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  • Congo: la population partagée par la visite de Macron

    Tags : Congo, Brazzaville, France, Emmanuel Macron, Françafrique, Russie, Chine, Wagner,

    Brazzaville, la capitale congolaise, va constituer la quatrième et avant dernière étape de la visite du président français Emmanuel Macron en Afrique. Ce vendredi 3 mars, quelques heures seront consacrées à des entretiens en tête-à-tête avec Denis Sassou-Nguesso et il doit aussi rencontrer la communauté française installée au Congo. Son très bref séjour d’une durée de cinq heures divise la population.

    Avec notre correspondant à Brazzaville, Loïcia Martial

    Franck Charlin Aubin Tchibinda est un défenseur des droits de l’homme. Dans une tenue impeccable, il sort de son bureau où il vient de publier une déclaration avec ses collègues sur la visite du président Macron. Visiblement, il est mécontent : « Ca nous intrigue parce que la société civile n’aura pas l’occasion de discuter avec lui. On aurait bien souhaité qu’il dispose un peu de son précieux temps pour qu’il discute avec la société civile, parce que nous avons beaucoup de choses sur la table », regrette-t-il.

    « Je n’attends rien de lui »

    Le nez plongé dans son ordinateur Roch Mitho, un citoyen brazzavillois rumine sa colère : « Il passe la nuit ailleurs et une fois au Congo c’est pour quelques heures, il aurait dû passer sans même atterrir par l’aéroport de Brazzaville. Franchement, je suis déçu et je n’attends rien de lui », lâche-t-il.

    A quelques pas du ministère des finances, Alain Amboulou, enseignant, marche rapidement. Pour lui la venue d’Emmanuel Macron est un grand événement : « C’est une bonne chose, vu le contexte actuel : la Russie prend de l’influence sur Afrique. La France doit aussi prendre sa place parce que nous avons quand même une histoire commune. Pour moi la venue du président Macron est une bonne chose. Nous l’attendons à bras ouverts », affirme-t-il.

    La dernière visite remonte à 2009

    La dernière visite d’un chef d’État français au Congo remonte à 2009. Le président Nicolas Sarkozy était venu signer une série d’accords, dont la concession du port de Pointe-Noire à Vincent Bolloré.

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    #France #Macron #Congo #Françafrique

  • Macron entame sa délicate « tournée » pour ne pas « perdre l’Afrique »

    Tags : France, Emmanuel Macron, Russie, Wagner, Chine, Françafrique,

    Influence russe en Afrique : Emmanuel Macron entame sa délicate « tournée » pour ne pas « perdre l’Afrique »

    « Cet âge de la Françafrique est bien révolu. » Voilà la phrase à retenir du premier discours d’Emmanuel Macron en Afrique.

    Emmanuel Macron participe, aujourd’hui, à Libreville avec plusieurs chefs d’Etats d’Afrique centrale à un sommet consacré à la protection des forêts tropicales. Mais tout le monde s’attendait à ce qu’il parle « politique ».

    « J’ai parfois le sentiment que les mentalités n’évoluent pas au même rythme que nous quand je lis, j’entends, je vois qu’on prête encore à la France des intentions qu’elle n’a pas, quelle n’a plus », a-t-il dit devant la communauté française au Gabon.

    « On semble encore aussi attendre d’elle des positionnements qu’elle se refuse à prendre et je l’assume totalement. Au Gabon comme ailleurs, la France est un interlocuteur neutre qui parle à tout le monde et dont le rôle n’est pas d’interférer dans des échanges politique intérieure », a-t-il martelé.

    18ème déplacement d’Emmanuel Macron en Afrique
    Une visite au Gabon. Le point de départ d’une tournée de quatre jours dans la région. La capitale gabonaise est la première étape d’un périple qui conduira ensuite le chef de l’État français en Angola, au Congo et en République démocratique du Congo.

    Il effectue son dix-huitième déplacement en Afrique depuis le début de son premier quinquennat en 2017. Il s’y rend surtout deux jours après avoir exposé depuis Paris sa stratégie africaine pour les quatre années à venir.

    Une tournée diplomatique cruciale en Afrique centrale alors que l’influence française ne cesse de reculer sur le continent. « Je crois qu’Emmanuel Macron a compris deux choses, » explique Pierre Mathiot, directeur de SciencesPo Lille. « D’une part, il a compris qu’il était extrêmement important pour la France, et donc pour l’Europe, de ne pas » perdre l’Afrique « pour des raisons géopolitiques et économiques, notamment l’accès aux minerais rares qui sont très importants. De l’autre, il a compris que pour ne pas « perdre l’Afrique », il fallait adopter une attitude différente de l’attitude traditionnelle qui a tendance à considérer que l’Afrique est un pré carré sur laquelle la France aurait une forme de  » droit « lié à l’époque coloniale. ». Il poursuit : « On a pu voir qu’Emmanuel Macron a changé la méthode. En début de semaine, il a fait un discours, depuis Paris, bien différent de ce que l’on a pu connaitre de l’époque « post-gaulliste » qui a perduré jusqu’à Nicolas Sarkozy. »

    Dans son discours, Emmanuel Macron a prôné « l’humilité » et encouragé un nouveau partenariat « équilibré » et « responsable » avec les pays africains. Pour Pierre Mathiot, « le Président sait qu’il marche sur des œufs. »

    Influence décroissante

    Car depuis plusieurs années, l’influence de la France, et de l’Europe, est décroissante en Afrique. Lors de sa « tournée africaine », le Président français va rencontrer d’autres chefs d’Etats dont Denis Sassou-Nguesso (Congo-Brazzaville), Faustin Archange Touadéra (Centrafrique), Mahamat Idriss Déby Itno (Tchad) ou encore Teodoro Obiang Nguema Mbasogo (Guinée équatoriale) qui feront aussi le déplacement.

    Depuis 2022, l’armée française a été poussée hors du Mali et du Burkina Faso par les juntes au pouvoir dans ces deux pays. Le Burkina vient aussi de dénoncer un « accord d’assistance militaire » signé en 1961 avec la France, au lendemain de l’indépendance du pays.

    La Russie et le groupe Wagner

    Forte des mercenaires du groupe Wagner et de campagnes de désinformation qui alimentent le sentiment antifrançais, la Russie dame de plus en plus le pion à Paris dans cette sphère d’influence française historique. Une présence qui inquiète la France. « Pour le moment, mais je pense que ce n’est qu’à court terme, le succès russe en Afrique est énorme », explique Patrick Verhaagen, professeur à l’ULB et spécialiste de l’Afrique. « La Russie est parvenue à mettre la France hors de son pré carré. Ils ont dû plier bagage au Mali et au Burkina Faso. A l’inverse, la Russie occupe le terrain au nom de la coopération militaire et en sous-main via la société privée de mercenaires de Wagner. C’est le plus grand succès politique. Qui aurait pu imaginer, il y a 5 ans encore, que l’armée française doive plier bagage d’Afrique face à la diplomatie russe et face au bras armé russe ? Personne. »

    Pour le directeur de SciencesPo Lille : « L’influence russe dans sur le continent ne date pas d’hier. Cela a commencé il y a déjà quelques années avec la République Centrafricaine où le groupe Wagner est présent depuis déjà plusieurs années. Donc, je pense que la France est inquiète. » Mais il insiste sur le fait que plusieurs dirigeants ont parfois la mémoire courte : « Les forces françaises ont quitté le Mali. Mais il ne faut quand même pas oublier que c’est l’intervention française qui a permis d’éviter que le pays ne soit conquis par les Islamistes. On l’a parfois un peu oublié. » Il rajoute : « On voit bien, au Mali par exemple, que le départ des Français, remplacé par le groupe russe Wagner, n’a aucun effet sur sa capacité à empêcher les attaques et les Islamistes de progresser. Au Burkina Faso, il y a encore eu 80 soldats qui sont morts. »

    Sergueï Lavrov et ses nombreux déplacements en Russie

    Ces derniers mois, la Russie tente nombre d’approche de pays africains. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a multiplié les visites et les déplacements sur le continent africain. Début de ce mois, il a même promis son aide « à la région sahélo-saharienne et même aux pays riverains du Golfe de Guinée ». Sergueï Lavrov a vanté la nouvelle alliance entre le Mali et la Russie contre le djihadisme qui ensanglante la région, lors d’une visite à Bamako présentée par les deux parties comme une première « historique » de la part d’un chef de la diplomatie russe.

