Étiquette : Francesco Giorgi

  • Scandale au PE: pourquoi a-t-on supprimé les groupes d’amitié?

    PE : Parlement Européen, corruption, Fight Impunity, No peace without justice, Antonio Panzeri, Eva Kaili, Francesco Giorgi, Maroc, DGED, services secrets marocains, Mohamed Bellahrach,

    Par Benoît Collombat, Cellule investigation de Radio France, Pauline Hofmann, Le Soir

    Le scandale de corruption qui ébranle le Parlement européen a mis en lumière le rôle ambigu joué par les groupes d’amitié. Avec le journal belge Le soir, la cellule investigation de Radio France a examiné les actions menées par l’un d’entre eux.
    L’un des premiers effets concrets du Qatar-Marocgate a été la suppression des groupes d’amitié au sein du Parlement européen. Député européen (socialiste passé à La République en Marche) de 2009 à 2019, Gilles Pargneaux a présidé le groupe d’amitié Union européenne-Maroc durant ses deux mandats. Son nom a resurgi dans la presse, en marge de ce scandale de corruption. “Il n’avait pas honte de se présenter comme conseiller personnel de sa Majesté le Roi”, affirme l’ancienne députée portugaise Ana Gomès qui l’a côtoyé au sein du groupe socialiste. “Il était quasiment ambassadeur – sans le titre – du Maroc, et il en était très fier”, confirme un élu socialiste français.

    “Je ne me suis jamais présenté comme le conseiller de sa Majesté », répond Gilles Pargneaux, qui s’explique pour la première fois publiquement depuis que l’affaire a éclaté. « Je n’ai jamais vu sa Majesté le roi Mohamed VI. Je ne l’ai jamais rencontré personnellement. Je n’ai pas défendu les intérêts du Maroc. J’ai été le président du groupe d’amitié Union européenne – Maroc… qui n’était pas un groupe d’inimitié.”


    Des liens avec un lobbyiste marocain

    Lorsque nous le rencontrons dans un hôtel cossu lillois, l’homme ne cache pas le lien personnel qui l’unit au Maroc : marié à une Franco-marocaine, il a reçu en février 2013 l’équivalent de la Légion d’honneur marocaine “sur haute instruction de sa Majesté Mohammed VI”. “Il faut que le Maroc ait une présence accrue” au Parlement européen, explique-t-il à l’époque. Des fuites de documents diplomatiques marocains indiquent que les autorités marocaines ont apprécié son action et ses prises de position. “J’en suis ravi, nous répond Gilles Pargneaux. Cela veut dire que nous faisions aux yeux des Marocains un travail de facilitateur qui leur paraissait efficient. Ce rôle a également été souligné par des représentants de l’Union européenne (UE).”

    Gilles Pargneaux, Kaoutar Fal au Parlement Européen

    En 2017, Gilles Pargneaux a également participé à un débat au Parlement européen, en présence de Kaoutar Fall, la directrice générale d’une agence marocaine de lobbying expulsée sept mois plus tard par les autorités belges qui la considèrent “activement impliquée dans des activités de renseignement au profit du Maroc”. “Je me suis fait avoir, de bonne foi », explique Gilles Pargneaux. « Elle m’avait demandé de la parrainer. J’ai contacté l’ambassadeur du royaume du Maroc auprès des institutions européennes. Il m’a dit qu’il n’y avait aucun souci avec elle et que lui-même participerait à sa conférence.”

    Une fondation et un cabinet de lobbying à la même adresse

    En 2018, Gilles Pargneaux crée la Fondation Euromeda, avec le Marocain Mohamed Cheikh Biadillah (élu à la Chambre des conseillers au Maroc et président du groupe d’amitié parlementaire Maroc-Union européenne) et le Français Alain Berger du cabinet de lobbying Hill & Knowlton. “Nous avons été reconnus d’utilité publique par décret royal en août 2018 et avons simplement organisé deux réunions cette année-là en lien avec le think tank marocain Policy center for the New South”, se justifie Gilles Pargneaux. “J’ai fait une erreur administrative en mettant le siège social d’Euromeda à la même adresse que Hill & Knowlton », explique de son côté Alain Berger. « Je l’ai changé au bout de trois mois. On s’est dit qu’il y avait besoin d’une fondation pour améliorer la relation entre l’Afrique et l’Europe avec un pivot particulier marocain. Le but de cette fondation n’était pas d’influencer la politique européenne, mais de trouver des projets d’aide en Afrique avec des programmes de formation, de jumelage, d’échange de matériel et la formation de femmes imams.”

    Pour l’ONG Western Sahara Ressource Watch (WSRW) basée à Bruxelles, en revanche, Euromeda s’apparenterait à une structure de lobbying en faveur du Maroc. “Le concept était soutenu par un certain nombre de personnalités marocaines », répond Alain Berger. « Mais ça n’a jamais été encouragé par le gouvernement marocain.” ”Cela n’avait rien à voir avec la volonté d’être les lobbyistes du Maroc”, affirme également Gilles Pargneaux, qui précise que “depuis 2019, la Fondation a été mise en sommeil” faute de partenariats financiers.

    [youtube https://www.youtube.com/watch?v=cgEEurQA4ds&w=560&h=315]

    Fin 2018, la Fondation a été éclaboussée par la démission forcée de l’eurodéputée française Patricia Lalonde, autrice d’un rapport sur l’accord commercial passé entre l’UE et le Maroc. Elle avait été critiquée pour son travail jugé partial en faveur de Rabat, après s’être rendue au Maroc et au Sahara occidental, en septembre 2018, avec deux autres députées européennes. “Le programme de cette mission était assez douteux », témoigne l’eurodéputée finlandaise Heidi Hautala qui était présente sur place. « Le Maroc voulait clairement montrer que la population locale tirait de grands avantages des accords commerciaux avec l’Union Européenne. Nous avons eu droit à une présentation totalement unilatérale des choses. Il n’était absolument pas question dans notre programme de rencontrer les organisations indépendantes des droits de l’Homme représentant le peuple sahraoui. Lorsque j’ai voulu en rencontrer, la police marocaine a fait barrage.”

    Mais surtout, la presse révèlera que tout en étant eurodéputée, Patricia Lalonde faisait partie du conseil d’administration d’Euromeda. “J’ignorais à l’époque qu’elle était partie avec une délégation de députés au Sahara”, explique Gilles Pargneaux en précisant que le comité d’éthique du Parlement européen a conclu qu’il n’y avait pas d’infraction au code de bonne conduite. “Son rapport était bon, mais face à la pression des membres de l’intergroupe sahraoui, elle a démissionné. En tant que président de la fondation, j’ai été victime d’une cabale”, déplore l’eurodéputé Renaissance.

    Des voyages dans des hôtels luxueux

    Au-delà du cas de Patricia Lalonde, l’ancienne eurodéputée socialiste portugaise Ana Gomès estime que certains déplacements à l’époque étaient par ailleurs problématiques. “Il paraissait clair qu’ils n’étaient pas payés par le Parlement », estime Ana Gomès. « Il s’agissait de voyages qui convenaient au Maroc et supposant d’aller dans des hôtels fantastiques. Plusieurs fois, Gilles Pargneaux m’a demandé pourquoi je ne venais pas.”

    “Je n’ai jamais proposé à Mme Gomès de venir dans le cadre d’un déplacement du groupe d’amitié. Et j’ai toujours respecté les règles édictées par le Parlement européen”, répond Gilles Pargneaux qui dit vouloir poursuivre en justice l’ancienne eurodéputée. “Les voyages étaient financés sur nos indemnités et déclarés publiquement. Il s’agissait de déplacements professionnels, politiques. Pas de voyages personnels.” Il ajoute : “Bien évidemment, nous étions accueillis par les autorités marocaines pour se loger. Mais nous n’étions pas dans des hôtels cinq étoiles. »

    Cette question du financement des voyages des eurodéputés reste entière au Parlement puisque les voyages financés par des tiers sont toujours autorisés… A condition d’être déclarés. La présidente du parlement Roberta Metsola, elle-même épinglée pour un voyage non déclaré en Israël, ne propose pas pour l’instant de changer en profondeur le système, après avoir dénoncé “une attaque contre la démocratie européenne” lors de la révélation du scandale de corruption concernant sa vice-présidente, Eva Kaili. Quant aux éventuels cadeaux reçus par les autorités marocaines, Gilles Pargneaux assure qu’il a en tout et pour tout reçu “quatre ou cinq présents de courtoisie, inférieurs à 150 euros”, soit la limite légale fixée par le Parlement européen.

