraïbes, de Pacifique, ce français au pluriel que vous avez fait vivre, c’est celui-là que je veux voir rayonner, portez-le avec fierté, ne cédez à aucun discours qui voudrait en quelque sorte renfermer le français dans une langue morte ou combattre le français comme une langue trop chargée par un passé qui n’est pas à la hauteur du nôtre ! » Régulièrement brandie dans la bouche des chefs d’État français comme un symbole de fraternité et d’ouverture aux autres, la francophonie est en réalité étroitement associée à l’histoire coloniale.

    Le mot est employé pour la première fois par le géographe français Onésime Reclus à la fin du XIXe siècle. Promoteur de l’aventure coloniale française, dans son ouvrage Lâchons l’Asie, prenons l’Afrique, Reclus formule deux interrogations : « Où renaître ? Et comment durer ? » Les réponses apportées par l’auteur s’inscrivent en droite ligne des théories expansionnistes développées à la même époque par les partisans de la colonisation, au rang desquels figurent l’homme politique Léon Gambetta et l’économiste Paul Leroy-Beaulieu. Reclus annonce le « grand destin » qui attend la France après ses déboires militaires face à la Prusse (1870 -1871). Pour lui, il ne fait aucun doute que la renaissance française doit se faire « à moins de deux cents lieues de nous », en Afrique [1]. Et, l’instrument qui permettra d’y assurer une présence durable n’est autre que la langue.

    Telle la Rome antique au temps de sa splendeur qui « triompha des peuples en subtilisant leur âme », la France doit conquérir les peuples africains par sa langue, théorise le géographe. Il s’agit précisément, écrit-il, d’« assimiler nos Africains, de quelque race qu’ils soient, en un peuple ayant notre langue pour langue commune. Car l’unité du langage entraîne peu à peu l’union des volontés. Nous avons tout simplement à imiter Rome qui sut latiniser, méditerranéiser nos ancêtres, après les avoir domptés par le fer. [2] »

    Si, au départ, Reclus entend décrire la communauté linguistique et géographique des « gens parlant français », le concept de francophonie finit par sous-entendre chez lui une idéologie de domination. La politique coloniale d’assimilation par la langue devient le préalable à l’extension de la présence française hors de l’Europe. Cette volonté de rayonnement par la langue n’est pas un dérivé de l’idéologie coloniale : elle est au cœur de son projet hégémonique. Elle persiste aujourd’hui comme toile de fond de la francophonie moderne, en dépit des dénégations de ses promoteurs.

    La base d’une « indestructible influence »

    Le 7 mars 1817, la première école française est ouverte en Afrique subsaharienne à Saint-Louis du Sénégal avec à sa tête Jean Dard. Partisan de l’instruction des indigènes dans leur langue maternelle et militant de la production de « livres écrits en leurs langages naturels », Dard initie un bilinguisme français-wolof pour faire face à la difficulté de compréhension du français de ses élèves. Une initiative couronnée de succès. Il doit toutefois subir les attaques véhémentes du préfet apostolique du Sénégal, l’abbé Guidicelli, qui l’accuse d’instruire ses élèves dans un « jargon informe » [3] au lieu de la langue française.

    Ses thèses étant en déphasage avec l’idéologie coloniale, Dard est vite évincé tandis que le français est imposé comme langue unique d’enseignement. Dans une lettre du 23 mars 1829 adressée au ministre de la Marine, le gouverneur de la colonie Jean Jubelin donne le ton du « nouvel établissement », qui a désormais pour mission l’instruction et la formation d’une élite éduquée à l’européenne. Il s’agit, écrit-il, d’« amener les habitants indigènes à la connaissance et à l’habitude du français et associer pour eux à l’étude de notre langue celle des notions les plus indispensables. Leur inspirer le goût de nos biens et de nos industries. Enfin, créer chaque année parmi eux une pépinière de jeunes sujets propres à devenir l’élite de leurs concitoyens, à éclairer à leur tour et à propager insensiblement les premiers éléments de civilisation européenne chez les peuples de l’intérieur. [4] »

    Un projet « éducatif » appliqué par les gouverneurs coloniaux qui vont se succéder. Louis Faidherbe, grand idéologue de l’occupation de l’Afrique occidentale, comprend que la « mise en valeur » des colonies de l’AOF passe par l’instruction en français. En créant l’École des otages et en y faisant inscrire les fils de chefs et de notables ramenés de campagnes militaires, il associe au contrôle des corps et des territoires un modelage strict des esprits.

