Étiquette : France

  • Algérie – France: Une visite reportée et des spéculations

    par R.N.


    Le cabinet du Premier ministère français a confirmé jeudi officiellement le report de la visite à Alger de Jean Castex et sa délégation prévue pour demain, dimanche 11 avril.

    Des rumeurs et supputations algériennes à une déclaration officielle française, Jean Castex ne viendra pas demain à Alger. Sa visite est reportée à «une date ultérieure ». Contactée par nos soins à ce sujet, l’ambassade de France nous a transmis le communiqué de l’hôtel de Matignon (siège du bureau et cabinet du Premier ministre) qui le confirme. « D’un commun accord et compte tenu du contexte sanitaire, les autorités algériennes et françaises ont décidé de reporter la 5e Session du Comité intergouvernemental de haut niveau franco-algérien (CIHN) qui devait avoir lieu le 11 avril », écrivent les services du Premier ministre français. Ils expliquent alors que, « à chaque session du CIHN, les délégations ministérielles, algériennes comme françaises, se réunissent afin d’échanger sur les sujets de coopération entre nos deux pays. L’épidémie de Covid-19 ne permettant pas à ces délégations de se retrouver dans des conditions pleinement satisfaisantes, le CIHN est donc reporté à une date ultérieure, lorsque le contexte sanitaire sera plus favorable ». Voilà qui semble clair du côté français, bien qu’une visite certainement préparée et programmée depuis plusieurs mois ne peut être reportée à peine à 72 heures de la date qui lui a été fixée. De surcroît lorsque la raison évoquée pour le justifier est une situation de crise sanitaire qui malmène les gouvernements depuis plus d’une année. Le communiqué de Matignon ne dit pas tout de ce que cache ce report inattendu d’une visite déjà renvoyée « à une date ultérieure » une première fois en janvier dernier alors que deux mois avant, Alger a reçu la visite de deux ministres régaliens, le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian (15-16 octobre) et le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin (8-9 novembre) qui semblaient venus la préparer avec leurs homologues algériens.

    Le silence étonnant d’Alger

    Ceci, sans compter les nombreux entretiens téléphoniques entre les deux présidents Tebboune et Macron, ce qui laisse à penser que les deux hommes se concertent régulièrement sur les grandes questions bilatérales et régionales. Le côté algérien, lui, ne dit rien sur ce report. Jusqu’à hier, aucune déclaration officielle n’a été faite.

    Des médias audiovisuels et électroniques ont rapporté des propos de sources anonymes pour l’annoncer. Certains ont même évoqué une source française qui reprend une autre algérienne qui fait savoir que le report de la visite française a été décidé par Alger « à cause du format de la délégation française (qui) n’est pas à la hauteur (de l’événement), la visite a été réduite à une journée et la délégation à 4 ministres ». « C’est un sous-format alors qu’il y avait beaucoup de dossiers bilatéraux à étudier », avancent des agences de presse reprenant des sources algériennes.

    Il était prévu selon ces sources que les deux parties fassent le point sur les questions politiques, sécuritaires, économiques, de l’éducation et de la culture en plus de la signature d’accords dans des domaines de coopération ».

    Des diplomates algériens nous font savoir que « de 10 ministres, la délégation française a été réduite à seulement 2 ou 3 ». Nos sources font remarquer en outre que « le Premier ministre français allait ramener avec lui une armada de journalistes qui pouvaient mettre à profit sa visite pour focaliser sur les militants du hirak ». Ces thèses ont été reprises par de nombreux médias français qui ont tous rappelé « un contexte algérien marqué par un mouvement de contestation populaire ».

    Au-delà, les diplomates algériens relèvent les propos tenus jeudi dernier devant le Conseil de la Nation par le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale.

    Les couacs de plus

    « Personne ne s’est attendu à ce que El Hachemi Djaâboub écorche la France alors qu’il devait expliquait les raisons du déficit des caisses de sécurité sociale en tête celle des retraites », disent-ils. En soulignant que toutes les caisses de retraite dans le monde souffrent de déficits, le ministre a lâché, « la France, notre ennemi traditionnel et éternel, a un déficit de 44,4 milliards d’euros dans sa caisse de retraite, nous, on en est pas là Alhamdoullillah »… Propos qu’ils qualifient de « couac politique à la veille d’une visite officielle française importante ». Nos diplomates nuancent par contre les effets de la décision du parti du président français LREM (La République en marche) d’ouvrir un bureau à Dakhla, ville sahraouie occupée. « Bien qu’elle frise la provocation, cette décision ne peut en rien peser sur la visite parce que sur la question du Sahara Occidental, les Français n’ont jamais caché leur soutien à nos voisins marocains et cette question n’a jamais été un élément décisif dans les relations entre nos deux pays, qu’un parti, fût-il celui du président, décide d’ouvrir un bureau à Dakhla alors qu’ils nous mènent la vie dure aux Nations Unies, ce serait exagéré de penser que c’est ça qui a provoqué le courroux de nos autorités», affirment-ils.

    Ce qui étonne le plus les diplomates algériens, c’est, nous disent-ils « ce couac diplomatique qui dure, Mohamed-Antar Daoud nommé ambassadeur d’Algérie en France n’a pas encore présenté ses lettres de créances au président Macron alors qu’il se trouve à Paris depuis 8 mois ». Pour eux, « en langage diplomatique, la France ne veut pas de lui, alors que son ambassadeur François Gouyette, les a présentées en juillet dernier au président Tebboune ».

    Alger et Paris pourraient croiser le fer une nouvelle fois et ce malgré la multiplication des signes d’apaisement de Macron concernant notamment la mémoire et l’histoire coloniale.

