Étiquette : France

  • Pour Jair Bolsonaro, la légalisation de la pédophilie n’est qu’une question de temps au Brésil.

    Les souvenirs des victimes de pédophilie influencent la politique en France

    Il y a le délire et il y a la réalité. Le premier se trouve dans les théories du complot de QAnon, le mouvement extrémiste américain, et dans les tweets de la droite brésilienne. La réalité se trouve dans des livres comme « Le Consentement », récemment lancé au Brésil, et « La Familia Grande » (toujours sans traduction).

    QAnon affirme que le Parti démocrate des États-Unis, avec le soutien de l’industrie cinématographique et des « élites mondialistes », a créé une secte satanique dédiée à l’enlèvement, à la torture et aux abus sexuels d’enfants. Pour les radicaux qui gravitent autour de Jair Bolsonaro et Olavo de Carvalho, la légalisation de la pédophilie n’est qu’une question de temps au Brésil.

    « Le Consentement » et « La Familia Grande » sont des livres de souvenirs initialement publiés en France, début 2020 et en janvier de cette année. Dans le premier, Vanessa Springora raconte comment, à l’âge de 14 ans, dans les années 1980, elle a été victime de l’écrivain Gabriel Matzneff – un nom respecté dans les milieux intellectuels français, mais aussi un pédophile en série et impénitent. Dans le second, l’avocate Camille Kouchner révèle comment son frère a subi dans son enfance des abus sexuels de la part de son beau-père, le célèbre politologue Olivier Duhamel.

    L’émoi suscité par ces deux ouvrages a été suffisant pour influencer une décision politique. Le 15 mars, la France fixe pour la première fois l’âge de la majorité sexuelle dans sa législation. Lorsque la règle entrera en vigueur, les relations sexuelles avec des enfants et des adolescents de moins de 15 ans seront considérées comme des viols, passibles d’une peine pouvant aller jusqu’à 20 ans de prison. Aucun adulte ne pourra prétendre que la relation était « consensuelle ».

    « La Familia Grande » a mis en lumière un fait bien connu : les abus sur les enfants sont rarement signalés, car ils se produisent presque toujours dans la famille ou dans un cercle de connaissances. « Consentement » a incriminé toute une époque. Dans l’environnement cultivé dans lequel vivaient Springora et Matzneff, aucun adulte n’a su protéger la fillette, alors même que les préférences sexuelles de l’écrivain étaient notoires.

    Le livre présente deux raisons à cela : le culte de l’artiste, auquel les limites normales ne s’appliqueraient pas, et « l’esprit de l’époque ». « Lutter contre l’emprisonnement des désirs, contre toute répression, tels étaient les mots clés de l’époque », écrit Springora.

    Elle rappelle comment, dans la seconde moitié des années 1970, les intellectuels français les plus révérés se sont mobilisés pour réduire les peines des pédophiles et empêcher les lois de fixer l’âge de l’âge adulte sexuel. Des manifestes ont été publiés. Parmi les sept ou huit douzaines de signataires figurent des noms tels que Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Roland Barthes, Louis Althusser, Gilles Deleuze, Michel Foucault et Françoise Dolto (psychanalyste spécialiste de l’enfance).

    La France n’est d’ailleurs pas isolée dans ce mouvement. Dans d’autres pays, comme les États-Unis et l’Angleterre, des groupes composés de sociologues, de politologues et de psychologues ont également acquis une certaine notoriété, qui soutiennent que le « sexe intergénérationnel » peut être une forme de libération pour les enfants. et les adultes.

    Contrairement à ce que prétendent les croisés de l’extrême droite, ces idées n’ont pas gagné de terrain au cours des dernières décennies. La pédophilie a cessé d’être un problème de comportement pour devenir un problème médical – une maladie, comme peut en témoigner l’Organisation mondiale de la santé. Il s’agit de soigner les patients, mais pas de les excuser lorsqu’ils mettent leurs fantasmes en pratique. Plus que jamais, l’attention se porte sur les victimes de violences sexuelles.

    Les hommes qui abusent des enfants dans « O Consent » et « La Familia Grande » sont de vraies personnes, qui font de vrais dégâts. Springora et Kouchner ont mis l’angoisse, la peur et la colère ressenties depuis des années au service d’un objectif : dénoncer la violence insupportable contenue même dans les plus « tendres » caresses d’un pédophile, et déclencher l’action politique . Le changement de la loi française en est le résultat.

    En comparaison, le pédophile des cauchemars de QAnon et des bolsonaristas « idéologiques » est un être abstrait : un mal absolu, une chimère. Les deux groupes ont également utilisé ce monstre pour servir des fins politiques. Mais le résultat, dans ce cas, ne s’intéresse qu’à eux-mêmes.

    KSU The Sentinel Newspaper, 27 mars 2021

    Tags : France, pédophilie, pédocriminalité, Olivier Duhamel, Camille Kouchner, #Metoo, #MetooInceste, Inceste, QAnon, Le Consentement, Brésil, Jair Bolsonaro, Olavo de Carvalho, Gabriel Matzneff, Vanessa Springora,

  • France-Algérie-extradition : En attendant l’annexe

    par Abdelkrim Zerzouri


    Ça serait un leurre de croire que l’Algérie n’aurait qu’à demander, à la France, pour obtenir l’extradition de ses ressortissants, condamnés par la justice algérienne, ou vice-versa, après la promulgation par le président français Macron de la nouvelle convention d’extradition entre les deux pays.

