Étiquette : France

  • Un homme tente de s’introduire dans l’Elysée avec une bouteille enflammée

    Selon une source policière a LCI, un homme, accompagné de deux individus, a tenté d’escalader ce jeudi les barrières de protection du périmètre de sécurité de l’Elysée. Tous trois ont été immédiatement interpellés.

    Une tentative d’intrusion dans le périmètre de sécurité de l’Élysée a été déjouée ce jeudi. Selon une source policière a LCI, vers 15h30, un homme porteur de ce qui ressemble a un cocktail Molotov a tenté d’escalader les barrières de protection du palais présidentiel.

    Celui-ci était accompagné de deux individus. Tous trois ont immédiatement été interpellés. Après analyse, il s’avère que la bouteille enflammée ne contenait pas de substances dangereuses, selon cette même source.

    Sans que l’on connaisse ses motivations a ce stade, le porteur de la bouteille a tenté d’enjamber les barrières disposées devant l’entrée de cet ancien hôtel particulier, situé au 55 rue du Faubourg-Saint-Honoré, dans le 8e arrondissement parisien.

    Au début du quinquennat, Emmanuel Macron et son épouse, Brigitte Macron, avaient choisi de faire du Palais de l Elysée leur lieu de résidence.

    Echourok Online, 2 avr 2021

    Etiquettes : France, Elysée, intrus, présidence,

  • Les nouvelles restrictions sur le COVID-19 auront un impact sur la croissance française : ministre

    PARIS (Reuters) – Les nouvelles restrictions liées au COVID-19 en France auront un impact sur la croissance économique cette année, mais il est trop tôt pour dire de combien, a déclaré vendredi le ministre des Finances Bruno Le Maire.

    Le président Emmanuel Macron a ordonné mercredi à la France son troisième verrouillage national et a annoncé la fermeture des écoles pendant trois semaines afin de repousser une troisième vague d’infections au COVID-19 qui menace de submerger les hôpitaux.

    « Ces mesures auront un impact sur la croissance économique en 2021. Nous sommes en train de l’évaluer. Il y aura une nouvelle évaluation dans les prochains jours », a déclaré M. Le Maire à la télévision CNews lorsqu’on lui a demandé s’il s’en tenait à l’objectif de croissance économique du gouvernement pour cette année. Il a prévu une croissance de 6 % pour 2021.

    Le Maire a réaffirmé que les nouvelles mesures de blocage forceraient la fermeture temporaire de 150 000 entreprises, pour un coût de 11 milliards d’euros par mois.

    Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a déclaré jeudi qu’il ne s’attendait pas à ce que les nouvelles restrictions aient un impact sur la prévision de la banque d’une croissance de 5,5 % en 2021, à condition que les restrictions ne durent pas au-delà de début mai.

    La France a signalé jeudi plus de 50 000 nouvelles infections au COVID-19 et 308 décès, tandis que le nombre de personnes dans les services de soins intensifs a augmenté à 5 109.

    M. Le Maire a réitéré ses appels à l’Union européenne pour qu’elle accélère la mise en œuvre de son plan de relance économique.

    « L’Europe doit comprendre que nous devons aller vite et que les fonds de relance promis aux citoyens européens doivent maintenant arriver dans les États membres […]. En 2022 ou 2023, il sera trop tard. Les Chinois et les Américains seront en avance sur nous », a-t-il déclaré.

    Bien que les 27 États membres aient adopté l’été dernier un fonds de relance historique, les gouvernements de l’UE soumettent encore des plans détaillés sur la manière dont ils comptent dépenser l’argent du fonds, que beaucoup doivent encore ratifier.

    Etiquettes : France, mesures de restriction, économie, coronavirus, covid 19, pandémie, croissance,

  • Les nouvelles restrictions sur le COVID-19 auront un impact sur la croissance française : ministre

    PARIS (Reuters) – Les nouvelles restrictions liées au COVID-19 en France auront un impact sur la croissance économique cette année, mais il est trop tôt pour dire de combien, a déclaré vendredi le ministre des Finances Bruno Le Maire.

    Le président Emmanuel Macron a ordonné mercredi à la France son troisième verrouillage national et a annoncé la fermeture des écoles pendant trois semaines afin de repousser une troisième vague d’infections au COVID-19 qui menace de submerger les hôpitaux.

    « Ces mesures auront un impact sur la croissance économique en 2021. Nous sommes en train de l’évaluer. Il y aura une nouvelle évaluation dans les prochains jours », a déclaré M. Le Maire à la télévision CNews lorsqu’on lui a demandé s’il s’en tenait à l’objectif de croissance économique du gouvernement pour cette année. Il a prévu une croissance de 6 % pour 2021.

    Le Maire a réaffirmé que les nouvelles mesures de blocage forceraient la fermeture temporaire de 150 000 entreprises, pour un coût de 11 milliards d’euros par mois.

    Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a déclaré jeudi qu’il ne s’attendait pas à ce que les nouvelles restrictions aient un impact sur la prévision de la banque d’une croissance de 5,5 % en 2021, à condition que les restrictions ne durent pas au-delà de début mai.