    Quand le militaire prend le pas sur le politique

    Il semble cependant que le militaire a décidé de prendre le pas sur le politique puisque ce même jeudi de l’annonce du report de la visite de Castex, le chef d’état-major algérien recevait son homologue français au siège du ministère de la Défense nationale. Comme indiqué par un communiqué du MDN, le général de corps d’armée Saïd Chanegriha, chef d’état-major de l’Armée nationale populaire (ANP), a en effet reçu jeudi au siège de l’état-major de l’ANP, le général d’armée, François Lecointre, chef d’état-major des armées françaises. «L’Algérie considère que la stabilité et la sécurité de son voisinage sont directement liées à sa sécurité. Pour cela, d’énormes efforts sont consentis par mon pays à travers l’adaptation des dispositifs militaires tout au long des frontières, en vue de concrétiser la stabilité dans les pays de l’espace méditerranéen», a affirmé le général de corps d’armée Saïd Chanegriha.» A cet effet, consciente de l’ampleur du danger que représente le terrorisme sur la paix et la stabilité régionales, l’Algérie n’a pas lésiné sur les initiatives et le soutien en direction de ses voisins pour coordonner les efforts sur la base d’une vision commune, à travers le mécanisme du Comité d’état-major opérationnel conjoint (CEMOC)», a-t-il souligné. A cette occasion, note le communiqué, le général de corps d’armée a évoqué «la problématique liée à la réhabilitation des deux anciens sites d’essais nucléaires français, à Reggane et In-Ikker».

    Chanegriha a déclaré à cet effet que «je tiens à évoquer la problématique des négociations, au sein du groupe algéro-français, au sujet des anciens sites d’essais nucléaires et des autres essais au Sahara algérien, où nous attendons votre soutien, lors de la 17ème session du groupe mixte algéro-français, prévue en mai 2021, pour la prise en charge définitive des opérations de réhabilitation des sites de Reggane et In-Ikker, ainsi que votre assistance pour nous fournir les cartes topographiques permettant la localisation des zones d’enfouissement, non découvertes à ce jour, des déchets contaminés, radioactifs ou chimiques ». Contrastant avec les ambiguïtés diplomatiques ambiantes, le message militaire est d’une grande clarté, qui plus est concerne des questions d’une sensibilité et d’une importance cruciales pour l’Algérie.

    Le Quotidien d’Oran, 10 avr 2021

    Etiquettes : Algérie, France, Jean Castex, Sahara Occidental, Maroc,

  • Comment Sarkozy et Berlusconi ont échappé à la prison malgré leur condamnation

    Les acquittements, les amnisties, les délais de prescription et l’âge ont permis à l’ancien Premier ministre italien d’éviter la prison, tandis que l’ancien président français a été blanchi dans une affaire et est jugé dans une autre liée au financement illicite de ses campagnes électorales, tout en faisant appel d’une condamnation pour corruption active.

    José Sócrates n’est pas le seul homme politique d’un pays de l’UE à être confronté à des procès qui traînent depuis des années dans les couloirs de la justice. L’ancien président français Nicolas Sarkozy et l’ancien premier ministre italien Silvio Berlusconi sont encore plus « expérimentés » en la matière : non seulement ils se sont assis sur le banc des accusés, mais ils ont tous deux été condamnés à de véritables peines de prison, bien qu’aucun d’entre eux n’ait encore purgé sa peine.

    Début mars dernier, Nicolas Sarkozy est devenu le deuxième chef d’État français, après Jacques Chirac, à être condamné par la justice à une peine de prison effective après avoir quitté ses fonctions. L’ancien président (2007 à 2012) a été condamné en première instance à trois ans de prison pour corruption et trafic d’influence, ayant déjà annoncé, par l’intermédiaire de son avocat, l’intention de faire appel de la décision. La procédure peut prendre des années avant de passer en force de chose jugée, c’est-à-dire jusqu’à la décision finale de la justice sans possibilité d’appel devant une juridiction supérieure.

    La juge Christine Mée d’un tribunal de Paris a estimé que Sarkozy, par l’intermédiaire de son avocat et ami Thierry Herzog, avait proposé un poste au Conseil d’État de Monaco à Gilbert Azibert, alors juge à la Cour suprême. En retour, l’ancien président français lui a demandé des informations confidentielles sur l’enquête concernant l’affaire Bettencourt, dans laquelle il était soupçonné d’avoir reçu des fonds illégaux pendant la campagne présidentielle de 2007 de la part de Liliana Bettencourt, héritière de l’empire L’Oréal et alors femme la plus riche du pays. M. Sarkozy a été blanchi dans cette affaire, mais il devra se battre devant les tribunaux pour se débarrasser de sa condamnation à trois ans de prison pour avoir voulu en savoir plus qu’il ne pouvait sur l’évolution de l’affaire.

    À 66 ans, M. Sarkozy est également accusé d’avoir reçu des millions d’euros du dictateur libyen Mouammar Kadhafi dans le cadre de la même campagne électorale, tandis qu’il est également jugé pour avoir dépassé le plafond de financement dans la course à la réélection présidentielle de 2012, dont il sortira vaincu par François Hollande.

    En Italie, Silvio Berlusconi est déjà un habitué de la chose. En 2009, selon ses propres dires, il avait déjà effectué 2 500 comparutions dans plus d’une centaine de tribunaux. Ses premières peines de prison, dans les années 1990, ont eu le même résultat que les plus récentes. Entre les acquittements, les amnisties, les prescriptions, les condamnations avec sursis et les appels fructueux, le jour n’est pas encore venu où l’ancien Premier ministre italien, qui a effectué trois mandats (1994-1995, 2001-2006 et 2008-2011), purgera effectivement une peine de prison.

