Tags : France, Belgique, Maroc, trafic de drogue, cannabis, cocaïne,
Un réseau international de contrebande de cocaïne et de cannabis depuis la Belgique et le Maroc a été démantelé en France et 22 personnes interpellées, a annoncé vendredi le parquet de Marseille selon une information rapportée par le média The Brussels Times.
L’arrestation, qui résulte d’une vaste enquête menée depuis Marseille, a mis en cause le chef présumé du réseau ainsi qu’un « grand baron de la drogue marseillais », a déclaré le procureur de Marseille Dominique Laurens.
Les deux hommes faisaient partie des 22 personnes âgées de 21 à 59 ans interpellées lors de l’opération, menée dans cinq départements français mardi et mercredi.
Le réseau a importé « de grandes quantités de cocaïne de Belgique et de grandes quantités de cannabis du Maroc », avant de vendre la drogue dans les régions de Paris, d’Occitanie, de Provence-Alpes-Côte-d’Azur et de Bourgogne-Franche-Comté, a précisé le parquet.
Environ 291 kg. de résine de cannabis, 13 kgs. de cocaïne, près de 130 000 € en espèces, deux armes, 10 véhicules et deux montres de luxe ont été saisis lors de l’opération de cette semaine.
Des informations judiciaires ont été ouvertes sur sept des 22 suspects, notamment pour importation de stupéfiants en bande criminelle et blanchiment d’argent. Cinq ont été placés en garde à vue. Sept autres devaient encore comparaître devant le juge d’instruction.
Tags : Maroc, France, Sahara Occidental, Christopher Ross, ONU,
L’Ambassadeur Rachad Bouhlal a eu jeudi un entretien avec M. David Cvach, Conseiller à l’Ambassade de France à Washington.
M. Cvach m’a informé qu’il partage tout à fait les préoccupations du Maroc quant à l’évolution de la question du Sahara et comprend parfaitement la position de notre pays au sujet du retrait de la confiance à M. Ross. Il m’a assuré, à cet égard, du soutien de la France pour traverser cette période délicate.
M. Cvach m’a signalé qu’il y a deux tendances au Département d’Etat, une tendance que représente la branche qui suit les relations bilatérales et une deuxième qui assure le suivi des relations multilatérales et particulièrement les Nations Unies. Généralement la branche des relations bilatérales prend le dessus et met les tendances des multilatéralistes au diapason avec le niveau des relations bilatérales et avec les orientations globales du Département d’Etat.
Dans le cas spécifique du Maroc, après la décision du retrait de la confiance à M. Ross, mon interlocuteur m’a informé que cette configuration s’est inversée et que la branche multilatérale, sous l’impulsion de New York, semble reprendre le dessus et mettre les bilatéralistes de côté.
Les causes de cette situation peuvent être expliquées, selon mon interlocuteur, par la nature purement multilatérale de la question et l’effet de surprise qu’a eu la décision du Maroc au Département d’Etat. Cet effet de surprise n’a pas laissé assez de temps à la branche bilatérale pour ramener les choses à la normale et recadrer le processus d’appréciation de la décision marocaine, selon une approche exclusivement bilatérale.
M. Cvach m’a également signalé que le Maroc ne doit pas changer d’avis sur cette question et qu’il faut absolument qu’il intensifie ses efforts dans le renforcement des relations bilatérales.
A cet effet, il me parait opportun de confirmer les termes de ma note cryptée n° C-158-12 du 31 mai 2012, dans laquelle cette Mission propose de saisir l’opportunité de la rencontre prévue la semaine prochaine à Istanbul, entre Monsieur le Ministre et la Secrétaire d’Etat, Mme Hillary Clinton pour évoquer également la dynamique insufflée par la Secrétaire d’Etat aux relations bilatérales entre les deux pays et l’esprit de partenariat et de coopération qui anime ces relations.
Une approche rapide et simple, mais non moins vraie, pour définir les capacités d’un sous-marin est qu’il s’agit d’unités de combat d’une grande puissance offensive et stratégique dont le principal avantage par rapport aux navires de surface est qu’ils sont difficiles à détecter et à détruire lorsqu’ils naviguent à grande profondeur.
C’est précisément leur discrétion et leur furtivité qui font des sous-marins la principale arme de dissuasion après les armes nucléaires, au point qu’aucune opération navale n’est menée sans tenir compte de la présence de sous-marins dans la zone. D’un autre point de vue, le simple fait de soupçonner la présence d’un éventuel sous-marin sur le théâtre des opérations limite la capacité de mouvement d’une flotte entière, d’où son pouvoir de dissuasion.
L’année prochaine marquera le 20e anniversaire du conflit de Perejil. Un détail de cette époque, qui est peut-être passé inaperçu, est l’écrasante puissance navale mobilisée par l’Espagne, alors que le Maroc n’a pas mobilisé ses fleurons. Très probablement parce que l’Espagne a maintenu le sous-marin Tramontana à un endroit indéterminé du détroit de Gibraltar. D’autre part, l’Espagne aurait-elle mobilisé un tel nombre de navires si le Maroc avait eu une force sous-marine ?
La guerre de 2011 en Libye a mobilisé une force navale de l’OTAN pour assurer la couverture des attaques terrestres depuis la Méditerranée, le blocus naval des principaux ports et les opérations de renseignement. Rien de tout cela n’a eu lieu avant que l’Alliance ne s’assure que la Libye n’exploite aucun des sous-marins qu’elle était censée exploiter.
Ces deux exemples mettent en évidence le pouvoir furtif et dissuasif des sous-marins.
En plus de leur indétectabilité, ils ont une grande puissance offensive. Il est tout simplement terrifiant de penser qu’une seule torpille lourde tirée depuis les profondeurs qui abritent un sous-marin est suffisante pour couler un navire de surface, alors qu’il est extrêmement difficile de le faire avec un seul missile lancé depuis les airs ou depuis une autre unité de surface.