    La France a signalé jeudi plus de 50 000 nouvelles infections au COVID-19 et 308 décès, tandis que le nombre de personnes dans les services de soins intensifs a augmenté à 5 109.

    M. Le Maire a réitéré ses appels à l’Union européenne pour qu’elle accélère la mise en œuvre de son plan de relance économique.

    « L’Europe doit comprendre que nous devons aller vite et que les fonds de relance promis aux citoyens européens doivent maintenant arriver dans les États membres […]. En 2022 ou 2023, il sera trop tard. Les Chinois et les Américains seront en avance sur nous », a-t-il déclaré.

    Bien que les 27 États membres aient adopté l’été dernier un fonds de relance historique, les gouvernements de l’UE soumettent encore des plans détaillés sur la manière dont ils comptent dépenser l’argent du fonds, que beaucoup doivent encore ratifier.

  • France. La loi sur les «principes de la République» comporte un risque de discrimination

    Alors que le Sénat français s’apprête à entamer, le 30 mars, l’examen du projet de loi « confortant le respect des principes de la République », Amnesty International demande que les nombreuses dispositions de ce texte qui posent problème soient supprimées ou modifiées. Le projet de loi prévoit d’accorder aux autorités françaises de nouveaux pouvoirs leur permettant de refuser ou de supprimer l’octroi d’une subvention à certaines organisations. Dans un contexte de discours stigmatisant relatif aux personnes musulmanes et à l’islam, il est à craindre que cette loi ne soit appliquée de façon discriminatoire.

    Marco Perolini, chargé de recherche sur l’Europe à Amnesty International, a déclaré :

    « Ce projet de loi représente une grave menace pour les droits et les libertés en France. S’il est adopté, ce texte permettra aux pouvoirs publics de ne subventionner que les organisations qui signent un « contrat d’engagement républicain » – une notion définie en termes vagues qui laisse la porte ouverte aux abus et qui met en danger les libertés d’expression et d’association, que les autorités françaises affirment pourtant vouloir protéger. »

    Plusieurs éléments de ce projet de loi suscitent des inquiétudes quant aux obligations qui incombent à la France concernant le respect des droits à la liberté d’association et d’expression, et du principe de non-discrimination. Amnesty International demande à la France d’octroyer des subventions de manière non discriminatoire et de veiller à ce que toutes les organisations, y compris celles qui critiquent la politique du gouvernement et qui luttent contre la discrimination, aient les mêmes chances de recevoir une subvention.

    Dans sa déclaration justifiant ce projet de loi, le gouvernement mentionne la nécessité de renforcer un arsenal législatif insuffisant pour la lutte contre l’« islamisme radical ».

    « Une fois de plus, nous constatons que les autorités françaises utilisent le concept vague et mal défini de « radicalisation » ou d’« islamisme radical » pour justifier l’adoption de mesures sans motifs valables, qui risquent de conduire à une discrimination dans leur application à l’égard des personnes musulmanes et d’autres groupes minoritaires. Il faut que cesse cette stigmatisation », a déclaré Marco Perolini.

    Amnesty International, 29 mars 2021

    Etiquettes : France, discrimination, loi sur les «principes de la République», Islam; islamophobie, stigmatisation,

  • Gad Elmaleh : ce qu’il a réussi au Maroc… mais pas en France !

    En février dernier, Gad Elmaleh sortait son nouvel album, en hommage à Claude Nougaro. Un véritable bide en France, qui a eu beaucoup de succès dans son pays d’origine, le Maroc.

    Un rêve devenu réalité. Dans ses spectacles, Gad Elmaleh a toujours aimé croiser humour et chansons, notamment avec sa célèbre mélodie « Petit Oiseau » qu’il interprète systématiquement lors de ses one man shows. Alors, en grand admirateur de Claude Nougaro, l’humoriste a décidé de reprendre les titres de son chanteur favoris et d’en faire un album.

    Un album sorti en février dernier, qui a rapidement suscité de vives critiques. Véritable coup dur, même les fans les plus attentionnés de Gad Elmaleh n’ont pas hésité à montrer leur mécontentement face à cette nouvelle passion de l’humoriste, « C’est lamentable, juste du business », « ce n’est vraiment pas très légitime », « c’est un massacre », « Avec un tel album qui ressasse les mêmes chansons archiconnues (et géniales en version originale), on n’est pas dans l’esprit de Nougaro. Lui, il était un créateur, pas un recréateur. »

    Au moment de sa sortie, La Dépêche du Midi évoquait même un « bide historique ». Véritable coup dur pour Gad Elmaleh, ce dernier ne baisse pour autant pas les bras et continue à parler de cet album qui lui tient à cœur. D’ailleurs, ce 31 mars, l’humoriste vient de dévoiler le clip de la chanson « Bidonville » extraite de son album de reprises de Claude Nougaro. Et s’il n’a pas lâché sa passion malgré les critiques et le faible nombre de ventes de son album, c’est grâce à son pays, le Maroc, et à ses habitants qui le soutiennent coûte que coûte dans ses projets plus fous les uns que les autres.