    Dans l’ouvrage qu’il consacre à Faidherbe en 1947, Georges Hardy, inspecteur de l’éducation, précise les intentions de l’ancien gouverneur du Sénégal : « L’école, à ses yeux, n’est pas seulement cette banale officine pédagogique où l’on enseigne le b.a.-ba et les quatre règles sans trop se demander où cela conduit, c’est essentiellement un instrument de formation morale, destiné à faire comprendre les intentions du peuple tuteur, à ouvrir pour l’influence française des voies larges et sûres d’où la contrainte est exclue. » Ainsi peut-on procéder à la « conquête morale » de l’Africain et en faire l’« auxiliaire de l’Européen », indique Hardy.

    Le vecteur qui diffuse le projet de conquête

    Quelques années avant sa mort et alors qu’il n’est plus en poste dans les colonies, Faidherbe voit en 1883 son intérêt pour l’éducation coloniale se raviver lors de la création de l’Alliance française dont il devient un des présidents d’honneur. Il en précise l’objectif – « étendre l’influence de la France en facilitant ses relations sociales et ses rapports commerciaux avec les différents peuples par la propagation de sa langue » – et lui fournit en 1884 une série d’observations et de conseils pour une meilleure diffusion de la langue au sein des masses indigènes africaines. Il préside même une réunion des diverses sections africaines de l’Alliance le 21 novembre 1884, à la grande Chancellerie de la Légion d’honneur à Paris, à laquelle prend part l’explorateur Paul Soleillet, auteur en 1876 d’un ouvrage au titre prometteur : Avenir de la France en Afrique [5].

    La langue devient sous le régime colonial le vecteur qui diffuse le projet de conquête dans l’esprit des indigènes parallèle à celui de la répression des corps. Le lieutenant Paulhiac, membre de la Société de géographie de Paris et auteur de Promenades lointaines : Sahara, Niger, Tombouctou, Touareg, résume bien en 1905 la préoccupation de cette période : « C’est dans notre langue que résidera notre force, comme elle sera, plus tard, la base de notre indestructible influence dans les pays que nous aurons façonnés à notre image. [6] »

    En 1920, la création du Service des œuvres françaises à l’étranger (SOFE) sert aussi cet objectif, mais il faudra attendre les indépendances africaines pour que soient vraiment créées les premières institutions de la Francophonie.

    Contrairement au mythe destiné à les légitimer, la mise en place d’institutions de promotion de la francophonie ne naît pas d’une initiative africaine. Corollaire de la colonisation, elle mûrit dans l’esprit d’officiels français, du général de Gaulle en particulier. « Maintenant que nous avons décolonisé, notre rang dans le monde repose sur notre force de rayonnement, c’est-à-dire avant tout sur notre puissance culturelle. La francophonie prendra un jour le relais de la colonisation ; mais les choses ne sont pas encore mûres », explique le Général à Alain Peyrefitte le 11 septembre 1966. [7]

    « Opération francophonie »

    Obnubilé par le rôle que la France doit jouer dans un monde marqué par la réalité des deux grands blocs de l’Ouest et de l’Est, de Gaulle mesure l’enjeu que les pays francophones représentent pour la France. Dans les années 1960, un débat est lancé sur le concept de « francophonie » [8]. S’agit-il d’un simple patrimoine linguistique commun ? Faut-il rassembler les pays qui utilisent le français dans une organisation commune ? D’abord réticent à l’idée d’institutionnaliser la francophonie, le Général a conscience du potentiel de puissance que la langue peut offrir à la France. C’est ce qu’illustre l’intérêt qu’il porte au Québec, bastion francophone au cœur de l’Amérique.