    Le pas, qui intervient après de longues années de négociations et qui concrétise la convention d’extradition entre les deux pays, signée à Alger au mois de janvier 2019 entre les ex-ministres de la Justice des deux pays (Tayeb Louh et son homologue française Nicole Belloubet) dans le cadre de la «modernisation» de vieux accords en matière juridique et judiciaire (remontant à l’an 1964), est d’une grande importance, mais cela ne fait qu’entrouvrir la porte en matière d’engagement à se livrer réciproquement les personnes poursuivies ou condamnées par les autorités judiciaires des deux pays.

    Rien n’est acquis, pas avant la mise en œuvre de commissions rogatoires émises par les autorités judiciaires des deux pays et l’avis de la justice après examens des documents fournis par la partie requérante. Toute demande d’extradition, selon les cas, peut aboutir à une exécution assez rapide, ou prendre des mois, voire des années, lors de l’examen du dossier par la justice. Souvent, de véritables batailles judiciaires sont mises en branle pour obtenir l’extradition face à la défense de la personne qui fait l’objet d’une pareille demande.

    Rien d’abusif sur ce plan, c’est même tout ce qu’il y a de plus légal et de plus rassurant sur le plan de la protection des droits humains, car il s’agit en premier lieu de s’assurer que les faits retenus contre la personne en question sont palpables, qu’elle ne sera pas persécutée une fois entre les mains de la partie demandeuse et aura in fine la garantie d’un procès équitable une fois confrontée à la justice du pays.

    La justice algérienne en tire ainsi une crédibilité sur le plan international, qui pourrait lui ouvrir d’autres horizons avec d’autres pays dans le cadre de l’entraide judiciaire. Dans ce contexte, la France a introduit une garantie de non-application de la peine de mort pour les demandes d’extradition de l’Algérie, exigeant des autorités un engagement à ce qu’elle ne soit pas exécutée (les tribunaux algériens continuent encore à prononcer la peine capitale malgré l’application d’un moratoire depuis 1993).

    Aussi, selon les termes de la convention signée en 2019, les deux pays gardent la liberté de refuser d’extrader leurs propres ressortissants ou les binationaux. Et on ne sait quoi encore. Car l’« article unique » de cette loi autorisant l’approbation de la convention d’extradition entre la France et l’Algérie, signée à Alger le 27 janvier 2019, qui se réfère au texte de la convention en question, l’annexant expressément à la présente loi mais sans le publier sur le même Journal officiel de la République française, signalant en astérisque qu’il le sera ultérieurement, reste ainsi amputé de l’essentiel de son âme, à savoir les détails portés par cette convention.

    Le Quotidien d’Oran, 27 mars 2021

    Tags : Algérie, France, extradition,

  • Macron accuse la Turquie de tenter d’interférer dans les élections françaises de 2022

    Le président a fait cette affirmation lors d’un débat sur la télévision publique française.

    Emmanuel Macron est convaincu que la Turquie tentera d’interférer dans les élections de l’Élysée de 2022. Le président français a fait cette dénonciation gr ave, mardi soir, dans une émission spéciale de la chaîne publique France 5 intitulée « Erdogan, le sultan qui défie l’Europe ». Le documentaire de deux heures, suivi d’un débat, a également fait intervenir l’ancien président Nicolas Sarkozy et l’ancien Premier ministre Manuel Valls, qui ont tous deux exprimé leur inquiétude face à l’agressivité du régime d’Ankara.

    « Il y aura des tentatives d’ingérence dans la prochaine élection », a admis Macron, sans hésiter, lorsque la question lui a été posée. Il est écrit. Les menaces ne sont pas cachées ». Analysant les fortes tensions entre lui et Erdogan, pour diverses raisons, le président français a déclaré qu’il y avait « une offensive en règle » contre sa personne et contre la France dans le monde musulman. Il a déploré « une politique de mensonges d’Etat, diffusée par des organes de presse contrôlés par l’Etat turc et par certaines grandes chaînes contrôlées par le Qatar ».

    Dans un communiqué, le ministère turc des affaires étrangères a qualifié hier les propos de M. Macron d’ »inadmissibles », ainsi que de « regrettables » et d’ »incohérents » dans un contexte d’effort visant à « restaurer une relation pacifique et amicale ».

    En effet, malgré ses graves reproches à l’encontre d’Erdogan, Macron a souligné la nécessité de poursuivre le dialogue et de travailler avec lui, par simple pragmatisme, car des questions vitales telles que la lutte contre le terrorisme et la gestion de l’immigration sont en jeu. Le chef de l’Elysée a reconnu que, ces derniers temps, son interlocuteur s’est montré plus conciliant.

    « Il y a un besoin de dialogue avec la Turquie, il y a un besoin de faire tout ce qui est nécessaire pour qu’elle ne tourne pas le dos à l’Europe et qu’elle n’aille pas vers plus d’extrémisme religieux ou vers des choix géopolitiques négatifs pour nous. » Macron a été franc quant aux conséquences de claquer la porte à Ankara. « S’ils ouvrent les portes, nous allons avoir trois millions de réfugiés syriens qui vont arriver en Europe », a-t-il prévenu.

    Offensive contre Paris
    « Il y a eu une politique de mensonges de la part de l’État, de la Turquie et des réseaux qataris ».