    L’ancien eurodéputé travaille désormais pour une société de conseil en France (P & B Partners) et comme “senior advisor” au sein de Hill & Knowlton qui, selon lui, a travaillé pour le Maroc à deux reprises “en 2011 et 2016”. “C’est peut-être un gage de reconnaissance de mon activité professionnelle”, commente l’ex-eurodéputé. “Le contexte de notre mission était de redresser l’image désastreuse du Maroc, après les attentats, auprès des institutions européennes et belges. Notre contrat a été passé avec l’ambassadeur marocain auprès de l’UE. Puis les autorités marocaines ont décidé de travailler avec une autre agence”, explique une source au sein de de Hill & Knowlton.

    Source

    #Qatargate #Maroc #Marocgate #Parlement_Européen #Antonio_Panzeri #Francesco_Giorgi #Fight_Impunity #No_peace_without_justice #DGED #Mohamed_Bellahrach #EuromedA

  • Behind the Qatargate, the Moroccogate

    Tags : Morocco, Qatar, European Parliament, corruption, Antonio Panzeri, Eva Kaili, Francesco Giorgi,

    Suspicions of corruption in the European Parliament: By Benoît Collombat, Investigation Unit of Radio France, Pauline Hofmann

    Have Qatar and Morocco managed to buy the benevolence of several European parliamentarians? The investigation unit of Radio France and the Belgian newspaper Le Soir reveal behind the scenes of this scandal which is shaking European democracy.

    « Everything went well. We were passed off as VIPs!”

    « Have you seen the boxes? »

    “Yes, we have seen them. He added/put some products in the bags before leaving.”

    On June 4, 2022, Belgian intelligence agents did not lose a crumb of the very coded conversation they intercepted between the former Italian socialist MEP Pier Antonio Panzeri and his wife then traveling to Morocco. She has just met Abderrahim Atmoun there, now Morocco’s ambassador to Poland. And for the investigators, the « products » mentioned by the Panzeri wife would be money given by the Moroccan diplomat. Later, they will find 600,000 euros in cash at the Brussels home of Pier Antonio Panzeri and 17,000 euros at his home in Italy. “The money earned on behalf of Morocco is almost certainly transferred by cash envelopes transmitted by [Abderrahim, ndlr] Atmoun” , write in a note the Belgian secret services.

    “Mr. Atmoun brought back money from time to time, but not on a regular basis ,” explained a former collaborator of Pier Antonio Panzeri, Francesco Giorgi, in December 2022. “Mr. Atmoun came to Brussels or we went to his house, to his apartment, in Paris. When we went to look for money, we said that we were going to look for ties or suits” , specifies Francesco Giorgi.

    Moroccan counterintelligence suspected

    The Belgian security services were alerted in 2021 by five European intelligence services. Since then, they suspect the former MEP Pier Antonio Panzeri of being the kingpin of a vast network of interference and corruption operating within the European institutions. In July 2022, they transmit the result of their investigations to the Belgian federal prosecutor. The latter opens an investigation for corruption and money laundering in an organized gang which he entrusts to judge Michel Claise.

    For the Belgian intelligence services, “there exists within the European institutions, a network involving a lobbyist, several European parliamentarians and parliamentary assistants [who] work clandestinely in order to influence the decisions of the institutions of the European Union in favor of Morocco on the one hand and Qatar on the other.” This is what they write in a declassified note. They specify: “Considerable sums (several million euros) are paid clandestinely, in cash, by Morocco and Qatar.”

    At the heart of this network, “a team of three Italians” would have been particularly active. It consists first of Pier Antonio Panzeri. This key figure in the European Parliament chaired the delegation for relations with the Maghreb countries as well as the sub-committee on human rights. He also co-chaired the joint Morocco-European Union parliamentary committee. In this small group, we also find the Italian MEP Andrea Cozzolino, and the parliamentary attaché Francesco Giorgi (companion of the Greek vice-president of parliament Eva Kaili), who worked successively for one and for the other.

    “This team is led by an officer of the DGED [Moroccan counterintelligence] based in Rabat, Mohammed B., estimates Belgian intelligence. Known (…) since 2008 for interference activities in Belgium, he was also active in France, where he is being prosecuted for corruption of public officials because of the recruitment of a border police official. As revealed by the newspaper Liberation in 2017 , Mohammed B. had indeed been suspected of having bribed a French policeman (with money and trips) in order to obtain the identity of people “on file S” for the account of Morocco.

    An infiltration of parliamentary proceedings?

    But he wouldn’t have stopped there. “Mohammed B also obtained information on the trips to France by Algerian ministers, Algeria being the neighboring power and rival of Rabat, explains journalist Pierre Alonso, co-author of the investigation for Liberation. He was also able to discover thanks to his mole within the police what the French services knew about him. We are closer to a spy operation targeting France than to an action against terrorism.”

    Five years later, the same Moroccan agent would therefore find himself at the heart of the suspicions of interference aimed at the European institutions. For the Belgian investigators, “the cooperation between Cozzolino, Panzeri and Giorgi with the Moroccan intelligence services is beyond doubt. All take their orders mostly from Atmoun. They are also in direct contact with (…) the director general of the DGED [Moroccan intelligence, editor’s note]. (…) The team (…) operates with a discretion that goes beyond mere caution, avoiding appearing too openly pro-Moroccan in the European Parliament, using coded language and hiding cash in their apartment.” Still according to Belgian intelligence, the agreement with the DGED was formally concluded in 2019.

    The investigators are also wondering about a possible infiltration of parliamentary works likely to interest Morocco, in particular those concerning the use of the Pegasus software. “We have noted that [Andrea] Cozzolino would have been appointed to the Special Parliamentary Commission on the Pegasus program in January 2022 and [Eva] Kaili to the vice-presidency following the support of Pier Antonio Panzeri, Belgian police note on July 20, 2022 (…) Mr. Panzeri being suspected of working on behalf of Morocco, these appointments seem suspicious.”

    Morocco has always firmly denied having the slightest link with this corruption scandal around the European Parliament. Contacted, the French lawyer in Morocco and the Moroccan ambassador in Brussels did not respond to our requests.

    Western Sahara, a crucial issue

    Why would such a network have been set up with the European institutions by the Moroccan services?

    “The European Union is an entity of vital interest to Morocco, analyzes Belgian intelligence. She is his first business partner. The origin of the vast majority of its foreign investments and it hosts most of the Moroccan diaspora. The development of the kingdom, its energy security and its geopolitical ambitions (mainly the recognition of the ‘Moroccanness’ of Western Sahara annexed in 1975) depend, at least in part, on the goodwill of the European Union.

    Since 2008, Morocco has had a special status within the European institutions which allows it to benefit from a whole series of advantages without necessarily adhering to its institutions. In this context, the issue of Western Sahara, rich in phosphate and fish-rich waters, is an essential concern. This former Spanish colony annexed by Morocco, considered “non-autonomous” by the United Nations , is claimed by the Polisario Front supported by Algeria.

    “The objective of Moroccans is to ensure that we never talk about Western Sahara, believes the former secretary general of the NGO OXFAM-Belgium and former Belgian socialist senator, Pierre Galand, supporter of the independence of the Western Sahara. They want to impose the idea that Western Sahara is Moroccan, period. He says that during a lunch in the 1990s, a Moroccan journalist with whom he had sympathized would have tried to buy his silence. “He said to me: ‘You keep your convictions. But if you agree to stop talking about the Sahara, tell us how much the Algerians give you and we’ll pay you double.’ I told him to get the hell out of here immediately! And since then, I have never seen him again in Brussels” , says the ex-senator.

    More recently, the former French ecologist MEP José Bové had also accused the Moroccan Minister of Agriculture , now Prime Minister, of having tried to corrupt him in the 2000s, about a free trade agreement. -agricultural exchange. An accusation which earned him a defamation complaint filed in December 2022.

    For the Belgian intelligence services, the agreements relating to fishing and agriculture are crucial for Rabat. “As economic interests mix with political interests, Morocco systematically seeks to include Western Sahara in these agreements in order to be able to demonstrate a de facto recognition of its occupation, note the Belgian services. Obtaining support within the European apparatus is therefore of vital importance for Morocco, which does so through open (public diplomacy) and clandestine means. Antonio Panzeri, who is believed to have been active for Morocco ‘since at least 2014’according to the Belgian investigators, would therefore have understood it well. A French member of the Association of Friends of the People of Western Sahara who wishes to remain discreet, remembers the remarks made by Antonio Panzeri at the time. During a meeting in 2015 with an Italian activist from the association, then accompanied by a young Sahrawi, “he explained to her that trade with Morocco was something important, and that Sahrawis benefited from Moroccan actions . He congratulated the young Sahrawi for her struggle [for independence], while advising her to abandon it”.