    Loin d’être entré dans le classement en France, Gad Elmaleh et son album « Dansez sur moi » sont arrivés numéro 1 dans le cœur des habitants de son pays d’origine.

    Public.fr, 31 mars 2021

    Etiquettes : Gad El Maleh, Maroc, France, Dansez sur moi, album, chanson,

  • Agence pour la réhabilitation des sites d’essais nucléaires de la France coloniale en Algérie

    Le gouvernement a achevé la rédaction du projet de loi sur l’Agence nationale pour la réhabilitation, l’organisation et le fonctionnement des anciens sites d’essais nucléaires français dans le sud du pays, une étape qui renouvelle le discours sur les expériences que la France coloniale a menées dans le Sahara algérien, car leurs répercussions catastrophiques ont persisté jusqu’à aujourd’hui.

    Le ministre de l’énergie et des mines, Mohamed Arkab, lors d’un conseil des ministres prévu, qui sera présidé par le Premier ministre Abdelaziz Djerad, exposera un projet de décret exécutif qui comprend la création, l’organisation et le fonctionnement de l’Agence nationale pour la réhabilitation des anciens sites d’expérimentations nucléaires françaises dans le sud algérien, selon la formule initiale de cette nouvelle structure, la mission de l’agence étant censée être « purement technique ».

    La nouvelle initiative du gouvernement de créer cette agence a coïncidé avec l’escalade de la polémique autour du rapport rédigé par l’historien Benjamin Stora, sur la mémoire, qui a négligé le dossier des essais nucléaires effectués par la France coloniale dans le Sahara algérien, ce qui a amené le directeur de l’Observatoire de l’armement en France, Patrice Bouveret, à regretter de ne pas voir Stora mentionner dans son rapport « la grande importance » des conséquences sanitaires effroyables pour les habitants de Reggane et de Tamanrasset, victimes des essais nucléaires français.

    « Nous regrettons que les effets des 17 essais nucléaires effectués par la France pendant la guerre de libération algérienne et les cinq premières années de l’indépendance n’aient pas reçu plus d’importance, Benjamin Stora n’ayant traité que de la question des déchets nucléaires laissés par la France », a déclaré Patrice Bouveret dans une déclaration à l’agence de presse algérienne APS.

    L’Algérie a renouvelé sa demande à la France de payer une compensation pour ses essais nucléaires désastreux. Cette question fait partie des crimes commis par le colonialisme français et constitue l’un des dossiers les plus sensibles de ce que l’on appelle la « douleur de la mémoire » partagée entre les deux pays.

    Auparavant, le ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, avait déclaré, à l’occasion du 61e anniversaire de la réalisation des 17 premiers essais nucléaires au Sahara : « En ce jour de 1960, la France coloniale a réalisé la première explosion nucléaire dans la région de Reggane avec une force de 70 kilotonnes, ce qui équivaut à trois à quatre fois la charge de la bombe d’Hiroshima. Cette explosion a eu des répercussions radiologiques catastrophiques, avec des dommages indicibles pour la population locale et l’environnement qui perdurent encore aujourd’hui ».

    Il a ajouté, à cet égard, que ces conséquences sanitaires ne peuvent être considérées comme un problème dont la gestion incombe aux seuls services de santé algériens, car la préoccupation réside principalement dans la mise en œuvre des nombreuses recommandations énumérées dans le rapport Stora ».

    Bien qu’en mai 2009, le Parlement français ait adopté une loi portant le nom du ministre de la Défense de l’époque, Hervé Morin, concernant l’indemnisation des victimes des essais nucléaires en Algérie et dans la région de la Polynésie dans l’océan Pacifique, et qu’un budget de 10 millions d’euros ait été alloué en 2009 pour indemniser les victimes, ce montant a été considéré par les associations de défense des victimes comme « modeste » compte tenu du grand nombre de personnes touchées.

    Echourouk online, 31 mars 2021

    Etiquettes : Algérie, France, essais nucléaires, colonisation, mémoire,

  • Afri’actu : Sahel : la dette française…

    «Nous avons une dette envers la Libye très claire : une décennie de désordre». Ces propos d’Emmanuel Macron prononcés ce 23 mars 2021 à l’Élysée retentissent tel un mea culpa de la France, dix ans après son rôle prépondérant dans l’invasion de la Libye en 2011 par les Forces étrangères. Avant lui, le président Obama avait reconnu que cette intervention à l’appel de Nicolas Sarkozy était sa plus grande erreur. De leur côté, la Chine et la Russie avaient exprimé leur regret de n’avoir pas opposé de véto à cette aventure.

    En réalité, la France n’est pas débitrice envers la seule Lybie, mais de tous les Etats du Sahel déstabilisés depuis l’effondrement de ce pays. L’Élysée devrait donc avoir le courage d’avouer que l’assassinat du Guide libyen et l’invasion de son pays par les armées occidentales sous sa houlette sont surtout les véritables causes de la tragédie sécuritaire dans les Etats du Sahel.