Avec ce qui a été dit jusqu’à présent et en tenant compte des capacités présentées, nous pouvons préciser un peu plus clairement les missions d’un sous-marin d’attaque :
– Recherche et attaque.
– Projection de forces sur terre.
– Missions de reconnaissance, de renseignement et de surveillance.
– La guerre des mines.
– Soutien de la force.
– Garantir la liberté d’action des forces de surface.
– L’intelligence.
– Poste de reconnaissance et d’information avancé destiné à soutenir une force navale.
– Infiltration du rivage ennemi et couverture des commandos.
L’un des points à prendre en compte selon la Strategic Defence Review et en relation avec les forces navales est de maintenir la capacité d’opérer sur des théâtres d’opérations éloignés, en mettant l’accent sur la projection navale sur terre. En d’autres termes, la prévalence de l’action côtière et du soutien à la force navale. Actions de couverture traditionnellement associées aux sous-marins.
Une approche rapide et simple, mais non moins vraie, pour définir les capacités d’un sous-marin est qu’il s’agit d’unités de combat d’une grande puissance offensive et stratégique dont le principal avantage par rapport aux navires de surface est qu’ils sont difficiles à détecter et à détruire lorsqu’ils naviguent à grande profondeur.
C’est précisément leur discrétion et leur furtivité qui font des sous-marins la principale arme de dissuasion après les armes nucléaires, au point qu’aucune opération navale n’est menée sans tenir compte de la présence de sous-marins dans la zone. D’un autre point de vue, le simple fait de soupçonner la présence d’un éventuel sous-marin sur le théâtre des opérations limite la capacité de mouvement d’une flotte entière, d’où son pouvoir de dissuasion.
L’année prochaine marquera le 20e anniversaire du conflit de Perejil. Un détail de cette époque, qui est peut-être passé inaperçu, est l’écrasante puissance navale mobilisée par l’Espagne, alors que le Maroc n’a pas mobilisé ses fleurons. Très probablement parce que l’Espagne a maintenu le sous-marin Tramontana à un endroit indéterminé du détroit de Gibraltar. D’autre part, l’Espagne aurait-elle mobilisé un tel nombre de navires si le Maroc avait eu une force sous-marine ?
La guerre de 2011 en Libye a mobilisé une force navale de l’OTAN pour assurer la couverture des attaques terrestres depuis la Méditerranée, le blocus naval des principaux ports et les opérations de renseignement. Rien de tout cela n’a eu lieu avant que l’Alliance ne s’assure que la Libye n’exploite aucun des sous-marins qu’elle était censée exploiter.
Ces deux exemples mettent en évidence le pouvoir furtif et dissuasif des sous-marins.
En plus de leur indétectabilité, ils ont une grande puissance offensive. Il est tout simplement terrifiant de penser qu’une seule torpille lourde tirée depuis les profondeurs qui abritent un sous-marin est suffisante pour couler un navire de surface, alors qu’il est extrêmement difficile de le faire avec un seul missile lancé depuis les airs ou depuis une autre unité de surface.
Avec ce qui a été dit jusqu’à présent et en tenant compte des capacités présentées, nous pouvons préciser un peu plus clairement les missions d’un sous-marin d’attaque :
– Recherche et attaque.
– Projection de forces sur terre.
– Missions de reconnaissance, de renseignement et de surveillance.
– La guerre des mines.
– Soutien de la force.
– Garantir la liberté d’action des forces de surface.
– L’intelligence.
– Poste de reconnaissance et d’information avancé destiné à soutenir une force navale.
– Infiltration du rivage ennemi et couverture des commandos.
L’un des points à prendre en compte selon la Strategic Defence Review et en relation avec les forces navales est de maintenir la capacité d’opérer sur des théâtres d’opérations éloignés, en mettant l’accent sur la projection navale sur terre. En d’autres termes, la prévalence de l’action côtière et du soutien à la force navale. Actions de couverture traditionnellement associées aux sous-marins.
Déjà dans ce document, la nécessité du sous-marin S-80 était énoncée comme un programme prioritaire pour « maintenir la liberté d’action et la mobilité de la force ».
Le S-80, citant à nouveau cette Revue stratégique, devra remplir des missions peu différentes des missions générales précédentes :
– Projection de la puissance navale sur terre.
– Guerre navale spéciale.
– Protection d’une force débarquée.
– Surveillance et renseignement.
– Protection de la force navale.
– La dissuasion.
Le S-80 vivra avec les menaces de son temps, c’est-à-dire celles des trois prochaines décennies au moins. C’est-à-dire qu’elle sera confrontée à des navires de surface dotés de sonars actifs et passifs de pointe, à des avions anti-sous-marins, à des bouées acoustiques et à des sonars calibrés, à des sous-marins nucléaires et conventionnels hautement technologiques, à des mines, à toutes sortes de systèmes autonomes : UAV, USV, UUV… et ce, dans un scénario de guerre sans restriction, de non-paix et de non-guerre, où aucun mode conventionnel de confrontation ne peut être exclu. Il est également vrai qu’il ne le fera pas seul, et ce n’est qu’une question de temps avant que, paradoxalement pour le S-80, il ne soit accompagné du F-110.
Et tout cela vient du fait que le S-81 Isaac Peral permettra, dans la mesure du possible, de rétablir un équilibre instable en termes de force sous-marine en Méditerranée occidentale et dans le détroit de Gibraltar.
Il n’échappe à personne que la décennie actuelle est une décennie pleine d’incertitudes impliquant un changement de paradigme dû à la pandémie et à l’évolution technologique rapide que nous observons dans tous les domaines de la société, et à laquelle la défense n’échappe pas.
Il y a quatre aspects clés qui se produiront inexorablement au cours de ce siècle et qui font de la Méditerranée occidentale une « zone chaude » d’intérêt.
– La fonte de la glace arctique.