    According to a leak of official Moroccan documents, as early as 2011 Antonio Panzeri seems to have been spotted by the Moroccan ambassador to the European Union in Brussels. He then considers him as “a credible interlocutor” showing “constructive ambiguity”. For the former Portuguese Socialist MP Ana Gomes, who worked alongside him for a long time in the European Parliament, “Antonio Panzeri was clever and intelligent. He hid his game. I saw him torpedo many initiatives and resolutions on human rights in Morocco using all sorts of arguments, opportunity and efficiency ».

    Illegal agreements

    A letter from Morocco’s ambassador to the European Union dated 2013 indicates that Antonio Panzeri would also have been invited to “raise awareness among Italian deputies for a positive vote on the fishing agreements” . But these trade agreements concluded between the European Union and Morocco, including Western Sahara, will come up against the decisions of the Court of Justice of the European Union. She considers them illegal because they do not take into account the will of the Saharawi people. “Morocco then realized that traditional, official lobbying through consultants was no longer enough ,” said Mahjoub Mleiha, head of international relations at the Brussels-based Collective of Sahrawi Human Rights Defenders (Codesa).

    In January 2019, despite the position of the Court of Justice of the EU, the Parliament and the European Commission still decide to include Western Sahara in their trade agreement . The head of European diplomacy Federica Mogherini then welcomed a “ new stage in the strategic partnership ” between the European Union and Morocco, while the French Commissioner for European Affairs, Pierre Moscovici, welcomed in a tweet an agreement which puts “ an end to a legal uncertainty harmful to all, in particular to the companies and inhabitants of Western Sahara ”.

    “The European Commission and the Member States have, in a way, worked against the judgments of the Court of Justice of the European Union, fulminates the Finnish Green MEP, Heidi Hautala, Vice-President of the European Parliament. The way this deal was crafted was completely biased and misleading.”

    For Pierre Moscovici, now President of the Court of Auditors: “There was no Moroccan interference, even if Moroccans obviously defended their interests… This solution was the right one since it made it possible to create jobs in an area that was singularly devoid of them.” And yet, in September 2021, the Court of Justice of the European Union will once again invalidate these agreements . The Council of the EU and the European Commission have appealed .

    When socialists support the far right

    Beyond the trade agreements concluded with Morocco, Belgian investigators are also wondering about the nomination of certain candidates for the 2021 Sakharov Prize , the European equivalent of the Nobel Peace Prize, awarded that year to the opponent Russian Alexei Navalny. Surprisingly, the European Socialists preferred to support in the final selection of the Sakharov Prize the candidacy proposed by the far right (ex-Bolivian President Jeanine Añez, imprisoned for her involvement in the coup that overthrew her predecessor Evo Morales). Faced with this candidacy, the one sponsored by the group of the Greens and the Left: Sultana Khaya, a Sahrawi activist under house arrest for 18 months, and who accuses the Moroccan police of having raped her.

    « Former Croatian Socialist Minister, MEP Tonino Picula, sent an ‘urgent’ email to all Socialist MEPs asking them to support the far-right candidate », says Spanish journalist Ignacio Cembrero specialist from Morocco who revealed the episode. “He explains that it is not a personal initiative and that he speaks on behalf of the Portuguese vice-president of the socialist group in the European Parliament, continues the journalist. This episode illustrates to what extent Morocco has always been the spoiled child of the European Parliament.”

    “We do not touch Qatar!”

    In addition to Antonio Panzeri’s alleged action in favor of Morocco, the Belgian investigators meticulously documented some of his interventions in favor of Qatar. “Qatar’s objectives are different from those of Morocco, analyzes Belgian intelligence. Where the latter tries to obtain influence within the European apparatus to sway decisions in his favour, the Qatari sponsor seeks to improve the image of Qatar in terms of workers’ rights, nothing more. This image was particularly tarnished by reports denouncing the abuses on the construction sites of the stadiums of the 2022 football world cup.

    To do this, Antonio Panzeri does not skimp on the means. In particular, he will become the real conductor of the intervention of the Qatari Minister of Labor, Ali Bin Samikh Al Marri , on November 14, 2022, before the Parliament’s human rights sub-committee , chaired by one of his relatives. Mary Arena .

    “We had prepared the hearing of the minister , recognizes Francesco Giorgi on the minutes. Mister Panzeri wrote it. He highlighted the reforms undertaken by Qatar and questioned the fact of attacking him when it was the only Gulf country to show some openness. But it does not stop there. “Mr. Panzeri thought that it could be useful if questions could be prepared in advance, adds Francesco Giorgi. Because the part devoted to questions and answers in the debate is the most difficult.” In other words: certain questions publicly posed to the minister seem to have been guided by Antonio Panzeri.

    The investigators are also interested in the Belgian deputy, Marc Tarabella. When he spoke that day in front of his colleagues, facing the Qatari minister, he said: “I did not hear [many colleagues] when [the World Cup] was awarded to Russia, which had already invaded the Donbass in 2014 and 2018. There were not all these debates when we attributed the Winter Olympics to Sochi or Beijing [Beijing]. I have the impression that many are focusing on an image from 10 years ago, as if there had been no evolution in Qatar. Telephone tapping will show later that it was Antonio Panzeri who asked that Marc Tarabella be suggested to make this intervention.

    Once arrested, Antonio Panzeri will accuse Marc Tarabella of having received between 120,000 and 140,000 euros between 2019 and 2022, which the latter firmly denies. According to France Insoumise MEP Manon Aubry, who denounced Qatar’s lobbying in Parliament before the scandal broke , Marc Tarabella was among the MPs who told her: « ‘Why are you obsessing over this question ? Qatar has made tremendous progress in human rights.’ There was a clear resistance that was almost epidermal. We are not touching Qatar!” , assures the MEP.

    Cash bags

    To understand how we got there, we have to go back to October 2022, in a suite at the Steigenberger Wiltcher’s, a Brussels palace. The Minister of Labor enters there with a Qatari delegation before being joined by Antonio Panzeri and Francesco Giorgi. By analyzing the video surveillance images of the hotel, a detail attracts the attention of the investigators. As they leave the suite, “the bag Antonio Panzeri is carrying seems thicker than when he arrived. “The Belgian police have little doubt about its contents: cash. “As for Morocco, Panzeri and Giorgi share the work and the remuneration 50-50” , notes the Belgian intelligence.

    Asked about the minutes in December 2022, Francesco Giorgi explains how he received the money. “I was put in contact with a person in Turkey. She gave me a phone number that I had to contact in Belgium to receive the funds. It was a different person each time. I always erased the number so as not to keep any traces. This happened two or three times a year, maximum.”

    “Panzeri and Giorgi have been working for Qatar since 2018, believe the investigators, on a mode of operation similar to that used for Morocco. It is a work of interference, involving legitimate lobbyists, press articles, but also the co-optation of MEPs, assistants and officials of the European External Action Service (EEAS) and within the European and global trade union confederations to get positive reports towards Qatar and to try to place knowledgeable people in the right parliamentary committees.”
    In 2022, Antonio Panzeri would have given 50,000 euros to the new general secretary of the International Trade Union Confederation, Luca Visentini, indicted and then released under conditions . Qatar has always denied any corruption in this case.

    A strange NGO

    For Belgian investigators, some NGOs of convenience could have served as channels to collect cash paid by Qatar. At the end of his mandate as an MEP, in 2019, Antonio Panzeri indeed created an association for the defense of human rights called Fight Impunity . An organization not registered in the transparency register, whose activity is questionable.

    She caught the attention of the President of the International Federation of Journalists, Dominique Pradalié, during a symposium devoted to media freedom and the protection of journalists in December 2022, in partnership with UNESCO, the research service of the European Parliament and the Jean Monnet House. “Panzeri and the other speakers knew absolutely nothing about the subject, remembers Dominique Pradalié.I found it more and more strange. In the evening, an official dinner was planned in a Parisian restaurant. I had been sent the menu: gravlax salmon, crunchy vegetables, pearl veal jus, lemon cream, crispy chocolate… I declined. We really didn’t understand what we were doing there. On the other hand, I received three reimbursement sheets: that worked!”