    Mais, alors qu’il se montre volubile sur la position de la France concernant les francophones du Canada, le Général reste évasif lorsqu’il s’agit des territoires de l’empire colonial français. « La francophonie est une grande idée » selon lui, mais « il ne faut pas que nous soyons demandeurs », précise-t-il en conseil des ministres le 7 mai 1963. Dans son entourage, on s’active donc pour inciter les « amis » africains à prendre l’initiative. « Je suis très favorable à la francophonie, indique le Premier ministre Georges Pompidou à Alain Peyrefitte le 31 août 1967. Je dirais même plus que le Général, qui a peur de provoquer une réaction hostile de la part des pays colonisés. Il répète : “Donner et retenir ne vaut. Il ne faut pas avoir l’air de les recoloniser.” Je n’ai pas ces scrupules. »

    Pompidou lance donc une véritable « opération francophonie » : Matignon se dote d’un « Haut Comité pour la défense et l’expansion de la langue française », dès 1966, et mobilise Léopold Sédar Senghor, ami de jeunesse de Pompidou et grand partisan de la francophonie. C’est en tout cas ce que raconte le diplomate Bernard Dorin, chef du service des Affaires francophones du ministère des Affaires étrangères (1975-1978) et président de l’association Avenir de la langue française (1998-2003), qui précise : « J’ai assez bien connu le président Senghor lorsqu’il était président de la République du Sénégal, car il constituait alors l’une des pièces maîtresses de “l’opération francophonie” lancée parallèlement à tout circuit officiel par quelques jeunes fonctionnaires dont Philippe Rossillon et moi-même. Les deux autres membres du “Triumvirat” étaient […] le président Diori Hamani du Niger et le Président Bourguiba de Tunisie. [9] » Le président Norodom Sihanouk du Cambodge apporte une caution asiatique à l’entreprise.

    Le mythe d’une initiative africaine

    L’idée que les élites colonisées sont à l’origine de la Francophonie en tant qu’institution intergouvernementale va ainsi faire son chemin. La parution en 1962 de l’article de Senghor – « Le français, langue de culture » – dans la revue Esprit est présentée a posteriori comme un événement fondateur. Les défenseurs de la Francophonie « veulent ainsi prouver, observe l’universitaire française Alice Goheneix, que ce sont bien les anciens colonisés, africains et asiatiques – et non l’ancienne métropole – qui décidèrent de faire de la langue française l’objet et le sujet d’une organisation internationale » [10]. L’aspect culturel est volontairement mis en avant. Senghor présente l’ambition linguistique et culturelle mondiale affichée comme un « humanisme intégral qui se tisse autour de la terre » et met en garde ceux qui y verraient « une machine de guerre montée par l’impérialisme français ».

    Sur les fondations posées dans le sillage des indépendances, avec la création en 1960 de la Conférence des ministres de l’Éducation des pays africains et malgache d’expression française (CONFEMEN) et l’installation en 1963 d’un Centre de linguistique appliquée à Dakar, la France consolide l’armature institutionnelle de la francophonie dans la seconde moitié des années 1960, en prenant soin de mettre en avant le « désir » de francophonie de ses alliés africains. En juin 1966 est mis en place un espace politique francophone avec la première conférence à Tananarive des chefs d’État de l’Organisation commune africaine et malgache (Ocam). Le 20 mars 1970, la Conférence de Niamey institue l’Agence de coopération culturelle et technique (ACCT) qui deviendra l’Agence intergouvernementale (1998) puis l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF, en 2006). Le président François Mitterrand crée en 1984 le Haut Conseil de la Francophonie et, en 1999, l’Association des universités partiellement ou entièrement de langue française devient l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF). Consécration de ce processus, un sommet ritualisé biannuel – Conférence des chefs d’État et de gouvernement des pays ayant le français en partage – est organisé à partir de 1986 pour décider des orientations et de la stratégie de l’institution.

