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  • La fin annoncée de l’hégémonie occidentale

    Tags : Ukraine, Russie, Chine, Etats-Unis, Europe, France, Emmanuel Macron, munitions,

    par Djamel Labidi

    En quelques mois, depuis le début de la guerre en Ukraine, le monde a changé. Certes, les changements se sont accumulés lentement, avant qu’ils n’apparaissent d’un seul coup, sous les coups de boutoir donnés par la Russie à l’ancien ordre mondial et l’hégémonie occidentale.

    Quoi qu’il arrive, qu’on soit d’accord ou non avec l’action de la Russie en Ukraine, le monde ne sera plus jamais le même. Tous les camps en présence sont d’accord pour le reconnaitre, les dirigeants du monde occidental comme ceux du reste du monde.

    L’Occident est nu

    A la faveur de la guerre en Ukraine, les peuples du monde découvrent, éberlués, que l’Occident est, militairement, nu. Il n’a pas suffisamment d’armes à donner au régime ukrainien. Il n’a pas de stocks de munitions légères ou lourdes à opposer à une Russie disposant d’une puissante industrie de guerre et qui produit massivement ces munitions ainsi que des armements très variés. C’est le général français Thierry Bukhard qui mettait en garde, récemment, le 26 février, dans une interview à l »hebdomadaire français «Le journal du dimanche», contre la pénurie de munitions dans les pays occidentaux. Le Financial Times rapporte, lui, que les stocks d’armes de l’armée allemande seraient suffisants pour quelques jours seulement tandis que le chef d’État-major allemand, lui, déclare tout simplement qu’il n’a pas d’armée. Une grande partie des chars «Léopard» sont en panne, faute de maintenance. C’est le cas aussi pour ceux achetés par les pays européens.

    En fait, toutes les armées européennes sont en dénuement et incapables de faire face à une guerre de haute intensité. Cela explique en partie, à côté de la crainte de l’escalade, les atermoiements dans la fourniture d’armes à l’Ukraine. Le président Macron et ses prédécesseurs ont essayé de masquer, à travers des déclarations contradictoires, la pénurie d’armes françaises dès qu’il a fallu se priver, dans la douleur, au profit de l’Ukraine des canons et chars, en nombre réduit, possédés par la France.

    Même les États-Unis peinent à approvisionner les forces armées ukrainiennes en munitions. Ils sont allés jusqu’à demander à Israël et à la Corée du Sud de leur en fournir à partir de leur stocks d’armes américaines, tout en accusant les Russes de se fournir en Corée du Nord. Faites ce que je dis et ne faites pas ce que je fais.

    Les pays occidentaux n’ont plus le même statut militaire. Aujourd’hui, par exemple, lorsqu’une délégation du ministère de la défense du Royaume Uni arrive en Algérie, comme récemment, l’évènement est désormais anodin et passe pratiquement inaperçu. Et lorsque des délégations militaires vont en France, se réunir avec leurs vis-à-vis, parions qu’elles doivent s’apercevoir que l’armée française n’a pas grand-chose à offrir pour affronter une guerre de haute intensité. Les temps ont bien changé.

    Le déclin de l’hégémonie économique

    Non l’Occident n’est plus le même. Sur le plan économique, La Chine concurrence les États Unis à la première place de l’économie mondiale. Si l’on évalue leur PIB réciproque en dollars nominatifs, la Chine est encore deuxième, mais si on l’évalue en parité de pouvoir d’achat (PAP), elle est déjà loin devant les États Unis. Les pays constituant actuellement le BRICS représenteront, en 2030, 50% du PIB mondial sans parler de ceux qui les rejoindront.

    Actuellement, la propagande occidentale essaye de se rassurer en disant que la Russie a un PIB de l’ordre de celui de l’Espagne, mais comment alors expliquer sa puissance militaire considérable et qu’elle puisse affronter l’ensemble des États occidentaux . Il faut prendre en compte ici encore l’économie réelle et la production des richesses matérielles. D’ailleurs, en terme de PIB par parité de pouvoir d’achat, la Russie est la sixième puissance économique mondiale. Dans ce nouvel ordre qui se dessine, les nouvelles perspectives de coopération avec et entre le reste du monde, l’Inde, la Chine, la Russie, le Brésil, l’Iran, l’Asie, l’Afrique, l’Amérique latine semblent désormais sans limites. Le dollar commence à perdre sa suprématie et avec lui la dictature du système financier occidental.

    Les États- Unis disent que la guerre en Ukraine a soudé l’Europe et l’OTAN. C’est faux. C’est exactement le contraire, du moins à moyen et à long terme. La vérité est que cette guerre a révélé et renforcé la domination totale des États-Unis sur l’Europe, l’écrasement de celle-ci par une puissance extra-européenne.. Elle a montré une Europe soumise à la prédominance des intérêts américains. C’est aussi un des éléments significatifs de la fin, en perspective, de l’hégémonie occidentale. Que les États-Unis en arrivent à détruire, comme le monde entier les en soupçonne, le gazoduc Nord Stream, pour mettre définitivement fin à l’alimentation en énergie par ce gazoduc de l’Allemagne l’un de leurs principaux alliés, puis qu’ils imposent à leur allié des coûts prohibitifs de l’énergie, qu’ils affaiblissent ainsi, sans état d’âme, son économie, et celle d’autres États européens, au seul profit de la leur , cela ne peut durablement être supporté et ne peut que laisser des traces. C’est là l’un des aspects du désarroi et de l’irresponsabilité des dirigeants américains dans un contexte de fin de leur règne sans partage. Si leur responsabilité se confirme, ils auraient ainsi commis un acte d’une gravité extrême, un acte de sabotage, un acte de terrorisme international. Il est étonnant de ne pas le voir assez souligné en Occident, et en premier lieu par les dirigeants allemands. Auraient-ils peur des américains ? Les américains ont ouvert ainsi la boite de Pandore, au risque d’ une situation de chaos généralisé, où chacun s’estimerait en droit alors de détruire les gazoducs et oléoducs, les câbles sous-marins de l’adversaire, câbles de téléphone, câbles de communications internet, autoroutes de l’information. C’est semble-t-il, avec le danger d’une guerre nucléaire, l’évènement le plus préoccupant pour l’avenir.

    Les medias

    Un signe des plus manifestes du déclin de l’hégémonie occidentale est la dégradation de l’éthique de la communication et de l’information dans bien des medias occidentaux. L’évolution avait commencé dans les décennies précédentes, en même temps que les États -Unis affirmaient leur domination sans partage sur le monde. Avec le conflit ukrainien, elle s’est terriblement aggravée.

    L’information n’est plus que de la propagande. Et la propagande est brutale, grossière, caricaturale, sans nuances, et surtout terriblement agressive. Des animateurs de plateau de télévision, des éditorialistes, des journalistes, vous donneront sans sourciller, pour les pertes russes, des chiffres tellement énormes qu’ils supposeraient la disparition de l’armée russe. On martèle que «Poutine ment», sans dire sur quoi et quand il n’a pas fait ce qu’il a dit, On relancera avec soin, régulièrement, le thème du jugement de Poutine alors qu’on sait bien que cela n’a pas de sens. Mais l’essentiel n’est pas là, il s’agit de le dévaloriser et avec lui la Russie, en cherchant à inférioriser le pays en sous entendant qu’il est susceptible d’être vaincu et soumis, comme l’Occident l’a fait pour d’autres pays.

    Des chiffres astronomiques sont avancés pour la fortune personnelle de Poutine, sans qu’on avance la moindre preuve à part quelques vidéos bizarres sur les propriétés présumées du président Poutine, genre dépliants papier glacé d’hôtel. Seul le commentaire en Off dit que ceci lui appartient. Mais que diable ferait-il d’une fortune dont il ne peut jouir vu sa visibilité, ses responsabilités écrasantes et sa présence sur tous les fronts. Comme par hasard, les chiffres de sa fortune avancés sont aux alentours de 300 milliards de dollars, exactement le montant des fonds étatiques russes gelés par les États Unis et d’autres pays européens et qu’ils voudraient bien s’approprier, et dont l’Union européenne et le président Zelenski réclament à cor et à cri l’attribution à l’Ukraine «pour sa reconstruction».

    On s’en souvient, les mêmes techniques et les mêmes thèmes avaient été utilisés contre les président Saddam et Kadhafi. Malgré la différence de dimension et de puissance de l’adversaire, cette fois ci la Russie, on les recycle. Inconscience du rapport de forces, délire, ou bien volonté de diminuer l’adversaire ? Tout cela a une allure de déjà vu, de déjà entendu. De la même manière, les États-Unis et leurs alliés martelaient que Saddam et Kadhafi mentaient quand ils avaient accepté les conditions de l’ONU et que les partisans de l’intervention craignaient que cela empêche celle-ci. De la même manière, le thème de leur mise en jugement était évoqué sans cesse. De la même manière des chiffres astronomiques de leur fortune personnelle étaient donnés et qui là aussi correspondaient étrangement aux fonds des États irakien et libyen gelés aux États-Unis et ailleurs en Occident. Aussi donc, lorsqu’à propos de l’Ukraine, les peuples du monde rappellent à l’Occident ces conflits, ils ne s’écartent pas du sujet comme le leur disent, avec agacement, les dirigeants occidentaux. Les peuples ne se trompent pas. Ils indiquent simplement que le passé explique le présent, et qu’il y a, là, la continuité d’un même conflit, celui que mène l’Occident pour maintenir son hégémonie mondiale.

    Les pires horreurs

    Sur les plateaux les pires horreurs sont dites sur la Russie, sans aucun frein. Des journalistes parleront, impavides, de 200 000 à 700 000 enfants ukrainiens déportés en Russie, d’enfants «de quatre ans ! «violés. La seule chose qui n’aura pas été dite (encore ?) est que les russes sont… cannibales.

