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  • Algérie-France : l’éclaircie ?

    Algérie-France : l’éclaircie ?

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    La visite, à partir d’aujourd’hui et sur trois jours, du président français en Algérie a lieu dans un contexte bilatéral, le moins qu’on puisse dire, parmi les meilleurs que les deux pays aient connu depuis plusieurs années de relations en dents de scie. Il y a lieu de relever, en effet, que les échanges téléphoniques entre les deux chefs d’Etat, après les regrets exprimés par Emmanuel Macron en rapport avec les propos offensant à l’Algérie, qu’il a tenu lors d’une rencontre avec les jeunes, dont les familles étaient impliquées dans la guerre d’indépendance, ont remis le train du dialogue sur les rails. Force est donc de reconnaître que les Présidents Tebboune et Macron sont parvenus à consolider un dialogue bilatéral qu’il va falloir transformer en partenariat mutuellement bénéfique pour les deux pays.

    Il faut pour cela que M. Macron retrouve sa marque de franche sincérité dans le discours de l’Hexagone pour ce qui concerne l’histoire commune des deux pays. Du côté de l’Algérie, le problème ne se pose pas. Aux deux chefs d’Etats de faire en sorte de laisser à leurs successeurs une opportunité de poursuivre sur la voie de la reconnaissance des méfaits historiques de la France coloniale, sans incriminer le peuple français dans son écrasante majorité.

    D’ailleurs les criminels sont presque tous morts et constituent une minorité de colonialistes. Il faut dire que cet aspect est prioritaire dans la refondation des relations algéro-françaises. En cela le Président Macron devra donner à son peuple une image claire de ce que seront les rapports « d’égal à égal » entre Alger et Paris. La France de Macron ne doit pas avoir de complexe vis-à-vis de son ancienne colonie. Elle est censée ne plus entrevoir ses rapports avec notre pays sous l’angle étroit et paternaliste du colonisateur complexé d’avoir perdu son «paradis sur terre».

    En fait, Emmanuel Macron a fait la démonstration, au début de son premier mandat à la tête de son pays, d’être l’un des rares hommes politiques français décomplexé par rapport à la question de l’Histoire. S’il veut réussir sa mission vis à vis de l’Algérie, il est appelé à renouer avec l’audace qu’il avait en 2017. Il y aura peut être des voix discordante de l’Elysée, de Matignon ou du Quai d’Orsay qui voudraient « saboter » sa mission. Mais c’est un combat qu’il faut mener. L’Histoire le retiendra. Cela n’empêche pas que les relations entre les Etats soient exclusivement une affaire d’intérêts mutuels. Dans les projets communs que peuvent lancer les entreprises des deux pays, la France a sans doute beaucoup à gagner et l’Algérie aussi.

    Maintenant que le climat politique semble autrement plus serein que d’habitude, il y a là une belle occasion pour aller de l’avant et gagner une bataille décisive contre les nostalgiques de l’Algérie-française.

    Par Nabil G.

    Ouest Tribune, 25/08/2022

    LE PRÉSIDENT MACRON AUJOURD’HUI EN ALGÉRIE POUR UNE VISITE DE TROIS JOURS:
    La jeunesse, la mémoire et l’économie au programme

    Le président français sera accompagné d’une délégation composée de 90 personnes. A ses côtés, plusieurs ministères stratégiques seront présents. Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie et des Finances. Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, Catherine Colonna la ministre de l’Europe Affaires Etrangères.

    Le président Français Emmanuel Macron entamera aujourd’hui une visite d’amitié en Algérie de trois jours. Le chef de l’Etat français qui séjournera à Alger et Oran ambitionne de contribuer avec le Président Tebboune à détendre l’atmosphère politique entre les deux pays.

    L’ objectif assigné à cette visite consiste, selon l’agenda français, à rétablir des relations saines entre l’Algérie et la France. L’intérêt de la France est plus qu’évident, sachant qu’elle subit de plein fouet une grave crise énergétique. Le potentiel algérien en la matière peut aboutir à terme à la stabilisation de la situation dans l’Hexagone. Mais cela ne se fera pas en un claquement de doigt.

    Un long parcours de plusieurs années est nécessaire pour consolider le partenariat dans l’énergie entre les deux pays. Cela au plan des objectifs assignés à la visite.

    Quant au programme, les services de l’Elysée soulignent le désir du Président Macron de rencontrer des jeunes à Alger et Oran. Il souhaiterait, à lire l’agenda de la visite, voir des jeunes artistes ou entrepreneurs. Il entend également rendre hommage à l’Histoire et même visiter la mythique boutique Disco Maghreb dans le centre-ville de la deuxième ville d’Algérie. Dans la littérature de l’Elysée, on parle de «première étape » pour qualifier cette visite de trois jours. Le programme de M.Macron a été validé par son homologue Abdelmadjid Tebboune, affirme-ton, à l’Elysée, qui espère voir cette visite impulser d’autres échanges entre les deux pays et pourquoi pas peut-être donner lieu à une visite d’Etat plus tard. Sur le volet politique, on retiendra une cérémonie d’hommage aux Martyrs de la révolution du 1er novembre 1954 et un entretien en tête à tête avec le Président Tebboune au Palais d’El Mouradia.

    Les deux chefs d’Etat ont beaucoup de thèmes à évoquer ensemble et surtout ils doivent décider ensemble du fil directeur de cette visite en Algérie. Le président français sera accompagné d’une délégation composée de 90 personnes. A ses côtés, plusieurs ministères stratégiques seront présents.
    Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie et des Finances. Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, Catherine Colonna la ministre de l’Europe Affaires étrangères. Rima Abdul Malak, la ministre de la Culture ou encore Patricia Miralles, secrétaire d’État auprès du ministre des Armées, chargée des Anciens combattants et de la Mémoire.

    A voir la composante de la délégation ministérielle, l’on peut deviner les thématiques qui seront abordées et qui concerneront, l’économie, l’énergie et la mémoire notamment. Autant de thèmes, dont les divergences sont connues entre les deux Etats. Il s’agira d’aplanir les différends pour construire une nouvelle trajectoire mutuellement bénéfique.

    Le président français aura dans ses bagages des personnalités impliquées dans les relations entre les deux pays. Des députés français, d’anciens ministres comme Jack Lang ou Jean-Pierre Chevènement feront partie du voyage. Des personnalités médiatiques d’origine algérienne seront aussi du voyage. Le journaliste Rachid Arhab et le chef cuisinier Mohamed Cheikh ont été invités. De nombreux entrepreneurs se joindront aussi au voyage du président français.