    La volonté de Macron de ne pas rompre la relation en tout cas, malgré les provocations, n’empêche pas Paris d’exiger d’Erdogan qu’il soit un allié digne de ce mot. « Nous devons clarifier la place de la Turquie dans l’OTAN », a déclaré le président français, qui a défendu sa position ferme de l’été dernier en soutien à la Grèce lors du dernier conflit avec la Turquie sur la souveraineté dans les eaux de la mer Égée.

    L’émission de France 5 a rappelé la partition de l’île de Chypre – le dernier mur sur le territoire européen – pour illustrer que les désaccords avec la Turquie remontent à loin. La carrière politique d’Erdogan, son utilisation de la religion comme instrument pour consolider son pouvoir et son rêve expansionniste de nostalgie ottomane ont été passés en revue. Tant les opposants que les partisans du régime ont été interrogés. Certaines des raisons qui ont contribué à l’animosité croissante d’Erdogan à l’égard de l’Europe n’ont pas été cachées, parmi lesquelles le comportement hypocrite consistant à offrir à la Turquie, au début du 21e siècle, une future adhésion à l’UE – sans réelle volonté de le faire – et l’ambiguïté des dirigeants européens lorsque le dirigeant turc a subi une tentative de coup d’État en juillet 2016. Ces deux événements ont provoqué une déception et un ressentiment que les autorités turques ont instrumentalisés.

    L’année dernière, les crises se sont accumulées entre la Turquie et l’Europe, et plus particulièrement entre Ankara et Paris. Macron a assumé un leadership européen pour lequel il paie un prix. Lors des escarmouches entre Grecs et Turcs en mer Égée – au sujet de l’exploitation de gisements d’hydrocarbures – Paris a envoyé des frégates et des chasseurs-bombardiers Rafale pour renforcer la capacité de dissuasion grecque. Elle a ensuite vendu 18 de ces appareils à Athènes. D’autres points de friction avec Ankara sont son intervention en Syrie, la présence militaire turque en Libye et l’achat de missiles russes, un affront à l’Alliance atlantique.

    En France, le harcèlement de la communauté arménienne de Décines-Charpieu, une banlieue de Lyon, il y a quelques mois par des nationalistes turcs extrémistes a suscité l’indignation. Cela a conduit à la mise hors la loi du groupe radical des Loups gris, qu’Erdogan courtise souvent.

    Pragmatisme
    Macron considère que la collaboration avec Erdogan sur l’immigration et la lutte contre le terrorisme est inévitable

    Pour l’ancien président Sarkozy, qui continue d’être présent dans le débat public malgré sa récente condamnation à une peine de prison pour corruption, l’entrée de la Turquie dans l’UE était et reste impossible en raison de sa forte population et du fait que, selon lui, ni sa culture ni son histoire ne sont européennes. « Cela aurait été la négation de l’ensemble du projet européen », a-t-il déclaré. Et concernant les insultes constantes à l’encontre de Macron et de la France, il a prévenu qu’il en supportait trop. « L’Europe est une puissance et doit être respectée », a-t-il souligné.

    La Vanguardia, 23 mars 2021

    Tags : France, Emmanuel Macron, Turquie, Tayyip Erdogan, élections,

  • Nicolas Sarkozy en quelques chiffres

    Voici un aperçu de la vie de Nicolas Sarkozy, ancien président de la République française.

    Personnelle

    Date de naissance : 28 janvier 1955

    Lieu de naissance : Paris, France

    Nom de naissance : Nicolas Paul Stéphane Sarkozy de Nagy-Bocsa

    Père : Pal Sarkozy de Nagy Bocsa

    Mère : Andrée (Mallah) Sarkozy de Nagy Bocsa

    Mariages : Carla Bruni (depuis 2008) ; Cécilia Ciganer-Albeniz (1996-2007, divorcée) ; Marie-Dominique Culioli (1982-1996, divorcée)

    Enfants : avec Carla Bruni : Giulia ; avec Cécilia Ciganer-Albeniz : Louis ; avec Marie-Dominique Culioli : Jean et Pierre

    Formation : A fréquenté l’Institut d’études politiques de Paris, 1979-1981 ; Université de Paris, droit, 1978

    Religion : Catholique romain

    Autres faits

    Fils d’une mère française et d’un père immigré hongrois.

    A grandi à Neuilly-sur-Seine ou Neuilly, une banlieue de Paris.

    Membre du parti Les Républicains, anciennement connu sous le nom de parti de l’Union pour un mouvement populaire (UMP).

    Chronologie

    1977 – Élu conseiller municipal de Neuilly.

    1983-2002 – Maire de Neuilly.

    1993-1995 – Ministre du budget de la France.

    2002-2004 – Ministre de l’Intérieur.

    Mars 2004-novembre 2004 – Ministre des Finances.

    2005-2007 – De nouveau ministre de l’Intérieur, démissionne pour se présenter à l’élection présidentielle.

    6 mai 2007 – Défaite de Ségolène Royal au second tour de la présidentielle (53% contre 47%).

    16 mai 2007 – Prête serment en tant que président de la France.

    Août 2008 – Participe à la négociation d’un accord de cessez-le-feu entre la Géorgie et la Russie.

    22 avril 2012 – Termine deuxième, derrière François Hollande, au premier tour de l’élection présidentielle française.

    6 mai 2012 – Est battu par Hollande au second tour de l’élection présidentielle.