    En juillet 2022, déjà, la visite du ministre russe des affaires étrangères, Sergeï Lavrov, en Égypte, en République du Congo, en Ouganda et en Éthiopie avait pour but de montrer que Moscou avait encore des amis sur la scène mondiale.

    Le récit et le discours russes

    Drapeaux russes, présence militaire, la Russie a aussi aidé certains pays en livrant des tonnes de céréales ces derniers mois. Cela participe, aussi, à rejeter la présence européenne pour mieux embrasser celle de la Russie. « Rien ne plaide pour l’Europe. Quand on voit le non-succès des opérations militaires françaises et qu’on a entre 14 et 18 ans, c’est logique qu’on puisse être tenté par autre chose. C’est difficile de contrer cette propagande russe », explique Patrick Verhaagen, professeur à l’ULB. Il rajoute : « Alors que l’Europe donne plusieurs milliards d’euros d’aides publiques chaque année, les résultats ne sont pas là. Les conditions d’existence de la population en se sont pas améliorées en 60 ans. Et sur le plan militaire, la situation empire. Il est donc très compliqué pour l’Europe d’obtenir des résultats. La seule réponse doit être diplomatique avec des chefs d’Etat au courant de cette situation. Mais certains pays, parfois poussés par le peuple, sont tentés d’ouvrir les bras à d’éventuels sauveurs. »

    Pour Pierre Mathiot, « Je pense qu’Emmanuel Macron va tenir un discours en indiquant que la France, en tant qu’ancienne puissance coloniale, n’est peut-être pas tout à fait irréprochable. Mais il avertira sur les dangers russes en expliquant qu’ils sont en train de capter toutes les ressources minières en Centrafrique. Donc, il a tout intérêt à expliquer que sous le prétexte de se débarrasser des Européens qui ont été colonialistes, sous le prétexte de les aider à s’échapper de la chappe de plomb post-coloniale, les Russes sont en train de reconstituer une stratégie colonialiste. Ça, c’est la stratégie du Président français. Après, elle sera appréciée en fonction de la situation politique et géopolitique des pays qu’il sera amené à visiter. »

    L’Europe a quelques « armes » en main

    Pourtant, tout n’est pas perdu pour l’Europe. « D’un point de vue géopolitique, c’est un coup de semonce. Personne au sein du groupe européen n’aurait pu s’imaginer un tel scénario. Il faut maintenant rester réaliste. L’Europe a d’autres armes, comme les échanges commerciaux et les aides publiques au développement », argumente Patrick Verhaagen, spécialiste de l’Afrique. « Les échanges commerciaux entre la Russie et l’ensemble du continent africain, c’est un peu moins de 15 milliards d’euros. Ceux entre l’Union européenne et les pays africains sont de 300 milliards d’euros. C’est vingt fois plus. Sans compter l’aide publique au développement de plusieurs milliards d’euros. Ces échanges commerciaux entre la Russie et l’Afrique se font au préjudice de l’Afrique. C’est-à-dire que ces 15 milliards d’euros sont quasi totalement des importations africaines de la Russie notamment de blé, de carburant et de charbon. Par contre, c’est la moitié pour l’Europe. C’est une donnée dont tout le monde est conscient. Et c’est donc un levier important face à la Russie. »

    Emmanuel Macron conclura sa tournée en République démocratique du Congo (RDC), ex-colonie belge mais aussi plus grand pays francophone du monde, où le président Félix Tshisekedi, au pouvoir depuis janvier 2019, se prépare à une échéance électorale cette année.

    Cette étape peut également s’avérer délicate alors que la France est accusée en RDC de soutenir le Rwanda plutôt que Kinshasa, confronté à une rébellion dans l’est du pays.

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    #France #Afrique #Macron #Russie #Wagner #Chine #Françafrique

  • Pourquoi la relation glaciale entre la France et le Maroc ?

    Tags : France, Maroc, Algérie, Sahara Occidental, Pegasus, Qatargate, corruption, espionnage,

    Si l’Élysée refuse de parler d’une crise diplomatique avec le Maroc, les relations entre les deux pays sont très dégradées.

    La question épineuse des visas est loin d’être la seule à éloigner Paris et Rabat.
    Au cours des derniers mois, une visite officielle d’Emmanuel Macron au Maroc a été repoussée à plusieurs reprises.

    Arrivé à Libreville, Emmanuel Macron débute au Gabon un périple africain qui doit ensuite se poursuivre en Angola, au Congo ainsi qu’en République démocratique du Congo. Ces voyages officiels font suite à son discours du 27 février, durant lequel il présentait un « nouvelle vision » des liens qu’il entendait développer entre la France et les pays du continent africain.

    Parmi les sujets épineux, on peut noter les tensions récurrentes entre Paris et Rabat. Les autorités marocaines ont, en effet, répondu de manière cinglante à Emmanuel Macron, qui affirmait que sa relation avec Mohammed VI était « amicale ». « Nos relations ne sont ni bonnes ni amicales », a lancé l’entourage du roi ce jeudi 2 mars. Une sortie qui illustre la froideur des échanges entre les deux pays depuis maintenant plusieurs années.

    Une crise des visas en cours de régularisation

    À l’automne 2021, la France avait annoncé sa volonté de réduire de manière drastique le nombre de visas accordés aux voyageurs marocains. Leur nombre a été divisé par deux, tout comme pour les Algériens. Dans le même temps, ceux pour les Tunisiens devaient également diminuer d’un tiers. Une manière, pour Paris, de mettre la pression sur les pays du Maghreb : ces derniers, dont le Maroc en première ligne, étaient alors accusés de freiner l’accueil sur leur sol de leurs ressortissants en situation irrégulière et visés par des expulsions du territoire français. Pour que les expulsions soient effectives, les pays d’accueil doivent délivrer des « laissez-passer consulaires ». En ne fournissant qu’un nombre très réduit de ces documents, les procédures se retrouvaient alors gelées.

    Le Maroc, comme ses voisins, a vu la décision des autorités françaises comme une forme de chantage, ainsi qu’une atteinte à la liberté de circulation. Paris, de son côté, assumait sa volonté de mettre la pression sur ses voisins méditerranéens afin qu’ils accentuent leur coopération en matière de gestion des flux migratoires. « Nous avons pris les mesures, avec nos partenaires marocains, pour restaurer une relation consulaire normale », assurait en décembre la ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna. En voyage dans le royaume, elle se félicitait des avancées observées avec son homologue. La diplomatie marocaine, quant à elle, évoquait une rencontre qui allait « dans le bon sens ».

    Pegasus, l’affaire d’espionnage qui dérange

    Si l’épineux dossier des visas semble en voie de résolution, une autre affaire continue pour sa part de compliquer les relations entre France et Maroc. Révélée par un consortium de médias internationaux, une affaire d’espionnage a mis en exergue la surveillance de quelque 50.000 personnes à travers le monde (femmes et hommes politiques, journalistes, militants des droits humains, etc.) par le biais d’un logiciel espion nommé Pegasus, mis au point par une société israélienne. Plusieurs gouvernements ont été mis en cause, dont celui du Maroc.

    En conséquence, le Parlement européen a diligenté une commission d’enquête en avril 2022 pour que ces abus. Les autorités marocaines n’ont pas apprécié d’être mis en cause dans ce dossier, et n’hésitent pas à incriminer Paris. « L’implication des médias et de certains milieux français dans la genèse et la promotion de l’affaire Pegasus ne pouvait pas se faire sans une implication des autorités françaises », glissait encore ces derniers jours à Jeune Afrique une source diplomatique.

    Une résolution du Parlement européen vise le Maroc
    Courant janvier, le Parlement européen a très largement adopté à Strasbourg un texte non contraignant visant le Maroc. Par 356 voix pour, 32 contre et 42 abstentions, l’institution a demandé « instamment » aux autorités du royaume de garantir « la liberté d’expression et la liberté des médias » ainsi que de s’assurer que les « journalistes incarcérés » puissent bénéficier d’un « procès équitable ». Rabat a très vivement réagi à cette mise en cause, estimant que ce vote avait été très largement porté par les eurodéputés français de Renew, le groupe qui représente la majorité présidentielle d’Emmanuel Macron. Le ministère marocain des Affaires étrangères a réagi en assurant que le pays ne serait ni « effrayé ou intimidé » par ces prises de position.