    Based on his contacts within the European institutions, Antonio Panzeri had succeeded in convincing several personalities to appear on the honorary committee of his NGO . Among them: the former Italian European Commissioner, Emma Bonino, the Congolese Nobel Peace Prize winner Denis Mukwege, the former High Representative of the EU for Foreign Affairs, Federica Mogherini, but also the former French Prime Minister, Bernard Cazeneuve.

    Contacted, the latter explains that he was approached three years ago by the entourage of Antonio Panzeri. “I have never met them and have not taken part in any colloquium. They used my name and that of committed and completely honorable people to carry out an unacceptable business: this is called breach of trust” , denounces today Bernard Cazeneuve who says he wants to file a complaint. For his part, the former Greek European commissioner Dimítris Avramópoulos admits having received money (60,000 euros for one year) to promote Fight Impunity. After obtaining a repentant status with the Belgian justice in exchange for a more lenient sentence, Antonio Panzeri began to confide in the investigators.
    He claims to have received a total of at least 2.6 million euros in cash, mainly from Qatar. In addition to gifts and trips, Morocco would have paid him (and Francesco Giorgi) at least 180,000 euros while a third country, Mauritania, would have given them at least 200,000 euros in cash. Under house arrest in Italy pending extradition to Belgium, Italian MP Andrea Cozzolino denies any corruption. The lawyer of the Belgian deputy Marc Tarabella affirms that the latter has never received money or gifts to monetize his opinions.

    Source

    #Qatargate #Maroc #Moroccogate #Parlement_Européen #Antonio_Panzeri #Francesco_Giorgi

  • Derrière le Qatargate, le Marocgate

    Tags : Parlement Européen, Antonio Panzeri, Eva Kaili, Francesco Giorgi, DGED, Mohamed Bellahrach, Maroc,

    Soupçons de corruption au parlement européen : derrière le Qatar, le Maroc

    Le Qatar et le Maroc ont-ils réussi à acheter la bienveillance de plusieurs parlementaires européens ? La cellule investigation de Radio France et le journal belge Le Soir dévoilent les coulisses de ce scandale qui ébranle la démocratie européenne.

    “Tout s’est bien passé. On nous a fait passer comme des VIP !”

    “Vous avez vu les boîtes ?”

    “Oui, on les a vues. Il a ajouté/mis quelques produits dans les sacs avant de partir.”
    Ce 4 juin 2022, les agents du renseignement belge ne perdent pas une miette de la conversation très codée qu’ils interceptent entre l’ancien eurodéputé socialiste italien Pier Antonio Panzeri et son épouse alors en déplacement au Maroc. Elle vient d’y rencontrer Abderrahim Atmoun, aujourd’hui ambassadeur du Maroc en Pologne. Et pour les enquêteurs, les “produits” évoqués par l’épouse Panzeri seraient de l’argent remis par le diplomate marocain. Plus tard, ils retrouveront 600.000 euros en liquide au domicile bruxellois de Pier Antonio Panzeri et 17.000 euros chez lui en Italie. “L’argent gagné pour le compte du Maroc est transféré presque certainement par des enveloppes d’argent liquide transmises par [Abderrahim, ndlr] Atmoun”, écrivent dans une note les services secrets belges.

    “Monsieur Atmoun ramenait de temps à autre de l’argent, mais pas de manière régulière”, expliquera de son côté sur procès-verbal un ancien collaborateur de Pier Antonio Panzeri, Francesco Giorgi, en décembre 2022. “Monsieur Atmoun venait à Bruxelles ou on se déplaçait chez lui, dans son appartement, à Paris. Quand on allait chercher de l’argent, on disait qu’on allait chercher des cravates ou des costumes”, précise Francesco Giorgi.

    Le contre-espionnage marocain suspecté

    Les services de sécurité belges ont été alertés en 2021 par cinq services de renseignement européens. Depuis, ils soupçonnent l’ex-eurodéputé Pier Antonio Panzeri d’être la cheville ouvrière d’un vaste réseau d’ingérence et de corruption œuvrant au sein des institutions européennes. En juillet 2022, ils transmettent le résultat de leurs investigations au procureur fédéral belge. Ce dernier ouvre une enquête pour corruption et blanchiment d’argent en bande organisée qu’il confie au juge Michel Claise.

    Pour les services de renseignement belges, “il existe au sein des institutions européennes, un réseau impliquant un lobbyiste, plusieurs parlementaires européens et des assistants parlementaires [qui] travaillent de manière clandestine afin d’influencer les décisions des institutions de l’Union européenne en faveur du Maroc d’une part et du Qatar d’autre part.” C’est ce qu’ils écrivent dans une note déclassifiée. Ils précisent : “Des sommes considérables (plusieurs millions d’euros) sont payées clandestinement, en liquide, par le Maroc et le Qatar.”

    Au cœur de ce réseau, “une équipe de trois Italiens” aurait été particulièrement active. Elle se compose d’abord de Pier Antonio Panzeri. Ce personnage incontournable du Parlement européen a présidé la délégation pour les relations avec les pays du Maghreb ainsi que la sous-commission aux droits de l’Homme. Il a également co-présidé la commission parlementaire mixte Maroc-Union européenne. Dans ce petit groupe, on trouve aussi l’eurodéputé italien Andrea Cozzolino, et l’attaché parlementaire Francesco Giorgi (compagnon de la vice-présidente grecque du parlement Eva Kaili), qui a travaillé successivement pour l’un et pour l’autre.

    “Cette équipe est pilotée par un officier de la DGED [le contre-espionnage marocain] basé à Rabat, Mohammed B., estime le renseignement belge. Connu (…) depuis 2008 pour des activités d’ingérence en Belgique, il a aussi été actif en France, où il est poursuivi pour corruption d’agents publics à cause du recrutement d’un fonctionnaire de la police des frontières.” Comme l’avait révélé le journal Libération en 2017, Mohammed B. avait effectivement été soupçonné d’avoir corrompu un policier français (avec de l’argent et des voyages) afin d’obtenir l’identité de personnes “fichées S” pour le compte du Maroc.

    Une infiltration des travaux parlementaires ?

    Mais il ne se serait pas arrêté là. “Mohammed B a aussi obtenu des renseignements sur les déplacements en France de ministres algériens, l’Algérie étant la puissance voisine et rivale de Rabat, explique le journaliste Pierre Alonso, coauteur de l’enquête pour Libération. Il a également pu découvrir grâce à sa taupe au sein de la police ce que les services français savaient sur lui. On est plus proche d’une opération d’espionnage visant la France que d’une action de lutte contre le terrorisme.”

    Cinq ans plus tard, le même agent marocain se retrouverait donc au cœur des soupçons d’ingérence visant les institutions européennes. Pour les enquêteurs belges, “la coopération entre Cozzolino, Panzeri et Giorgi avec les services de renseignements marocains ne fait aucun doute. Tous prennent leurs ordres le plus souvent d’Atmoun. Ils sont aussi en contact direct avec (…) le directeur général de la DGED [le renseignement marocain, ndlr]. (…) L’équipe (…) fonctionne avec une discrétion qui dépasse la simple prudence, évitant de paraitre trop ouvertement pro-marocain au sein du Parlement européen, utilisant un langage codé et cachant l’argent liquide dans leur appartement.” Toujours selon le renseignement belge, l’accord avec la DGED aurait formellement été conclu en 2019.

    Les enquêteurs s’interrogent aussi sur une possible infiltration de travaux parlementaires susceptibles d’intéresser le Maroc, notamment ceux qui concernent l’utilisation du logiciel Pegasus. “Nous avons relevé que [Andrea] Cozzolino aurait été nommé à la Commission parlementaire spéciale sur le programme Pegasus en janvier 2022 et [Eva] Kaili à la vice-présidence suite au soutien de Pier Antonio Panzeri, notent les policiers belges le 20 juillet 2022. (…) Monsieur Panzeri étant soupçonné de travailler pour le compte du Maroc, ces nominations semblent suspectes.”

    Le Maroc, lui, a toujours fermement démenti avoir le moindre lien avec ce scandale de corruption autour du Parlement européen. Contactés, l’avocat français du Maroc et l’ambassadeur du Maroc à Bruxelles n’ont pas répondu à nos sollicitations.

    Le Sahara occidental, un enjeu crucial

    Pourquoi un tel réseau aurait-il été mis en place auprès des institutions européennes par les services marocains ?