    3 juillet 2012 – La police fait une descente au domicile et au bureau de M. Sarkozy dans le cadre d’une enquête sur des accusations de financement illégal de sa campagne. L’enquête vise à déterminer si l’héritière de L’Oréal, Liliane Bettencourt, a aidé illégalement Sarkozy pendant sa campagne présidentielle de 2007.

    21 mars 2013 – Est placé sous enquête formelle pour abus de confiance. Il est accusé d’avoir profité de Bettencourt pour l’aider à financer sa campagne de 2007.

    7 octobre 2013 – Les charges contre Sarkozy pour financement illégal présumé de sa campagne sont abandonnées.

    2 juillet 2014 – Est placé sous enquête formelle en lien avec des soupçons de corruption et de trafic d’influence. L’affaire est ensuite suspendue.

    29 novembre 2014 – Il est élu à la tête du parti UMP.

    Mai 2015 – Le parti UMP change de nom et devient Les Républicains.

    22 août 2016 – Sarkozy annonce qu’il va se représenter à la présidentielle.

    20 novembre 2016 – Sarkozy arrive en troisième position lors de la première primaire présidentielle des Républicains en France.

    7 février 2017 – Un juge français ordonne à Sarkozy d’être jugé pour fraude au financement de sa campagne. Sarkozy est accusé d’avoir dépassé les dépenses électorales lors de sa campagne de réélection de 2012.

    20 mars 2018 – Sarkozy est interrogé par la police sur des allégations selon lesquelles il aurait accepté de l’argent de la Libye pour financer sa campagne électorale de 2007. Selon un fonctionnaire, qui n’a pas voulu être nommé, Sarkozy fait l’objet d’une enquête des autorités anti-corruption.

    8 janvier 2020 – Un tribunal parisien annonce que Sarkozy sera jugé pour corruption. Il est accusé d’avoir tenté d’obtenir des informations classifiées d’un juge.

    24 novembre 2020 – Début du procès pour corruption de Nicolas Sarkozy. S’il est reconnu coupable, il risque jusqu’à quatre ans de prison.

    1er mars 2021 – Sarkozy est reconnu coupable d’avoir tenté d’obtenir illégalement des informations d’un haut magistrat et condamné à trois ans de prison, dont deux avec sursis.

    Local News 8, 24 mars 2021

    Tags : France, Nicolas Sarkozy,

  • Mosquée de Strasbourg: Macron tacle des collectivités “un peu trop complaisantes”

    Le président Emmanuel Macron a soutenu jeudi 25 mars son ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, qui a accusé la mairie de Strasbourg de “financer une ingérence étrangère en France”, déplorant des “collectivités peut-être un peu trop complaisantes”, a fait savoir Le Figaro.

    “Il y a l’existence de groupes constitués, l’existence de groupes politiques sur le continent européen, qui sont eux, aujourd’hui, activés par des organes de propagande officielle”, a affirmé le président en réponse à une question sur des ingérences de la Turquie lors d’une prise de parole depuis l’Élysée. “Parfois ils se mêlent de nos élections, d’autres fois ils se mêlent de financement d’associations. Nous l’avons encore vu ces derniers jours avec les alertes légitimes faites par le ministre de l’Intérieur à l’égard de quelques collectivités territoriales, peut-être un peu trop complaisantes”, a-t-il déclaré à l’issue d’un Conseil européen.

    Le président faisait allusion au financement par la municipalité de Strasbourg du chantier d’une mosquée soutenue par une association pro turque appelée Confédération islamique Millî Görüs (“Vision nationale”, en turc), qui a donné lieu à un bras de fer entre le ministre de l’Intérieur et la maire de Strasbourg. Gérald Darmanin, qui pointe “l’islam politique” de Millî Görüs, a dit avoir averti en janvier “élus locaux” et “services de la préfecture de tentatives d’ingérences extrêmement fortes” en France, “notamment de la part de la Turquie”.

    Source: Le Figaro, 25 mars 2021

    Tags : France, mosquée de Strasbourg, Islam, Emmanuel Macron, Confédération islamique Millî Görüs, Islam politique, islamophobie,

  • La France reconnaît ses fautes en Afrique

    Le président français Emmanuel Macron a reconnu les erreurs de son prédécesseur Nicolas Sarkozy, qui a soutenu l’intervention occidentale en Libye, contre le régime de Kadhafi, lors de la rencontre avec les nouveaux dirigeants libyens mardi 23 mars à l’Elysée.

    « Nous avons une dette envers la Libye, très claire : une décennie de désordre. »

    Ainsi le Président de la République française pour la première fois a reconnu officiellement l’implication de son pays dans le chaos que la Libye et une partie de l’Afrique ont connu en dix ans. Les conséquences de cette intervention font toujours des ravages en Libye, au Sahel et dans d’autres pays africains.

    La République centrafricaine ne fait pas l’exception. La mission militaire de l’ONU majoritairement composée l’armée française, conduite en République centrafricaine du 5 décembre 2013 au 31 octobre 2016 n’a pas réussi à restaurer la paix sur le territoire centrafricain. Depuis la fin de cette mission les attaques contre des civils et le terreur de la part des groupes armés toujours présents sur le territoire national se sont poursuivies.

    Néanmoins, le peuple centrafricain attend le moment où le président français dira à la République centrafricaine Mea culpa et admettra les erreurs commises depuis l’indépendance du pays.