    Une proximité avec l’Algérie qui fâche

    Au cours de l’année écoulée, les liens entretenus par la France avec l’Algérie ont constitué un sujet de crispation et de tension à Rabat, alors que le Maroc et son voisin entretiennent une rivalité de longue date, cristallisée par la question délicate du statut du Sahara occidental, devenu l’objet d’une crise diplomatique.

    Dans ce contexte, la visite d’Emmanuel Macron dans les premiers mois qui ont suivi sa réélection ont suscité des crispations. Un déplacement à l’issue duquel l’Élysée insistait sur « les destins liés » de l’Algérie et de la France, ainsi que sur les « liens humains inestimables » tissés à travers le temps. Cela s’ajoute à la visite des 23 et 24 janvier dernier du chef d’état-major de l’armée nationale populaire, Saïd Chengriha. Décrit par la presse comme « très anti-marocain », il s’est rendu dans l’hexagone en répondant à une invitation formulée par son homologue français.

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    #France #Maroc #Algérie #Sahara_Occidental

  • France : L’Etat ferme les yeux sur le trafic de bois

    Tags : France, trafic de bois, fôrets, Office national des forêts, ONF, Chine,

    Trafic de bois : l’Etat ferme les yeux sur le pillage des forêts publiques françaises

    Le bois de chêne, coupé puis vendu par l’Office national des forêts (ONF), est au cœur d’un vaste commerce illégal entre la France et la Chine. Disclose dévoile comment des traders asiatiques et des scieries françaises profitent du manque de contrôle de l’administration pour contourner l’interdiction d’exporter le bois brut hors de l’Union européenne.

    Un SUV blanc rutilant dévie de la route, s’engage sur un chemin boueux. « C’est eux », glisse Étienne*, propriétaire d’une scierie de chênes nichée près de la frontière belge, aux confins des Ardennes. Deux hommes descendent de la voiture et se dirigent vers les dizaines de troncs empilés les uns sur les autres sur une trentaine de mètres. Des chênes qui, pour certains, ont été coupés dans les forêts publiques françaises.

    Les deux hommes, d’origine chinoise, sont des négociants en bois. Des traders chargés de fournir des hommes d’affaires chinois en chênes achetés auprès de grossistes français souhaitant vendre leur marchandise au plus offrant. Smartphone en main, ils photographient les grumes, les troncs bruts, sous tous les angles. « Dans cinq minutes, ces photos sont chez quatre sociétés chinoises à Shanghaï. Si l’on a un feu vert, ça peut partir en containers dans deux semaines », détaille Étienne, un brin admiratif. Pour lui, l’enjeu est de taille. « J’ai ici l’équivalent de dix containers de chênes, soit 250 m3, explique-t-il. Si je les transforme sur place, cela fait une perte de 40 000 euros pour l’entreprise. S’ils partent en Chine, cela fait un gain de 15 000 euros. » Les trois hommes s’éloignent pour régler les derniers détails. En toute discrétion. Et pour cause : la transaction est illégale.

    Disclose a enquêté sur le trafic de chênes entre la Chine et la France, troisième producteur mondial de cette essence qui couvre 41% de la surface forestière du pays. De Paris, aux Ardennes en passant par la Haute-Marne ou la Meurthe-et-Moselle, nous avons découvert un vaste réseau de blanchiment du précieux feuillu impliquant des traders chinois, des revendeurs français et une myriade de sociétés écrans. Le tout, dans l’indifférence de l’Etat et l’absence quasi-totale de contrôle des douanes.

    PILLAGE ORGANISÉ

    Pour comprendre l’origine de cette opération de pillage organisé au détriment d’une exploitation raisonnée des forêts et de la défense de l’industrie française du bois, il faut remonter à l’année 2015. A l’époque, afin de protéger les chênes issus du domaine public de toute exportation sauvage, l’Etat créé un label baptisé « Transformation UE ». Pour l’obtenir, les exploitants forestiers doivent « transformer ou s’assurer de la transformation » des chênes en France, ou dans un pays membre de l’Union européenne. En échange de quoi, elles disposent d’un accès « prioritaire » aux ventes de l’Office national des forêts (ONF), l’établissement public chargé de la gestion des forêts, qui commercialise 50 % des chênes mis sur le marché par an dans le pays — plus de deux millions de mètres cubes ont été récoltés en 2021. Mais très vite, le détournement se met en place.

    « Quand j’ai participé à ma première vente réglementée de l’ONF, en 2016, une société a raflé 80 % de la vente, se souvient Étienne, le scieur ardennais. C’était un scieur qui venait de créer une nouvelle société pour continuer à vendre en Asie parce que les marges sont bien supérieures. J’ai découvert à ce moment-là que certains dopaient leurs ventes en créant des sociétés écrans ». L’entrepreneur ne tarde pas à prendre le pli afin de tromper, lui aussi, les autorités françaises en dissimulant ses exportations illégales, et bien plus lucratives, vers la Chine.

    TROMPERIE

    Pour échapper aux contrôles, il créé deux sociétés. La première est une société écran officiellement engagée dans la transformation du bois dans l’UE — elle a donc obtenu l’agrément pour acheter des chênes publics à l’ONF. La seconde est spécialisée dans le négoce avec l’Asie. La tromperie est simple : avec sa première entreprise, Étienne achète des chênes protégés par le label UE avant d’en mélanger une partie avec des chênes issus du marché privé puis de les revendre avec sa seconde entreprise. De cette manière, les comptes de sa société labellisée ne font état d’aucune transaction hors de l’Union européenne. Factures à l’appui, le négociant explique avoir expédié des centaines de mètres cubes de chênes protégés vers la Chine, sans jamais être inquiété. Il explique : « Le cabinet d’audit mandaté par l’APECF [l’association chargée de délivrer le label autorisant l’achat de chênes publics] me demande chaque année de lui envoyer un tableau récapitulatif des factures de ma première société, mais il ne vérifie pas les stocks ».

    Interrogée, l’APECF assure que « 100% des entreprises [labellisées] sont contrôlées tous les ans par contrôle documentaire (documents comptables) », à quoi s’ajouterait « 10 à 20 investigations complémentaires sur site tous les ans ». Des procédures qui ne suffisent toutefois pas à décourager les fraudeurs, comme en témoignent les propres chiffres de l’association : les radiations d’entreprises labellisées pour « faute constatée » ou « refus de contrôle » ont été multipliées par plus de 9 entre 2016 et 2022.

    « Deux à trois fois par mois, pendant les ventes de chênes labellisés, on voit des containers dans les forêts ».

    LUDIVINE MÉNÉTRIER, AGENTE DE L’ONF

    Rares sont ceux qui se font pincer. Comme ce fut le cas de Romain N., un exploitant forestier de Meurthe-et-Moselle. Entre septembre 2019 et janvier 2022, ce dernier a acheté 1 500 m3 de chênes bruts provenant de forêts publiques pour plus de 100 000 €, d’après les données de vente de l’ONF que nous nous sommes procurées. Certains de ces troncs étaient ensuite expédiés en Chine. « On l’a pris en flagrant délit en train de charger plusieurs dizaines de mètres cubes de chênes labellisés », confirme un cadre de l’ONF, sous couvert d’anonymat. Romain N. a écopé d’une simple suspension des ventes de l’ONF. Sollicité à plusieurs reprises par Disclose pour réagir à ces accusations, l’exploitant n’a pas donné suite.

    Combien sont-ils, comme Étienne ou Romain N., à envoyer illégalement des chênes protégés vers la Chine ? En 2020, sur les 271 entreprises autorisées à acheter des troncs vendus par l’ONF, 21 ont été suspendues, selon un cadre de l’établissement, qui a demandé à garder l’anonymat. En réalité, le trafic serait bien plus massif, comme semble le confirmer Ludivine Ménétrier, une agente de l’ONF qui officie dans le département forestier de la Haute-Marne. « Deux à trois fois par mois, pendant les ventes de chênes labellisés, on voit des containers dans les forêts », admet celle qui se dit incapable de contrôler toutes les transactions, faute de personnel et de moyens. Pourtant, selon Ludivine Ménétrier et d’autres agents de l’ONF interrogés, les containers sont quasiment tous destinés au marché chinois.