– Des crises migratoires nouvelles et plus prononcées.
– Détérioration du bien-être et manque de leadership européen.
– La présence stable et consolidée de la Russie en Méditerranée.
La fonte des glaces de l’Arctique ouvrira de nouvelles routes maritimes pour le commerce sans qu’il soit nécessaire d’utiliser des brise-glace, même en hiver, aux latitudes situées autour du cercle polaire. Dans cette situation, le détroit de Gibraltar connaîtra une augmentation significative du trafic maritime de l’Atlantique vers la Méditerranée.
Les pandémies plus nombreuses et plus fréquentes auxquelles il faut désormais s’attendre, ainsi que la perte du leadership européen au Sahel, entraîneront de graves crises migratoires, laissant les limites de la frontière avancée de l’Europe de l’autre côté de la Méditerranée, en Afrique du Nord.
L’influence évidente de la Russie dans les pays d’Afrique du Nord, de la Syrie, en exploitant l’ancienne base navale soviétique de Tartous, à ses relations plus que bonnes avec l’Algérie.
À ces quatre points s’ajoutent toutes les menaces et actions qui ne disparaissent pas, qu’il s’agisse d’actions prospectives illégales, des effets de la pollution, des actes terroristes, de la perte d’autonomie stratégique ou des actions hostiles d’acteurs non étatiques, entre autres.
Sur les 21 pays qui bordent la Méditerranée, seuls huit ont la capacité d’exploiter des sous-marins : Espagne, France, Italie, Grèce, Turquie, Israël, Égypte et Algérie. Il serait bon d’inclure également le Portugal dans cette liste.
L’Algérie et le Maroc sont les deux pays d’Afrique du Nord qui investissent le plus dans la défense. Avec une rivalité évidente, ils augmentent de manière inquiétante leur niveau de belligérance pour s’imposer comme une puissance régionale de premier plan.
Au début du siècle, l’Algérie a provoqué un déséquilibre des forces en termes de puissance sous-marine en Méditerranée occidentale avec l’acquisition de quatre sous-marins de classe Projet 636M. Ces submersibles sont considérés comme les sous-marins conventionnels les plus silencieux du monde et sont surnommés « trous noirs ».
Cette acquisition peut être comprise en fonction des principaux points de la politique étrangère algérienne :
– Les relations plus que mauvaises avec le Maroc.
– Les bonnes relations de l’Algérie avec la Russie.
– L’instabilité de ses frontières due aux groupes terroristes islamiques.
– Politique énergétique.
Mais ce qui définit l’Algérie comme une puissance déstabilisatrice dans la région, en ce qui concerne la force sous-marine, c’est qu’elle possède sa propre école de sous-marins entièrement opérationnelle et le lancement réussi d’un missile sous-marin à terre (Asuw). Il s’agit d’une capacité que seul Israël possède dans toute la Méditerranée, du moins jusqu’à ce que les sous-marins nucléaires français de classe Barracuda soient pleinement opérationnels.
Dans ce contexte, c’est le Maroc, principal rival de l’Algérie en Méditerranée occidentale, qui se trouve dans la situation la plus défavorable. Ne disposant pas d’armes sous-marines à l’heure actuelle (ou dans un avenir proche) malgré son insistance à en acquérir, elle tente par tous les moyens de compenser cette situation par des mesures secondaires visant à atténuer son infériorité vis-à-vis de l’Algérie, avec des corvettes néerlandaises de classe Sigma, une frégate française de classe Fremm, la méga-construction de la base navale de Ksar Sghir à dix miles au large de Ceuta ou, par exemple, en intensifiant les relations avec la France et les États-Unis.
La France, seule en Méditerranée à avoir l’expérience, la tradition et la capacité suffisantes pour concevoir et produire ses propres sous-marins, voit son pouvoir de dissuasion garanti, malgré le retard pris par le programme Barracuda. L’Italie, avec l’Allemagne comme partenaire technologique, maintient huit sous-marins conventionnels qui assurent la stabilité et la sécurité contre tout adversaire auquel elle pourrait être confrontée.
Jusqu’à présent, l’Espagne était dans une situation précaire par rapport à toutes ces analyses, ne nous leurrons pas, nous sommes toujours dans cette situation, mais le lancement de l’Isaac Peral donne de l’espoir. Il est risqué de dire certaines choses, mais il est plus qu’évident que nous avons commencé à nous doter d’une force de dissuasion propre.
Le sous-marin, en l’absence d’arsenal nucléaire, est l’arme de dissuasion par excellence, capable de neutraliser l’initiative d’un acteur hostile de mettre sa menace à exécution, ce qui procure au pays qui compte sur eux :
– Agilité et dominance.
– Ce sont des qualités innées pour les nouveaux modèles de confrontation.
– Discrétion.
– Une contribution logistique minimale à leur déploiement.
– Accès aux zones hostiles sans être détecté.
– Ils sont les producteurs de l’innovation technologique.
C’est ce que l’arme sous-marine renouvelée apportera à l’Espagne.
Les défis et les menaces auxquels il faudra faire face à l’avenir ne seront pas combattus avec les moyens d’aujourd’hui, mais avec ceux que nous sommes capables de maintenir et de développer dans une ère post-pandémique. C’est pourquoi le lancement du premier sous-marin de la série S80, le S81 Isaac Peral, est si important en ce moment. Il garantit la continuité d’une force sous-marine dans la marine, dans ce qui est, comme nous l’avons dit, une décennie très compliquée.
La journée d’hier, avec la cérémonie de parrainage par Son Altesse Royale la Princesse Leonor, est à marquer dans le calendrier. Aucun sous-marin n’a été lancé en Espagne depuis 1984, et celui-ci est aussi le nôtre.