    Ces dernières années, il a été condamné à sept ans de prison pour abus de pouvoir et paiement à un mineur en échange de services sexuels (l’affaire Ruby), mais il a gagné ses appels ; il a été puni de trois ans de prison pour corruption d’un sénateur, mais comme l’affaire arrivait bientôt à échéance, sans possibilité d’appel, la sentence est « morte à la naissance » ; et la seule peine de quatre ans d’emprisonnement pour fraude fiscale devenue définitive et contraignante a été réduite à un an par une amnistie nationale, puis transformée en assignation à résidence en raison de l’âge du condamné (77 ans), avant d’être finalement remplacée par un travail d’intérêt général (un jour par semaine pendant quatre heures), qui n’a finalement duré que dix mois et demi au lieu d’un an, à la suite d’une nouvelle décision de justice.

    Aujourd’hui âgé de 84 ans, M. Berlusconi est accusé de subornation de témoins et de faux témoignage dans un autre volet de l’affaire Ruby, qui le poursuit depuis près de dix ans. Le politicien et homme d’affaires est accusé d’avoir acheté le silence de plusieurs personnes qui ont assisté à ses fameuses parties de jambes en l’air, dont Ruby elle-même, une Marocaine nommée Karima El Mahroug. Selon l’accusation, les dépenses à cette fin auront atteint une valeur d’environ 12 millions d’euros, qui comprennent des maisons et des voitures.

    Visao, 10 avr 2021

    Etiquettes : Portugal, France, Italie, Justice, Nicolas Sakozy Silvio Berlusconi,

  • Dix ans après l’interdiction de la burqa, la France continue de se battre sur le port du voile

    Les femmes musulmanes de France pourraient bientôt se voir interdire le port du foulard à la piscine ou lors de sorties scolaires. Du moins, c’est ce que veut le Sénat. Le voile intégral est déjà interdit dans le pays depuis 2010. Les débats sur le voile font toujours rage.

    Dix ans après l’interdiction du port du voile intégral dans l’espace public français, les femmes musulmanes du pays pourraient bientôt être confrontées à de nouvelles restrictions. Le Sénat, la chambre haute du parlement français, a récemment voté l’interdiction du port du foulard pour les mineurs et les accompagnateurs lors des voyages scolaires. En outre, le voile sous forme de burkinis doit être interdit dans les piscines. Toutefois, ce règlement n’est pas encore définitif.

    La France se considère comme un pays laïque avec une stricte séparation de l’État et de la religion. Selon les estimations, entre 3,5 et 6 millions de musulmans vivent dans ce pays de 67 millions d’habitants. L’interdiction du port du voile intégral en public est entrée en vigueur le 11 avril 2010. Il s’agit de la première ordonnance de ce type dans un pays occidental.

    Les nouvelles mesures prises par le Sénat à tendance conservatrice pour interdire le foulard sont des amendements à la loi dite « Strengthening Republican Principles Act ». Avec cette loi, le gouvernement du président Emmanuel Macron veut agir contre l’islamisme sur fond d’attentats terroristes. Il s’agit, par exemple, de la lutte contre la haine sur Internet. Le Premier ministre Jean Castex ne cesse de souligner que le projet n’est pas dirigé contre la religion. Amnesty International craint néanmoins une application discriminatoire au vu des débats stigmatisants sur les musulmans et l’islam.

    Mais les amendements du Sénat ne sont pas encore définitifs. Pour qu’elles aient force de loi, l’Assemblée nationale doit également donner son feu vert. Il n’est pas encore certain que cela se produise ou que le projet échoue à la chambre basse du Parlement, qui dispose d’une majorité libérale plus forte. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, s’est prononcé contre ces interdictions.

    Néanmoins, les restrictions prévues par le Sénat ont déjà suscité l’indignation – y compris au niveau international. Sous le hashtag #HandsOffMyHijab (« Bas les pattes de mon hijab »), de nombreuses personnes ont remis en question le plan sur les médias sociaux. La vidéo d’une jeune musulmane française de 17 ans sur la plateforme TikTok, dans laquelle elle raconte le vote et remplace son hijab par une casquette de baseball et une capuche, a été vue par plus de trois millions de personnes. L’interdiction de la burqa a également suscité des critiques. Une Française en nikab, Kenza Drider, a même voulu se présenter à l’élection présidentielle de 2012 en signe de protestation. Cependant, sa candidature n’a pas été autorisée.

    La controverse sur le port du foulard en France a commencé bien avant l’interdiction de la burqa en 2010. Dès 1994, une loi est entrée en vigueur qui n’autorisait que les signes religieux discrets – mais non ostensibles – dans les écoles. Dix ans plus tard, le foulard a été complètement interdit dans les écoles, mais pas la kippa ni la croix. Il y a dix ans, l’interdiction du port du voile intégral en public a suivi. Initialement prévu comme une interdiction partielle, le gouvernement alors conservateur du président Nicolas Sarkozy a durci le ton après une défaite électorale aux élections régionales et une augmentation des votes du Front national (aujourd’hui : Rassemblement national), un parti d’extrême droite.

    Les violations de l’interdiction du port du voile intégral sont sanctionnées par des amendes. En cas de violations multiples, il y a également la menace de devoir suivre un cours de citoyenneté. Il est difficile de savoir combien de femmes sont réellement concernées par le règlement. Selon les chercheurs, seule une fraction des femmes musulmanes en France porte une forme quelconque de voile. Le foulard a plutôt pris une plus grande signification symbolique.

    Blue News, 10 avr 2021

    Etiquettes : France, Burqa, nikab, Islam, islamophobie,

  • Un nouveau départ pour la mosquée de Paris fermée après le meurtre d’un enseignant

    Une mosquée parisienne devenue un point central de la polémique sur la place de l’islam en France a rouvert vendredi après une fermeture de six mois suite à une répression des radicaux islamistes provoquée par la décapitation d’un enseignant en octobre dernier.
    Quelque 200 fidèles sont revenus pour la prière du vendredi à la mosquée d’une capacité de 1300 personnes à Pantin, dans la banlieue nord de Paris, a déclaré un correspondant de l’AFP.