    Les plateaux de télévision occidentaux sont devenus des endroits où on bavarde, où on fabule. La cohérence, la logique, la vraisemblabilité importent peu, l’imagination est sans limite, on se trouve devant une information dans son ensemble toute entière complotiste. Mais il y a parfois des couacs, des moments où brusquement la vérité surgit, bien involontairement. C’est ce général français, le général Nicolas Richoux qui s’écrie, agacé par certaines réserves que fait, aux États-Unis, le parti Républicain sur le financement de la guerre en Ukraine: «L’armée américaine est en train de se payer l’armée russe pour 5% de son budget ( 40 milliards de dollars sur 800 milliards, NB), quand même ! Qui pourrait être contre un résultat pareil aux États-Unis ! ( Chaine d’information LCI, 7 janvier 2023 )

    Pour expliquer la grande popularité de Poutine auprès de son peuple, toute l’intelligentsia organique occidentale, universitaires, éditorialistes, analystes civils et militaires liés d’évidence à des officines et autres services, viennent dire qu’il s’agit de l’esprit de soumission des russes, des caractéristiques de l’âme slave. Les «exilés politiques» russes, dont chaque plateau veut avoir un représentant, sont priés de confirmer. Ils le font avec empressement. Ils en rajoutent même. Ici, comme ailleurs, tout au long de siècles d’hégémonie, l’Occident a toujours produit ce type d’élites occidentalistes et la haine de soi qu’elles portent. C’est bien la preuve que l’idéologie occidentale a fonctionné partout comme une idéologie dominante. Mais pourquoi ne pas considérer tout simplement que Poutine exprime la volonté de son peuple et que la confiance mise en lui vient de ce qu’il a redressé la Russie après la terrible crise causée par l’effondrement de l’URSS.

    «Le mensonge vrai»

    Les américains continuent de diffuser dans tout l’Occident leurs nouvelles techniques de l’information, celles de la théorie du «mensonge vrai» (1), en vertu de laquelle on considère que «le mensonge peut être utile», quand il peut prévenir un évènement néfaste. C’est ainsi que la Chine a été accusée d’avoir «l’intention «( soulignons le mot) de fournir des armes à la Russie et que les États Unis se sont dits «convaincus» (soulignons là aussi le mot ) que la Chine fournit des informations satellitaires à Wagner. En fonction de ces conceptions d’une vérité virtuelle ou potentielle, les conclusions , les prévisions d’une simple analyse, ou de simples hypothèses pourraient être considérées comme une information puisqu’elles «pourraient avoir lieu». Écoutez attentivement la propagande, et vous verrez qu’elle est, pour sa plus grande partie, construite sur ce modèle.

    Où est le temps des grands organes d’informations occidentaux qui servaient de référence pour leur objectivité des faits, même en temps de guerre. Ils diffusaient l’influence occidentale chez des élites occidentalisées séduites par une liberté de ton et une qualité de débats qui existaient peu dans leur pays.

    Sur la question de l’information, l’Occident, et surtout les américains, font une erreur stratégique: celle que les medias peuvent tout, et qu’il s’agit simplement de s’emparer de l’esprit des peuples. En cela, ils se trompent. Les faits sont têtus. On ne peut fabriquer l’opinion, et encore moins contre les propres intérêts d’une nation. L’opinion du reste du monde sur l’Occident en est la preuve. Elle est hostile à l’Occident malgré l’effort considérable de la propagande occidentale en sa direction. Si dans les pays occidentaux, cette propagande a un impact c’est que beaucoup, dans la population, croient encore trouver leurs intérêts, un bénéfice et des privilèges sur les autre peuples à travers l’hégémonie occidentale. Mais même là, beaucoup, de plus en plus nombreux, pensent que les médias mentent et l’information alternative s’est réfugiée dans les réseaux sociaux.

    Le désarroi

    En fait l’Occident est en plein désarroi. Il s’est isolé, ou plus exactement il continue, aveugle, à s’isoler du reste du monde. Même les termes que désormais ‘il emploie, font transparaitre cet isolement. Il ne parle plus, ou bien rarement, de communauté internationale. Il ne se voit plus le monde. L’Occident est de plus en plus seul. L’Occident se réunit avec l’Occident, et il s’applaudit lui-même. La dernière tournée du président Zelensky aux parlements des États-Unis, du Royaume Uni, à Bruxelles, au parlement européen, en est l’image saisissante. On se pressait pour prendre une photo avec le président Zelensky, on applaudissait frénétiquement le toréador, le gladiateur, pendant qu’Ukrainiens et Russes s’entretuaient à Bakhmut.

    L’Occident se recroqueville de plus en plus sur lui-même, sans qu’il s’en aperçoive d’ailleurs. . Il n’associe plus d’autres pays du monde à son destin. Quand il parle de lui, il dit carrément l’Occident, et même parfois simplement l’OTAN. Il fait bien la séparation entre lui et les autres nations du monde. Il dit crument défendre ses intérêts. Il ajoute parfois, comme le font les dirigeants ukrainiens, le «monde civilisé», pour bien le distinguer «des barbares», surenchère de néophytes.

    L’Occident est inquiet

    Aujourd’hui l’Occident est inquiet. Il guette chaque jour le moindre signe de divergence ou d’éloignement entre la Chine et la Russie, ou bien de révolte dans ces pays. Il abat…des ballons météorologiques.

    On est loin de la grande époque d’un Occident confiant en lui-même, sûr de lui, de la grande époque de l’idéologie occidentale , où l’Occident se pensait le monde, où il se réclamait de la liberté, de la démocratie, du libéralisme, où il était convaincu du pouvoir des valeurs qu’il proclamait de résoudre tous les problèmes humains.

    Il a fait aujourd’hui, tomber lui-même ses propres totems. Il s’est attaqué au principe sacro-saint de la propriété privée en volant l’argent qu’avaient confié à ses banques des États souverains et en confisquant les biens de personnes pour la seule raison qu’ils sont citoyens d’un pays étranger avec lequel ils déclarent pourtant qu’ils ne sont pas belligérants. Il s’est attaqué lui-même à sa règle sacro-sainte de la «concurrence libre et loyale», la foulant cyniquement aux pieds au gré de ses intérêts. Il s’est attaqué ainsi au principe de la liberté d’expression et de la concurrence en matière d’information, en interdisant, dès le début de la guerre en Ukraine, les moyens alternatifs d’information, et notamment les medias russes, alors qu’il disposait naguère de la réputation que» lui n’agissait pas comme les États totalitaires». Il songe même à encadrer les réseaux sociaux. Il s’est attaqué au principe de la liberté des échanges commerciaux et économiques, en se donnant le droit souverain, en dehors de toute décision de droit international, de sanctionner économiquement des pays et des peuples, d’interdire ports et aéroports à leurs navires et leurs avions,. Bref, il a renié lui-même toutes les valeurs qu’il a dit vouloir répandre dans le monde, et au nom desquelles il justifiait ses interventions armées.

    Un autre des signe de déclin est que l’Occident ne produit plus de grands dirigeants. Des chefs d’État ou de gouvernement comme Joe Biden, Emmanuel Macron, Olaf Scholz, Boris Johnson, Mme Liz Truss, etc. .n’ont d’évidence pas la stature d’un Xi Jining, d’un Vladimir Poutine, d’un Narendra Modi ou d’un Erdogan, quel que soit le sentiment qu’on peut avoir les concernant. En Ukraine c’est un comédien qui a été jugé le plus apte à tenir ce rôle de chef d’État.

    Les élites dirigeantes de l’Occident sont en panne d’un projet universaliste, d’une vision nouvelle de l’avenir du monde. Cette vision se trouve désormais dans le camp adverse, celle d’un monde débarrassé de toute forme d’hégémonie, d’un monde libéré de la dictature du dollar et du chantage aux sanctions économiques, un monde de nations égales en droits, où la souveraineté est la garantie du respect réciproque ainsi que de la liberté des citoyens, bref un monde ou la démocratie internationale permet l »essor de la démocratie nationale.

    Les références occidentales incessantes à la démocratie, à la liberté, aux droit de l’homme apparaissent désormais comme des slogans creux, peu crédibles, un disque rayé que le monde non occidental accueille avec un regard à la fois poli et dubitatif. Elle ne font plus recette sauf dans des minorités occidentalistes qui subsistent çà et là. L’Occident a beau choyé ces élites, en médiatiser les représentants intellectuels les plus fidèles, elle n’ont plus d’autre fonction que de le rassurer, en l’aveuglant ainsi sur les nouvelles réalités du monde.

    Un autre symptôme d’un Occident frileux, qui se ferme sur lui-même, est cette peur panique de l’émigration. On est loin de cet Occident serein qui demandait en 1975 à Helsinki la fin du «rideau de fer», l’ouverture des frontières et la libre circulation des hommes. On est loin aussi de la période où les Bush pouvaient rassembler 35 États, au nom de la démocratie, pour attaquer l’Irak.

    On vit d’évidence aujourd’hui une période de mutation historique profonde, peut être la plus grande qui soit survenu dans la période moderne. Ces périodes de mutation, de transformation sont les plus dangereuses. La fin de l’hégémonie de l’Occident ne serait que justice. Elle serait bénéfique, pour tous, y compris les peuples occidentaux dont les rapports se normaliseraient avec les autres peuples.

    Mais il ne faut pas trop se réjouir pour l’instant de cette évolution historique. L’Histoire nous a appris combien les forces en déclin sont dangereuses car elles le perçoivent comme un drame, comme leur fin. L’ humanité pourra-t-elle réussir ce tournant sans sombrer dans une confrontation mondiale? Pour le monde actuel, du moins pour les dirigeants les plus conscients, toutes les questions de la géopolitique se résument, à celle-là: Être ou ne pas être.