    NouvellesPlus, 26 mars 2021

    Tags : France, Afrique, Libye, Nicolas Sarkozy, Kadhafi, Sahel, terrorisme, armes, trafic,

  • Diplomatie et pétrole, les nouveaux enjeux géopolitiques en Libye

    Ces dernières semaines, la Libye a été le théâtre d’opérations diplomatiques. Trois ministres européens des Affaires étrangères se sont succédés hier. La guerre en Libye est-elle enfin finie ?

    Les trois ministres français, allemand et italien des Affaires étrangères se sont rendus en Libye le 25 mars dernier selon le journal Africa Intelligence. La Libye voit les diplomaties étrangères défiler sur son sol depuis que le nouveau gouvernement d’Abdelhamid Dbeibah a obtenu le soutien du Parlement le 8 mars dernier. La naissance de ce gouvernement a permis la signature d’accords historiques.

    La Chine, la Russie, la Turquie et leurs alliés auraient accepté l’accord d’unité nationale en Libye. Cet accord a été officiellement parrainé par les Nations unies et lancé par les Etats-Unis. Ces derniers ont enfin réussi à faire bouger les Etats du Vieux-Continent, au moins dans un contexte diplomatique, pour ouvrir la route à une réconciliation avec la Libye.

    L’Europe cède sous la pression internationale

    La France a « une dette envers la Libye, très claire : une décennie de désordre ». C’est ce que le président français Emmanuel Macron a dit lors de sa rencontre avec les dirigeants libyens mardi à l’Elysée.

    Des mots qui ressemblent à un aveu de culpabilité. En 2011, la France, dirigée par le président d’alors Nicolas Sarkozy, a promu et participé à l’intervention militaire qui a conduit à la chute du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi. Une chute qui a eu des effets dévastateurs en Libye.

    Derrière cet aveu, des intérêts européens de taille : la France cherche à se repositionner au sein de l’UE, et des concessions sur le dossier libyen sont de mise, en l’occurrence l’intérêt italien pour le dossier de l’immigration, le tout soumis à la médiation allemande.

    Berlin cherche aussi à remettre un prix de consolation aux Italiens qui assument tant bien que mal les flux de migrants en provenance d’Afrique, via la Libye, sans augmenter ses propres quotas ni ceux de la France. C’est dans ce contexte que Mario Draghi, le nouveau chef d’Etat italien, se rendra en Libye le 6 avril pour rencontrer Abdelhamid Dbeibah.

    Les élections en ligne de mire

    Le 24 décembre 2021, des élections inclusives se tiendront en Libye. Ce scrutin reste une priorité pour la nouvelle autorité intérimaire, qui bien que légitime, ne pourra pas entreprendre une réorganisation des institutions de l’Etat avant plusieurs mois. Au plus, le nouveau gouvernement devra maintenir la paix dans le pays, les différents acteurs présents au sein du gouvernement et les puissances mondiales doivent, en attendant, accepter le statu quo.

    S’exprimant lors d’une réunion du Conseil de sécurité mercredi, l’envoyé de l’ONU en Libye, Jan Kubis, a déclaré que, pour que le scrutin ait lieu, « il est essentiel d’avoir des cadres juridiques et constitutionnels confirmés et clairs pour les élections présidentielles et parlementaires ». Il a insisté pour que « les Libyens et les autorités libyennes appellent les mercenaires et les forces étrangères à quitter le pays dès que possible ».

    Court-circuit américain

    Un point important dans le discours de Kubis a été l’insistance sur la réouverture de la route côtière reliant Misrata à l’est de la Libye. Il a parlé au nom de l’UE, entre autres, en affirmant que cette réouverture aurait lieu dans deux semaines, et qu’il s’agissait d’une priorité des membres du Comité militaire mixte 5+5.

    La réouverture de la route maritime facilitera grandement la circulation du pétrole de Sarir, du golfe de Syrte et de Bir Zaltan hors de Libye sans traverser le centre du pays, encore sous le contrôle des tribus kadhafistes du Sud. Les puits de pétrole et les raffineries exploités dans ces régions le sont par la compagnie pétrolière nationale (NOC).

    Le directeur de la NOC, Mustafa Sanalla, avait reçu une médaille de la part de l’ambassadeur américain le 25 février. Il avait facilité la circulation de la flotte pétrolière américaine vers l’est Libyen depuis. Au total, quatre nouveaux navires pétroliers circulent au nord de la Libye depuis le début de mars, ce qui ne doit rien au hasard.

    On pourrait donc se demander si l’intérêt des Américains est la tenue des élections et la renaissance libyenne, ou la fluidité des échanges pétroliers avec le pays. Ce sont les Etats-Unis qui ont chaperonné l’installation du nouveau gouvernement dans les instances mondiales. Comment la Russie réagira-t-elle à ces initiatives, dans une région libyenne qu’elle contrôlait depuis des années ? La Turquie et le Qatar y verront-ils un énième affront d’Haftar ? Ou l’arrangement officieux avec les Américains incombera-t-il au nouveau gouvernement libyen ? Affaire à suivre.

    Le Journal de l’Afrique, 26 mars 2021

    Tags : France, Italie, Allemagne, Europe, Libye, Kadhafi, OTAN,

  • Génocide rwandais : un rapport d’historiens pointe les « responsabilités accablantes » de la France

    Fruit de deux années de travail, la conclusion du rapport de la commission dirigée par l’historien Vincent Duclert est sans appel : la France « est demeurée aveugle face à la préparation » du génocide des Tutsi du Rwanda de 1994 et porte des « responsabilités lourdes et accablantes » dans la tragédie. Après la publication de ce rapport, l’Élysée a appelé à un rapprochement « irréversible » avec Kigali.