    Samuel Paty, 47 ans, a été agressé alors qu’il rentrait chez lui d’un lycée au nord-ouest de la capitale où il enseignait l’histoire et la géographie, après avoir montré à ses élèves des caricatures du prophète Mahomet.

    La police française a lancé une série de raids contre les réseaux islamistes principalement dans la région parisienne après le meurtre horrible de Paty et a ordonné la fermeture de la mosquée Pantin, qui compte quelque 1500 fidèles.

    La mosquée de la banlieue densément peuplée de Seine-Saint-Denis au nord-est de Paris avait partagé une vidéo sur sa page Facebook, quelques jours avant la mort de Paty, dénonçant le choix du matériel par l’enseignant pour une discussion en classe sur la liberté d’expression.

    Une campagne en ligne féroce contre Paty et l’école a précédé le meurtre, menée par le père d’une écolière qui a accusé l’enseignant de diffuser de la «pornographie» pour avoir montré un dessin animé du prophète nu.

    Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a conditionné la réouverture de la mosquée au départ du directeur et de l’imam.

    L’Imam, formé au Yémen et soupçonné d’être proche d’un mouvement islamiste radical, a rapidement démissionné suite au meurtre de Paty.

    Après avoir initialement refusé de démissionner, le directeur M’hammed Henniche a fini par accepter qu’un projet de construction d’un million d’euros destiné à remplacer la mosquée actuelle puisse aller de l’avant.

    Henniche – un entrepreneur de 50 ans qui a côtoyé des personnalités politiques de premier plan, dont l’ancien président français Nicolas Sarkozy – a qualifié le partage de la vidéo de «gaffe» et s’est excusé.

    Il n’a fait l’objet d’aucune procédure judiciaire.

    «C’est une injustice réparée, il n’y a que de la joie», a déclaré à l’AFP Ismael Touré, volontaire à la mosquée.

    «La fermeture de notre mosquée était juste pour donner un exemple. Sinon, qu’est-ce que la mosquée Pantin avait à voir avec le meurtre de l’enseignant? Il a demandé.

    Le parlement français examine un projet de loi pour lutter contre l’extrémisme islamiste, qui comprend des motifs de plus en plus nombreux pour la fermeture des lieux de culte. Début mars, Darmanin a déclaré que 89 mosquées devaient être inspectées.

    «C’est une bonne chose que la mosquée puisse rouvrir. Le réalisateur a commis une erreur inexcusable en partageant cette vidéo. Mais punir tous les fidèles était injuste », a déclaré le maire socialiste local Bertrand Kern.

    The Local, 9 avr 2021

    Etiquettes : France, Mosquée, Islam, Séparatisme,

  • Ils importaient du cannabis à Lyon en le cachant dans des bus en provenance du Maroc

    Six trafiquants de drogue ont été condamnés mercredi à de la prison ferme par le tribunal correctionnel de Lyon (Rhône). Le cannabis était caché dans des cars de voyage en provenance du Maroc et à destination de la région lyonnaise.

    Six personnes comparaissaient mercredi devant le tribunal correctionnel de Lyon (Rhône). Il leur était reproché d’avoir participé à un trafic de stupéfiants. Le cannabis était acheminé depuis le Maroc jusqu’à la région lyonnaise via des cars de voyage.

    Les investigations avaient été confiées à la brigade des stupéfiants de la DIPJ de Lyon. Grâce à des écoutes téléphoniques et des filatures, les enquêteurs sont parvenus à intercepter un premier bus en juin 2018 à Lançon-de-Provence. 436 kg de cannabis, d’une valeur marchande de 900 000 euros, étaient cachés dans le véhicule. 135 kg de cannabis avaient été découverts dans un autre bus à Tanger, au Maroc, trois mois plus tard.

    Huit ans de prison pour le principal prévenu

    Les cars auraient été affrétés par une société localisée au Portugal. L’homme désigné par la procureure comme « l’organisateur des transports » a été condamné à 8 ans de prison ferme, 80 000 euros d’amende avec confiscation de ses biens et une interdiction définitive du territoire français. Le grossiste, domicilié à Vaulx-en-Velin, a quant à lui écopé de sept ans de prison.

    Deux chauffeurs marocains ont été condamnés à trois ans de prison ferme et ne pourront pas se rendre en France pendant dix ans. Enfin, deux autres personnes ont écopé de trois ans ferme et de 8000 euros d’amende pour avoir été impliquées dans une filière passant par Toulouse (Haute-Garonne)

    Le Dauphiné, 8 avr 2021

    Etiquettes : Maroc, France, Lyon, cannabis, haschich, trafic de drogue,

  • Propositions franco-allemandes pour la reconstruction du port de Beyrouth : Implications politiques

    par David Schenker

    Quel que soit le fer de lance de l’effort de reconstruction, Washington doit rester à l’écoute pour s’assurer que les conditions préalables internationales de réforme et de contrôle sont appliquées et pour empêcher la Chine d’exploiter les difficultés du Liban.

    Le 8 avril, une délégation d’entreprises allemandes a présenté au gouvernement libanais une initiative visant à financer la reconstruction du port de Beyrouth. La proposition avait été mentionnée quelques jours auparavant par des diplomates allemands, qui ont indiqué qu’elle serait subordonnée à la formation d’un nouveau gouvernement libanais et à la mise en œuvre de réformes. La reconstruction du port est essentielle au redressement de l’État – sa destruction en août dernier a été le coup de grâce pour l’économie libanaise déjà chancelante, déclenchant une dévaluation massive de la monnaie, une hyperinflation et une flambée du chômage. Une pénurie majeure de biens de consommation indispensables a également suivi, puisque le site dévasté était le point d’entrée de 80 % des importations de l’État.