    Des institutions comme l’Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF) et l’Association internationale des maires francophones (AIMF) visent désormais à renforcer la solidarité entre institutions parlementaires et mairies de la communauté francophone tandis que l’Institut de la Francophonie pour l’éducation et la formation (IFEF) s’active dans la promotion de l’enseignement en langue française. À côté de ces différentes structures dont la liste est loin d’être exhaustive s’illustrent celles qui sont strictement françaises et qui participent de la stratégie d’influence culturelle de Paris. France Médias Monde réunit ainsi France 24, RFI et Monte Carlo Doualiya (la radio en langue arabe) mais également la filiale Canal France International, une agence de coopération qui, pour le compte du Quai d’Orsay, coordonne l’aide au développement spécifique aux médias. L’Afrique reste évidemment une cible de choix. Elle est « notre respiration », soutient en 2015 [11] la patronne de France Médias Monde, Marie-Christine Saragosse, dont la structure, en partenariat avec CFI, met en œuvre depuis juillet 2020 le projet « Afri’Kibaaru » : une production d’informations en langues locales ciblant les populations de six pays du Grand Sahel, financée par l’Agence française de développement et présentée comme une réponse aux « défis sécuritaires, économiques, sociaux et institutionnels ».

    « Penser français » pour acheter français

    Dès les débuts de la francophonie moderne, la langue est considérée comme un vecteur de débouchés économiques. Lors de son allocution à l’Assemblée nationale française le 23 octobre 1967, Yvon Bourges, secrétaire d’État chargé de la Coopération explique que son « premier objectif […] est de favoriser la pénétration de la langue et de la culture françaises dans les pays d’Afrique et de Madagascar ». Et Bourges poursuit : « Le second objectif que nous proposons est d’ordre économique : le maintien et le développement des intérêts commerciaux et industriels français constituent également une des préoccupations constantes du secrétaire d’État aux Affaires étrangères chargé de la Coopération. Je le dis sans aucune honte, cela n’a d’ailleurs rien d’illégitime ni de sordide. »

    La juxtaposition de ces deux objectifs par le gouvernement n’a rien de surprenant. La langue ouvre la voie aux marchés, comme le maintien d’une présence culturelle forte participe d’un imaginaire collectif favorable à la sauvegarde des intérêts économiques de Paris, en faisant localement « penser français ». Inversement, le maillage économique hexagonal maintient une influence culturelle, et donc politique, française.

    Cette stratégie a été poursuivie au fil des ans. Ainsi, dans le rapport que lui demande le président François Hollande sur les opportunités économiques qu’offre la francophonie avant le sommet de l’OIF à Dakar, en 2014, Jacques Attali fait plusieurs recommandations. Constatant que le français « perd du terrain », l’ancien conseiller de François Mitterrand propose de renforcer son enseignement, de diffuser des contenus culturels et créatifs francophones, de faciliter la mobilité des étudiants, des chercheurs, des entrepreneurs, et d’organiser des réseaux de personnalités d’influence francophones. Car Attali le sait, les exportations françaises vont de pair avec l’utilisation de la langue. Il existe une « corrélation entre la proportion de francophones dans un pays et la part de marché des entreprises françaises dans ce pays », explique-t-il dans ce rapport [12]. La France doit donc selon lui, via un « altruisme rationnel », réaffirmer son rôle d’intermédiaire incontournable dans le commerce avec les pays francophones, notamment vis-à-vis de la Chine : « Parce que c’est en français, affirme Attali dans un entretien à RFI, qu’on peut le mieux commercer, investir en Afrique [13].

    Mais ses propositions vont plus loin : il propose notamment la mise en place de « politiques industrielles francophones » dans des domaines tels que les technologies numériques, la téléphonie mobile, le secteur pharmaceutique ou encore l’industrie minière. En définitive, il s’agit, par le biais de la langue, d’ouvrir des débouchés aux entreprises françaises et de « transformer à terme l’Organisation internationale de la Francophonie en Union économique francophone ».

    Un « bastion » à défendre

    Un sillon également creusé par différents rapports parlementaires français. Le rapport de la mission d’information sur « la stabilité et le développement de l’Afrique francophone » publié en mai 2015 recommande par exemple de faire du français le principal « vecteur d’influence politique, culturelle et économique » et donc, le premier axe de la politique française sur le continent africain. Dans un entretien accordé en août 2015 à Mondafrique, Jean-Christophe Rufin, ex-ambassadeur de France au Sénégal, abonde dans le même sens. Il plaide pour le renforcement des lycées français en Afrique considérés comme le « dernier vrai bastion sur le continent » [14]. Leur destin conditionne, dit-il, « la formation des élites, les futurs liens économiques, le maintien du français comme langue de référence ».