    Lire la suite depuis la source

    #Qatargate #Maroc #Marocgate #Parlement_Européen #Antonio_Panzeri #Francesco_Giorgi

  • Qatargate : la décision d’extradition de Bellini reportée au 9 mai

    Tags : Maroc_Qatargate, Parlement Européen, Monica Rossana Bellini, Antonio Panzeri, Francesco Giorgi, corruption,


    Milan, 9 mars (Adnkronos) – L’audience pour la remise à la Belgique de Monica Rossana Bellini, la comptable de la famille Panzeri arrêtée en vertu d’un mandat d’arrêt européen dans le cadre de l’enquête sur le Qatargate, a été reportée au 9 mai.

    Les juges de la cinquième section pénale, au terme d’une audience qui n’a duré que quelques minutes, ont « réitéré la demande de réponse » des magistrats bruxellois qui, depuis la fin du mois de janvier, se voient demander des documents supplémentaires pour décider de la remise. Le tribunal de Milan leur a notamment demandé d’expliquer « les raisons » pour lesquelles elle doit se présenter « devant l’autorité belge », ainsi qu’une garantie de sécurité pénitentiaire. En l’absence de réponses, un nouveau report de deux mois a été nécessaire, portant à quatre mois le délai nécessaire pour une éventuelle décision.

    Selon le mandat d’arrêt européen signé par le juge d’instruction belge Michel Claise, le comptable aurait joué un « rôle important dans le retour de l’argent du Qatar en créant, avec Silvia Panzeri », la fille de l’ancien député européen Pier Antonio (en prison à Bruxelles), « une structure d’entreprise qui a donné une forme légale au flux d’argent ».

    Source

    #Qatargate #Maroc #Parlement_Européen #Eva_Kaili #Antonio_Panzeri #Francesco_Giorgi #Qatar #Marocleaks

  • Qatargate: Il y avait trop d’argent, une partie jetée -Panzeri-

    Tags : Qatargate, Maroc, Parlement Européen, Antonio Panzeri, Francesco Giorgi, corruption,

    Les révélations qu’Andrea Panzeri a faites aux enquêteurs du parquet fédéral belge lors des deux interrogatoires auxquels il a été soumis commencent à filtrer dans la presse internationale. La télévision allemande Deutsche Welle a visionné le procès-verbal de l’enquête du Qatargate et rendu publiques diverses informations divulguées par l’ancien député européen Article 1, qui a conclu un accord avec les autorités belges pour une réduction de peine de cinq à un an en échange d’une une confession.

    Panzeri a pratiquement tout dit sur le réseau de corruption mis en place par le Qatar pour orienter les jugements du Parlement européen sur la question des droits de l’homme. La ronde des pots-de-vin avait même commencé en 2014, avec le Maroc comme protagoniste, mais elle est devenue plus « sérieuse » avec l’entrée du Qatar, qui a passé un accord très lourd avec Panzeri et son adjoint Francesco Giorgi : c’était un million d’euros chacun pour 2018 et 2019.

    Panzeri a déclaré que la majeure partie de l’argent provenait d’un homme d’affaires turc et de son avocat à Londres. Même à un certain moment, les pots-de-vin devinrent « ennuyeux » car ils étaient trop nombreux : Panzeri ne savait plus quoi faire de tant d’argent, décidant un jour d’ en jeter dans une poubelle en rentrant chez lui. Il y a aussi une autre anecdote curieuse révélée par Panzeri : une fois 15 000 euros en espèces ont été volés dans sa valise alors qu’il se trouvait dans un train Paris-Bruxelles.

    Source

    #Qatargate #Maroc #Parlement_Européen #Eva_Kaili #Antonio_Panzeri #Francesco_Giorgi #Qatar #Marocleaks #Mohamed_Belahrach #Moroccogate

  • Le Qatargate n’est que la pointe de l’iceberg -eurodéputé grec-

    Tags : Maroc-Qatargate, Moroccogate, Parlement Européen, corruption, Dimitrios Papadimoulis, Antonio Panzeri, Eva Kaili, Francesco Giorgi,

    « Pointe de l’iceberg »: le Qatargate n’est qu’un symptôme d’une corruption plus profonde, selon un haut responsable de l’UE

    Thomas Moller-Nielsen

    Un haut responsable européen a suggéré que le soi-disant scandale du Qatargate n’est « que la pointe de l’iceberg » d’une corruption européenne plus profondément enracinée, et a affirmé que les fonds illicites découverts jusqu’à présent par les enquêteurs belges dans le cadre de l’affaire étaient probablement utilisés « uniquement pour les pourboires ».

    Dans une large interview accordée au Brussels Times, le vice-président grec du Parlement européen et chef de la délégation de Syriza, Dimitrios Papadimoulis, a également déclaré qu’il avait de profondes « préoccupations morales » au sujet de l’eurodéputée grecque Eva Kaili (S&D) – l’une des personnalités au cœur même du scandale — avant son élection comme vice-présidente du Parlement européen.

    En décembre dernier, Le Soir et Knack rapportaient que des enquêteurs belges avaient trouvé 150 000 € dans l’appartement de Kaili, tandis que son père avait également été surpris en train de quitter un hôtel de luxe du centre-ville de Bruxelles avec une valise remplie d’un montant similaire en espèces.

    « Je pense que nous ne voyons que la pointe de l’iceberg », a déclaré Papadimoulis. « Nous ne savons pas encore combien d’argent a été utilisé pour acheter de l’influence de manière plus moderne. L’argent dans les valises n’a probablement été utilisé que pour les pourboires, pour acheter de l’influence supplémentaire. »

    Il a ajouté : « Je ne suis pas un détective et je ne suis pas un juge, mais je pense qu’il n’y a aucune chance – absolument aucune chance – que les Qataris, les Marocains et les Mauritaniens décident d’acheter de l’influence en essayant seulement d’investir dans le deuxième plus grand parti [les socialistes et démocrates] au Parlement européen, qui est l’institution européenne la plus faible. Basé sur le bon sens, il reste encore beaucoup de travail à faire par les autorités belges.

    Sentir la corruption

    En tant que politicien vétéran de l’UE qui a été élu pour la première fois au Parlement européen il y a près de deux décennies et qui occupe le poste de vice-président depuis 2014, Papadimoulis a noté qu’il avait développé une capacité aiguë à « sentir » quand un fonctionnaire européen – que ce soit Kaili ou n’importe qui d’autre — a été indûment influencé par l’un des nombreux groupes de pression bruxellois .

    « Parfois, je vois des phénomènes comme un collègue qui est, disons, pas si actif, pas si bien préparé aux réunions de leurs comités respectifs », a raconté Papadimoulis. « Cependant, quand il est temps d’avoir un rapport important lié à l’avenir des voitures ou des produits pharmaceutiques ou de l’industrie de la cryptographie ou autre, ils ont une présentation parfaite, avec un excellent discours et des amendements bien préparés. »

    « Cela pourrait être un miracle, ou cela pourrait être autre chose », a-t-il ajouté.

    Cependant, Papadimoulis a expliqué qu’il avait des raisons particulières d’être préoccupé par Kaili et ses liens avec divers groupes de pression et d’intérêts privés. « J’avais beaucoup de doutes sur son comportement moral – pour le dire d’une manière politiquement correcte », a-t-il déclaré, ajoutant qu’il avait même tenté de mettre en garde le groupe S&D contre sa nomination au poste de vice-présidente.

    « Je ne savais rien du Qatargate et je n’ai pas vu de valises, mais je savais beaucoup de choses sur ses relations avec les oligarques grecs », a-t-il déclaré.

    « Beaucoup de peurs »

    Néanmoins, Papadimoulis était catégorique sur le fait qu’il ne prenait aucun plaisir à voir ses soupçons sur le comportement néfaste de Kaili confirmés.

    « Ce scandale a des conséquences négatives pour mon propre travail en tant que vice-président du Bureau du Parlement européen, pour le Parlement européen lui-même et pour mon pays », a-t-il déclaré. « Cela m’a mis en colère et triste. Et c’est particulièrement mauvais pour tous les Grecs qui essaient d’améliorer notre image contre les stéréotypes, qui travaillent dur, gagnent le respect. Je ne me suis certainement pas félicité. »

    Source

    #Qatargate #Marocgate #Maroc #Moroccogate #Parlement_européen #PE #Antonio_Panzeri #Corruption #Eva_Kaili #Francesco_Giorgi

  • Londres : Un avocat reconnaît avoir travaillé pour Panzeri

    Tags : Hakan Camuz, Maroc-Qatargate, Moroccogate, Parlement Européen, corruption, pots-de-vin, Antonio Panzeri, Eva Kaili, Francesco Giorgi,

    Un éminent avocat turc des droits de l’homme a admis avoir payé les principaux suspects du scandale de corruption au Parlement européen pour des «services de lobbying éthiques» qui comprenaient des résolutions condamnant les crimes de guerre en Syrie et au Yémen.