    (1) La nouvelle guerre de l’information ou «la vérité si je mens» par Djamel Labidi

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    #Occident #Etats_Unis #Russie #Chine #Ukraine

  • Tournée de Macron, un mélange de Tintin au Congo et d’OSS 117 en Afrique

    Tags : France, Afrique, Françafrique, Emmanuel Macron, Congo, Gabon, Angola,

    Le président de la République est rentré dimanche à Paris apr`s quatre jours en Afrique Centrale et c’est maintenant l’heure du bilan.

    Au Gabon, sous prétexte d’un sommet sur la forêt boycottée par la société civile et les ONG. Le président n’a fait que renforcer Ali Bongo, coeur battant de la Françafrique, à la veille d’une élection présidentielle.

    Au Congo Brazzaville, il s’affiche tout sourire avec Denis Sassou Nguesso, président militaire et responsable d’une guerre civile ayant entraîné le massacre de milliers d’opposants.

    Il passera ensuite en Angola, sans dire un mot de l’immense projet de total énergie, qui a déjà conduit à l’expropriation de plus de 100.000 paysans.

    Puis, pour clore cette magnifique tournée, il s’est rendu samedi en République Démocratique du Congo. Et là, ce fut le clou du spectacle. Incapable de dénoncer le financement de la milice M23 par le Rwanda, le président a cru bon d’insulter, le président a cru bon d’insulter Félix Tschisekedi, puis s’est embourbé dans un discours aux relents colonialistes qui a profondément choqué son homologue et lensemble du plus grand pays francophone au monde.

    Finalement, cette tournée d’Emmanuel Macron c’est un peu un mélange de Tintin au Congo et d’OSS 117 en Afrique. Alors comment s’étonner ensuite que l’influence russe s’étende depuis des années sur le continent africain, où le sentiment anti-français ne fait que croître? Que beaucoup de ces Etats refusent de s’engager à nos côtés dans le soutien à l’Ukraine qui après qui après notre échec en Libye et au Sahel, de grands pays comme le Mali ou le Burkina Faso nous demande de fermer nos casernes militaires?

    Chers collègues, croyez-vous vraiment que ces Etats sont aveugles à la différence de traitement dans l’accueil des réfugiés venus d’Ukraine face à ceux venus d’Afrique ou du Moyen Orient? Ou encore, ainsi que l’acteur Omar Sy nous l’a récemment rappelé qu’il ne voit pas notre indifférence face au conflit qui ravage le continent? La guerre oubliée du Tigré, qui s’achève à peine, a fait 600.000 morts en Ethiopie et Emmanuel Macron a pourtant reçu Abiy Ahmed, responsables de ces massacres en grande pompe à l’Ellyséem le mois dernier.

    Il est temps d’en finir avec ce double standard en matière de droits humains et de démocratie en Afrique. L’empire français, c’est terminé. C’est maintenant avec les diasporas, la société civile et surtout la jeunesse, que de nouvelles coopérations doivent se construire à égalité.

    Alors, Mme la Ministre, vous qui êtes une diplomate aguerrie, ma question est simple. Qu’avez-vous pensé de cette tournée du professeur Macron en Afrique? Je vous remercie, je vous remercie.

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    #France #Afrique #Françafrique #Macron #Gabon #Angola #Congo

  • La tournée africaine du président français : dépasser le verbe !

    Tags : France, Afrique, Françafrique, Emmanuel Macron, Russie, Chine,

    Archange Bissue Bi-Nze
    Institut des sciences politiques Louvain-Europe

    Le 27 février dernier, lors de son discours sur la politique africaine, le président français affirma que « la France devient le bouc émissaire idéal », responsable des situations de troubles et des problèmes de gouvernance interne dans ses anciennes colonies. Il s’engagea à ne pas laisser une telle perception évoluer. De même, Emmanuel Macron soulignait qu’il ne souhaite pas participer à un défi de puissance en Afrique, « une compétition […] anachronique » selon lui. Or, en examinant sa récente tournée africaine, le masque tombe. L’établissement d’une « nouvelle relation équilibrée, réciproque et responsable » n’est qu’une vue de l’esprit, qui enveloppe la volonté de dynamiser les relations franco-africaines. C’est dans cette perspective qu’il faut inscrire cette deuxième tournée africaine (depuis sa réélection), effectuée du 1er au 5 mars au Gabon, en Angola, au Congo-Brazzaville et au Congo-Kinshasa. Quels enseignements en tirer ?

    Nier la fragilisation des relations franco-africaines 

    Dans La France en Afrique. Le combat des Anciens et des Modernes, Yves Gounin avançait que « le complexe franco-africain est aujourd’hui en crise […] il se fissure à partir de 1994 ». En effet, le génocide rwandais entacha la crédibilité de la coopération franco-africaine. Les changements intervenus en France en 1997, n’ont pas considérablement impacté le comportement à géométrie variable, des implications françaises dans la politique intérieure des pays africains. Pendant les dix-sept premières années de ce siècle, nous avons observé une dégradation continue des relations entre la France et ses ex colonies. L’Élysée n’a pas considéré les sonnettes d’alarme venant d’Afrique. Les présidents qui se succédèrent agirent sans prendre en compte les signes d’essoufflements de cette coopération.

    Devenu président en 2017, Emmanuel Macron trouve les rapports franco-africains dans un état de fragilité abyssale. Par où commencer ? Difficile de le dire, le constat est alarmant. Il faut saisir et/ou créer des opportunités politiques. Le ‘‘One Forest Summit’’ à Libreville en est une. Lors de son séjour au Gabon, le président français dira : « Nous venons à Libreville pour une initiative internationale, pour la biodiversité ». La visite s’est-elle limitée à cet aspect, sachant que le Gabon est l’un des « bons élèves » de la France dans son pré carré en Afrique centrale au même titre que la République du Congo ?

    Il n’est pas prétentieux d’y voir une manœuvre de séduction politique, accompagnée de garanties du soutien français pour le régime gabonais et celui du Congo-Brazzaville, comme elle le fait au Tchad et en Côte d’Ivoire. Si la politique est devenue un spectacle dit Christian Delporte (Une histoire de la séduction politique), la séduction politique a pour but de créer un lien de « domination redoutable » à l’endroit de la personne (physique et/ou morale) séduite. Elle permet de renforcer la relation existante au bénéfice du séducteur, ici la France. Cependant, le président Macron est conscient des critiques des Africains contre son pays.

    Macron devant la notoriété perdue de la France en Afrique

    Macron a connaissance du sentiment anti-français en Afrique. Ce sentiment s’est construit au fil du temps, dû aux décisions controversées d’interventions françaises, du soutien officiel et/ou officieux de Paris dans les situations de déstabilisation internes de certains États africains, etc. De l’Afrique de l’Ouest en Afrique centrale, l’ex puissance coloniale est désavouée. La France devient un acteur dont la présence est indésirable et l’action perçue négativement. Si le Burkina Faso, le Mali, la RCA sont régulièrement cités, ils ne sont pas les seuls pays où les autorités et l’opinion publique rechignent la France.

    Lors de la visite d’Emmanuel Macron en République Démocratique du Congo (RDC), le président Félix Tshiseke questionna son homologue français en ces termes : « pourquoi l’ancien Ministre des Affaires étrangères français, Jacques Yves le Drian, avait pu dire que mon élection fut un compromis pour l’Afrique ? » ; « pourquoi la France ne condamne pas l’agression du Rwanda ? ». Par ces interrogations, le président congolais pointait du doigt à la France. Ce qui entraîna une accusation réciproque, dans la mesure où Macron avança que la RDC ne doit pas « chercher des coupables à l’extérieur », si elle n’a « jamais été capable de restaurer souveraineté » depuis 1994.

    On constate dans les propos de ces présidents, que l’élégance du langage diplomatique empruntant le plus souvent, l’euphémisme et la litote, disparaît peu à peu des échanges officiels. La rhétorique diplomatique se transforme en langue de bois. Dans ce langage, les acteurs choisissent les mots avec une intentionnalité précise (vexer, terrifier, etc.). Si le président français considère l’Angola comme un « partenaire stratégique », le Gabon comme un État « en situation de leadership » environnemental, le Congo-Brazzaville comme un partenaire sûr, le durcissement du langage en RDC met en exergue une perte de notoriété française en Afrique.

    À titre d’illustration, Emmanuel Macron croyant que son pays a des relations amicales avec le Maroc, Jeune Afrique dans sa publication du 1er mars, laissait entendre que « les relations ne sont ni amicales ni bonnes, pas plus entre les deux gouvernements qu’entre le Palais royal et l’Élysée ». L’image avantageuse de la France dans ses rapports avec les pays africains s’est effritée, il est temps de la retrouver et de mobiliser l’ensemble des forces pour y parvenir.

    Le défi macronien face à la présence russe

    La période 2010-2021 fut considérée comme « le temps de la reconquête » par Thomas Borrel et al. dans L’empire qui ne veut pas mourir. Une histoire de la Françafrique. Si l’on évoque la reconquête, c’est qu’il eut soit une stagnation des relations franco-africaines, soit une perte d’influence française en Afrique. Dans la présentation de sa politique africaine, Macron fait ressortir insidieusement, le défi que représente la Russie qui voudrait pousser la France dans une compétition de puissance. Elle y est arrivée, les faits le montrent. D’où une volonté de reconquête française qui résulte de la notoriété russe montante en Afrique. Le relatif désengagement français n’a pas été une perspective bénéfique pour la France. Aujourd’hui, elle en paie les frais.

