Algérie, Emmanuel Macron, Chine, France, colonisation, mémoire, coopération, investissement,
Lors de sa visite en Algérie, le président français Emmanuel Macron a accusé des puissances impérialistes, en citant la Russie, la Chine et la Turquie, de nourrir un sentiment anti-français chez la jeunesse algérienne et africaine au sujet du passé colonial français en Algérie et en Afrique.
Cette information a été relayée depuis le 21 août par des médias francophones dont le quotidien français Le Figaro et le site algérien TSA. C’est une acusation regrettable, lourde et sans fondement.
A mon avis, si la France n’est pas aimée par des jeunes algériens, il faut leur demander pourquoi, il faut écouter leur voix pour comprendre ce sentiment anti-français. Accuser d’autres pays n’aide pas les choses. On ne peut pas accuser les autres pays avec des observations très personnelles du genre « il y a une immense manipulation sur les réseaux sociaux».
La Chine et l’Algérie ont établi leurs relations diplomatiques en 1958. Quatre ans avant son indépendance. Depuis, les deux pays entretiennent de très bonnes relations. Un petit exemple : En 1963, la Chine a envoyé sa première équipe médicale en Algérie, première du genre en ce qui concerne son envoi d’équipes médicales à l’étranger.
Si la Chine obtient une certaine popularité chez les algériens, c’est grâce à ce qu’elle a fait pour ce pays et son peuple et pas sur ce qu’elle a dit sur les réseaux sociaux. Les algériens, plus globalement les africains, sont sensés et autonomes. Ils ne sont pas des adolescents qui ont besoin de filtrage parental lorsqu’ils regardent les réseaux sociaux.
Les dirigeants africains sont lucides et savent comment choisir les pays partenaires. Ils savent quels projets sont bénéfiques pour leurs pays. On ne peut pas dire qu’ils font le bon choix quand il s’agit d’un projet européen ou américain et qu’ils sont dupes quand il s’agit d’un projet chinois.
Enfin, je dois rappeler une chose à nos amis français. La France et la Chine coopèrent en Afrique. Lors de la visite du Premier Ministre chinois Li Keqiang en France en 2015, les deux pays ont publié une déclaration conjointe sur la coopération dans les marchés tiers. En 2018, lors de sa visite en Chine, le président français Emmanuel Macron a même assisté à la signature d’un partenariat entre la Banque de Développement de Chine et l’Agence française de développement pour soutenir des projets en Afrique sur le climat. Ces projets ont été concrétisés au fur et à mesure. En 2020, la première phase d’un projet d’assainissement à Dakar, cofinancé par la Chine et la France, a été mise en service en présence de l’ambassadeur de Chine au Sénégal.
Début 2022, la Chine et la France ont signé un document portant sur la liste des projets de démonstration du 4ème cycle de développement de la coopération sur les marchés tiers marquant la dernière étape de cette initiative visant à renforcer la coopération internationale. Cette liste comprend des projets d’infrastructure et d’énergie nouvelle en Afrique, en Europe Centrale, et en Europe de l’Est.
L’Afrique est un continent ouvert et suffisamment grand pour accueillir les investisseurs français, chinois, américains, etc. Il est temps d’arrêter de considérer l’Afrique comme la chasse gardée d’un pays ou d’un autre.
Maroc, France, Thami El Glaoui, Berbères, Protectorat,
Les Glaoui étaient l’une des nombreuses tribus berbères qui, pendant des siècles, se sont disputé la domination du Haut Atlas. Leur sort s’est amélioré en 1893 lorsqu’ils ont été récompensés pour avoir sauvé le sultan d’un blizzard en leur faisant cadeau d’un canon de 77 mm, qui a été utilisé pour soumettre immédiatement leurs rivaux.
Pour avoir soutenu le protectorat français, T’hami el Glaoui, fils d’une concubine éthiopienne, a été nommé pacha de Marrakech et a reçu le contrôle du commerce des olives et du safran dans le sud, ainsi que des mines de sel et de minéraux de la région, ce qui a fait de lui l’un des hommes les plus riches du monde. Parmi les invités de ses palais de Telouet et de Marrakech figurent Maurice Ravel, Colette, le général Patton, Charlie Chaplin et Winston Churchill.
Bien qu’il possède des centaines d’esclaves, il est l’invité personnel de Churchill lors du couronnement d’Elizabeth II en 1953. À cette époque, la fin du protectorat était en vue et en 1955, après avoir rétabli le sultan précédemment exilé, les Français se sont retirés, abandonnant El Glaoui à son sort. Ils n’ont pas abattu le dernier grand leader sudiste du Maroc, mais à sa mort en 1956, la foule a pillé ses palais et lynché ses sbires. Sa réputation de traître reste intacte et le verbe « glaouiser » (trahir) fait désormais partie du jargon politique français.
Kasbah de Telouet
Nous sommes dans le Haut Atlas, sur l’étroite route construite par la Légion étrangère française en 1936 et qui n’a pas été réparée depuis. À huit mille pieds d’altitude, au coin d’un plateau désertique et entouré de pics géants, nous atteignons la Kasbah de Telouet, autrefois le palais-forteresse d’El Glaoui, aujourd’hui un bâtiment en ruine fait de pierres rouges, de pisé et de tuiles vertes. Les panneaux de soie chinois et les tapis de Rabat ont tous disparu.
Depuis le balcon d’où Churchill, m’a-t-on dit, regardait jadis les cavaliers berbères montrer leurs talents, je peux voir le village voisin de Telouet, peuplé de descendants des esclaves d’El Glaoui. Le champ où les cavaliers chevauchaient autrefois pour Churchill est maintenant un terrain de football poussiéreux.