L’effet dissuasif de l’arme sous-marine, une réalité qui a conduit à un déséquilibre des forces entre les puissances de la Méditerranée occidentale, avec de nouveaux acteurs pertinents et accentuant encore l’incertitude constante dans la planification des opérations. L’exemple paradigmatique, comme nous l’avons vu, est l’Algérie, mais l’Espagne et la France espèrent renouveler leurs flottes ; le Maroc est à la recherche d’un sous-marin, et l’attention portée aux nouveaux sous-marins acquis par les puissances se multiplie.
Quoi qu’il en soit, le S-81 sera le protagoniste incontesté de l’équilibre des forces sous-marines en Méditerranée occidentale, ou de l’équilibre qui cessera d’exister.
La Françafrique n’a jamais servi les intérêts des Africains et ne le sera jamais. Elle garantit à la France son accès aux matières premières stratégiques et surtout des débouchés pour les entreprises françaises.
La situation précaire de l’Afrique francophone soulève de nombreuses questions. Pourquoi des pays si riches en matières premières peinent-ils autant à se développer? A qui profite l’argent du pétrole, de l’uranium, du diamant, du bois, des minerais? Comment expliquer la présence permanente de l’armée française dans ses anciennes colonies? Pour quelles raisons le gouvernement français reçoit-il réguilèrement, avec tous les honneurs, des dirigeants africains parvenus au pouvoir par des coups d’Etat ou des élections truquées? La réponse se trouve en partie dans un système que l’on nomme Françafrique.
La Françafrique, c’est quoi?
Le terme « Françafrique » désigne le système politique et institutionnel ainsi que l’ensemble des réseaux plus ou moins opaques qui permettent à la France de garder la mainmise sur ses anciennes colonies. C’est un système unique au monde. Pourquoi?
L’avantage pour la France est économique et politique. La Françafrique garantit à la France son accès aux matières premières stratégiques : pétrole, uranium, minerais, ainsi qu’aux cultures de rente: coton, bois, plantations agricoles. La Françafrique permet aussi de préserver des débouchés pour les entreprises françaises.
Pendant la guerre froide, ce système a permis de garder l’Afrique dans le camp occidental. La Françafrique permet également à la France de maintenir son rang à l’ONU. Enfin, la Françafrique a permis de financer le parti gaulliste par le détournement des rentes africaines, puis par la suite tous les partis du gouvernement ce qu’a révélé notamment l’affaire Elf.
La Françafrique, depuis quand?
Ce système a été mis en place au moment des indépendances africaines, donc en 1960, par le sommet de l’Etat français : le Général de Gaulle, avec son conseiller Jacques Foccart. Ce système a accompagné toute l’histoire de la Vème République et ce encore aujourd’hui.
La Françafrique, quels mécanismes?
Ce néocolonialisme se traduit par le pillage des matières premières, la corruption, le détournement de l’aide au développement, le soutien aux dictateurs, les trafics en tous genres.
La raison accordant le droit à la France de faire ou défaire n’importe quel régime en Afrique ce sont les illégitimes accords dits de « coopération et de défense ». Ces accords interdisent durablement à tout pays d’acquérir sa souveraineté et sa liberté d’agir en faveur du bien-être de son peuple.
France, Barkhane, Françafrique, Mali, Burkina Faso, Niger, Sahel,
Le sentiment anti-français a fortement augmenté dans les pays sahéliens et nord-africains, principalement en raison d’une animosité persistante envers les contributions de Paris à la déstabilisation de certaines parties du Sahel par le biais d’interventions militaires malavisées et malheureuses.
En Algérie et au Maroc, les tentatives françaises de redéfinir les relations n’ont pas réussi à convaincre les jeunes enragés des deux pays. Pendant ce temps, les échecs de la politique étrangère en Libye et une lamentable erreur de calcul en Tunisie alimentent un consensus sur le rôle diminué de la France dans ce qui était autrefois sa sphère d’influence jalousement gardée.
L’écriture était sur le mur dès la fin des années 1950, lorsque la plupart des colonies françaises d’Afrique gagnaient rapidement leur indépendance. À la fin de la guerre froide, la France luttait pour maintenir son proverbial pré-carré (ou «arrière-cour»), composé d’États indépendants qui faisaient autrefois partie des illusions de grandeur françaises en tant que puissance mondiale – un peu comme l’influence dominatrice américaine et britannique. dans le monde majoritairement unipolaire d’antan.
L’apogée de la soi-disant «Francafrique», une référence péjorative à l’effondrement de l’influence française sur ses anciennes colonies en Afrique, a rapidement cédé la place aux contraintes nationales, à une marée montante d’anticolonialisme, à l’influence décroissante des partisans de la Francafrique et à ses membres de l’UE.
Pendant ce temps, malgré la libéralisation politique et économique qui accompagne l’émancipation de l’hégémonie française, les anciennes colonies perdent rapidement de leur attrait face aux inévitables bouleversements sociopolitiques post-indépendance.
Ainsi, l’évolution naturelle de la « sensibilisation » française a été l’adoption d’un pragmatisme condescendant dans ce qui restait de ses liens économiques, sécuritaires, politiques et même culturels avec la Francafrique, généralement via des approches alambiquées impliquant ses institutions publiques, ses médias, ses entreprises et ses universités.
Ce cadrage fait allusion à l’égarement français en tant qu’entreprise nationale, mais la plupart des décisions politiques et des manœuvres stratégiques dans la sphère d’influence française en Afrique ont en fait été menées par un petit groupe restreint d’élites au sein de l’orbite du président français.
Souvent, ces « conseillers » et influenceurs politiques travaillaient en étroite collaboration avec de puissantes entités commerciales françaises qui avaient déjà, ou recherchaient, des opportunités commerciales dans des industries stratégiques, telles que les combustibles fossiles et l’extraction des ressources minérales, dans les anciennes colonies.
D’autres élites de l’ombre ayant des liens avec la Direction générale de la sécurité extérieure, les services secrets français, feraient pression sur l’Elysée pour établir des parapluies de sécurité, construire des réseaux idéologiques et même organiser des «interventions» opportunes par le biais d’élections ou de coups d’État douteux.