    C’est pourquoi, pour dynamiser son engagement et sa présence en Afrique, la France estime que tous les pays africains et tous les secteurs d’activités sont essentiels. En Angola, outre le partenariat économique, Macron permit à la société française Airbus de signer un contrat, afin d’aider ce pays à se doter de son premier satellite. En outre, il souhaite que la France et le Congo-Brazzaville s’engagent sur les questions « mémorielles, historiques et culturelles ». Mesurant l’influence de l’univers musical en RDC, Macron et Fally Ipupa ont partagé un verre dans un bistrot de Kinshasa. La reconquête passe aussi par la séduction des cœurs par personne interposée, mieux en se servant des Africains ayant une influence sur les populations, le cas des artistes.

    Somme toute, la tournée africaine du président français a semblé inopportune et fut mal reçue dans l’opinion publique des quatre pays visités. Il est trop tôt pour croire à un partenariat nouveau France-Afrique. La position de l’Élysée est attendue face aux changements constitutionnels, qui auraient lieu cette année dans certains États africains. Seuls les faits comptent et non les discours.

    Cette chronique est réalisée en partenariat rédactionnel avec la revue Recherches internationales à laquelle collaborent de nombreux universitaires ou chercheurs et qui a pour champ d’analyse les grandes questions qui bouleversent le monde aujourd’hui, les enjeux de la mondialisation, les luttes de solidarité qui se nouent et apparaissent de plus en plus indissociables de ce qui se passe dans chaque pays.

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    #France #Afrique #Macron #Gabon #Congo #Angola #Russie #Chine

  • Macron en Afrique: Tintineries et barbouzes

    Tags : Afrique, France, Emmanuel Macron, Gabon, Congo, Angola, Françafrique,

    Par Amar DJERRAD

    Dans le sillage des bourdes récurrentes de la politique française en Afrique et tout récemment de cette funeste action de barbouzerie relative à l’exfiltration d’une algéro-française dans laquelle sont impliqués deux ambassadeurs et un colonel des ‘‘services’’ français mettant l’Algérie et la Tunisie dans une situation de conflit avec le gouvernement français, le Président français E. Macron – à la veille d’une tournée diplomatique en Afrique qualifiée de cruciale – a cru bon, mais sur le tard, s’expliquer d’une façon pour le moins ambiguë.

    Explication et banalisation de l’acte d’exfiltration

    Selon lui, « Il y a une polémique sur le retour en France d’une franco-algérienne depuis la Tunisie avec beaucoup de choses qui ont été racontées et un discours qui s’est construit. Je pense qu’il y a beaucoup de gens qui ont intérêt à ce que ce qu’on fait depuis des années avec l’Algérie ne réussisse pas … je vais continuer. Ce n’est pas le premier coup de grisou. J’en ai déjà eu » (victime de sa doxa ?). En se gardant d’identifier clairement ceux qui sapent le travail, il dit compter « sur l’amitié et l’engagement du président Abdelmadjid Tebboune pour aller de l’avant ».

    « Polémique » « racontées » « s’est construit » « coup de grisou » ne sont pas les termes adéquats pour qualifier une exfiltration par des méthodes de barbouzes ! Il s’agit d’une grave action que condamne le droit international qu’un pays dit des « droits de l’homme » ne doit jamais laisser passer par seulement des commentaires équivoques, car il est question d’une atteinte à l’intégrité et à la souveraineté de deux pays voisins avec lesquels la France est liée par des relations dans plusieurs domaines.

    M. Macron semble banaliser l’acte abject d’exfiltration ! À notre sens, cela s’apparente à un enfumage pour surpasser le sentiment de honte surtout que sa tournée en Afrique a pour objectif de convaincre de sa « nouvelle relation » avec le continent après avoir exposé, depuis Paris, sa « stratégie africaine pour les quatre ans à venir ». Avec plus de 80 ans de néocolonialisme, de pillage, d’ingérence et de coups d’État, il lui sera difficile de regagner une quelconque confiance suite à cette salauderie qui ne peut être exécutée sans l’approbation des hautes autorités de l’État français ! Que peut donc bien faire le président algérien face à un acte agressif que l’opinion algérienne (et tunisienne) n’admettra jamais. Deux pays respectueux qui n’ont jamais provoqué la France.

    Le moindre reflexe positif, devant ce genre de bévue, aurait été, au moins, de prendre des sanctions et d’instruire les médias publics (en particulier visuels) à dire la vérité au lieu de les instrumentaliser pour encore fustiger ces deux pays victimes en faisant défiler sur les plateaux de leur TV des « opposants aux régimes » espérant faire admettre la validité et la licéité de leurs agissements condamnables par le droit et la morale !

    Deux pantins ‘requis’ à charge contre deux pays

    C’est ainsi que l’on a vu, Mme Bouraoui ressortissante algérienne, gynécologue travestie en politicarde d’occasion – l’exfiltrée depuis la Tunisie alors que sa présence physique sur le territoire national est prescrite par la justice algérienne – devenir l’invitée privilégiée, pour déverser ses insanités sur l’Algérie, ses gouvernants et ses institutions après avoir été présentée comme opposante au « régime », activiste lors du hirak avec son organisation « barakat » (ça suffit) prônant le « regime change » dans le cadre de la stratégie ‘‘printaniste’’ !

    Mme Bouraoui n’a fait en fait que confirmer sa soumission au service des intérêts français ; qu’elle est leur produit « grillé », elle, la ‘patriote’ qui ne cessait de vociférer avec ses ouailles de « barakat », lors des multiples pseudos hirak, des slogans révolutionnaires pour le bien du peuple et surtout pour imposer « phase de transition » inconstitutionnelle suggérée depuis l’étranger ! Citoyenne Algérienne bien publicisée par la presse mainstream française lorsqu’elle faisait de la subversion lors du hirak, elle devient subitement citoyenne française après son exfiltration !

    L’autre invité choisi, pour cette occasion, est Moncef Marzouki l’ex chef d’État de Tunisie désigné, un ami des ‘‘frères musulmans’’, surnommé le « tartour » (pantin) par les Tunisiens. Son intervention était de charger le président élu Kaïs Saïed le qualifiant de « putschiste », d’être responsable d’un « ensemble de catastrophes politiques, économiques, et diplomatiques », de couper la Tunisie de « son milieu africain », d’avoir créé un « division entre Tunis et Rabat », d’avoir ramené la Tunisie « trente ans en arrière ». On retient entre autres de ses livres, « On gagne…ou on gagne. Pour un printemps arabe ».

    Son hostilité à l’Algérie est bien visible par ses positions pro makhzen sur la fermeture des frontières et le blocage par l’Algérie de « l’Union Maghrébine ».


    Dans son article intitulé « Sale temps pour le Tartour de Tunis », le professeur Bensaada met à nu ses errances politiques sulfureuses. Dans sa conclusion, il le qualifie de « Droitdelhommiste dévoyé, politicard raté, va-t-en-guerre invétéré, ‘‘islamawiste’’ haineux, ce Don Quichotte en burnous a fini par se battre contre les moulins de son propre pays. Va-t-il finalement en tirer des leçons et s’évaporer dans la nature pour ne plus continuer à polluer tout ce qu’il touche ? »

    Rappelons qu’à la parution du livre du professeur Bensaada « Qui sont ces ténors autoproclamés du Hirak algérien ? », les premiers à avoir réagi de manière violente et sordide est l’organisation islamiste ‘‘Rachad’’ qui produit précipitamment un livre collectif, en réponse, préfacé par… Moncef Marzouki.

    Au-delà de ces deux ‘‘invités’’ : une France inhibée !

    Au-delà des deux ‘‘invités’’, cette action française viole délibérément les règles et usages des relations internationales au détriment d’États souverains. Les planificateurs de cet acte n’ont cure des conséquences prévisibles sur les relations avec l’Algérie, la Tunisie, au même moment où le Président Macron s’évertue à convaincre des pays africains à rester dans l’espace, économique, politique et culturel français en vertu de sa « « nouvelle relation » avec l’Afrique qui est annoncée plus équilibrée et respectueuse des États. Cette grave méprise constitue la preuve éclatante de sa non crédibilité, malgré tous les narratifs et rhétoriques qu’il pourrait leur débiter !

    La France officielle, embastillée dans son arrogance et sa mentalité néocoloniale ne pourra être digne de confiance en restant figée dans les mêmes travers et systèmes de pensées malsains qui ont prévalu durant la colonisation puis le néocolonialisme qui persistent encore sous des formes et concepts plus sournois.

    A voir le tête-à-tête entre les Présidents F. Tshisekedi et E. Macron face à la presse, on s’aperçoit que le fossé est encore assez large pour espérer des relations de confiances et équilibrées (écouter à partir de 2.24.50, jusqu’à 2.46.00).

    La France gagnerait bien plus en confiance et en crédibilité si ses dirigeants défendaient les intérêts de la France au lieu de ceux des USA au détriment des siens !

    Quand les africains voient cette France devenir depuis quelques années une dépendance américaine, voire un faire-valoir, il n’est pas étonnant qu’ils répondent au moins par l’inconsidération.

    Un twitternaute a jugé qu’avec les propos « la France n’a plus de pré carré en Afrique », il aurait pu rajouter « puisque nous sommes dans le pré carré américain ».

    Spéculer sur le fait que de simples annonces flatteuses telles « l’ère de la Françafrique est révolue », « la France interlocuteur neutre » sur le continent, « adoption d’une posture de modestie et d’écoute », « cogestion des bases militaires » suffisent à inverser le sentiment de haine et de rejet des africains à l’égard des anciens colonisateurs puis néo-colonisateurs, c’est soit se bercer d’illusions soit prendre encore les africains pour des idiots ! Les Africains fondent dorénavant leurs opinions sur la réalité. Ils savent mieux que quiconque ce qu’ont été les anciennes puissances coloniales, leur néocolonialisme actuel, leurs ingérences et manigances. Ils savent choisir leurs partenaires et distinguer le bon grain de l’ivraie ! Ce n’est pas le discours thuriféraire de Macron qui fera de la Russie et la Chine des diables et de la France un ange ! Le fait même de se déplacer en Afrique pour leur réitérer, avec culot, des boniments éculés en croyant toujours les convaincre est déjà une attitude arrogante.