    Idriss Déby et certains de ses pairs du Sahel n’ont de cesse déploré cette action occidentale contre Mouammar Kadhafi. Et qui a plongé la sous-région dans le chaos sécuritaire en y déversant mercenaires de toutes nationalités munis d’arsenaux les plus modernes.

    Pourquoi la France se limite-t-elle à la seule Lybie au lieu de reconnaître sa dette envers tout le Sahel ?

    Selon l’analyste Antoine Glaser, Emmanuel Macron réalise cet aveu d’une culpabilité française envers la Libye moins pour souligner la responsabilité de son prédécesseur que pour tenter de reprendre pied dans ce pays, alors que la Turquie, la Russie et l’Italie y ont regagné du terrain. D’autant que la Libye, outre ses richesses pétrolières, est aussi un pays-clé pour le contrôle de la Méditerranée et des flux de migrants.

    Quoi qu’il advienne, ce show médiatique d’Emmanuel Macron est déjà perçu au Mali comme une reconnaissance indirecte de la France et des Occidentaux dans le chaos installé au Sahel. Sur RFI, Sory Ibrahim Diarra, président de l’Association malienne de veille citoyenne, explique : «Nous sommes vraiment contents de cette déclaration du président Macron. Tous les désordres qui se sont passés en Libye, au Mali, au Tchad, au Niger… Chaque pays du Sahel a été déstabilisé. Si la Libye redevient stable, tout le Sahel sera stable. ».

    Que notre ancienne puissance coloniale fasse donc son mea culpa à tous les Etats du Sahel ! Qu’elle leur paye sa dette en les aidant à la bonne franquette à faire repartir du Sahel la horde de mercenaires!

    Gaoussou Madani Traoré

    Maliweb.net, 29 mars 2021

    Etiquettes : France, Sahel, Mali, Niger, Burkina Faso, Tchad, Libye,

  • L’ONU accuse la France de possibles crimes de guerre suite à une frappe aérienne au Mali sur un mariage

    Au moins 22 personnes ont été tuées par une explosion, dont 19 civils et trois membres présumés d’un groupe djihadiste.

    Par Anna Pujol-Mazzini

    La France pourrait être coupable d’un crime de guerre pour avoir tué une grande majorité de civils lors d’une frappe aérienne sur un mariage dans un village malien isolé en janvier, selon la toute première enquête de l’ONU sur les opérations militaires françaises publiée mardi.

    Au moins 22 personnes ont été dynamitées et tuées, dont 19 civils et trois membres présumés d’un groupe djihadiste, selon les enquêteurs. Huit autres civils ont été blessés.

    « Le groupe d’individus touchés par la frappe était très majoritairement composé de civils qui sont des personnes protégées par le droit international humanitaire », indique le rapport de 36 pages.

    « Cette frappe soulève des préoccupations importantes quant au respect des principes de la conduite des hostilités », ajoute le rapport, qui reproche à la France de ne pas avoir pris suffisamment de précautions pour s’assurer qu’aucun civil ne serait tué.

    Après avoir interrogé 400 personnes, dont des survivants, des témoins, des membres de la famille et des groupes d’aide, l’ONU a également indiqué qu’un mariage avait lieu le jour de la frappe aérienne, ce que le gouvernement français a démenti à plusieurs reprises.

    Une personne ayant connaissance du rapport a déclaré au Telegraph qu’une version antérieure accusait les forces françaises de crime de guerre en raison de leur incapacité à prendre des mesures adéquates pour éviter le massacre aveugle de civils à Bounty.

    La formulation a ensuite été modifiée suite à la pression exercée par le gouvernement français, ont-elles ajouté.

    Conflit au Mali

    Le Dr Hamadoune Dicko, jeune président de la plus grande association de Peuls du Mali et premier à tirer la sonnette d’alarme sur la mort de civils à Bounty, a déclaré que le rapport n’allait pas assez loin.

    « Les Nations unies ont reconnu que la France a commis une erreur et qu’il devrait y avoir une justice. Elles auraient dû condamner ouvertement Barkhane et les autorités maliennes », a-t-il déclaré au Telegraph.

    « Maintenant, c’est aux autres organisations des droits de l’homme de terminer les enquêtes et de punir les auteurs de ces crimes contre l’humanité. Lâcher des bombes sur un Malien est un crime contre l’humanité. »

    Les victimes étaient toutes des hommes âgés de 23 à 71 ans. Parmi les blessés, l’un d’eux a été amputé de deux doigts et un autre a eu une fracture ouverte à la cuisse.

    Selon les enquêteurs de l’ONU, cinq hommes armés, soupçonnés d’avoir des liens avec Katiba Serma, une organisation locale affiliée à Al-Qaïda, étaient présents à Bounty ce jour-là, dont un qui portait son arme de manière visible. La centaine d’autres invités étaient des civils, ont-ils dit.

    « Tout cela est arrivé à cause de la présence de cet homme qui portait une arme », a déclaré une source à l’équipe de l’ONU.