    L’Elysée assure avoir voulu surtout privilégier la présence de plusieurs petites et moyennes entreprises plutôt que les grands groupes, qui seront en nombre réduit. Mais il n’en demeure pas moins que des figures majeures de l’économie française feront le déplacement. Ainsi, l’homme d’affaires Xavier Niel à la tête du groupe Iliad ou encore Catherine MacGregor, la directrice générale du groupe énergétique Engie figurent sur la liste des voyageurs. Cela traduit le sérieux et la volonté de Paris de veiller à la réussite de cette visite, dans la perspective de lancer un partenariat sérieux et fécond. Par ailleurs, des moments de recueillement sont programmés au cimetière Saint-Eugène à Alger le deuxième jour de visite.
    Nadera Belkacemi

    Ouest Tribune, 25/08/2022

    #Algérie #France #Macron


  • Macron se rend en Algérie au milieu de liens tendus

    Macron se rend en Algérie au milieu de liens tendus

    France, Emmanuel Macron, Algérie, mémoire, colonisation,

    Le président français sera surveillé pour des faux pas sur le passé colonial de la France lors d’une visite à fort enjeu en Algérie.

    ALGER – Le président français Emmanuel Macron débarquera en Algérie jeudi – sa première visite dans l’ancienne colonie en cinq ans – dans le but d’améliorer les relations tendues avec la nation riche en gaz alors que l’UE lutte pour diversifier les approvisionnements énergétiques loin de la Russie.

    Des questions telles que la sécurité, les liens économiques et l’énergie figurent en bonne place sur l’agenda du président français, mais c’est ce qu’il a à dire sur le passé colonial du pays qui retiendra probablement le plus l’attention. La nation méditerranéenne a fait partie de l’empire colonial français pendant plus d’un siècle jusqu’à ce qu’elle obtienne son indépendance en 1962 à la suite d’une guerre qui a fait un lourd tribut humain et s’est caractérisée par une brutalité sauvage, laissant une marque durable sur la politique et la société françaises.

    Les relations franco-algériennes ont touché le fond l’année dernière à la suite des commentaires de Macron sur l’instrumentalisation présumée par l’Algérie de griefs passés. L’Algérie a retiré son ambassadeur en réponse, bien que les deux nations aient fait des progrès dans le rétablissement des liens depuis.

    L’enjeu est important pour le président français au cours de sa visite de trois jours, car la France vise non seulement à normaliser les relations bilatérales avec l’Algérie, mais également à sauver sa sphère d’influence en Afrique alors que la Russie et la Chine cherchent à renforcer leurs alliances à travers le continent.

    Amis et ennemis semblent avoir supplanté la France en tant que partenaires privilégiés du pays. L’Algérie, l’un des principaux producteurs de gaz au monde, a signé le mois dernier un accord énergétique majeur avec l’Italie et prévoit d’organiser des exercices militaires conjoints en novembre avec son allié de longue date, la Russie.

    La visite se concentrera résolument sur « l’avenir » de la relation, a déclaré l’Elysée lors d’un point de presse mardi, notant plusieurs rencontres à venir avec le président algérien Abdelmadjid Tebboune qui ne sont pas axées sur les différences historiques.

    « Le président a déjà beaucoup travaillé sur les questions [du passé colonial]… Il faut continuer à travailler sur ces questions et le président veut, mais il y a d’autres sujets… il y a l’avenir, la jeunesse, les nouvelles technologies, etc. »

    Signe que le président français est sérieux, la délégation présidentielle comprendra pas moins de six ministres français et plusieurs chefs d’entreprise dont la patronne de l’énergéticien Engie Catherine MacGregor et le milliardaire magnat des télécommunications Xavier Niel.

    Mais les pièges et les occasions de faux pas seront nombreux pour un président français qui aime les rencontres en face à face avec les citoyens ordinaires et n’hésite pas à dire ce qu’il pense.

    Le choix des mots de Macron sur le passé colonial sera également surveillé de près chez lui par les communautés «Pied Noir», descendants des Français rapatriés de la colonie qui ont leurs propres griefs avec l’État français. Macron se rend vendredi dans la ville d’Oran après avoir appelé plus tôt dans l’année à ce que « le massacre » de « des centaines d’Européens, pour la plupart des citoyens français », y soit reconnu.

    « Macron prend un risque. Visiter l’Algérie, une ancienne colonie, est toujours une visite risquée pour un président français, et c’est une année importante, cela fait 60 ans depuis la fin de la guerre d’indépendance de l’Algérie », explique Hasni Abidi, politologue à l’Université de Genève.

    « Macron veut envoyer un message, qu’il veut aller au-delà de l’histoire et ouvrir une nouvelle page dans les relations », a-t-il déclaré.

    Rétablir les liens avec une ancienne colonie
    Les relations entre la France et l’Algérie se sont détériorées l’année dernière lorsque le président français a été cité comme ayant tenu plusieurs propos incendiaires sur l’Algérie dans la presse française. Macron a accusé le « système militaro-politique » algérien de réécrire l’histoire et d’encourager « la haine envers la France ». Il s’est également demandé si l’Algérie existait en tant que nation avant la colonisation française.

    Les commentaires ont exaspéré le régime algérien, qui a rappelé son ambassadeur pendant plusieurs mois.

    Le pays d’Afrique du Nord a obtenu son indépendance de la France à la suite d’une guerre brutale et prolongée de huit ans qui s’est terminée par la signature en mars 1962 des accords d’Evian. Les historiens français disent qu’un demi-million de personnes sont mortes pendant la guerre, dont 400 000 Algériens, tandis que les autorités algériennes disent que 1 500 000 vies ont été perdues.

    En juillet de la même année, 99,72% ont voté pour l’indépendance lors d’un référendum et l’Algérie a finalement brisé le joug de la domination coloniale française – mais les souvenirs de l’occupation de 132 ans continuent de jeter un nuage sur les relations franco-algériennes.

    Macron devra faire face à un examen minutieux de ces questions après que ses commentaires ont déclenché ce qu’Amar Mohand-Amer, historien d’un centre de recherche à Oran, a qualifié de « crise grave ». À l’époque, Macron était accusé de flatter l’électorat d’extrême droite avant l’élection présidentielle de 2022.

    « Ce qu’il dit sera observé de près… Je pense qu’il fera une déclaration sur le passé colonial pour mettre fin aux fluctuations avec l’Algérie. Et puis il arrêtera de parler de ces problèmes.