    Les réactions hostiles à cette visite viennent essentiellement de France ! « L’arrogance de Macron est la meilleure chose qui soit arrivée à l’Afrique francophone, depuis les indépendances », a lancé un twitternaute.

    « Qui le croit ? » se demande François Asselineau. « Avec arrogance et n’écoutant personne, Macron annonce que sa « stratégie pour l’Afrique » consiste à « adopter une posture plus claire… de modestie et d’écoute ». C’est aussi crédible que Palmade fustigeant les chauffards et s’indignant des ravages de la drogue ».

    Pour Florian Philippot « La tournée de Macron en Afrique est jugée par Florian Philippot de calamiteuse… des choix curieux… et une stratégie étrange…il multiple les gaffes… il est rabroué et humilié en permanence … (surtout en RDC) ». Selon lui « Macron est bien là pour détruire la France et ses intérêts ! Arrêtons-le d’urgence ! ». Il s’adresse aux africains « ne réduisez la France à Macron ».

    D’autres ont vu dans les propos de Macron autre chose : « Macron veut dire, nous avons besoin des pays africains et des DOM-TOM pour continuer à leur prendre leurs richesses naturelles comme le gaz, pétrole, et les minerais précieux… »

    Selon un média africain, les jeunes (Africains), contestent carrément la présence de la France dans leur pays ! « Pour la jeunesse africaine consciente, il ne s’agit ni de réduire les effectifs militaires français ni de cogérer les bases militaires, mais de les fermer purement et simplement et d’envoyer les soldats français en Ukraine dont la population a plus de ressemblance que les Noirs avec celle de France, de demander pardon et de verser des réparations aux descendants d’esclaves d’Afrique pour l’esclavage (4 siècles), la colonisation et le néocolonialisme subis par les Noirs. » (Jean-Claude Djereke, in Cameroon Voice)

    @cinkanse57

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    Une gabonaise face aux présidents Français et Gabonais leur fait cette proposition :« les chefs d’états et de gouvernements c’est à vous et à nous de protéger notre foret ; on ne va pas attendre les occidentaux pour venir le faire »

    Lavrov n’a pas manqué aussi de donner son avis en déclarant « La voix solidaire de l’Afrique dans les affaires mondiales sonne de plus en plus juste, et nous nous félicitons du processus d’émancipation globale des pays du continent. Cela est observable dans le rétrécissement de la sphère d’influence néocoloniale de la France en Afrique centrale et occidentale, ce qui provoque une réaction plutôt nerveuse à Paris ».

    Conclusion


    Il est clair que la France a perdu considérablement de son influence en Afrique devant la concurrence russe et chinoise et aussi turque. La tournée de Macron est d’essayer de rétablir cette influence perdue, mais que l’arrogance et les tartuferies françaises empêchent de percevoir. La France est bien dans le cas des « Caractères » que décrit La Bruyère « A quelques-uns l’arrogance tient lieu de grandeur; l’inhumanité de fermeté; et la fourberie, d’esprit. ».

    Les bonimenteurs manipulent par des discours élogieux pour mieux abrutir et mobiliser. De belles formules et d’habiles manipulations – usant parfois de ce que l’on appelle la psychologie inversée – destinées à cacher les véritables objectifs en particulier celui de la subordination des États !

    Pour ce faire, ils usent de tous les moyens de propagande que mènent des organisations manipulatrices dites « non-gouvernementales » en y mettant les moyens financiers nécessaires pour corrompre. Selon Wikipédia, l’ancien directeur de la CIA, William Colby, déclarait en 1982, dans le Washington Post, à propos du programme de la NED : « Il n’est pas nécessaire de faire appel à des méthodes clandestines. Nombre des programmes qui […] étaient menés en sous-main, peuvent désormais l’être au grand jour, et par voie de conséquence, sans controverse ». En 1991, un des fondateurs de la NED, Allen Weinstein, expliquait au Washington Post que « bien des choses qu’ils [à la NED] faisaient maintenant étaient faites clandestinement par la CIA 25 ans auparavant ».

    Ces ONG bénéficient de financements américains, votés par le Congrès, par le biais de la NED (National Endowment for Democracy), l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) l’International Republican Institute (IRI), le National Democratic Institute for International Affairs (NDI), et la Freedom House (FH). D’autres sont financés par des capitaux privés comme l’Open Society Institute (OSI), fondation de George Soros, et également de multinationales américaines, telles que Chevron, Coca-Cola, Goldman Sachs, Google, Microsoft, etc., ainsi que d’institutions publiques comme la Chambre de commerce des États-Unis. Tous ces organismes sont impliqués dans les « révolutions colorées » que décrit le Dr Ahmed Bensaada dans son « Arabesque$: Enquête sur le rôle des USA dans les révoltes arabes ».

    Bien que la France en soit elle-même victime des pressions américaines par le biais de ces « ONG », elle trouve le culot d’user, médiocrement, des mêmes méthodes pour imposer sa politique nuisible en Afrique. Cependant, ses réseaux pour « exporter » sa « démocratie », ses « droits de l’homme » et ses « libertés » ne sont pas assez élaborés que ceux des USA, eux-mêmes non-consistant et en perte de vitesse.

    – La France officielle doit, à notre sens, se débarrasser de ses psychoses qui l’empêchent de discerner le réel de l’irréel, la réflexion de l’émotionnel ; se dégager de sa vision chauvine et manichéenne dans sa politique extérieure globale et africaine en particulier ; sortir de ses rêveries et de son complexe de supériorité paralysant ; rompre avec ses mensonges, manipulations et propagande que sa presse aux ordres perroquetant leurs maitres ; revenir à l’ordre international basé sur le droit international onusien et non un ordre basé sur les « règles » qu’édictent les États-Unis. Il faut aussi qu’elle soit sincère, rationnelle dans ses actions tout en s’abstenant de s’ingérer dans les affaires, d’autres États, qui ne la regardent pas ; apprendre à vivre dans les limites de ses propres moyens et non au-dessus en accaparant indûment les richesses de certains pays.

    – Les Africains ne sont plus ceux que la doxa occidentale assimile encore à leurs parents, grands-parents. Sa jeunesse est plus instruite, consciente, opiniâtre et résistante. Cette jeunesse doit se prendre en main en contribuant au développement de leur pays, de leur Afrique, au lieu de s’aventurer dangereusement à s’exiler clandestinement vers une Europe qui n’est pas celle qu’elle croit. Elle ne doit surtout pas se laisser berner par ceux qui ont vendu leur âme au diable en optant pour la félonie afin d’espérer obtenir des avantages au goût malsain et qui au final demeureront indignes et infâmes, même pour leurs maîtres/employeurs ! Certains dirigeants africains doivent, de leur côté, redoubler d’efforts et de courage pour protéger mordicus les intérêts de leur pays. L’aisance et la sécurité, même à minima, se trouve chez soi. Comme on dit en Algérie (ou Maghreb) « orge de mon pays vaut mieux que blé étranger ». L’Europe ce n’est pas le « paradis », c’est la mer à boire pour les africains !

    A. D.

    #France #Afrique #Macron #Françafrique

  • Air Algérie : des vols de et vers la France annulés à partir de jeudi 9 mars

    Tags : Algérie, Air Algérie, vols, France,

    La compagnie aérienne nationale, Air Algérie, a annoncé, jeudi, l’annulation de certains vols de et vers la France, et ce en raison de la grève de la fonction publique française entamé dès ce jeudi 09 mars et s’étend jusqu’au 11 du mois en cours.

    « En raison du préavis de grève les journées 09, 10 et 11 mars 2023 de la fonction publique, relayé par les syndicats de la DGCA française, Air Algérie est contrainte de procéder à l’annulation de certains vols prévus ces jours en provenance et à destination de la France ». Lit-on, ainsi, dans le communiqué de la compagnie aérienne.

    #Algérie #Air_Algérie #Vols #France

  • France. Le nœud gordien

    Tags : France, retraites, pensions, Emmanuel Macron,

    par Abdou BENABBOU


    Le dilemme dans lequel est empêtrée la société française, à l’instar d’une pléthore de sociétés humaines, tout en étant clair n’est pas simple. Le feu mis à la poudre du projet de réforme des retraites imposé par le gouvernement français contre lequel se sont soulevés des millions de travailleurs ne fait que souligner cette complexité avec une acuité tonitruante.

    Augmenter les impôts et aller à la tétée de subsides financiers dans la bourse des consortiums ou rogner sur les retraites pour réguler son économie n’est pas un choix simple pour les dirigeants français. Le problème incontournable est ainsi posé. L’inadéquation des salaires, l’enfer du coût de la vie, l’inflation, la crise ne sont que des effets d’une situation compliquée qui est à placer au haut niveau d’une véritable guerre économique mondiale. Les conflits armés et l’indocilité de la nature se joignent aux pires agrégats sciemment fabriqués pour que la terre soit empêchée de se garantir une normalité.

    Le gouvernement ne tient pas à contrarier les magnats du CAC 40 par crainte d’affaiblir des acteurs engagés dans un bras de fer économique planétaire où tous les coups sont permis. Dans sa stratégie, décrié et accusé de ménager les riches, il est convaincu que se rabattre sur ce qu’il considère comme des fers de lance de la production française affaiblira la consommation, amoindrira l’investissement et multipliera la délocalisation. De fait, le calcul des autorités françaises se plie aux règles implacables de l’économie libérale desquelles surviennent toutes les tares et les profondes déconvenues sociales que vit aujourd’hui le monde entier.

    En conséquence, l’ensemble des données du problème sont alambiquées pour que le lot des lourdes vicissitudes engendrées soit hérité par le bas de l’échelle sociale que constitue le monde du travail. Le nœud gordien est au centre d’une économie mondiale à la limite de la sauvagerie qui fait de l’espèce humaine de simples outils corvéables à merci.