    En 2018, dans un rapport sur « la diplomatie culturelle et d’influence de la France », deux députés écrivent encore que celle-ci « n’est ni un gadget, ni un moyen de compenser notre puissance déchue, c’est un puissant vecteur de notre politique étrangère ». Tout en appelant à « rompre avec un “universalisme conquérant” », ils rappellent que « la compétition mondiale porte aussi sur la capacité à faire partager ses idées, ses œuvres culturelles, sa vision du monde, ses concepts, sa ou ses langues. Que nous le voulions ou non, nous existons, dans le regard de beaucoup de pays du monde, par la culture et par les œuvres de l’esprit et notre influence dépend aussi de notre capacité à répondre à cette curiosité et à cette attente vis-à-vis de la France, et à les entretenir ». L’enjeu est de « créer les conditions d’un rapprochement profond et sur le temps long, de liens quasi émotionnels, d’une intimité qui peut s’avérer décisive en matière diplomatique » car, rappellent-ils, « si le travail de chancellerie permet d’avoir des “alliés”, la diplomatie culturelle permet de se faire des “amis” ». Et l’amitié, ça paie : « Les Français arrivent avec un quatuor de Debussy et repartent avec une centrale nucléaire », comme le dit un des interlocuteurs interrogés par les députés [15].

    Depuis son élection, le président Emmanuel Macron cherche à son tour à investir et à moderniser le soft power linguistique : nomination de Leïla Slimani comme représentante personnelle du président pour la Francophonie (2017), lancement d’une « stratégie pour la langue française et le plurilinguisme » (2018), etc. « Ne le regardez pas [le français] comme une langue que certains voudraient ramener à une histoire traumatique, explique-t-il lors de son discours à l’Université de Ouagadougou en novembre 2017. Elle n’est pas que cela puisqu’elle est la langue de vos poètes, de vos cinéastes, de vos artistes, vous l’avez déjà réacquise, vous vous l’êtes déjà réappropriée ! »

    Les silences coupables de l’OIF

    Macron, qui affiche une vision « ouverte » de la francophonie, inscrit sa défense de la langue française dans une lutte globale pour le « plurilinguisme » : la francophonie, loin de nourrir un dessein hégémonique, ne serait qu’un élément de richesse culturelle. Un argument déjà utilisé par exemple par le très foccartien Jacques Godfrain, ancien ministre de la Coopération devenu président de la Fondation Charles de Gaulle et de l’Association francophone d’Amitié et de Liaison (fédération qui est membre consultatif de l’OIF depuis 2001), dans un colloque au Sénat en 2016 : « J’ai horreur, pour mettre les pieds dans le plat, de l’idée que le français est une langue impérialiste qui voudrait couvrir le monde entier comme d’autres. […] Je suis comme vous pour la pluralité culturelle et linguistique que nous soutenons. »

    Suscitant de la méfiance, l’offensive d’Emmanuel Macron n’a pas manqué de créer un bouillonnement sur la scène intellectuelle francophone. Invité par le président le 13 décembre 2017 à contribuer aux travaux de réflexion autour de la langue française et de la francophonie, l’écrivain Alain Mabanckou décline l’invitation en rappelant que la francophonie est « perçue comme la continuation de la politique étrangère de la France dans ses anciennes colonies ». Pire, « la Francophonie “institutionnelle” […] n’a jamais pointé du doigt en Afrique les régimes autocratiques, les élections truquées, le manque de liberté d’expression, tout cela orchestré par des monarques qui s’expriment et assujettissent leurs populations en français. Ces despotes s’accrochent au pouvoir en bidouillant les Constitutions (rédigées en français) sans pour autant susciter l’indignation [de Paris] », observe l’auteur franco-congolais écœuré du soutien français à [Denis] Sassou Nguesso [16].