    Lors de son premier mandat, le président français a commencé avec un important capital politique en Algérie. Lors de la campagne pour l’élection présidentielle de 2017, Macron a qualifié la colonisation de l’Algérie par la France de « crime contre l’humanité ».

    En tant que premier président français né après la guerre d’indépendance de l’Algérie, Macron a fait plusieurs déclarations audacieuses et, bien qu’il ait refusé de présenter des excuses officielles, il a pris des mesures pour aborder le passé colonial de la France, comme la déclassification des archives de l’État et la commémoration des victimes de la guerre.

    Mais il reste à voir si les Algériens ordinaires se montreront à nouveau favorables à Macron lors de sa visite.

    « Beaucoup d’Algériens n’aiment pas la volte-face de Macron. Nous avons accueilli le candidat Macron qui a été courageux et a déclaré que la colonisation était un crime contre l’humanité », a déclaré Mohand-Amer.

    « Mais cinq ans plus tard, il dit que la France coloniale a créé la nation algérienne. Son ambiguïté offense les gens », a-t-il déclaré.

    Les gouvernements français et algérien ont fait peu de progrès dans la résolution des conflits historiques non résolus. L’éminent historien d’origine algérienne Benjamin Stora a été chargé en 2020 par le gouvernement français de rédiger un rapport sur la colonisation, mais ses recommandations ont été largement ignorées par l’Algérie.

    « Aucune des recommandations n’a été mise en œuvre [du côté algérien], qu’il s’agisse de lancer des échanges de jeunes, de travailler sur des cimetières de guerre, il n’y a eu aucune réponse », a déclaré l’historien français Pierre Vermeren à l’Université de la Sorbonne.

    « Il ne peut pas y avoir de coopération franco-algérienne sur le passé, si l’une des deux parties ne veut pas y participer », a-t-il déclaré.

    Alors que Macron a fait peu de progrès pour résoudre les différends historiques avec les Algériens, il a cependant provoqué l’indignation du Rassemblement national d’extrême droite français, avec une figure rejetant le rapport Stora comme « une guerre mémorielle contre les familles françaises ».

    La sphère d’influence de la France se rétrécit

    Malgré l’absence d’avancées sur les dossiers historiques, l’Elysée voit désormais des signes d’un tournant dans les relations avec le gouvernement algérien.

    Les avions militaires français sont à nouveau autorisés à voler dans l’espace aérien algérien après avoir été interdits l’année dernière, une décision qui aide les opérations militaires alors que la France conclut son opération anti-islamiste au Sahel. Un désaccord de longue date sur la réadmission des immigrants illégaux en Algérie semble également trouver une solution.

    Selon le politologue Hasni Abidi, l’invasion russe de l’Ukraine a changé les perspectives non seulement pour la France qui cherche à diversifier les fournisseurs d’énergie de l’UE, mais aussi pour l’Algérie.

    « L’Algérie a compris qu’elle ne veut pas rester en marge et apparaître comme faisant partie de l’axe russe, elle veut travailler avec le camp occidental », a déclaré Abidi.

    « Le gaz et le pétrole sont le pain et le beurre de l’Algérie. Il a vu comment la Russie a été ostracisée par la communauté internationale et il veut rester crédible », a-t-il ajouté.

    L’Algérie est déjà un fournisseur de gaz de la France, et alors que l’Elysée a averti qu’ »aucun accord révolutionnaire » ne serait annoncé pendant le voyage, l’augmentation des livraisons de gaz vers l’Europe pour compenser la baisse des livraisons russes sera au centre du voyage selon plusieurs observateurs.

    « Il est clair que l’Algérie est devenue plus importante sur le front énergétique [pour la France]. Mais les Italiens sont arrivés les premiers, la crise ukrainienne était déjà grave en novembre de l’année dernière et ils ont entamé des négociations », a déclaré l’expert en énergie Francis Ghilès du centre de recherche CIDOB à Barcelone, faisant référence à un accord de 4 milliards d’euros signé le mois dernier entre l’Algérie et Italie.

    « Mais en regardant au-delà de la crise ukrainienne, il y a des pans entiers du territoire qui sont inexplorés ou qui pourraient être réexplorés », a-t-il déclaré.

    Au-delà des questions épineuses de la coopération gazière et sécuritaire au Sahel, l’influence culturelle de la France est également en jeu. En juillet, le président algérien a annoncé que les écoles primaires commenceraient à enseigner l’anglais aux élèves, une décision qui pourrait signaler un abandon du français, une langue encore utilisée dans l’administration. Les élites algériennes frustrées sont détournées de la France pour des questions de visa et préfèrent souvent des destinations telles que la Turquie ou les États du Golfe.

    « Mais tout n’est pas perdu pour la France. L’Algérie a montré qu’elle pouvait diversifier ses partenaires, et je pense que le message a été entendu haut et fort à Paris », a déclaré Abidi.

    Il y a des cartes dans la main de Macron – une histoire commune, une communauté franco-algérienne forte, une coopération militaire – s’il peut bien les jouer.

    America Hernandez a contribué au reportage.

    Politico, 25/08/2022

    #Algérie #France #Macron

  • Macron pourrait avoir du mal à séduire les leaders algériens

    Macron pourrait avoir du mal à séduire les leaders algériens

    France, Emmanuel Macron, visite, Algérie,

    Par Lamine Chikhi et Michel Rose

    -Macron en voyage de trois jours à Alger, le premier depuis 2017
    -Les relations franco-algériennes s’assombrissent après les commentaires de -Macron l’année dernière
    -Macron cherche une nouvelle page


    ALGER/PARIS, 24 août (Reuters) – Le président français Emmanuel Macron espère que son voyage de trois jours en Algérie à partir de jeudi mettra fin à une dispute diplomatique et lui permettra de développer ses relations avec les jeunes Algériens, mais les dirigeants du pays nord-africain pourraient s’avérer difficiles à Surmonter.

    Le président Abdelmadjid Tebboune veut des engagements d’investissement solides – qui semblent peu susceptibles d’être annoncés cette semaine – et que Macron expie les commentaires qu’il a faits l’année dernière sur l’histoire de l’Algérie et son élite dirigeante.

    Pour la France, de meilleures relations avec son ancienne colonie sont de plus en plus importantes car une pénurie d’énergie due à la guerre de la Russie en Ukraine a augmenté la demande de gaz nord-africain et en raison de la migration croissante à travers la Méditerranée.