Russie, Ukraine, Etats-Unis, Gaz, Nordstream, Espagne, France, Italie, Algérie, Union Européenne,
Heureusement, les fanfaronnades inquiétantes sur la possibilité d’utiliser des armes nucléaires tactiques dans la guerre en Ukraine se sont apaisées, du moins pour le moment.
Heureusement, les fanfaronnades inquiétantes sur la possibilité d’utiliser des armes nucléaires tactiques dans la guerre en Ukraine se sont apaisées, du moins pour le moment. Nous sommes confrontés à un conflit prolongé parce qu’il a déjà plus de six mois et qu’il faut au moins un autre moyen pour que les négociations de paix souhaitables arrivent à maturité. Ce ne sera pas – espérons-le – un conflit armé mondial comme en 1914 et 1940 mais une sorte de guerre mondiale de l’énergie dans laquelle nous entrons déjà. En tant que victimes privilégiées, dans le rude hiver qui s’annonce, les classes les plus défavorisées et les entreprises risquant de fermer en raison des prix insupportables de l’énergie sont esquissées.
Dans une guerre conventionnelle, les jalons pertinents sont les bombardements massifs ou l’utilisation d’armes dévastatrices. Dans ce type de conflit, l’équivalent du bombardement des grandes villes est la fermeture par la Russie du gazoduc Nord Stream alléguant des fuites auxquelles personne ne croit ; ou une spirale accélérée des prix du pétrole, de l’électricité et du gaz qui déclenche l’inflation dans tous les pays… Les premières détonations se font déjà entendre. Ce n’est que le début.
D’autres armes sensibles arriveront, selon la stratégie de Vladimir Poutine ; à savoir, des manifestations populaires appelant les gouvernements occidentaux à forcer Zelensky à admettre la perte d’une partie du territoire ukrainien à la table des négociations. Tout pour arrêter la torture au gaz russe. Dans cette guerre mondiale de l’énergie, la valeur de pays comme l’Algérie, pratiquement marginalisés jusqu’à il y a quelques mois, explose sur le marché boursier géostratégique. Aujourd’hui, Alger est un lieu de pèlerinage pour des dirigeants comme l’Italien Mario Draghi ou le Français Macron, désireux de s’assurer la manne gazière que l’Espagne monopolisait jusqu’alors. En raison de l’extension à l’Amérique des conséquences de cette guerre menée en Europe, les actions des sociétés d’armement montent, le prix du gaz liquéfié transporté vers l’Europe s’envole et la diplomatie de Washington relâche sa pression sur le régime américain Maduro parce que son pétrole est maintenant plus stratégique qu’avant.
Au sein de l’Union européenne, les tensions se font sentir. La Commission veut des pouvoirs spéciaux en cas d’aggravation de la situation pour intervenir sur le marché de l’électricité et des produits essentiels. Tous les pays ne sont pas d’accord. La France continue de refuser un nouveau gazoduc pour traverser son pays de l’Espagne à l’Allemagne comme l’ont demandé il y a quelques jours le chancelier allemand Olaf Scholz et le président espagnol Pedro Sánchez. L’invitation inhabituelle de Scholz à Sánchez pour participer à une réunion stratégique de son gouvernement n’a de précédent que dans une invitation d’Ángela Merkel à Enmanuel Macron. Dans ce dossier énergétique, il y a un axe Berlin-Madrid-Lisbonne avec le soutien non dissimulé de Bruxelles, par la présidente Úrsula von der Leyen et avec Josep Borrell à la tête de la politique étrangère.
La paix intérieure règne toujours dans l’Union européenne et les difficultés post-Brexit dissipent toute tentation de fuite. Mais les élections italiennes de ce mois-ci, qui pourraient porter au pouvoir l’extrême droite Giorgia Meloni, vont faire bouger les choses. En Italie, la sympathie pro-russe est perceptible, et Poutine pourrait trouver des alliés inattendus dans son défi énergétique.
En Espagne, il faut revoir l’histoire récente et se demander quels ministres, et à qui ils ont servi, ont coupé court au développement phénoménal des énergies renouvelables dont même Obama a fait l’éloge. Nous serions désormais dans des conditions extraordinaires pour faire face à cette guerre énergétique mondiale qui nous menace.
Dans un email envoyé dix jours avant, au secrétaire général du MAR marocain à l’époque, Nasser Bourita et Aziz Farhane, chef de la Direction des Nations Unies et des Organisations Internationales, elle remet aux marocains les drafts du projet de rapport du Secrétaire Général de l’ONU sur la MINURSO et celui de la résolution du Conseil de Sécurité.
Les consultations sur le dossier du Sahara Occidental entre le Maroc et la France sont permanentes au niveau des trois ambassades : Rabat, Paris, Washington ety New York. Dans cette note, l’ambassadeur de la France à Washington donne des conseils au Maroc après sa décision de retirer sa confiance à l’Envoyé de l’ONU pour le Sahara Occidental, Christopher Ross.