Pendant un certain temps, la longue ombre projetée par Paris a entretenu l’illusion d’un mastodonte postcolonial toujours prospère, garant de la stabilité politique et économique des républiques africaines naissantes et exécuteur des mandats de l’ONU.
Des accords de coopération et des monnaies ancrées au franc français aux réseaux personnels naissants construits entre les élites dorées des deux côtés de la Méditerranée, la France a dominé pendant des décennies, sans contestation, alors même que les échecs persistants et le manque de contrôle commençaient à sous-tendre une montée de la corruption et le racket de l’État.
Ce n’était qu’une question de temps avant que l’influence française ne s’estompe, ce qui est exactement ce qui se passe dans notre monde multipolaire où la concurrence à la domination française et l’opposition à ses objectifs dans cette partie du monde ne manquent pas.
Une présence chinoise accrue, par exemple, associée à des « intrusions » similaires de la Russie, des États-Unis, de l’Italie, de la Turquie et de plusieurs États arabes, a encouragé les acteurs locaux à ne plus compter uniquement sur les réseaux ou le soutien français pour se maintenir au pouvoir. Pour les pays d’Afrique du Nord autonomes qui ne souhaitent pas suivre la ligne de l’Elysée, il ne manque plus désormais de partenaires extérieurs susceptibles de liens bénéfiques qui ne s’accompagnent pas d’une demande implicite de déférence envers Paris, subordonnant ainsi leurs propres intérêts nationaux.
Il n’est donc pas surprenant que ces dernières années, la perception négative de la France dans de multiples sociétés et populations francafricaines n’ait fait que croître régulièrement et soit sur le point de prendre de l’ampleur si les tendances actuelles persistent.
Même avant les inévitables géopolitiques d’aujourd’hui, la France n’avait pas encore subi le contrecoup pendant plus de 50 ans d’interventionnisme malveillant à travers l’Afrique, sans exclure le soutien de régimes odieux qui privilégiaient l’enrichissement personnel au détriment du bien-être national. En conséquence, plusieurs groupes d’insurrection ont vu le jour pour défier les gouvernements affaiblis redevables à Paris, transformant le Sahel en une région fertile pour les acteurs malveillants qui ont continué à terroriser des populations entières.
En fait, l’incapacité à maîtriser les groupes d’insurgés djihadistes et les gangs violents alimente également le ressentiment français, car les dirigeants militaires soutenus par Paris manquent de compétence, de détermination ou de stratégie pour lutter contre cette menace. En conséquence, l’antipathie française a atteint un point tel que les communautés sahéliennes toléreraient plus tôt des maraudeurs anarchiques que de supporter une présence française soutenue qui a perdu toute utilité et pertinence.
Au cours des deux dernières années seulement, au moins six coups d’État, motivés par la montée du sentiment anti-français au Sahel, ont eu lieu au Mali, au Burkina Faso et en Guinée, des pays qui étaient autrefois un foyer d’ingérence coloniale française.
Les manifestations violentes à travers le Sahel illustrent également la profondeur du ressentiment ressenti dans les capitales marocaine et algérienne. Une récente vague d’activités diplomatiques entre Alger et Paris a plus ou moins écarté les voix dissidentes parmi le public algérien – des voix qui ont insulté le président français Emmanuel Macron lors d’une visite officielle il y a un peu plus d’un mois. Au Maroc, cependant, c’est une autre histoire.
La détérioration des relations entre le Maroc et la France est principalement due au fait que Rabat a développé des relations économiques, politiques et sécuritaires stratégiques avec des régimes dans certaines parties de l’Afrique de l’Ouest et du Centre dans un défi indirect à l’hégémonie française traditionnelle.
La plupart de ces connexions ont un double objectif : obtenir un soutien avant l’examen minutieux du Sahara occidental par la communauté internationale, ainsi qu’éroder l’influence algérienne pour contrôler un rival régional. En conséquence, Paris se sent méprisé et progressivement mis à l’écart par les Marocains, qui renforcent également progressivement leurs liens avec Washington et récoltent un tourbillon de dividendes sous forme de matériel militaire et d’approbation tacite des propositions du Maroc sur la question du Sahara occidental.
Avec le voyage en Algérie derrière lui, Macron devrait se rendre au Maroc ce mois-ci mais, dans l’état actuel des choses, on ne sait pas si ce qui sera très probablement un face-à-face tendu et maladroit à Rabat pourra dégeler un face-à-face de plus en plus relation glaciale, surtout quand le Maroc semble avoir toutes les cartes en main.
Après tout, n’ayant réussi à atteindre aucun objectif politique et militaire tangible en Libye, associé à la perspective improbable d’un Tunis troublé invitant davantage l’influence française dans sa politique, l’écriture sur le mur devient lentement plus lisible. La Francafrique est à bout de souffle.
Hafed Al-Ghwell est chercheur principal et directeur exécutif de l’Initiative stratégique Ibn Khaldun à l’Institut de politique étrangère de la Johns Hopkins University School of Advanced International Studies à Washington, DC, et ancien conseiller du doyen du conseil d’administration. du Groupe de la Banque mondiale. Twitter : @HafedAlGhwell
La ministre française de l’Europe et des affaires étrangères, Catherine Colonna affirme ne pas méconnaître l’enjeu des délais de traitement des demandes de visa dans nombre des consulats.
« Ils sont effectivement parfois trop longs – nous l’entendons de tous côtés –, mais c’est parce que nous sortons de deux années contraintes par la pandémie de covid-19. Mon ministère est mobilisé pour les réduire »,a-t-elle répondu a la question de la députée Hélène Conway-Mouret, pour le groupe Socialiste, Ecologiste et Républicain.
La cheffe de la diplomatie française affirme notamment avoir envoyé des renforts dans les pays qui en ont le plus besoin : « Nous créerons rapidement un centre de soutien spécifique dédié a ces missions ».