    Bien que l’annonce de l’Allemagne ne risque pas d’inciter les élites politiques libanaises à agir, elle pourrait irriter la France, qui aspire également à reconstruire le port. Lors de sa visite à Beyrouth peu après l’explosion, le président Emmanuel Macron aurait exprimé son intérêt pour cette entreprise. Rodolphe Saade, président de la grande entreprise de transport maritime et de logistique CMA CGM, l’accompagnait dans ce voyage. Saade a ensuite tweeté : « La France et le Liban pourront compter sur le Groupe pour répondre à l’urgence et travailler à la reconstruction de Beyrouth. Notre mobilisation est totale ».

    Il ne fait aucun doute que Paris est intéressé par la mobilisation des entreprises françaises pour obtenir des contrats pour la reconstruction du port – mais seulement si quelqu’un d’autre paie. Le gouvernement français n’a pas indiqué qu’il avait l’intention de financer l’entreprise. Bien qu’elle soit fortement impliquée dans la politique de son ancienne colonie, Paris fournit étonnamment peu d’aide financière au Liban. Par exemple, selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), la France n’a donné au pays que 45 millions de dollars en financement bilatéral du développement et 17 millions de dollars en aide militaire en 2018. En revanche, l’Allemagne a donné plus d’aide bilatérale cette année-là – 67 millions de dollars – bien qu’elle ne soit pas traditionnellement un acteur au Liban.

    Certes, les deux États apportent également des contributions supplémentaires via les fonds d’aide de l’UE. Et l’Allemagne a proposé de financer le projet – d’un coût de 2,36 à 3,54 milliards de dollars – par l’intermédiaire de la Banque européenne d’investissement, ce qui implique la participation d’autres États de l’UE, dont la France.

    Quel que soit l’organisme qui financera le projet, la bonne nouvelle est que Paris et Berlin ont tous deux clairement indiqué que la mise en œuvre du plan et/ou le soutien à un renflouement plus large de plusieurs milliards de dollars par le FMI nécessiteront que le Liban entreprenne de sérieuses réformes et mette un terme à la corruption endémique. Il s’agit là d’un défi de taille, bien entendu : Le Liban est classé 149e sur 180 pays dans l’indice de perception de la corruption de Transparency International, et ses dirigeants n’ont jamais adhéré aux réformes. En fait, la plupart des élites, en particulier celles qui représentent la milice du Hezbollah soutenue par l’Iran, profitent énormément du système actuel.

    Parallèlement à ces exigences onéreuses imposées à Beyrouth, d’autres acteurs étrangers ayant peut-être plus de poids financier que la France et l’Allemagne ont posé leurs propres conditions préalables. En décembre, la Banque mondiale a énoncé les réformes que Beyrouth devrait mettre en œuvre avant que le port puisse être reconstruit, comme l’établissement d’un nouveau cadre institutionnel pour le secteur portuaire, la promulgation d’une nouvelle législation pertinente, la réorganisation de l’administration douanière, la mise en place d’un processus d’appel d’offres concurrentiel et le recours à des opérateurs de terminaux privés. Les États-Unis ont également leur propre condition sine qua non : que Beyrouth consente à l’avance à un contrôle indépendant du nouveau port afin de s’assurer qu’il ne redevienne pas un atout du Hezbollah pour le trafic de matériel et de personnel militaires. Paris et Berlin n’insisteront peut-être pas sur cette condition préalable de surveillance, mais Washington pourrait avoir plus de poids étant donné ses contributions annuelles plus importantes – en 2018, par exemple, elle a donné à Beyrouth 118 millions de dollars d’aide au développement et 128 millions de dollars d’aide à la sécurité, en plus de contributions importantes au Programme alimentaire mondial de l’ONU et à d’autres institutions qui travaillent au Liban.

    Un autre point positif potentiel est que toute implication franco-allemande dans le projet empêcherait vraisemblablement la Chine – le partenaire de choix du Hezbollah – d’ajouter à son réseau portuaire mondial appelé « collier de perles ». Compte tenu de sa pratique consistant à cibler les États vulnérables pour les pièges de la dette d’investissement, Pékin considère sans doute un Liban compromis comme une option attrayante.

    Pour l’instant, les propositions françaises et allemandes ne sont qu’un accessoire de l’effondrement lent du Liban, mais le fait que les deux gouvernements partagent l’engagement articulé de Washington de conditionner l’aide non humanitaire à la réforme devrait être considéré comme une opportunité politique pour les États-Unis. En fin de compte, il y a beaucoup de place pour une collaboration européenne sur le financement et la reconstruction du port, et Washington devrait travailler étroitement avec chaque pays pour s’assurer que le projet – si et quand il va de l’avant – est coordonné multilatéralement et lié au principe de la réforme avant la reconstruction. En revanche, l’aversion de Pékin pour la transparence et son ambivalence à l’égard du Hezbollah feraient d’un rôle chinois dans la reconstruction la pire des issues pour l’Europe, les États-Unis et le Liban.

    David Schenker est senior fellow au Washington Institute. De 2019 à janvier 2021, il a occupé le poste de secrétaire d’État adjoint pour les affaires du Proche-Orient.

    The Washington Institute for Near East Policy, 9 avr 2021

    Etiquettes : Liban, port de Beirut, Allemagne, France, Chine, Etats-Unis,

  • Victoire

    Fouzia Mahmoudi

    A la suite des élections européennes de 2014 en France, certains, au lendemain de la victoire nette du Front National, avaient déjà annoncé la probable présence de Marine Le Pen au second tour de l’élection présidentielle de 2017. Une prédiction qui a effectivement fini par se vérifier. Aujourd’hui, beaucoup en France n’hésitent plus désormais à évoquer ouvertement leur conviction, appuyés par des dizaines de sondages, que Marine Le Pen pourrait cette fois-ci non pas seulement accéder un nouvelle fois au second tour en 2022, mais pourrait aussi remporter le scrutin présidentiel.