    L’Algérie, quant à elle, veut profiter des prix élevés de l’énergie pour décrocher de gros contrats et projets d’investissement, comme elle l’a déjà fait avec l’Italie et la Turquie, bloquant des revenus qui l’aideront à surmonter les années de vaches maigres à venir.

    « L’Algérie veut des relations économiques solides et un partenariat sérieux », a déclaré un responsable algérien sous couvert d’anonymat.

    La délégation de Macron comprendra les dirigeants de la société d’hydrocarbures Engie et de la société de technologie Free, mais il n’y aura pas de grands contrats commerciaux, a déclaré l’Elysée.

    Lors de la dernière visite de Macron en Algérie en 2017, il a été chaleureusement accueilli par de jeunes Algériens désireux de contraster sa jeunesse avec la vieillesse de leurs propres dirigeants et ravis d’avoir qualifié la domination coloniale française là-bas de « crime contre l’humanité ».

    « On n’oubliera pas ce qu’il a dit lorsqu’on l’a interrogé sur la guerre d’Algérie », a déclaré mercredi Nourreddine Ayoub dans une rue d’Alger.

    Macron semble désireux de s’appuyer sur cette bonne volonté cette semaine, avec une visite prévue pour commémorer les « martyrs » algériens de l’indépendance de la France, et dans un spectacle de breakdance et une boutique célèbre pour son rôle dans la musique pop nord-africaine « Rai ».

    « Le président a choisi de se concentrer sur l’avenir lors de cette visite », a déclaré un conseiller de Macron.

    CRITIQUE

    Mais le désir de longue date de Macron de s’éloigner du vilain héritage de la domination coloniale française en Algérie, et sa frustration face à ce qu’il considère comme l’obsession des autorités algériennes à son égard, ont provoqué une grande brèche l’année dernière qui pourrait éclipser son voyage.

    Dans des commentaires sur la campagne électorale, il a suggéré que l’identité nationale de l’Algérie s’était forgée sous la domination française et que les dirigeants du pays avaient réécrit l’histoire de la lutte pour l’indépendance basée sur la haine de la France.

    Cela a conduit les dirigeants algériens à retirer leur ambassadeur pour consultations et à fermer leur espace aérien aux avions français, ce qui complique les voies de transport de la mission militaire française au Sahel.

    La musique d’ambiance à Alger suggère que Tebboune et ses alliés militaires pourraient encore être ennuyés. Les médias d’État – dont le ton reflète souvent la pensée officielle – ont publié des articles critiques à l’égard de la France à l’approche de la visite de Macron.

    Un rapport de l’agence de presse officielle cette semaine a cité des organisations algériennes exigeant que Macron cesse d’héberger des groupes en France qu’ils considèrent comme hostiles à l’Algérie et soutenus par son principal rival régional, le Maroc.

    Pendant ce temps, les politiciens conservateurs ont exprimé leur agacement face à la décision de Macron d’amener l’évêque d’Alger et le grand rabbin de France visiter un cimetière de l’époque coloniale pour les non-musulmans.

    Abderazak Makri, un chef de l’opposition, a déclaré que cette décision semblait viser à encourager l’Algérie à normaliser ses relations avec Israël.

    « Les positions de l’Algérie sont bien connues. Elles ne changeront pas… La France est un Etat laïc. Nous ne savons pas pourquoi un homme religieux est dans la délégation », a déclaré le responsable algérien.

    Reuters

    #Algérie #France #Macron

  • L’histoire torturée de la France des non-excuses à l’Algérie

    L’histoire torturée de la France des non-excuses à l’Algérie

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    En ce qui concerne l’Algérie, il semble que désolé soit vraiment le mot le plus difficile à prononcer pour le gouvernement français – alors qu’Emmanuel Macron se rend à Alger, nous jetons un coup d’œil à l’histoire compliquée de son voyage.

    L’Algérie, pays d’Afrique du Nord, a été envahie et colonisée par la France en 1830 et est restée sous contrôle colonial – souvent brutal – jusqu’en 1962.

    Il a finalement obtenu son indépendance après une guerre brutale au cours de laquelle, selon les historiens français, un demi-million de civils et de combattants sont morts – dont 400 000 algériens – tandis que les autorités algériennes disent que 1,5 million ont été tués.

    Il a fallu près de 40 ans à la France pour reconnaître officiellement que « les événements d’Afrique du Nord » constituaient une guerre et même 60 ans sur le sujet reste exceptionnellement difficile et controversé en France.

    Anciens présidents

    Valéry Giscard d’Estaing a été le premier président français à se rendre en Algérie indépendante en avril 1975, et son successeur François Mitterrand a déclaré, lors d’une visite en novembre 1981, « la France et l’Algérie sont capables de surmonter le traumatisme du passé ».

    Nicolas Sarkozy a reconnu lors de sa présidence 2007-2012 que le « système colonial était profondément injuste ».

    Le président François Hollande l’a qualifié de « brutal » et est devenu en 2016 le premier président français à commémorer la fin de la guerre, suscitant de virulentes critiques de la part de ses opposants de droite.

    Macron, lors de sa campagne électorale de 2017, a également exaspéré la droite en qualifiant la colonisation de l’Algérie de « crime contre l’humanité ».

    Macron

    Premier président français né après la guerre, Macron est sans aucun doute le dirigeant français qui s’est le plus approché des excuses, bien qu’il s’arrête toujours avant le « désolé » crucial, a-t-il déclaré, il est temps que la France « regarde notre passé en face ». ”.

    Lors de sa première visite officielle en Algérie après son élection, il s’est dit venu en « ami » et « prêt » à voir son pays restituer les crânes des résistants algériens tués dans les années 1850, actuellement détenus à Paris.

    En 2018, Macron a reconnu que Maurice Audin, un mathématicien et communiste qui a soutenu la lutte de l’Algérie pour l’autonomie, était « mort sous la torture résultant du système mis en place alors que l’Algérie faisait partie de la France », et a demandé pardon à la veuve d’Audin.

    En janvier 2021, l’historien Benjamin Stora recommandait dans un rapport, commandé par Macron, sur l’héritage colonial la création d’une « commission mémoire et vérité ».

    Macron a déclaré qu’il ferait des « gestes symboliques » pour tenter de réconcilier les deux pays, mais a exclu des excuses officielles de l’État.

    En mars de la même année, il a reconnu que l’avocat algérien Ali Boumendjel avait été torturé à mort par l’armée française en 1957, ce que les autorités françaises avaient longtemps nié.