    Source

    #France #Retraite #Pension

  • Macron reconnaît que Djamila Boupacha a été «torturée»

    Tags : Algérie, Djamila Boupacha, France, Guerre d’Algérie, Mémoire, crimes coloniaux,

    Dans son hommage à Gisèle Halimi : Macron reconnaît que Djamila Boupacha a été «torturée»

    Le président français Emmanuel Macron a, dans son discours en hommage à l’avocate et militante féministe Gisèle Halimi, décédée en 2020, évoqué la militante du FLN, Djamila Boupacha, qu’elle défendait en 1960.

    Reconnaissant son combat pour la décolonisation, pour l’indépendance de l’Algérie et contre la guerre, le président Macron a parlé des affres subis par Djamila Boupacha qui a été, entre autres, torturée et humiliée.

    «L’humiliation, la torture, le viol, l’avaient accablée», a-t-il affirmé en référence à l’attitude de l’avocate lors de sa défense de la militante algérienne.

    «Gisèle Halimi a porté la cause de l’indépendance algérienne. La guerre d’Algérie doit maintenant prendre toute sa place dans notre mémoire, ici en France, et en Algérie», a-t-il souligné.

    Le président français reconnaît ici que Djamila Boupacha a été torturée et humiliée, pendant la révolution, franchissant un autre pas dans la reconnaissance des actes de torture et les assassinats dont ont été victimes des militants du FLN.

    M. Macron avait reconnu que l’avocat Ali Boumendjel avait été torturé et assassiné. Vint après le tour de Maurice Audin, également, tué par l’armée coloniale, en Algérie. M. Macron est allé plus loin en présentant des excuses officielles à sa veuve.

    Cependant, les gestes du président français se limitent à des actes symboliques qui ne participent nullement d’une démarche tendant à reconnaître, comme le réclame l’Algérie, les crimes coloniaux, les crimes de guerre commis par l’occupant dont l’armée a pratiqué le massacre à grande échelle, passant des exécutions ciblées aux fumigations et l’extermination de villages entiers.

    C’est la position d’un fort courant français qui ne veut pas reconnaître les crimes commis dans les colonies, particulièrement en Algérie, préférant mettre dans le même panier le FLN et l’armée française.

    Le président s’en est remis à une autre option consistant à réunir dans une même commission les spécialistes et les historiens des deux pays pour se pencher sur l’histoire de la colonisation et de la guerre de libération. Une démarche approuvée par les deux pays.

    Par ailleurs, dans son hommage à sa mère, Jean-Yves Halimi, un enfant de la guerre d’Algérie, a rappelé les menaces de mort qui pesaient sur sa mère et sa famille à l’époque, à cause de son combat pour la décolonisation et contre la guerre d’Algérie.

    Un engagement qui a poussé la famille à une vie sous la contrainte.

    Et s’adressant à elle, il dit : «Tu rejoins au Panthéon de notre récit national celles que j’appelais familièrement les deux Simone, De Beauvoir et Veil.» Et de conclure avec cette sentence post-mortem :

    «Ma mère aurait manifesté aux côtés des manifestants pour les droits des femmes dans toute la France ce mercredi.»

    L’autre fils de l’avocate, le journaliste, directeur du journal mensuel Le Monde Diplomatique, Serge Halimi, a refusé de participer à la cérémonie.

    Il a estimé que la cérémonie n’est pas opportune «alors que le pays est mobilisé contre une réforme des retraites extrêmement injuste, notamment pour les femmes».

    Il a affirmé que sa mère l’aurait combattue. L’aîné des Halimi est politiquement plus offensif, notamment à travers ses écrits et ses éditoriaux dans Le Monde Diplomatique.

    Et comme sa mère, il combat les options et orientations socioéconomiques du président Macron.

    Co-fondatrice, avec Gisèle Halimi en 1971, et présidente de l’association «Choisir la cause des femmes», Violaine Lucas a participé au boycott de la cérémonie qui y a vu «une instrumentalisation politique».

    Source

    #Algérie #Gisele_Halimi #Djamila_Boupacha #Macron #Colonisation #Mémoire

  • Affaire BFMTV: M’Barki devant une enquête parlementaire

    Tags : France, BFMTV, Rachid M’Barki, lobbying, Maroc, Team Jorge, désinformation,

    Licencié récemment pour avoir utilisé la chaîne au profit du Maroc, l’ex-journaliste de BFM TV, Rachid M’Barki, sera entendu prochainement par une Commission d’enquête parlementaire française.

    « Le journaliste Rachid M’Barki, licencié pour faute grave par la direction de la chaîne BFM TV le 22 février dernier, sera bientôt entendu par la Commission d’enquête relative aux ingérences politiques, économiques et financières de puissances étrangères », a rapporté le site d’information « Puremedias ».

    Le même média précise que ladite commission est présidée par le député RN Jean-Philippe Tanguy.

    « En auditionnant le journaliste, les députés souhaitent étudier les potentielles ingérences étrangères qui pourraient infiltrer les médias français », a ajouté le même média.

    Il s’agit, également, a ajouté ce même média, « de déterminer si des acteurs étrangers influencent de quelque manière que ce soit la vie politique et économique nationale ».

    Le président de la commission parlementaire a, toutefois, affirmé à « Puremedias », que « l’assemblée nationale avait tenté de joindre Rachid M’Barki une première fois, sans succès », et que « pour l’heure aucune date d’audition n’a donc été convenu avec l’ex présentateur ».

    La direction de BFMTV reprochait à Rachid M’Barki particulièrement la diffusion d’un sujet relatif à un forum économique entre le Maroc et l’Espagne organisé en juin 2022, et dans lequel le présentateur franco-marocain de 54 ans défend les thèses du Makhzen concernant le Sahara occidental.

    #France #BFMTV #Maroc #Rachid_Mbarki #Team_Jorge #Ingérence #Lobbying #Médias #Désinformation

  • Comment la France continue de dominer ses anciennes colonies en Afrique

    Tags : France, Afrique, Françafrique, Franc CFA, colonisation, esclavage, pacte colonial,

    UNE ENTREVUE AVEC NDONGO SAMBA SYLLA FANNY PIGEAUD

    Dans les anciennes colonies africaines de la France, les politiques monétaires impérialistes de Paris continuent de paralyser les économies nationales et de saper la démocratie. Le colonialisme en Afrique n’aura pas véritablement pris fin tant que la véritable souveraineté économique ne sera pas autorisée à s’épanouir.

    par Ndongo Samba Sylla – Le Meilleur de Ndongo Samba Sylla
    26 avril 2021

    L’économie de l’Afrique subsaharienne a défrayé la chronique la première semaine de mars. Alors que Ngozi Okonjo-Iweala a pris ses fonctions de première femme africaine directrice générale de l’Organisation mondiale du commerce, des manifestations massives de jeunes ont éclaté au Sénégal contre la détérioration des conditions économiques. La traduction anglaise de Africa’s Last Colonial Currency: The CFA Franc Story de Ndongo Samba Sylla et Fanny Pigeaud a été lancée pour aider tout le monde à comprendre la situation .

    Le livre décrit l’ingérence continue de l’État français en Afrique – une classe de maître dans la méchanceté capitaliste, le blâme des victimes et la polyvalence. Après l’abolition de l’esclavage, d’énormes « réparations » ont été versées aux anciens propriétaires d’esclaves français. Ceux-ci ont été utilisés en partie pour établir des banques coloniales en Afrique, rejointes plus tard par d’autres, qui s’efforceraient d’assurer la pérennité de la domination française après l’esclavage en maintenant « le pacte colonial ». Ce pacte impliquait le sous-développement délibéré des économies des colonies, leur dépendance forcée aux exportations de matières premières et un monopole français sur le transport maritime, les exportations et les importations. Le franc CFA était la monnaie conçue par la France pour assurer que le contrôle français survive à la disparition officielle du colonialisme.

    Pour en savoir plus, Chris Dite de Jacobin s’est assis avec Ndongo Samba Sylla et Fanny Pigeaud pour discuter de leur livre ainsi que des événements récents sur le continent.


    CD | Un récent ministre français des Finances a décrit la France comme étant en Afrique « en tant qu’amie ». En lisant votre livre, je n’ai pas pu m’empêcher de penser que c’est comme décrire la famille Corleone de la série Parrain comme une amie des entreprises sous sa « protection ». Pourriez-vous aider les lecteurs à comprendre comment la relation entre la France et ses anciennes colonies est basée sur les menaces, la violence et l’extorsion ?

    NSS | Les Français savaient que l’indépendance de l’Afrique était inévitable. En 1958, la France organisa un référendum demandant si les pays d’Afrique subsaharienne sous sa domination voulaient devenir indépendants aux conditions françaises. La Guinée – dirigée par l’un des rares dirigeants africains qui était un syndicaliste et non un fidèle allié français formé en France – a voté non à cette indépendance sans indépendance et s’est séparée de la France deux ans avant les autres.

    Pour les autres, c’était l’indépendance sans pleine souveraineté, l’indépendance à condition de signer des « accords de coopération ». L’idée était de créer de nouvelles républiques avec une autonomie limitée sous la tutelle de la France – tous les commandements souverains seraient exercés par Paris.

    Lorsque la Guinée a décidé d’émettre sa propre monnaie nationale en 1960, la France a organisé une opération de sabotage pour déstabiliser le nouveau pays, envoyant à son service des agents secrets, inondant l’économie de faux billets et perturbant tout. Cela a envoyé un message clair aux autres pays : « Si vous voulez emprunter cette voie, vous savez ce qui se passe. Depuis, c’est plus ou moins l’histoire du leadership africain : si on veut rester au pouvoir, il faut être en bons termes avec la France.