    Pourtant, en 2017, beaucoup avaient assuré que la présidente du Front National, depuis devenu le Rassemblement National, avait définitivement perdu toute crédibilité aux yeux des électeurs après sa prestation décriée de toute part, même au sein de son propre camp, lors du débat d’entre-deux tours. Mais depuis les choses ont beaucoup changé et Marine Le Pen a réussi à faire oublier son faux pas de 2017 et à retrouver sa popularité auprès des Français. Tant et si bien qu’Arnaud Montebourg, qui s’était fait très discret ces derniers temps à cause d’un «Covid carabiné» qui lui a valu de se mettre «volontairement en retrait» pendant plusieurs semaines, selon «Le Parisien», sort de son silence.

    Dans une interview accordée au «Financial Times», qui consacre un long article au duel «Macron-Le Pen», l’ancien ministre du Redressement Productif ne mâche pas ses mots à l’égard de celui qui fut son successeur à Bercy. Pour lui, le président de la République «est détesté parce qu’il est arrogant». Il ne constitue donc, selon lui, pas un «rempart» au Rassemblement National : «C’est lui qui mettra au pouvoir Madame Le Pen», juge-t-il même.

    D’après lui, c’est Marine Le Pen qui «gagnera» l’élection présidentielle de 2022. «C’est la même chose que le phénomène Trump ou le Brexit», estime Arnaud Montebourg. Cette victoire de Marine Le Pen surviendra, selon lui, à cause du président de la République qui mène des politiques pour «l’oligarchie», tout en se posant comme «le rempart à l’extrême droite».

    Cette intervention du chantre du «made in France» intervient alors qu’il s’était fait beaucoup moins présent dans les médias depuis plusieurs semaines. Selon «Le Parisien», Arnaud Montebourg serait par ailleurs en train de s’atteler à la rédaction d’un petit manifeste sur le modèle d’«Indignez-vous !» de Stéphane Hessel, afin d’inciter les jeunes à s’intéresser à la politique.

    Montebourg évoque ainsi sans détour l’un des plus grands tabous de la politique française, la possible accession au pouvoir du Rassemblement National. Ce qui change le plus surtout, c’est que depuis quelques années les électeurs ne votent plus pour Marine Le Pen par contestation, mais au contraire par adhésion de plus en plus forte défendue par la dirigeante du RN.

    Reste à voir si Montebourg comme d’autres tenant le même discours, auront été clairvoyants ou si d’ici avril 2022 la situation aura changé au point de rabattre les cartes entre les différents candidats.

    Le Jour d’Algérie, 9 avr 2021

    Etiquettes : France, élections présidentielles, LREM, FN, Emmanuel Macron, Marine Le Pen,



  • Maroc-Algérie : À quoi joue le parti de Macron en ouvrant un bureau de LREM à Dakhla?

    UN BUREAU DE LREM À DAKHLA OCCUPÉE : À quoi joue le parti de Macron ?

    La République en marche, parti de l’actuel président français, a annoncé l’installation d’un bureau dans la ville sahraouie occupée Dakhla, dont le comité en charge de représenter cette antenne partisane, à la tête de laquelle siège un certain Claude Fraissinet, a été déjà désigné pour la tâche. C’est ce qu’a fait savoir la députée, porteparole du groupe parlementaire de LREM à l’Assemblée française, Marie Christine Verdier Jouclas, citée par plusieurs sources médiatiques, précisant que ledit comité « sera inauguré » une fois les conditions sanitaires le permettraient. Et venant d’une responsable de haut rang au sein du parti d’Emmanuel Macron, l’information ne peut qu’être prise au sérieux, d’autant qu’elle a fait les choux gras de la presse du Makhzen.

    L’annonce aurait passé inaperçu si les faits se sont déroulés dans une ville marocaine. Mais là il s’agit d’une ville sahraouie sous occupation marocaine pour ne pas prendre la décision comme une provocation de la part du parti français au pouvoir. Et qui dit parti au pouvoir ceci engage directement la responsabilité de la France sur un terrain qu’aucune autre formation politique de l’hexagone n’a osé jusquelà. Dès lors à s’interroger si cette décision ne serait qu’un prélude à une reconnaissance française de la supposée marocanité du Sahara occidental ?

    Au moment même où la proclamation faite en ce sens par l’ex-président américain Donald Trump a porté gravement préjudice au processus onusien du règlement du dossier. Preuve en est, l’agression opérée par l’armée marocaine, le 13 novembre dernier, contre les civils sahraouis, violant de fait le cessez-le-feu conclu entre le Front Polisario et le Maroc en 1991.

    Si le soutien de la France au régime marocain est un secret de polichinelle, le tout au détriment du peuple sahraoui qui aspire à l’indépendance à travers l’organisation du référendum d’autodétermination sur la base du droit international, qu’un parti politique au pouvoir annonce l’installation en vue d’un bureau dans la ville occupé de Dakhla ne peut s’assimiler qu’à une provocation de la communauté internationale.

    Ceci en partie. Car d’autre part, pour tout ce qu’elle porte comme manœuvre dans la région, l’Algérie ne peut que dénoncer un processus contraire aux résolutions des Nations unies qui reconnaissent le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination. C’est d’autant plus que l’annonce du parti de Macron intervient en pleine visite en Algérie, du reste ajournée, du premier ministre français Jean Castex. Deux événements d’ailleurs qui restent pour le moins indissociables, lorsque l’on sait que le déplacement de la délégation du gouvernement français a été annulée à la dernière minute, des semaines après avoir été préparée au plus haut niveau des autorités des deux pays.