    La France fait face à un examen de plus en plus minutieux de sa stratégie au Sahel, où elle combat depuis 2013 l’insurrection djihadiste qui se propage le plus rapidement sur terre. Le mois dernier, Paris a laissé entendre qu’elle voulait retirer une partie de ses 5 000 soldats au Mali, au Niger, au Burkina Faso, en Mauritanie et au Tchad.

    Lundi, Mohamed Bazoum, le président nouvellement élu du Niger, a qualifié la force française en Afrique de l’Ouest d’ »échec » et a déclaré qu’un retrait partiel des troupes n’aurait pas un grand impact sur le terrain.

    Les accusations de meurtres de civils, extrêmement rares avant 2021, s’accumulent également contre l’opération Barkhane. La semaine dernière, des responsables locaux du nord du Mali ont déclaré qu’au moins cinq civils avaient été tués dans une autre frappe aérienne.

    L’armée française a déclaré dans un communiqué qu’elle avait ordonné cette frappe « après une phase de renseignement et d’identification » afin de neutraliser un groupe terroriste armé.

    Mais le maire d’un village voisin, un ancien parlementaire de la région et une coalition de groupes rebelles ont déclaré que la frappe avait tué au moins cinq civils, dont des garçons âgés de 15 ans seulement.

    Mohamed Assaleh Ahmad, le maire du village voisin de Talataye, a déclaré à l’AP que les victimes étaient six civils de sexe masculin de son village, âgés de 15 à 20 ans. Il a déclaré qu’ils étaient partis chasser les oiseaux et qu’ils n’avaient qu’un seul fusil à eux tous.

    Si la plupart des victimes étaient mineures, les adolescents sont souvent recrutés par les groupes djihadistes pour poser des engins explosifs improvisés dans le nord du Mali, ont déclaré plusieurs experts au Telegraph.

    La France a jusqu’à présent refusé de publier les images des deux frappes ou d’ouvrir des enquêtes indépendantes. Mais des témoins ont déclaré aux enquêteurs de l’ONU que des soldats français s’étaient rendus sur le site de la frappe aérienne le 8 janvier, cinq jours après l’attaque.

    Les autorités françaises ont nié tout acte répréhensible dans une déclaration publiée mardi et ont exprimé des inquiétudes quant à la méthodologie de l’enquête de l’ONU.

    Un communiqué indique : « Le ministère des Armées maintient avec constance et réaffirme avec force : le 3 janvier, les forces françaises ont mené une frappe aérienne visant un groupe armé terroriste identifié comme tel. »

    The Telegraph, 30 mars 2021

    Etiquettes : Sahel, Mali, Niger, Barkhane, France, Tchad, JNIM, EIGS, Al Qaïda,

  • La violation des résolutions de l’ONU n’est pas inhabituel

    (MENAFN – NewsIn.Asia) Par PKBalachandran / Ceylon aujourd’hui

    Colombo, 29 mars: Dès 2002, la correspondante onusienne du Los Angeles Times, Maggie Farley, a noté que plus d’une centaine de résolutions onusiennes étaient violées et que dans de nombreux cas, l’application des résolutions était bloquée par les États-Unis ou leurs alliés.

    Elle a fait cette observation sur la base d’un examen sur 15 ans du respect des résolutions de l’ONU effectué par le professeur Stephen Zunes de l’Université de San Francisco. Zunes avait conclu que la conformité dépendait de l’influence de chaque État et de ses soutiens. Plus le soutien est puissant, moins il y a de chances de se conformer, a-t-il déclaré. Les pays qui se sont conformés l’ont été par un pays puissant ou un ensemble de pays puissants par pure coercition, économique ou militaire, ou les deux.

    Pour commencer, les résolutions de l’ONU ne sont pas contraignantes, et si elles le sont, comme dans le cas de certaines résolutions du Conseil de sécurité, les pouvoirs en place pourraient ne pas les appliquer pour des raisons économiques, politiques ou géopolitiques. Entre 1967 et 2002, Israël a violé 31 résolutions. Douze violations liées à la «Quatrième Convention de Genève pour les puissances occupantes», concernant les expulsions, les démolitions de maisons et la saisie de biens.

    Parmi les résolutions violées figurait la n ° 487 de 1981 qui avait demandé à Israël de placer ses installations nucléaires sous la sauvegarde de l’Agence internationale de l’énergie atomique de l’ONU. Alors que les États-Unis sont entrés en guerre contre l’Irak pour avoir violé les résolutions de l’ONU, ils n’envisagent pas la guerre contre Israël pour appliquer une résolution de l’ONU. En fait, les États-Unis avaient utilisé le veto à plusieurs reprises pour bloquer des résolutions sur Israël. En 2018, les États-Unis ont quitté le CDH en se plaignant de ses préjugés contre Israël.

    Lorsque la Turquie était un allié des États-Unis, elle a pu défier les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU sur le déploiement de ses troupes à Chypre. Le Maroc a bafoué les résolutions demandant le retrait de ses forces du Sahara occidental et y autorisant un référendum d’autodétermination. Les États-Unis ont envahi l’Irak conformément à un mandat de l’ONU parce que cela convenait à leurs intérêts.