    PF | A la veille de l’indépendance, la France gère ses relations avec ces nouveaux pays en choisissant les dirigeants qu’elle préfère à la tête de l’Etat. Vous pouvez voir maintenant que c’est le même système — nous avons des dirigeants africains qui sont très liés et qui n’osent pas agir sans l’accord de Paris. S’ils essaient d’agir différemment, il y aura des représailles.

    La France a conservé des bases militaires dans plusieurs pays depuis l’indépendance – Côte d’Ivoire, Gabon, Sénégal, entre autres – et compte actuellement cinq mille soldats sur le terrain au Sahel. Même si officiellement l’armée est là pour « combattre le terrorisme », on sait qu’elle est aussi là pour maintenir une forme de contrôle sur ces pays.

    La France a utilisé la force militaire pour créer la politique qu’elle voulait en Côte d’Ivoire en 2011, par exemple. Mais une véritable intervention militaire n’est pas nécessaire pour mettre en œuvre l’agenda parisien. Si vous êtes un pays comme le Niger avec beaucoup de problèmes – problèmes de sécurité, problèmes économiques, sociaux et financiers – et que vous avez les services militaires et de renseignement français sur le terrain tout autour de vous, il est difficile de penser que vous êtes libre pour prendre vos propres décisions.

    CD | Et comment le franc CFA s’intègre-t-il dans ce tableau violent ?

    NSS | Le franc CFA, c’est le colonialisme reconditionné. Le Franc des Colonies Françaises d’Afrique (FCFA) à l’époque coloniale est devenu avec l’indépendance le Franc de la Communauté Financière d’Afrique (FCFA) en Afrique de l’Ouest et le Franc de Coopération Financière en Afrique Centrale. Le gouvernement français est un spécialiste du recadrage des structures coloniales en utilisant de nouveaux noms : c’est vraiment l’histoire de la relation de la France avec l’Afrique.

    PF | Nous pouvons voir le même comportement maintenant avec les récentes soi-disant réformes. C’est juste du marketing — mais en fait, tout reste pareil. Les Français sont plutôt doués pour ça.

    CD | Une ligne commune des défenseurs du système actuel est que si vous soustrayez l’argent de l’aide fournie par la France de tous les gains qu’elle tire des accords d’exploitation, cela « s’équilibre » ou travaille en faveur de l’Afrique. Pourriez-vous expliquer pourquoi ce n’est tout simplement pas le cas?

    NSS | Dans le système du franc CFA, les banques centrales africaines ont été obligées pendant des décennies de déposer une grande partie de leurs réserves de devises étrangères dans le Trésor français. Ces montants représentent le double du montant de l’aide de la France à l’Afrique subsaharienne. La France restitue essentiellement aux pays africains une fraction de ces dépôts forcés à titre « d’aide ».


    CD | Dans votre livre, vous décrivez les changements récents d’Emmanuel Macron dans la zone franc CFA comme une transition vers un système de contrôle plus indirect. Pourriez-vous expliquer ces réformes ?

    PF | Trois choses devraient changer mais uniquement pour les pays d’Afrique de l’Ouest concernés, pas ceux d’Afrique centrale : la première est le nom de la monnaie (elle s’appelle désormais l’« éco »), la seconde est que les représentants français ne siégeront plus dans les organes de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest, et le troisième est la suppression de l’obligation de déposer 50 % des réserves de change au Trésor français.

    Mais le lien principal restera. Ces pays devront toujours rendre compte quotidiennement à la France en vertu de la «garantie de convertibilité», qui est la promesse de la France de prêter autant d’euros que nécessaire à la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest – une promesse qu’elle ne tient pas.

    CD | Comment ces changements sont-ils encore informés par la logique de domination ?

    NSS | La mentalité du gouvernement français est une mentalité coloniale. Les « réformes » visent à donner un nouveau souffle à la domination monétaire et à élargir la zone franc CFA aux autres pays d’Afrique de l’Ouest comme la Guinée et le Ghana. La France continue de croire en l’empire colonial selon lequel les pays africains doivent accompagner le développement de la France.

    Le gouvernement français ne peut pas rompre les liens. Il trouvera de nouveaux moyens pour maintenir l’empire. Le nouveau nom de « l’éco » vise à saper un groupement régional de quinze pays appelé CEDEAO [Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest]. « Eco » est l’abréviation de CEDEAO et allait être le nom d’une proposition de monnaie unique régionale ouest-africaine. Macron et [Alassane] Ouattara ont volé le nom « éco » et ont fait leur annonce le jour même où la plupart des présidents de la CEDEAO se réunissaient pour décider d’une date de lancement de leur monnaie. Nous n’avons jamais vu les billets ou les pièces « éco ». Cela semble n’avoir été qu’une stratégie pour se débarrasser rapidement de l’ancien nom.

    Macron dit que les représentants français sont partis, mais ils ont signé de nouveaux accords de coopération monétaire stipulant qu’ils peuvent toujours être ramenés. Paris décidera encore avec ses homologues africains quels représentants rendront compte quotidiennement au Trésor français. La France présente la suppression de l’obligation de dépôt comme un cadeau, mais le vrai cadeau a été le financement par l’Afrique du Trésor français. Les Africains ont perdu sur leurs dépôts au Trésor – non seulement parce que les faibles taux d’intérêt et la hausse de l’inflation signifient qu’ils perdent en termes réels, mais parce qu’ils auraient pu utiliser cet argent constituant la moitié de leurs réserves de devises étrangères de manière beaucoup plus productive au fil des ans.

    CD | Pourquoi ces changements se produisent-ils maintenant ?

    NSS | Il y a eu de nombreuses protestations en cours contre certains aspects du franc CFA qui sont vraiment embarrassants pour la France. Paris a voulu y remédier sans mettre fin au franc CFA. Par exemple, les jeunes demandent pourquoi leurs pays sont obligés de remettre leurs réserves de change au Trésor français. En fait, lorsque le gouvernement italien de droite se battait avec la France sur les questions d’immigration en 2019, il a déclaré : « si nous avons des migrants africains qui viennent en Italie, c’est parce que le franc CFA appauvrit l’Afrique. Débarrassez-vous du franc CFA et cela éliminera les migrants africains. C’était démagogique, mais cela a attiré l’attention sur la question du franc CFA plus largement.

    PF | Un officier militaire français anonyme a déclaré il y a quelques semaines que sans l’opération Barkhane (l’intervention militaire française au Sahel), la France deviendrait comme l’Italie. Ils ne veulent pas ça. Les autorités françaises pensent toujours que les pays africains francophones sont nécessaires au développement et à l’économie de la France. Il est clair qu’ils pensent que ces pays font toujours partie de « l’empire français », même s’ils le nient. Avec ces soi-disant réformes, Paris veut faire croire qu’il a compris le message de ceux qui ne veulent plus du franc CFA. Mais en réalité, il essaie de garder le contrôle, de gagner du temps.


    CD | Nul doute que tout pays africain proposant de quitter la zone du franc CFA se verrait présenter des exemples comme le Liban comme preuve des dangers de la monnaie fiduciaire. Est-ce vraiment le choix auquel l’Afrique est confrontée – une « supervision » européenne exorbitante ou le chaos et l’hyperinflation ?

    NSS | Cela a été l’un des principaux arguments défensifs vis-à-vis de quiconque prétendait se dissocier du Trésor français : si vous vous dissociez, vous deviendrez comme le Zimbabwe.

    Mais tout pays souverain veut avoir la capacité de développer ses propres capacités nationales. Vous devez avoir votre propre devise pour cela. Il existe de nombreux exemples de pays africains qui ont leur propre monnaie nationale, mais ce n’est pas vraiment souverain – pourquoi ? Les pays du Sud remplissent rarement la condition majeure pour être souverains monétairement : avoir zéro dette en devises étrangères. Si vous voulez avoir une monnaie souveraine, vous devez développer une stratégie basée avant tout sur la mobilisation de vos propres ressources domestiques, sans quoi vous devrez compter sur la dette en devises, les investissements étrangers et l’aide au développement. Cette stratégie n’est pas durable.

    Toute stratégie de développement basée sur le financement étranger doit fonctionner comme un schéma de Ponzi – vous devez contracter de nouveaux flux de financement étranger pour assurer le service des intérêts sur la dette existante et le rapatriement des flux de bénéfices. Vous ne pouvez donc pas compter sur des financements étrangers pour votre propre développement. Malheureusement, de nombreux pays n’utilisent pas, économiquement parlant, leur potentiel domestique et leur potentiel en tant qu’émetteur souverain de leur propre monnaie.

    CD | Pourriez-vous élaborer un peu plus sur la nature de la relation entre la domination économique française et la corruption des gouvernements africains ?

    NSS | Le système crée son propre type de leadership – tant que nous avons un franc CFA, nous ne pouvons pas nous attendre à avoir des dirigeants engagés dans l’intérêt de leur peuple. Il y a toujours de la concurrence : des leaders africains potentiels prêts à jouer le rôle que la France veut qu’ils jouent.

    De nombreux dirigeants africains savent que parler du franc CFA peut leur causer des ennuis, et ils essaient donc de se taire sur cette question. Le système repose également sur l’arrimage du franc CFA à l’euro ; pour le soutenir, il faut avoir un niveau suffisant de réserves de change. Mais la plupart des pays de la zone ne peuvent pas générer suffisamment de revenus étrangers par le biais du commerce et sont donc obligés d’emprunter et de sous-financer l’économie pour maintenir l’ancrage. La mauvaise gestion publique est enracinée dans la zone franc CFA.

    CD | Ngozi Okonjo-Iweala , qui a négocié l’annulation de la dette en tant que ministre des Finances du Nigeria, est récemment devenue directrice générale de l’OMC. Cela a été salué dans les médias comme le signe d’un avenir meilleur pour l’Afrique. Pourriez-vous expliquer comment même quelque chose d’aussi inoffensif que «l’annulation de la dette» implique la domination économique de l’Afrique?