ROYAUME DU MAROC Rabat, le 15 Février 2012 ADMINISTRATION DE LA DEFENSE NATIONALE
CADRE DE COOPERATION ENTRE LE MAROC ET LA FRANCE DANS LE DOMAINE DE LA CYBESECURITE
Basé sur le constat que la France et le Maroc sont susceptibles de faire face aux mêmes menaces et aux mêmes crises, il est préconisé de saisir l’opportunité offerte par la visite de M. Le Ministre français de la défense pour discuter d’une éventuelle coopération dans l’objectif de formaliser, entre les deux parties, le partage d’information et d’expérience entre leurs autorités de cybersécurité respectives.
Cet accord traitera des aspects suivants :
-Assistance et accompagnement de la partie marocaine dans l’élaboration de la PSSI au niveau national ;
-Echange d’expertise entre le centre marocain de veille, de détection et de réponse aux attaques informatiques (ma-CERT) et les organismes français similaires de la défense nationale ;
ROYAUME DU MAROC Rabat, le 15 Février 2012 ADMINISTRATION DE LA DEFENSE NATIONALE
CADRE DE COOPERATION ENTRE LE MAROC ET LA FRANCE DANS LE DOMAINE DE LA CYBESECURITE
Basé sur le constat que la France et le Maroc sont susceptibles de faire face aux mêmes menaces et aux mêmes crises, il est préconisé de saisir l’opportunité offerte par la visite de M. Le Ministre français de la défense pour discuter d’une éventuelle coopération dans l’objectif de formaliser, entre les deux parties, le partage d’information et d’expérience entre leurs autorités de cybersécurité respectives.
Cet accord traitera des aspects suivants :
-Assistance et accompagnement de la partie marocaine dans l’élaboration de la PSSI au niveau national ;
-Echange d’expertise entre le centre marocain de veille, de détection et de réponse aux attaques informatiques (ma-CERT) et les organismes français similaires de la défense nationale ;
-Transfert de compétence notamment dans les domaines :
-D’analyse des attaques informatiques ;
-d’infrastructure à clé publique et cryptographie ;
-d’octroi des labels aux produits de sécurité ;
-de la certification électronique ;
-de l’audit des systèmes d’information.
-Parrainage du ma-CERT pour adhérer au « Forum of Incident Response and Security Team » (FIRST) ;
-Participation aux stages et aux programmes de formation dispensés par l’ANSSI ;
-Participation aux exercices de réponse à des crises majeures d’origine informatique (exercices de simulation pratique).
Jeune Afrique, Maroc, Makhzen, François Soudan, France, Françafrique, Béchir Ben Yahmed,
Les documents que le Journal Hebdomadaire s’est procuré attestent d’une relation plus catholique. Les accusations n’ont jamais manqué. Voyons plutôt. Selon les données figurant sur l’échéancier de paiement que le Journal s’est procuré, le Maroc s’est engagé à verser 994.000 euros à DIFCOM, agence de communication et régie publicitaire appartenant au Groupe Jeune Afrique.
Obtenue par Maroc Leaks, une facture prouve que le Makhzen a payé, pour la période 2010-2011, le montant de 700.000 euros au magazine de la Françafrique. En 2005, le Journal Hebdomadaire a enquêté sur les liens occultes existant entre le Makhzen et Jeune Afrique. Voici le texte intégral de leur enquête :
Le Makhzen finance le Groupe Jeune Afrique Le Journal Hebdo, 04-10-2005
Comment le régime « finance » le Groupe de Béchir Ben Yahmed pour soigner son image.
Quelle est la vraie nature des liens que tisse le Maroc avec le Groupe Jeune Afrique ? Un coin du voile est désormais levé sur la face cachée des relations, entre le royaume et le groupe de presse Jeune Afrique.
Les documents que le Journal Hebdomadaire s’est procuré attestent d’une relation plus catholique. Les accusations n’ont jamais manqué. Voyons plutôt. Selon les données figurant sur l’échéancier de paiement que le Journal s’est procuré, le Maroc s’est engagé à verser 994.000 euros à DIFCOM, agence de communication et régie publicitaire appartenant au Groupe Jeune Afrique.
Cet échéancier d’encaissement stipule que le Maroc doit s’acquitter de ce montant en trois tranches ou versements, étalés sur un an. Toutefois, les modes de règlement n’ont pas été précisés…
Qu’a obtenu le Makhzen en contrepartie de ces 994.000 euros ? DIFCOM s’est-elle engagée à assurer la publication d’une série d’articles positifs sur le Maroc ? La constellation Jeune Afrique mettait-elle à la disposition du royaume son réseau « France-Afrique » ? Pourquoi payer autant d’argent à ce Groupe pour qu’il soigne l’image du Roi du Maroc ?.
Les échéanciers de DIFCOM attestent qu’en 2002 et 2003, les présidents de pays comme la Mauritanie, le Gabon, le Cameroun, la Guinée équatoriale, le Togo, ou le Rwanda ont assuré au Groupe Jeune Afrique une manne de plusieurs millions d’euros.
Pourquoi le Maroc recourrait-il à ce qui semble bien être des stratagèmes de républiques bananières pour soigner son image ? A noter que l’Algérie passe aussi à la caisse pour un montant quasi égal à celui versé par le Maroc (950.000 euros). Preuve, sans doute, des talents de négociateurs des dirigeants de Jeune Afrique qui savent tirer le maximum des rivalités régionales sur le continent africain.
Les visites du « Grand blond »
Les articles de JAI consacrés au royaume et au roi du Maroc, en 2003 par exemple, se passent de tout commentaire. Les visites de François Soudan, le directeur de la rédaction de Jeune Afrique, au Maroc se suivent et se ressemblent. Elles sont régulières.