Alors que le Conseil de sécurité ne s’est pas encore réuni pour débattre du dossier du Sahara Occidental, la France tient une réunion en secret avec le makhzen pour dégager les actions appropriées afin de bloquer toutes initiative permettant d’appliquer ou d’adopter les résolutions permettant aux sahraouis de décider de leur sort. Véronique Aulagnon, de l’Ambassade de France à Rabat a joué un rôle prépondérant dans les contacts entre le Maroc et la France dans le dossier du Sahara Occidental et la Syrie. Dans ce mail, elle apporte ses conseils au sujet des ressources naturelles sahraouies:
Les conseils d’une diplomate de l’Ambassade de France à Rabat au Maroc pour porsuivre le pillage des ressources naturelles du Sahara Occidental:
Séminaire international consacré à la « la gestion des ressources naturelles dans les statuts d’autonomie ». AULAGNON Veronique [veronique.aulagnon@diplomatie.gouv.fr] Date d’envoi : mardi 3 avril 2012 10:53 À : farhane Cher Azzedine,
Peux-tu m’en dire plus sur cette initiative qui figure sur le site Internet du MAEC?
« Le Maroc organisera également le 4 juin 2012 un autre séminaire international consacré à la « La gestion des ressources naturelles dans les statuts d’autonomie ». »
Avez-vous par ailleurs jamais envisagé de produire un document écrit sur la gestion des ressources naturelles au Sahara, et plus largement sur la gestion économique du Sahara (gestion des ressources naturelles, investissements, mesures sociales, etc.)? Il est en effet très difficile de trouver des informations factuelles et détaillées sur ce sujet sur les sites officiels marocains. A mon sens, cela serait très utile, y compris pour diffusion comme argumentaire auprès des députés européens et/ou dans le cadre de vos prochaines discussions sur le renouvellement du protocole à l’accord de pêche.
Bien à toi,
Véronique
Message envoyé le 27 février 2012
URGENT – suspension de la participation de la Syrie à deux comités de l’UNESCO AULAGNON Veronique Ce message a été envoyé avec une importance haute. Date d’envoi : lundi 27 février 2012 18:24 À : farhane Pièces jointes : Non papier Suspension Syrie UNESCO-doc.zip? (3 Ko?); Projet de décision suspension Syrie comités UNESCO-DOC.zip? (4 Ko?); composition du conseil exécutif UNESCO-pdf.zip? (23 Ko?); Liste co-parrains-DOC.zip? (4 Ko?)
Cher Azzedine,
J’ai tenté de te joindre aujourd’hui pour faire une démarche concernant la Syrie.
Je t’en fais passer les éléments en pièce jointe de ce mail compte tenu de l’urgence, un projet de texte devant être déposé le 28 au soir plus tard pour pouvoir être examiné lors du prochain Conseil exécutif à compter du 1er mars.
Merci par avance de ton retour.
Bien à toi,
VA
Véronique Aulagnon Deuxième Conseillère (Sahara – Politique extérieure) Ambassade de France au Maroc 3, rue Sahnoun Agdal, Rabat Maroc Tél: 00 212 5 37 68 97 11 Fax: 00 212 5 37 77 56 19
—
D’autres documents sur la collaboration franco-marocaine:
Véronique Aulagnon sollicite l’intervention du Maroc contre le Syrie à l’UNESCO:
Non papier
Suspension de la participation de la Syrie au Comité des recommandations de l’UNESCO et au Comité des ONG
Après la réunion du groupe des amis du peuple syrien de Tunis du 24 février dernier, il est essentiel de continuer à marquer notre condamnation des agissements du régime syrien, contraires aux valeurs et aux actions de l’UNESCO.
La France encourage les pays arabes membres du Conseil exécutif de l’UNESCO autres que la Syrie (Algérie, Arabie saoudite, Egypte, Emirats arabes unis, Tunisie) à présenter un projet de décision du Conseil en vue de la suspension de la participation de la Syrie de deux comités de cette organisation : le Comité des recommandations, compétent pour les droits de l’homme, et le Comité des ONG. Un texte a fait l’objet de discussions informelles à l’UNESCO entre pays favorables à une telle démarche, ainsi qu’avec les membres du groupe arabe.
Le dépôt d’un tel projet de décision par des délégations arabes aura bien plus de poids que s’il était effectué par d’autres Etats. La France, avec d’autres, se tiendra naturellement aux côtés des délégations arabes pour assurer la promotion de ce texte. A la date du 22 février, 35 pays ont exprimé leur disponibilité à co-parrainer ce texte, dont 21 sont membres du Conseil exécutif (qui en compte, pour mémoire, 58) et un est membre du groupe arabe (Emirats Arabes Unis). Ce projet doit en tout état de caise être déposé le 28 février au soir au plus tard.
Le Maroc ne participe pas au Conseil exécutif de l’UNESCO, mais en tant que pays assurant la Présidence du groupe arabe à l’UNESCO, il pourrait intervenir auprès de la Tunisie, de l’Arabie saoudite, des Emirats Arabes Unis et de l’Egypte pour les inciter à présenter un projet de décision visant à suspendre la Syrie des deux comités évoqués ci-dessus.
Il est par ailleurs essentiel que l’inscription de la question de la Syrie à l’ordre du jour du Conseil exécutif soit confirmée lors de la séance plénière inaugurale du Conseil, le 1er mars au matin, et que l’examen d’un projet de décision visant à suspendre la Syrie des deux comités évoqués plus haut ne se heurte pas à un vote adverse sur la procédure, mais puisse effectivement avoir lieu et se traduire, si possible, par un vote positif.
Il semble qu’il y ait un partage des rôles entre la France et le Maroc. La Fance défend la positions du Maroc dans le dossier du Sahara Occidental auprés des institutions internationales (UE, ONU etc…). Rabat, de son côté, défend les positions de la France auprés des groupes régionaux en Afrique tels que la CEDEAO, et maintenat l’UA, y compris la Ligue Arabe, car un diplomate français demandait à Azzedine Farhane d’agir auprés des pays arabes pour adopter des résolutions de sanctions contre la Syrie.