    Au premier article de sa charte, l’OIF se fixe pourtant comme objectif d’« aider à l’instauration et au développement de la démocratie, à la prévention, à la gestion et au règlement des conflits, et au soutien à l’État de droit et aux droits de l’Homme ». À ce titre, elle envoie même des observateurs ou des « missions d’information et de contact » lors d’élections dans ses pays membres, sans jamais dénoncer les simulacres en question. Ce laxisme tranche avec l’attitude du Commonwealh qui avait suspendu pour atteinte à la démocratie le Zimbabwe en mars 2002, les îles Fidji en 2009 et proposé en 2013, en réaction aux multiples atteintes aux libertés en Gambie, la création à Banjul de commissions pour les droits humains, les médias et la lutte contre la corruption. Ce qui avait à l’époque suscité l’ire du président gambien et le retrait de son pays de l’institution anglophone.

    Les langues africaines… au service de l’influence française

    La francophonie est également dénoncée au nom de la diversité des cultures. Mabanckou et Achille Mbembe plaident en 2018 pour « l’émergence d’une véritable francophonie des peuples » [17]. Le philosophe Souleymane Bachir Diagne insiste, lui, sur le « pluralisme » et pense que le français ne doit être qu’une langue parmi les autres de l’espace francophone [18].

    Mais cet argument de la diversité, qui fait écho au « plurilinguisme » brandi par le président Macron, n’est pas sans poser quelques problèmes. Les langues africaines restent pour l’essentiel confinées à la périphérie par l’institution francophone qui les emploie pour promouvoir le français. En témoigne le programme « ELAN-Afrique » (École et Langues nationales en Afrique), lancé par l’OIF en 2011 et financé par l’Agence française de développement et le ministère des Affaires étrangères français. À travers ce programme, qui compte en 2021 douze pays africains francophones partenaires, l’OIF cherche à améliorer l’apprentissage du français, mal assimilé, en s’appuyant sur la langue maternelle des élèves. Comme jadis les tirailleurs mis au service d’une armée française défaillante, les langues africaines sont ainsi rabaissées au rang de béquilles pour soutenir la langue de l’ancien colonisateur, dont l’hégémonie à l’école et dans les médias est de plus en plus critiquée.

    Cette situation crée des inégalités car les langues locales servent de faire-valoir et permettent la transition vers le français dont la promotion passe aussi par la formation des enseignants. En effet, à la suite de la publication d’un rapport du Programme d’analyse des systèmes éducatifs (Pasec) de la CONFEMEN en décembre 2020, qui souligne que plus de la moitié des élèves de quinze pays d’Afrique subsaharienne francophone débutent leur scolarité dans le secondaire sans savoir ni écrire ni lire en français, Paris annonce son intention de former en cinq ans plus de 10 000 enseignants pour relever le défi de la qualité de l’enseignement. Lors de l’inauguration le 1er février 2021 du Centre de développement professionnel (CDP) devant accueillir les enseignants à Abidjan, l’ambassadeur de France en Côte d’Ivoire, Jean-Christophe Belliard, parle de « maillon fort de l’enseignement français ». Le discours officiel sur la diversité se traduit ainsi dans les faits par une uniformisation au seul profit du français.

    En marge du sommet de la Francophonie de 2014, une grande voix de la linguistique sénégalaise, Aram Fal, pointait déjà un certain nombre d’insuffisances engendrées par cette promotion du français. Elle dénonçait l’inadaptation de ce vecteur d’enseignement, le complexe d’infériorité engendré par une langue considérée comme un médium de prestige et l’absence des langues nationales dans la sphère officielle. « Aucun pays ne peut se développer lorsque la majorité écrasante de sa population ne comprend pas la langue officielle », relève-t-elle [19]. Ce que résume le linguiste belge Jean-Marie Klinkenberg qui perçoit bien les inégalités inhérentes à cette diversité mal conçue : « La diversité ne réduit pas les inégalités : elle en est le cache-sexe. Elle se contente de les réguler, en adaptant un système fondamentalement inégalitaire à la réalité culturelle du monde globalisé. [20] »