    Hakan Camuz, basé à Londres, a déclaré que deux de ses groupes avaient conclu des « contrats de conseil » avec le bureau de Pier Antonio Panzeri, un ancien député européen au cœur du scandale de corruption, pour ce qu’il croyait être des « services parlementaires ».

    Camuz, qui ne fait pas l’objet d’une enquête et n’est pas accusé d’actes répréhensibles, a déclaré au Financial Times que les « services » convenus comprenaient la facilitation de réunions avec d’autres députés, des événements publics à Bruxelles, des questions parlementaires et l’obtention d’un financement de l’UE pour ses causes caritatives.

    Les contrats ont été conclus avec l’assistant de Panzeri, Francesco Giorgi, qui a admis avoir aidé son patron à utiliser un réseau d’entreprises pour dissimuler les paiements de gouvernements étrangers, dont le Qatar et le Maroc, selon les preuves de l’enquête consultées par le FT.

    Camuz, un avocat qui a des liens avec l’administration du président turc Recep Tayyip Erdoğan, s’est dit « choqué et consterné » par l’affaire et a nié toute connaissance d’actes répréhensibles de Giorgi et Panzeri.


    « Les versements [from Camuz-related entities] étaient en retour de pétitions pour condamner les crimes de guerre en Syrie et la protection des réfugiés », a-t-il déclaré.

    Giorgi a également promis d’aider à présenter des résolutions condamnant les crimes de guerre au Yémen, a déclaré Camuz. « Malheureusement, les résultats ont été très médiocres par rapport à ce dont nous avons parlé », a-t-il ajouté.

    La semaine dernière, les procureurs italiens ont élargi l’enquête menée par la Belgique sur des soupçons de corruption en ouvrant une enquête distincte sur le blanchiment d’argent. Les procureurs enquêtent sur des paiements d’une valeur de près de 300 000 € sur des comptes bancaires italiens détenus chez Intesa Sanpaolo par un cabinet de conseil mis en place par le comptable de Panzeri, selon des documents consultés par le FT.

    Selon une transcription de la déclaration de Giorgi aux enquêteurs, la société milanaise Equality Consultancy Srl aurait été créée par Panzeri et les associés de Giorgi en Italie comme moyen de paiement pour leurs efforts de lobbying. La société a été mise en liquidation fin 2020 et définitivement fermée en juin 2021.

    Deux des trois entités qui ont payé la consultance pour un total de 75 000 € sont connectées à Camuz, selon les factures de paiement consultées par le FT. En 2019, The Radiant Trust, un « organisme d’octroi de subventions » où Camuz est administrateur, a été facturé 50 000 € par Equality Consultancy. La société de conseil basée à Londres de Camuz, Phronesis, qui a été rebaptisée Stoke White en novembre 2021, a été facturée 25 000 €.

    Une société distincte basée à Istanbul a reçu deux factures d’un montant total de 200 000 € par la société de conseil italienne. La première facture, émise fin 2018, est intervenue alors que Panzeri était encore député européen et président de la commission des droits de l’homme du Parlement européen. Rien ne prouve que la société basée à Istanbul soit liée à Camuz.

    Camuz s’est dit « dévasté » par les allégations de Giorgi et a déclaré qu’il « avait menti ». Il envisage d’intenter une action en justice contre Giorgi : «[He] Honey nous a fait croire qu’il était la personne idéale avec qui nous pouvons travailler.

    « Nous avons conclu un accord en pensant que nous parlions à une entité légitime qui nous aiderait à faire connaître les cas que nous traitons », a déclaré Camuz. Lui et ses partenaires n’avaient « aucun problème à payer pour de tels services » car ils faisaient partie de campagnes légales contre les violations des droits humains en Syrie et au Yémen.

    Camuz a déclaré : « Francesco [Giorgi] m’a approché en suggérant qu’il pouvait nous aider à fournir des services de lobbying éthique à Bruxelles à faible coût, ce qui était très impressionnant car il parlait d’aider les victimes de crimes de guerre et les victimes de violations des droits de l’homme.

    Giorgi est accusé de corruption, de blanchiment d’argent et de participation à une organisation criminelle par les autorités belges. Il est maintenant libre avec une étiquette électronique après avoir coopéré avec les autorités.

    Son patron Panzeri, qui est en prison depuis décembre, a conclu un accord de plaidoyer avec les autorités belges en février, après avoir reconnu avoir reçu des paiements allant jusqu’à 2,6 millions d’euros des gouvernements du Qatar, du Maroc et de la Mauritanie entre 2018 et 2022.

    La société milanaise a été créée par la comptable de Panzeri, Monica Rossana Bellini, en 2018, alors que Panzeri était encore membre du Parlement européen, selon les archives publiques.

    Une avocate de Bellini à Milan, qui attend cette semaine une décision sur son transfert vers la Belgique après avoir été arrêtée en janvier et libérée le 10 février, n’a pas répondu aux multiples demandes de commentaires.

    Giorgi a déclaré aux enquêteurs belges qu’en 2018, un Palestinien, qui agissait comme intermédiaire pour les Qataris, lui avait conseillé d’appeler Camuz pour l’aider à mettre en place un plan de régularisation des paiements pour les services de lobbying, selon une transcription vue par le FT.

    À l’époque, Giorgi travaillait encore comme assistant de l’eurodéputé Panzeri, qui a quitté le Parlement européen l’année suivante, puis a créé le groupe de campagne au centre du scandale de corruption, Fight Impunity.

    « Nous avons fait ressembler l’entreprise [Equality Consultancy Srl] avait offert des services à Hakan, dont je ne me souviens pas du nom », a déclaré Giorgi, selon la transcription de son témoignage. Camuz a nié l’allégation. L’avocat de Giorgi n’a pas répondu aux demandes de commentaires.

    Source

    #Qatargate #Marocgate #Maroc #Moroccogate #Parlement_européen #PE #Antonio_Panzeri #Corruption #Eva_Kaili #Francesco_Giorgi

  • Qatargate : Fuite des interrogatoires des suspects

    Tags : Maroc-Qatargate, Moroccogate, Parlement Européen, corruption, pots-de-vin, Antonio Panzeri, Eva Kaili, Francesco Giorgi,

    Qatargate : des entretiens avec des suspects divulguent des détails sur la corruption dans l’UE

    Jack Parrock à Bruxelles

    Les transcriptions d’entretiens avec l’un des principaux suspects, l’ancien législateur européen Pier Antonio Panzeri, ont mis en lumière les rouages ​​​​du scandale de la corruption lié à l’État du Golfe.

    C’est l’accord que l’ancien législateur européen Pier Antonio Panzeri a conclu avec les enquêteurs belges : révéler les détails du scandale de corruption du Qatargate et bénéficier d’une réduction de peine pour sa participation.

    Les transcriptions divulguées de deux entretiens menés début février par des enquêteurs avec la figure centrale du scandale, vues par DW, donnent un aperçu beaucoup plus approfondi de la façon dont l’arnaque politique a commencé, qui était impliqué et comment elle a été perpétrée.

    Les détails décrits dans ce rapport proviennent des transcriptions et ne reflètent que la version de Panzeri de l’histoire. Ils peuvent être utilisés devant les tribunaux, mais seront probablement contestés par les procureurs.

    Le soi-disant scandale du Qatargate a secoué le Parlement européen depuis que quatre personnes ont été arrêtées à Bruxelles le 9 décembre, la police belge ayant saisi 1,5 million d’euros (1,6 million de dollars) en espèces dans des résidences privées.

    Il s’agissait de la législatrice grecque Eva Kaili , alors l’une des vice-présidentes du Parlement européen, de son compagnon de vie Francesco Giorgi, qui était également l’assistant professionnel de Panzeri, de Pazneri lui-même et de Niccolo Figa-Talamanca, le chef d’une ONG de défense des droits de l’homme. Il semble maintenant que Figa-Talamanca ait été impliquée par erreur dans l’enquête, ayant depuis été libérée « sans condition ».

    Panzeri : le scandale de la corruption a commencé avec le Maroc

    Les transcriptions d’entretiens divulguées montrent que le scandale de la corruption a commencé avec le Maroc, pas avec le Qatar .

    Dans les entretiens, Panzeri a décrit comment une relation avec Abderrahim Atmoun, qui est maintenant ambassadeur du Maroc en Pologne, a commencé en 2012.