Le département a mal apprécié la position du Maroc quant il a retiré sa confiance à Ross, vu que ce dernier est un ancien diplomate américain. Cette situation risquait de mettre en difficulté ou en mal les relations bilatérales. Voilà que l’Ambassadeur français pour aporter ses conseil au makhzen pour le faire sortir de cet imbroglio diplomatique. Les marocains ont suivi à la lettre les conseils du Français, car par la suite ils ont entrepris des actions allant dans le sens de l’amélioration des relations bilatérales.
France, Maroc, Mustapha Adib, Général Abdelaziz Bennani, Hôpital Val de Grâce, Charles Fries,
Le 18 juin, Mustapha Adib, capitaine des Forces armées royales (FAR) et opposant notoire depuis son séjour en prison au début des années 2000 – il vit depuis en France -, est parvenu à s’introduire jusqu’à la porte de la chambre de l’hôpital militaire du Val-de-Grâce, à Paris, où se trouvait depuis une quinzaine de jours le général Abdelaziz Bennani, 78 ans, inspecteur général des FAR et commandant de la zone Sud.
L’incident provoque la colère des autorités marocaines. Yassine Mansouri convoque immédiatement Charles Fries, l’ambassadeur de France. Le 20 juin, Nasser Bourita, secrétaire général du MAEC, rédige le compte-rendu de son entretien avec l’ambassadeur français au Maroc dont voici le contenu:
Objet : Entretien avec l’Ambassadeur de France
1- Suite aux instructions de M. le Ministre, j’ai reçu, aujourd’hui et à sa demande, l’Ambassadeur de France à Rabat M. Charles Fries qui était accompagné du Ministre-Conseiller de l’ambassade M. Ludovic Pouille. L’entretien a porté sur l’incident grave survenu le 18 juin à l’hôpital Val de Grâce.
2- L’Ambassadeur Fries m’a remis la lettre en annexe, adressée par M. Laurent Fabius, Ministre des Affaires étrangères et du Développement international, à M. Salaheddine Mezouar, Ministre des Affaires étrangères et de la Coopération.
3- En complément des informations contenues dans la lettre, l’Ambassadeur Fries a précisé qu’Adib « a été mis aujourd’hui en garde à vue conformément à l’article 222-17 du code pénal français, applicable dans les cas de menace de mort ».
4- En réponse à ma remarque sur les circonstances et la procédure inédite d’octroi de la nationalité française à Adib, M. Fries a précisé que « c’est la question qui tue ! On s’est posé la même question. Une enquête est en cours pour définir les circonstances réelles de cette naturalisation. On vous tiendra au courant ».
5- M. Fries a réitéré l’engagement des autorités françaises à œuvrer pour que les relations bilatérales reprennent leur cachet d’amitié sincère et leur caractère exceptionnel.
6- Il a toutefois relevé « le communiqué inédit par son ton et son contenu du Chef de Gouvernement qui évoque entre autres l’acharnement des autorités françaises contre le Maroc ». En réaction, j’ai précisé que de part son caractère grave et la stature de la personnalité concernée, l’incident a affecté l’ensemble des institutions et des forces vives marocaines. La réaction de M. le Chef de Gouvernement est tout à fait naturelle, il en a fait de même par rapport à l’incident du 20 février.
7- J’ai souligné enfin que cet incident confirme un élément qui a toujours été présent dans nos entretiens, à savoir la présence de personnes malintentionnées qui utilisent le territoire français, s’appuient sur certaines complaisances voire complicités en France et exploitent les brèches qui existent dans certaines procédures françaises pour nuire aux intérêts du Maroc. Cette situation devrait interpeler les autorités françaises et les pousser à réagir par des mesures concrètes.
Emmanuel Macron n’exclut pas l’organisation d’un match de football entre la France et l’Algérie. Bonne ou mauvaise idée, vingt-et-un an après le rendez-vous raté du Stade de France ?
C’était le 6 octobre 2001. La France de Zinedine Zidane recevait l’Algérie lors d’un match resté, pour de mauvaises raisons, dans les mémoires. L’envahissement de la pelouse par une partie du public avait en effet provoqué l’arrêt de ce match amical que la presse présentait, à ce moment-là de façon assez caricaturale, comme une « réconciliation des peuples ».
Mais cet épisode ne doit pas occulter le positif : « Il y avait une joie communicative, une ferveur », se souvient le journaliste sportif Chérif Ghemmour qui rappelle que « c’était la première fois que l’équipe algérienne venait jouer en France ». L’ambiance était alors au rendez-vous. « En arrivant au stade, il y avait la nette impression qu’il y avait plus de supporters de l’équipe d’Algérie que de l’équipe de France. C’était une impression, ils étaient en fait plus démonstratifs », insiste Ghemmour.
« Conjurer le passé » grâce au football ?
Mais les sifflets qui ont accompagné l’entrée des joueurs français, notamment de Zidane, puis « La Marseillaise », l’hymne français, ont vite rendu la soirée difficile. En deuxième mi-temps, alors que la France mène 4 buts à 1, une jeune femme descend sur le terrain. Les stadiers ont à peine le temps de tenter de la rattraper que le public envahit la pelouse. Le match est alors arrêté. Il ne reprendra pas malgré les appels au calme de la ministre française des Sports.