    Action militaire

    La Charte des Nations Unies autorise une action militaire pour l’application des résolutions du chapitre 7. Mais les interventions militaires se sont avérées difficiles en raison d’un engagement insuffisant des États membres. L’action de l’ONU en Bosnie-Herzégovine s’est avérée désastreuse à cause de cela.

    L’hégémonie des Big Power est un facteur majeur. Les États-Unis ne permettraient pas à leurs forces d’être commandées par des citoyens non américains. Bien que l’ONU soit essentiellement une institution américaine, aucun gouvernement à Washington n’a voulu qu’elle soit puissante, comme l’a déclaré Daniel Moynihan, ancien ambassadeur américain à l’ONU.

    «Le Département d’État a souhaité que l’Organisation des Nations Unies se révèle totalement inefficace dans les mesures qu’elle prend. La tâche m’a été confiée et je l’ai poursuivie avec un succès non négligeable », écrit-il dans ses mémoires.

    L’ONU a également montré son incompétence dans la mise en œuvre des résolutions sur la Corée du Nord. Dans leur article dans le journal de l’Institute for Science and International Security en 2018, David Albright, Sarah Burkhard, Allison Lach et Andrea Stricker affirment que 52 pays ont été impliqués dans la violation des résolutions du CSNU sur la Corée du Nord pendant la majeure partie de 2017.

    Le président américain Donald Trump a menacé de retenir des «milliards» de dollars d’aide américaine aux pays votant en faveur d’une résolution de l’ONU rejetant sa reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël. Mais malgré l’avertissement, 128 membres ont voté pour maintenir le consensus international de longue date selon lequel le statut de Jérusalem (revendiqué comme capitale par Israël et la Palestine) ne peut être réglé que comme une question finale convenue dans un accord de paix, a écrit. Néanmoins, malgré la résolution de l’ONU, en mai 2018, les États-Unis sont allés de l’avant et ont reclassé leur consulat de Jérusalem en tant qu’ambassade des États-Unis à Jérusalem.

    Les États-Unis ont également opposé leur veto à une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU qui condamnait l’utilisation de la force par Israël contre les civils palestiniens. Au moins 116 Palestiniens ont été tués par les forces israéliennes lors des manifestations à la frontière de Gaza depuis la fin du mois de mars 2018.

    Résolutions de l’ONU

    Tout organe des Nations Unies peut adopter une résolution. Mais ils ne sont généralement pas contraignants. Mais même ceux qui attendent sont soit imparfaitement mis en œuvre, soit pas du tout mis en œuvre. Le Conseil de sécurité est chargé du maintien de la paix et de la sécurité internationales. Le CSNU comprend 15 membres, cinq permanents (Russie, Royaume-Uni, France, Chine et États-Unis) et dix membres non permanents, élus sur une base régionale pour un mandat de deux ans. Les membres permanents peuvent opposer leur veto à toute résolution de fond du CSNU.

    La résolution 1373 du Conseil de sécurité, qui a été adoptée à l’unanimité le 28 septembre 2001, était une mesure antiterroriste adoptée à la suite des attentats terroristes du 11 septembre contre les tours jumelles à New York. La résolution a été adoptée en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies et est donc contraignante pour tous les États membres de l’ONU. Si les États-Unis se sont conformés à cela, c’est parce qu’ils sont directement touchés par le terrorisme depuis l’attaque du 11 septembre.

    Cour pénale internationale

    La Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) a tenté en vain d’étendre la compétence de la Cour pénale internationale (CPI) au Sri Lanka. Sri Lanka n’est pas signataire du Statut de Rome, qui permet à la CPI d’exercer sa juridiction sur la nation insulaire. Cependant, une affaire de violation des droits humains au Sri Lanka peut être portée devant la CPI si le Conseil de sécurité de l’ONU décide de le faire. Mais au CSNU, le Sri Lanka est soutenu par deux puissances de veto, la Chine et la Russie.

    Il est souligné qu’à la suite de la récente résolution du HRC contre le Sri Lanka, tout État membre peut déposer une plainte contre un ressortissant sri-lankais pour des motifs de droits de l’homme ou de crimes de guerre. Mais là encore, on soutient que les intérêts politiques des nations joueront un rôle déterminant.

    Il convient de noter que la plupart des affaires portées devant la CPI concernent des pays pauvres et arriérés qui n’ont aucune influence politique dans le monde. À ce jour, 45 personnes ont été inculpées devant la CPI. La liste comprend le chef rebelle ougandais Joseph Kony, l’ancien président soudanais Omar al-Bashir, le président kenyan Uhuru Kenyatta, le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, le président ivoirien Laurent Gbagbo et le vice-président de la RD Congo Jean-Pierre Bemba. La surreprésentation de l’Afrique et l’absence totale des pays développés dans les affaires de la CPI méritent d’être signalées.