Le « grand blond normand », comme l’appellent familièrement ses amis, est royalement accueilli. Logé dans les meilleurs palaces. François Soudan dispose, pendant tout son séjour au Maroc, d’une voiture et d’un chauffeur 24h/24. Ce traitement VIP dont bénéficie le Directeur de la rédaction de Jeune Afrique au royaume fait vraisemblablement partie de ce fameux « contrat de communication ». En tout cas, François Soudan multiplie les « missions spéciales » au Maroc. Il est reçu et briefé par tous les hommes forts du pouvoir comme Fouad Ali El Himma, Hamidou Laânigri, Meziane Belfkih et André Azoulay.
Au Maroc et ailleurs, les accusations pointent constamment du doigt le Groupe Jeune Afrique. Un article du Canard Enchaîné, daté du 8 juin 1994 considère Jeune Afrique, comme le « spécialiste des dossiers de pub politique». Et enchaîne, à propos d’une commande encensant l’ex-dictateur du Togo : « A croire que cirer les pompes du général Eyadema, un peu massacreur sur les bords, ne gêne en rien les dirigeants de Jeune Afrique. Des récidivistes, d’ailleurs ».
Pour développer et rentabiliser ses «marchés » sur le continent noir, Béchir Ben Yahmed profitait de son amitié avec un certain Jacques Foccart, le Monsieur Afrique de la France. Ce dernier, pour mener à bien sa diplomatie parallèle, mettait le patron de Jeune Afrique sur des sujets « porteurs ».
Cette amitié avec l’homme qui joua un rôle de premier plan dans le maintien de la dépendance des pays africains en dit long sur l’action émancipatrice du groupe Jeune Afrique, véritable machine à sous ! Les sommes versées par le Maroc pour s’adjuger les faveurs éditoriales de Jeune Afrique est une pratique qui ne date pas seulement du nouveau règne. Hassan II a souvent eu du mal à gérer BBY.
Une vieille histoire
Tantôt, il profite de ses écrits panégyriques, tantôt, il subit ses foudres «éditoriales ». Cela dépend-il de la générosité du Palais royal ? Il y eut des hauts et des bas. Irrité par la méchanceté de BBY qui n’hésite pas à l’attaquer personnellement dans ses éditos, Hassan II décide d’interdire la diffusion de Jeune Afrique au Maroc pendant toute une décennie, entre 1965 et 1975.
Mais, pendant toute cette période, Ben Yahmed profite du soutien inconditionnel de l’Algérie de Houari Boumediene. « Béchir a eu tout ce qu’il voulait d’Alger. Jeune Afrique était ouvertement pro-algérien et catégoriquement anti-marocain », explique un ancien journaliste rescapé de la boîte, qui coule sa retraite à Paris.
« L’anti-marocanisme » de Jeune Afrique est alors essentiellement décliné par des enquêtes accusant l’implication des barbouzes du roi dans l’enlèvement de Medhi Ben Barka, et des articles soutenant les deux putschs avortés contre Hassan II, en 1971 et 1972.
Des papiers qui portent la signature de Younes Berri, qui n’est autre que l’ancien opposant socialiste exilé à Paris, Hamid Barrada. Toutefois, grâce aux bons offices de Houphouët Boigny, ancien président de la Côte d’Ivoire, et un lobby pro-marocain mené par Serge Guetta, un financier parisien, ami de Ben Yahmed et André Azoulay, alors directeur commercial du groupe français Scoa, les relations entre Rabat et Jeune Afrique reprennent de plus belle.
Profitant d’un incident avec l’Algérie, Ben Yahmed ferme, sans hésiter, son bureau à Alger en février 1975, tourne le dos à Houari Boumediene et entame une nouvelle page avec le Maroc. Désormais, BBY compte sur ses appuis dans l’entourage du Roi « C’était Mohamed Cherkaoui, alors ambassadeur du roi dans l’Hexagone et son beau-frère qui était l’émissaire de Hassan II auprès de Jeune Afrique », nous révèle cet ancien collaborateur de Jeune Afrique.
A quelques mois de la Marche verte, Jeune Afrique lâche Alger et épouse, corps et âme, la thèse de Hassan II, conseillé par Ahmed Réda Guédira.
L’hebdo va d’ailleurs jouer un grand rôle dans la médiatisation de sa version du dossier Sahara auprès d’une grande partie de l’Afrique francophone. A la manière d’un attaché de presse… Boumediene fulmine, il se sent trahi. Lui qui comptait beaucoup sur Ben Yahmed et son canard dans sa campagne de propagande en faveur de la RASD.
Au sein même de la rédaction de la rue d’Auteuil, trois journalistes défendent, depuis quelques années déjà, la cause marocaine. Il s’agit de l’Algérien Hamza Kaidi, du Tunisien Abdelaziz Dahmani et du Marocain Mohamed Selhami. Ce trio dispose d’un bon carnet d’adresses au royaume. Leurs rapports avec les décideurs marocains sont plus qu’excellents. Ce qui arrange inévitablement les affaires de Ben Yahmed. Ce dernier accueille, les bras ouverts le général Ahmed Dlimi, un de ses contacts marocains les plus privilégiés, à chacun de ses passages à Paris.
« Avec Dlimi, Ben Yahmed finissait toujours par avoir ce qu’il voulait du Maroc », nous explique-t-on. La lune de miel entre Rabat et Jeune Afrique ne va pas pour autant être affectée par la mort subite de l’ex-patron du CAB1. Et puis, en pleine guerre du Sahara, Hassan II a toujours besoin des « précieux services » du magazine des « présidents africains ».
Driss Basri, ministre de l’Intérieur et de l’Information, l’a d’ailleurs très bien compris. Il répond favorablement à toutes les sollicitations et les démarches de François Soudan, désormais le journaliste attitré et l’émissaire officiel de Ben Yahmed au Maroc.