    Farid Guellil

    Le Courrier d’Algérie, 10 avr 2021

    Etiquettes : Maroc, Algérie, Sahara Occidental, France, Emmanuel Macron, LREM, Dakhla,

  • Béziers. Attentat déjoué : le signalement est venu du Maroc, l’apprentie terroriste écrouée

    L’apprentie terroriste de Béziers âgée de 18 ans a été écrouée jeudi, sa mère et ses soeurs mises hors de cause. Le précieux signalement est venu de la DGST marocaine.

    Par Jean-Marc Aubert

    Le pire a bien été évité le week-end de Pâques dans l’Hérault, avec l’arrestation d’une mère et de ses quatre filles -dont une de 14 ans-, après un signalement venu des agents de la direction générale de la surveillance du territoire -DGST- du Maroc, l’équivalent de notre DST, et traité en urgence par la DGSE -Direction générale du Renseignement extérieur- et par la Direction générale de la Sécurité intérieure -DGSI-, avec des services de police judiciaire. Une opération réalisée samedi dernier en soirée avec l’appui du RAID de Montpellier.

    Deux églises

    C’est une des soeurs âgée de 18 ans qui était ciblée, après que les agents marocains ont informé leurs homologues français le jeudi 1er avril d’une réelle menace terroriste qui pesait, avec une mise à exécution sans doute le lundi pascal dans une ou deux églises remplies de fidèles pendant la messe, à Montpellier et à Béziers, grâce à l’activation à distance d’un système confectionné avec des explosifs. Sa mère et ses trois soeurs ont été interpellées parce qu’elles se trouvaient dans l’appartement familial de la cité de la Devèze, à Béziers. Elles ignoraient l’existence de ce projet étant privées d’accès à la chambre du logement, selon leurs dires. Depuis, elles ont été mises hors de cause et libérées sans poursuite.

    Pour confectionner du TATP

    Lors de la perquisition dans la chambre de 40 m2 de la jeune femme très encombrée et digne d’un petit laboratoire, dans l’appartement familial, les policiers ont saisi de nombreuses bouteilles de produits chimiques pouvant servir à confectionner des explosifs -acétone, acide sulfurique, eau oxygénée- pour fabriquer du TATP, un redoutable explosif utilisé par les terroristes islamistes, ainsi que deux dispositifs d’engins explosifs en cours d’assemblage, avec notamment l’utilisation d’un téléphone portable. La jeune femme aurait fini de mettre au point son arsenal artisanal d’apprentie terroriste dans la nuit, puis le dimanche, pour passer à l’action le lundi, estiment les enquêteurs en analysant les indices matériels récupérés sur place.

    Décapitation de Samuel Paty
    Dans la chambre se trouvaient également une photographie imprimée de la décapitation de Samuel Paty -cet enseignant assassiné par des terroristes islamistes le 16 octobre dernier à Conflans-Sainte-Honorine-, des clichés de djihadistes armés et un carnet à spirales contenant notamment une recette manuscrite de fabrication d’explosifs diffusée sur des sites internet, des notes évoquant d’autres projets d’actions violentes que celles projetées dans les deux églises de l’Hérault, des documents vantant le groupe islamique Daesh et des symboles du nazisme. Dans ses deux téléphones portables, les policiers ont découvert les schémas d’une église de Béziers.

    Un sabre pour mutiler

    Selon nos informations, un sabre retrouvé dans sa chambre était destiné à mutiler, voire décapiter les fidèles encore vivants dans les églises, après les attentats déclenchés à proximité immédiate avec ses téléphones mobiles. Durant ses 96 heures de garde à vue au siège de la DGSI à Levallois-Perret, près de Paris, la Biterroise n’aurait pas désigné les deux lieux de culte visés, niant même un tel projet.

    Jeudi soir, elle a été mise en examen par un juge d’instruction antiterroriste du tribunal judiciaire de Paris pour «association de malfaiteurs terroriste criminelle, détention de substances ou produits incendiaires, explosifs ou d’éléments destinés à composer un engin incendiaire ou explosif pour préparer une destruction, dégradation ou atteinte aux personnes, en relation avec une entreprise terroriste». Elle a été écrouée.

    Coopération internationale

    Le « tuyau » salvateur émanant de la DGST du Maroc pour mettre hors d’état de nuit cette apprentie terroriste intervient dans le cadre du partage des informations avec les services français, dans le cadre de l’adhésion de ce pays aux mécanismes de coopération internationale de lutte contre les organisations terroristes, de consécration de la paix et de la stabilité dans le monde. « Cette démarche s’inscrit dans la lignée de celle qui est de plus en plus opérationnelle au sujet du trafic de drogue. Alors que les autorités du Maroc ont longtemps fermé les yeux sur l’importation massive de cannabis en France, via l’Espagne, en raison de cultures illégales sur le plateau du Rif, les services collaborent activement désormais avec les policiers et les gendarmes français pour tenter de démanteler des réseaux organisés, via notamment l’échange de renseignements », révèle un observateur à Métropolitain. Dans de récentes enquêtes et de procédures judiciaires de filières importantes de stupéfiants, les autorités marocaines ont ainsi livré des éléments capitaux, notamment sur les dates de retour dans l’Hérault et le Gard de trafiquants qui s’étaient mis au vert, permettant leur arrestation.

    Actu.fr, 9 avr 2021

    Etiquettes : France, terrorisme, Maroc, églises, attentats,

  • La France sous pression pour reconnaître sa responsabilité dans l’attaque aérienne au Mali

    Paris a rejeté à plusieurs reprises le rapport de l’ONU sur l’attaque qui a tué 19 invités à un mariage, le jugeant non crédible.