Plus de vingt ans plus tard, un match entre les Bleus et les Fennecs est-il à nouveau envisageable ? C’est en tout cas, selon les propos du président français, tout à fait possible. Emmanuel Macron, en déplacement à Alger, a indiqué à des journalistes qu’une rencontre amicale entre les deux pays « serait une bonne chose pour conjurer le passé », ajoutant que « le sport doit réconcilier ».
En réalité, il a déjà été question d’un match amical, en 2020, entre la France et l’Algérie, cette fois à Alger. Si les deux fédérations nationales étaient tombées d’accord, la rencontre n’avait finalement pas pu être organisée à cause des risques sécuritaires. Onze ans plus tôt, on avait également failli assister à une nouvelle opposition entre les deux équipes. Sans plus de succès.
Politique ou simple spectacle ?
La sortie de Macron, qui ressemble presque à une annonce, présage-t-elle cette fois que les deux fédérations, française et algérienne, aillent au bout ? « Une rencontre reste une question politique », assure Chérif Ghemmour qui rappelait, en décembre dernier, que la baisse des quotas de visas octroyés aux Algériens et les déclarations de Macron concernant la colonisation ne pouvaient permettre l’organisation d’un tel match. Depuis, Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune ont apaisé les relations entre les deux pays.
La situation politique et diplomatique plus favorable, organiser un match entre la France et l’Algérie est donc envisageable. Reste à savoir ce que les supporters, ou les simples observateurs, penseraient d’un tel événement.
Une étude consacrée aux « constructions sociales du match de football France-Algérie », parue en 2010 dans la revue Staps, indique que le match France-Algérie, qui « fut présenté comme un événement comportant de fortes connotations politiques en particulier pour l’ensemble des Françaises et des Français d’origine algérienne » a été l’occasion de voir que, pour les consommateurs de football, « il existe diverses manières de vivre cette rencontre ».
« Seuls les individus ayant bénéficié d’une socialisation spécifique permettant d’associer le football avec des sentiments d’appartenances nationales ou culturelles se trouvent en mesure de considérer une rencontre pour des éléments dépassant les seuls aspects sportifs », peut-on lire dans la conclusion. L’étude nuance cependant cette conclusion. Plusieurs entretiens avec des Français d’origine algérienne ayant « permis de faire la démonstration qu’il n’est pas nécessaire d’être un fervent supporter pour se mobiliser émotionnellement le temps d’un match ».
Un match Algérie-France plutôt que France-Algérie ?
Autrement dit, même si la situation politique ou diplomatique entre les deux pays est apaisée, un match France-Algérie revêt un caractère particulier. D’autant qu’il faut se rappeler, en partie, pourquoi la rencontre de 2001 a tourné au fiasco. Ce que les autorités de l’époque avaient certainement mal jaugé.
Selon l’ambassadeur d’Algérie en France, Mohamed Ghouali, « ce match a été victime de sa propre densité passionnelle ». Une analyse juste qui montre qu’un France-Algérie ne sera jamais anodin. Mais surtout, s’il a lieu, ce match doit être organisé avec réflexion et intelligence. Concernant par exemple l’endroit où il se déroulera. L’an dernier, Gilles Smadja, directeur de cabinet de Marie-Georges Buffet, la ministre des Sports en 2001, estimait qu’organiser le match à Paris « fut une erreur majeure ». Selon lui, « la célébration d’une amitié avait du sens en Algérie. En France, ça prend un tout autre sens, qui nous échappe, nous ramène aux enjeux de politique intérieure, aux questions sociales, d’intégration. On le savait ».
Emmanuel Macron n’a, dans ses déclarations, pas précisé où pourrait avoir lieu ce match. Ni quand. Conscient, certainement, des enjeux que peut avoir une telle rencontre et qu’il faudra du temps aux deux fédérations pour être prêtes. Car contrairement à ce que les commentateurs ont l’habitude de dire, un France-Algérie, ce n’est pas que du football…
Algérie, Union Européenne, UE, gaz, Italie, France, Espagne, Pedro Sanchez,
Risque de guerre énergétique mondiale Dans une guerre conventionnelle, les jalons pertinents sont les bombardements massifs ou l’utilisation d’armes dévastatrices
Heureusement, les fanfaronnades inquiétantes sur la possibilité d’utiliser des armes nucléaires tactiques dans la guerre en Ukraine se sont apaisées, du moins pour le moment. Nous sommes confrontés à un conflit prolongé parce qu’il a déjà plus de six mois et qu’il faut au moins un autre moyen pour que les négociations de paix souhaitables arrivent à maturité. Ce ne sera pas – espérons-le – un conflit armé mondial comme en 1914 et 1940 mais une sorte de guerre mondiale de l’énergie dans laquelle nous entrons déjà. En tant que victimes privilégiées, dans le rude hiver qui s’annonce, les classes les plus défavorisées et les entreprises risquant de fermer en raison des prix insupportables de l’énergie sont esquissées.
Dans une guerre conventionnelle, les jalons pertinents sont les bombardements massifs ou l’utilisation d’armes dévastatrices. Dans ce type de conflit, l’équivalent du bombardement des grandes villes est la fermeture par la Russie du gazoduc Nord Stream alléguant des fuites auxquelles personne ne croit ; ou une spirale accélérée des prix du pétrole, de l’électricité et du gaz qui déclenche l’inflation dans tous les pays… Les premières détonations se font déjà entendre. Ce n’est que le début.