    Les premiers traders asiatiques sont arrivés sur le marché du bois français à la faveur des tempêtes de 1999. A l’époque, les rafales font tomber des millions d’arbres qu’il fallait vendre rapidement, mais les débouchés locaux manquent. Pour beaucoup d’exploitants forestiers, la Chine offrait une issue idéale. Depuis, le phénomène s’est dangereusement amplifié, poussé notamment par la décision du gouvernement chinois, en 2017, d’arrêter l’exploitation intensive et l’abattage commercial de ses forêts naturelles. Mais aussi par l’annonce récente de la Russie, deuxième producteur de chênes au monde, de cesser les exportations dans le pays. Moins regardante et moins protectrice de ses ressources forestières, la France est donc devenue un producteur de premier choix. D’après les dernières données douanières, près de 294 000 m3 de chênes bruts ont été exportés vers le géant asiatique en 2022, faisant du pays le principal destinataire de ce marché qui concerne les forêts privées, mais aussi, donc, le domaine public.

    L’ONF ÉCOULE DES CHÊNES HORS LABEL

    Le pillage des forêts publiques n’est pas le seul fait de scieurs peu scrupuleux. D’après notre enquête, l’ONF écoule lui-même des milliers de mètres cubes de chênes sans les avoir labellisés. En analysant les comptes rendus des ventes en ligne de l’établissement public entre septembre 2019 et janvier 2022, soit plusieurs dizaines de milliers de transactions impliquant plus de 1 200 sociétés (scieries, négociants, exploitants, transporteurs), Disclose a en effet découvert que des lots dont l’essence dominante est le chêne ont été vendus sans le label UE. En clair, ces dernières années, l’ONF a vendu des centaines de milliers de mètres cubes de chênes sans qu’ils ne soient protégés contre l’exportation directe vers la Chine. Sollicité, l’établissement public, par l’intermédiaire d’Aymeric Albert, directeur commercial bois, confirme la vente de chênes publics sans label. Il avance le chiffre de 16 % du volume total des troncs mis aux enchères. Un volume qui proviendrait « majoritairement des articles restés invendus lors de leur première présentation en vente et des peuplements où le chêne est très minoritaire », justifie l’ONF. Interrogé à son tour sur cette fuite de bois protégé, le ministère de l’agriculture n’a pas réagi.

    Pourquoi l’ONF ne protège pas tous ses chênes ? Pour Aymeric Albert, la faute reviendrait aux maires des communes rurales propriétaires de forêts et parfois peu enclins à trier les différentes essences de bois qu’ils vendent : « Nous portons la politique [de labellisation des chênes] mais après ce sont eux qui décident. » Dont acte. Il omet néanmoins de mentionner que la mise en vente des lots mélangés prend beaucoup moins de temps. Et coûte nettement moins cher.

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    Infiltration au cœur du trafic illégal de bois entre la France et la Chine

    Pour assouvir l’appétit de la Chine en chêne français, des négociants asiatiques ont mis en place un système de blanchiment du bois reposant sur une myriade de sociétés écrans et la complicité de revendeurs peu scrupuleux, comme le révèle une infiltration de Disclose au cœur d’un réseau de trafiquants franco-chinois.

    « Contactez-moi si vous avez du bois à charger en containers ». Des messages comme celui-ci fleurissent depuis plusieurs années sur le réseau social Facebook. À la manœuvre, des dizaines de traders chinois à la recherche de plusieurs essences de bois, dont l’or vert : le chêne français.

    Le précieux feuillu, qui représente plus de 40 % des essences forestières du pays, est devenu une ressource très convoitée par l’industrie du bois chinoise. Des centaines de milliers de mètres cubes de chênes quittent ainsi le territoire français chaque année en direction des ports de Qingdao ou de Shanghaï. Pour faire face à cet appétit vorace, le gouvernement français a mis en place un label baptisé « Transformation UE ». Celui-ci interdit que les chênes issus des forêts publiques du pays soient exportés hors de l’Union européenne sans avoir été préalablement transformés – plus de 80 % des chênes vendus par l’Office national des forêts (ONF) sont protégés.

    INFILTRATION

    Pour contourner le label et mettre la main sur les troncs vendus par l’établissement public, des traders chinois ont mis en place un vaste système de blanchiment du bois, avec le concours de revendeurs français peu scrupuleux. Afin d’infiltrer ce réseau de trafiquant, nous nous sommes fait passer pour un négociant en bois de l’est de la France, prêt à vendre des chênes labellisés « Transformation UE ». Il nous a suffi de créer un faux profil Facebook et de contacter des traders revendiqués en leur demandant s’ils étaient intéressés par du chêne français.

    En l’espace de trois mois, une vingtaine d’intermédiaires asiatiques sont entrés en discussion avec nous. Certains d’entre eux souhaitent acheter rapidement des troncs. Avec, à chaque fois, une astuce clé en main pour blanchir l’origine du bois pourtant labellisé par l’ONF, et donc interdit à l’exportation vers la Chine avant transformation.

    L’un d’entre eux, qui se fait appeler Alan, propose de contourner le label UE en vendant nos chênes à une entreprise de transport lituanienne avec laquelle il travaille. « Elle fait le contrat avec vous, ensuite ils envoient vos grumes en Chine depuis un port français », explique-t-il. Aucun risque d’être confondu par les autorités, promet notre interlocuteur : « L’expéditeur sur la facture sera l’entreprise lituanienne ».

    Le risque est d’autant plus faible que les douanes françaises sont à la peine. « Les effectifs étant insuffisants en douane, la politique des contrôles de notre administration est quasiment réservée à l’importation des marchandises », regrette un responsable régional des douanes du Havre, joint par Disclose. En l’absence de contrôle, le bois se retrouvera donc quelques semaines plus tard en Chine.

    UNE SCIERIE EN BOSNIE

    Un autre intermédiaire, Anna, propose une voie différente. Basée en Serbie, celle qui se présente comme une « acheteuse à son compte de chênes, d’épicéas, de tilleuls et de hêtres » propose de brouiller les pistes en transformant notre marchandise depuis des scieries basées en Bosnie et en Serbie, deux pays candidats mais non-membres de l’Union européenne. « Nous produirons des planches là-bas puis nous les exporterons en Chine », détaille la tradeuse. Elle l’assure : une fois vendus à sa société, les chênes ne seront plus traçables par les autorités françaises, alors même que la transformation du bois aura lieu hors du territoire de l’UE, ce que le label interdit.

    Un courtier résidant à proximité du port de Shanghaï propose de voir avec « un ami en Belgique » pour que celui-ci établisse un contrat entre son entreprise et nous. Une façon de brouiller les pistes, car, après vérification, l’ami belge n’est autre qu’un négociant spécialisé dans l’export de bois vers la Chine, le Vietnam et l’Inde.

    LE BUSINESS DES SOCIÉTÉS ÉCRANS

    Parfois, les traders recourent à des sociétés écrans domiciliées en France. C’est le cas de Warren, un intermédiaire d’origine chinoise opérant depuis Paris, qui nous propose de vendre nos chênes labellisés à une société française immatriculée dans la capitale, dans le 14e arrondissement. L’entreprise, spécialisée dans « la transformation du bois », selon ses statuts, a été créée en octobre 2021 par une certaine Yi D., une citoyenne chinoise résidant en région parisienne, avant d’être reprise par Peng Y., un Chinois de Qingdao, l’un des principaux ports chinois impliqués dans l’import de bois.

    Après vérification, la société n’a pas de locaux à Paris, mais une simple boîte aux lettres créée par une agence de domiciliation d’entreprises qui propose, à partir de 10 euros par mois, d’installer le siège social d’une société « sur un site autre que de lieu de travail ou de résidence » du propriétaire. Le but, donc, maquiller l’origine de l’acheteur afin d’expédier la précieuse matière première directement vers la Chine. Un système illégal et bien huilé. « La demande d’import vers la Chine est très forte, n’ayez pas d’inquiétude par rapport au label », souligne le trader.