    Et en septembre, il a lancé un appel au pardon pour les « Harkis », des Algériens qui ont combattu pour les Français pendant la guerre d’indépendance, dont beaucoup ont ensuite été exécutés ou torturés en Algérie et en octobre, il a qualifié de « crime inexcusable » le massacre de 1961 des dizaines de manifestants algériens à Paris par la police française.

    En décembre, la France a annoncé qu’elle ouvrirait les dossiers classifiés de la police de la guerre d’Algérie 15 ans plus tôt que prévu.

    Le 26 janvier 2022, Macron a également reconnu que l’assassinat de civils non armés par des soldats français à Alger en 1962 était un acte « impardonnable », tout en reconnaissant un deuxième massacre à Oran la même année.

    Le 8 février, il est devenu le premier président français à rendre hommage à neuf personnes qui ont perdu la vie dans la station de métro Charonne à Paris il y a 60 ans lors d’une manifestation pacifique contre la guerre violemment réprimée par la police.

    Ses gestes, bien que fréquemment condamnés pour ne pas aller assez loin, ont également suscité la fureur de l’extrême droite, en particulier du Rassemblement national dont le fondateur Jean-Marie Le Pen a servi comme parachutiste dans la guerre d’Algérie.

    De nouvelles tensions

    En octobre dernier, l’Algérie a rappelé son ambassadeur à Paris pendant trois mois après que Macron a accusé le « système politico-militaire » algérien de réécrire l’histoire et de fomenter « la haine envers la France » dans des propos adressés aux descendants de combattants indépendantistes.

    La dernière visite de Macron en Algérie, prévue du 25 au 27 août, a été présentée comme une tentative d’améliorer les liens tendus entre Paris et Alger.

    Le désir de Macron de réparer complètement les relations survient alors que l’Algérie émerge comme un fournisseur de gaz alternatif clé pour l’Union européenne après l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

    Les nations européennes cherchent à mettre fin à leur dépendance vis-à-vis des hydrocarbures russes, donnant à l’Algérie – avec ses pipelines vers l’Espagne et l’Italie – un poids et une importance renouvelés.

    The local, 24/08/2022

    #Algérie #France #Macron

  • Scrutant la « visite de bonne volonté » de Macron en Algérie

    Scrutant la « visite de bonne volonté » de Macron en Algérie

    France, Emmanuel Macron, Algérie, visite,

    Les relations diplomatiques entre l’Algérie et la France sont passées de froides à glaciales l’année dernière à cause des commentaires controversés de l’Élysée, des tensions sur la facilitation des visas et des différends non résolus liés à l’histoire commune de la guerre.

    Au moment où certains des alliés européens de Paris, qui se bousculent pour remplacer les combustibles fossiles russes avant ce qui promet d’être un hiver froid, se tournent vers Alger pour leurs besoins énergétiques, le président français Emmanuel Macron entamera une « visite de bonne volonté » de trois jours ” jeudi au pays d’Afrique du Nord.

    Macron et le président algérien Abdelmadjid Tebboune ont confirmé que la visite visait à « approfondir les relations bilatérales, renforcer la coopération franco-algérienne sur les conflits régionaux et favoriser la réconciliation historique ».

    Le voyage devrait servir de « premier pas vers la réconciliation », a confié à EURACTIV une source proche du dossier, qualifiant l’événement de « visite de bonne volonté ».

    Les tensions diplomatiques se sont intensifiées à la fin de l’année dernière avec les commentaires de Macron lors d’un dîner avec des descendants de vétérans de la guerre d’indépendance algérienne.

    «Existait-il une nation algérienne avant la colonisation française ? C’est la question », aurait déclaré le président français.

    En octobre 2021, Macron a également annoncé une réduction de 50 % des visas accordés aux Algériens. Selon les autorités françaises, l’Algérie n’a pas coopéré pour ramener les migrants illégaux qui avaient traversé la Méditerranée vers la France.

    La dispute s’est intensifiée à Alger rappelant son ambassadeur de Paris et interdisant les avions militaires français de son espace aérien.

    Initialement, en raison de son voyage en Algérie pour les célébrations de l’indépendance de cette année début juillet, Macron a dû se retirer pour éviter d’éventuels affrontements.

    Pendant ce temps, à la suite de la décision de l’Europe de couper les liens énergétiques avec Moscou suite à la guerre de la Russie en Ukraine, les pays européens se bousculent pour de nouvelles sources d’énergie.

    En juillet, l’ancien Premier ministre italien Mario Draghi a négocié une augmentation de la fourniture de gaz algérien de quatre milliards de mètres cubes à l’Italie , alors que l’Europe vise à réduire sa dépendance au gaz russe.

    Pourtant, EURACTIV comprend qu’il n’y aura pas d’annonce officielle sur l’énergie, bien que Catherine MacGregor, PDG du fournisseur d’énergie Engie, soit présente.

    Néanmoins, le renforcement des liens économiques et énergétiques est à l’ordre du jour, la France étant le deuxième partenaire commercial de l’Algérie, fournissant 10,6% de toutes les importations algériennes, derrière la Chine (16,8%).

    La France est également le principal client de l’Algérie pour le pétrole brut, avec 1,15 milliard de dollars en 2020, selon l’Observatoire de la complexité économique.

    Le ministre de l’Economie Bruno Le Maire devrait faire partie du voyage, ainsi qu’un groupe d’entrepreneurs français, dont le magnat des télécommunications Xavier Niel.

    Efforts diplomatiques et sécuritaires

    Le ministre français de l’Intérieur Gérald Darmanin devrait négocier un accord avec ses homologues algériens pour résoudre les tensions diplomatiques actuelles.

    Macron et Tebboune sont susceptibles de discuter d’un accord militaire entre la Russie et l’Algérie et des risques posés par la présence militaire russe en Méditerranée.

    Les différends entre les deux pays sont beaucoup plus profonds sur l’interprétation commune de la guerre d’indépendance algérienne entre 1954 et 1962, et surtout sur l’absence, jusqu’à très récemment, de reconnaissance officielle par les Français des « Harkis », ressortissants algériens qui ont servi d’auxiliaires à Forces françaises pendant la guerre.

    Enfin, les négociations devraient reprendre pour convenir d’un processus de reconnaissance et de réhabilitation des victimes des essais nucléaires français dans le désert du Sahara algérien entre 1960 et 1965.