D’autres armes sensibles arriveront, selon la stratégie de Vladimir Poutine ; à savoir, des manifestations populaires appelant les gouvernements occidentaux à forcer Zelensky à admettre la perte d’une partie du territoire ukrainien à la table des négociations. Tout pour arrêter la torture au gaz russe.
Dans cette guerre mondiale de l’énergie, la valeur de pays comme l’Algérie, pratiquement marginalisés jusqu’à il y a quelques mois, explose sur le marché boursier géostratégique. Aujourd’hui, Alger est un lieu de pèlerinage pour des dirigeants comme l’Italien Mario Draghi ou le Français Macron, désireux de s’assurer la manne gazière que l’Espagne monopolisait jusqu’alors. En raison de l’extension à l’Amérique des conséquences de cette guerre menée en Europe, les actions des sociétés d’armement montent, le prix du gaz liquéfié transporté vers l’Europe s’envole et la diplomatie de Washington relâche sa pression sur le régime américain Maduro parce que son pétrole est maintenant plus stratégique qu’avant.
Au sein de l’Union européenne, les tensions se font sentir. La Commission veut des pouvoirs spéciaux en cas d’aggravation de la situation pour intervenir sur le marché de l’électricité et des produits essentiels. Tous les pays ne sont pas d’accord. La France continue de refuser un nouveau gazoduc pour traverser son pays de l’Espagne à l’Allemagne comme l’ont demandé il y a quelques jours le chancelier allemand Olaf Scholz et le président espagnol Pedro Sánchez. L’invitation inhabituelle de Scholz à Sánchez pour participer à une réunion stratégique de son gouvernement n’a de précédent que dans une invitation d’Ángela Merkel à Enmanuel Macron. Il y a dans cette matière énergétique un axe.
Berlin-Madrid-Lisbonne avec le soutien non dissimulé de Bruxelles, par la présidente Úrsula von der Leyen et avec Josep Borrell à la tête de la politique étrangère.
La paix intérieure règne toujours dans l’Union européenne et les difficultés post-Brexit dissipent toute tentation de fuite. Mais les élections italiennes de ce mois-ci, qui pourraient porter au pouvoir l’extrême droite Giorgia Meloni, vont faire bouger les choses. En Italie, la sympathie pro-russe est perceptible, et Poutine pourrait trouver des alliés inattendus dans son défi énergétique.
En Espagne, il faut revoir l’histoire récente et se demander quels ministres, et à qui ils ont servi, ont coupé court au développement phénoménal des énergies renouvelables dont même Obama a fait l’éloge.
Nous serions désormais dans des conditions extraordinaires pour faire face à cette guerre énergétique mondiale qui nous menace.
Espagne, France, Midcat, gazoduc, Emmanuel Macron, gaz, électricité,
Macron rejette le gazoduc entre l’Espagne et la France parce que plus d’interconnexions ne sont pas nécessaires
Le président français estime que les deux gazoducs qui relient actuellement les deux pays, via le Pays basque et la Navarre, sont « sous-utilisés ».
La France baisse une nouvelle fois les attentes créées autour du projet de gazoduc MidCat, qui acheminerait le gaz de l’Espagne vers l’Europe centrale, en passant par le pays gaulois. C’est le président français lui-même, Emmanuel Macron, qui a déclaré que de nouvelles interconnexions gazières avec l’Espagne n’étaient pas nécessaires car les actuelles sont loin d’être saturées.
Macron, lors d’une conférence de presse sur l’énergie, a expliqué que les deux gazoducs qui relient actuellement les deux pays, via le Pays basque et la Navarre, sont « sous-utilisés » , puisqu’ils sont utilisés à 53% depuis février et qu’en août c’était la France qui a exporté du gaz vers l’Espagne et non l’inverse. « Je ne comprends pas le problème à court terme qu’il essaie de résoudre. Si nous étions à 100% d’utilisation, je dirais le contraire », a-t-il déclaré.
Le président a ajouté que le projet de gazoduc MidCat n’est pas justifié pour des raisons énergétiques ou environnementales. Par ailleurs, il a prévenu qu’en France « il y a beaucoup d’opposition écologiste, qui n’est pas sans fondement », ce qui compliquerait la réalisation du projet.
Concernant la proposition espagnole de construire le gazoduc pour pouvoir transporter de l’hydrogène vert à l’avenir, il a souligné que les experts considèrent que des « investissements forts » seraient nécessaires pour adapter l’infrastructure à cette fin.
« Certains me disent même qu’il serait absurde de transporter de l’hydrogène d’Espagne vers la France ou l’Allemagne », a-t-il souligné. Ce qui aurait le plus de sens – a-t-il précisé – est d’exporter de l’électricité renouvelable d’Espagne vers la France ou vers d’autres pays européens afin que ce soit là où cette électricité serait transformée en hydrogène.
La position désormais adoptée par Macron tranche avec les déclarations faites il y a moins d’une semaine par le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, ouvrant la porte au projet.
« A partir du moment où le président du gouvernement espagnol et la chancelière allemande le demandent, à partir du moment où nos amis le demandent, nous examinons la demande de nos amis, de nos partenaires », a expliqué Le Maire.
Désormais, Macron revient à la position française initiale de ne pas vouloir participer au projet, qui vise à offrir une nouvelle alternative pour l’acheminement du gaz vers l’Europe centrale afin d’éviter une dépendance excessive vis-à-vis de la Russie. La France a jeté son dévolu ces derniers temps sur le renforcement de son alliance avec l’Algérie, compte tenu de l’atmosphère de tension entre le pays du Maghreb et l’Espagne. Fin août, Macron a effectué une visite officielle pour relancer les relations bilatérales face aux mauvais moments que vivent ceux avec le Maroc.