    NSS | Au cours de la soi-disant période d’ajustement structurel des années 1980 et 1990, le Sud global a transféré l’équivalent de cinquante-six plans Marshall au Nord sous la forme d’un « service de la dette ». C’est complètement fou. Au moins 40 % de la dette extérieure africaine est détenue par des créanciers privés – ils n’accepteront évidemment jamais d’annuler cette dette. Même les acteurs multilatéraux comme la Banque mondiale et le FMI ne veulent pas en tenir compte.

    Je suis moi-même favorable à l’annulation de la dette en devises des pays du Sud, mais ce n’est pas une solution. Ce que nous devons « annuler » — en fait abolir — c’est le système qui produit cette dette. Le système mondial fonctionne structurellement de manière à placer les pays du Sud dans une position perpétuelle d’endettement ; toute dette annulée est reconstituée très rapidement.

    Les pays en développement ne peuvent aspirer à la prospérité de leur population si leur développement repose sur des ressources extérieures. C’est impossible. La question de cette dette extérieure doit donc être formulée selon ces axes : annuler/abolir le mécanisme d’échange inégal aux niveaux mondial et domestique et aider les pays en développement à mobiliser leurs propres ressources domestiques en utilisant leurs pouvoirs monétaires et économiques.

    En tant qu’Africains, nous devrions être heureux qu’un de nos compatriotes soit à la tête de l’OMC. C’est important, symboliquement parlant. Mais en même temps, on sait que l’OMC n’est plus pertinente ; il a été bloqué. De nombreux pays du Nord se sont retirés du multilatéralisme de l’OMC après que des questions telles que la libéralisation de l’agriculture se soient heurtées à la résistance des pays en développement. Il est donc ironique qu’à une époque où l’OMC n’a aucune force, nous ayons une directrice générale africaine.

    CD | Il y a eu de grands soulèvements de jeunes au Sénégal récemment. Un commentateur sénégalais a noté que le président pourrait être un dur à cuire lorsqu’il a des soldats armés qui attaquent des enfants armés de pierres, mais il est beaucoup plus soumis face au ministre français des Finances dans la salle de réunion de la Banque centrale. Comment la France répondra-t-elle à ce mécontentement de masse croissant ?

    NSS | La France subit de plus en plus de pressions en Afrique, militairement parlant, car on s’oppose à ses interventions, et comme on le voit au Sénégal, économiquement parlant aussi. De nombreuses propriétés et entreprises françaises ont été détruites. Ce sera une tendance croissante. Beaucoup de gens s’attendent à ce que ce qui s’est passé au Sénégal se produise également en Côte d’Ivoire et aussi en Afrique centrale.

    Ces soulèvements ont été un signal adressé à la France en disant : « on sait ce que vous faites, on sait que vous soutenez des dirigeants illégitimes, on sait que vous imposez des entreprises qui épuisent nos ressources et avec lesquelles nous avons été contraints de signer des accords déloyaux les accords. Nous n’accepterons plus cela. Le gouvernement français parle de « sentiment anti-français » – c’est présenté comme si les Africains avaient cette haine irrationnelle des Français. Mais les entreprises françaises ont entrepris un travail très antidémocratique en Afrique. Il est naturel que les populations commencent à s’opposer à de telles pratiques. Les Africains veulent l’autodétermination, ils veulent lutter contre leurs classes bourgeoises compradores et aussi contre l’impérialisme français. C’est un désir positif de libération.

    PF | Paris est en assez mauvaise posture. Normalement, le gouvernement français fait des déclarations sur des situations comme celle du Sénégal. Cette fois, Paris n’a rien dit. Il est resté silencieux. Cela montre que les responsables français ne savent pas quoi répondre. Ils savent que s’ils disent quelque chose, cela sera mal interprété. C’est une situation incroyablement sensible pour la France.

    NSS | La France n’a pas les moyens financiers de continuer à jouer au gendarme en Afrique. La plupart des opérations militaires françaises se font avec l’aide des États-Unis – si les États-Unis décident de se retirer d’Afrique, cela deviendra beaucoup plus difficile pour la France. Peut-être trouveront-ils un autre moyen d’externaliser leur contrôle militaire de l’Afrique. C’est une situation difficile pour eux. Il y a des rumeurs disant qu’à un moment donné récemment la France envisageait d’envoyer ses soldats au Sénégal pour défendre les intérêts français. Je ne sais pas si c’est exact. Les gens n’accepteraient jamais de voir des soldats français au Sénégal comme ça. Même les Français l’admettent.

    PF | L’exemple de la Côte d’Ivoire en 2011 a eu un grand impact sur la population. Beaucoup de gens ont été choqués par les actions de la France. Ce que la France a fait à Abidjan n’est pas possible aujourd’hui.

    NSS | Les gens n’accepteraient pas cela. Définitivement pas. Des puissances émergentes comme la Russie et l’Inde et des puissances plus petites comme le Nigéria qui veulent une plus grande part de marché tenteront de s’associer à cet état d’esprit anti-impérialiste afin de rendre la vie difficile à la France en Afrique. C’est opportuniste, évidemment, mais en même temps ça veut dire qu’il y a ce cadre de concurrence mondiale où la part de marché française se réduit de plus en plus. Et leur autre instrument – manipuler qui peut devenir président d’un pays africain et le faire chanter – est également de moins en moins disponible. Parce que maintenant les gens sont réveillés. Ils comprennent comment les choses fonctionnent. La jeune génération n’acceptera pas que des despotes de toute une vie décident de leur sort. La France devra donc renoncer à cette logique coloniale du XIXe siècle.

    Quand Samba Syllaest un économiste sénégalais du développement au bureau Afrique de l’Ouest de la Rosa-Luxemburg-Stiftung à Dakar, et co-auteur avec Fanny Pigeaud de Africa’s Last Colonial Currency: The CFA Franc Story (Pluto Press).

    Fanny Pigeaudest un journaliste français qui écrit sur les questions africaines et les relations France-Afrique. Elle est co-auteur avec Ndongo Samba Sylla de Africa’s Last Colonial Currency: The CFA Franc Story (Pluto Press).

    Chris Dite est enseignante et membre d’un syndicat.

    Source

    #Afrique #France #Françafrique #FCFA #Colonisation

  • Maroc : Rencontre avec les ambassadeurs d’Espagne, France et USA – compte-rendu-

    Tags : Sahara Occidental, Maroc, Etats-Unis, France, Espagne, ONU, MINURSO, droits de l’homme,

    Le 07 avril 2012

    A
    Monsieur l’Ambassadeur, Représentant Permanent du Maroc
    New York

    Objet : Question Nationale / Rencontres de Monsieur le Ministre avec les Ambassadeurs des Etats-Unis, d’Espagne, et le Chargé d’Affaires a.i de l’Ambassade de France à Rabat.

    Monsieur le Ministre a reçu ce matin Messieurs Samuel Kaplan, Ambassadeur des Etats-Unis, Alberto Navaro Gonzales, Ambassadeur d’Espagne et Monsieur Ludovic Pouille, Chargé d’Affaires a.i de l’ Ambassade de France et leur a fait part de ce qui suit :

    1. Le Maroc rejette l’OP3 du projet de Résolution faisant référence aux contacts politiques de la Minurso avec la population locale et les groupes de la Société civile ;

    2. Le Maroc souligne la confusion entre« extensive visit to Western Sahara» et les le terme de « to extend visit to Western Sahara » (Visite étendue au territoire su Sahara Occidental conformément au langage du communiqué de la neuvième réunion informelle),

    3. L’importance pour le Maroc d’avoir un paragraphe dans la partie opérative de la résolution sur le recensement des populations des camps de Tindouf conformément aux appels du Secrétaire général des Nations Unies.

    Réagissant aux propos de Monsieur le Ministre :

    L’ambassadeur des Etats-Unis à souligné ce qui suit :

    1. Les Etats-Unis soutiennent une résolution simple portant sur d’une reconduction technique (roll over) de la Minurso,

    2. Il a souligné que l’ajout de nouveaux éléments risqueraient d’entraîner le Groupe des amis et les autres membres du Conseil de Sécurité dans des discussions contre productives,

    3. Les Etats-Unis, qui sont en faveur d’une résolution simple, soutiendront le Maroc et comprennent sa préoccupation au sujet de l’élargissement du mandat de la Minurso à des contacts politiques,

    L’ambassadeur d’Espagne a, quant à lui, souligné que :

    1. L’Espagne est consciente des efforts du Maroc dans le domaine des Droits de l’Homme (ouvertures des Délégarion Régionales du CNDH au Sahara, visite des Procédure spéciale du CDH)

    2. Il convient, avec le Maroc, de la confusion dans le langage de l’OP3 (extensive visit to W.S / extend visit to W.S)


    3. Le Maroc peut compter sur le soutien de l’Espagne lors de la réunion du groupe des amis prévue le Mardi prochain.

    Le Chargé d’Affaires a.i de l’Ambassade de France, a quant à lui réagit comme suit :

    1. La France est convaincue que la Minurso doit garder son mandat initial et que toute référence à la résolution de 1996 dans l’OP3 est caduque du fait que cette mission est confiée à l’Envoyé personnel du SG,

    2. Il a apprécié la précision apportée concernant la différence du langage utilisé dans l’OP3 avec celui du dernier Communiqué de la réunion informelle de Manhasset (extensive visit to W.S / extend visit to W.S),

    3. La France soutient l’amendement du Maroc visant à avoir un paragraphe sur le recensement des populations des camps de Tindouf dans la partie opérative, même si les autres membres du groupe des amis s’opposent à cet amendement.

    Source :

    #Maroc #France #Espagne #Sahara_Occidental #Etats_Unis #ONU #MINURSO