    Euractiv, 24/08/2022

    #Algérie #France #Macron

  • Macron en Algérie: Energie et relations postcoloniales

    Macron en Algérie: Energie et relations postcoloniales

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    Le président français Emmanuel Macron se rend jeudi en Algérie pour tenter d’apaiser les tensions diplomatiques avec un fournisseur de gaz de plus en plus important de l’Europe à la suite de l’invasion de l’Ukraine.

    Plus de 60 ans après l’amère guerre d’indépendance de l’Algérie, les relations franco-algériennes sont toujours marquées par le ressentiment de l’ère coloniale. Paris a régné sur le territoire nord-africain pendant plus de 130 ans.

    Mais ils ont été particulièrement orageux ces derniers temps, après que Macron aurait remis en question l’existence de l’Algérie avant l’occupation française et accusé le gouvernement d’Alger de fomenter « la haine envers la France ».

    Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a retiré l’ambassadeur de son pays à Paris en octobre dernier en réponse à ces propos, et interdit les avions militaires français de son espace aérien.

    Les assistants de Macron estiment que les deux parties ont évolué, notant la reprise de relations diplomatiques normales et les survols vers les bases de l’armée française dans la région du Sahel au sud de l’Algérie.

    Diplomatie du gaz

    La querelle diplomatique de l’année dernière a pris fin lorsque le bureau de Macron a publié une déclaration disant qu’il « regrettait » les malentendus causés par ses propos.

    Bien que les propos aient été tenus à huis clos, ils ont été rapportés par le journal Le Monde .

    Le ministre français des affaires étrangères de l’époque, Jean-Yves Le Drian, a également été dépêché à Alger pour adoucir les liens avec Tebboune.

    Le désir de Macron de réparer complètement les relations survient alors que l’Algérie émerge comme un fournisseur de gaz alternatif clé pour l’Union européenne après l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

    Les nations européennes cherchent à mettre fin à leur dépendance vis-à-vis des hydrocarbures russes, donnant à l’Algérie – avec ses pipelines vers l’Espagne et l’Italie – un poids et une importance renouvelés.

    Selon l’économiste algérien Abderrahmane Mebtoul, « le président français va certainement demander à l’Algérie de faire un effort pour essayer d’augmenter sa production de gaz ».

    Une délégation controversée

    Cependant, le palais de l’Elysée a mis en garde contre les attentes selon lesquelles un accord majeur pourrait être conclu dans le sens de celui annoncé par le Premier ministre italien Mario Draghi lors de sa visite à Alger en juillet.

    La cheffe du groupe énergétique français Engie , Catherine MacGregor, fera partie de la délégation française de haut niveau accompagnant Macron, comprenant les ministres de la Défense, des Affaires étrangères et de l’Economie.

    Accompagnant également le chef de l’Etat français, le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz, ainsi que le grand rabbin de France Haïm Korsia , d’origine algérienne.

    L’inclusion de Korsia dans la délégation a suscité l’ire de certains commentateurs – dont le chef des Frères musulmans , Abderrazak Makri – qui affirment que sa présence sera utilisée pour exercer davantage de pression sur l’Algérie afin qu’elle normalise ses relations avec Israël.

    Aucune excuse
    Macron doit passer trois jours en Algérie, visiter la capitale Alger puis la deuxième plus grande ville d’Oran, où il s’arrêtera dans un magasin de disques et assistera à un spectacle de breakdance.

    Le président de 44 ans s’est rendu pour la dernière fois en Algérie en décembre 2017, peu après son arrivée au pouvoir.

    Lors de son entrée en fonction, Macron a fait une série de gestes visant à panser les blessures du passé des deux côtés de la Méditerranée, mais aurait été frustré par la réaction de l’Algérie.

    Il a exclu de faire l’apologie du colonialisme, sujet très sensible en France.

    Les historiens français disent qu’un demi-million de civils et de combattants sont morts pendant la sanglante guerre d’indépendance de l’Algérie – dont 400 000 algériens – tandis que les autorités algériennes disent que 1,5 million ont été tués.

    Pendant ce temps, des groupes de défense des droits algériens ont exhorté Macron à ne pas négliger les violations des droits humains par le gouvernement qui est arrivé au pouvoir lorsque le dirigeant de longue date Abdelaziz Bouteflika a démissionné en 2019 après deux décennies au pouvoir.

    Tebboune, Premier ministre sous Bouteflika, a réprimé le mouvement d’opposition Hirak qui a forcé son prédécesseur à démissionner.

    RFI, 24/08/2022

    #France #Macron #Algérie #Mémoire

  • Les enjeux au coeur de la visite de Macron en Algérie

    Les enjeux au coeur de la visite de Macron en Algérie

    Algérie, France, Emmanuel Macron, gaz, visas, mémoire, Maroc, Sahara Occidental,

    Question mémorielle, guerre en Ukraine et gaz algérien, visas, sécurité au Sahel… et sortir des brouilles du premier quinquennat: la visite à venir d’Emmanuel Macron en Algérie est lourde d’enjeux.

    LA DIFFICILE ÉQUATION MÉMORIELLE

    Emmanuel Macron, premier président français né après la guerre d’Algérie (1954-1962), n’a eu de cesse, depuis son élection en 2017, de tenter de normaliser les relations entre les deux peuples.

    Encore candidat, il avait frappé les esprits en qualifiant la colonisation de « crime contre l’humanité », et a multiplié depuis les gestes mémoriels.

    Mais l’Algérie n’a pas embrayé sur ce travail de mémoire et a déploré que le président français n’exprime pas de « repentance » pour les 132 ans de colonisation française.

    Après des mois de tensions, Emmanuel Macron a reproché au pouvoir algérien d’exploiter la « rente mémorielle » de la guerre d’indépendance pour entretenir sa légitimité et s’est interrogé sur l’existence d’une nation algérienne avant la colonisation.

    Cette question pèse lourd aussi en politique intérieure des deux côtés de la Méditerranée. Sept millions de Français sont liés d’une manière ou d’une autre à l’Algérie.

    « Parmi ses conseillers, parmi les forces politiques sur lesquelles (Emmanuel Macron) s’appuie ou dont il espère un soutien plus ou moins tacite, il y a des points de vue différents », relevait dimanche sur France Info l’historien Gilles Manceron, pointant une « forte nostalgie coloniale » à l’extrême droite mais aussi « dans une partie de la droite française ».

    LE GAZ, CARTE MAÎTRESSE POUR L’ALGÉRIE

    Depuis le début de la guerre en Ukraine, l’Algérie -un des dix premiers producteurs mondiaux de gaz- est devenu un interlocuteur très convoité par des Européens soucieux de réduire leur dépendance au gaz russe.