    La France fait face à des appels de plus en plus nombreux à reconnaître sa responsabilité dans l’attaque aérienne qui a tué 19 civils lors d’un mariage dans un village du Mali en janvier, suite à la publication d’un rapport des Nations unies sur cette attaque.

    L’enquête accablante de l’ONU publiée le mois dernier, sa première sur l’action militaire française, indique que la frappe aérienne a touché le village de Bounti le 3 janvier, tuant 19 invités au mariage et trois militants.

    Des groupes représentant les familles des victimes, qui étaient toutes des hommes, des survivants de la frappe aérienne et des groupes de défense des droits ont demandé que le personnel militaire impliqué dans la frappe soit inculpé et ont condamné l’attaque, qui fait partie d’une série d’incidents survenus ces dernières années au cours desquels des civils innocents ont été tués lors d’opérations anti-jihadistes.

    Une insurrection djihadiste a fait des ravages au Mali depuis 2012, débordant sur la région du Sahel en Afrique de l’Ouest, suscitant un important soutien militaire français dans ses anciennes colonies.

    Immédiatement après l’attaque à Bounti, à 370 miles de la capitale Bamako, des groupes locaux ont commencé à faire craindre que des civils, et non des djihadistes, aient été tués, a déclaré Hamadoune Dicko, le président du plus grand groupe peul, Tabital Pulaaku. Un de ses amis est mort dans la frappe aérienne, a-t-il dit.

    « Nous connaissions personnellement la majorité d’entre eux. C’est notre région et il est facile de savoir qui était là et s’il s’agissait de civils ou de djihadistes », a déclaré Dicko, ajoutant que le rapport de l’ONU avait « prouvé que nous avions raison ».

    « Il est important qu’une enquête indépendante soit menée, peut-être par la justice. Qu’elle soit malienne, française ou internationale », a déclaré Dicko, « afin que les responsabilités soient établies, que les familles des victimes puissent être indemnisées et que les responsables de cette frappe soient traduits en justice. »

    Un invité du mariage, qui s’est exprimé sous couvert d’anonymat, a survécu à l’attaque avec des blessures mineures. Selon lui, la région du centre du Mali est sous le contrôle des djihadistes. « Ils n’acceptent pas les mariages et les baptêmes. S’ils l’avaient su, ils l’auraient interdit », a-t-il dit. « Il n’y avait pas de djihadistes, nous faisions simplement la fête entre nous ».

    Le rapport de l’ONU, basé sur plus de 400 entretiens et témoignages, accuse la France de nombreux manquements, notamment l’obligation de faire tout ce qui est pratiquement possible pour vérifier que les cibles étaient bien des objectifs militaires.

    Depuis la publication du rapport, la France l’a rejeté à plusieurs reprises comme n’étant pas crédible, affirmant que 30 personnes sont mortes dans la frappe aérienne au Mali et que les cibles étaient toutes des djihadistes. Selon elle, le rapport de l’ONU s’est peut-être appuyé sur des témoignages de sympathisants de terroristes et n’offre aucune preuve tangible.

    La ministre française de la défense, Florence Parly, a déclaré la semaine dernière que ses opérations suivaient « un processus de ciblage rigoureux » et qu’au milieu des critiques, elle « ne peut pas laisser salir l’honneur de nos soldats ».

    « Il n’y avait pas de femmes ou d’enfants parmi les victimes, et ces frappes avaient pour but de neutraliser les éléments terroristes », a-t-elle ajouté. L’attaque avait visé une coalition de groupes extrémistes affiliés à Al-Qaïda.

    Jeudi, Mme Parly a répondu aux critiques croissantes, suite au rapport de l’ONU, des groupes de défense des droits maliens et français, dont Amnesty International et Oxfam France.

    « L’action de la France au Sahel fait l’objet d’une guerre d’information permanente visant à affaiblir notre crédibilité et notre légitimité, alors même que nous sommes présents à l’appel des autorités nationales sahéliennes », après un nouveau briefing sur les détails de la frappe aérienne par le chef d’état-major des armées.

    Le gouvernement a rejeté les appels à l’ouverture d’une enquête sur les meurtres, ou à la publication des images de drone qui ont permis d’identifier le village comme cible, ce qui ajoute à la consternation des groupes au Mali.

    Pour tenter d’amener la France à accepter de rendre des comptes, les familles des victimes envisagent d’intenter une action en justice devant les tribunaux français.

    L’absence de critiques de la part du gouvernement de transition dirigé par l’armée, qui a pris le pouvoir après un coup d’État l’année dernière, alimente le ressentiment. Depuis une déclaration critiquant la frappe dans son sillage immédiat, les responsables ont largement soutenu la France, dont ils dépendent pour soutenir leurs propres forces. Les autorités maliennes ont déclaré que des djihadistes étaient la cible de l’attaque.

    Les deux pays n’ont pas réussi à lancer une enquête coordonnée, selon Clémence Bectarte, de la Fédération internationale des droits de l’homme, qui estime que « les juridictions françaises et maliennes auraient dû ouvrir une enquête, c’était logique ».

    Les informations faisant état d’atrocités présumées commises par ses militaires ont fait monter la pression sur la France et sur son opération prolongée au Sahel. Le 26 mars, six personnes ont été tuées dans le nord-est du Mali lors d’une frappe de drone française qui, selon l’armée, visait des djihadistes. Pourtant, des habitants ont déclaré que les personnes décédées, dont quatre enfants de moins de 16 ans, étaient de jeunes chasseurs.

    Les 5 100 soldats français présents au Sahel ont du mal à contenir les groupes extrémistes très mobiles et coordonnés dans cette région désertique. Selon les experts, les atrocités présumées ont probablement renforcé le ressentiment anti-français dans le pays.

    The Guardian, 9 avr 2021

    Etiquettes : France, Sahel, Mali, Tchad, Niger, Barkhane,