    Panzeri a déclaré que le diplomate marocain avait payé 50 000 € pour l’un de ses événements de campagne électorale à Milan en 2014, et que son « amitié avec Atmoun s’est renforcée au fil du temps ».

    Une série d’histoires sinueuses dans les transcriptions affirme que l’ambassadeur Atmoun a également payé de somptueux voyages au Maroc pour Kaili, Giorgi et deux autres législateurs européens, Andrea Cozzolino et Maria Arena.

    Selon Panzeri, des sacs d’argent sonnant n’ont commencé à être payés par le Maroc qu’à partir de 2019, lorsque lui et Giorgi ont accepté de prendre 50 000 € par an en échange de leur travail pour créer une impression favorable de l’État nord-africain au sein des cercles politiques de l’UE en Bruxelles.

    L’ancien membre du Parlement européen a également affirmé qu’un accord similaire avait été conclu avec les responsables du gouvernement mauritanien à peu près à la même époque. Panzeri a déclaré que cette situation n’a duré que tout au long de 2019, lui et Giorgi ne recevant que deux paiements chacun de 50 000 €.

    Le gouvernement marocain a nié toute implication dans le scandale, tandis que la Mauritanie n’a pas encore répondu à une demande de commentaires de DW.

    De l’argent du Qatar transféré par l’intermédiaire d’un « homme d’affaires turc »

    Au cours des entretiens, Panzeri a affirmé que le Qatar avait commencé à essayer d’étendre son réseau d’influence au sein des institutions de l’UE fin 2017. C’est à ce moment-là que les paiements versés aux décideurs politiques de l’UE ont commencé à monter en flèche.

    Panzeri a déclaré qu’après des réunions début 2018 avec le ministre du Travail du Qatar, Ali bin Samikh Al Marri, l’État du Golfe avait accepté de lui verser, ainsi qu’à Giorgi, 1 million d’euros par an en 2018 et 2019.

    Les préparatifs pour que le Qatar accueille la Coupe du Monde de la FIFA 2022 étaient déjà bien avancés à l’époque, et le pays était de plus en plus surveillé pour son traitement des travailleurs migrants pour construire des stades et des infrastructures pour la compétition d’un mois. L’ancienne position de Panzeri en tant que porte-parole de la sous-commission des droits de l’homme du Parlement européen faisait de lui la personne idéale pour ajuster le récit à Bruxelles.

    Après avoir quitté ses fonctions en 2019, Panzeri a ensuite créé une ONG non enregistrée appelée Fight Impunity pour poursuivre ce travail.

    Les transcriptions suggèrent que c’est à cette époque que la partenaire de Giorgi, Eva Kaili, a commencé à s’impliquer. Panzeri a affirmé que l’eurodéputée grecque avait reçu 250 000 € du Qatar pour financer sa campagne de réélection au Parlement européen en 2019.

    Bien que certains détails des transferts d’argent restent flous, Panzeri a déclaré qu’une grande partie de l’argent qatari leur avait été acheminé par l’intermédiaire d’un « homme d’affaires turc et de son avocat à Londres ».

    Panzeri a également affirmé qu’un autre député européen italien avait également reçu de l’argent et rencontré des interlocuteurs impliqués dans le réseau de corruption présumé.

    En réponse à une demande de commentaires de DW, l’État du Qatar a répondu par son démenti répété, affirmant qu’il « rejette catégoriquement les accusations. Toute association du gouvernement qatari avec les allégations signalées est sans fondement et gravement mal informée ».

    Panzeri dit qu’il n’est pas le « grand patron »

    À un moment donné au cours des près de six heures d’entretiens, Panzeri a déclaré aux procureurs qu’il voulait « démanteler l’idée » qu’il était le « grand patron ».

    Il a dit que son assistant, Giorgi, était le « chef d’orchestre » et remettrait des enveloppes et des sacs d’argent aux personnes impliquées, y compris à Panzeri lui-même.

    Panzeri a cependant expliqué comment il avait personnellement « approché » le député européen Marc Tarabella, de Belgique, avec un montant initial de 20 000 € en espèces, et que Tarabella avait reçu jusqu’à 140 000 € sur une période donnée. Tarabella a voté pour lever sa propre immunité parlementaire en février et a été arrêté peu de temps après .

    Ce qui reste incertain, c’est si les millions que Giorgi et Panzeri auraient chacun reçus des Qataris devaient être utilisés pour soudoyer d’autres fonctionnaires de l’UE, ou uniquement pour payer leurs services.

    Panzeri a perdu son siège lors des élections au Parlement européen de 2019 et, dans les transcriptions, il a affirmé que sa place dans le réseau de corruption présumé avait été prise par son collègue législateur italien, Andrea Cozzolino, qui, selon lui, a reçu au moins 600 000 € pour faire pression favorablement au nom du Qatar.

    Giorgi est ensuite devenu l’assistant de Cozzolino au Parlement européen et percevait un « salaire élevé », selon Panzeri.

    Le mois dernier, le quotidien britannique The Times rapportait que Panzeri et Giorgi avaient été étonnamment détenus pendant des semaines dans la même cellule de la prison Saint-Gilles à Bruxelles, bien qu’ils aient été accusés de collusion dans ce scandale de corruption.

    Plus tard ce mois-là, Giorgi a été libéré sous étiquette électronique, tandis que Panzeri reste incarcéré, tout comme Kaili et Tarabella. Cozzolino, actuellement en Italie, fait face à un mandat d’arrêt européen.

    Des sources proches de Panzeri ont déclaré à DW que sa santé mentale et physique « se détériorait considérablement » pendant qu’il était en prison.

    Panzeri avait « trop » d’argent et « ne savait pas quoi en faire »

    Parmi de nombreux récits d’échange d’argent liquide dans différentes parties du monde, Panzeri a raconté aux enquêteurs comment 15 000 € avaient été volés dans sa valise dans un train entre Paris et Bruxelles.

    Il a raconté comment il avait séparé l’argent en deux liasses distinctes à différents endroits de son sac. Pendant son voyage, il a déclaré que l’argent avait été retiré du sac, qui avait été laissé sur place.

    Panzeri a également déclaré qu’à la suite d’un échange d’argent avec l’un des nombreux assistants parlementaires européens cités dans l’interview, il avait décidé de « jeter l’argent à la poubelle quand [il] rentrerait chez lui ».

    D’ici 2021, a déclaré Panzeri, il voulait changer le système, car il « avait déjà trop [d’argent] et ne savait pas quoi en faire ».

    Le chef d’une ONG lié par erreur à un scandale de corruption ?

    Une autre des révélations importantes dans les transcriptions est l’affirmation de Panzeri selon laquelle la quatrième personne initialement arrêtée et détenue en prison pendant près de deux mois pourrait être innocente.

    Niccolo Figa-Talamanca, le chef d’une ONG de défense des droits humains très respectée et officiellement enregistrée appelée No Peace Without Justice, a été arrêté lors des premières arrestations en décembre.

    Fight Impunity de Panzeri partageait un bureau avec l’ONG, et dans les transcriptions, DW a lu qu’il avait approché Figa-Talamanca avec des offres de dons allant jusqu’à 500 000 €, ce qui pourrait être considéré comme courant pour les organismes de défense des droits humains.

    « Niccolo n’a jamais participé à aucune réunion avec [un interlocuteur] et ne savait rien de l’affaire », a déclaré Panzeri aux enquêteurs.

    Un avocat de Figa-Talamanca a déclaré à DW que son client n’était « en aucun cas impliqué dans un acte répréhensible ».

    Une autre eurodéputée belge, Maria Arena, dont le nom a été fréquemment lié au scandale de corruption, s’est rendue au Qatar selon les transcriptions et a rencontré certaines des personnes impliquées. Mais à aucun moment Panzeri n’a mentionné qu’Arena avait pris de l’argent à qui que ce soit.

    Arena a nié à plusieurs reprises toute implication dans le scandale de corruption.

    Des fuites dans la presse suscitent des inquiétudes concernant une affaire judiciaire
    Les procureurs ont tenté de limiter les informations fournies à la presse dès le début du scandale, ce qui signifie que la chasse aux détails a été féroce. Mais plusieurs fuites ont été révélées ces dernières semaines, dont ces transcriptions.

    Les inquiétudes grandissent quant à la manière dont l’accusation pourrait monter son dossier juridique, avec tant d’informations désormais dans le domaine public.

    DW a contacté les bureaux de chacune des personnes nommées dans ce rapport pour obtenir des commentaires, et on lui a dit « aucun commentaire » ou n’a pas reçu de réponse par publication.