    « Le président français va certainement demander à l’Algérie de faire un effort pour essayer d’accroître ses productions de gaz », anticipe l’économiste algérien Abderahmane Mebtoul.

    Mais « si les Français en veulent plus, il faut qu’ils investissent » dans l’industrie gazière et les énergies renouvelables en Algérie, selon lui.

    L’Algérie est devenue ces derniers mois le premier fournisseur en gaz de l’Italie, via le gazoduc Transmed qui passe par la Tunisie.

    DES RELATIONS ÉCONOMIQUES À LA PEINE

    La France est à la peine économiquement en Algérie où, avec environ 10% des parts de marché, elle est désormais supplantée par la Chine (16%), premier fournisseur du pays.

    Suez a perdu la gestion des eaux d’Alger, la RATP celle du métro et Aéroports de Paris celle de l’aéroport de la capitale.

    L’usine du groupe automobile Renault est aussi entravée par des quotas étatiques de pièces importées.

    « Il y a beaucoup de possibilités mais il faut que la France change de logiciel. La France a beaucoup perdu en Afrique », note Abderahmane Mebtoul.

    LES VISAS, « NERF DE LA GUERRE »

    Paris a réduit de 50% le nombre de visas accordés à l’Algérie – comme au Maroc – pour mettre la pression sur des gouvernements jugés trop peu coopératifs dans la réadmission de leurs ressortissants expulsés de France.

    « La réduction du nombre de visas a des effets importants en Algérie. Cela crée une pression sur le pouvoir algérien », souligne Xavier Driencourt, ancien ambassadeur de France en Algérie.

    Les deux capitales veulent « avancer » sur ce sujet, relève toutefois l’Élysée, en soulignant que depuis mars 2022, les autorités algériennes ont délivré « 300 laissez-passer (pour des retours), contre 17 sur la même période en 2021 et 91 en 2020 ».

    MAROC ET SAHARA OCCIDENTAL

    La visite du président Macron risque de susciter des crispations, sinon des critiques au Maroc, grand rival régional de l’Algérie et dont les relations avec Paris se sont refroidies.

    « Il y a toujours une compétition entre l’Algérie et le Maroc.(Avec cette visite), l’Algérie veut marquer des points », estime Xavier Driencourt.

    A l’inverse, Rabat attend de la France qu’elle manifeste plus « clairement » son soutien au plan d’autonomie marocain pour régler le conflit du Sahara occidental.

    L’Algérie, qui soutient les indépendantistes sahraouis du Front Polisario, a de son côté rompu ses relations diplomatiques avec le Maroc en août 2021.

    ENJEUX SÉCURITAIRES RÉGIONAUX

    « Le président Macron sait que sans la collaboration d’Alger, il est très difficile d’enregistrer la moindre percée dans les dossiers du Sahel et la Libye », relève Hasni Abidi, directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen à Genève.

    L’Algérie revendique un rôle important au Mali, dont l’armée française vient de se retirer, et entretient « d’excellentes relations » avec la junte militaire au pouvoir à Bamako, poursuit l’expert, en notant aussi les « relations importantes » d’Alger avec Niamey et d’autres capitales africaines.

    DROITS DE L’HOMME

    Les ONG dénoncent le tour de vis du régime, qui a étouffé le mouvement de contestation populaire du Hirak à l’origine de la chute du président Abdelaziz Bouteflika en 2019.

    Une douzaine d’organisations de la diaspora algérienne ont exhorté Emmanuel Macron à « ne pas occulter » le sujet des droits et libertés lors de sa visite.

    Malgré des libérations ces derniers mois, environ 250 personnes sont encore détenues dans des prisons algériennes pour des délits d’opinion, selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD).

    Source : Connaissance des énergies, 24/08/2022

    #Algérie #France #Macron #Maroc #Sahara_Occidental #Gaz #Mémoire #Visas

  • Le message subliminal du roi du Maroc adressé à la France

    Le message subliminal du roi du Maroc adressé à la France

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    Dans son discours du 20 août, le roi Mohammed VI s’est adressé aux « alliés » et aux « partenaires du Maroc » en vue de leur demander de se positionner « sans équivoque » en faveur de la « marocanité » du Sahara Occidental. Il l’a fait avec un ton menaçant.

    La France est le principal allié du Maroc dans le dossier du Sahara Occidental et le message du roi coïncide avec la visite du président Macron en Algérie. Le souverain marocain, craint-il un revirement concernant le soutien de Paris à l’occupation du Sahara Occidental par le royaume alaouite? Des craintes alimentés par un gel polaire qui caractérise les relations franco-marocaines depuis qu’Emmmanuel Macron a découvert que Rabat écoutait toutes ses communications téléphoniques. Un scandale qui risque d’enterrer le souhait du Maroc de voir la France se positionner sur le Plan d’autonomie au Sahara risque de demeurer dans le stade de rêve lointain, tant le besoin français d’une amitié avec l’Algérie, avec tout ce que cela aura comme conséquences, s’inscrit sous le sceau de l’urgence.

    Donc, tout semble indiquer que ces propos étaient tous destinés à tomber dans l’oreille de Macron à un moment où il s’apprête à se rendre en Algérie avec l’intention de projeter une nouvelle vision des relations avec l’Algérie et l’Afrique dans une tentative de sauver ce qui reste de l’empire français dans le continent noir. Officiellement, pour le président français, l’ambition exprimée est de se donner une nouvelle chance et de se permettre « une nouvelle page d’avenir » dans les relations franco-algériennes, comme annoncé lors de son premier déplacement à Alger, en décembre 2017.

    Le ton agacé du roi du Maroc n’a pas échappé aux commentataires. Agacement largement alimenté par la montée fulgurante de l’Algérie en tant que puissance énergétique. Le ballet diplomatique à Alger en dit long et le dossier du gaz promet de se placer en bonne position dans les conversations entre Tebboune et Macron.

    #Maroc #France #Sahara_Occidental #Algérie #Macron

  • Algérie-France : De nouveaux horizons

    Algérie-France : De nouveaux horizons

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    Tous les signes concordent pour souligner que la visite du président français, Emmanuel Macron en Algérie prévue à partir de jeudi est un indice probant quant à l’amélioration des relations entre l’Algérie et la France dans le climat de sérénité souhaitable. Les contacts réguliers entre les deux chefs d’Etat Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron, sont les témoins de ce nouveau rapprochement qui ouvre le chemin à davantage de relations bilatérales avec optimisme susceptible de conditionner Alger et Paris à développer une entente durable et une coopération dans tous les domaines.