    ITINÉRAIRE D’UNE CARGAISON ILLÉGALE DE CHÊNES

    Désormais, les traders ne sont plus les seuls sur le coup. Avec l’explosion des prix et la baisse des ressources disponibles, des sociétés chinoises ont commencé à investir le marché via des filiales opaques. Objectif : écarter les courtiers en achetant directement aux scieries et aux exploitants français du bois public.

    Une entreprise dirigée par des Chinois, et établie en France, a attiré l’attention de Disclose. En 2021, cette société basée dans la Marne a réalisé l’intégralité de son chiffre d’affaires à l’export. D’après nos informations, elle exporte des containers remplis de chênes bruts issus de forêts publiques protégées. Comme ce fut le cas en février 2022. Dans une vidéo tournée clandestinement dans une scierie de l’est de la France et que Disclose s’est procurée, on peut ainsi voir des troncs issus de ventes de l’ONF chargés dans des containers installés sur des camions immatriculés en Belgique et en Bulgarie. Pour déjouer les contrôles, les plaques fixées sur les troncs par les agents de l’établissement ont été retirées.

    En traquant les containers, nous avons découvert qu’ils ont été embarqués au port d’Anvers, le 10 mars 2022, sur un cargo de la compagnie Cosco Shipping, battant pavillon hongkongais. Les troncs ont ensuite parcouru 25 600 kilomètres en passant par le canal de Suez pour atteindre, quatre semaines plus tard, le port de Shanghaï, sur les côtes chinoises. Ni vu ni connu.

    Source

    #Trafic_de_bois #Forets #Pillage #Disclose

  • Au Gabon, le sentiment anti-français ne se cache plus -vidéo-

    Tags : France, Emmanuel Macron, Afrique, Gabon, Congo, Angola, Françafrique, Total Energies,

    Le président Macron s’est rendu hier au Gabon comme première escale de son périple africain. L’Angola, le Congo et la RDC sont les autres destinations de Macron lors de ce déplacement en Afrique centrale.

    Jeudi, le président français a participé à « One Summit Forest », un sommet environnementaliste sur la préservation des forêts du bassin Congo. La France est accusée, elle-même, de polluer et surexploiter ces forêts, par les activités pétrolières de Total, les mines d’uranium contrôlées par les entreprises françaises et aussi pour le monopole des acteurs français dans l’industrie du bois de cette région.

    Informés à propos de ces malfaisances françaises dans leur pays, les Gabonais ont commencé, depuis quelques semaines, une campagne massive pour demander la suspension de cette visite.

    Le ressentiment anti-français s’enflamme aussi sur les réseaux sociaux, notamment sur Facebook. La population locale ne cache plus sa critique contre les politiques d’ingérence de l’Elysée dans la région de l’Afrique centrale.

    [youtube https://www.youtube.com/watch?v=ISyXlVCSuUw&w=560&h=315] [youtube https://www.youtube.com/watch?v=v-Xs9kqHSAQ&w=560&h=315]

    #France #Macron #Gabon #Françafrique #Congo #Angola #Total

  • Gabon: Macron suspecté de vouloir soutenir le régime de Bongo

    Tags : France, Afrique, Emmanuel Macron, Gabon, Congo, Angola, Mali, Burkina Faso, Russie, Chine, Wagner,

    Afrique : Macron en tournée pour contrer l’expansion russe

    L’objectif du voyage du président est de réaffirmer la présence française dans une zone déjà influencée par d’autres puissances

    Le président français Emmanuel Macron, parti hier pour un voyage en Afrique centrale qui le conduira au Gabon, en Angola, en République du Congo et en République démocratique du Congo (RDC) jusqu’au 5 mars, premier geste concret après la fin de l’opération Barkhane pour réaffirmer la présence française dans un terrain déjà touché par d’autres puissances. Macron se rendra dans quatre pays où il n’a jamais mis les pieds, avec la motivation officielle de participer au One Forest Summit de Libreville, un sommet international sur la conservation des forêts tropicales, mais la volonté affichée de renouer avec le continent qui ces derniers temps années ont subi pas mal de soubresauts.

    Après le retrait forcé des forces françaises du Mali, de la République centrafricaine et du Burkina Faso – pays attirés par l’orbite russe -, sur le continent Paris risque désormais de perdre son emprise même sur des destinations stratégiques d’un point de vue économique : c’est le cas du Mozambique, où Total Energies a été contraint de suspendre pendant deux ans les travaux de construction d’une usine de liquéfaction de GNL en raison de violences liées aux djihadistes, ou l’Angola, où Total a également récemment lancé trois projets dans les secteurs du gaz, du pétrole et de l’énergie solaire. Un voyage d’autant plus nécessaire compte tenu de l’événement électoral impliquant deux des pays prévus, le Gabon et la République démocratique du Congo (RDC), et de la montée à Kinshasa du ressentiment anti-français qui a animé ces derniers mois des manifestations à répétition contre le présence de militaires envoyés de Paris et employés par la Mission des Nations Unies dans le pays (MONUSCO). Pour Macron, agir maintenant sur ces « deuxième palier ».

    La première étape du voyage sera Libreville, la capitale du Gabon, où Macron organisera ce soir un dîner de travail avec le président Ali Bongo, au pouvoir depuis 2009. Aujourd’hui, Macron rencontrera dans la matinée la communauté scientifique et ses compatriotes résidant dans le pays dans l’après-midi, avant de prendre la parole au One Forest Summit.

    Si la visite au Gabon peut avoir pour objectif de resserrer les liens avec un pays récemment entré dans le Commonwealth, sur le plan politique, la scène s’annonce délicate : dans quelques mois, le Gabon organisera des élections présidentielles, et la société civile locale soupçonne Paris de vouloir en quelque sorte apporter son soutien au président sortant contesté. Macron s’envolera donc ce soir pour l’Angola, où il rencontrera vendredi matin son homologue João Lourenço, avant de repartir en début d’après-midi pour Brazzaville, la capitale du Congo. Il y sera reçu au Palais du Peuple par le président congolais Denis Sassou-N’Guesso, à la tête du pays depuis 1997, avant de tenir avec lui un entretien bilatéral. Dans la soirée, Macron s’adressera à la communauté française résidant au Congo, où la dernière visite d’un président français remonte à 2009. Le conflit en Ukraine devrait être l’un des sujets de discussion entre les autorités, compte tenu également de l’abstention constante de Brazzaville à l’ONU dans les résolutions condamnant les discussions alors qu’à l’ONU le gouvernement de N’Guesso s’est toujours abstenu de condamner l’invasion russe en Ukraine. Peu avant 22 heures, le président français décollera à nouveau, cette fois pour la République démocratique du Congo, dernière étape de sa tournée et théâtre dans l’est du pays d’une guerre entre la rébellion tutsies pro-rwandaise du M23 et l’armée congolaise qui pour Macron « ne doit pas être oubliée ».

    Présenté par la presse française comme une « opération séduction » et une visite « dans un champ de mines », le voyage en Afrique a été annoncé par Macron lui-même dans un discours d’ouverture prononcé lundi soir en présence de divers organes de presse. Beaucoup ont associé l’intervention à celle qui s’est tenue en 2017 à Ouagadougou, au Burkina Faso. Si à cette occasion le président français avait admis que « ce n’est pas seulement un dialogue franco-africain qu’il faut reconstruire ensemble, mais un projet entre nos deux continents, une relation nouvelle », on reproche depuis cinq ans à Macron d’avoir laissé ces engagements lettre morte, menant une politique « entrepreneuriale » en Afrique peu soucieuse du territoire et un héritage post-colonialiste.

    Ainsi, pour tenter de préparer les pays hôtes à son arrivée, Macron a déclaré lundi que l’Afrique « n’est pas le terrain de la concurrence », qu’ »il faut passer d’une logique d’aide à celle d’investissement » et a appelé à la construction d’une relation « équilibrée » avec les pays partenaires africains. En ce qui concerne la présence militaire sur le continent, le président a expliqué que « la transformation commencera dans les prochains mois avec une réduction visible de nos effectifs et une augmentation des bases de nos partenaires africains », esquissant une nouvelle phase de collaboration où il appartiendra aux mêmes gouvernements africains de « demander s’ils le souhaitent » le soutien des forces françaises « et d’autres partenaires » et a appelé à la construction d’une relation « équilibrée » avec les pays partenaires africains.