    « Un prolongement de la stratégie coloniale »

    Dans l’univers de la francophonie, le volet linguistique n’est jamais éloigné du volet politique. Aujourd’hui, l’OIF se déploie même sur le terrain militaire avec l’ouverture de l’ère de la « prévention des conflits » rendue possible par la déclaration de Saint-Boniface de mai 2006, laquelle confère à l’institution des « objectifs stratégiques » portant sur la « consolidation de la démocratie, des droits de l’Homme et de l’État de droit, ainsi que sur la prévention des conflits et l’accompagnement des processus de sortie de crises, de transition démocratique et de consolidation de la paix ». Une volonté réaffirmée tour à tour lors des sommets de la Francophonie de 2008 à 2018 et concrétisée entre autres par la création en 2014 du Réseau d’expertise et de formation francophone pour les opérations de paix (Reffop).

    Présentée comme un outil destiné à « favoriser l’usage de la langue française dans les opérations de paix et d’y renforcer la participation des francophones » [21], cette nouvelle ambition francophone doit servir à « multilatéraliser nos interventions », déclarait en 2008 le député Bernard Cazeneuve, tout en s’inquiétant que les actions françaises « autour et sur la base de l’OIF pour favoriser le développement du maintien de la paix soient perçues par nos partenaires comme une manière, détournée, de revenir à une prédominance française » [22].

    Le détournement de l’institution à des fins de soft power pour la France est pourtant une évidence depuis longtemps, comme le rappellent les organisateurs d’un contre-sommet de la Francophonie à Dakar en 2014, qui reprochent à l’OIF, dans une lettre ouverte, d’être « une supercherie et par-dessus tout, un prolongement de la stratégie coloniale destinée à l’exploitation de nos matières premières, la formation d’une élite politique aux ordres de l’Élysée et l’abrutissement de nos peuples ».

    Un « pacte renégocié » de la Françafrique »

    Loin de rompre avec ses prédécesseurs, Emmanuel Macron utilise même l’institution au bénéfice de sa politique de rapprochement avec Kigali, en œuvrant activement à l’élection de Louise Mushikiwabo, ministre rwandaise des Affaires étrangères et de la Coopération comme secrétaire générale de l’OIF. L’élargissement de l’institution à des pays où le français est peu pratiqué, les missions d’observation de processus électoraux, font également de la Francophonie un outil stratégique dont les desseins au niveau international ne peuvent être dissociés de ceux de la France, comme le rappelait si bien Bernard Cazeneuve : « On ne peut pas disjoindre totalement la Francophonie du discours porté par la France au niveau international. »

    Les prétentions à la prévention des conflits, les missions d’observation des élections et la formation en français de soldats de la paix, cachent mal un prolongement de la coopération militaire sur une base multilatérale, une volonté de mainmise politique et la promotion des technologies de défense françaises. La francophonie militaire est en effet créatrice de débouchés, comme le remarque Brice Poulot, spécialiste de l’enseignement du français comme langue militaire : « Il existe un lien réel entre la francophilie d’une armée étrangère (ou du moins de son état-major) et la provenance de son matériel de défense. [23] »

    Cette évolution vers la stratégie de puissance est dénoncée par la philosophe Hourya Bentouhami qui pointe en 2018 dans une tribune le « pacte renégocié » d’une « Françafrique qui rêve de se doter d’un “soft power” capable de faire passer derrière l’usage circonstanciel d’une langue commune les accords économiques de libéralisation des marchés africains ». Une stratégie d’influence que le président Emmanuel Macron déploie en mai 2021 à Kigali à l’occasion de sa visite de rapprochement avec le chef de l’État anglophone Paul Kagame, chantre du néolibéralisme en Afrique, au côté duquel il n’hésite pas à célébrer une « francophonie de reconquête, ouverte, modernisée ».

    *Khadim Ndiaye est historien (UdeS, Québec), diplômé en philosophie. Ses principaux champs de recherche portent sur l’histoire de la colonisation, la problématique culturelle en Afrique, l’histoire des Afro-Américains et le panafricanisme.

    Histoire coloniale et post-coloniale, 17 jan 2023

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