    Lois occidentales pour protéger les soldats

    Alors que d’un côté, les pays occidentaux ont hâte de poursuivre les soldats des pays en développement pour crimes de guerre, ils promulguent eux-mêmes des lois pour empêcher la poursuite de leurs soldats pour des crimes de guerre commis à l’étranger.

    La Chambre des communes britannique a récemment adopté un projet de loi visant à empêcher les poursuites «vexatoires» contre le personnel militaire et les anciens combattants britanniques pour des allégations de crimes de guerre. La poursuite des soldats britanniques pour des crimes passés présumés en Irlande du Nord, et des conflits plus récents en Irak et en Afghanistan, a harcelé l’armée et le gouvernement du pays pendant des années.

    La nouvelle législation propose des mesures pour «réduire l’incertitude découlant d’allégations historiques et créer un meilleur cadre juridique pour traiter les réclamations liées à de futurs conflits à l’étranger», a déclaré le ministère britannique de la Défense. Le secrétaire à la Défense, Ben Wallace, a déclaré à la Chambre des communes que le projet de loi respecterait la promesse électorale du gouvernement conservateur de 2019 de protéger le personnel militaire et les anciens combattants contre «  des revendications vexatoires et des enquêtes sans fin  ».

    Le ministre des Vétérans Johnny Mercer, un ancien officier de l’armée qui a servi en Afghanistan, a insisté sur le fait que la législation «ne dépénalise pas la torture» mais établit «un équilibre approprié entre les droits des victimes et l’accès à la justice».

    Le Sri Lanka envisage une loi protectrice similaire en vue de la tentative du HRC de poursuivre ses soldats, a récemment déclaré aux médias le ministre de l’Éducation et porte-parole du Sri Lanka Podujana Peramuna (SLPP), le professeur GLPeries.

    MENAFN, 29 mars 2021

    Etiquettes : ONU, Conseil de Sécurité, Sri Lanka, Etats-Unis, Stephen Zunes, Corée du Nord, Israel, Palestine, Gaza, CPI, Maroc, Sahara Occidental, France,

  • Rwanda / La France et le génocide rwandais : une responsabilité institutionnelle

    « La France, le Rwanda et le génocide des Tutsi (1990-1994) ». Retour sur le rapport remis au président de la République vendredi 26 mars

    Auteur : Frédéric de Coninck

    La commission Rwanda (commission de recherche sur les archives françaises relatives au Rwanda et au génocide des Tutsi) a rendu, vendredi dernier, son rapport au président de la République. Il s’agit d’un document de 900 pages. Je ne vais pas prétendre les avoir lues en un week-end ! Disons que j’en ai lu sérieusement 200. Cela ressemble à un roman fleuve : il y a de grands moments, des pages que l’on tourne avec passion, puis des longueurs.

    En fait, et globalement, c’est l’angle d’attaque retenu par cette commission qui m’a intéressé. Elle n’a nullement cherché à faire un travail de type judiciaire, à la recherche de criminels ou de complices divers. Elle s’est plutôt demandé si l’action menée par la France au Rwanda, dans les années qui ont précédé le génocide, l’avait favorisé ou lui avait ouvert la porte.

    En d’autres termes, les choix politiques et militaires de la France ont-ils constitué un terrain favorable à ce génocide ? Pour ce faire, elle a travaillé sur archives, en relisant les notes, les échanges entre cabinets ministériels et présidentiels, les relevés de décision, les argumentaires, les remontées d’informations diverses, profitant de la déclassification de milliers de documents, à l’occasion de la commande passée par Emmanuel Macron.

    Disons-le d’emblée : la réponse est oui. La force de ce document fleuve est de prendre le temps d’examiner les positions diverses, les échanges multiples, les décisions au plus haut niveau, avec suffisamment de détail pour que l’argumentaire soit très largement convaincant. Je ne vais pas en faire 900 pages moi-même ! Le mieux est de vous reporter vous-même au document qui est accessible en ligne.

    Comment les acteurs politiques organisent-ils leur aveuglement ?

    Je vais me focaliser sur une question, que le rapport aborde, spécialement dans le chapitre conclusif (qui fait 300 pages à lui tout seul !), en se refusant à une montée en généralité, mais en donnant tous les éléments pour nourrir la réflexion de chacun : comment les décideurs français ont-ils refusé d’entendre les nombreuses mises en garde qui leur ont été adressées ?

    Car mises en garde il y a eu. Le génocide n’a pas été un pur déchaînement de folie meurtrière, suite à l’attentat qui a coûté la vie au président Habyarimana. Il s’est agi d’une opération méthodique, plutôt bien organisée et donc, sinon préparée, du moins envisagée en amont. Et des massacres de grande ampleur de Tutsis avaient déjà eu lieu dans les mois et les années qui précédaient. Malgré les remontées de terrain, c’est une première réalité que le pouvoir politique a choisi de minimiser.