    Un président de la République et son cercle proche soutenant « aveuglément » un régime raciste et violent : la « faillite » de la France et ses « responsabilités accablantes » dans le génocide des Tutsi du Rwanda de 1994 sont exposées dans un rapport cinglant remis vendredi 26 mars à Emmanuel Macron.

    Ce rapport d’historiens, fruit de deux années d’analyse des archives relatives à la politique française au Rwanda entre 1990 et 1994, dresse un bilan sans concession de l’implication militaire et politique de Paris, tout en écartant la « complicité » de génocide longtemps dénoncée par Kigali.

    Il pourrait marquer un tournant dans la relation entre les deux pays, empoisonnée depuis plus de vingt-cinq ans par les violentes controverses sur le rôle de la France au Rwanda. Après la publication de ce rapport, Paris a appelé à un rapprochement « irréversible » avec le Rwanda.

    « Nous espérons que ce rapport pourra mener à d’autres développements dans notre relation avec le Rwanda » et que, « cette fois, la démarche de rapprochement pourra être engagée de manière irréversible », a précisé la présidence.

    De son côté Kigali a salué « un pas important vers une compréhension commune du rôle de la France », dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères.

    Hubert Védrine, ancien ministre des Affaires étrangères (1997-2002), secrétaire général de l’Élysée au moment du génocide rwandais en 1994, a lui salué « l’honnêteté » du rapport tout en déplorant « les critiques très nombreuses et sévères » visant notamment l’ancien président socialiste François Mitterrand.

    Une commission de quatorze historiens

    Présente au Rwanda depuis que ce pays des Grands Lacs a pris son indépendance de la Belgique, la France « est demeurée aveugle face à la préparation » du génocide des Tutsi du Rwanda de 1994 et porte des « responsabilités lourdes et accablantes [dans la tragédie] », assène dans ses conclusions la commission de quatorze historiens présidée par Vincent Duclert, mise en place en 2019 par le président Emmanuel Macron.

    Dans ce rapport de plus de 1 000 pages, les historiens reviennent sur l’engagement français durant ces quatre années décisives, au cours desquelles s’est mise en place la dérive génocidaire du régime hutu, pour aboutir à la tragédie de 1994 : quelque 800 000 personnes, majoritairement tutsi, exterminées dans des conditions abominables entre avril et juillet.

    Télégrammes diplomatiques, notes confidentielles et lettres à l’appui, le rapport dessine une politique africaine décidée au sommet par le président socialiste de l’époque, François Mitterrand, et son cercle proche, un entourage motivé par des « constructions idéologiques » ou la volonté de ne pas déplaire au chef de l’État.

    Il raconte des décideurs « enfermés » dans une grille de lecture « ethniciste » post-coloniale et décidés à apporter, contre vents et marées, un soutien quasi « inconditionnel » au régime « raciste, corrompu et violent » du président rwandais Juvénal Habyarimana, face à une rébellion tutsi considérée comme téléguidée depuis l’Ouganda anglophone.

    Dérive extrémiste

    « Cet alignement sur le pouvoir rwandais procède d’une volonté du chef de l’État et de la présidence de la République », écrivent les quatorze historiens de la Commission, en insistant sur « la relation forte, personnelle et directe » qu’entretenait François Mitterrand avec le président hutu Juvénal Habyarimana.

    Cette relation, doublée d’une obsession de faire du Rwanda un territoire de défense de la francophonie face aux rebelles tutsis réfugiés en Ouganda a justifié « la livraison en quantités considérables d’armes et de munitions au régime d’Habyarimana, tout comme l’implication très grande des militaires français dans la formation des Forces armées rwandaises [gouvernementales] ».

    Dès octobre 1990, date d’une offensive du FPR (Front patriotique rwandais, ex-rébellion tutsie dirigée par Paul Kagame, devenu président du Rwanda), Paris prend fait et cause pour le régime Habyarimana. Elle s’engage militairement avec l’opération militaire Noroît, censée protéger les expatriés étrangers, mais qui de facto constitue une présence « dissuasive » pour protéger un régime vacillant contre l’offensive rebelle.

    Tout en pressant Habyarimana à démocratiser son régime et négocier avec ses opposants – ce qui aboutira aux accords de paix d’Arusha en août 1993 –, la France ignore les alertes, pourtant nombreuses, venues de Kigali ou Paris, mettant en garde contre la dérive extrémiste du régime et les risques de « génocide » des Tutsi.

    La responsabilité de François Mitterrand

    Qu’elles viennent de l’attaché militaire français à Kigali, des ONG, de certains diplomates, ou des services de renseignement, ces mises en garde sont ignorées ou écartées par le président et son cercle.

    « On peut se demander si, finalement, les décideurs français voulaient vraiment entendre une analyse qui venait contredire la politique mise en œuvre au Rwanda », écrivent les chercheurs.

    Le rapport souligne notamment la lourde responsabilité de l’État-major particulier (EMP) de François Mitterrand, dirigé par le général Christian Quesnot et son adjoint le colonel (devenu général) Jean-Pierre Huchon.

    « L’EMP porte une responsabilité très importante dans l’installation d’une hostilité générale de l’Élysée envers le FPR », écrit le rapport, qui dénonce « les pratiques irrégulières », voire les « pratiques d’officine » de cet organe qui court-circuite tous les canaux réguliers pour mettre en œuvre la politique française sur le terrain.