Au lieu de cela, le président s’est prononcé en faveur du « développement des connexions électriques avec l’Espagne » pour l’exportation vers l’Europe d’énergie produite à partir de sources renouvelables, a-t-il déclaré après une conversation avec le chancelier allemand, Olaf Scholz, sur la situation énergétique en Europe.
En réponse aux déclarations de Macron, des sources du ministère de la Transition écologique soulignent que « l’Espagne s’est engagée à accroître ses interconnexions avec le reste de l’UE , à promouvoir la solidarité entre les différents États, à mettre à disposition ses infrastructures pour accroître la sécurité d’approvisionnement communautaire et à penser sur la future canalisation de l’hydrogène et des gaz renouvelables qui est déjà envisagée dans les plans de l’UE ».
« C’est une question qui touche tous les États membres et les institutions européennes. Une question qui doit être analysée avec soin par les 27. Pour cette raison, nous travaillons à maximiser notre autonomie stratégique ; nous ne pouvons pas revenir à des situations de vulnérabilité face à une et le futur chantage de Poutine », ont ajouté ces sources, qui considèrent que » l’anticipation d’un corridor hydrogène contribuera selon nous à répondre aux objectifs à moyen et long terme et aussi à court terme à réduire la dépendance énergétique ».
En promouvant le projet MidCat, Pedro Sánchez a trouvé de nombreux alliés en Europe , soulignant précisément le soutien que le chancelier allemand Olaf Scholz lui a apporté . Sánchez a même demandé à son homologue allemand d’être son intercesseur pour tenter de convaincre Macron des bienfaits de MidCat.
Le « plan b » si la France échoue Le gouvernement de coalition entend faire de l’Espagne le nouveau fournisseur d’énergie de l’Union européenne . L’Espagne est le principal port d’entrée du gaz en provenance d’Afrique, à travers ses gazoducs avec l’Algérie et le Maroc. Et c’est aussi le pays de l’UE avec le plus grand nombre d’usines de regazéification et ses structures logistiques et de transport sont puissantes.
Cependant, le refus de la France de permettre aux gazoducs de traverser les Pyrénées et d’entrer sur son territoire entrave grandement l’objectif espagnol. Pour cette raison, l’exécutif de Sánchez travaille sur un « plan b » qui consisterait à ouvrir une route sous-marine qui relie l’Espagne à l’Italie . Il s’agirait d’un gazoduc sous-marin de 700 kilomètres qui relierait les usines de regazéification du port de Barcelone et de Livourne en Italie. Il transporterait dans un premier temps du gaz naturel et à plus long terme de l’hydrogène vert, l’une des priorités de la Commission européenne.
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Plusieurs imams et responsables associatifs ou religieux musulmans sont ciblés par le ministère français de l’Intérieur qui envisage leur expulsion, selon une information du journal en ligne Mediapart.
Gérald Darmanin avait déjà confirmé vendredi soir à l’antenne de BFMTV, qu’un peu « moins d’une centaine de personnes » pourrait être ciblées comme l’a été l’imam Hassan Iquioussen. D’après Mediapart, l’ancien cadre de l’UOIF (Union des organisations islamiques de France), Ahmed Jaballah, rencontre, depuis trois ans, de grandes difficultés pour obtenir le renouvellement de son titre de séjour.
Le dirigeant de la mosquée de Pessac, Abdourrahmane Ridouane, qui a remporté au printemps dernier, son action en justice contre la Place Beauvau qui souhaitait fermer le lieu de culte, est lui aussi concerné par des difficultés liées à son titre de séjour, alors qu’il a toujours été renouvelé aux précédentes échéances.
« Et l’arrêt du conseil d’Etat, qui permet de dire que quelqu’un qui a des enfants, qui est marié en France, qui est né en France peut quand même 58 ans après, être expulsé, ça permettra d’évoquer d’autres cas dans les prochains mois et dans les prochaines années » s’est réjoui à ce propos, Gérald Darmanin, vendredi soir. La décision de la plus haute juridiction administrative, qui a refusé de suspendre l’expulsion de l’imam Iquioussen, va donc désormais permettre aux autorités d’évaluer d’autres cas de responsables religieux.
Le conflit armé qui dure depuis une décennie au Sahel est à un tournant. Le retrait de la France du Mali et la redéfinition de sa stratégie dans la région se sont accompagnés d’une aggravation de la violence et de l’insécurité, d’un retour des autocraties militaires et de tentatives de la Russie de jouer un rôle plus important dans la sécurité régionale.
Benjamin Pétrini*
Début 2022, la France a commencé à retirer ses forces du Mali et à reconfigurer l’opération Barkhane , sa mission de contre-insurrection qui est en cours dans plusieurs pays sahéliens depuis 2014. La dernière unité militaire française a quitté le Mali le 15 août . Les soldats restés au Sahel ne joueront plus un rôle de combat direct dans les conflits armés régionaux et soutiendront et formeront à la place les forces locales. La Russie, quant à elle, est devenue un nouvel acteur de la sécurité dans la région. Ce sont les changements géopolitiques les plus importants qui se sont produits au Sahel depuis 2012, lorsqu’un soulèvement sécessionniste de groupes armés touaregs et islamistes non étatiques dans le nord du Mali a failli renverser le gouvernement et s’étendre au Burkina Faso voisin et à l’ouest du Niger.