    Le président a promis que cette évolution s’accompagnerait « d’un plus grand effort de la France en matière de formation et d’équipement », et s’est dit prêt à faire preuve d’une « profonde humilité face aux enjeux du continent africain », une situation qu’il a qualifiée de « sans précédent dans l’histoire » et avec « une quantité vertigineuse de défis ». De la sécurité à la croissance démographique, jusqu’à l’arrivée des jeunes en Europe « à qui nous devons offrir un avenir », Macron a invité les partenaires africains à construire « des États et des administrations consolidées », capables d’investir « massivement dans l’éducation, la santé, l’emploi, formation et transition énergétique ».

    Dans son allocution de lundi, Macron a également annoncé la présentation prochaine au parlement d’une loi pour le retour des oeuvres d’art aux pays africains qui en sont propriétaires, souhaitant que « cette démarche s’inscrive dans une dynamique plus large et aussi d’une dynamique européenne ». Dans le communiqué de presse présentant la tournée, l’Elysée a à son tour insisté sur la « position d’écoute et d’humilité » que le président Macron entend adopter vis-à-vis des pays qu’il visitera ces jours-ci, avec la volonté affichée de « construire ensemble de vrais partenariats ». Le gouvernement souligne que ce qui a commencé est le 18ème voyage de Macron en Afrique et que sur la tournée il sera accompagné de différentes délégations françaises et européennes, promouvant des partenariats visant à mettre en valeur les « humains, entrepreneuriaux, scientifiques, universitaires, militaires, artistiques et sportifs » des pays.

    La perte d’influence désormais consolidée en Afrique et au Sahel inquiète beaucoup Paris et de ce point de vue la visite de Macron en Afrique sera également importante pour donner un signal décisif de la présence des institutions dans les zones qui pourraient bientôt être affectées par les bouleversements des pays voisins. Des opérations ont été achevées en juin qui prévoient de réduire de moitié d’ici 2023 les forces françaises opérant au Mali dans les désormais anciennes missions Barkhane et Takuba, de plus de 5 à environ 2.500 hommes, et de les transférer vers une autre destination, principalement au Niger, pays dont elle dépend largement pour les approvisionnements en uranium qui alimentent les 58 réacteurs atomiques installés sur le territoire français.

    Pour tenter d’endiguer l’expansion d’une orbite pro-russe qui comprend désormais la République centrafricaine et le Mali, mais aussi le Soudan et en partie le Burkina Faso – théâtre d’un double coup d’État l’an dernier qui a amené la junte militaire de Ouagadougou à Moscou – la ligne française consiste désormais à se déplacer progressivement vers l’ouest, pour tenter de renforcer sa présence au Bénin, au Ghana et en Côte d’Ivoire, où la menace djihadiste est encore contenue mais connaît une expansion rapide et nécessite un soutien économique et militaire accru. Paris doit également faire face à la tendance régionale à reprendre la lutte contre le terrorisme avec le soutien de la communauté internationale, mais avec une barre résolument africaine. Ainsi, ces derniers mois, plusieurs organisations régionales ont prévu d’envoyer des missions militaires pour la résolution de conflits, comme c’est le cas de la Communauté des pays d’Afrique australe (SADC) au Mozambique, de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) en République démocratique du Congo et de la Communauté économique des pays de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qui a récemment annoncé la création d’une force régionale qui « interviendra en cas de besoin, que ce soit pour la sécurité, le terrorisme ou la restauration de l’ordre constitutionnel dans les États membres ».

    Source : Agenzia nova, 02/03/2023

    #France #Afrique #Françafrique #Macron #Gabon #Congo #Angola #Barkhane #Serval #Mali #Burkina_Faso #Russie #Chine #Wagner

  • Le discours de Macron sur l’Afrique : Des réactions mitigées

    Tags : France, Emmanuel Macron, Afrique, Françafrique, Gabon, Mali, Burkina Faso, Congo,

    Il ne s’agit pas de changer la politique française mais de s’adapter à une nouvelle situation, selon les analystes

    Le président français Emmanuel Macron a exposé sa stratégie pour l’Afrique dans un discours avant d’entreprendre mercredi sa tournée africaine qui le mènera au Gabon, en Angola, en République du Congo et en République démocratique du Congo.

    Le discours de lundi à la présidence a suscité des réactions variées, certains affirmant que Macron avait simplement reconditionné les thèmes d’un discours sur la politique française en Afrique prononcé lors de sa précédente visite sur le continent en 2017.

    Lecture à partir du même script

    Macron a déclaré que la France devait faire preuve d’une « profonde humilité » envers l’Afrique.

    « Nous voyons Macron faire des remarques similaires à Ouagadougou (capitale du Burkina Faso) et dans plusieurs autres pays africains », a déclaré à Anadolu l’analyste politique africain Garba Moussa.

    « Mais cette fois, il y a un certain apaisement quand Macron a souligné que la France devait faire preuve d’humilité envers l’Afrique. On y voit un changement d’attitude après l’arrogance passée de la France envers l’Afrique.

    Macron a déclaré que la France cesserait d’héberger des bases militaires régulières en Afrique et créerait à la place des « académies » qui seraient cogérées par la France et les pays hôtes.

    Moussa, spécialiste de la politique africaine, pense que la France imite la politique américaine en Afrique d’être présente sur le continent mais avec une « réduction notable » de ses effectifs militaires.

    Le philosophe camerounais Hubert Mono Ndjana a salué le discours de Macron sur « l’humilité réclamée depuis longtemps par de nombreux » partis, notamment en Afrique.

    Ndjana a déclaré que le test consiste à suivre les babines et que toutes les parties attendent de voir si c’est « le début d’un véritable changement ».

    Rien d’étonnant

    Raissa Girondin, une analyste politique basée au Togo, s’est montrée critique.

    Elle a décrit le discours de Macron comme « seulement un plat bien préparé au gaz » mais « n’offrant fondamentalement rien de surprenant ».

    « En réalité, il n’y a rien. C’est simplement un discours flatteur avec un seul objectif : reconquérir les cœurs, alors que le cœur de nombreux pays africains est très loin, très loin de la France », a-t-elle déclaré.

    Louis Gitinywa, un analyste politique basé au Rwanda, a déclaré qu’il était assez tôt pour évaluer l’impact de son changement présumé de la politique étrangère de la France en Afrique.

    Il a cependant noté que Macron avait pris la décision audacieuse de reconnaître les lacunes et les échecs de la politique étrangère de la France en Afrique subsaharienne dans un contexte de dynamique changeante.

    « Le continent africain n’est plus le territoire français. A long terme, le statu quo ante n’est plus valable alors que l’on assiste à une nette émancipation des Etats africains. Mais nous devons attendre de voir comment cela sera mis en œuvre sur le terrain », a déclaré Gitinywa.

    Au Bénin, Gille Gohy, politologue, a déclaré que le discours de Macron faisait preuve d’un grand réalisme.

    « Il n’y a plus d’arrogance. Les deux parties doivent avoir le même niveau de dialogue, le même niveau de coopération pour de futurs accords solides. La France et les pays africains sont conscients qu’ils ont chacun leur rôle à jouer pour des relations fructueuses », a déclaré Gohy.

    « C’est un discours positif. Je suis sûr que les pays africains le sentiront. Je vois que la France a vraiment envie de changer d’attitude vis-à-vis de ses partenaires africains.

    Gohy a souligné que la France « joue aussi pour sa survie » en raison de son influence décroissante sur le continent.

    Amir Nourdine Elbachir, un autre analyste politique et géopolitique, n’a pas été impressionné par le fait que Macron « parlait toujours de plans pour l’Afrique sans impliquer les Africains ».

    Dans un tweet, Elbachir a déclaré qu’il était clair que « les intérêts français sont menacés en Afrique », ce qui explique la soudaine réflexion de Macron sur la révision de la politique pour le continent.

    Pour l’homme politique Mamadou Dian Balde en Guinée Conakry, « depuis le discours de Macron dans un amphithéâtre de Ouagadougou en 2017, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts » et « sans que les fruits tiennent la promesse des fleurs car au lieu de resserrer les liens avec les anciennes colonies les relations se sont plutôt affaiblis.