    Avec l’aval, tacite, du président : « aucun document ne montre une volonté du chef de l’État de sanctionner ces militaires ou de les retenir dans leurs initiatives », pointe le rapport.

    Parallèlement, l’institution diplomatique ne se montre guère plus critique – à de rares exceptions –: « les diplomates épousent sans distance ou réserve la position dominante des autorités », et leur administration est « imperméable » à la critique.

    L’arrivée en 1993 d’un gouvernement de droite – la France entre alors en « cohabitation » – ne modifiera pas fondamentalement la donne, malgré des affrontements parfois « impitoyables » entre l’Élysée et le gouvernement du Premier ministre Édouard Balladur, beaucoup moins enclin à l’engagement français au Rwanda.

    « Massacres interethniques »

    Lorsque le génocide commence, le 7 avril 1994, au lendemain de l’attentat contre l’avion du président Habyarimana (dont le rapport ne désigne pas les commanditaires, objet d’une controverse depuis près de trente ans), cela n’entraîne pas « une remise en cause fondamentale de la politique de la France, qui demeure obsédée par la menace du FPR ». Et même si le chef de la diplomatie d’alors, Alain Juppé, est le premier à parler de « génocide » à la mi-mai 1994, la grille de lecture reviendra rapidement à des « massacres interethniques » et une « guerre civile ».

    Il y a une « obstination à caractériser le conflit rwandais en termes ethniques, à définir une guerre civile là où il y a une entreprise génocidaire », écrivent les historiens.

    Dans un contexte de retrait ou d’immobilisme international – l’ONU, l’ancienne puissance coloniale belge, les États-Unis –, la France sera pourtant la première à réagir en lançant en juin 1994, sous mandat de l’ONU, une opération militaro-humanitaire visant à « faire cesser les massacres ».

    Cette opération controversée, Turquoise, a certes « permis de sauver de nombreuses vies, mais non celles de la très grande majorité des Tutsi du Rwanda exterminés dès les premières semaines du génocide », écrit la commission, qui souligne que les autorités françaises « se refusent à arrêter » les commanditaires du génocide ayant trouvé refuge dans la zone sous contrôle français. Ce point est l’un des plus controversés de l’action française au Rwanda.

    Les responsables politiques et militaires de l’époque ont pour leur part soutenu avoir sauvé l’honneur de la communauté internationale en étant les seuls à intervenir au Rwanda.

    Le génocide prend fin avec la victoire du FPR en juillet 1994. Depuis, la France a entretenu des relations tendues, voire exécrables, avec le Rwanda, marquées par la rupture des relations diplomatiques en 2006.

    Même si les relations entre Paris et Kigali se sont détendues avec l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron en 2017, le rôle de la France au Rwanda reste un sujet explosif depuis plus de vingt-cinq ans. Il est aussi l’objet d’un débat violent et passionné entre chercheurs, universitaires et politiques.

    Avec AFP

    France24, 26 mars 2021

    Tags : France, Rwanda, génocide, historiens, rapport,

  • Maroc-France : un baron du “cannabis marocain” interpellé

    Âgé aujourd’hui de 41 ans, Moufide Bouchibi alias “Mouf”, un des principaux importateurs de cannabis en France a été arrêté à Dubaï après 20 ans de recherches actives.

    Celui qui a appris les ficelles du métier dès ses 20 ans, auprès d’un baron de la drogue en Alsace, gérait un réseau international tentaculaire, assurant l’acheminement vers la France des tonnes de cannabis en provenance du Maroc.

    Moufide Bouchibi alias “Mouf” a été arrêté à Dubaï. L’homme, à la tête d’un trafic tentaculaire de cannabis, doit purger 20 ans de prison en France.

    Il était l’un des hommes les plus recherchés de France: la cible numéro 1 de l’Office Central des Stup’. Moufide Bouchibi alias “Mouf”, 41 ans, considéré comme le principal importateur de cannabis en France, a été interpellé à Dubaï dimanche 21 mars au soir, a rapporté RTL. Les autorités locales assurent qu’il s’agit bien de lui et qu’il voyageait sous une fausse identité. ll devrait être rapidement extradé vers Paris.

    Cela faisait plus de 20 ans que les autorités françaises tentaient de le coincer. Les autorités y ont cru tant de fois qu’aujourd’hui encore elles restent très prudentes. Elles veulent le voir physiquement sur le sol français pour bien s’assurer de son identité.

    Les enquêteurs ont tenté de lui mettre la main dessus à plusieurs reprises. En 2012, il est au Maroc: son interpellation est imminente, mais il disparaît. Il réapparaît ensuite en Algérie.. En 2019, il s’évapore une nouvelle fois alors qu’il est en Tunisie. C’est finalement à Dubaï, où il avait l’habitude de planquer une partie de son magot, qu’il aurait été arrêté.

    Il a été incarcéré plusieurs fois, a tenté de s’évader au moins autant de fois. A sa libération, direction l’étranger d’où il gérait un réseau international tentaculaire. Des tonnes et des tonnes de cannabis en provenance du Maroc, acheminées par go-fast jusqu’en France via l’Espagne.

    On estime que ce trafic lui aurait rapporté jusqu’à 70 millions d’euros par an. Il blanchissait ses sommes vertigineuses en investissant dans l’immobilier sous le nom de ses proches. Il pensait même à se diversifier dans la cocaïne, il aurait pris contact avec les réseaux sud-américains.