L’échec de la France au Mali est encore un autre cas, comme l’intervention de près de deux décennies des États-Unis en Afghanistan, au cours de laquelle une puissance occidentale est intervenue dans un conflit armé à l’étranger et s’est avérée incapable d’atteindre ses objectifs en matière de stabilité et de sécurité. En janvier 2020, la France a porté le nombre de soldats engagés à Barkhane – principalement des forces d’opérations spéciales – d’environ 4 000 à 5 100. Mais il a commencé à se retirer après qu’une junte militaire malienne a consolidé le contrôle du gouvernement en mai 2021. L’incapacité de la France à définir des objectifs réalisables pour l’opération Barkhaneau-delà de mener des frappes contre des chefs djihadistes et de fournir aux forces maliennes un soutien général à la lutte contre le terrorisme et un renforcement des capacités, la mission aurait pu se poursuivre sans but dans un avenir prévisible. Mais les dirigeants de la junte malienne s’étaient aigris de la mission française parce que, selon eux, elle ne fournissait pas un soutien adéquat aux forces armées maliennes, qui subissaient la plupart des pertes dans la lutte contre les groupes extrémistes salafistes, et à cause des pertes civiles connexes.
Le fossé entre Paris et Bamako s’est creusé peu après la prise de pouvoir de la junte et l’établissement de liens sécuritaires avec la Russie. Le fossé est devenu permanent lorsque le Groupe Wagner – une société militaire privée liée au Kremlin – a déployé des forces mercenaires dans le pays fin 2021. Ce développement a incité plusieurs pays de l’Union européenne à se retirer de la Task Force Takuba dirigée par la France, une unité multinationale de forces spéciales créée en 2020 pour contribuer à la mission de Barkhane. La task force a été dissoute peu de temps après.
La France, en tant qu’ancienne puissance coloniale dans la majeure partie de l’Afrique de l’Ouest, y est restée l’acteur extérieur dominant. Lorsqu’il a envoyé des forces au Mali en janvier 2013 dans le cadre de ce qui s’appelait alors l’ opération Serval, ils ont d’abord réussi à repousser l’insurrection djihadiste. La mission a été renforcée en 2014 dans le but d’aider les forces armées locales à prévenir la résurgence de groupes armés non étatiques et à mener des opérations antiterroristes dans d’autres pays, dont le Burkina Faso, le Tchad, la Mauritanie et le Niger. L’objectif s’est toutefois révélé trop ambitieux, notamment au regard de la petite taille de la force engagée par la France : près de 6 000 à son apogée en 2021.
La mission de maintien de la paix des Nations unies MINUSMA au Mali depuis 2013 et, plus récemment, la Task Force Takuba, avec une taille de force maximale d’environ 600, a peu contribué à l’objectif de la France de formation militaire et de renforcement des capacités au Mali. Par ailleurs, le retrait unilatéral du Malien mai 2022 de la coalition de sécurité régionale du G5 Sahel, qui avait permis aux forces du Burkina Faso, du Tchad, du Mali, de la Mauritanie et du Niger de mener des opérations frontalières conjointes et de partager des renseignements, a plongé l’effort dans le désarroi.
La détérioration des conditions de sécurité dans les pays du Sahel – et leur vulnérabilité générale aux groupes armés non étatiques – est le résultat d’une faiblesse étatique de longue date. Et, à l’inverse, les activités de ces groupes armés ont rendu plus difficile pour les États le renforcement de leurs capacités administratives et militaires. Un recul démocratique s’est produit en conséquence. Depuis 2020, des coups d’État ont eu lieu au Burkina Faso et au Mali et les deux pays ont été sanctionnés par l’organe régional de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest ; Le Tchad et la Guinée ont été gouvernés par des gouvernements militaires ; et la Guinée Bissau et le Niger ont subi des tentatives de coup d’État. Depuis 2010, les pays occidentaux ont dépensé des milliards de dollars américains pour l’assistance des forces de sécurité dans la région, mais cela a souvent été inefficace ou parfois contre-productif en raison d’une aide non coordonnée et d’objectifs irréalistes. Le manque de capacité militaire locale et la tendance de l’aide à être consommée par la corruption et la mauvaise gestion ont aggravé la situation.
La France est désormais dans une position délicate et le Sahel est à la croisée des chemins. L’invasion russe de l’Ukraine en février 2022 s’est produite alors que Moscou commençait à jouer un rôle plus actif au Sahel en envoyant des mercenaires combattre au Mali. Il l’avait déjà fait en République centrafricaine, en Libye, au Soudan et ailleurs à la recherche d’une influence diplomatique et d’opportunités économiques, y compris des concessions minières. La France a revu à la baisse ses ambitions dans la région et a rompu ses liens avec le Mali tout en participant à l’effort occidental pour contenir l’agression russe via des sanctions et des transferts d’armes vers l’Ukraine. Par conséquent, si la Russie augmente son implication au Mali et dans d’autres pays sahéliens, elle pourrait obliger Paris à redéfinir à nouveau ses objectifs politiques et sécuritaires dans la région. Les pays du Sahel, pour leur part, peu capables d’établir la sécurité à l’intérieur de leurs frontières. De plus, le niveau de soutien extérieur qu’ils recevront sera imprévisible, compte tenu de la relation conflictuelle entre la France et l’Union européenne d’une part et la Russie d’autre part. Ainsi, l’objectif de parvenir à plus de paix et de sécurité dans les pays du Sahel semble plus irréalisable qu’à aucun moment de la dernière décennie.
* Chargé de recherche sur les conflits, la sécurité et le développement