    Balde a accusé la France de penser qu’elle pouvait combattre le terrorisme uniquement au Sahel.

    Macron a voulu remettre les pendules à l’heure en remodelant l’image de la France comme une seule sans aucune condescendance en adoptant une nouvelle approche de partenariats fondés sur l’égalité avec les pays africains, selon Balde.

    « Comme d’autres pays riches le font déjà, clairement, la France doit se débarrasser de son complexe de supériorité vis-à-vis de l’Afrique. Tel semble être le message creux véhiculé dans le discours de Macron. On se demande si l’ère de la Francafrique est révolue.

    En République démocratique du Congo, où Macron est attendu ce week-end, le journal Interkinois a plutôt pointé « l’incohérence entre le discours public pro-Congo et la pratique tacite pro-Rwanda ».

    Le professeur mauritanien Simon Paul Bangbo Ndobo l’a résumé en ces termes : « La France ne change pas, elle s’adapte à la nouvelle situation ».

    Contrer la Chine

    Gille Gohy, un politologue béninois, a quant à lui déclaré que la nouvelle coopération française doit être « égalitaire », et a exhorté les Africains à en profiter pour éviter « la réapparition des souvenirs douloureux du passé ».

    « Le président Macron adopte une approche stratégique parce qu’il se comporte comme un joueur », a-t-il déclaré.

    Gohy a également suggéré que le premier vol de Macron vers l’Afrique cette année est de contrer l’influence chinoise, notant que les pays africains avec lesquels la France entretenait des relations privilégiées ne font pas partie de sa tournée cette semaine.

    Les relations de la France avec ses anciennes colonies du Mali et du Burkina Faso où elle exerçait une grande influence se sont détériorées. Le mois dernier, la France a retiré ses troupes du Burkina Faso comme l’exigeait la junte militaire.

    Paris a également retiré ses forces du Mali l’année dernière après que la junte militaire a choisi de travailler avec un groupe paramilitaire russe Wegner.

    « Les pays que va visiter Macron ont une valeur dont la France peut tirer parti comme le pétrole gabonais ou congolais. Ces pays ont été courtisés dans un passé très récent par la Chine, qui est déjà solidement implantée », a-t-il déclaré. « La France veut aussi en profiter et ne pas tout laisser à la Chine. »

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    #France_Afrique #Macron #Gabon #Congo #Mali #Burkina_faso #Russie #Wagner

  • Macron se rend en Afrique avec une nouvelle stratégie

    Macron se rend en Afrique avec une nouvelle stratégie

    Tags : France, Emmanuel Macron, Gabon, Afrique, Mali, Burkina Faso, Wagner, Russie,

    La nouvelle stratégie du président français Macron pour l’Afrique comprend la diminution de la présence militaire et l’amélioration des liens économiques. Avant sa visite dans quatre pays africains, la réponse des pays hôtes est mitigée.

    Le président français Emmanuel Macron entame en trombe son voyage de plusieurs jours sur le continent africain : Juste avant son départ pour le Gabon prévu mercredi, Macron a évoqué un changement dans la politique africaine de la France. S’exprimant lundi à l’Elysée, il a esquissé une posture future envers l’Afrique qui ne devrait pas être marquée par la présence militaire, mais par l’humilité.

    Macron a déclaré que la France devait faire preuve d’une « profonde humilité » en Afrique. Cela comprenait la « réduction notable » de sa présence militaire en Afrique , qui devait être mise en œuvre dans les mois à venir. Cette « réorganisation » n’était pas un recul, a souligné Macron. Le président français se rendra en Angola, en République du Congo et en République démocratique du Congo, après sa visite au Gabon. Il a également annoncé qu’il prévoyait d’intensifier les relations économiques.

    Macron donne un nouveau ton en Afrique

    Macron avait déjà annoncé un nouveau tournant dans la politique africaine de la France au début de sa présidence : dans un discours largement débattu devant des étudiants au Burkina Faso fin 2017, il avait appelé à un départ de la « Francafrique », l’influence néocoloniale de la France dans l’ancien français et Colonies belges en Afrique. Lundi, Macron a fait référence à ce discours, et les analystes ont établi des parallèles similaires.

    « Le but de Macron était de mettre l’accent sur plus d’humilité que par le passé », a déclaré Alex Vines, responsable du programme Afrique du groupe de réflexion basé à Londres Chatham House, dans une interview avec DW. « C’est un ton très différent d’il y a six ans, lorsque Macron a prononcé son discours d’ouverture sur la politique africaine française à Ouagadougou. » Il a estimé que le nouveau discours montrait que l’administration se rendait compte que la France devrait changer sa politique envers l’Afrique à la lumière des récents revers subis, en particulier dans la région du Sahel.

    Vines a ajouté que l’objectif principal était de placer les bases militaires françaises sur le continent africain sous une plus grande influence africaine. À l’avenir, les bases militaires devaient être gérées en coopération avec les forces locales ou converties en académies militaires. Plus récemment, le nombre de forces françaises sur le continent africain est passé de 5 000 à 3 000 individus .

    Des concepts de sécurité inappropriés pour les conflits en Afrique

    « En réalité, l’idée de convertir des bases en académies militaires n’est pas si nouvelle », a déclaré Niagalé Bagayoko, chef de l’African Security Sector Network (ASSN) au Ghana. « Cette approche rappelle fortement la politique menée par la France à la fin des années 1990 et au début des années 2000 », a déclaré Bagayoko à DW.

    Elle a ajouté: « Même au début de la crise du Sahel, il y a plus de dix ans, les armées africaines étaient dans un état qui aurait dû inciter à reconsidérer cette forme d’entraînement. Cela ne s’est pas produit. » Il était devenu clair, a-t-elle dit, que les concepts de sécurité importés – qu’ils soient français, multilatéraux ou russes – étaient totalement inadéquats pour faire face aux conflits en Afrique .

    Sentiment anti-français en Afrique

    Les anciennes colonies françaises s’agitent depuis un certain temps. Les sentiments anti-français ont cédé la place aux protestations et sont repris par les gouvernements intérimaires qui ont pris le pouvoir au Mali et au Burkina Faso après les récents coups d’État.

    Pendant de nombreuses années, les troupes françaises ont été une force majeure dans la lutte contre les groupes terroristes islamistes dans la région. Il y a moins d’un mois, le Burkina Faso a appelé l’ancienne puissance coloniale à retirer ses forces.

    En 2022, la France a mis fin à l’opération Barkhane au Mali, en partie parce que le gouvernement intérimaire y entretient des liens étroits avec la Russie et aurait embauché des mercenaires du groupe russe Wagner .

    En réponse aux critiques répétées des troupes françaises, Macron a déclaré dans son discours de lundi qu’il était « fier » de la performance de ses troupes dans la région du Sahel. Selon Andreas Eckert, spécialiste de l’histoire africaine à l’Université Humboldt de Berlin, la présence militaire de la France a alimenté le sentiment anti-français, qui à son tour a nui aux intérêts économiques. « Macron se rend compte dans une certaine mesure que la France ne pourra plus poursuivre sa politique néocoloniale », a déclaré Eckert.

    Les intérêts économiques français mieux représentés

    Maintenant, Eckert pense que la France essaie de sortir de sa stratégie militaire sans perdre la face. Le mécontentement intérieur a également augmenté, les critiques soulignant que les dépenses militaires étaient trop élevées et les investissements nationaux trop faibles.

    Cependant, alors que l’influence de la France dans ses anciennes colonies s’amenuise, les pays africains restent importants pour Paris. Macron recherche maintenant une coopération économique plus étroite. Andreas Eckert rappelle que Macron avait annoncé à la veille de son discours que les entreprises françaises devaient concurrencer les investissements chinois et russes.

    Nouvelles relations ou retrait d’Afrique ?
    L’itinéraire du président Macron peut donner une indication de la manière dont Paris compte y parvenir. « Il s’agit de reconstruire des relations avec des pays qui ont des liens de longue date avec la France comme le Gabon, qui a des élections cette année, et le Congo-Brazzaville, qui est important pour TotalEnergies », a déclaré l’expert britannique Vines, faisant référence à l’une des principales entreprises mondiales dans les énergies fossiles . carburant basé en France .