    Cette visite, s’annonce, en effet, sous de bons auspices tant elle nourrit l’espoir d’un nouveau jalon dans les relations entre les deux pays, de manière à répondre aux attentes des deux Etats et aux exigences de l’environnement régional et international.

    En effet, après une courte brouille diplomatique entre les deux pays, cette visite peut constituer le prélude à une nouvelle marque du cours des relations entre les deux pays portant l’empreinte de l’ambition que nourrissent les deux chefs d’Etat pour une coopération et un partenariat véritablement stratégique. Une volonté politique partagée des deux côtés avec comme objectif l’amorce d’une nouvelle créativité , des horizons prometteurs, de larges complémentarités et de convergence sur les questions régionales et internationales, dans une dynamique d’équilibre des intérêts dans la quête de la paix, de la sécurité et de la prospérité ; donc une visite susceptible de tirer vers le haut, les relations entre l’Algérie et la France, à travers une densité de dossiers sensibles, d’analyses et une proximité des visions, qui ne peuvent que favoriser les relations bilatérales et une efficacité accrue des démarches régionales et internationales.

    A cet égard, la place centrale de l’Algérie dans l’espace maghrébin et méditerranéen et par rapport aux ensembles africain et arabe, son action persévérante dans le processus de revitalisation de la paix et de la sécurité sont quelques-uns, des indicateurs de son rôle dans le présent contexte régional et international. A la faveur de cette visite, la France dispose d’atouts certains qui lui confèrent, effectivement, une position privilégiée dans les relations économiques de l’Algérie. Il lui appartient de s’en servir pour donner corps à l’exemplarité surtout que Tebboune et Macron déclarent vouloir donner à la coopération entre les deux pays une stratégie nouvelle. Dans cet esprit, l’Algérie au titre de son programme de relance économique s’attelle à créer le climat et les garanties nécessaires susceptibles d’encourager les opérateurs économiques étrangers à venir y réaliser des investissements.

    Le moment est propice pour les deux parties à convenir de la possibilité d’étendre les relations dans tous les domaines, et de décider de passer à l’action, de manière concertée et méthodique, pour bâtir un partenariat diversifié, mutuellement bénéfique et durable. Il convient de rappeler que l’économie nationale connaît un développement important et de grandes mutations se sont opérées au sein de la société depuis 2020, dans le cadre du passage d’une économie dirigée et centralisée à une économie libre, basée sur le principe de la liberté d’initiative et de la concurrence loyale. Et par conséquent, l’adaptation du système législatif aux exigences de l’économie de marché en vue d’encourager le secteur privé et drainer l’investissement étranger pour relancer l’économie nationale et réduire la dépendance vis-à-vis des hydrocarbures, ressource non renouvelable, et ce faisant, œuvrer à créer une richesse nationale basée sur des ressources diversifiées à même de garantir le progrès et la prospérité.

    Dans le monde d’aujourd’hui, qui est en perpétuelle mutation, il est de l’intérêt de l’Algérie et de la France de renouer à l’établissement d’une relation exemplaire et d’œuvrer à impulser, toujours davantage, la coopération bilatérale. Beaucoup de choses peuvent être réalisées, mais beaucoup reste à faire. A cet égard, les discussions entre Tebboune et Macron devront évaluer les expériences antérieures et apporter les correctifs nécessaires afin de faire mieux et plus.
    B. C.

    Lemaghreb.dz, 23/08/2022

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    #Algérie #France #Macron

  • La France, ses lobbies et la géopolitique

    La France, ses lobbies et la géopolitique

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    Emmanuel Macron est attendu jeudi prochain en Algérie. Il faut s’en réjouir pour la simple raison que le développement des relations de l’Algérie avec le reste du monde est vital pour le pays. Il est diplomatiquement improductif de s’isoler. L’Algérie est un pays respecté dans le concert des nations parce qu’elle entretient des relations suivies avec la totalité des pays de la planète à l’exception du Maroc et d’Israël pour d’évidentes raisons qui ont trait au caractère colonialiste et belliqueux de ces deux régimes. Ils perpétuent l’apartheid et cela est intolérable.

    Cette précision faite sur la vision de l’Algérie à l’internationale, on peut qualifier la visite du président français d’ordinaire, en tout cas du même niveau que celle du chef de l’Etat italien ou turc. Ces deux pays entretiennent d’excellentes relations avec l’Algérie et affichent une sérieuse volonté de les développer au mieux des intérêts de tous. La visite d’Emmanuel Macron s’inscrit dans cette logique de parfaire un partenariat aujourd’hui en souffrance, à cause de «petites phrases» insupportables dans la bouche d’un Président de la France. Mais comme il a été souligné plus haut, l’Algérie sait faire la part des choses et ne résonne pas selon un schéma «ordurier » qu’illustre parfaitement le Makhzen marocain qui s’en prend à Paris à cause du séjour algérien du président français.

    Cela étant dit, on peut se poser la question de savoir, les chances qu’a le partenariat algéro- français de «fleurir» dans le contexte géopolitique particulier de ces derniers mois. Il est clair, pour répondre à cette question, que du côté algérien, il n’existe aucune entrave particulière. Le pays qui a diversifié ses partenaires n’est pas dans une attitude de refus vis à vis de la France. La seule condition est dans le principe du gagnant-gagnant. Il n’y a aucun mal à ce qu’un pays exige un transfert de savoir-faire ou une colocalisation efficace et efficiente.

    Seulement voilà, l’on comprend dans l’attitude de certains décideurs français une volonté de maintenir le rapport entre les deux pays dans la case du vendeur-acheteur. En d’autres termes, au sein du système politicoéconomique français, il existe des forces qui travaillent à saborder un partenariat digne de ce nom entre les deux pays. Ils ont réalisé une alliance objective avec les lobbies d’extrême droite hostile à tout rapprochement entre Alger et Paris. Cette alliance dispose de puissants relais au sein de l’Etat et de l’appareil médiatique de l’Hexagone. Ils ont déjà montré leur férocité en parvenant à faire dire au président Macron des inepties sur l’Algérie. Il est clair qu’en ce moment même, ils fourbissent leurs armes et passeront à l’offensive. Réussiront-ils à stopper la dynamique, malgré une nouvelle réalité géopolitique qui condamne la France à les éliminer pour entrer enfin dans le 21e siècle ?

    Par Nabil G.

    Ouest tribune, 23/08/2022

    #France #Macron #Algérie #Maroc