Opération séduction à 1 million
« Pendant plusieurs années, nous avons financièrement soutenu Jeune Afrique Et l’on n’a pas lésiné sur les moyens pour satisfaire leurs doléances qui étaient récurrentes », reconnaît D.Basri.
Ce dernier confie ainsi à Othmane Bouabid, son chef de Cabinet, la gestion du « dossier Jeune Afrique ». Le soutien financier auquel fait allusion l’ancien ministre de l’Intérieur se répartit globalement en éditions spéciales et autre manne publicitaire des annonceurs institutionnels publics marocains, voire même privés.
Après son retrait spectaculaire de l’OUA, en 1984, Hassan II ne peut pas se permettre pour autant le luxe de la politique de la chaise vide. Il a compris que la bataille du Sahara se joue aussi dans les médias. C’est ainsi qu’à l’occasion de l’assemblée générale des Nations Unies à New York, en 1985, le Maroc commande à Jeune Afrique une édition spéciale de cent mille exemplaires consacrée au dossier du Sahara, en trois langues. Mais en raison d’un problème technique, la photo de Hassan II en couverture de cette édition a été déformée. Les Marocains ont demandé et obtenu son ramassage. Trois semaines plus tard, Béchir Ben Yahmed exige et finit tout de même par être payé malgré son édition ratée. L’opération aurait coûté la bagatelle de 1 million de francs français.
Mais Hassan II en a ras-le-bol. La chute du mur de Berlin, le cessez-le-feu avec le Polisario en 1991 et le plan de référendum proposé par l’ONU, finissent par convaincre Hassan II de la caducité de son « partenariat » avec Jeune Afrique.
« Nous avons alors décidé d’arrêter notre collaboration pour des considérations mutuelles, en 1993 » (sic !), dira D. Basri. Ce dernier avoue même avoir personnellement donné quelque temps après l’ordre d’interdire la distribution de Jeune Afrique au Maroc, et ce à maintes reprises.
Malgré ce « divorce », Jeune Afrique a continué à souffler le chaud et le froid sur Hassan II, depuis sa maladie jusqu’à son décès, et même après ! Dans Jeune Afrique n°2012, du 30 juillet au 9 août 1999, qui contient un spécial sur la mort de Hassan II, Béchir Ben Yahmed fait d’une pierre deux coups. Il instruit un procès de Hassan II à titre posthume et envoie des messages codés à son successeur. Messages que son entourage aurait finir par recevoir cinq sur cinq !
Le trône « Peopolisé »
Cette évolution est intéressante car elle souligne une régression notable dans la gestion de l’image du nouveau règne. Déjà, Hassan II avait pu se passer des services d’une presse « commerciale » puisque les réformes entamées durant les dernières années de son règne se « vendaient toutes seules ».
La presse économique internationale a, la première, souligné les réformes économiques du Royaume avec, notamment, un programme de privatisation et de réforme des marchés financiers qui a suscité les commentaires favorables des quotidiens d’affaires les plus crédibles.
Le Financial Times consacre ainsi, dès 1994, un supplément, à la tonalité positive, sur l’économie marocaine. Avec l’alternance et la nomination d’Abderrahman Youssoufi à la tête du gouvernement, Hassan II réalise une formidable opération de marketing politique. La très anti-monarchiste «l’Huma » titre un de ces articles sur le royaume en avril 1999, c’est-à-dire 4 mois avant le décès de Hassan II : « Le printemps marocain ».
L’avènement du règne de Mohammed VI est accueilli avec encore plus d’enthousiasme. Le Wall Street Journal se fend d’un article, à la limite du dithyrambe, pour saluer l’arrivée du nouveau roi.
Time Magazine publie la première interview du successeur de Hassan II avec reportage photo à l’appui. Avec les premiers errements, et notamment les dérapages sécuritaires, l’image du régime s’étiole. Les architectes de la communication de la monarchie réagissent par la «peopolisation » de la famille royale avec l’octroi d’un accès privilégié aux reporters de Paris Match.
L’autre réaction, nous le savons aujourd’hui, est le retour des bonnes vieilles méthodes avec ce cher Jeune Afrique. L’année 2003 est symptomatique de ce revirement. Pourquoi ? D’abord parce que c’est l’année, avec 2002, où l’existence d’un contrat de communication entre le Maroc et Difcom est prouvée.
Mais aussi parce que 2003 est l’année où, depuis l’accession de Mohammed VI au trône, le pouvoir a le plus eu besoin de « communiquer » avec la communauté internationale et avec les Marocains. Flash-back. 2003 est sans conteste l’« annus horribilis » pour le Maroc. Tout d’abord avec les attentats de Casablanca le 16 mai qui traumatisent l’opinion et relancent le débat sur la place des islamistes en politique. Mais aussi avec l’encaissement d’un sérieux revers diplomatique lorsque Washington avalise le plan Baker II rejeté par un Maroc sommé de faire une contre-proposition.
A cela s’ajoutent des éléments de politique intérieure déstabilisants pour le régime : le sempiternel débat sur la sacralité du roi dans une hypothétique réforme de la Constitution, des rumeurs portant sur des irrégularités lors du scrutin de septembre 2002, la montée du PJD et d’Al Adl wal Ihsane… Sans oublier un durcissement à l’encontre de la presse indépendante comme en témoigne l’affaire Ali Lmrabet.
Dès lors, on devine les tentations du régime : rebondir sur les attentats de Casablanca pour positionner le roi au sein d’une nouvelle donne alors qu’il entre dans sa 4è année de règne et prête le flanc à un vrai premier bilan. Et, pourquoi pas, au passage, en profiter pour affaiblir les islamistes, grand défi à la monarchie pour les années à venir et cette presse dite « indépendante » qui stigmatise chaque faux pas ? Résultat : ballottée au rythme de l’actualité, l’image du royaume se ternit au point que de réelles avancées comme la réforme de la Moudawana ne suffisent plus à redorer son blason. D’où la tentation d’emprunter des chemins de traverse…