    Mais qu’allait faire la France au Rwanda, au départ ? Aux yeux de François Mitterrand, ce pays semblait être un bon laboratoire de ce que pourrait être une transition vers la démocratie en Afrique. Et, le rapport le souligne, des relations personnelles fortes se sont nouées entre les deux présidents. En fait de démocratie, le président Habyarimana devait faire face à une opposition modérée y compris dans la population Hutu et à un mouvement armé le FPR, soupçonné d’être soutenu en sous-main par l’Ouganda. Et c’est au nom du risque représenté par le FPR que le président Rwandais a obtenu un soutien militaire sans cesse croissant de la France.

    Mais à tous les niveaux (commissions indépendantes travaillant sur les droits de l’homme, chercheurs, militaires de terrain et jusqu’à Pierre Joxe quand il était ministre de la Défense) des voix se sont élevées pour signaler que le pouvoir rwandais, loin de se démocratiser, était en train de tomber sous la coupe d’extrémistes dangereux. Par ailleurs, le président rwandais essayait de réactiver l’opposition Hutu / Tutsi pour justifier sa politique répressive (qui s’étendait jusqu’aux Hutus modérés). Pire encore : les conseillers militaires français formaient des hommes qui, ensuite, s’engageaient dans des milices parallèles. L’image de la France, sur le terrain, était désastreuse : elle était perçue comme le soutien d’un pouvoir de plus en plus isolé et de moins en moins légitime. Bref : il était temps de faire machine arrière et de cesser d’encourager la dérive autoritaire du régime.

    C’est là que la précision du rapport est importante, car elle montre que François Mitterrand, entouré de son état-major particulier, a non seulement refusé d’entendre ces voix discordantes, mais a aussi usé de son pouvoir pour les faire taire ou les mettre de côté. Cet état-major particulier, véritable Etat dans l’Etat, a largement contourné les circuits de commandement habituels et a marginalisé les acteurs du ministère de la défense, des affaires étrangères ou de la coopération.

    Résultat : la situation a empiré à bas bruit, des acteurs déterminés fourbissant leurs armes, jusqu’à ce qu’un événement leur ouvre la voie.

    La démocratie est toujours un espace fragile soumis aux rapports de force les plus brutaux

    La responsabilité politique et militaire de François Mitterrand paraît écrasante, à la lecture du rapport, mais il vaut la peine d’aller au-delà d’une attitude personnelle. Ou disons qu’il faut voir les conséquences de la centralisation du pouvoir provoquée par la montée en puissance d’un état major particulier qui a évolué, ensuite, à l’écart des circuits de contrôle administratifs ou politiques. Au passage, on se souviendra que, dans l’affaire des écoutes de l’Elysée, c’est là aussi une officine directement rattachée au président qui a pratiqué des écoutes sans aucun contrôle judiciaire. En clair, la dérive régalienne progressive de François Mitterrand a provoqué l’émergence de structures incontrôlables, qui ont engendré de lourdes conséquences.

    La dynamique de centralisation, de resserrement autour d’un leader et la clôture à l’égard de tout avis hétérodoxe est, en fait, un tropisme récurrent de la pratique politique : tout argumentaire est fléché. Ou bien quelqu’un « nous » soutient et il développe donc la « bonne » vision des choses ; ou bien il a une vision divergente et il est « donc » notre ennemi. Au bout du compte, une remise en question est perçue non pas comme un éclairage potentiel, mais comme une tentative d’affaiblissement.

    Le débat démocratique est donc sans cesse traversé par des arguments de mauvaise foi, par des manœuvres, de la propagande, des faits instrumentalisés, etc. L’ironie horrible de l’histoire du Rwanda c’est qu’au moment où la France faisait des leçons de démocratie à un pays africain, elle se laissait manipuler par les instances dirigeantes de ce pays qui profitaient, précisément, des failles non démocratiques de notre système politique. Car, le rapport le dit, c’est aussi une question de système et pas simplement les dérives d’un homme. Ce qui a manqué aux opposants divers, en France, c’est de pouvoir se réunir, croiser leurs points de vue et se constituer en mouvement structuré. La médiatisation du sujet du Rwanda était faible, avant le génocide, et l’opinion publique française savait à peine que le pays existait. A partir de là, les experts, aussi lucides fussent-ils, allaient un par un au casse-pipe, sans parvenir à structurer une opposition déterminée.

    Et, on le voit, si le champ de bataille ne peut pas se dérouler dans le domaine du langage, il finit par se répandre sur le terrain et provoque des hécatombes. Je suis, à ce propos, parfois surpris par la violence des paroles de Siméon, dans l’évangile de Luc, quand il vient saluer le toute jeune enfant dans lequel il voit le messie à venir. Il ne lui prédit pas à un ministère glorieux, mais des tensions continuelles. Voilà ses mots : « il est là pour la chute et le relèvement de beaucoup, en Israël et il sera un signe de contradiction, de sorte que seront révélés les débats de bien des cœurs » et toi-même, dit-il à Marie, « un glaive te transpercera l’âme » (Lc 2.34-35). L’ambiance est sombre. Pourtant, on le voit, si les signes de contradictions s’éteignent, c’est la guerre civile, les massacres racistes, et l’horreur qui se donnent libre cours.

    Regards Protestants, 29 mars 2021

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