    Pour Vines, le voyage est un signal que la France ne se retire pas de l’Afrique, mais veut construire « de nouvelles et meilleures relations » avec des pays comme l’Angola. L’ancienne colonie portugaise du sud-ouest de l’Afrique avait demandé son adhésion au groupe des pays africains francophones, a expliqué Vines, et son adhésion au Commonwealth. La République démocratique du Congo, autrefois colonie belge, était également importante pour la France en raison de ses minéraux et de ses ressources, explique Vines. Ces derniers mois, Macron avait appelé le gouvernement congolais à régler le conflit le long de ses frontières orientales.

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    #France #Afrique #Macron #Gabon #Françafrique #Mali #Burkina_Faso

  • Macron doit réinitialiser la politique africaine de la France

    Tags : France, Emmanuel Macron, Afrique, Françafrique, Gabon, Mali, Burkina Faso, Russie, Wagner,

    L’ancienne puissance coloniale fait face à une concurrence d’influence sur le continent, notamment de la part de la Chine et de la Russie


    Vingt et un pays africains se sont abstenus ou sont restés à l’écart la semaine dernière du vote de l’Assemblée générale des Nations unies sur une résolution demandant le retrait de la Russie d’Ukraine. Parmi eux, six avaient une pertinence particulière, et qui donne à réfléchir, pour la France.

    Le président Emmanuel Macron avait visité deux d’entre eux, le Cameroun et la Guinée Bissau, en juillet dernier. Trois autres – l’Angola, le Gabon et le Congo – l’accueilleront plus tard cette semaine. Macky Sall, le président du sixième, le Sénégal, est considéré comme un ami et était invité à l’Élysée il y a tout juste un mois.

    Pour ajouter l’insulte à l’injure, le Mali, qui s’était abstenu lors d’un vote similaire en octobre dernier, a décidé de voter contre la résolution cette fois, rejoignant la Russie et des pays comme la Corée du Nord et la Biélorussie. Bien que pas tout à fait inattendue, cette décision a été un rappel douloureux des échecs de la France dans un pays où ses forces armées ont perdu 58 hommes combattant des groupes djihadistes, avant d’être expulsées l’année dernière par une junte militaire pour faire place aux mercenaires russes du groupe Wagner. Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, qui se rend fréquemment en Afrique ces jours-ci, s’est rendu début février à la junte à Bamako pour donner ses instructions de vote.

    Un Macron châtié entame cette semaine son 18e voyage en Afrique en tant que président. Il n’a pas renoncé à son ambition de transformer la relation vieille de plusieurs décennies de la France avec ses anciennes colonies ; au contraire, il la considère comme encore plus nécessaire dans le monde fragmenté d’aujourd’hui. Mais le dirigeant français a dû repenser son approche. Une réinitialisation avec l’Afrique est absolument nécessaire.

    Ce sont des moments différents des premiers jours de son premier mandat lorsque, en novembre 2017, Macron a prononcé un discours passionné devant un auditorium bondé à l’université de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso. En tant que premier président français né après l’ère coloniale, il a déclaré que l’époque de la vieille politique africaine de la France était révolue. Il a promis un nouveau modèle, plus équilibré et respectueux des identités africaines.

    Nul doute qu’il recevrait aujourd’hui un accueil encore moins enthousiaste de la part des étudiants de Ouagadougou. Après le Mali, l’instabilité politique, l’insécurité, le ressentiment anti-français et les campagnes de désinformation russes se sont propagées au Burkina Faso, qui a également demandé aux forces françaises de quitter le pays. Meurtrie mais réticente à se retirer complètement de la région du Sahel alors que la violence et l’insécurité menacent désormais même les États côtiers d’Afrique de l’Ouest, la France redéploie ses forces et adapte sa stratégie à une présence plus discrète. Un responsable de l’Éllysée décrit cette « nouvelle philosophie » comme « la fin d’un cycle où la France s’est mise en première ligne. On passe à un cycle où on va plutôt travailler en arrière-plan. » 

    Cela a été une leçon d’humilité. Le programme de transformation de Macron s’est rapidement heurté aux réalités sur le terrain. Il voulait que la France se débarrasse de son habit colonial ; mais lutter contre le terrorisme, aux côtés des gouvernements locaux, impliquait de maintenir des bases militaires qui étaient, en fait, des vestiges de son passé colonial. Ce n’est pas facile de faire semblant d’être parti alors qu’on est encore là.

    Par souci de stabilité, le président français a fini par contredire ses propres idéaux professés. Il a assisté aux funérailles du président tchadien Idriss Déby en 2021, approuvant ainsi implicitement le transfert de pouvoir hautement antidémocratique au fils de Déby. Mais la France n’avait-elle pas besoin de conserver une base aérienne à N’Djamena pour ravitailler ses troupes dans la région ?

    Son soutien au président ivoirien Alassane Ouattara, élu en 2020 pour un troisième mandat que l’opposition considérait comme inconstitutionnel, rappelait aussi les vieilles habitudes françaises. Mais qui voulait faire face à une autre crise dans un pays clé d’Afrique de l’Ouest ?

    Alors que la France s’enlisait dans sa réponse militaire à la propagation des assauts djihadistes, le continent changeait. Avec l’impact de la mondialisation, les pays d’Afrique ont vu le monde différemment et le monde les a vus différemment.

    La France n’est devenue qu’un acteur de plus parmi de nombreuses puissances concurrentes. La Russie, jouant sur les liens étroits que l’Union soviétique entretenait avec les élites africaines, revient en force, ciblant directement l’influence française. La Chine et la Turquie sont de grands acteurs sur le continent, avec des agendas allant bien au-delà de leurs intérêts économiques. Les gouvernements africains ont maintenant toute une gamme de partenaires parmi lesquels choisir et ne prendront pas conseil auprès de leurs anciens « protecteurs ».

    Ainsi, lors du prochain voyage de Macron, attendez-vous à beaucoup d’accent sur la biodiversité, des propositions d’aide à la lutte contre le changement climatique, des offres sur la coopération agricole ainsi que des partenariats culturels. Convaincue que l’Afrique et sa diaspora en Europe sont trop importantes pour être laissées de côté, la France tente à nouveau.

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  • Macron sur l’Afrique : « nouvelle ère » et présence réduite de la France

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    La France réduira considérablement sa présence militaire en Afrique, où ses bases seront « co-administrées » avec les forces armées locales, a déclaré le président.

    Le président français Emmanuel Macron a appelé lundi son pays à construire « une nouvelle relation équilibrée » avec l’Afrique, alors que l’ancienne puissance coloniale cherche à réduire sa présence militaire sur le continent.

    « L’objectif de cette nouvelle ère est de déployer notre présence sécuritaire dans une approche basée sur le partenariat », a déclaré Macron dans un discours à Paris, avant une tournée qui le mènera au Gabon, en Angola, en République démocratique du Congo et au Congo plus tard. cette semaine.

    À l’avenir, les bases militaires françaises sur le continent seront « co-administrées » avec du personnel local, a déclaré le président français, tandis qu’il y aura une « diminution visible » du nombre de troupes françaises stationnées en Afrique au cours des prochains mois.

    La nouvelle survient alors que la France fait face à une opposition croissante de la part des gouvernements locaux en raison de sa présence militaire continue dans plusieurs de ses anciennes colonies, et a été forcée de retirer des centaines de soldats du Mali , de la République centrafricaine et du Burkina Faso au cours de l’année écoulée. Environ 5 000 soldats français restent stationnés sur diverses bases à travers le continent.

    Mais la perte d’influence de Paris, notamment dans la région du Sahel, a également permis à la Russie d’ étendre son influence en Afrique , y compris dans la sphère numérique par le biais de campagnes de désinformation, ainsi que sur le terrain avec des mercenaires du groupe Wagner, qui en certains cas ont remplacé les soldats français .

    Le président français a déclaré que son pays s’éloignerait des luttes de pouvoir « anachroniques » en Afrique, affirmant que les pays africains devraient être considérés comme des « partenaires », tant sur le plan militaire qu’économique.

    « L’Afrique n’est pas l’arrière-cour de [personne], encore moins un continent où les Européens et les Français devraient dicter son cadre de développement », a déclaré Macron.

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