    Source

    #Qatargate #Marocgate #Maroc #Moroccogate #Parlement_européen #PE #Antonio_Panzeri #Corruption #Eva_Kaili #Francesco_Giorgi

  • Qatargate : l’argent du Qatar passait par un homme d’affaires turc

    Tags : Maroc-Qatargate, Moroccogate, Parlement Européen, corruption, pots-de-vin, Antonio Panzeri, Eva Kaili, Francesco Giorgi,

    Alors que les autorités poursuivent leurs investigations sur le Qatargate, une dépêche de DW citant les déclarations transcrites de Panzeri, met en lumière de nouvelles preuves sur le fonctionnement du réseau, mais aussi sur l’implication d’Eva Kaili.

    Panzeri rapporte que le Qatar a commencé à étendre son réseau d’influence dans les institutions de l’UE fin 2017. Après des réunions début 2018 avec le ministre du Travail du pays du Golfe, Ali Bin Samih Al Marri, le Qatar a accepté de lui donner, ainsi qu’à son partenaire Kaili, un million d’euros par an, pour les deux années 2018-2019.

    Le Qatar a financé la campagne de réélection de Kaili

    Poursuivant son témoignage, l’ancien député européen précise que faute d’avoir été réélu, il a fondé l’ONG « Fight Impunity » afin de poursuivre son action en faveur du Qatar. Par ailleurs, il soutient que Kaili a reçu la somme de 250 000 euros du Qatar pour financer sa campagne de réélection au Parlement européen.

    Bien que tous les détails concernant le transfert de l’argent n’aient pas été divulgués, comme l’a noté DW, Pancheri a affirmé qu’une grande partie du montant du Qatar leur était parvenue par l’intermédiaire d’un « homme d’affaires turc et de son avocat à Londres ». Panzeri a également affirmé qu’un autre compatriote de l’eurodéputé avait reçu de l’argent et qu’il avait rencontré des interlocuteurs impliqués dans le réseau de corruption.

    Où le scandale de la corruption a-t-il commencé ?

    Selon les déclarations divulguées, il semble que le scandale ait commencé avec le Maroc, pas avec le Qatar. La relation de l’ancien député européen, Antonio Panzeri, avec l’ambassadeur du Maroc en Pologne, Abderrahim Atmoun, débute en 2012 et que le diplomate marocain lui a donné 50 000 euros en 2014 pour un meeting pré-électoral à Milan.

    Selon les documents, Atmun a payé des voyages de luxe au Maroc pour Kylie, son partenaire Francesco Giorgi et deux autres eurodéputés, l’Italien Andrea Coccolino et la Belge Maria Arena.

    À partir de 2019, le Maroc a commencé à envoyer des sacs d’argent, lorsque Panzeri et Giorgi ont accepté de recevoir 50 000 euros par an afin de créer une bonne image du pays d’Afrique du Nord dans les cercles politiques de l’UE à Bruxelles.

    Il a conclu le même accord avec la Mauritanie. Panzeri a déclaré que tout cela n’a duré qu’en 2019 et que lui et Giorgi ont reçu deux versements de 50 000 euros chacun. Le gouvernement marocain, dit DW, a nié toute implication dans le scandale de corruption, tandis que la Mauritanie n’a pas répondu à une demande de commentaire.

    Panzri décline ses responsabilités

    Lors des dépositions, Panzeri a voulu renoncer au rôle principal prétextant qu’il n’était pas le « grand patron ». En fait, pour y parvenir, il a « cloué » le partenaire d’Eva Kaili et son ancien assistant parlementaire, Francesco Giorgi, comme celui qui avait la commande principale.

    En particulier, il a mentionné que Giorgi distribuait des enveloppes et des sacs d’argent aux personnes impliquées dans le scandale, y compris lui-même. Par la suite, l’ancien député européen a déclaré avoir approché Mark Tarabella arrêté avec une première somme de 20 000 euros.

    Panzeri a également déclaré que le montant total que Tarabela a pris était de 140 000 euros. L’ancien eurodéputé italien a également déclaré qu’en 2021, il voulait changer de système car « il avait déjà accumulé tellement d’argent, il ne savait pas quoi en faire ». En outre, des personnes proches de Panzeri ont déclaré à DW que l’état physique et mental de Panzeri « se détériorait considérablement » pendant qu’il restait en prison.

    Source

    #Qatargate #Marocgate #Maroc #Moroccogate #Parlement_européen #PE #Antonio_Panzeri #Corruption #Eva_Kaili #Francesco_Giorgi

  • Qatargate : Enquête pour blanchiment d’argent en Italie

    Tags : Parlement Européen, Groupe S&D, Corruption, Maroc, AntonioPanzeri, Eva Kaili, Francesco Giorgi, Monica Rossana Bellini, Luciano Panzeri, Stefano Panzeri, Equality Consultancy,

    Deux hommes font l’objet d’une enquête à Milan pour avoir prétendument aidé Pier Antonio Panzeri à dissimuler des paiements illicites


    Les procureurs italiens ont ouvert une enquête pour blanchiment d’argent liée à l’affaire du « Qatargate » du Parlement européen, alors qu’un nouveau front s’ouvre dans le plus grand scandale qui ait frappé les institutions européennes depuis des décennies.

    Le bureau du procureur de Milan enquête sur deux suspects anonymes liés à Pier Antonio Panzeri, la cheville ouvrière autoproclamée au cœur du scandale de corruption entourant le Parlement européen.

    Alors que les autorités belges ont inculpé Panzeri dans une affaire impliquant des paiements en provenance du Qatar et du Maroc, la nouvelle enquête est la première fois que les autorités italiennes ouvrent une enquête connexe dans ce qui est largement considéré comme le plus grand scandale de l’UE depuis que les allégations de corruption ont contribué à faire tomber le président de la Commission européenne Jacques Sainter dans les années 1990.

    Les deux suspects faisant l’objet d’une enquête en Italie étaient actionnaires d’un cabinet de conseil mis en place par le comptable de Panzeri pour dissimuler les pots-de-vin qu’il recevait de gouvernements étrangers.

    Les procureurs italiens pensent que les deux hommes ont servi de façades à Panzeri et à son ancien assistant, Francesco Giorgi, en tant qu’actionnaires de la société entre 2019 et 2021.

    Après avoir été arrêtés à Bruxelles en décembre, Giorgi et Panzeri ont été inculpés de corruption, de blanchiment d’argent et de participation à un groupe criminel. Ils coopèrent tous les deux avec les enquêteurs. Panzeri est actuellement en détention tandis que Giorgi a été libéré avec une étiquette électronique.

    La police belge a saisi plus de 1,5 million d’euros en espèces au domicile des deux hommes et dans une valise dont la compagne de Giorgi, Eva Kaili, elle-même députée européenne, avait cherché à se débarrasser avec l’aide de son père.

    Panzeri a déclaré aux procureurs belges qu’il avait reçu un total de 2,6 millions d’euros du Qatar, du Maroc et de la Mauritanie en échange de ses efforts de lobbying sur quatre ans à compter de 2018, selon une personne proche de l’enquête.

    Monica Rossana Bellini, comptable de Panzeri, a créé en 2018 Equality Consultancy Srl, basée à Milan, avec le père de Giorgi, Luciano, et son frère Stefano en 2018. Les deux membres de la famille Giorgi ont quitté l’entreprise un an plus tard et ne font actuellement pas l’objet d’une enquête en Italie .

    Equality Consultancy était enregistrée à la même adresse que le cabinet de conseil fiscal de Bellini dans la ville d’Opera, au sud de Milan.

    L’avocat de Bellini à Milan n’a pas immédiatement répondu à une demande de commentaire. Elle a précédemment nié tout acte répréhensible.

    Lors de la création de l’entreprise en décembre 2018, Panzeri était encore membre du Parlement européen. La société a été mise en liquidation fin 2020 et fermée en 2021.

    La fille de Panzeri, Silvia, et son épouse Maria Dolores Colleoni ont été brièvement arrêtées en Italie en décembre et les autorités belges ont cherché à les faire transférer pour être poursuivies. Mais une fois que Panzeri a conclu un accord de plaidoyer en janvier, ces demandes de transfert ont été abandonnées.

    Bellini, qui a été arrêtée le lendemain après l’accord de Panzeri avec les procureurs et libérée le mois dernier, attend une décision cette semaine sur son transfert en Belgique.

    Source

    #Parlement_européen #corruption #Antonio_Panzeri #Eva_Kaili #Francesco_Giorgi #S&D #Maroc