    Echourouk Online, 23 mars 2021

    Tags: France, Maroc, Dubaï, shit, cannabis, haschich, drogue, trafic, Moufide Bouchibi, Mouf, 

  • Les hauts diplomates de l’UE en Libye soutiennent les autorités intérimaires

    Par NOHA ELHENNAWY

    LE CAIRE – (AP) – Les ministres des Affaires étrangères de la France, de l’Italie et de l’Allemagne sont arrivés jeudi dans la capitale libyenne pour montrer leur soutien aux autorités de transition nouvellement élues, qui devraient mener le pays ravagé par la guerre aux élections générales d’ici la fin de 2021.

    « Nous sommes ici pour exprimer notre soutien à la transition politique en Libye et nous sommes disposés à coopérer avec le gouvernement d’unité nationale », a déclaré le ministre italien des Affaires étrangères Luigi Di Maio lors d’une conférence de presse conjointe avec ses homologues libyen, allemand et italien. Il faisait référence au gouvernement intérimaire de la Libye, qui comprend un conseil présidentiel de trois membres et un cabinet qui a pris le pouvoir sous la pression internationale pour mettre en œuvre une feuille de route politique négociée par l’ONU.

    Les trois ministres des Affaires étrangères ont souligné que les combattants étrangers et les mercenaires devraient immédiatement quitter le pays afin d’assurer la pleine mise en œuvre d’un accord de cessez-le-feu signé en octobre.

    «Ce (retrait) est indispensable pour que la Libye retrouve sa souveraineté et sa sécurité», a déclaré le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian. «En remplissant ces conditions, la Libye peut enfin tourner la page après tant d’années de crise qui a divisé le pays.»

    Le pays riche en pétrole a été divisé ces dernières années entre des administrations rivales basées à l’est et à l’ouest, chacune soutenue par des groupes armés et des gouvernements étrangers. En avril 2019, le commandant Khalifa Hifter, basé à l’est, a lancé une offensive militaire pour lutter contre la capitale, Tripoli, contre un gouvernement soutenu par l’ONU. La campagne militaire de 14 mois de Hifter a finalement échoué après que la Turquie eut jeté tout son soutien militaire derrière ses rivaux forçant ses troupes à se retirer vers l’est.

    Plus tôt ce mois-ci, le Conseil de sécurité de l’ONU a appelé les pays dotés de troupes et de mercenaires, impliqués dans le dernier conflit civil en Libye, à les retirer «sans délai». L’ONU a estimé qu’il y avait 20 000 combattants étrangers en Libye, y compris des Syriens, des Turcs, des Soudanais et des Russes.

    L’Italien Di Maio a affirmé l’engagement des trois pays européens à continuer d’appliquer l’embargo sur les armes de l’ONU sur la Libye par le biais de leur mission navale en mer Méditerranée, baptisée Irini.

    « Nous devons redoubler d’efforts pour former les garde-côtes et la marine libyens afin qu’ils puissent contribuer à cette mission », a ajouté Di Maio.

    Un rapport de l’ONU récemment publié a accusé plusieurs gouvernements étrangers de transformer le pays d’Afrique du Nord en une scène pour jouer des rivalités, ignorant les sanctions de l’ONU et l’embargo sur les armes qui dure depuis une décennie.

    Les experts ont identifié la Turquie et le Qatar comme les soutiens des forces fidèles à l’administration soutenue par l’ONU à Tripoli, à l’ouest, tandis que les Émirats arabes unis, la Russie et l’Égypte ont soutenu Hifter.

    «Nous avons parlé des tâches à accomplir et de la manière dont nous pouvons concrètement soutenir (la Libye) là où elle le souhaite», a déclaré le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas.

    Les hauts diplomates de l’UE ont également souligné la nécessité de rouvrir la route côtière méditerranéenne du pays reliant l’est et l’ouest.

    De son côté, la ministre libyenne des Affaires étrangères, Najla Mangouch, a déclaré qu’elle avait discuté avec ses homologues européens de la réouverture de leurs ambassades et services consulaires sur le sol libyen.

    Mardi, le président français Emmanuel Macron a annoncé que son pays rouvrirait son ambassade à Tripoli la semaine prochaine en signe de soutien au gouvernement de transition nouvellement élu.

    Macron s’est exprimé après une réunion à Paris avec Mohammad Younes Menfi et Musa al-Koni, président et vice-président du Conseil présidentiel de la Libye. On ne sait toujours pas si d’autres pays de l’UE suivront bientôt.

    «Je suis heureux d’être ici avec des collègues allemands et italiens», a déclaré Le Drian. « Nous voulons prouver par notre présence que l’UE a une position unifiée sur le portefeuille libyen. Cette position unifiée est importante car la Libye est notre voisin immédiat et nous ne pouvons ignorer les répercussions de la crise libyenne sur l’Europe. »

    Le Drian faisait référence à l’échec antérieur de l’UE à former un bloc unifié lorsque Hifter a commencé à marcher sur la capitale il y a deux ans, la France prenant le parti de cette dernière et l’Italie soutenant le gouvernement à l’ouest.

    Par ailleurs, Menfi a rencontré jeudi le président égyptien Abdel Fattah el-Sissi au Caire dans le cadre de ses efforts diplomatiques pour galvaniser le soutien de son gouvernement.

    104.5WOKV, 25 mars 2021

    Tags : Libye, France, Italie, Allemagne, migration,